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» Souvenirs du Bradley Prix

Caihong Yáo

Caihong Yáo
Coordinateur Alola

C-GEAR
Inscrit le : 05/12/2023
Messages : 238

Région : Alola
Dim 3 Nov - 19:18
- Reprenez-vous, Emmanuel !, implore Caihong. Ce ne sont que des pokémons spectres !

Le jeune homme est recroquevillé sous une caisse de supermarché, comme si le tapis roulant inactif au-dessus de sa tête pouvait lui offrir une quelconque protection. Il reste sourd aux demandes de son accompagnatrice qui ne peut s'empêcher de pousser un soupir. Effrayé comme il l'est, il ne l'entendra pas.

- Bon, sortez du centre commercial alors. Je vais chercher votre briochien.
- Pas tout seul !... Et je peux pas vous laisser chercher mon pokémon toute seule non plus !
- Alors sortez de là, non ?

Caihong tente de garder une voix douce, mais elle est assez désarmée face à l'attitude d'Emmanuel. Certes, il a tendance à avoir l'air à côté de la plaque et socialement inadapté, mais elle l'a toujours vu très à l'aise avec les pokémons. Cette phobie des types spectre est une découverte et elle aurait aimé le savoir plus tôt. Ainsi elle aurait pu anticiper et ne lui aurait pas suggéré de pénétrer dans l'ancien site Bradley Prix, en pleine nuit, pour rechercher son briochien dissipé. Ils auraient pu l'attirer avec de la nourriture, par exemple.
Au bout de quelque minutes de négociations supplémentaires, Emmanuel consent à se relever. Ses jambes sont tremblantes et il croise les bras si fort qu'on dirait qu'il chercher à se donner un câlin à lui-même. Caihong le trouverait ridicule si elle ne voyait pas en lui un adolescent perdu. Il lui a dit avoir vingt ans, mais son attitude le range encore quelque part dans la fin de enfance à ses yeux.

- Le spectre est parti ?, demande-t-il en regardant tout autour de lui.
- Je ne l'ai pas revu en tout cas.

Après un bref hochement de tête, Emmanuel accepte de la suivre à travers les allées de l'ancien centre commercial, aujourd'hui abandonné. Le site Bradley Prix était une tentative désespérée de redynamiser l'économie de Malié et de l'île d'Ula-Ula. En proposant des boutiques attractives, innovantes et inédites, les financeurs espéraient prendre quelques touristes à Ho'ohale et surtout attirer des aloliens d'un peu partout. Cela avait fonctionné les premières années, jusqu'à ce que l'effet de nouveauté passe. En une décennie seulement, tout le monde avait mis la clé sous la porte et cet endroit était devenu un symbole de désespoir pour les habitants d'Ula-Ula. Beaucoup y avaient perdu leur emploi. Puis, il y a quelques années, cet endroit était devenu une zone de conflit entre les Skulls et les autorités aloliennes. Il faut croire que cela avait été la goutte de trop. Les laisser annexer l'ancienne ville de Kokohio, pourquoi pas, mais le site Bradleyr Prix c'était non. Peut-être était-ce aussi car la période coïncidait avec le début des activités terroristes des Skulls. Toujours est-il que la résolution du conflit avait été violente et que les lieux en portent encore les traces. Emmanuel ne semble pas encore les avoir remarqués, mais le regard de Caihong a capté les impacts de balle et les quelques traces de sang laissées après un nettoyage sommaire.
Il n'y a rien de surprenant à ce que cet endroit soit apprécié des pokémons spectres et il faut s'attendre à en croiser d'autres. Caihong espère juste qu'Emmanuel saura réagir de manière plus raisonnée face aux prochains.

- C'est étrange que votre briochien ne fasse pas de bruit, commente-t-elle alors qu'ils passent devant plusieurs boutiques de la galerie commerciale.
- Pupuce est très discrète... La preuve, on ne l'a pas entendue partir tout à l'heure.

