Le voyage de depuis Romant-sous-bois en retour du Kantô - plus précisément en arrivage sur Bourg-Palette - avait été éprouvant pour mon compagnon et moi. Draco était exténué d'avoir dû se donner autant pour pouvoir offrir un spectacle saisissant, quelque peu risqué cela dit. La coordination, c'était définitivement un monde de sensation, de sensibilité artistique et de don de soi pendant les prestations. Ma performance ? Je crois me souvenir que les jurys m'ont salué pour les efforts, surtout dans le cadre de ma toute première participation, avec en plus un seul pokémon pour se faire. Il n'était pas rare selon eux que ce cas de figure se présente, mais il était beaucoup plus aisé de produire une performance avec plusieurs acolytes plutôt qu'un seul. Je ne pouvais pas leur en tenir rigueur, j'avais fait ce choix de tout miser sur notre lien indéfectible avec mon Minidraco, alors j'avais assumé jusqu'au bout.

Dans les retours il y avait aussi la question de la visibilité des actions et de leur signification : il était là aussi vrai que je n'avais pas capitaliser sur les attaques de Draco, manquant de finesse et de structure ; certaines parties de la prestation n'étaient pas claires, le décor ne se prêtait pas aussi bien à la direction de la démonstration, il y avait fort à parier que le jury aurait voulu voir plus de production scénique, plus de contexte visuel, plus d'artifices et de contenu plus parlants ; un membre du jury m'avait félicité cependant pour ma posture de dresseur qui était étonnamment distinguée et emprunte d'empathie pour mon pokémon - à vrai dire, cette partie-là tombait sous le sens, car non seulement Draco était le meilleur partenaire que je pouvais avoir à ce moment-là, mais aussi et surtout, l'histoire que nous racontions était encore ancrée dans nos esprits, comme une sorte de balle perdue qu'il ne fallait pas que l'on oublie, pour ne pas se fourvoyer sur le chemin de la performance.

Le public avait à peu près acquiescer avec tout ce que le jury avait pu dire, que ce soit en points forts comme en points à améliorer. De mon côté, j'avais pu brièvement me présenter, expliquer les quelques coulisses qui avaient motivé notre choix de démonstration ce jour-là. Nous, enfin moi, j'admettais volontiers le manque d'expérience dans le domaine, que j'étais surtout venu pour pouvoir me confronter à la dure loi de la coordination, de pouvoir prendre de l'inspiration et des conseils auprès d'autres jeunes dresseurs en devenir dans le monde du ruban. Après tout, si je voulais moi aussi devenir quelqu'un dans le milieu, il fallait bien avant tout imaginer, construire, peaufiner et imprimer ma marque personnelle dans les prestations. En tous les cas, je gardais avec humilité et volonté de faire mieux, tous les conseils et les remarques des jurys, qui au final, avaient bien voulu m'accorder ce premier ruban en guise de récompense bien méritée pour une toute première entrée dans un concours. De quoi me rassurer sur mes compétences et mes aptitudes de dresseur-coordinateur, mais aussi pour capitaliser sur une anticipation naissante en mes futurs choix de réalisations et mes avancées au fur et à mesure des évènements.



Mais il fallait avant tout que nous commencions à rejoindre la route principale pour retourner sur nos pas, en direction de Parmanie. Nous avions déjà tant d'histoires et tant d'aventures à raconter à nos proches, et aussi à nos petits amis qui nous attendaient dans le Centre Pokémon le plus proche. Pour se faire, il fallait que nous rejoignions la première petite ville possédant l'une de ces structures hospitalières pour créatures en détresse. Direction Jadielle, la ville émeraude ; la ville des débuts et des apothéoses de carrière de dresseurs. Tout le monde s'accordait à dire dans le milieu que Jadielle était le carrefour des destinées, que celles et ceux qui se destinaient à de grandes choses y réalisaient leurs prouesses les plus dingues et les plus remarquables, tandis que les autres qui s'avouaient déjà dépassé-es par les évènements, prenaient une bien différente route, souvent pour devenir un acteur d'arrière-plan, pour le simple but de collectionner les Pokémons, sans jamais se risquer à quelque compétition que ce soit.

