Edel Aubier
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| – On va se ré-ga-leeer ! – Couuud' ! – Oh ! Tu veux nous aider, Pops ? Mais à trois, on va être un peu trop, tu sais ? – Couuud' ! – Eh bien ! Si tu es vraiment impatient, pourquoi tu ne mettrais pas la table, tiens, en attendant ? Je levai un bras, réfléchis quelques secondes puis ouvris l'un des placards que j'avais explorés un peu de temps auparavant, alors que je passais toute la cuisine en revue à la recherche d'ustensiles et de poêles d'aspect suffisamment familier et que j'étais tombé sur des éléments de matériel qui avaient tous l'air plus spécialisés les uns que les autres (mais Camille n'était donc pas le seul individu à posséder chez lui une cuillère servant exclusivement à servir les pâtes !) Les récipients trouvés, je constituai à même la tête de mon Coudlangue, qui avait l'habitude de ce type de numéro en spectacles, un petit empilement d'assiettes et de bols. Hop ! Mais je te préviens, ce ne sera pas prêt tout de suite ! ...CALCI ! Tu peux ouvrir à Pops !
Le Félinferno ou un autre de mes Pokémon dut m'entendre, car depuis la cuisine commune d'où je tendais le cou pour observer le couloir, je vis l'une des portes alignées s'ouvrir et le gros ballon rose avec ses récipients sur la tête y entrer de sa démarche un peu pataude avant qu'elle ne se referme derrière lui. J'attendis quelques instants, prêtant l'oreille, afin d'être certain de ne pas entendre un soudain bruit de chute et d'éclats de faïence brisée – j'aurais quand même été embêté de réduire à néant une partie de la vaisselle mise à disposition des champions, bien que mon salaire me permît désormais d'en racheter autant qu'il le fallait – mais apparemment, les talents hésitants d'équilibriste de Pops ne furent pas mis à mal même par le reste de la troupe qui l'attendait dans notre nouvel appartement et je me reconcentrai sur le plan de travail, aux côtés de Taya, ma Sucreine, qui ne s'était pas arrêtée une seconde de consciencieusement découper en lamelles les légumes que je lui avais confiés.
Cela faisait à peine deux semaines que j'étais devenu champion et jusqu'à présent, entre les visites officielles – avec repas – auprès de tous les partenaires de l'Élite pour confirmer ma nomination, mes sorties personnelles – avec repas –, quand je parvenais à me soustraire aux innombrables obligations, pour voir un peu le paysage de cette partie de Sinnoh où je ne m'étais jamais rendu jusqu'à présent, et les petits sauts au restaurant même de l'institution afin de découvrir les menus qu'ils proposaient et de sympathiser un peu avec le personnel du quartier – façon de parler, bien sûr, mais le quartier général de l'Élite abritait tellement de services qu'il paraissait presque une ville miniature – je n'avais pas eu l'occasion de tester la cuisine commune qui se trouvait à l'étage des appartements des champions. Quel n'avait pourtant pas été mon émerveillement la première fois que mon agente m'avait conduit à mon nouveau logement et que je l'avais découverte : c'était une cuisine ultra-moderne ! Avec des équipements des plus sophistiqués, un four à micro-ondes recouvert de boutons, un four traditionnel suffisamment grand pour pouvoir faire chauffer trois fournées de cookies en même temps et un four à vapeur, le genre d'installation dont je ne savais même pas bien à quoi il servait, des plaques vitrocéramiques en lieu et place des anciennes gazinières, un plan de travail qui permettait au moins de rouler quatre pâtes à tartes en même temps et plus d'ustensiles que même Camille n'aurait pu en rêver ! Autant dire que je n'avais à peu près aucune idée de comment tout cela s'utilisait, mais que je brûlais d'envie d'essayer. Et enfin, aujourd'hui, après l'effervescence des deux premières semaines où j'avais eu tout à faire et tout le monde à rencontrer, une véritable journée de repos m'avait été accordée ! Alors, ce matin, j'étais descendu à la petite épicerie de l'Élite (une ville miniature !) avec Calcifer pour acheter toutes les prévisions nécessaires ; et après avoir rempli le petit frigo de notre appartement, je m'étais lancé avec Taya – la plus habile en tâches de précision parmi mes Pokémon suffisamment grands pour atteindre le plan de travail sans avoir besoin de grimper sur une chaise – dans la préparation d'un bon repas, pour moi et pour tous mes amis.
La Sucreine était donc en train de hacher les nombreux légumes que je mettrais ensuite à mijoter pour en faire une poêlée tandis que je préparais une délicieuse sauce à l'échalote qui accompagnerait ma bavette – je ne mangeais pas beaucoup de viande, mais notre inauguration de cette cuisine était une occasion à saluer. J'avais également conservé des légumes crus de côté, et une compote de baies était déjà en train de cuire à très bas feu pour ceux de mes amis qui étaient exclusivement frugivores... À très bas feu, tout du moins je l'espérais. Je n'avais aucune idée de commencer fonctionnait cette vaste plaque noire dépourvue de boutons et, malheureusement, je n'avais croisé personne qui pût m'éclairer. De ce que j'avais compris, Calypso et Béatrice habitaient ici comme moi, mais même si nous avions été présentés – j'avais d'ailleurs rencontré Calypso avant même de devenir champion, lors de mon dernier passage à l'Élite en tant que challengeur – j'avais préféré ne pas les déranger juste pour cela. D'autant plus qu'elles-mêmes n'étaient peut-être pas en repos aujourd'hui ; mais si elles étaient chez elles, depuis tout à l'heure que je parlais à voix haute à mes Pokémon restés dans mon appartement, elles avaient dû m'entendre, non ? En tout cas, c'était plutôt pratique d'être seul devant un si vaste coin cuisine ; et pour ce qui était de la plaque vitrocéramique, j'avais appuyé à plusieurs endroits qui me semblaient logiques, cela s'était éclairé de rouge, j'avais jugé que c'était bon, je n'aurais qu'à surveiller et tout devrait bien se passer. Taya ayant fini de couper les légumes, je les versai dans une casserole que je posai de façon tout aussi hasardeuse sur la plaque, avant de mettre à chauffer la sauce et la poêle destinée à la viande. Les légumes grésillaient, cela commençait à sentir bon... eh bien, ce n'était pas sorcier ! Il y avait même un bel assortiment d'herbes en tous genres pour assaisonner. Satisfait, je restai un moment à remuer les légumes, puis je mis enfin la bavette dans sa poêle et décidai de terminer de mettre la table : je repartis donc à la recherche de verres et de couverts en chargeant Taya de continuer à surveiller la cuisson à ma place.
Quand j'entrai dans mon appartement, les couverts à la main, j'eus la mauvaise surprise de découvrir mon Avaltout en train d'avaler les assiettes une à une. « MOUSTACHE ! » « Aaaaal ? » prononça-t-il de sa voix grave, ce qui signifiait quelque chose comme : « J'ai faim ! » Toby, à côté, suspendu à une étagère, me fit comprendre qu'il n'avait pas réussi à l'en empêcher, tandis que Calcifer semblait pour une raison ou pour une autre en train de se disputer avec Ma'ukele et que Pops et Knock jouaient ensemble dans la chambre, à côté. Évidemment, c'était le bazar. Ils étaient encore trop excités d'habiter dans un nouvel appartement et je devais régulièrement conserver plusieurs d'entre eux dans leurs pokéballs, mais aujourd'hui, comme je pouvais être là, je voulais que nous profitions de la journée tous ensemble. Je forçai Moustache à ouvrir sa bouche en grand et partis à la recherche des assiettes et des bols tombés au fond de son estomac, un tuyau œsophage minimal reliant ce dernier à son gosier de sorte qu'il gobait ses "aliments" tout rond et que ses acides mettaient un peu de temps à faire leur travail, assez pour récupérer les erreurs de parcours. J'allai ensuite me rincer le bras dans ma salle de bain, lavai les récipients avec avant qu'ils ne commencent, quand même, à se décomposer, puis explorai mon frigo à la recherche de quelque chose pour caler la faim de mon Avaltout avant que nous ne nous mettions à table. Ce fut alors que j'entendis Taya m'appeler de la cuisine. « ...uuucr ! Suuuucr ! »
Je bondis hors de l'appartement, pour découvrir... qu'un petit incendie s'était déclenché sur la plaque de cuisson. « Oh... oh. » Des flammes jaunes jaillissaient de la poêlée de légumes, un peu huilés, visiblement brûlés, ma sauce avait débordé et le surplus, toujours grandissant, étant en train de grésiller sur la plaque tandis qu'une manique que j'avais par mégarde laissée posée sur un coin de la plaque se trouvait littéralement en train de prendre feu. En tant que Pokémon Plante, Taya s'était écartée à plusieurs mètres et n'intervenait pas ; et, quant à moi, je n'avais aucune idée de comment éteindre cette installation. « Ma poêlée de légumes ! » déplorai-je en constatant le gâchis, les aliments bien frais visiblement devenus noirs. Ma Motisma surgit alors derrière moi ; je lui jetai un regard... Et je compris immédiatement ce qu'elle s'apprêtait à faire – mais lorsque je criai « Blitz, NON ! », c'était déjà trop tard. Le spectre électrique fondit en un éclair dans la plaque de cuisson qui se mit brusquement à grésiller de tous côtés, avec le feu qui sortait de la poêle et la fumée qui commençait à monter. Deux secondes plus tard, Blitz en ressortait... et les flammes triplèrent soudainement de volume, me faisant reculer d'un bond ainsi que Taya et se propageant aux casseroles adjacentes tandis qu'une fumée noire apparaissait. Alors, une alarme suraiguë nous vrilla subitement les oreilles. et il se mit à pleuvoir. Le détecteur de fumée, juste au-dessus de nos têtes. Mais cette alarme était insupportable !
– Quelqu'un sait-il arrêter ça ? À l'aide ! | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| Les songes de Calypso l'emmenaient loin. Elle rêvait de voler au-dessus de Sinnoh, elle voyait le dôme de coordination, les appartements des champions... C'était vraiment beau vu d'en haut, mais elle voulait aller encore plus loin. Elle décolla vers une région plus éloignée. Au vue de la présence maritime, elle devait être en train de survoler Hoenn. C'était assez particulier pour elle qui ne connaissait pas si bien la région que cela, à part son hypercentre. Tiens. Elle se retrouva alors à Illumiis. Cet endroit, elle le reconnaissait parmi tous avec sa grande tour qui surplombait la ville, même si cela ne lui expliquait pas ce qu'elle faisait ici. La jeune femme tourna autour d'elle-même à la recherche de plus d'informations, jusqu'à reconnaître la silhouette de Joshua. Pourquoi était-il là ? Elle n'en savait rien. Probablement encore sur une enquête impossible. Après tout, cela lui arrivait de voyager lorsqu'il était sur une piste intéressante qu'il poursuivait depuis un moment. Enfin, elle ne savait plus ce qu'elle venait faire à Illumis avec tout ça, mais elle n'avait pas le temps d'y penser, elle préférait décoller à nouveau, aventureuse, elle avait envie de savoir jusqu'où elle pouvait aller comme ça. Elle monta dans le ciel, jusqu'à ce que ce dernier s'assombrisse. C'était beau, elle commençait à voir des étoiles, mais aussi à avoir le vertige. Il était vraiment temps de rentrer, elle redescendit vers la terre ferme, avant de se réveiller. La jeune femme se réveilla lentement, s'étirant dans son lit. Elle se rappelait son rêve avec un petit sourire, c'était appréciable de défier ainsi les lois de la physique. Elle se demanda quand même un instant si Joshua allait bien. C'était quand même bizarre de l'avoir vu à Illumis, même si dans son rêve cela lui paraissait tout à fait banal. Enfin, elle était au moins satisfaite d'avoir dormi correctement, elle avait besoin de repos. La veille, Calypso était rentrée tard de l'inauguration d'un théâtre à Frimapic, sa ville natale. Cela lui avait fait plaisir de retrouver sa petite sœur et ses parents. D'habitude, tout allait bien quand elle passait chez eux, mais en ce moment, ils étaient pris par une lubie bien pénible : ils voulaient la caser. C'était franchement pénible de les entendre tout au long d'une journée parler de cela, comme si c'était quelque chose d'important. Calypso préférait de loin sa liberté, surtout en ce moment où elle était bien occupée par ses obligations et qu'elle n'avait pas franchement le temps de s'occuper de tout cela. Elle s'étira encore, ses jambes jouant avec les draps dans la chambre bien aménagée. Cela se voyait qu'elle était arrivée en catastrophe : ses vêtements de la veille étaient jetés sur une chaise, ses chaussures étaient restées au milieu de la pièce, son téléphone, posé nonchalamment sur une table, n'avait plus de batterie et sa ceinture avec les Pokéball de ses compagnons se retrouvait au chevet de son lit. Elle s'était directement couchée une fois arrivée, sans même se soucier de fermer les rideaux ou de s'assurer de son réveil. Les rayons du soleil avaient alors doucement pénétré la fenêtre pour faire baigner de lumière les cheveux ivoires de la jeune femme. Le lit était dur à quitter, mais Calypso avait quand même envie de profiter de sa journée. Elle se décida donc à se lever, pour sortir directement son tapis de sol. Elle sentait qu'elle avait encore des courbatures de la veille qu'elle souhaitait estomper au plus vite. Elle fit donc une petite séance de yoga, ce qui était indispensable à sa journée. La jeune femme s'était instaurée des petits rituels depuis quelques temps, cela lui permettait de se sentir bien au réveil et elle appréciait les sensations que cela lui procurait. Bien réveillée, la jeune femme décida d'aller prendre sa douche, elle commença à chanter, signe d’excellente humeur. Les courbatures commençaient à partir et elle profitait de l'eau chaude pour se réveiller complètement. Ainsi, elle était sûre qu'en arrivant dans les parties communes, elle allait ainsi avoir une apparence plus présentable. Sortant de la douche, elle voulut envoyer un message à son ex pour lui faire part du rêve qui ne lui était pas encore sorti de la tête, mais découvrit que son téléphone n'avait plus de batterie, mince. Elle le mit à charger puis finit de s'habiller. Aujourd'hui, elle n'avait pas grand chose de prévu donc ce serait simplement le duo jean/T-shirt. La jeune femme s'assit de nouveau sur son lit en allumant son téléphone qui s'exécuta péniblement, faisant visiblement la tête d'avoir à le faire avec si peu de batterie. Allez, une fois le message envoyé, il était temps de sortir d'ici et voir ce qui se passait à l'extérieur. L'alarme se déclencha alors. Calypso se leva d'un bond, se demandant ce qu'elle avait pu faire de mal, avant de réagir : cette alarme venait de la cuisine pour sûr, elle l'avait déjà déclenchée en laissant du pain à griller trop longtemps, alors autant dire qu'elle la connaissait. Elle prit sa ceinture de Pokéball dans l'idée de sortir son Tentacruel au besoin. Elle fila donc jusqu'aux cuisines pour découvrir le petit nouveau, Edel, aux prises avec un feu de poêles. Bon, en fait il pleuvait déjà dans la cuisine, donc en terme d'eau, il y avait assez. « Salut Edel ! Comment ça va ce matin ? » La jeune femme prit un torchon pour emprisonner le feu et attrapa une chaise, escaladant jusqu'à pouvoir donner une tape sur le détecteur, le mettant ainsi en pause. Elle alla aérer la pièce en ouvrant une fenêtre et activa la hotte. Tout semblait sous contrôle et la jeune femme n'était pas mécontente de sa réactivité. La fumée commençait enfin à s'en aller, même si la pièce sentait encore bien le brûlé. Au moins, Calypso savait qu'elle allait avoir des choses à faire aujourd'hui, déjà, se moquer d'Edel et ensuite, l'aider à réparer les dégâts. « Faudra que tu me préviennes la prochaine fois que tu cuisines, que je te laisse mon Tentacruel. » Elle rangea la chaise et ventila un peu avec sa main par réflexe, jetant un œil à ce que le coordinateur préparait de bon. Enfin, bon au départ. |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| C'était la catastrophe. Le cataclysme, la bérézina, l'apocalypse, la fin du monde – tout du moins la fin de mon repas. Les plaques de cuisson et une partie du plan de travail étaient en feu et je craignais que Blitz n'ait encore plus détraqué l'ensemble avec ses éclairs, il pleuvait désormais dans toute la cuisine, l'alarme qui s'était déclenchée était à proprement parler assourdissante et elle devait être en train d'alerter tout l'étage de ma mésaventure... enfin, je comptais bien là-dessus, puisque je n'avais aucune idée de comment arrêter tout ça. J'avais déjà manqué causer un incendie une fois, chez Camille, mais il n'y avait alors pas de détecteur au plafond et mon ami était intervenu tout de suite, quand seule de la fumée s'élevait, si bien que je ne me souvenais plus vraiment de ce qu'il avait fait mais que même cela ne m'aurait sûrement pas aidé dans cette situation-ci. En tout cas, le point positif était qu'avec toute cette pluie, le feu s'était aussitôt mis à diminuer, comme un Pokémon apeuré se ramassant sur lui-même. Ce fut alors qu'un éclair blanc apparut à ma gauche et qu'une salutation, que j'entendis à peine mais dont le ton semblait très naturel, résonna à mon oreille : « Calypso ! Tu me sauves la vie. C'est agité, comme tu peux le voir ! » m'exclamai-je en réponse, ravi de ce surgissement impromptu de ma collègue coordinatrice.
La jeune femme dont les cheveux étaient aussi blancs que les miens, un détail qui m'avait frappé lors de notre première rencontre durant mon propre dernier défi à l'Élite en position de challengeur, paraissait maîtriser la situation. Son Tentacruel flottant à côté d'elle, les gestes calmes et confiants, elle se munit d'un torchon pour étouffer ce qu'il restait du feu puis grimpa sur une chaise afin d'éteindre le détecteur de fumée sous les regards curieux de Pops, Taya, Blitz et moi-même, mais aussi Calcifer qui avait passé une tête prudente par la porte de mon appartement. Alarme comme pluie s'arrêtèrent, nous permettant enfin de nous entendre. « Eh bien, tu sais y faire ! » commentai-je en riant un peu, tandis que la championne ouvrait la fenêtre et allumait la hotte pour aérer la pièce et que Pops s'ébrouait.