C'est elle qui doit passer la tête à travers chaque porte d'enseigne pour vérifier s'il y a des traces du pokémon fugueur. Emmanuel n'ose pas et elle se sent obligée puisqu'elle ne peut s'empêcher de le voir encore comme un enfant. Son sens des responsabilités, en tant qu'aînée, prend le dessus. Pupuce n'est ni chez le coiffeur, ni chez le fleuriste, ni, plus surprenant, dans aucune des boutiques de nourriture qu'ils croisent. Ils ont beau l'appeler, la briochien ne répond pas non plus.

- Vous pensez qu'il lui est arrivé quelque chose ?, finit par demander Emmanuel, énonçant ainsi ce qu'ils pensent tous les deux tout bas depuis quelques temps.

Caihong considère longuement le jeune homme avant de répondre. Il a la tête basse, ses yeux parcourent le carrelage poussiéreux comme si cela allait lui donner un quelconque indice. Peut-être est-ce parce qu'il tremble de tout son corps, mais elle remarque seulement qu'il n'est pas que grand et fin, il est aussi maigre. Crispé comme il l'est actuellement, il est facile de voir que ses doigts, ses poignets, ses chevilles sont tout en os. Elle se demande alors ce qu'elle fait ici, avec cet adolescent perdu, sûrement fugueur. Il est clair en cet instant qu'Emmanuel risque de lui apporter beaucoup d'ennuis.

Du raffut dans une boutique adjacente attire son attention. Un ancien magasin de jouet, dont les étals sont encore garnis de quelques boites et peluches. Elles ont toutes la même forme, mais Caihong a du mal à voir dans l'obscurité. Leur seule lumière vient de la pleine lune et des étoiles, à travers le plafond vitré du site Bradley Prix. Elle pénètre dans la boutique. Emmanuel, tremblant, s'accroche à la porte sans aller plus loin, mais lui indique tout de même d'être prudente. Elle ne prête pas attention à lui, trouvant la situation ridicule, et appelle le briochien.
Les peluches se mettent alors à flotter dans les airs, et elle reconnaît une nuée de polichombr qui leur fonce dessus. Emmanuel hurle de terreur. Caihong, elle, se contente de fermer les yeux et mettre les bras devant son visage, dans un réflexe inutile puisque les spectres peuvent passer à travers la matière. Elle sent sa frange s'agiter car ils sont rapides et la frôlent et s'en sert comme point de repère pour savoir quand ils sont partis. Lorsqu'elle ne sent plus rien, elle rouvre les yeux. Les polichombrs ne sont plus là. Emmanuel est assis par terre, la tête dans les genoux, terrorisé.

- Ils sont partis. Ce n'était que des polichombrs, ils ne sont pas méchants.
- C'est des putains spectres ! Ils bouffent des âmes !
- Non, ça ce sont des histoires qu'on raconte pour faire peur aux enfants... Vous saurez que la plupart des pokémons spectres ne sont pas si dangereux qu'on le prétend. Les faits sont grandement exagérés car ils sont les protagonistes principaux des histoires d'horreur.

Son ton autoritaire semble avoir un effet sur le jeune homme qui se ressaisit un peu et parvient à se remettre sur ses deux jambes. Il ne la questionne pas sur l'origine de ses connaissances, peut-être car il a peur qu'elles ne soient pas fondées. La vérité c'est que les pokémons spectres sont souvent à l'origine des phénomènes paranormaux sur lesquels Caihong, sous le pseudo d'Echo, lève le voile sur internet. Elle en sait donc beaucoup sur leur réelle dangerosité et a même, au cours de ses recherches, pu avoir un peu de peine pour eux et l'image qu'on leur donne.

Les recherches dans la galerie commerciale s'avérant infructueuses, Caihong et Emmanuel décident d'entrer dans l'ancien hypermarché. Il paraît que c'est le plus grand qui ait jamais été construit à Alola, mais les rayons presque vides, le désordre provoqué par les passages de pokémons sauvages et le conflit avec la team Skull ne lui rendent pas honneur.

- Il paraît qu'il y a eu des morts ici... Peut-être qu'ils hantent les lieux ?, s'inquiète encore Emmanuel. On est peut-être en danger, avec tous ces pokémons spectres... Vous avez beau dire qu'ils ne sont pas si dangereux, s'il y a eu des morts en plus d'eux, c'est pas rassurant !
- Bon écoutez, j'ai une idée pour vous ôter tout ça de la tête, répond Caihong avec empressement car ces superstitions commencent à l'agacer. Vous m'avez appris à utiliser l'attaque clairvoyance de Kexing, je vais le mettre en application ici.