Le chemin n'était pas plus compliqué qu'à l'aller : les routes du Bourg-Palette sont plus tôt simples dans leur topographie, et il n'y avait pas beaucoup de trafic routier. C'était plutôt un sentier pédestre, qui servait de pérégrination pour quiconque voulait se rapprocher du légendaire laboratoire du Professeur Chen, un illustre scientifique du monde des pokémons, réputé pour son esprit brillant et pour sa curiosité presque surnaturelle pour les recherches pokémons. Il n'était pas rare de voir quelques articles de presse à son sujet, pour parler d'une découverte scientifique capitale, d'une évolution dans les techniques de décodage génétique de certaines espèces de pokémons, ou la trouvaille inespérée d'un fossile de pokémon antiques, qui pourrait être ramené à la vie grâce à des inventions à la pointe de la technologie.

De plus, le paysage était tout à fait bucolique. Me rappelant les routes de Parmanie à bien des occasions, la végétation y était dense. Le long de ce sentier pédestre, chaque pas réveillait en moi des souvenirs enfouis, comme des pétales de fleurs éparpillés par le vent. Les arbres se dressaient majestueusement de part et d'autre de la route, leurs branches semblables à des bras accueillants qui tentaient de se rejoindre au-dessus de ma tête, formant une voûte naturelle. Les ombres dansantes des feuilles me rappelaient les jeux de lumière sur les chemins menant à Parmanie, où le soleil semblait toujours jouer à cache-cache avec la verdure luxuriante. Les chants mélodieux des Pokémon sauvages se mêlaient au doux murmure des ruisseaux, créant une symphonie de la nature qui résonnait en moi comme une douce nostalgie. Chaque cri strident d'un Roucoups ou le doux babillage d'un Roucool me ramenait à ces matins brumeux où je parcourais les routes de Parmanie, à la recherche de nouveaux défis et de nouvelles rencontres. La brise légère qui caressait mon visage transportait avec elle le parfum enivrant des fleurs sauvages, un mélange envoûtant de fragrances qui me rappelait les jardins luxuriants de Parmanie, où chaque senteur semblait avoir été méticuleusement composée par la main d'un artiste. Et alors que je progressais sur cette route, les nuances de vert et de doré des champs et des prairies s'étiraient à perte de vue, comme une toile peinte par la nature elle-même, me faisant songer aux vastes étendues de verdure qui s'étendaient au-delà des limites de Parmanie.

Nos pas me conduisirent à un moment vers un petit coin de paradis dissimulé le long de la route. Niché sous l'ombre bienveillante d'un chêne séculaire, un espace accueillant s'offrait à moi tel un refuge dans ce tableau naturel. Une couverture à carreaux rouges et blancs était étendue sur l'herbe tendre, invitante comme une promesse de repos et de détente. À proximité, une petite table en bois, patinée par le temps, attendait avec patience d'être utilisée. Son plateau, légèrement usé mais solidement construit, semblait avoir été témoin de nombreux repas partagés et de conversations joyeuses. Sur cette table, un panier en osier reposait, débordant de délices et de rafraîchissements. Des sandwiches soigneusement préparés, des fruits frais cueillis à la hâte, et une bouteille d'eau fraîche, symboles de réconfort et de convivialité, semblaient m'inviter à m'attarder un moment dans ce havre de paix. Le chant des oiseaux et le doux murmure du vent étaient les seuls bruits qui troublaient la quiétude de cet endroit. Les rayons du soleil filtraient à travers les feuilles de l'arbre protecteur, créant des jeux de lumière dansants sur le sol, comme des éclats de bonheur parsemant ce coin de nature préservée. C'était l'endroit idéal pour faire une pause, pour reprendre son souffle et se laisser imprégner par la beauté simple de l'instant présent. Et tandis que je m'installais confortablement sur la couverture, je sentis le poids des soucis et des préoccupations s'alléger peu à peu, remplacés par une sensation de bien-être et de plénitude.

Mais malgré cette envie irrépressible de s'arrêter, de souffler, de récupérer des forces après ce voyage éprouvant, éreintant, qui avait mis nos nerfs, nos muscles et nos cerveaux à rude épreuve ; il nous fallait nous hâter vers notre destination. Cette pléthore de végétation, de petits coins de repos, de quelques sentiers pokémons invitant à des explorations annexes et apétissantes ... tout était fait pour détourner l'attention du réel objectif, rallier la ville de Jadielle, y solliciter le Centre Pokémon, afin de récupérer la présence des nos trois fidèles amies. Elles nous manquaient, et Draco de ne manquait pas de me le faire savoir, en me poussant dans le dos, la tête contre le creux de mes reins. C'était marrant à bien y repenser, un petit dragon, au comportement presque enfantin, pressé et capricieux de vouloir retrouver de la compagnie, sa nouvelle famille.