« C'est vrai que ça doit être pratique d'avoir un Pokémon Eau, au moins pour éviter les incendies... » opinai-je face à sa remarque, observant sérieusement le Tentacruel en songeant au fait que je ne m'étais jamais fait accompagner d'un Pokémon de ce type depuis mon enfance et le Gobou de Pierre. Mais je réalisai alors que Taya, à ma droite, arborait une expression désapprobatrice, et je me rattrapai vivement : « Mais non, je ne disais pas ça contre toi ! Je sais très bien que tu n'y es pour rien ! Pas comme certains, en revanche... » En prononçant ces mots, je relevai cette fois les yeux vers Blitz qui flottait toujours à hauteur de ma tête : la Motisma, son énigmatique sourire toujours aux lèvres, s'étira alors dans un grésillement semblable à une sorte de « Tzzzzzz ! » puis fila en un éclair vers la chambre, où elle disparut probablement dans sa pokéball – si elle n'avait pas pris possession de l'ordinateur ou de la télévision. Je poussai un soupir volontairement sonore : entre elle et l'Avaltout, parfois, je n'étais pas gâté. « Merci pour le coup de main, Calypso, en tout cas ! » repris-je en souriant à l'adresse de ma collègue.
Constatant que la jeune femme était en train d'examiner les casseroles, je m'approchai d'elle afin d'évaluer ce qu'il restait de mon repas en cours de préparation. Devant l'étendue des dégâts, je poussai un nouveau long soupir de déploration : presque tout ce qui était en train de cuire sur les plaques vitrocéramique avait noirci, les flammes des légumes, de la sauce qui avait débordé ou bien de la manique qui s'était trouvée au mauvais endroit – je n'avais pas très bien compris comment tout cela avait débuté – s'étant propagé même à ce qui aurait dû à l'origine être hors de danger. Il n'y avait que la compote en train de mijoter, un peu à l'écart des autres contenants, qui semblait n'avoir pas trop souffert, mais l'eau l'avait inondée comme le reste, mes cheveux et ma chemise compris – mais je ne me souciais pas particulièrement de cela. Bien que tout semblât éteint, la plaque était fumante et je ne me serais pas avancé sur la nature du traitement que Blitz venait de lui octroyer. « Mes pauvres légumes », commentai-je, attristé, en attrapant la poignée de la poêle où je faisais griller la verdure soigneusement découpée par Taya tout à l'heure, les morceaux désormais transformés en débris noirs poussiéreux. Et s'il n'y avait eu que cela comme dégâts !
« Pff ! Je suis déçu », m'exclamai-je subitement, dépité, avec un grand geste des bras. « Moi qui voulais profiter de ce jour de repos pour tester la cuisine et préparer un bon repas ! J'avais fait des courses pour toute la tribu, en plus », ajoutai-je, pensant à mes compagnons qui m'attendaient dans la chambre. Il devait heureusement rester quelques légumes et autres pâtes et riz des achats que Calcifer et moi avions faits ce matin, mais je ne pourrais faire plaisir à tout le monde et je n'avais pas le courage de me lancer immédiatement dans la préparation de nouveaux plats. « Mais comment ça marche, ces plaques de cuisson, c'est fait pour les extraterrestres ou quoi ? » repris-je dans une exclamation avec un geste vers la plaque vitrocéramique noire dont je n'étais, finalement, pas parvenu à comprendre le bon fonctionnement. Je faisais montre d'un peu d'énervement, mais ce n'était que très passager : c'était surtout une façon d'exprimer mon dépit, cette fois bien réel, mais ce ne serait pas un échec en cuisine qui me plongerait dans une mauvaise humeur véritable. | | | | Calypso Kanaloa
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| Wow, wow, wow. Edel savait y faire pour mettre le feu dès son arrivée. Calypso avait le sourire, cela manquait d'animation dans le coin et visiblement le petit nouveau était plutôt amusant. Non pas que la situation la satisfaisait mais puisque c'était sans gravité, ce n'était pas très important. Le mieux allait arriver : ils allaient pouvoir faire plus ample connaissance. « Je vois ça, tu sais y faire, t'es plus bruyant que mon réveil matin et crois-moi, c'est pas habituel ! » Elle gardait le sourire, descendant de son perchoir pour répondre correctement à son nouvel ami. Ses oreilles bourdonnaient un peu, mais ce n'était qu'un détail puisqu'elle savait que sa bonne humeur naturelle faisait passer tous les maux. La jeune femme prit donc le dessus sur la situation et décida que son sourire ne la quitterait pas. « Oh, oui. J'ai une petite sœur et... j'étais au moins mille fois pire qu'elle ! » Elle lui fit un clin d’œil en observant les réactions des Pokémon d'Edel. Ils semblaient bien tous dans l'embarras, c'était mignon à voir. La jeune femme retira le torchon pour observer l'étendue des dégâts. Il n'avait pas fait les choses à moitié et la jeune femme s'étonnait de ne pas voir débarquer une tripotée de gouvernantes pour leur demander ce qui se passait. Étant la première arrivée, peut-être que le personnel avait cru à une fausse alerte. Ce n'était pas plus mal – ça leur éviterait d'être dérangés. « Ils font des bêtises aussi, je te raconterai comment j'ai transformé une salle de bain en piscine ! Enfin, c'était quand même un calvaire à nettoyer. » Elle tapa dans une tentacule de Poséidon en signe de coopération. Celui-là était souvent prêt pour semer la pagaille quand il le fallait. Pendant qu'Edel se faisait remonter les bretelles par ses propres Pokémon – ou peut-être était-ce l'inverse, elle n'avait pas trop suivi – Calypso sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jean. Apparemment, leurs anges gardiens se posaient tout de même des questions sur ce qui pouvait se passer dans leurs appartements. Elle répondit un sobre « RAS je gère » pour être tranquille et retourna toute son attention envers Edel. Visiblement, son Motisma avait décidé de partir loin d'eux, tant pis pour lui. En tout cas, Calypso n'était pas sûre de savoir si le jeune homme était soulagé ou agacé par son départ. « Pas de quoi, il faut bien s'entraider ! » La jeune femme lui tapota sur l'épaule avant de reprendre son examen des outils du massacre. Ah ! Cette fois, le soupir que le jeune homme avait poussé était bien clair cette fois : c'était de l'exaspération ! Ou... Quelque chose dans le genre. En tout cas, il n'était pas content et Calypso le comprenait : tant de nourriture gâchée, c'était quand même terrible. Tout était carbonisé, ou pire, juste fichu, ce qui était encore pire, puisque cela donnait presque envie, mais en analysant bien la situation, même les plats semblant être assez éloignés du feu avaient pris l'eau, ce qui était encore moins encourageant. Calypso partagea le dépit d'Edel un instant, avant d'essayer de reprendre sa poêle des mains, mais le jeune homme était trop concentré dessus pour la lâcher. Dommage, elle aurait bien commencé à nettoyer les dégâts. Dans ces moments-là, il valait mieux recommencer tout de suite, sinon c'était le meilleur moyen de ne plus jamais s'y mettre et cela aurait été trop dommage de ne pas pouvoir partager un repas ensemble. Seulement, dans toute la plainte larmoyante d'Edel, un détail fit tiquer la coordinatrice. « … Eh bien. On voit que tu es nouveau ici ! » Il ne semblait même pas avoir relevé et pourtant, cela se voyait bien qu'il avait beaucoup de choses à apprendre de ce nouveau monde dans lequel il venait de débarquer. Cela serait pourtant ennuyeux qu'il n'en eût pas rapidement toutes les clefs, heureusement, c'était son jour de chance : Calypso était là pour résoudre tous ses problèmes. « Allez, arrête de te morfondre, t'as quel âge, 80 ans ? » Calypso attrapa le poignet du jeune homme pour attirer son attention. « Pour les plaques, je t'expliquerai et pour le reste, suis-moi ! » Elle le sortit de la cuisine, parcourut le couloir avec lui pour arriver sur une porte dérobée, suivie d'un escalier descendant vers... « Le garde-manger ! Évidemment, mon endroit préféré et prochainement le tien. Ravitaillement quasiment instantané pour des bons petits repas à n'importe quel moment de la journée. » L'endroit n'était pas très grand, plutôt exigu mais très bien rangé. Elle le fit remonter, destination la cuisine qui était facile à retrouver simplement à l'odeur. Et en entrant de nouveau dans l'endroit, le tirant toujours derrière elle, Calypso lui montra un tableau affiché dans la cuisine. « Tu n'avais pas remarqué ? Bon... C'est vrai que là il n'y a rien, mais en fait, tu écris et ça arrive ! Bon, c'est pas magique, mais bienvenu dans un monde de privilège ! Alors, je suis d'accord, je n'aime pas non plus gâcher la nourriture, mais si tu veux, tous les deux, on s'y remet et on fait un vrai festin pour nos deux troupes réunies et cette fois, je peux t'assurer qu'il n'y aura pas de gâchis ! » Elle finit par le lâcher, s'excusant au passage de l'avoir entraîné un peu partout. Elle avait l'enthousiasme débordant, il fallait bien l'avouer et elle n'était pas certaine que cela allait lui plaire, même s'il ne semblait pas du genre coincé, elle ne voulait pas l'intimider. Enfin, elle gardait tout de même de bons souvenirs de leur rencontre et de leurs différents échanges, mais visiblement le jeune homme avait besoin d'un véritable guide pour cette nouvelle institution. « Mon jeune ami, heureusement que je suis là pour voler à ton secours ! Bon, je vais mettre tout ça dans l'eau. » Elle joignit les actes à la parole en attrapant les casseroles, poêles et ustensiles pour les déposer dans l'évier, avant d'y faire couler l'eau. Elle s'en occuperait plus tard, il fallait d'abord nettoyer la plaque et s'en occupa rapidement, récupérant éponge et produit dans un placard du bas, observant Edel un instant. « Tu vas nous chercher de quoi manger ? Tu sais où se trouve la caverne aux merveilles maintenant ! » Elle lui lança un sourire avant de se remettre au travail, bien motivée à donner un coup de main. |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| Devant mon dépit le plus catastrophé, la pluie artificielle avait achevé de gâter ce qui, de mon repas, n'était pas parti en fumée, et je serais probablement demeuré à fixer, impuissant, les dégâts en attendant l'arrivée probable d'un des gardiens de la résidence – aurais-je pu rejeter la faute de l'incendie sur Calcifer, mon Félinferno...? Hm, mais si j'avais fait cela, les légumes n'auraient sans doute pas été les seules brûlés à déplorer... – si Calypso Kanaloa n'était pas apparue telle mon ange gardien pour tout arrêter. Je la suivis des yeux avec admiration tandis qu'elle maîtrisait le feu et éteignait le détecteur, son Tentacruel flottant derrière elle. Elle me raconta au sujet des Pokémon aquatiques une anecdote qui me fit hausser les sourcils : transformé une salle de bain en piscine ? « Haha, j'imagine bien ! On a pourtant un spa en accès libre ici, inutile de vouloir agrandir la salle d'eau ! ...Mais tu ne te doutes pas des dégâts que peut provoquer un Avaltout affamé sans surveillance dans un appartement. » Alors que je remerciais ma collègue pour l'aide précieuse qu'elle m'avait apportée, la jeune femme me tapota l'épaule dans un geste dont la familiarité me surprit, mais qui devait lui être entièrement naturelle puisqu'elle s'avançait déjà pour examiner les casseroles ; eh bien ! Dynamique, tactile, souriante, altruiste : je n'avais pas beaucoup l'habitude des gens comme elle, mais cela me plaisait. Les premières impressions que la championne m'avait faites le jour où nous nous étions rencontrés se confirmaient pour le moment : elle et moi nous entendrions bien, et j'étais très content de l'avoir pour collègue.
Je la rejoignis auprès des plaques de cuisson et comme je m'y attendais, le spectacle que je découvris m'affligea. J'avais pris goût pour la cuisine à partir du moment où j'avais recommencé à vivre en appartement, mais s'il m'était arrivé plus d'une fois (bien plus d'une fois...) de rater l'une de mes préparations, je trouvais qu'il n'y avait pas grand chose de plus triste qu'un repas gâché pour une raison indépendante de mon action directe. Ou si : deux repas. J'écoutai à peine les remarques de Calypso, trop occupé à me plaindre : eh bien oui, j'étais nouveau, c'était vrai, et c'était pour cela que je n'arrivais pas à faire fonctionner ces plaques vitrocéramiques comme je le voulais, mais est-ce que c'était de ma faute, aussi, si elles étaient si sensibles et si compliquées ! « Exactement. Je suis un papy. T'as pas vu mes cheveux blancs ? » répondis-je d'une voix atone au commentaire de ma collègue en tirant sur l'une de mes mèches de cheveux encore mouillés par la fausse pluie – avant de songer soudain que nous étions exactement en l'une des rares occasions où ma remarque ne pouvait s'appliquer : certes, la championne était plus jeune que moi, mais ses cheveux arboraient la même blancheur. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres...
...Mais je ne pus ajouter grand-chose car Calypso m'avait brusquement saisi par le poignet. « Où ça ? » Trop accaparé par l'éloge funéraire de mon repas, je ne m'étais pas attendu à ce brusque revirement dans le comportement de la jeune femme et ce fut dans l'incompréhension la plus complète que je la suivis, mi-marchant, mi-courant, vers où elle voulait me guider en me tirant ainsi par le bras... Jusque dans une pièce de l'étage inférieur dont la découverte me rendit muet pendant un bon moment.
« ...D'accord. Donc, première règle : ne jamais montrer cet endroit à Moustache. » Je pensais à mon Avaltout, mais, tout bien réfléchi, ils étaient plusieurs de mes compagnons à bien savoir s'entendre dès lors qu'il s'agissait de faire des bêtises... Et j'ajoutai d'ailleurs en attrapant le petit curieux qui m'avait discrètement sauté sur l'épaule au moment où j'étais repassé devant la porte entrouverte de ma chambre : « C'est bien compris, Toby ? » Dans le creux de mes bras, le Kecleon quitta son camouflage, puis il se redressa et bondit sur l'une des étagères chargées de victuailles de la petite pièce. Lorsque je le chargeais de responsabilités, Toby se montrait toutefois très sérieux : je lui faisais autant confiance qu'à Pops, qui nous avait aussi accompagné.
« Mais... C'est le paradis, ici ! » Je m'étais désormais avancé dans le frais et étroit cagibi qui débordait de nourriture et j'en parcourais toutes les étagères avec des yeux éblouis, véritablement béat. Une vraie mine d'or ! La caverne d'Ali-Baba ! La pièce n'était pas très grande, mais chacun de ses murs était couvert d'étagères qui regorgeaient de plus de nourriture que je n'en avais jamais vu chez quelqu'un, presque comme un mini-supermarché... mais à notre libre disposition. Fruits, légumes, céréales, laitages, sucreries, boissons, condiments, tout était très bien rangé et il se trouvait des frigos qui recelaient les merveilles à conserver au frais. J'aurais encore pu m'attarder un moment à passer en revue tous les aliments qu'abritait notre fabuleux garde-manger, mais je me retournai vers Calypso et lançai, dans un rire joyeux de cette bonne découverte : « Décidément, j'ai bien fait d'accepter ce poste de champion ! On ne peut pas dire qu'on ait la vie très difficile ! »
Je n'étais cependant pas au bout de mes surprises car déjà, ma collègue me faisait signe de la suivre à nouveau ; et si ce fut avec regrets que je quittai le riche cellier pour retourner vers la cuisine aux odeurs de cramé... mes yeux étincelèrent de nouveau lorsque la jeune femme m'expliqua l'intérêt d'un mystérieux tableau accroché au mur, dont la sobriété au sein de cet aménagement moderne n'avait jusqu'à présent pas attiré mon attention. « Oooh... » Je le touchai même du doigt, intrigué, tandis que Calypso concluait sa présentation par un très juste : « Bienvenue dans un monde de privilèges ! » Et je me retournai vers elle, à nouveau tout ouïe (de ma seule oreille), tandis qu'elle en venait à une fort attrayante proposition. Elle la conclut en me lâchant enfin le bras et en s'excusant de cette visite-éclair, mais, décidément, ce n'était pas son côté tactile qui allait me déranger et par son enthousiasme, elle était en train d'égayer très agréablement cette heure du déjeuner !
« Oh, mais la personne qui vient de me faire découvrir que nos quartiers communs recelaient de telles merveilles n'a aucune raison de s'excuser ! » m'exclamai-je. « Je vous adresse au contraire un grand merci, très chère amie, pour cette visite gastronomique de nos appartements qui se révélera fort enrichissante pour les estomacs et le moral de mes troupes et moi-même... ! ...Et ta proposition de manger tous ensemble quand on aura nettoyé me paraît une excellente idée », ajoutai-je, les yeux brillants. « Tu sais accueillir les nouveaux collègues ! »
Mais avant de nous livrer à ce festin promis, encore fallait-il en passer par l'épreuve la moins agréable de tout repas : nettoyer... d'autant moins agréable lorsqu'un incendie était passé par là. Calypso se retourna vers le plan de travail et je me positionnai à côté d'elle, prêt à participer puisque c'était tout de même moi qui avait causé ces dégâts ; mais les gestes de Calypso se firent immédiatement rapides et expérimentés, plongeant les ustensiles dans l'évier, sortant déjà l'éponge et le produit de nettoyage, quand je demeurai, les bras ballants, à me demander comment aider. Le ménage, ça n'avait jamais trop été ma tasse de thé. Heureusement, ma collègue me tira de cette situation en me proposant d'aller chercher la nourriture : une mission qui me satisfaisait autrement plus que de frotter à l'épuisement une plaque qui finirait de toute façon à nouveau salie dès la prochaine utilisation. « Très bien, cheffe ! J'y cours ! » Et je repartis dans les escaliers avec allant, plein d'enthousiasme : choisir moi-même les produits me permettrait d'ailleurs de me familiariser avec ce qu'abritait le garde-manger.