Selon les explications d'Emmanuel et les informations supplémentaires récoltées sur internet par la suite, cette capacité permet de percevoir les spectres et de les rendre tangibles afin qu'ils puissent subir des attaques de types qui ne les affecteraient pas en temps normal. Caihong laisse donc sortir sa noarfang de sa pokéball. Cette dernière se pose sur le haut d'un rayonnage proche et écoute les instructions. Après avoir scruté ses alentours, ses yeux commencent à émettre une lueur froide qui s'intensifie jusqu'à se poser sur tout ce qui les entoure. Caihong est aveuglée quelques instants et se fige sur place lorsqu'elle retrouve la vue.

Tout autour d'eux, il y a des hommes et des femmes, vêtus de l'uniforme de la team Skull, qui font mine de se servir dans les rayons du magasin. Ils ne remarquent pas la présence de Caihong et Emmanuel, pire, ils passent au travers. Du coin de l'oeil, elle voit son compagnon s'affaisser contre un rayon, cherchant désespérément un appui pour éviter que ses jambes ne l'abandonnent. Caihong, elle, met un certain temps à comprendre ce qu'elle a sous les yeux et, lorsqu'elle le réalise pleinement, un large sourire se dessine sur son visage. Tout son corps s'emplit d'enthousiasme et elle porte la main à sa bouche pour s'empêcher de pousser des cris d'adolescente face à son chanteur préféré.

- Des fantômes ! Emmanuel ce sont des fantômes ! Des vrais fantômes !, elle ne parvient pas à se contenir bien longtemps, allant secouer le jeune homme par le bras pour communiquer sa joie. Vous vous rendez compte ?!
- Oui, et c'est bien le soucis !

Tandis qu'Emmanuel se tortille autant que son corps effrayé le lui permet pour esquiver les fantômes des membres de la team Skull faisant des allées et venues, Caihong s'approche de chaque fantôme pour les observer de plus prêt. Certains ont des traits familiers, elle est certaine de les avoir connus. Des habitants de Malié, des personnes qui étaient dans ses classes à l'école, des collègues de son ex petit-ami qui était lui-même un membre de la team Skull. Des connaissances, toutes mortes dans le conflit qui les a opposés aux autorités aloliennes. Cela lui fait quelque chose, même si elle n'était pas attachée à ses personnes. Une partie d'elle trouve même injuste que son ex, qui a lui aussi participé au conflit, ne soit pas à la place d'un de ces fantômes. Il lui aurait par la suite causé moins de soucis et peut-être qu'une belle personne serait encore en vie.

- Il me faut une preuve de leur existence, annonce Caihong, toujours portée par l'enthousiasme. Si je peux prouver que les fantômes existent et qu'il ne s'agit pas d'une manifestation de pokémons spectres...

Elle imagine déjà sa longue rédaction à l'intention des internautes qui la suivent dans ses débunkages de phénomènes soi-disant paranormaux. Le problème, c'est qu'elle n'a aucune idée de comment prouver l'existence de ces fantômes, à part en emmenant d'autres personnes et en utilisant à nouveau l'attaque clairvoyance de sa noarfang. Emmanuel les voit aussi, avec assez de témoins oculaires, les fantômes deviendraient irréfutables. Dans le doute, elle prend tout de même quelques clichés avec son téléphone portable, mais constate avec déception que les fantômes n'y apparaissent pas.

- Caihong, je vois tout blanc !

Emmanuel tient à peine assis, il est affalé contre un rayonnage. Son teint semble plus pâle que d'habitude et s'il voit blanc... Caihong se précipite vers lui pour le soutenir et l'aider à se relever.

- Vous faîtes peut-être un malaise, on va sortir prendre l'air, d'accord ?