Une fois arrivé à bon port, nous nous précipitâmes vers notre lieucible. Au centre Pokémon, je récupérai Nekhbet, Gesthinanna et Mûshika. Elles étaient toutes les trois très impatientes de me revoir, et n'avaient pas attendu bien longtemps avant de me sauter dessus, et de me couvrir de leurs marques d'affections bien à elles. La Rapasdepic proposait une farandole de plumes au fur et à mesure qu'elle battait des ailes pour m'enlasser ; l'Ortide dégageait un doux parfum très enivrant comme pour montrer toute la confiance et la sérénité de ses retrouvailles avec moi ; et Mûshika jouait les surexcités, à me mordilles les mollets, les chaussures et parfois même mes doigts quand je tentais de la caresser, tellement les ruades qu'elle réalisait étaient folles. Un trio de pokémons femelles tout à fait détonnant. On ne s'ennuyait jamais avec elles, et Draco ne pouvait dire le contraire non plus, car lui aussi avait eu droit à son bain de turbulences amicales. Le pauvre ... il était aussi démuni que moi face à la candeur et à la folie passagère de ses amies. Mais comme dans toute famille, il y a des moments de liesse et d'extrême joie que l'on ne peut s'expliquer autrement que par la force des liens qui unit chacun de ses membres. Nous ? Nous étions comme un père avec ses enfants, tentant de contenir leurs esprits fripons, tout en leur accordant son attention, sa considération et tout son amour. Le spectacle paraissait tout aussi étonnant pour les dresseurs des alentours qui, eux, avaient pour habitude de toujours garder leurs pokémons dans leurs balles.

Une fois sortis du Centre Pokémon, puis à hauteur du premier carrefour, nous remarquâmes des écriteaux. Trois directions étaient indiquées : la première allait dans le sens inverse de celui qu'on venait d'emprunter, indiquant la distance séparant Jadielle de Bourg-Palette ; la seconde flèche pointait vers le Nord, et annonçait que la Forêt de Jade était le prochain point de passage et de test pour quiconque s'aventurait là-bas ; et enfin, une flèche pointant vers l'Ouest, menant vers la très célèbre route 22, le départ de la Route Victoire pour tous les dresseurs en quête de sensations fortes auprès de la Ligue de Kantô du Plateau Indigo. Sur le moment, je n'avais pas réellement de doutes quant à notre destination, la Forêt de Jade était notre seule et unique réponse. Mais pour une raison que j'ignore, encore une histoire de petite voix dans ma tête, je sentais que l'appel de la Route 22 se faisait un peu plus forte que lorsque j'étais venu sur Jadielle lors de ce périple pour rallier Bourg-Palette, afin d'embarquer vers Romant-sous-Bois.

Un appel à la confrontation. Je sentais que ce concours de coordination ne m'avait pas donné pleine satisfaction, et que je n'étais pas encore réellement sûr de la valeur que j'incarnais. Il me fallait plus d'éléments tangibles de ma progression, de ma potentialité, et de tout ce qui faisait de moins un bon ou un médiocre dresseur. Certes, le combat de pokémons n'est pas mon fort, ni même la spécialité que je préfère, mais si je voulais un jour me confronter à l’Élite Coordination, il faudrait également que j'aiguise mes sens de dresseur pour me frayer un chemin parmi les meilleurs. N'écoutant alors que cette folle envie de prouver au monde que j'étais bel et bien dans le coin, et que je comptais bien me faire une place dans l'histoire, je décidai alors de me diriger vers l'Ouest, en quête d'une sensation nouvelle. Peut-être que j'allais me découvrir une passion pour les combats, ou peut-être allais-je me rendre à l'évidence que je suis mieux loti en coordination qu'en pure baston.