Une fois au milieu des étagères, je regrettai un peu de ne pas avoir pris le temps de demander à Calypso plus d'informations sur la composition complète de sa "troupe" : comme cela ne faisait qu'une dizaine de jours que j'étais champion, que je ne l'avais affrontée qu'une fois, par le passé, et que je ne suivais pas du tout les médias, je ne connaissais pas encore la totalité de ses compagnons. Je songeais à-moitié que j'aurais peut-être pu me renseigner un peu plus sérieusement sur mes collègues avant d'entrer en poste, quand même. Pour le moment, la question se posait surtout quant à savoir si elle comptait plusieurs carnivores dans son équipe ou d'autres régimes très spécifiques – et, surtout, si elle n'avait pas un Goinfrex, auquel cas mes deux bras n'auraient pas suffit à porter tout le nécessaire (mon Avaltout pesant déjà lourd)... Je décidai de choisir une sélection variée : nous redescendrions si le besoin s'en faisait sentir. Je remontai en sifflotant et déposai avec un grand sourire mon lourd colis sur la zone du plan de travail restée propre.
« Légumes en tous genres, bavette de Tauros comme ce que j'étais en train de cuisiner, crème fraîche, fines herbes, pommes de terre si tu veux qu'on se fasse des pommes de terre sautées, baies, fruits, jus de fruits, et deux tartes au citron meringuées pour le dessert ! Je ne sais pas ce que ta troupe et toi aimez, est-ce que tu veux que je change quelque chose ? » | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| Vraiment, ce n'était pas si grave d'en être arrivé là. La jeune femme avait tendance à dédramatiser toutes les situations, sûrement par habitude de se dire que cela aurait pu être pire. Dans cette situation, même si elle aussi était assez mécontente du gâchis et qu'elle était embêtée pour le nouveau venu et sa première expérience qui n'était pas terrible, elle relativisait. Après tout, personne n'avait été blessé. Edel aurait pu se brûler en voulant éteindre le début d'incendie, tout comme cela aurait pu être le cas avec ses Pokémon. Cela aurait déjà été plus grave, plus problématique. Et là, dans cette situation, il n'y avait rien d’insurmontable et Calypso allait de toute façon faire en sorte que la journée pusse rester agréable pour Edel. Elle avait eu l'idée de lui parler des réactions parfois joyeuses mais catastrophiques de ses propres Pokémon. Cela prêtait à sourire mais cela voulait aussi dire que tout pouvait se relativiser : Calypso avait beau être une Maîtresse de la coordination, cela ne voulait pas dire que ses plus proches alliés n'étaient pas des petits filous. Aussi observait-elle le jeune homme et ses compagnons avec une infinie tendresse. « Oh c'était bien avant d'arriver ici, maintenant justement avec tout ça, plus besoin d'aller aussi loin, haha. Mais pour un Avaltout, je ne préfère pas imaginer ! » Ils allaient bien s'entendre ceux-là et Calypso prenait une note mentale qu'il valait mieux ne pas les faire se rencontrer en intérieur s'ils ne voulaient pas qu'ils eussent la bonne idée de créer une alliance pour tout détruire. Enfin, il n'était pas impossible que le problème se posa même en intérieur, mais elle préférait ne pas imaginer le pire pour le moment et plutôt s'occuper de son nouveau collègue qui semblait tout dépité. Elle se devait de lui remonter le moral fissa, parce qu'elle n'avait pas vraiment envie de le voir comme ça très longtemps, les personnes avec une personnalité plus sombre que la sienne ayant tendance à lui prendre toute son énergie. Elle se décida donc à avoir du répondant pour le forcer à voir la vie du bon côté. Il n'allait pas avoir le choix que de la suivre dans ses idées et d'abandonner quand il en aurait marre, tout simplement. « Qu'est-ce que je devrais dire alors ? Moi ils se sont juste délavés à force de faire des machines. » Elle lui décocha un nouveau sourire avant de lui attraper le poignet. Calypso était vraiment ravie qu'il fut là. Elle avait l'impression d'avoir un invité et cela faisait un petit moment qu'elle n'en n'avait pas eu, que ce fut à l'Elite ou dans son ancien appartement, lors cela lui faisait particulièrement plaisir d'avoir à s'occuper de quelqu'un, d'autant plus qu'elle pouvait vraiment jouer à la maîtresse des lieux jusqu'au bout. La visite guidée s'imposait et c'était parfait pour elle d'avoir cette position. Le garde-manger remporta évidemment tous les suffrages et à raison : c'était l'endroit le plus merveilleux de toute l'Elite. Calypso ne se retint pas de rire lorsqu'Edel indiqua qu'il ne devait penser à ne pas emmener l'un de ses compagnons ici. C'était évident qu'il serait compliqué pour un Pokémon un peu gourmand de se retenir de tout manger. Elle fit tout de suite le lien avec l'Avaltout sus-nommé, sans pour autant avoir la certitude qu'il parlait bien de lui. En tout cas, visiblement le Kecleon qu'il avait chargé d'une mission bien difficile lorsque l'on avait faim était, quant à lui, bien plus sage. La jeune femme ne regrettait pas d'avoir emmené Edel dans ces lieux et d'avoir pris les choses en main pour aider Edel à s'installer. Le pauvre n'était pas aux faits des avantages qu'ils avaient en étant des coordinateurs de l'Elite. Le garde-manger était une chose, mais elle trouvait bien plus incroyable de pouvoir commander de la nourriture si facilement. Il fallait avouer que le service était impeccable : il y avait toujours du monde pour les aider et les gâter, tout en restant assez discret et ne pas devenir intrusifs. Pour la jeune femme, c'était plus qu'un rêve devenu réalité, c'était quelque chose à laquelle elle n'avait même pas pu s'attendre. « Oui, il y a vraiment de tout là-dedans. » Elle les observait tout en guidant tout le petit monde vers ce qui les aiderait à préparer un formidable repas. Et en parlant de cela, c'était peut-être pas plus mal de l'interrompre dans son enthousiasme de la première heure : il y avait encore un objet magique à voir et elle ne voulait pas attendre de lui montrer. Elle tira encore sur son poignet, ne lui laissant pas vraiment le choix, l'emmenant avec elle jusqu'à la cuisine, à nouveau. Le tableau magique fut présenté à Edel et la merveilleuse idée d'un repas partagé fut annoncée et adoptée. Edel avait tout l'air d'être un jeune homme charmant, malgré ses airs de papys stressé. Calypso était contente de voir qu'ils allaient bien s'entendre et partager encore un peu temps ensemble ce jour. Elle prit encore une fois les choses en main en s'attelant tout de suite à nettoyer les dégâts alors qu'elle demandait (ordonnait?) à Edel d'aller chercher les victuailles pour réaliser de bons petits plats. « Super, merci beaucoup ! » Calypso espérait qu'elle n'était pas non plus trop directive, mais vu la façon qu'il avait eu de lui répondre, tout semblait bien aller pour le moment. Il allait probablement se presser pour récupérer les différents aliments dont il penserait avoir besoin et elle songeait qu'il pourrait ressentir une certaine frustration à ne pas rester plus longtemps dans le garde-manger... Enfin, il aurait bien le temps de découvrir tout cela de lui-même plus tard, il fallait aussi justement penser qu'il y allait avoir un temps de préparation et qu'avec tout ça, ils n'allaient pas manger tout de suite. De son côté, elle s'appliquait pour tout accomplir vite et bien, histoire qu'Edel ne fut pas obligé d'attendre qu'elle eût terminé son travail pour commencer le reste. Elle avait encore les mains plongées dans la vaisselle lorsqu'il revint, les bras chargés de toutes sortes de choses qu'il s'empressa de préssenter. « C'est super ! Merci beaucoup. Et pas de soucis niveau alimentaire, ils mangent de tout et moi aussi. Et puis de toute façon, j'adapterai les portions, c'est un repas de fête ! » C'était à croire qu'ils se communiquaient leur enthousiasme et que celui-ci ne cessait pas de s'intensifier. « Hop, voilà ! Je vais quand même prendre d'autres récipients, je n'ai pas tout rattrapé pour le moment. » Elle disait cela avec une certaine détente pour éviter qu'Edel eût à regretter une nouvelle fois son geste. Après tout, il n'y pouvait rien, le mal était fait et elle était de toute façon là pour l'aider à rattraper le tout. Elle sortit des armoires ce dont ils allaient avoir besoin et ouvrit des tiroirs pour récupérer d'autres ustensiles. « Eh bien, maintenant, cela va être à toi de me guider ! » La planche à découper était encore de sortie et elle était prête à jouer les commis. Elle avait toujours trouvé que faire la cuisine avec quelqu'un était une formidable activité, permettant de resserrer ou, dans leur cas, créer des liens. Quoi de mieux pour un vrai premier repas passé ensemble ? « Tu me laisseras juste gérer la cuisson, mais avec quelques explications, tu comprendras bien vite le fonctionnement de tout cela et ce sera toi le chef ! » Calypso était de nature à encourager les autres, elle avait envie de voir tout le monde se dépasser et réussir. Dans le cas d'Edel, il s'était déjà repris et semblait tout à fait prêt à accomplir de belles choses, à commencer par ce repas qui était déjà très alléchant. |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| Il était rare que je sois freiné dans l'une de mes énièmes blagues sur mes cheveux blancs (apparemment, je radotais parfois, j'avais encore cela de commun avec les papys) par une personne qui en arborait fièrement de semblables, plus rare encore que celle-ci me réponde par une autre plaisanterie. J'avais fixé un instant la jeune femme avec étonnement, avant de sourire. Ses cheveux à elle étaient véritablement éclatants de blancheur : elle provenait sans doute d'une décoloration volontaire et ils semblaient plus en forme que les miens, encadrant ce visage jeune dont la peau mate faisait, par contraste, ressortir encore plus leur couleur de neige.
J'avais déjà remarqué ses cheveux, le jour où je l'avais affrontée dans le théâtre du Dôme, tout comme j'avais remarqué son sourire et son air léger, l'impression qu'elle donnait de ne pas prendre tout trop au sérieux, une façon d'être qui m'avait plu dans un cadre aussi institutionnel que celui de l'Élite. Aujourd'hui, elle dédramatisait le cataclysme que j'avais provoqué en cuisine, elle me racontait les bêtises de ses propres Pokémon, elle me prenait par le bras pour m'entraîner fermement jusqu'au garde-manger puisqu'il était décidé que nous festoierions finalement ensemble... Décidément, je m'entendrais bien avec elle. Depuis que je m'étais lancé dans la coordination, hormis à Alola où il me semblait que vivaient beaucoup de personnes qui, comme moi, n'aimaient pas se prendre la tête, j'avais eu le sentiment de ne croiser, dans le milieu, presque que des gens sérieux. Des gens qui pensaient que, parce que l'on avait gagné quelques rubans, on était obligé de les conserver dans un coffret doré dans une vitrine soigneusement fermée et que l'on ne pouvait pas faire sortir nos compagnons n'importe où de peur qu'une malheureuse tache de boue ne vienne ternir leur fourrure impeccablement lustrée, des gens persuadés qu'une prestation devait être planifiée à la seconde près et que l'on n'était qu'une espèce de benêt sans intérêt si l'on ne passait pas, avant chaque représentation, une semaine entière à la répéter, des gens prêts à analyser tous les spectacles avec un dictionnaire de mots techniques mais qui ne comprenaient plus rien dès que l'on évoquait le simple plaisir d'être en compagnie de ses Pokémon et de s'amuser... Mais j'avais deviné sans peine que Calypso ne ressemblait à aucun de ces gens-là. Je n'avais pas encore vraiment pu faire connaissance avec nos deux autres collègues, qui m'avaient de toute façon donné l'impression, au premier abord, d'être plutôt du genre antipathique ou fermé, mais j'étais ravi de côtoyer celle qui concluait, en cet instant, ma petite visite de nos quartiers. Avant de déménager à l'Élite, j'avais longtemps vécu avec Camille, chez lui ou à proximité... Quel bien cela faisait alors de retrouver ici un peu de gaieté après les râleries de mon agente !
L'exploration du cellier sonna comme la découverte du Paradis pour mon Kecleon et moi, et j'ouvris des yeux presque aussi émerveillés devant le fameux tableau-magique-on-écrit-et-la-nourriture-arrive. Presque, car la vision des victuailles touchait quand même plus directement mon estomac que celle d'un rectangle suspendu à un mur, quelles que fussent les promesses qui l'entouraient. Un « monde de privilèges », Calypso avait prononcé les mots justes... « Et je ne vais me priver d'en profiter » : je ne le cachais pas, les avantages de l'Élite étaient bien l'une des raisons qui m'avaient fait accepter ce poste, si accaparant par ailleurs.
La suggestion de manger ensemble était parfaite et le seul mot de « festin » m'aurait de toute façon convaincu dans la plupart des circonstances. Les aliments que je remontai parurent satisfaire Calypso, et son expression de « repas de fête » m'émoustilla encore plus : « Si j'avais su que mon incendie provoquerait l'organisation d'un banquet, j'aurais fait appel à mon Félinferno ! » commentai-je, amusé. La jeune femme s'était dévouée pour entamer le nettoyage, mais quand j'eus fini de disposer les aliments sur le plan de travail, elle sortit des ustensiles propres et se décréta mon assistante en cuisine. « Hou-hou », m'amusai-je, « tu es sûre de vouloir me faire confiance après ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? » Mais elle se corrigea sur le sujet de la cuisson, domaine pour lequel j'étais largement prêt à lui laisser la main.
« Eh bien, chère assistante, c'est avec honneur que j'accepte cette digne tâche ! » Et je me saisis avec grandeur d'un économe pour appuyer mes dires. « Tu vas voir, la cuisine, j'en fais mon affaire. » Nous étions aussi enthousiastes l'un que l'autre, je prenais plaisir à jouer la comédie pour l'amuser et tout annonçait un repas plein de bonne humeur pour nous et nos équipes : j'étais d'ailleurs curieux de rencontrer les compagnons de la jeune femme. Nous nous connaissions encore très peu, mais je n'avais rien perçu de mensonger chez elle et tout me convainquait qu'elle était simplement animée par l'envie de sympathiser avec son nouveau collègue : j'étais donc largement prêt à faire de même, d'autant que cela nous permettrait de mieux nous connaître et qu'en plus, j'avais faim. Il me semblait que nous nous préparions comme un deuxième repas de bienvenue, le Comité en ayant donné un pour mon arrivée, sauf que ce premier repas avait eu lieu au milieu de journalistes et d'invités, qu'il y avait trop de bruit pour être tranquille, qu'il fallait faire un discours et que mes trois collègues et moi avions à peine pu discuter. « Taya ! Calcifer ! Revenez nous aider ! »
La porte de mon appartement s'entrouvrit à nouveau et ma Sucreine se faufila à l'extérieur, bientôt suivie du Félinferno pour lequel l'ouverture s'élargit un peu plus. Je voyais Pops et Toby en train d'essayer de retenir Moustache dans la chambre et je regrettai un instant de ne pas avoir fait rentrer l'Avaltout dans sa pokéball ; mais enfin, il était bon qu'il se dégourdisse un peu, lui aussi, et je m'en serais voulu de priver l'un des nôtres de cette journée de vacances. « Si l'un des tiens aime se rendre utile, il sera le bienvenu aussi ! » ajoutai-je à l'adresse de Calyspo. Nous allions certes avoir besoin d'un certain espace, mais le nombre de bouches à nourrir avait doublé et toutes nos mains ne seraient pas de trop pour préparer un si grand festin !
« On commence par éplucher les fruits et les légumes. La compote sera le plus long, mais les miens adorent ça, et c'est vraiment délicieux quand elle est encore chaude parce qu'on vient de la préparer. » L'économe dans la main gauche et une pomme dans la droite, je me sentais plus motivé que jamais, au milieu de la petite troupe attentive alignée devant les aliments et les ustensiles désormais répartis. J'avais déjà donné des simulacres de cours de cuisine à mes Pokémon, mais c'était la première fois qu'une humaine se trouvait parmi eux à m'écouter ; je ne doutais pas que Calypso savait elle aussi très bien cuisiner ce que j'avais annoncé, mais c'était amusant, et toujours plus agréable quand on pouvait discuter. Taya, toujours aussi vive et habile de ses petites mains fines, coupait les légumes avec dextérité ; Calcifer, lui, avait, comme à son habitude, des gestes plus maladroits, mais il était fortement concentré et je lui venais parfois en aide en guidant ses gros doigts.
« Décidément, c'est une chance que tu sois venue me secourir : j'adore cuisiner à plusieurs ! Ça me rappelle quand on fait ça avec mon meilleur ami, à Johto », commentai-je, le sourire aux lèvres, à l'attention de ma collègue tout en travaillant. Le repas de tout à l'heure dont j'étais si triste qu'il soit parti en fumée était déjà presque oublié. En fait, j'aimais cuisiner tout court : j'étais capable de sauter des repas ou de manger à n'importe quelle heure du jour et de la nuit dans les périodes fréquentes où, sans obligations, mon rythme se décalait et évoluait au gré de mes sursauts d'inspiration ou de mes envies, mais quand j'avais le matériel à disposition, j'adorais me mettre aux fourneaux. C'était d'ailleurs au contact de Camille que j'avais découvert ce plaisir, après la période la plus difficile de ma vie où je ne pouvais, de toute façon, pas cuisiner, quand bien même j'en aurais eu l'envie : sans doute était-ce pour cela que je pensais à lui tout en m'activant auprès de la jeune femme.