Déjà elle se trouve négligente de s'être laissée allée à son enthousiasme concernant le paranormal au lieu d'avoir fait attention à son compagnon, si jeune et dans une situation de détresse. Elle ne s'est pas comportée comme l'adulte responsable qu'elle est sensée être et s'en mord les lèvres. Kexing les suit en quelques battements d'ailes, passant de rayon en rayon. Son attaque clairvoyance toujours active dévoile d'autres spectres sur leurs chemins. Caihong en reconnaît quelques uns et conclut que les fantômes se déplacent aussi dans tous le magasin. Ici aussi, ils ont l'air de voir les rayonnages pleins. Elle se demandent comment ils voient leur environnement et s'ils reproduisent des souvenir de leur passage chez les vivants.

Caihong soutient Emmanuel jusqu'à ce qu'ils atteignent une des sorties du centre commercial. Il est si grand que le trajet lui semble durer des heures avec un tel poids qui parvient à peine à se porter. Elle parvient à ne pas prêter plus d'attention aux fantômes, car ils sont moins nombreux dans cette zone et que son compagnon a l'air d'aller de plus en plus mal. Elle s'efforce de lui parler, de petites choses et d'autres, pour le pousser à répondre, mais il est de moins en moins réactif. Finalement, ils atteignent les portes vitrées. Elle y pose la main pour la pousser et constate que la porte ne bouge pas. Elle a beau s'acharner sur la poignée, sur toutes les poignées d'ailleurs, aucune ne consent à s'ouvrir. Elle laisse sa noarfang avec Emmanuel pour tenter d'autres sorties et constate que c'est la même chose pour toutes. Les fantômes se sont mis à la regarder lorsqu'elle passe devant eux, leurs contours à de déformer comme des bordures de flammes. Ils ont une allure menaçante, mais n'apportent que plus de déception à Caihong qui comprend alors qu'il ne s'agit pas de véritables fantômes.

- C'est vrai qu'une partie du Bradley Prix se vantait de s'éclairer au funécire et mélancolux... Kexing, brise le verre de la porte avec choc mental s'il te plaît.

Elle éloigne Emmanuel et se place devant lui pendant que sa noarfang s'exécute. Les bouts de verre sont projetés loin, mais Caihong n'est pas coupée. L'air frais de l'extérieur lui parvient déjà et semble aider le jeune homme à reprendre un peu ses esprits. Il lui semble moins lourd lorsqu'elle le soutient à nouveau pour sortir. Derrière eux, les funécires sont en colère : les imitations des anciens occupants du Bradley Prix se sont changées en grandes flammes bleues qui expriment leur mécontentement. Ils espéraient jouer plus longtemps avec ces visiteurs surprises.




Grâce à sa noarfang, Caihong a brisé un vieux distributeur automatique dans lequel se trouvent encore des cannettes de soda. Avec ce qu'il y a dedans, ces produits mettent trop de temps à périmer pour qu'ils ne soient plus bons. Et puis comme Emmanuel a besoin de se requinquer, ils n'ont pas trop le choix. Quand elle le retrouve sur le parking, elle voit que sa briochien est avec lui et roule des yeux. Pupuce était donc ressortie alors qu'ils étaient en train de la chercher et se faire tourmenter par les funécires.

- Tiens.
- Merci, il prend quelques gorgées, le goût n'a pas l'air de lui plaire. Je me sens déjà mieux, Caihong lui répond d'un hochement de tête rassuré. Donc... Vous êtes fan de fantômes ?
- Pas spécialement de fantômes, elle se rappelle son attitude dans le centre commercial et commence à être embarrassée. Disons que je m'intéresse à ce qui est paranormal.
- Et vous avez jamais peur ?
- Peur de quoi ?
- Bah... De mourir par exemple.
- Non. Si les créatures surnaturelles tuaient vraiment des gens, je pense qu'on en saurait plus depuis longtemps, elle voit qu'Emmanuel la regarde avec un mélange d'admiration et de crainte, ce qui l'embarrasse encore plus. Dépêchez-vous de boire, il doit être vraiment tard, nous devons retourner à Malié.
- En pleine nuit ?
- Il faisait déjà nuit avant. Ne me dîtes pas que vous avez aussi peur du noir !
- Non, non ! Mais... Le coin doit être plein de mimigals, non ?

Caihong ne savait toujours pas ce qu'elle faisait avec Emmanuel, mais une chose était sûr : le chemin du retour n'allait pas être de tout repos.



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