J'entrepris alors de marcher sur cette partie Ouest de la ville de Jadielle. Accompagné de ma troupe de pokémons de tout type. Dragon, plante, poison, vol, normal ... je ne manquais pas de diversité pour mes débuts, et j'aspirais à en avoir encore plus dans le futur. Idéalement le feu, l'eau, la foudre, le spectre ... tant d'éléments qui me manquaient et qui me rendaient bien curieux de toutes les possibilités que je pouvais envisager dans ce tout nouveau monde. Je ne réalisais pas vraiment à quel point j'étais chanceux d'avoir pu mettre en pause ma carrière professionnelle afin de me donner corps et âme pour une passion venue subitement aux détours d'une démonstration éphémère dans ma ville natale. QUi aurait pu croire que moi, Leonis Amicitia, projetait de laisser son emprunte dans le milieu du dressage pokémon, et encore plus fou, en tant que coordinateur de renom ? Mes parents, probablement. Mon meilleur ami, aussi. Mais moi, j'étais encore sur mon petit nuage, et je capitalisais sur cette adrénaline extraordinaire, qui me donnait quelques petites ailes de motivation et d'ambition. Attention, je n'oubliais pas non plus que je n'étais qu'à mes débuts, et que j'avais encore fort à faire pour montrer à toute la population et au monde, que je ne volais pas ce premier ruban, que j'avais bel et bien mérité ma place, et que je ne demandais qu'à encore plus apprendre et progresser.

Au fur et à mesure que nous avancions, je remarquai la mine déconfite de certains dresseurs sur le chemin. Il y avait vraisemblablement beaucoup de combats menés dans cette zone, et cruelle était la loi du plus puissant. Outre le stress causé par l'état de fatigue extrême d'un pokémon qui a du délivrer la pleine mesure de son énergie à combattre, mais le désarroi que pouvait ressentir un maitre pokémon en devenir, et qui soudainement se heurtait à une réalité plus grande, incarnée par des dresseurs de génie et/ou de puissance sans égal. La petite voix dans ma tête me disait de faire attention, de ne pas trop m'attacher à un éventuel combat qui pourrait être déclenché de ma part ou de celle d'un adversaire. Il fallait que je garde à l'esprit que je continuais ma formation et mon entrainement en tant que coordinateur, que les combats de pokémons, c'était un à côté à construire et à étudier de plus en plus avec le temps. Je devais rester réaliste, humble et avide d'apprentissage.

D'ailleurs, je n'allais pas être très loin de mettre tout ceci en pratique, car à l'orée de la grotte séparant la Route 22 du Plateau Indigo, un dresseur semblait stationné pour la fin de journée. De loin, il n'avait pas l'air si impressionnant, mais certains dresseurs encore dans les parages opéraient quelques messes basses. « Ce type est un tueur. » ; « J'le connais lui, c'est le dresseur qui roule sur tous les combats depuis quelques mois, il est imbattable ! » ; « Il parait que tous ses pokémons sont boostés à mort, et qu'il n'a quasiment aucune faille dans sa stratégie. » ; « Ah, le fameux De Vil. Mieux vaut ne pas le défier, c'est la défaite assurée. » ; « Ouais, c'est le monstre des arènes. On va s'abstenir alors. » ; « Il parait qu'il a blessé très grièvement des pokémons lors de sa première ligue, avec des attaques beaucoup trop puissantes pour un challenger » ; « Rurha le Diable surtout oui » ; « Je plains le malheureux qui osera défier ce type. » ; « Honnêtement, je pense que j'vais m'abstenir de participer à la ligue cette année, j'ai pas envie d'y perdre ma santé et celle des mes pokémons. »



Autant d'affirmations et de jugement en aussi peu de temps, mais en un aussi grand nombre de bouches. Est-ce que le dresseur sujet de ces chuchotements acides était en mesure de se douter de ce qui se disait sur lui ? Méritait-il vraiment toutes ces remontrances et cette indignation générale quant à ses prouesses et ses capacités de dresseur ? Pour moi, c'était encore une preuve de la bêtise humaine. Et quand bien même il eut été inarrêtable, je voulais moi-même m'assurer de pouvoir faire ma propre opinion sur ce garçon. Après tout, ma nature de pédagogue faisait aussi mon charme et incarnait une partie de mon caractère. Je ne supportais pas les injustices gratuites, ni ne toléraient les racontars acerbes et teintés de jalousie pure. J'étais aussi connu pour être une brave âme, qui donnait toujours sa chance à l'inconnu et aux plus à la marge. La différence, pour moi ça se cultivait, ça s'entretenait d'une façon bien précise, et surtout, ce n'était pas foncièrement mauvais pour la société. Au contraire, plus les personnalités s'affirment, se heurtent et se croisent, plus elles se nourrissent, donnent naissance à des courants de pensée ou à des évolutions anthropologiques extraordinaires. J'étais partisan de l'apprentissage dans tout ce qui faisait un monde. La logique humaine et la capacité à rationaliser une croyance ou un troupeau de "on dit" étaient bien les deux domaines en lesquels je voyais des possibilités presque infinies.