« Au fait ! Et nos deux autres collègues, alors ? » demandai-je, au détour de notre bavardage, à Calyspo, alors que les premières poêles étaient déjà posées sur le feu (sous l'œil intrigué de Calcifer qui ne quittait plus des yeux les plaques vitrocéramiques chaudes.) « La rousse aussi habite ici, n'est-ce pas ? J'ai encore à peine eu le temps de faire connaissance avec eux, à croire que nous ne travaillons pas au même endroit ! » Bien sûr, les missions que le Comité nous attribuait et notre temps libre pouvaient nous faire passer bien plus de temps en extérieur qu'au QG lui-même, comme je n'avais déjà pas manqué de le remarquer ; mais j'étais surtout curieux d'en savoir plus sur les deux autres champions de l'Élite, Béatrice et Saizo – non parce qu'ils m'intéressaient personnellement, mais parce qu'il était toujours utile de se renseigner sur les personnes avec qui l'on travaillait – et ma question était donc une façon détournée de tester ce que Calypso pourrait m'apprendre sur eux. | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| Il avait rarement été difficile pour la jeune femme de se faire des amis. Sa sociabilité, sa jovialité, lui permettaient d'entretenir rapidement des relations plus que cordiales avec ses vis-à-vis. Les amis... Pour elle, le seul problème était finalement de savoir les garder. Calypso papillonnait beaucoup et elle n'arrivait pas toujours à prendre des nouvelles et à faire en sorte de prendre le temps nécessaire pour rester en contact avec ses proches. C'était terrible mais finalement, elle n'avait plus vraiment l'impression d'avoir des amis. Le seul encore existant était peut-être Joshua, mais il était avant tout son ex-petit ami et elle savait très bien que son attachement pour elle était surtout lié à cela, lui-même n'ayant pas vraiment d'amis. Alors, elle ne se faisait pas de soucis pour son entente avec Edel, qui avait l'air d'être quelqu'un de très agréable, mais n'imaginait pas non plus qu'ils pussent devenir amis par la suite, ni même rester en contact si jamais leurs vies professionnelles venaient à leur faire prendre des chemins différents. Elle profitait donc de cet instant joyeux, même si peu paisible avec lui et apprendre à connaître un peu mieux son collègue et pourquoi pas, découvrir des atomes crochus entre eux. En tout cas, si les choses continuaient ainsi, Calypso allait se sentir un peu moins seule à la Ligue car depuis le départ de Dominic et de Li, elle ne pouvait pas dire qu'elle s'était sentie très proche de qui que ce fut. Peut-être les choses allaient-elles changer maintenant ?Elle l'espérait tout de même un peu. Elle essaya de mettre son nouveau collègue à l'aise, à sa façon. Déjà, il lui fallait connaître tous les avantages de sa nouvelle vie, puisque sinon, cela ne valait pas le coup d'investir la cuisine – surtout si c'était pour y mettre le feu ! Calypso était bien déterminée à mettre la main à la pâte pour aider Edel à leur préparer un merveilleux repas, enfin, merveilleux, si un nouveau désastre n'apparaissait pas bien sûr, mais elle serait maintenant là pour veiller au bon déroulement des opérations. « Hahaha, ne pousse pas ta chance trop loin, mon bon Edel, tu pourrais te cramer les ailes ! » La rime la fit rire un peu et il ne semblait rien y avoir pour entacher sa bonne humeur. « Je suis prête, chef ! » Calypso laissa son nouveau camarade de jeu appeler à l'aide ses amis et décida d'en faire de même, demandant ainsi à Camélia, Gaspard, Molly et Lily de se joindre à eux. Après tout, Solsken et Poséidon étaient plus du genre à rester dans leur coin dans un premier temps, alors elle ne voulait pas les brusquer, elle les appellerait pour le repas. « Je pense que nous aurons assez de... pattes pour nous accompagner ainsi ! » C'était assez comique de voir toute la petite ménagerie se mettre autour de la table, certains plus utiles que d'autres. Gaspard et Molly étaient de loin les plus doués dans leur tâche, Lily se contentant de faire passer les fruits et Camélia apportant les plats avec plus ou moins de facilité, bientôt relayée par Calypso qui lui confia de jeter les épluchures produites dans un petit bac prévu au compost. « Ah, je suis contente que ça te plaise ! Moi aussi j'aime bien ça, c'est plus souvent avec ma petite sœur que je prépare des grands goûters, on a des gourmands dans la famille alors il faut savoir les contenter ! » Elle ne voulait pas laisser de place au mal du pays, mais il fallait dire que ces quelques moments de simplicité lui manquaient parfois. « J'espère que tu ne t'ennuies pas trop de lui, ma famille est à Irisia et ce n'est pas toujours facile de vivre loin d'eux, même si nous avons la chance d'avoir parfois un peu de souplesse dans nos plannings... » Enfin, elle s'était de toute façon décidée assez vite à quitter le foyer familial et se rendait bien compte que cet éloignement permettait aussi de mieux se retrouver. Peut-être qu'en étant plus proche d'eux géographiquement, ils ne passeraient pas autant de temps ensemble finalement. Calypso déclencha les plaques alors qu'Edel avait déposé les poêles dessus. Il n'était pas question de rater encore une fois le repas ! Et alors qu'elle commençait à surveiller la cuisson, le chef cuistot en profita pour la mettre elle aussi sur le grill des questions. « Eh bien... Je dois t'avouer que je ne les côtoie pas trop. Oh, bien sûr, on se croise avec Béatrice – c'est la rousse – mais, elle est plutôt distante et je crois que je suis un peu trop... positive pour elle ! Après, tout va bien hein, ne t'en fais pas, juste que c'est une collègue, comme dans n'importe quel travail. » C'était peut-être une vision un peu triste, mais Calypso n'avait pas pour habitude de laisser sa franchise au placard, alors elle préférait donner son réel point de vue à Edel, quitte à ce qu'il eût une meilleure expérience en prenant ses précautions ! « Peut-être qu'elle agit différemment selon les caractères tu me diras, tu pourras te faire ton propre point de vue ! » Elle ne voulait pas le décourager, ce n'était vraiment pas le but. Elle remua un peu les ingrédients dans les poêles, avant de poursuivre. « Et pour Saizo, malheureusement je ne le croise vraiment que pendant certains événements et là... Je crois que c'est moi qui n'accroche pas ! Haha... Il a l'air tellement haut en fait. Tu sais, la star que tu ne peux pas approcher ? Eh bien c'est un peu Saizo pour moi. C'est fou parce qu'on a le même rang et puis, j'étais là avant lui, mais pourtant, il me fait toujours cet effet-là et je ne me sens pas naturelle quand je lui parle. Tu vas me trouver bête si j'en dis plus ! » La jeune femme essaya d'ailleurs de nettoyer un peu la table où tous les Pokémon s'étaient organisés histoire qu'il n'y en eût pas partout. « Enfin, je ne te donne pas un super tableau vu comme ça, mais tu verras par toi-même surtout ! Je ne voudrais pas que tu aies des a priori par ma faute. » Elle insistait, beaucoup, parce qu'après tout, elle ne savait pas si elle aurait apprécié qu'on pusse parler d'elle aussi librement. Calypso était tout de même assez consciente que son état d'esprit pouvait vite devenir épuisant pour certaines personnes. Béatrice devait d'ailleurs se dire elle-même que Calypso n'était pas assez sérieuse. Enfin, on ne pouvait pas s'entendre aussi bien avec tout le monde et la jeune femme avait déjà fait la croix là-dessus. C'était sûrement aussi pour cela qu'elle était si enthousiaste de faire la cuisine avec Edel et de plaisanter avec lui. Déjà, son rôle bien établi de surveiller la cuisson pouvait lui permettre de gagner des points auprès de son nouveau collègue et elle comptait bien faire son maximum pour le satisfaire ! « Gaspard, je te vois ! » Et évidemment, pendant qu'elle se concentrait, le Dimoret s'amusait à piquer des pommes pour tenter de jongler avec. Autant dire que si elle le laissait continuer, il serait bientôt en train de monter sur la table pour présenter tout un tour à ses nouveaux amis. « Reste sage s'il te plaît, assez de catastrophes pour aujourd'hui. » Elle fit un clin d'oeil à Edel et Gaspard reposa les pommes sur la table, même s'il jouait toujours avec, seulement de manière plus discrète. |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| La rime entre Edel et ailes, ça faisait longtemps qu'on ne me l'avait pas faite, celle-là. Calypso en récolta un sourire indulgent de ma part ; mais son jeu de mot était le signe de la bonne entente qui avait naturellement éclos entre nous et dont j'espérais qu'elle se confirmerait, car c'était tout de même bien plus agréable de travailler aux côtés de personnes avec qui l'on pouvait passer du bon temps, surtout quand notre lieu de travail était aussi notre lieu de vie. Lorsque j'avais accepté ce poste de champion, je travaillais pour des salles, des restaurants ou même des particuliers qui me demandaient de réaliser des spectacles ; mais ces prestations étaient le plus souvent ponctuelles, et même lorsque l'on m'engageait pour une saison entière, je changeais ensuite d'employeur, si bien que je n'avais aucun collègue à proprement parler avec qui j'aurais pu nouer une relation durable. J'avais quelquefois rencontré d'autres amis de Camille, et j'avais même sympathisé avec un ou deux d'entre eux, les seuls que je ne trouvais pas ennuyeux, mais il les voyait peu ; finalement, les seules relations solides que je conservais étaient donc majoritairement à distance, alors même que j'avais, au quotidien, le contact facile, tout du moins me semblait-il. J'espérais donc sérieusement me lier avec quelques personnes en arrivant ici ; et ma jeune collègue amatrice de cuisine me semblait être une candidate idéale.
Taya et Calcifer furent bientôt rejoints par non pas un, mais quatre des Pokémon de Calypso : sa fameuse Phyllali shiny, sa Joliflor, un Dimoret et une... gracieuse Sidérella – j'avais oublié que ma collègue avait un tel Pokémon Psy. « Salut, vous ! » J'avais déjà rencontré certains d'entre eux lorsque j'avais affronté leur maîtresse à l'Élite, mais, réunis, ils formaient une fière équipe – à l'image de leur dresseuse ? « Allez, c'est parti ! On compte sur vous pour nous aider ! » Je prenais mon rôle de chef très à cœur. J'espérais seulement que ce ne serait pas nous qui devrions nous porter à leur rescousse.
Tout le monde se mit consciencieusement à la tâche en se répartissant l'espace autour du plan de travail et bientôt, chacun s'activait à la mesure de ses capacités, qui coupant des légumes, qui épluchant les patates, qui touillant une sauce. Taya et Calcifer avaient l'habitude de me seconder en cuisine, mais pas de s'affairer auprès de tant de Pokémon inconnus, et plus petits qu'eux en taille : c'était très amusant de les voir faire de leur mieux pour se montrer utiles, tous ensemble, sans se bousculer ni se marcher sur la patte. La Sucreine donnait une fois de plus la démonstration de sa rapidité pour couper les légumes tandis que le Félinferno, malgré ses griffes recourbées, mettait une éternité pour peler la moindre pomme. Ravi de voir toute cette petite compagnie s'activer, j'avais exprimé mon plaisir à cuisiner à plusieurs et Calypso n'avait pas tardé à renchérir.
– Oh, tu as une grande famille ? Tu as beaucoup de différence avec ta petite sœur ? La mention qu'en avait faite la jeune femme m'avait intrigué : j'imaginais maintenant une Calypso miniature. Elle devait être très mignonne – plus que la petite sœur de Camille, en tout cas, espérais-je. Déjà que Calypso elle-même semblait plutôt jeune... Et elle parlait de ces goûters en famille au présent, comme si elle vivait encore avec eux. Rassure-toi, je crois qu'on a aussi beaucoup de gourmands ici ! Mais c'est vrai que je me demande bien ce qui leur a pris d'installer leur Élite à Sinnoh... Personne n'a ses proches dans le coin, il fait beaucoup trop froid, tu ne trouves pas ? Je ris un peu, avant de reprendre : Tu viens aussi de Johto, alors ? Avec sa couleur de peau et son nom, je me demandais si elle n'avait pas des origines aloliennes. J'étais à Doublonville avant d'atterrir ici. Comme mon meilleur ami est prof, ça va, on pourra au moins se voir pendant les vacances scolaires ! Et puis, j'ai l'impression qu'ici, si on fait bien son travail, on peut quand même assez facilement prendre des jours de congés, non ?
Tant qu'un challenger ne se pointait pas pile pour le week-end espéré, évidemment. Je tendis les premières poêles à Calypso qui se chargea de les mettre sur le feu : j'avais bien volontiers laissé ma collègue maîtresse des flammes, ou plutôt des plaques de cuisson. « Tu vas devoir me montrer comment ça marche exactement » : j'espérais éviter de nouveaux dégâts à l'avenir !
Tandis que Taya surveillait Calcifer qui surveillait (un peu trop) attentivement les plaques et que les petits amis de Calypso se livraient à leurs propres friponneries, je questionnai la championne sur nos deux autres collègues, que je n'avais encore qu'à peine rencontré – ce qui ne m'empêchait pas de me faire déjà des idées assez nettes à leur sujet. Je fus dès lors particulièrement satisfait d'entendre la jeune femme confirmer mes impressions, même si ce n'était pas à l'avantage des deux intéressés !
– Hm, je vois... Il faut avoir l'air complètement déprimé quand on s'adresse à elle alors ? ...Calci', attention ! J'avais commencé à répondre au sujet de « la rousse », mais mon regard intercepta Calcifer qui était en train de reculer, deux assiettes pleines dans les pattes, pile à l'endroit où s'affairait la petite Joliflor de ma collègue : nous venions d'échapper à une belle catastrophe. Mon Félinferno était toujours attentionné envers les Pokémon plus petits que lui, mais il avait une certaine tendance à la maladresse et dans cette cuisine, au milieu de Pokémon Plante et Glace, je veillais à garder un œil sur lui (ce qui me demandait beaucoup puisque je n'y voyais rien de l'autre.) En tout cas, si elle est conforme à ce qu'elle montre d'elle dans ses prestations, j'ai bien peur qu'elle soit un peu trop... rigide pour moi !
Façon dissimulée de dire que l'aspect trop uniformément engagé de sa coordination m'énervait : peut-être que Calypso comprendrait, ou non. J'avais pris les plats des pattes de Calcifer et je goûtai avant de continuer d'assaisonner tout en écoutant ma collège passer à Saizo.
– ...Attends, ne me dis pas qu'il t'intimide ? C'est les muscles qui ont cet effet-là ? Fais valoir ton droit d'aînesse, si tu es là depuis plus longtemps que lui ! Je répondais sur un ton d'emphase un peu comique parce que la brusque gêne de Calypso m'avait fait sourire. Mais je repris tout en essayant de lui donner un coup de main pour le nettoyage du plan de travail : ...Tu sais, il y a toujours des gens qui aiment se la jouer solo, mais c'est pas parce qu'ils affichent des têtes d'icebergs qu'ils ont plus de valeur que toi ! C'est important, aussi, de savoir fonctionner en équipe. Et j'eus l'impression d'avoir dit quelque chose d'assez sérieux. Heureusement, je ne la regardais pas tout en parlant.
Calypso avait coupé le feu sous les différentes préparations, hormis la compote qui continuait de mijoter tranquillement sous son couvercle, et le moment semblait venu de passer à table – si l'on ignorait les bêtises de certains de nos compagnons.
– Ah, tiens, un apprenti jongleur ? Tu veux apprendre avec ma petite troupe ? commentai-je en regardant, amusé, le numéro du Dimoret chapardeur. Calcifer est plus doué avec des balles que pour faire la cuisine ! ...Aïeuh. L'intéressé avait entendu et venait de me gratifier d'un coup de queue.
Je commençai à sortir les couverts : des assiettes de différentes tailles pour nos compagnons et nous, avec tous types de couverts et de verres ou de bols.
– Si tu ne crains pas un peu de désordre, on mange chez moi ? Je n'oserais pas introduire un Avaltout affamé ailleurs... Sauf chez mon pire ennemi, ou chez mon meilleur ami, mais je le gardai pour moi.
Même surveillé par ses camarades, Moustache aurait peut-être envoyé valser mes innombrables coussins et couvertures dans toute la pièce, mais il laissait toujours la table parfaitement libre, sachant ce qui serait posé dessus : c'était tout ce dont on avait besoin. | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| Calypso était assez sereine face à Edel, elle sentait que ce moment ne pouvait que bien se passer, comme si Edel et elle se connaissaient depuis un certain temps. C'était sûrement ça avoir une vraie relation amicale. La jeune femme était vraiment ravie de faire la cuisine avec tout le petit monde. Comme elle l'avait annoncée à Edel, cela lui faisait beaucoup penser à sa famille. Parfois, Calypso culpabilisait un peu de ne pas être plus là pour Luz, mais son père était assez clair sur cette idée : elle devait aussi vivre sa propre vie. La jeune femme était donc vraiment ravie de reproduire un peu ce schéma à l'Elite. Il fallait dire qu'ici, elle était très proche de ses Pokémon, mais pas vraiment des humains. Cela lui créait vraiment un manque et l'arrivée d'Edel était alors une véritable bénédiction. Elle était aussi assez fière que ses amis fussent aussi disciplinés ; alors qu'elle leur avait demandé de les aider, ils s'étaient immédiatement mis au travail avec brio et elle n'avait pas vraiment eu à les reprendre. Ils devaient aussi vouloir donner une bonne image d'eux devant Edel, les connaissant, c'était bien possible. Après tout, ils avaient compris que leur place était exceptionnelle : Pokémon de l'Elite, ce n'était pas réservé à n'importe qui. Il fallait donc faire bonne figure. « Je n'ai qu'une petite sœur de sept ans – ils grandissent si vite... - et mes parents. Mais à nous quatre, je peux t'assurer que l'on mange bien. Et avec ma vie ici, je ne peux pas beaucoup être avec ma sœur donc nous avons une relation un peu particulière, j'ai plus l'impression d'être une cousine voire une tante et non pas une sœur pour elle, en plus avec la différence d'âge... » Bon, elle avait un peu raconté sa vie, mais après tout, ils étaient aussi là pour apprendre à se connaître, du moins, Calypso espérait que le jeune homme serait sur la même longueur d'ondes. « Fiou, je suis bien d'accord, ils devaient avoir envie de redorer le blason de cette région... sinistrée ? » Calypso pouffa un peu, mais c'était vrai : elle n'avait aucun attrait pour cette région et il était difficile d'y trouver de l'intérêt quand elle ne semblait exister que pour leur donner un lieu de travail. « Non, pardon, c'est pas sympa, mais je suis comme toi : je ne suis pas du tout du coin et la météo ne me convient pas franchement. Et du coup, j'y pense, on pourrait parfois faire le trajet ensemble, j'essaie d'aller souvent chez mes parents, tu t'en doutes ! » Quant aux jours de congés, la jeune femme expliqua qu'il suffisait la plupart du temps de les prendre en dehors de tout événement, mais qu'elle profitait parfois de présenter un concours en Johto pour faire un petit crochet, voire inviter sa famille sur son lieu de travail éphémère. Ils avaient quand même beaucoup de liberté, certes, Calypso n'avait aucune idée pour rebondir dans sa carrière après l'Elite, mais elle ne doutait pas qu'elle aurait d'autres opportunités et puis, en attendant, elle n'avait aucune raison de bouder son plaisir. Et malgré leur conversation, le travail avançait tellement vite qu'ils pouvaient déjà commencer à mettre à cuire quelques ingrédients. Calypso ne laissa pas à Edel l'occasion de s'occuper des plaques et elle les alluma rapidement. « Tu crois que je vais te dévoiler tous mes secrets dès maintenant ? » Elle rit un peu, avant de lui expliquer plus concrètement comment cela se passait : l'allumage, les différentes positions pour le feu, comment faire pour que ce ne fut pas trop chaud et donc ne pas brûler ses plats, et cætera. Bien sûr, leurs Pokémon en profitèrent pour faire leurs bêtises. Bon, autant les ignorer pour le moment tant qu'ils ne faisaient pas de mal. Et puis Edel venait d'aborder un sujet aussi brûlant que les plaques : leurs deux collègues. « J'ai essayé, mais même en lui parlant pendant Halloween, ça n'a rien changé ! » Calypso pouvait se montrer très moqueuse, surtout en croisant des personnes comme Béatrice qui semblait simplement ne pas apprécier sa présence à l'Elite. C'était fou. Ils avaient une chance extraordinaire d'être là, alors faire la tête tout le temps, c'était quand même improbable ! Edel ne semblait pas non plus très dupe, il se doutait bien qu'il n'allait pas être copain comme Groret avec Béatrice. Après tout, rien que de le voir comme ça, Calypso pouvait deviner que cela ne collerait pas entre eux. Enfin, c'était tout, pas la même façon de penser la vie, pas la même vision de la coordination, toujours des prestations avec un sujet très lourd derrière qui avait plusieurs fois fait réfléchir Calypso : comment pouvait-elle se permettre d'aborder un sujet difficile plus légèrement quand sa collègue en faisait des caisses ? Cela devenait vite compliqué pour elle... Et pour Saizo, ce n'était pas plus évident. Elle n'avait pas eu l'impression de pouvoir partager des choses avec lui. Il semblait être là pour le travail et c'était bien tout, ce qui faisait que la jeune femme se sentait à des kilomètres de lui. « Ah non, ses muscles, j'ai l'impression que si je fichais une aiguille dedans, ils éclateraient ! » Bon, cela ferait sûrement bizarre pour tout le monde, mais il était vrai que le corps « surgonflé » de Saizo n'était pas vraiment ce qui intimidait Calypso. « Non, c'est juste qu'il a l'air plus à sa place que moi. Tu sais, les conventions, les bonnes manières, l'apparence... On dirait qu'il a tout ça alors que moi, je dois faire taaaant d'efforts pour avoir l'air professionnelle ! » Cela ne ressemblait pas à la coordinatrice de se déprécier comme cela devant quelqu'un qu'elle connaissait à peine, mais quitte à être franche, il valait mieux l'être jusqu'au bout et lui confier exactement comment elle pouvait se sentir face à leurs autres collègues. Avec un peu de chance, Edel allait réussir à changer tout cela. « C'est vraiment gentil de ta part Edel. » Elle avait retrouvé le sourire en l'entendant, il était sincère, du moins, elle l'espérait. Elle s'occupa des derniers préparatifs, recevant un coup de main de la part du jeune homme. Finalement, en travaillant ainsi, ils avaient fait vraiment vite et le temps de cuisson était passé rapidement grâce à leur conversation. « Ne l'encourage pas, il pourrait être vraiment intéressé par cette idée, haha ! » De ce qu'elle voyait, la relation entre Edel et ses Pokémon plaisait beaucoup à Calypso. Elle avait l'impression qu'ils avaient beaucoup de points communs à ce niveau-là aussi. Alors qu'Edel s'occupait de sortir les couverts, Calypso surveilla la compote, la remuant légèrement en vérifiant qu'elle ne collait pas au fond, baissant encore un peu la température de la plaque pour s'assurer que cela pusse rester ainsi. « Oh, oui ! Cela me va très bien. Et puis, comme ça tu n'auras pas à subir mon désordre. » La jeune femme lui fit un clin d’œil et aida Edel à apporter tout le nécessaire dans sa chambre. Elle confia également à Gaspard et Molly quelques affaires pour aller s'installer. Elle suivit donc Edel vers sa chambre avec le sourire, elle avait hâte de continuer à partager ce petit moment ensemble. |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| Quand j'avais accepté le poste de champion d'Élite, je m'étais demandé comment se passerait la cohabitation avec les autres employés, et tout particulièrement avec les autres champions : mes trois nouveaux collègues, qui auraient à la fois le même titre, le même statut et les mêmes missions que moi, alors même qu'au quotidien, une large part de notre travail serait plutôt solitaire. Je m'interrogeais sur ce que serait la teneur de nos rapports : les champions formaient-ils un groupe soudé au sein de la hiérarchie ? Ou chacun avait-il sa bulle, son agent, ses responsables, ses propres quartiers et ne voyait-il les autres que lors des réunions ?
Pour ces questions, comme pour d'autres, je m'étais largement renseigné sur l'ensemble du personnel de l'Élite avant de partir. Le site officiel de l'institution était plutôt bien fait et Calypso, que je connaissais déjà, y apparaissait en artiste éclatante, énergique, bienveillante : une figure à laquelle les jeunes filles qui se lançaient dans la coordination pouvaient s'identifier, et sans doute la plus accessible des quatre champions d'alors. Mais ces pages officielles ne restaient que des constructions, les apparences que le Comité voulait diffuser : qu'en serait-il, en réalité ? À Doublonville, j'avais réussi à louer un appartement proche de celui de Camille, si bien que je pouvais aller chez lui quand je le souhaitais, y compris en son absence puisque j'avais un double des clés. Nous habitions un quartier fréquenté, non loin des rues commerçantes, de sorte qu'il suffisait d'ouvrir sa porte pour trouver des gens avec qui discuter. Si j'avais peu d'attaches réelles, j'avais par moments la bougeotte : j'aimais sortir, voir du monde, et certainement pas rester cloîtré dans un endroit isolé comme j'avais en partie craint que ne le soit la zone du QG de l'Élite. De fait, j'étais à présent rassuré de constater que juste en face de chez moi, dans le même couloir, logeait une personne avec qui je pourrais me changer les idées, sans prise de tête, car elle avait vraiment l'air naturelle. Au moins une personne de sympathique à croiser dans la salle commune !
J'ouvris de grands yeux en apprenant l'âge de la petite sœur de Calypso : ce n'était pas ce que j'imaginais lorsqu'on me parlait d'un frère ou d'une sœur. « Ah oui, elle est très jeune... » Je marquai une pause, ne sachant pas immédiatement qu'ajouter puisque je n'avais moi-même pas de réel exemple de frère ou sœur auquel me référer. Rien, sinon Pierre, avec qui j'avais grandi quelques années ; et Dana. « Tu as quel âge toi, déjà, si ce n'est pas indiscret ? ...Ça ne doit pas être facile qu'elle vive si loin de toi. Tu ne la vois pas vraiment grandir, finalement. » Je me rendis compte que mon commentaire risquait de miner le moral de Calyspo plus que de le remonter, si bien que j'ajoutai d'un ton plus gai, tout en prenant une baie des pattes de Calcifer qui peinait à l'éplucher : « Est-ce qu'elle a envie de se lancer dans la coordination, pour faire comme sa sœur ? »
Heureusement, critiquer Sinnoh s'avéra un sujet apte à nous réunir dans la bonne humeur, Calypso renchérissant sur mes propres lamentations au point de me faire franchement rire. « Ah, mais si tout le monde est du même avis, on devrait faire une pétition pour déménager l'Élite, alors ! Y'a que Saizo qui soit du coin, de toute façon, non ? Comme il est jamais là, je propose de ne pas l'interroger, et puis, vu l'endroit où il habite, je serais d'avis de ne pas lui demander conseil pour le choix du prochain terrain ! » Un type qui avait décidé que la ville la plus au nord de la région elle-même la plus au nord était l'endroit parfait pour ouvrir une pension ne pouvait pas m'inspirer confiance pour les questions d'immobilier. « Mais oui, excellente idée pour le trajet jusqu'à Johto ! Et peut-être que mon agente me laissera plus facilement prendre des congés si je ne suis pas le seul concerné ! ...Il est cool, le tien ? »
Au-delà du climat, il y avait d'autres raisons pour lesquelles j'aurais préféré que le QG de l'Élite se situât dans une autre région que Sinnoh, et je ne savais pas encore comment je ferais le jour où le Comité m'imposerait une mission dans la ville de Voilaroc ; mais je ne pouvais bien sûr pas en parler à Calypso. Tout en discutant, nous avancions vite dans la préparation du déjeuner. Nos compagnons se montraient bien plus organisés que l'on aurait pu s'y attendre de la part de six Pokémon mis au travail ensemble, et j'étais attendri par les efforts visibles de ceux de ma collègue pour bien faire. J'écoutai avec attention la jeune femme m'expliquer le fonctionnement des plaques devant Calcifer fasciné par tout ce qui chauffait sans flammes... puis arriva le sujet des deux autres champions. À nouveau, les commentaires de Calypso me firent franchement pouffer. Je n'avais certes pas l'intention de me mettre à dos les deux tiers de mes collègues dès la première semaine, mais comment aborder sans arrière-pensée des personnes dont tout le comportement et l'art semblaient, constamment, si contrôlés ? Des vidéos que j'avais regardées, je ne remettais pas en cause leur sens artistique, mais ils ne semblaient pas être le genre d'artistes avec qui je m'accordais ! Enfin, de toute façon, je serais naturel avec eux, et je verrais bien ensuite si cela leur plaisait ou non. ...Mais j'avais quand même l'impression que j'aurais du mal à m'entendre avec Béatrice si, dans la vie de tous les jours, elle était aussi engagée que dans ses prestations.
– ...Attends. Parce qu'il faut avoir l'air professionnel ? ...Tiens, c'est vrai que mon agente m'a peut-être dit quelque chose à propos de ça l'autre jour, mais alors... Si tu sais ce que signifie ce mot, je suis tout ouïe !
Je m'étais interrompu dans mon geste de touillage des patates en arborant un air excessivement perplexe. En réalité, je savais me montrer sérieux et respectueux des usages quand il le fallait, mais mon naturel me portait à bien plus de... disons, spontanéité, et j'espérais ainsi dédramatiser le sujet pour Calypso. Rien qu'à me voir, de toute façon, les cheveux ébouriffés encore mouillés de tout à l'heure, elle devait se douter que ce n'était pas face à moi qu'il lui faudrait se rabaisser dans ce domaine !
– Oh, mais je suis sérieux, je prends ton Dimoret en apprenti quand tu veux ! J'essayais d'ignorer le fait que cette espèce de Pokémon, très rare à Johto, me rappelât mes expériences passées à Sinnoh pour me concentrer sur le caractère sympathique qui semblait être celui de Gaspard, et répondre d'un ton léger. Après tout, j'allais être amené à côtoyer régulièrement les Pokémon de mes collègues, alors autant que je m'habitue le plus tôt possible à tous.
Quand il fut décidé que nous déjeunerions chez moi, nous prîmes une pile de couverts dans les bras et allâmes jusqu'à ma porte, toujours entrouverte sur certains de mes compagnons malheureux et affamés qui nous avaient espionnés tout au long de la préparation du repas. « Ohlà, faites place ! » nous annonçai-je, mais je n'aurais même pas eu besoin de parler puisque la porte s'ouvrit en grand dès notre approche et que mes Pokémon s'écartèrent – plus ou moins – sur nos pas.
Je n'avais pas encore totalement terminé de m'installer, d'autant que j'étais du genre à laisser des affaires dans ma valise pendant des mois, mais j'avais quand même bien avancé cette semaine, et quelques nouveaux achats avaient déjà rejoint ce avec quoi j'avais emménagé. Je n'avais jamais été un grand décorateur d'intérieur et, pendant longtemps, j'avais eu peu d'affaires véritablement « à moi » ; mais ces dernières années, à Alola, puis à Johto, j'avais commencé à vraiment m'installer, et je comptais à présent faire de même dans cet appartement que j'espérais habiter au moins quelques temps. Le logement était divisé en trois parties. La pièce centrale, celle sur laquelle donnait la porte d'entrée, était le lieu de vie principal : à la fois salon et salle à manger, elle comportait une table ainsi qu'une table basse, quelques chaises, un porte-manteaux, un miroir en pied, un mini-frigo... mais surtout un grand canapé et des fauteuils, deux poufs, des coussins, le tout pour rendre la pièce la plus confortable possible. C'était important, un bon gros canapé bien confortable, protégé d'une couverture violette, et sur lequel on pouvait dormir quand on n'avait pas envie d'utiliser son lit. Il y avait aussi des paniers pour Pokémon un peu partout et deux ou trois plaids qui traînaient. À gauche était ma chambre et, à droite, le coin toilettes-salle-de-bain-placard, ce dernier encore particulièrement encombré de vêtements et accessoires de coordination non rangés – j'hésitais à déplacer certains des ballons ou cerceaux dans la salle d'entraînement ou à les laisser ici. Au mur, une grande carte d'Alola, et la photo encadrée de la vue que j'avais de mon appartement à Konikoni – un cadeau de Camille.
– Je t'avais prévenue, c'est un peu encombré ! Comme on est nombreux, je te propose qu'on s'installe sur la table basse, si ça ne te dérange pas ? Je n'aurai pas assez de chaises et ce sera plus pratique avec les Pokémon. Je commençais déjà à installer, et Calcifer et Taya amenaient les premiers plats. Pops, tu veux bien retenir Moustache, s'il te plaît ? Les couverts mis en place, je claquai dans mes mains. ...OK ! Puisque tout le monde est là, on fait les présentations ? Comprenant plus ou moins ce que je venais d'annoncer, mes Pokémon se redressèrent et certains se placèrent à peu près en ligne, maladroits comme lors d'un stress d'avant une représentation : Chère et aimable Calypso, voici Taya la Sucreine ! Calcifer le Félinferno ! Pops le Coudlangue ! Toby le Kecleon ! Les quatre sérieux s'inclinèrent dignement devant l'invitée dont ils ne savaient pas bien si elle devait avoir le même statut qu'un public ou non. Moustache l'Avaltout ! Ma'ukele le Gouroutan ! Derrière son éventail de feuilles, Ma'u inclina discrètement la tête, mais il était occupé à surveiller Moustache que Pops avait relâché et qui n'attendait que de se jeter sur la nourriture désormais sortie. Mimsy l'Éoko, au plafond ! Knock le Togedemaru ! Blitz la Motisma ! Et enfin Kerguelen, le Trepassable ! ...La fine équipe, presque au complet ! Théâtral, je discourais avec un grand sourire. Chers amis, nous déjeunons aujourd'hui avec la célèbre Calypso Kanaloa, championne d'Élite, et ses compagnons ! Et chacun y alla à nouveau de son propre signe de bienvenue, depuis le grésillement farceur de Blitz jusqu'à Kerguelen qui agita mollement ses tourelles de l'air de dire qu'il n'en avait strictement rien à faire.