N'écoutant que ma bienveillance et mon envie de jauger ce dont la crème des dresseurs Pokémon mondiaux était capable, je continuai mon avancée vers ce personnage, Rurha De Vil, si j'en croyais les murmures incessants et véhéments des alentours. Un nom peu commun direz-vous ? Je ne le connaissais évidemment pas. Les compétitions de combats Pokémon retransmis à la télévision n'étaient pas mon hobby de prédilection, et je vous avouerai que j'étais bien loin de connaitre tous les plus grands noms du milieu. Peut-être est-ce que ce dresseur en faisait partie ? Probablement que oui, vu les réactions vives et cinglantes du public de la Route 22. Mais est-ce que cela m'intimidait ? Pas du tout. J'étais là pour apprendre, pour prouver que ma motivation était la bonne, et que mon état d'esprit me permettrait d'évoluer et de progresser vers la bonne direction. L'échec ? La défaite ? Je connais très bien. J'ai déjà été confronté à tout ça étant plus jeune. S'il y avait bien une chose dont j'étais sûr, c'est que je maitrisais assez bien les conséquences d'une telle situation, et que j'avais appris à en trier le meilleur parti, rebondir et avancer encore plus fort vers l'avant.

En tous les cas, nous arrivâmes à hauteur de ce dresseur aux allures très rock. Presque punk, mais avec un sens du style vestimentaire très prononcé. Probablement un féru de mode, ou un aficionado d'un genre musical ou scénique qui justifiait le visuel physique et textile. Et sans vraiment prendre la température de l'instant, je pris l'initiative de commencer la conversation, qu'il eut été d'accord ou non.


- Mes excuses si je vous dérange dans votre contemplation, mais j'aurais aimé savoir si vous étiez bien ce monsieur De Vil que les autres dresseurs croisés plus tôt décrivent depuis un petit moment ?

Je lui adressai un regard plutôt méfiant. Mes yeux balayaient son visage pour déceler la moindre trace d'intention cachée. Son expression, quant à lui, était neutre. Mais il y avait quelque chose dans son regard qui trahissait une certaine détermination, une assurance qui ne pouvait pas être ignorée. Quelque chose de brillant s'était invité dans son regard, une flamme qui révélait sa confiance en ses propres capacités. Cette assurance m'intrigua et me mit sur mes gardes en même temps. Je sentis mon cœur qui s'emballait, comme s'il avait été excité de savoir en la présence d'un dresseur chevronné. C'était comme sentir l'électricité dans l'air avant un orage, qui annonçait un affrontement épique à venir. L'idée de pouvoir enfin tester quelques schéma d'attaques un adversaire aussi aguerri ne faisait que renforcer ma détermination à relever ce défi.

C'était une sensation unique en son genre pour moi, de me retrouver face à quelqu'un qui partageait la même passion pour les Pokémon, et plus particulièrement le combat. Cette connexion inattendue, cette énergie électrisante, c'était comme si nous étions deux électrons libres prêt à détonner à la moindre petite étincelle. Chacun de nous était venu chercher cette volonté de se mesurer, de tester nos compétences et nos limites dans un combat acharné. C'était ce genre de rencontres qui rendaient le voyage sur la Route Victoire si captivant, offrant une multitude d'opportunités et de défis à relever. C'était un peu la seule et unique façon d'opérer pour pouvoir être en la capacité de rencontrer des adversaires dignes d'être affrontés, de nouer des liens avec d'autres dresseurs passionnés et de grandir en tant que combattant Pokémon.