– Tu as une très belle Sidérella. Comment vous êtes-vous rencontrées ? demandai-je à Calypso, tout en disposant des coussins pour nous asseoir : j'étais toujours curieux des Pokémon Psy et Molly, visiblement puissante, m'intriguait depuis que nous avions commencé à préparer le repas. | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| La jeune femme était contente de pouvoir parler un peu de sa famille librement, elle n'aurait pas spécialement osé le faire avec ses autres collègues, sauf peut-être avec Dominic, à l'époque, qui avait une petite fille et s'amusait de certaines comparaisons. Edel semblait vraiment intéressé par ses histoires et cela lui faisait chaud au cœur. La jeune femme calcula dans sa tête puis finit par prendre ses doigts pour compter dessus, tirant la langue au passage, montrant sa concentration. « 21 ans d'écart, je vais avoir 28 ans ! Piouf, ça fait beaucoup d'années tout ça. » Elle était habituée à cette différence d'âge mais elle s'amusait toujours de voir la surprise dans le regard de ceux à qui elle racontait cette histoire. « Mes parents m'ont eu jeune à la base et Luz n'était pas prévue, mais une fois qu'elle était là, ils ont décidé de la garder. Alors c'est vrai que je n'ai pas la chance d'être à ses côtés, mais c'est aussi mieux de pouvoir profiter d'elle pour des moments spéciaux. » La jeune femme marqua une petite pause, elle ne voulait pas que ses propos fussent mal pris par son interlocuteur. « En fait, j'avais pris le pli de jouer les mamans et pendant quelques temps cela m'a empêché d'avancer. Nous nous sommes rendus compte avec mes parents que cela faisait plus de problèmes qu'autre chose alors j'ai décidé de m'occuper de moi et me voilà ici. » C'était quand même particulier comme histoire et elle le savait bien, mais c'était son histoire et elle en retirait tout de même de belles expériences et un sentiment d'avoir eu de la chance d'être si bien accompagnée par ses parents dans ce qu'elle avait voulu entreprendre, malgré tous les imprévus qu'ils avaient vécu. Le rôle de mère ne lui manquait pas du tout et Calypso appréciait d'autant plus les moments de complicité qu'elle pouvait partager avec sa petite sœur. « Tu sais, elle est vraiment à un âge où cela change tous les jours, alors pour le moment elle n'a rien de défini, mais elle suit toutes mes apparitions et évidemment je trouve toujours le moyen de les inviter lorsque je me retrouve sur scène, quand cela est adapté pour tout public. » Elle n'était pas sûre qu'Edel fut totalement au courant pour son activité de comédienne. Elle avait pu faire des « seule en scène » qui n'étaient pas visibles par sa petite sœur, mais dans ces cas-là, avec ses parents, ils faisaient ensemble en sorte que Luz ne fut pas au courant de ces sorties pour éviter un incident diplomatique. « On va faire ouvrir une succursale à Johto, tu vas voir, on va faire un malheur ! » Cela amusait Calypso, mais c'était vrai qu'il y avait de quoi se demander pourquoi ils avaient installé leur QG ici. Il fallait parfois croire que le Comité avait sciemment décidé de mettre l'Elite de côté. Calypso ressentait parfois une certaine jalousie envers ses collègues de la Ligue qui, quant à eux, étaient très bien logés. Il n'y en avait de toute façon que pour la Ligue, mais parfois la jeune femme préférait tout de même sa condition : elle faisait bien moins la une des tabloïds que leurs homologues champions. « Ah, le mien, ça dépend, de toute façon je crois qu'on va en parler au passé parce qu'il a demandé sa démission... Pas du tout par ma faute hein ! Mais il veut se concentrer sur sa famille et le Comité m'a informé qu'ils me cherchaient quelqu'un d'autre. Je dois t'avouer que je suis un peu embêtée car il me laissait relativement tranquille quand je devais me produire sur scène et là, je ne sais pas comment ça va se passer. » Il fallait bien dire que jusqu'ici, elle avait un peu vécu la vie de bohème en étant bien tranquille dans ses petites affaires au vu des nombreuses missions de son agent. Alors l'information que l'on nommerait quelqu'un rien que pour elle. Enfin, elle devait tout de même se concentrer sur ce qu'ils faisaient parce que la cuisine risquait d'être encore une fois fichue et cette fois cela serait de leur faute à tous les deux. Calypso utilisa de sa meilleure pédagogie envers Edel et ses Pokémon, elle avait l'habitude de savoir expliquer, mais plus rarement à quelqu'un comme lui. Enfin, cela ne la dérangeait pas, bien au contraire, elle avait plutôt l'impression de faire grandir leur lien de la plus belle des façons. Au point que la coordinatrice se laissait aller à – presque – gentiment casser du sucre sur le dos de leurs collègues. Et quand Edel réagit à son idée du métier, au moment où elle se plaignait de tout ce qu'ils étaient censés faire, elle ne put que rire quand il lui demanda ce que voulait dire le mot « professionnel ». « Haha, bon j'en ai peut-être fait un peu trop, mais en soi, comme on passe à la télé et autres, il faut éviter de trop parler ou de faire des têtes bizarres. » Elle lui fit une grimace pour illustrer son propos. « Enfin, si tu veux mon avis, c'est plus facile pour vous les hommes ! Ici je mets un jean et un t-shirt et je suis habillée, mais en dehors si je n'ai pas une robe magnifique, que je ne suis pas bien coiffée, maquillée, il ne faut pas que je sorte ! » Elle parlait avec une pointe d'humour, mais elle savait bien qu'elle devait entretenir son image pour ne pas paraître comme n'importe qui. « Nous sommes l'Elite, ça veut tout dire. J'aime beaucoup être proche des gens mais il faut veiller à ne pas trop l'être et d'une certaine manière, ça permet aussi de protéger sa vie privée. » Et c'était tout de même quelque chose d'intéressant. Si à chaque fois qu'elle se rendait chez ses parents, elle était suivie par une myriade de paparazzis, cela rendrait sa vie bien moins évidente, en plus d'empêcher sa famille de vivre correctement. « Je dois avouer qu'entre ça et ma carrière de comédienne, il y a eu un moment où je me sentais assez mal, moche en fait à d'autres moments, mais j'ai su surmonter tout cela et je suis quand même fière de ce que je suis maintenant et je m'amuse même parfois en choisissant certaines tenues pour les prestations à l'Elite ! » C'était après tout son petit plaisir, quand enfin elle pouvait choisir ce qu'elle allait présenter de A à Z. Et de son côté, Edel était vraiment quelqu'un de gentil, plaisant et rassurant. Il trouvait les mots pour détendre la jeune femme sur tout ce qui pouvait lui poser problème dans ce monde bien strict. D'ailleurs, sa spontanéité la surprenait vraiment, comme lorsqu'il parlait d'apprendre le jonglage à Gaspard, son Dimoret. De son côté, il semblait vraiment ravi alors la jeune femme n'hésita pas un seul instant. « Eh bien, j'ai vraiment hâte de voir cela, je suis sûre qu'il ne te décevra pas ! » Gaspard était du genre à adorer les défis, alors il n'y avait pas de doute qu'il allait pouvoir tirer son épingle du jeu. Edel avait finalement invité la petite troupe à déjeuner dans ses appartements, ce qui avait attisé la curiosité de Calypso. Elle se demandait s'il avait pu s'installer correctement. Et en entrant, elle put constater qu'il avait bien pris ses quartiers. Il y avait peut-être un peu de désordre, mais cela rendait le tout bien plus vivant ainsi. En fait, Calypso préférait de loin cette vision plutôt que celle d'un catalogue, cela donnait bien plus envie de s'installer autour de la table. « Ce sera parfait, merci beaucoup ! » Elle s'installa et fit signe à ses Pokémon de venir auprès d'elle. Trouvant le moment approprié, elle sortit également les deux Pokémon qu'elle gardait près d'elle. Solsken, le Magirêve et Poséidon, le Tentacruel. Elle savait qu'ils resteraient plus dans leur coin, mais elle souhaitait tout de même qu'ils assistent aux présentation. « Eh bien mes bons amis, nous sommes ravis de vous rencontrer, Molly, Gaspard, Lily, Camélia, Poséidon et Solsken. » Elle présenta ses Pokémon un à un et comme elle l'avait prévue, une fois les présentations faites, les deux derniers s'esquivèrent puis regardèrent Calypso avec un air désolé. « Et vous aurez de quoi vous restaurer plus tard, nous avons compris. » La jeune femme les rappela dans leurs Pokéball avant de se tourner vers Edel. « Désolée, ils ne sont pas à l'aise avec du monde comme ça, mais tu auras l'occasion de les revoir. » La coordinatrice se donna la note mentale de sortir avec eux plus tard dans la journée, ils avaient fait un gros effort et cela méritait des encouragements. « Tu as une bien belle équipe en tout cas ! Cela fait plaisir de rencontrer de nouveaux Pokémon, j'espère qu'ils deviendront amis ! » Cela pourrait en effet être vraiment un coup de pouce pour l'amitié à construire des deux coordinateurs si leurs Pokémon s'entendaient bien. Cela se voyait qu'Edel adorait la compagnie de ses Pokémon, ce qui allait également rendre leurs conversations plus simples. Alors que chacun prenait sa place, suivant les chemins de coussin que le jeune homme était en train de créer. « Ah, en fait c'est un peu particulier. La plupart de mes compagnons ont été trouvés ou sauvés, ou les deux, par un ami. Joshua est un officier de police, ou inspecteur, enfin bref, un grade au-dessus, quelque chose comme ça. En tout cas, pendant ses missions, il tombe souvent sur des Pokémon qui ont été habitués à l'humain mais ne peuvent pas intégrer une nouvelle famille facilement à cause de ce qu'ils ont vécu. J'ai connu Joshua alors que je commençais mes concours et tout cela et à l'époque c'était Lily et moi. Au fur et à mesure, ils sont arrivés jusqu'à former l'équipe d'aujourd'hui. » Cela expliquait la diversité de son équipe, mais aussi leurs différents caractères et la difficulté de certains avec les inconnus. « Pour Molly, la grande particularité a été qu'elle a été trouvée dans sa Pokéball des mois après l'incident. Alors la réadaptation à la vie en dehors a été un long chemin, mais maintenant tout va bien. » La Sidérella observa un instant tour à tour Calypso et Edel, avant de se concentrer sur les autres Pokémon. Ses pouvoirs étaient souvent en action et la coordinatrice avait parfois l'impression d'être « scannée » par son Pokémon, mais elle n'y prêtait plus attention depuis un long moment déjà. « Et toi, tu as une histoire particulière avec tes compagnons ? Ils ont l'air si attachés à ta présence ! » C'était sûrement normal pour la plupart des dresseurs, mais Calypso appréciait toujours de le noter chez une nouvelle personne. Edel avait sûrement des tas d'anecdotes et Calypso avait hâte d'en savoir plus. Elle se sentait déjà proche de lui en le connaissant à peine, la vie à l'Elite allait sûrement bien s'améliorer avec quelqu'un comme Edel dans le coin. |
Avatar : Platane
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| C'était avec un grand intérêt que j'écoutais Calypso me parler de sa relation avec sa petite sœur. Bien sûr, les détails de la vie de famille de cette personne que je connaissais à peine ne me passionnaient pas plus que ça, mais ma collègue m'était sympathique, j'étais donc curieux de davantage la connaître, surtout avec la spontanéité dont elle faisait preuve : je n'avais pas besoin de beaucoup pousser pour qu'elle se confie. Et puis, le sujet qu'elle abordait m'intriguait. N'ayant jamais eu de frère et sœur, j'avais toujours du mal à me représenter l'attachement que l'on pouvait ressentir pour eux quand j'entendais mes connaissances en parler ; y compris Camille, qui se préoccupait beaucoup de Lily alors même que leur relation était plutôt... explosive. Les frères et sœurs avaient toujours l'air importants pour ceux qui en avaient, et Calypso ne faisait pas exception à la règle, malgré la grande différence d'âge qui l'éloignait de sa cadette. Vingt et un ans ! J'avais ouvert de grands yeux en l'entendant. « Effectivement, c'est impressionnant. » Vingt-et-un ans d'écart... C'était comme si, en ce moment même, j'avais eu une petite sœur âgée de dix ans. Une mini-moi de dix ans. À dix ans, je vivais chez Pierre, peut-être la seule personne qui avait pu à une époque me tenir lieu de "frère", justement. Nous étions de tels gamins, alors. Et elle serait née quand j'avais vingt-et-un ans, donc... Je n'arrivais absolument pas à imaginer mon moi de vingt-et-un ans apprenant la naissance d'une petite sœur. Bon, il était déjà plus présentable que mon moi de vingt ans, mais il serait quand même sans doute parti en la laissant en plan chez ses parents et en ne voulant plus en entendre parler. Quels parents, d'ailleurs ? En fait, si ça se trouvait, j'avais peut-être des frères et sœurs dont je ne savais rien. Mais de dix ans ? C'était possible ? Aussi jeunes ? Bah – en vérité, ça me paraissait tout bonnement improbable, mais si jamais je venais à apprendre une chose pareille, un jour, je tournerais sans doute tout autant les talons pour ne plus jamais en entendre parler.
Sa sœur semblait très importante pour Calypso, en revanche, bien que leur relation avait des nuances que j'avais un peu de mal à comprendre ; je l'écoutais avec attention en hochant la tête tout en continuant à éplucher les baies.
– Hm, je vois. Épluchures, épluchures. ...En fait, non, je vois pas du tout ! Je n'ai pas de frères et sœurs, alors j'ai un peu de mal à me rendre compte de ce que ça fait et des problèmes que ça peut poser, surtout avec une telle différence d'âge. « Jouer les mamans », ou les papas, c'était aussi bien éloigné de tout ce que je pouvais envisager. Mais tu as l'air de beaucoup tenir à elle, ajoutai-je, alors elle doit le sentir, quand vous vous voyez : c'est le principal !
Ne souhaitant pas persister dans un sujet potentiellement trop grave et sérieux, je réorientai la discussion vers des considérations plus légères.
– Oh, à cet âge-là, on veut tous devenir super-héros ou ranger, non ? Ou p't'être chanteuse pour les petites filles. ...Ah oui, t'es dans le théâtre à côté, c'est ça ? En réalité, je m'étais largement renseigné sur la carrière de tous mes collègues avant d'emménager, mais ce n'était sans doute pas la peine de le montrer à Calypso alors que j'essayais de sympathiser avec elle. Tu pourras peut-être me donner quelques conseils : j'en fais aussi, en amateur.
Je laissai les dernières baies épluchées aux pattes de Taya qui savait découper à une vitesse inégalable, puis je versai le tout dans une large poêle qui chauffait sur la plaque sous l'œil attentif de Calcifer. Pendant ce temps, notre discussion s'était déplacée vers Sinnoh. Critiquer était toujours quelque chose que j'appréciais, surtout quand il y avait quelqu'un pour critiquer avec moi, et m'insurger contre le froid et l'âpreté de cette région ô combien rocailleuse était le meilleur moyen pour moi d'ignorer l'autre raison pour laquelle j'avais grandement hésité avant de me décider à venir m'installer ici.
– À Johto ? Faut faire gaffe, on risquerait de nous prendre pour des champions de la Ligue, on aurait encore plus de boulot, observai-je en riant. Non, par contre, je connais une région qui serait parfaite pour entretenir l'inspiration artistique, dans la chaleur et la tranquillité d'un cadre idéal : Alola ! Les palmiers à ta fenêtre, le sable sous tes pieds dès que tu sors du bureau. Tu peux pas être envahi de boulot, ou méga-froid à la certains de nos collègues quand tu habites une région comme ça, c'est pas possible. ...Enfin, si, c'est toujours possible pour certains, je repensais à Hélène qui travaillait comme une folle quand je l'avais connue, mais pas pour les gens normaux qui ont envie de profiter de la vie. ...Je ne dis pas que je sais ce que c'est que les gens normaux, mais profiter de la plage et du soleil... je serais ravi d'apprendre à nos agents et au Comité comment faire.
J'aurais pu parler d'Alola encore longtemps, mais la proposition de Calypso de faire le trajet jusqu'à Johto ensemble la prochaine fois que nous voudrions voir nos proches me réjouissait également, et ce fut l'occasion pour moi d'aborder un autre sujet épineux, à mes yeux, tout du moins : celui de nos agents. Si je pensais pouvoir à nouveau me plaindre en chœur avec ma collègue, je fus déçu en apprenant la situation dans laquelle elle se trouvait :
– Ah, mince. C'est pas de bol. Je grimaçai, m'efforçant d'afficher un air contrit. Je t'aurais volontiers refourgué la mienne, mais je suis pas sûr que le genre bourreau de travail te plaise beaucoup, alors ? Dire que t'en avais un qui te laissait en paix, il fallait pas le faire fuir, c'est bête !
Je me permettais de gentiment tancer ma collègue, mais ma propre agente me fatiguait pour le moment beaucoup, même si je ne doutais pas que nous finirions par trouver un terrain d'entente (ou plutôt, que je le trouverais pour elle.)
Puisque nous en étions à casser du sucre sur le dos de nos connaissances, activité qui avait toute ma sympathie, nous enchaînâmes sur nos affables collègues ; sujet qui me conduisit à faire de mon mieux pour dérider Calypso, qui révélait des failles sous ses airs lumineux.
– S'il faut éviter les têtes bizarres, ils ont pas fini, avec moi ! répondis-je en riant. Enfin bon, ils nous embauchent tels quels, faut bien qu'ils nous acceptent, après !
J'écoutai sans l'interrompre la suite des paroles de la jeune femme. J'étais un peu étonné de ce qu'elle me disait : je comprenais mal comment sa carrière de comédienne et de championne d'Élite avaient pu la pousser à perdre confiance en elle concernant son physique, alors même que c'étaient deux métiers dans lesquels on se mettait constamment en spectacle, mais sans doute ces considérations étaient-elles bien trop éloignées de moi. À part pendant une brève période lorsque j'étais ado, savoir si j'étais « beau » ou non avait toujours été le cadet de mes soucis – à vrai dire, la plupart du temps, je ne me posais même pas la question. Calypso n'était pas la première fille que je fréquentais et je savais (à quel point...) combien le physique pouvait parfois être un problème pour ces demoiselles, mais, de mon côté, ce n'était pas du tout ce dont je m'inquiétais. J'avais toujours eu l'idée des grands bals et des réceptions en horreur, parce que c'étaient des moments où il fallait être particulièrement bien habillé et présentable et il me semblait que c'était un privilège réservé aux gens riches et bien nés, sommet que je ne pouvais atteindre ; toutefois, depuis deux semaines que j'étais champion, j'avais pris un très grand plaisir à commander au tailleur tout un tas de beaux vêtements avec mon nouveau salaire, du genre que je ne me serais jamais imaginé porter un jour, et j'avais toujours adoré me déguiser, sur scène ou même ailleurs.
– ...Hm. T'as peut-être raison, répondis-je alors. Peut-être que c'est plus facile pour nous... Je t'avoue que je me demande pas devant la glace tous les matins si je ressemble plutôt à un Miamiasme ou plutôt à un Floramantis. Par contre, j'adore me déguiser, et je suis trop content du choix de tenues qu'on peut avoir à l'Élite ! Ça ne se voyait pas forcément avec le t-shirt à rayures tout simple que je portais en ce moment-même, mais bon. Tu te rends compte des costards super chers qu'on peut commander avec notre salaire ? Ça doit être trop classe d'arriver pour présenter un concours habillé comme ça ! Certes, je ne lui apprenais rien, mais je ne pouvais m'empêcher de m'enthousiasmer là-dessus.
– Enfin, après tu sais, je sais pas trop ce que je vaux comme juge, mais... Je tournai la tête vers elle pour la lorgner de mon seul œil valide : T'as pas de raison de douter de toi, niveau physique. T'es plutôt mignonne, non ? Je marquai une pause, pour m'assurer que je ne disais pas de bêtises, mais enfin, ça ne m'avait pas l'air d'être le cas : elle avait un visage fin et joli, un sourire souvent radieux, elle semblait bien proportionnée, un peu plate dans la région intéressante du buste, certes, mais sans doute pas de quoi en faire un drame, et je n'avais pas manqué de grosse verrue qui aurait fleuri sur son nez ; il me semblait bien aussi me souvenir qu'elle avait son fan-club masculin, convenablement fourni, même. J'estimai donc pouvoir continuer sans risque : ...Plus que mon agente, en tout cas. Et puis, les cheveux blancs, c'est top !
Je soulevai une de mes propres mèches de cheveux entre deux doigts avec un grand sourire, pour confirmer mes dires : j'espérais qu'ainsi, une partie de ses inquiétudes serait effacée.
Le repas enfin prêt, nous nous dirigeâmes, plats et couverts en mains, vers mon appartement où mes compagnons s'empressèrent de libérer un peu de place en nous voyant arriver, ce à quoi je les aidai aussi en repoussant quelques coussins du pied. Si je n'avais pas énormément d'affaires personnelles, j'avais quand même trouvé le moyen de bien m'étaler pendant ces deux semaines, de récents achats et mon allergie tenace au ménage n'aidant pas, mais Calypso n'avait pas l'air de s'en formaliser. Nous nous assîmes autour de la table basse où nous avions disposé les victuailles, en même temps que je veillais, avec l'aide de Mau' et Taya, à ce que certains gourmands ne se précipitent pas prématurément dessus, et nous procédâmes aux présentations des membres de nos compagnies.
– Aah. Le fameux inondeur de salles de bain, commentai-je en saluant de la tête le Tentacruel.
Calypso avait aussi fait sortir un impressionnant Magirêve jaune d'or, dont je me demandais un peu comment il réagirait avec la présence de mon Trépassable au fond de la pièce ; toutefois, Solsken n'avait pas l'air de vouloir s'attarder, et la jeune femme le fit rapidement rentrer, ainsi que Poséidon, dans sa pokéball. J'acceptai son compliment sur mon équipe avec un sourire.
– Je suis sûr que la plupart s'entendront bien ! Bon, évidemment, il y a toujours les grognons de service, mais... Je pense que ça va surtout être à tes Pokémon de devoir supporter les miens !
En disant cela, je faisais un signe amusé en direction de mon Avaltout qui, tenu pour le moment écarté du buffet, fixait celui-ci comme s'il s'agissait du festin d'entrée au Paradis, mais il y avait aussi l'imposant Pops qui occupait presque un quart de la table, Blitz la Motisma qui ne cessait de bondir partout, l'ombre de Kerguelen, bien sûr, qui nous observait dans le fond... Je n'avais pas l'équipe la plus reposante qui soit : à côté, Lily, Molly ou Camélia semblaient pour le moment des modèles de calme.
– Et sur ce.. BON APPÉTIT à tous !
Alors que nous commencions, enfin, à manger (dans le désordre naturellement généré par le regroupement de deux humains et d'une douzaine de Pokémon ensemble), j'interrogeai Calypso sur la Sidérella qui l'accompagnait depuis le début. Ma collègue prit visiblement ma question pour de la curiosité générale sur la façon dont elle avait rencontré ses compagnons, ce que je ne demandais pas, mais j'écoutai poliment. Apparemment, elle avait recueilli la plupart de ses Pokémon pour des raisons philanthropiques, ce qui était loin d'être ma façon de faire, mais ce que je respectais ; elle en vint vite à Molly, évoquant sans développer un incident dont elle était rescapée. Si Calypso avait consacré tant de temps à réparer, chez cette Sidérella, les traces d'un traumatisme, la Pokémon Psy devait lui être très fidèle ; cette histoire n'était pas sans me rappeler ce qui était arrivé à Mimsy, mais je chassai aussitôt cette pensée de mon esprit – d'autant que Molly était en train de me fixer. Je lui rendis son regard, avec un mince sourire. Pas de chance. Il me semblait sentir l'espèce de chatouillement indiquant qu'un Pokémon Psy essayait d'accéder à mon cerveau, mais cette Sidérella n'arriverait à rien : si sa puissance était très nette, j'étais rôdé à la protection mentale après des années, pas toujours simples, à devoir compter avec Pyon-Pyon logée là, quelque part. Cela m'avait pris du temps, mais je savais désormais très bien laisser une "couche" accessible de mon esprit en surface pour mieux en isoler le noyau, et cette habitude m'était devenue inconsciente – seul moyen de tenir, de toute façon, quand on est lié à un Pokémon psychique aussi puissant que le Gardien d'Akala. C'était peut-être cette protection mentale qui m'avait empêché, d'ailleurs, de développer le moindre langage télépathique avec Ma'ukele – un mal pour un bien que je ne regrettais pas.
– Hmm... Une histoire particulière ? Qu'est-ce que je pourrais te raconter... Je réfléchissais à l'anecdote la plus intéressante, car toutes mes rencontres avec mes compagnons n'étaient pas racontables ; mais il y en avait bien quelques-unes susceptibles de lui plaire. Ah oui, je sais. Je me réinstallai, prêt à un récit animé. J'ai fait mon voyage Pokémon à Alola, c'est là-bas que j'ai rencontré la plupart des membres de mon équipe. Or, figure-toi qu'un jour, je voulais affronter la championne d'Épreuve de Konikoni de l'époque, celle qu'a remplacée Barbara – parce que j'ai aussi récupéré quelques badges en parallèle des concours –, et elle a refusé que je la défie parce qu'elle croyait que j'étais qu'un guignol ! Alors, avec mon meilleur pote qui était avec moi à Alola à ce moment-là, on est allés dans la Jungle Sombrefeuille pour capturer un Gouroutan, parce que j'avais entendu dire que les Aloliens les respectaient parce qu'ils les considéraient comme les sages de la forêt et que donc logiquement, si t'en capturais un, t'étais automatiquement considéré comme un dresseur de bon niveau. En plus, on m'avait dit aussi que comme les Gouroutan sont des Pokémon très intelligents, on devait pouvoir communiquer par télépathie avec eux, et je voulais trop tester. Donc on arrive dans la forêt, j'étais très confiant parce que j'avais déjà un bon feeling avec les Psy et en plus, j'avais Calcifer avec moi, j'eus un signe en direction de mon Félinferno, et je pensais que comme les Gouroutan vivaient dans les arbres ils devaient être un peu de type Plante ou je ne sais quoi, en tout cas sensibles au type Feu. Alors déjà on a eu un mal fou à le trouver, notre Gouroutan, je montrai Ma'ukele, parce que ces Pokémon-là sont de gros solitaires, mais ensuite... ç'a été la catastrophe ! Ils sont vraiment intelligents, et puissants surtout, il nous a jeté des baies dessus et il est entré dans la tête de Pops et de Calci' qui m'écoutaient plus du tout, et il aurait fait pareil avec nous si on avait pas battu en retraite ! On y est retournés plusieurs jours d'affilée mais à chaque fois, c'était le même échec. On a essayé plein de trucs pourtant : attaque, furtivité, au lasso... Mais c'était impossible de le prendre par surprise. Du coup, j'ai décidé d'y aller plusieurs fois en pacifique, pour lire dans la forêt, juste pour lui montrer qu'il avait rien à craindre de moi. J'avais aussi pris la Chovsourir de mon pote pour avoir une défense psychique au cas où. Et puis un jour, comme je sentais qu'il s'approchait... Je fis un geste violent. SCHHLAK ! Capturé.
Je marquai une pause, regardant Ma'u avec un sourire triomphant. J'hésitais à m'expliquer ; mais j'avais créé un suspens, et je pensais pouvoir faire relativement confiance à Calypso. Alors, je continuai :
– Ces Pokémon sont des soigneurs. Ils peuvent pas s'empêcher de s'approcher des malades ou des blessés pour voir s'ils peuvent faire quelque chose. Alors, je me suis entaillé le bras, et j'ai attendu qu'il vienne voir pour agir. En plus, la douleur me permettait de penser à autre chose qu'à sa capture, et aussi de rester lucide s'il essayait encore de me manipuler. Quand je me suis pointé à l'Épreuve avec lui, la championne a plus rien dit. Sur le coup, il m'en a voulu un peu, mais on a su devenir copains, lui et moi ! complétai-je en adressant à Ma'u un regard amical.
Je marquai une petite pause, nécessaire après un si long récit, puis je repris en regardant la championne qui avait, quant à elle, constitué son équipe d'une façon si altruiste :
– Bon, je te rassure, j'ai pas rencontré tous mes Pokémon comme ça. La plupart sont venus d'eux-mêmes vers moi. Le gros Avaltout, là, j'eus un signe du menton vers Moustache, Ma'u et moi l'avons sauvé d'une maladie alors qu'il était un petit Gloupti. Il est resté avec moi après ça.
(Bon, je vais nous afficher, mais : la prochaine fois que tu réponds, DIS-LE MOI stp ! xD) | | | | Calypso Kanaloa
C-GEAR Inscrit le : 29/10/2013 Messages : 567
| Les réactions d'Edel étaient assez amusantes, il semblait très détaché de tout cela, tout en comprenant que ce que vivait Calypso était assez unique en son genre. Même elle avait parfois du mal à délivrer ces informations, tellement on aurait pu croire à un film de Noël Unysien. Enfin, non, parce que dans un tel film elle serait probablement également tombée enceinte et les deux bébés seraient nés le même jour et il y aurait eu ce fameux moment où elle aurait présenté son enfant à celui de sa mère en disant « dis bonjour à ta tante ». Brr, elle eut presque un frisson à cette idée. En tout cas, elle avait beaucoup de choses à dire sur cette relation, elle s'en rendait un peu compte en le disant. Comme si le fait d'en parler lui donner encore plus envie de s'exprimer sur cette situation, alors que clairement, il n'y avait pas beaucoup à expliquer. Elle avait beaucoup d'écart avec sa sœur, elle était partie du foyer familial pour vivre sa propre vie, parfois sa petite sœur lui manquait, fin. « Tu dois avoir raison. » Edel avait su trouver les mots, c'était simple, mais efficace et sans lui dire, elle lui était reconnaissante de ne pas trop avoir rebondi là-dessus et d'être passé sur un sujet plus simple. « Je me suis demandée si le fait que je sois devenue maîtresse coordinatrice allait jouer, mais pour le moment elle passe à côté, je trouve ça mieux comme cela. La dernière fois elle voulait être infirmière Pokémon, cela m'a beaucoup plu. » Calypso s'attendait à voir passer beaucoup de différents métiers dans la tête de sa petite sœur, mais le mieux était qu'elle avait le choix : elle pourrait faire absolument tout ce qu'elle voulait du moment qu'elle était heureuse. Calypso savait que leurs parents n'allaient pas l'empêcher de faire quoique ce soit, ils étaient plutôt du genre à encourager toutes les passions, sinon Calypso elle-même n'aurait pas pu se lancer dans le théâtre. « Oui, je t'inviterai la prochaine fois si tu veux ! En ce moment, je travaille sur une nouvelle mise en scène de l'Odyssée, les effets sur scène sont impressionnant, l'entrée du Leviator est impressionnante. Nous sommes quatre sur scène pour jouer les différents rôles, c'est passionnant. » Et voilà qu'elle allait vite l'ennuyer avec ses histoires. Enfin, peut-être pas tant que ça s'il aimait en faire, mais tout de même. Elle n'était pas sûre que les détails techniques l'intéresserait, alors elle se contenta de partager son enthousiasme. « On pourra en reparler oui ! Tu es dans un club actuellement ou une école ? » Après tout, certaines ouvraient la possibilité aux adultes de suivre des cours en amateur, alors pourquoi pas. Elle espérait que son collègue allait être intéressée pour la voir sur scène quand même, elle manquait de retour sur ses performances et, étrangement, elle avait le sentiment qu'Edel saurait être parfaitement honnête avec elle, sans pour autant la brusquer ou l'offenser. Il avait l'air d'avoir ses petits secrets pour cela. Les différentes étapes de la cuisine se passaient plutôt bien, Edel était un bon commis mais on pouvait en dire tout autant de ses Pokémon ! C'était beau de voir que tout le monde mettait la main à la pâte, ou même la patte à la pâte d'ailleurs... « Oh Alola ! C'est vrai que j'apprécie à chaque fois d'aller là-bas. » Il y a quelques temps, elle avait surtout essayé de retracer l'arbre généalogique de son père. Compliqué, puisqu'il avait été adopté et savait lui-même que peu de choses sur sa famille. Elle avait été prête à développer pendant quelques instants mais cela ne lui a pas échappé cette fois. Peut-être un autre jour. Calypso avait trop tendance à tout dévoiler d'un coup, alors qu'il était plus prudent de garder certaines choses pour soi, même avec un collègue de l'Elite. « Tu fais trop confiance. » La voix de Joshua résonna un moment dans sa tête, elle eut un sourire. Le discours d'Edel la ramena bien vite à la réalité. Il dit des choses qui l'épatèrent rapidement et qui lui firent se demander en un instant s'ils étaient vraiment sur la même longueur d'onde. Elle laissa dire, pour cette fois, car elle n'avait pas spécialement envie de rentrer dans un long débat avec lui, pas au milieu de la cuisine alors qu'ils partageaient un bon moment. Elle avait cependant noté cela dans un coin de sa tête, pour le jour où elle aurait besoin d'évoquer cela avec lui. « Ah, pour le coup, j'aimerais avoir quelqu'un qui me suive, qui me comprend, qui est un peu là-dedans avec moi, tu comprends ? » Elle n'avait pas peur du travail en lui-même en fait, elle avait justement parfois besoin qu'on la bouge un peu et même si elle avait réussi à s'en sortir quasiment seule, elle jalousait un peu ceux qui avaient des agents plus performants. Elle espérait vraiment bien s'entendre avec le prochain et que tout cela pusse enfin changer. « Tu as raison, après tout, ils nous ont pris pour nos profils alors on arrive avec tout le lot entier. » Edel était au moins patient de l'écouter comme ça, le mieux dans tout cela était qu'il savait en plus répondre. Quel homme, quel collègue. « Ah oui, les tenues des concours et des présentations sont sensationnelles. Le choix des robes que l'on m'a donné ou d'autres tenues était toujours formidable. Le mieux est que l'on m'a toujours laissé faire, si vraiment je n'aimais pas quelque chose, je pouvais le dire et c'est vraiment important, tu sais ? Le pouvoir de préserver son image, d'en avoir le contrôle... » Elle se perdait encore dans ses pensées, mais le mieux était que cela ne semblait pas déranger Edel plus que ça, du moins pour le moment. « Oui je suppose que d'un certain point de vue, je n'ai pas à me plaindre, mais bon, on a tous nos petits complexes, je suppose. » Pour les cheveux blancs, il n'avait pas tort, même si elle considérait les siens plus un accident qui était devenu sa routine étrange. Elle finirait sûrement par arrêter quand ses cheveux lui montrerait toute la souffrance qu'ils avaient subi pendant toutes ces années. Le repas était finalement prêt, le temps passait plus vite au fur et à mesure de la discussion. Ils décidèrent de s'installer dans les appartements d'Edel pour prendre leur déjeuner qui allait à coup sûr leur remplir l'estomac de la meilleure des façons. Calypso était contente de pouvoir montrer son équipe de manière non formelle, cela permettait de mieux connaître leurs personnalités et la coordinatrice ne les forcerait pas à rester comme elle aurait pu leur demander s'ils avaient été dans une autre situation. « Le fameux, en chair et en tentacules ! » Comme elle l'avait prévu, ils n'étaient pas à l'aise, aussi elle les rappela rapidement. Ils sortiraient au grand air plus tard et cela leur permettra de se détendre un peu. C'était toujours incongru qu'ils ne pussent pas supporter la proximité alors qu'ils n'avaient aucun problème sur un terrain de combat ou sur scène. Ils étaient fait pour apparaître en public et jouer un rôle, mais avoir une relation normale ne leur correspondait pas. C'était bien ridicule. « J'espère bien, maintenant que nous allons vivre dans le même bâtiment, ils sont comme frères et sœurs, donc ils vont pouvoir se disputer comme tels. » Elle aimait l'idée que l'Elite, c'était une grande famille. Bon, déjà, parce que c'était un peu ce qu'on lui avait vendu quand elle avait décidé d'emménager ici et de faire partie de cette grande aventure, alors maintenant que ses amis étaient partis de là, elle espérait quand même s'en faire un nouveau, si cela était possible. Ils auraient forcément des différends, comme leurs Pokémon allaient en avoir, mais ce n'était pas le plus important dans une relation après tout. Calypso commença à s'assurer que chacun eut sa part et surtout qu'ils ne risquèrent pas d'en mettre partout. Ce n'était pas parce qu'Edel se montrait plutôt à l'aise et disait que sa pièce était mal rangée qu'il fallait en profiter pour tout salir. Surtout que cela ne faisait pas bon genre dès le premier déjeuner passé ensemble. Ceci étant dit, elle n'avait pas pu s'empêcher de ramener Joshua sur le terrain. Il fallait dire qu'ils étaient liés par bien des choses, du fait d'avoir constitué son équipe avec les Pokémon dont il ne pouvait pas s'occuper. C'était bien une triste affaire à la base, mais d'une certaine façon, cela lui avait permis d'être heureuse par la suite et d'entourer aussi ces Pokémon de l'amour dont ils avaient eu besoin. Cela avait été long et parfois douloureux, mais finalement tout s'était bien passé, ils vivaient maintenant bien et les éleveurs du QG étaient très compréhensifs pour s'occuper également très correctement d'eux. Joshua serait sûrement content de voir cela, si seulement il se déplaçait de temps en temps pour autre chose que ses affaires professionnelles. Elle écouta avec attention l'histoire qu'Edel allait pouvoir lui raconter, commençant à goûter à son repas comme si elle se servait dans un paquet de popcorn. Il fallait dire qu'elle avait l'air bigrement intéressante son histoire, vu comme il avait l'air de se prendre au jeu. L'histoire se passait à Alola, ce qui la fit instantanément sourire. Edel parlait de cet endroit avec des étoiles dans les yeux, alors cela allait forcément être bien. Ah, elle connaissait ce problème de ne pas être considérée assez bonne par les autres dresseurs, il fallait dire que ces choses-là avaient bien changé depuis qu'elle avait fait quelques combats à l'Elite. Tout à coup son potentiel s'était révélé aux yeux de tous et voilà qu'elle valait le coup. Elle avait entendu parler de cette histoire des Gouroutan, mais pensait plus à une légende qu'autre chose, c'était fou de se dire que certaines personnes mettaient tant d'importance dans ce genre de choses. Calypso essayait d'imaginer la situation et ne put s'empêcher de sourire ce faisant. C'était chouette de sa part d'avoir été jusque là pour montrer sa vraie valeur et s'être battu avec passion. Elle s'arrêta de manger quand il lui annonça qu'il avait perdu ses Pokémon pendant plusieurs jours. Cela avait dû être terrible pour lui et son ami à ce moment-là. Le pire avait dû être l'attente, le fait de ne pas savoir s'il allait les récupérer, quand tout du moins. Calypso en aurait sûrement perdu la face mais lui avait continué, avait gardé espoir et avait été plus fort que son opposant pour l'attraper. Elle était impressionné qu'il ait finalement réussi comme ça, mais justement, il revint sur ce dernier élément. Edel expliqua alors les talents des Gouroutan, leur nature, et le geste que lui avait dû faire, en dépit de sa propre santé pour parvenir à le capturer. C'était très impressionnant et Calypso ne doutait pas que Ma'u lui-même devait être conquis à présent. Au départ, il avait dû être en effet bien vexé, mais tout de même, faire face à un dresseur pareil, c'était motivant. « Tu m'étonnes, elle a dû être bouche bée ! » S'ils étaient si difficiles à capturer, alors elle avait dû reconnaître ses sacrifices sans pour autant avoir les détails de l'histoire, mine de rien, cela faisait d'elle quelqu'un de plutôt constant. On pouvait au moins lui accorder cela. « Oh je suppose qu'il n'y a jamais de petites histoires puisqu'ils sont maintenant notre famille, mais je dois avouer que ce récit m'a ébloui. » Elle ne pouvait pas dire autrement étant donné qu'elle avait été jusqu'à s'arrêter de manger tellement son discours l'avait fascinée. « Mes respects à vous deux, vous êtes vraiment des durs en fait ! » Elle eut un petit sourire en disant cela et en regardant Ma'u qui semblait aujourd'hui bien serein. Elle porta ensuite son regard sur le grand Avaltout. Elle n'en avait que rarement croisé et ne s'était réellement jamais attendue à en rencontrer un dans ce genre d'édifice alors sa présence l'amusait, en quelque sorte. Ce n'était pas qu'il faisait « tache », elle ne se permettrait jamais ce genre de jugement, mais il faisait bien parti des éléments incongrus de l'équipe de son collègue. « Je te remercie pour cette histoire, cela a dû être terrible à vivre pour le moment mais tu as là une belle anecdote pour tes petits-enfants ! » Elle enchaîna avec un petit sourire, avant de reprendre son repas. Il serait dommage d'avoir passé tant de temps à le préparer pour finalement manger froid. Elle accompagna une bouchée d'un regard à son collègue pour l'encourager à l'imiter. Quelques instants passèrent ainsi en silence, pendant que tout le monde profitait de son repas et qu'un Cérébi semblait voler au-dessus de leurs têtes. La coordinatrice se refaisait secrètement le film dans la tête, avant de passer en revue les noms des différents Pokémon de son collègue. Elle était contente du temps passé ensemble. « Avec ces succès en arène, tu as déjà pensé à faire autre chose que... ça ? » Elle désigna la pièce et tout le reste dans un petit geste, faisant tourner sa main. Elle ne voulait pas paraître trop directe ou partir sur un moment bizarre parce que le but n'était pas de le mettre mal à l'aise, mais Edel semblait avoir plusieurs cordes à son arc après tout. « Je me demande parfois ce qu'il se passera après tout cela, même si de mon côté, je pense tout bêtement rejoindre une troupe de théâtre ou quelque chose du genre. » Elle faisait un peu semblant car elle y avait déjà réfléchi, elle aimerait surtout pouvoir apprendre la mise en scène et utiliser tout ce qu'elle avait appris depuis tant d'année dans la coordination. Le problème était cependant qu'elle doutait toujours et qu'elle n'était pas sûre d'aller très loin malgré les bagages qu'elle avait avec elle. En tout cas, elle avait fini son assiette et était bien contente de ce qu'elle avait eu là. C'était vraiment gentil de la part d'Edel de l'avoir invitée dans son appartement. Elle reposa doucement ses couverts dans son assiette et surveilla un instant ses amis. Notamment Gaspard qui n'était pas le dernier pour les farces. « C'était un bon repas, merci beaucoup. » |
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| | | Edel Aubier
C-GEAR Inscrit le : 20/11/2017 Messages : 637
| Parler de la petite sœur de Calypso nous avait fait embrayer, sans trop nous en rendre compte, sur le théâtre, et je me réjouis d'avoir abordé le sujet lorsque je vis la ferveur avec laquelle ma collègue rebondissait dessus. C'était déjà un thème sur lequel je me sentais plus à l'aise que celui de la famille et surtout, Calypso paraissait à nouveau désireuse de se confier dessus : c'était parfait car cela me permettait de l'écouter parler afin de mieux la connaître, sans forcer, en plus d'occuper agréablement notre atelier cuisine. Je préférais toujours en découvrir plus sur les autres avant de m'ouvrir à mon tour. Et puis, le théâtre était quand même l'un des grands plaisirs de ma vie, alors j'étais curieux d'écouter la jeune femme raconter sa propre expérience.