J'étais animé par un sentiment étrange d'excitation et d'impatience avant de me lancer dans cet affrontement inattendu. Je savais que cette rencontre avec ce Rurha serait un tournant dans mon voyage initiatique des combats pokémons. Il s'agissait d'une occasion toute trouvée pour prouver ma valeur en tant que dresseur, et de montrer que je n'avais pas usurpé cette motivation et cette ambition de vouloir réussir dans le milieu. Ma détermination à atteindre de nouveaux sommets était encore plus ardente dans mon esprit. Toutes les fibres de mon corps m'ordonnait de ne pas laisser passer cette chance. Et alors que la fougue du moment gagnait la foule qui s'amassait petit à petit autour de nous, je commençai instinctivement à resserrer mes poings comme pour anticiper le combat qui m'attendait. Je comptais bien franchir cet obstacle que le destin me tendait à travers Rurha, et rien ne me détournerait de mon objectif ultime : devenir un dresseur hors-pair, un coordinateur accompli et professionnel, et surpasser tous les défis qui me mèneraient vers la route de l'Elite.



Lorsque sa voix se fit entendre, je fus légèrement surpris par son ton direct. « Ouais c'est moi. Kess' tu m'veux ? » . La façon dont il articulait ces mots était sèche, presque brute, mais ce n'était pas seulement ce qui m'avait pris de court. Il y avait aussi quelque chose dans son regard, d'intense et de déterminé, qui semblait indiquer qu'il était bien plus qu'un simple bavard. Son regard était perçant, presque agressif, révélant une sévérité que je ne pensais pas à trouver chez un étranger rencontré au hasard sur la Route Victoire. Il y avait aussi dans chacun de ses mot quelque chose de coupant, d'aiguisé, presque comme une volonté d'égratigner mentalement avant même d'ouvrir les hostilités.

Il y avait quelque chose dans sa présence qui m'attirait, qui éveillait une curiosité dans mon esprit malgré moi. Il m'avait paru qu'une connexion s'était établie entre nous, aussi simplement quer brutalement, alimentée par la passion des combats Pokémon. Je m'en doutais, mais c'était à cet instant précis que je me rendais compte que cette rencontre n'était pas juste le fruit du hasard. Quelque chose de plus grand se jouait ici, quelque chose qui allait au-delà d'un simple duel en tout bien tout honneur. C'était le début d'une aventure personnelle, une série d'épisodes qui me permettrait de me faire une idée précise et durable de ce à quoi mon avenir ressemblerait. Et pour cela, je devais affronter ce dresseur, quitte à m'en brûler les ailes.


Je lui rendis son regard avec un sourire en coin, laissant mes yeux se plisser d'amusement. Sa façon de s'exprimer était amusante et trahissait un accent qui n'était pas natif du Kantô. Son ton direct et sans fioritures me plaisait, même si acide par moment. Mais malgré mon amusement passager, je savais qu'il était temps de revenir à mon sang froid habituel, et ma concentration à toute épreuve. Je lui avouai alors mon intention qui était aussi naïve que précise. Choisissant mes mots avec soin, je pris un moment pour m'exprimer avec respect et admiration, tout en lui faisant comprendre que j'étais prêt à relever le défi qu'il m'offrait. C'était une question de respect mutuel entre deux dresseurs, un échange tacite de défis entre deux compétiteurs.


Je ne le quittais pas du regard. Je tentais de à percer à jour ses pensées cachées. Je voulais qu'il comprenne que derrière mon apparence décontractée se cachait un combattant sérieux, prêt à tout pour relever de nouveaux défis et repousser ses propres limites. C'était un affront subtile et respectueux, qui se voulait adapté au défi et à l'anticipation du moment, et j'étais impatient de voir comment il allait réagir à ma proposition.

- Je me demandais simplement si un dresseur aussi talentueux que vous accepterait de livrer duel face à un novice dans le milieu.

Le ton de ma réponse semblait mélanger confiance et excitation. J'avais choisi chacun de mes mots avec précaution pour paraitre le plus sincère et le plus respectueux possible. Je voulais également exprimer mon admiration pour son assurance et la réputation qu'il trainait derrière lui, sans pour autant paraître ni trop humble ni trop arrogant.


C'était une occasion unique de partager un moment avec un dresseur de son envuergure, et je voulais qu'il comprenne à quel point j'appréciais cette opportunité. J'étais déterminé à prouver ma valeur et à repousser mes propres limites dans ce duel imminent. Mon attitude se voulait un brin provocatrice, comme si j'avais été encore plus en confiance que lui. En réalité, c'était un jeu subtil de communication non verbale, comme un assaut entre deux partenaires d'entrainement qui se testaient avant de s'affronter sur le vrai champ de bataille. Et dans ce moment de silence, j'espérais que mes paroles feraient mouche, et que l'esprit de Rurha soit invité à me répondre positivement.

- Si tant est que vous ayez du temps à me consacrer, à perdre ou à mettre à profit avant que vous ne vous attaquiez à la Ligue de Kantô.

Ma remarque joueuse terminait ma phrase sur un ton presque doucereux. Mon objectif était de montrer mon respect pour son emploi du temps chargé, tout en lui laissant entendre que je voyais en lui un adversaire de taille, digne de ce nom. J'espérais que ma proposition serait bien reçue.

J'attendais alors avec impatience sa réponse, prêt à relever le défi qu'il m'offrirait. Et même si l'offre ne venait pas tout de suite, Draco, qui se trouvait tout juste derrière moi, commença à se redresser de toute sa hauteur, comme pour donner une raison de plus à celui qui répondait au prénom de Rurha, de bien vouloir mordre à l'appât.

Je scrutai le personnage devant moi avec un mélange de fascination et d'amusement. Je tentais tant bien que mal de capter les nuances de son expression faciale alors qu'il semblait recevoir ma proposition avec un certain intérêt. Je me dis que ce dresseur devait sûrement penser que j'étais un peu inconscient. Mais à quoi bon reculer devant la difficulté, quand on peut apprendre dans le feu de l'action? Et si correction à sens unique il devait y avoir, au moins, j'aurais tiré un enseignement de cette confrontation, n'est-ce pas ?

Cela dit, il ignorait complètement la personnalité que j'étais, l'éventuelle expérience que j'avais acquise, ou peut-être qu'il la sous-estimait délibérément. Peut-être était-il simplement confiant en ses propres capacités, ou peut-être qu'il ne se souciait pas vraiment de qui j'étais. Dans tous les cas, son attitude dénotait un certain aplomb, une audace qui ne pouvait être ignorée. Et bien que je fusse surpris par sa réaction, une part de moi était intriguée par cette nouvelle dynamique qui se dessinait entre nous.


Le plus hilarant dans tout ça, c'était qu'il venait de mordre à l'hameçon comme si de rien n'était, tout en essayant de se flatter discrètement. Cette combinaison étrange d'audace et de condescendance était presque comique. Il semblait ne pas se soucier des conventions et des attentes habituelles. Cela forçait l'admiration. Sa réponse à mon défi avait été formulée sur un ton assuré et déconcertant de calme. Tout semblait déjà prévu dans sa tête, comme s'il avait décidé de jouer selon des règles "standard", selon ses dires, mais en réalité, il imposait les siennes, d'une manière subtile et habile. Son attitude était bien celle d'un champion confiant de ses capacités et de sons sens de la répartie.

Pourtant, malgré mon amusement, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui motivait réellement ma décision de l'affronter. Était-ce de l'audace ? Un désir de me mesurer à un adversaire plus fort que moi ? Ou peut-être quelque chose de plus profondément ancré dans mon esprit ? Peut-être était-ce le besoin d'être légitime aux yeux des autres dresseurs, ou celui de foncer vers l'inconnu d'un affrontement trop grand pour moi ? Quoi qu'il en fut, j'étais curieux de découvrir ce que ce Rurha avait à m'offrir à travers ce duel qui s'annonçait déjà comme une rencontre mémorable. Dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, j'étais prêt à relever ce défi avec toute la détermination dont je pouvais faire preuve.



- J'ai pas grand chose à y gagner, mais bon, on va dire que ça te donnera une brève idée du niveau qu'il faut pour traverser la Route Victoire et ridiculiser deux membres soi-disant dignes de siéger au Conseil du Plateau Indigo. déclara-t-il, un sourire sarcastique jouant sur ses lèvres.

Décidément, tout semblait jouer en la défaveur de ce dresseur : imbu de lui-même, nonchalant, cinglant, avec une pointe d'amertume qui semblait sommeiller en arrière-plan de ses paroles, qui paraissaient autant froides que tristes. Il arborait une attitude marquée par une inimitié profonde envers ses futurs adversaires de la Ligue, ne s'en cachait pas, et calquait son approche de l'instant avec une acidité prononcée ; presque comme l'agrémentait son attitude. Son comportement semblait être empreint d'une certaine rancœur, comme s'il portait en lui une vieille rengaine qui refusait de s'estomper au fut et à mesure que le temps le pressait d'aller de l'avant, et cela se reflétait dans chacun de ses mots chargés de mépris et d'animosité.