– L'Odyssée ! C'est un projet ambitieux. Bien sûr, je serais content de venir te voir ! Tu participes aussi à la mise en scène ? C'est pas trop difficile à gérer, avec le job de championne à côté ?
Je ne pensais pas qu'à notre emploi du temps, qui nous laissait quand même suffisamment de temps libre, mais aussi au poids que pouvait constituer notre célébrité pour ce type d'activité : difficile, face au public, de vouloir se prétendre comédien comme un autre au sein d'une troupe amateur lorsque le reste du temps, on était champion d'Élite. J'avais déjà pu ressentir ce type de pression lorsque j'avais ''seulement'' une ou deux victoires d'Élite à mon actif, alors j'avais du mal à imaginer que Calyspo en soit épargnée... Bien sûr, si l'on savait jouer, ce n'était pas un mal, et c'est d'ailleurs tout le propre de l'acteur de se faire remarquer, mais un peu trop, ce n'était pas toujours bon, à mon avis.
– Actuellement... Je ne suis dans rien du tout ! J'avais peur que ça fasse un peu trop, avec le poste de champion. Mais, qui sait, je reprendrai peut-être ! De toute façon, on n'arrête jamais vraiment, avec la coordination !
Je lui adressai un sourire de connivence, avant de me détourner pour verser les lamelles de légumes dans une poêle. Le théâtre pouvait en tout cas être un vrai point qui me rapprochait de ma collègue, même si je me réjouissais qu'elle ne m'ait pas interrogé davantage sur ma propre expérience – les études de théâtre que j'avais suivies ne figuraient en rien dans ma biographie officielle enregistrée à l'Élite. Et puis, je n'avais pas forcément envie que l'Edel-comédien se trouve systématiquement relié à l'Edel-coordinateur : je ne souhaitais pas mélanger constamment ces deux mondes. Même si c'était déjà un peu ce que l'on faisait lors des prestations, d'une certaine façon, montrer à quelqu'un vos talents d'acteur, c'est aussi lui montrer que vous savez porter un masque... Ce n'était pas pour rien que dans mes clubs de théâtre, j'adoptais souvent un pseudonyme.
La discussion s'orientant vers les régions, je fus ravi d'avoir une occasion de vanter les mérites d'Alola, mais je dus faire une tête bizarre à sa réponse qui laissait entendre que je ne lui apprenais rien, avant de me raviser en quelques secondes. Bien sûr, les maîtres coordinateurs devaient beaucoup voyager pour le travail, ce n'était pas une réponse de riche à la « coucou je passe toutes mes vacances à l'étranger ». Enfin si, un peu, mais du type de riche que j'étais maintenant moi-même. Tant pis : j'étais sûr que j'aurais de quoi lui montrer quand même lorsqu'on s'y rendrait. Notre discussion bifurqua ensuite vers des sujets plus sérieux, avant d'aboutir à la question de l'agent de Calypso, dont elle regrettait la démission imminente.
– Euuuuh... Je relevai les yeux de ma poêle. Quelqu'un qui la suive, qui la comprenne, qui soit « un peu là-dedans avec elle ». ...T'as besoin d'un copain toi, en fait, c'est ça ? Bon, ok, c'était peut-être pas la meilleure chose à dire, surtout si jamais elle avait eu une mauvaise expérience amoureuse récemment, savait-on jamais. Mais c'était elle avec ses expressions aussi ! Je tentai de me rattraper, en riant à moitié pour m'excuser : Non, désolé, j'vois pas trop. Moi, mon agente, j'ai l'impression qu'elle va trop me suivre justement. Même si après, elle a pas l'air bien méchante, hein ! Tu l'as vue, elle est toute jeunette. Mais bon... Je dispersai quelques herbes aromatiques sur les légumes qui chauffaient, et puis je relevai la tête vers elle : Si t'as besoin de motivation sur une presta, hésite pas à faire signe aux collègues, je serai ravi de t'encourager !
Et voilà, je me liais un peu à elle – mais elle avait vraiment l'air gentille, elle donnait envie de sympathiser avec elle, et c'était de toute façon ce que je comptais essayer de faire avec au moins un collègue, parce que je n'allais pas habiter ce QG sans sympathiser avec personne. Sur l'instant, j'avais eu du mal à comprendre qu'elle puisse suggérer ne pas savoir fonctionner seule ; mais, si j'y réfléchissais, j'avais moi-même souvent eu le soutien de Camille dans mon parcours de coordinateur, et ça me faisait d'ailleurs bizarre qu'il soit à présent si loin. Mais bon, ce ne serait certainement pas quelque chose que je lui dirais. En tout cas... si je me voyais comme indépendant, je savais aussi que cela pouvait parfois aider. D'avoir quelqu'un d'attentif derrière soi.
La préparation du repas terminée, je libérai un peu de place dans mon appartement pour que nous puissions nous installer (au moins, c'était confortable, avec tous mes coussins), et après les présentations, nous commençâmes enfin à manger. Pour l'instant, la plupart de nos Pokémon en étaient encore à se fixer avec une curiosité mêlée de méfiance, mais la bonne odeur de la nourriture l'emportait sur la réserve : le partage d'un repas faisait toujours tomber des barrières, que ce soit entre humains ou entre Pokémon. L'image des frères et sœurs proposée par Calypso me fit sourire.
– Ah, oui... Vous entendez ça ? Je parcourus mes compagnons du regard : C'est vrai que la famille s'agrandit !
Pops me rendit mon regard en émettant un son interrogatif et Calcifer grogna d'assentiment, mais ce furent à peu près les seules deux réactions directes que j'obtins, les autres se partageant entre les boudeurs de service qui levaient sur la tablée un lourd regard pensif (Ma'ukele), ceux qui ne quittaient pas des yeux les Pokémon de Calypso dans un air de défi (Taya) ou ceux qui étaient trop concentrés sur leur(s) gamelle(s) pour penser à autre chose (Moustache, entre autres). Je n'avais pas pensé à voir l'Élite de cette façon avant la remarque de ma collègue, qui tenait décidément à sa famille, mais l'idée m'amusait. À Johto, mes Pokémon avaient déjà de la compagnie avec la Rhinolove et l'Excavarenne de Camille, et voilà que leur cercle s'agrandissait encore... Je ne savais pas encore trop à quelles occasions ils pourraient jouer ensemble, mais j'étais curieux de voir avec qui ils sympathiseraient. Décidément – moi, je n'avais jamais eu de frères et sœurs, mais mes Pokémon étaient maintenant très bien accompagnés. Et avec eux, moi aussi.
L'attente avait rendu tout le monde plus ou moins affamé (en tout cas, c'était le cas pour mon équipe de gloutons), alors le début du repas alla bon train, et nos discussions aussi. Ma collègue avait recueilli ses Pokémon d'une façon plutôt atypique ; je n'étais cependant pas à court d'histoires surprenantes moi non plus, et je pris grand plaisir à raconter, de façon théâtrale, ma rencontre avec le Gouroutan devenu Ma'ukele pendant que mes petits légumes à la kantoienne refroidissaient dans mon assiette – tout en parlant, je ne m'empêchai quand même pas d'y piocher. J'avais un certain talent de conteur, et mon récit fit mouche.
– Elle était un peu ronchonne à vrai dire, qu'un coordo venu tout droit de Johto réussisse comme ça. Mais oui, y'avait intérêt, avec tout le mal que je me suis donné !
Je tournai la tête vers Ma'u, qui s'arrêta un moment de manger pour nous observer. Notre relation n'avait pas toujours été facile, on pouvait même dire que ses débuts avaient été largement houleux et, aujourd'hui encore, il désapprouvait un certain nombre de mes comportements : je trouvais souvent en lui le raisonneur qui me jetait des regards noirs pour me dissuader de faire certaines choses ou bien me faire me sentir coupable, surtout quand Camille n'était pas là. Il savait que sa désapprobation n'avait pas beaucoup d'effet sur moi, de même que ses pouvoirs, d'ailleurs, depuis que j'avais appris à supporter ceux de Pyon-Pyon, mais il n'en restait pas moins là pour me juger. Malgré tout, dès les premiers temps que nous avions passés ensemble, j'avais senti qu'il s'était mis, peu à peu, à respecter certaines choses en moi ; et le jour où je lui avais proposé de le relâcher, c'était lui qui avait choisi de rester avec moi. J'avais souhaité le capturer pour des raisons diverses, mais je n'aurais pas gardé longtemps un Pokémon avec moi contre son gré. Aujourd'hui, notre relation s'était parfaitement aplanie et, d'une certaine façon, je m'accommodais bien de ses ponctuels regards noirs – j'avais l'impression qu'ils pouvaient, certaines fois, me rappeler des choses utiles.
– Et attends un peu, tu n'as encore presque rien entendu, ma petite ! Mais ce sera pour un prochain repas...
Je n'étais pas peu fier de l'effet que mon histoire avait eu sur Calypso et je ne pouvais m'empêcher de me faire mousser un peu. J'enchaînai en évoquant Moustache, pour une histoire quand même un peu plus... respectable, face à ma collègue qui avait recueilli ses compagnons d'une façon si généreuse (mais il était très respectable de parvenir à capturer un Gouroutan !), et je souris à sa dernière phrase. Je n'avais aucunement l'intention d'avoir un jour des enfants, alors des petits-enfants, c'était encore plus improbable, mais ce n'était pas là-dessus que je voulais rebondir.
– Ah, ça, des anecdotes, mais j'en suis une mine ! C'est ça, de vadrouiller !
Tout en parlant, j'agitai un morceau de pain comme s'il s'était agi d'une preuve de ce que j'avançais, et puis, je revins à mon assiette pour finir de manger avant que les légumes ne soient entièrement froids. J'avais déjà presque terminé et je profitai de ce que Calypso n'y était pas encore pour me resservir un peu – mon métabolisme faisait que je pouvais facilement manger beaucoup sans prendre de poids. Je n'avais pas de très bonnes habitudes en terme de nourriture, mais au moins, je savais me cuisiner de vrais repas sains comme ce que je venais de faire avec Calypso. C'est alors que j'étais concentré en train de saucer mon plat que ma collègue en profita pour m'interroger. D'abord, je ne compris pas le sens de sa question : je la fixai en clignant des yeux. Faire autre chose que « ça » ? Mais « ça » quoi ? Comme si je la découvrais, je parcourus du regard la pièce autour de nous, suivant son geste, avant de retourner la tête vers elle. Je compris enfin ce qu'elle voulait dire lorsqu'elle apporta des précisions complémentaires... mais cela me fit sourire. Quoi, j'étais champion depuis deux semaines et elle voulait déjà me voir partir ? Je savais bien que ce n'était pas ce qu'elle suggérait, évidemment. Mais en exprimant à nouveau le besoin de confier ses doutes, elle semblait oublier que nous n'avions pas le même âge, ni, surtout, le même parcours. Je répondis avec de la gentillesse doublée d'un léger amusement.
– Tu sais, j'ai trente-et-un ans, alors j'en ai fait, des trucs, avant d'atterrir ici ! L'Élite, c'est pas toute ma vie ! Et puis là, je débarque à peine, alors je sais pas encore combien de temps je tiendrai, mais pas éternellement, c'est sûr... Comme je sentais que la question allait arriver, je la devançai : Avant d'être pris ici, je bossais comme intermittent du spectacle. Je faisais des petites animations dans des restos, pour des fêtes... Parfois je faisais de vrais spectacles dans des salles. Je fais pas que de la coordination pure ou du théâtre, les cocos maîtrisent aussi certains jeux du cirque... Et je fais des tours de magie ! Je vous montrerai après, si tu veux. Je m'étais animé tout en parlant, enthousiaste, faisant des signes de tête en direction de mes Pokémon ou du placard où traînaient, bien en vue, quelques cerceaux et des balles de jonglage. ...Mais le combat, c'est pas trop pour moi, complétai-je. Si j'ai fait des arènes à Alola, c'est parce qu'il fallait bien de quoi manger ! Et c'est pas un concours tous les trente-six du mois qui remplit le porte-monnaie !
Bien sûr, j'exagérais légèrement ce dernier point ; mais ce que je ne disais pas, c'était qu'il m'avait fallu, à l'époque, rembourser mon billet et pas mal d'autres choses à Camille, et qu'ensuite, au quotidien... le logement et la nourriture, ça avait bien un coût et, sans emploi à côté, j'avais dû trouver des solutions.
Calypso avait enfin fini son assiette (j'avais mangé plus vite qu'elle, je mangeais toujours trop vite, disait Camille), tout comme la plupart de mes compagnons, mais...
– Attends. Tu ne crois pas que tu oublies un truc essentiel ?
Je me levai, et allai sortir du frigo le dessert que j'avais laissé au frais tout au long du repas :
– TA-DAAAA !
La su-perbe tarte aux citrons meringuée que j'avais... été aller chercher déjà toute faite dans le frigo du garde-manger, non, pas cuisinée moi-même, c'était quand même trop long. Mais elle était splendide, assez grosse pour que tout le monde ait droit à sa part (...ou disons à une part), et elle avait l'air délicieuse. Je fis signe à Pops d'aller chercher des assiettes à dessert.
– Le meilleur des desserts, sous la meilleure des vues ! C'est la plage de Konikoni, fis-je en levant le menton vers la photo encadrée au mur. | | | | Contenu sponsorisé
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