- Quatre pokémons, affrontement en double et interdiction formelle de se soigner en dehors de ce dont ton pokémon est capable de faire. dicta-t-il les règles d'un ton ferme. C'est typiquement le genre de condition auquel tu peux être amené à affronter au fil d'une carrière de dressage. Et comme je suis bon prince, je vais envoyer mes pokémons en premier et te laisser la première attaque. Enfin si tes bestioles sont assez rapides pour ça.


Et sans réellement se préoccuper de si j'acceptais ces règles ou non, il fouilla dans son kilt pour en sortir deux pokéballs, qu'il fit s'activer en deux filets de lumière. Face à l'apparition des Pokémon de Rurha sur le terrain de combat, je garde mon calme et ma détermination intacte. Mon regard se fixa sur le minuscule Métamorph rose et gélatineux, qui semblait à la fois innocent et mystérieux. À ses côtés se tenait l'imposant Ronflex, émanant une aura de puissance tranquille et de force brute. L'odeur sucrée de miel qui se dégageait de lui emplissait l'air, ajoutant une dimension sensorielle à la scène.

Pendant ce court laps de temps où le silence régnait sur le champ de bataille, sous le regard médusé des quelques dresseurs qui avaient choisi de s'approcher presque à reculons sur le lieu de la rencontre impromptu, je plongeai au plus profond de ma réflexion. Mon esprit se mit à tourbillonner, évaluant chaque option, pesant chaque possibilité. Face à la combinaison redoutable de Pokémon que Rurha avait déployée, je devais choisir mes propres alliés avec soin, en fonction de leurs forces et de leurs faiblesses, ainsi que des capacités spécifiques de mes adversaires.

Je tournai mon regard vers mon compagnon, Draco. Un partenaire de longue date déjà, qui se tortillait d'impatience. Il avait l'air prêt à affronter ce défi. Sa ténacité et sa volonté de faire au mieux en faisaient un adversaire redoutable, surtout contre le Ronflex. Mais un combat Pokémon n'était pas seulement une question de force. Il fallait également penser à la stratégie et aux solutions de défense rapide. C'est là que Geshtinanna, mon Ortide, entrait en jeu. Avec son calme olympien, elle pouvait peut-être affaiblir le Métamorph et soutenir son coéquipier avec ses attaques variées. Son habileté à manipuler l'environnement et à anticiper les mouvements de l'adversaire en faisait un atout précieux dans n'importe quel combat.



Ma décision était prise. J'utiliserais bel et bien Draco en tandem de Geshtinanna. Ils seraient mes premiers atouts pour affronter les Pokémon de Rurha. Leur coopération et leur synchronisation seraient essentielles. Ils en avaient l'habitude désormais. Dans un dernier regard confiant en direction mes Pokémon, je pris une profonde inspiration et lança mes pokéballs dans les airs, libérant le pokémon Dragon et son acolyte Plante et Poison sur le terrain de combat.

Draco s'avança avec une prudence toute particulière, déployant son corps longiligne de reptilien face au panda géant. Son regard ardent et son rugissement se voulaient motivant pour lui-même, pour l'Ortide à ses côtés, et pour moi également. Geshtinanna, elle, se dressa fièrement, ses pétales ondulant légèrement dans la brise. Sa posture droite et assurée faisait plaisir à voir, car elle reflétait toute son énergie et sa détermination pour le combat à venir.

Le défi qui se dressait devant nous s'avérait plus difficile que prévu, mais nous étions prêt à y mettre toute notre énergie. Mes yeux croisèrent ceux de Rurha, qui affichaient une assurance tranquille, il n'y avait aucun doute, il était un dresseur de très haut calibre. Il nous faudrait peut-être une bonne dose de chance et quelques petits miracles pour nous en sortir, car dans ce monde de compétition impitoyable, seul le meilleur dresseur mériterait de triompher.

Que le destin décide, que le meilleur dresseur l'emporte.

- Je suis prêt ! Draco. Geshtinanna. Montrons-lui ce que nous valons !

Ces quelques mots furent les derniers que l'on entendit de ma part à ce moment-là, à mille lieues de se douter que le spectacle qui allait se dérouler sous les yeux des locaux allait être d'une brutalité sans nom.