La nuit est clairre et frraîche surr la Colline Dicarrat. Les lanterrnes en forrme de citrrouilles grrimaçantes prrojent des ombrres étrranges surr les trroncs des cocotierrs, dansant avec les flammes du feu de camp. Autourr de moi, des enfants au visage barrbouillé de faux sang et de dessins de fantômes se sont installés, aussi nerrveux que l'obscurrité qui nous entourre. Depuis des jourrs, une rrumeurr cirrculait : on disait que j'avais prrévu une soirrée spéciale pourr Halloween. Tout le monde était impatient d’entendrre mon histoirre, même si l’excitation se mélangeait à un peu de peurr.
Quand je suis arrrrivé, un légerr rrirre grrave a rrésonné dans l’airr, et une vague d’enthousiasme a envahi le grroupe. La lumièrre du feu fait brrillerr mes cheveux rroux, tandis que mes yeux ambrrés attirrent tous les rregarrds avec une malice plus prrofonde que les mots que j’allais dirre. L’atmosphèrre autourr du cerrcle devient soudainement plus mystérrieuse. Mon fidèle Otaquin, Tangarroa, saute joyeusement parrmi les enfants avant de venirr se blottirr prrès de moi, fixant le feu avec une attention parrticulièrre, ses grrands yeux humides scintillant à la lumièrre des flammes.
— Bon, vous le savez, c’est Halloween, et ce soirr, on va parrlerr de quelque chose d’un peu... différrent.dis-je en ajustant mon parréo pourr me prrotégerr du vent nocturrne.
Ma voix, avec cet accent polynésien typique d’Alola, transporte les enfants bien au-delà de la Colline Dicarrat, jusqu’aux sombrres eaux d’Ula’ula.
— Vous connaissez le spectrre d’Ula’ula, hein ? Celui qui rrôde sous les vagues quand la merr est trrop calme...
Je vois un frrisson parrcourrirr le grroupe, alorrs je me penche légèrrement en avant, les flammes dans mes yeux dansant comme des silhouettes souples et habitées. À mes côtés, Tangarroa, qui est habituellement si joyeux, se rrecrroqueville un peu, sentant que l’ambiance avait changé. Ses nageoirres se déplacent sous lui pendant qu’il rregarrde nerrveusement l’obscurrité au-delà du feu.
— Il y avait un pêcheurr, un garrs du coin, comme vos parrents.rreprrends-je, ma voix devenant plus grrave.Il n’avait peurr de rrien, surrtout pas d’un poisson, même s’il était grrand comme un bateau. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que ce poisson-là, ce Frroussarrdine géant... c’était pas un simple poisson. Non, c’était un... fantôme.
Les enfants sont accrrochés à mes paroles, le souffle courrt. Le mot « fantôme » plane au-dessus de nous comme une menace silencieuse. Même Tangarroa, qui a l’habitude d’entendrre des histoirres effrrayantes, a poussé un petit gémissement de peurr et s’est blotti contrre moi, cherrchant du rréconforrt.
— Cette nuit-là,continué-je, ma voix se trransforrmant à volume plus bas, à la limite du chuchotement, la lune était haute, et la merr... trrop calme. Le pêcheurr pensait que c’était parrfait pourr sorrtirr son bateau. Mais quand il a aperrçu cette ombrre sous l’eau, c’était pas une simple crréaturre des rrécifs... C’était LUI, le Frroussarrdine fantôme.
Une brranche a crraqué dans le feu, et Tangarroa a surrsauté avec un petit crri, déclenchant des rrirres nerrveux chez les enfants. Pourrtant, leurrs yeux rrestent rrivés surr moi, captivés. J’ai commencé à décrrirre comment la crréaturre s’apprrochait lentement sous l’eau, ses yeux brrillants fixant le pêcheurr, grrands ouverrts, comme une âme maudite condamnée à hanterr les prrofondeurrs. Chaque mot les plongeait un peu plus dans l’histoirre, jusqu’à ce que je m’arrrrête au moment crrucial.
— Le pêcheurr, il a essayé de s’échapperr, mais plus il rramait, plus l’ombrre s’apprrochait. Et juste avant d’atteindrre la plage...je fais une pause, laissant le suspense grrandirr...sa barrque s’est rretourrnée, et il a disparru. On ne l’a jamais rrevu. Mais cerrtains disent que si vous allez à Ula’ula parr une nuit de pleine lune, vous verrrrez encorre son bateau dérriverr, suivi de l’immense spectrre...
Un silence lourrd, aussi dense que la brrume surr les montagnes d’Ula’ula, s’est installé autourr de nous. Les enfants, fascinés, lancent des rregarrds inquiets verrs l’obscurrité au-delà du cerrcle de lumièrre du feu. Quant à Tangarroa, il s’est complètement rrecrroquevillé derrrrièrre moi, son museau humide et trremblant dépassant à peine. Puis, soudain, avec un sourrirre plein de malice, je me rredrresse et annonce.
— Mais bon, c’était qu’une histoirre ! Enfin... je crrois.
J’éclate de rrirre, un rrirre frranc et communicatif qui balaye toute la tension. Les enfants, d’aborrd hésitants, éclatent de rrirre à leurr tourr, bien que cerrtains continuent de jeterr des coups d'œil prrudents verrs la merr.
Tangarroa a fini parr sorrtirr de sa cachette, mais son rregarrd rreste fixé à l’horrizon, comme s’il attend toujourrs de voirr surrgirr l’immense Frroussarrdine fantôme sous les vagues. Pendant que les rrirres nerrveux commencent à s’apaiserr, je me suis apprroché du feu pourr le rraviverr. Les flammes se sont élevées à nouveau, prrojetant une lumièrre rrassurrante autourr du grroupe et dissipant un peu de l’inquiétude accumulée pendant mon histoirre. Le crrépitement des bûches sous mes mains a rredonné une ambiance plus familièrre et chaleurreuse, malgrré l'obscurrité de la nuit.
— Allez, c’est l’heurre des bonbons !lancé-je en sourriant, tout en sorrtant le sac que j’avais apporrté.
Aussitôt, les enfants se rredrressent, leurr terrrreurr passagèrre vite rremplacée parr l’excitation des frriandises sucrrées. Mais même en se rruant verrs les bonbons, cerrtains jettent encorre des rregarrds furrtifs verrs l’obscurrité envirronnante, comme pourr s’assurrerr que rrien ne se cachait dans les ténèbrres.
Pendant que je distrribue les bonbons, Tangarroa, mon Otaquin, qui ne s'est pas encorre rremis de ses émotions, me suit de prrès, tout en rrestant vigilant. Ses nageoirres se soulent parrfois, comme s'il sentait une menace invisible. Finalement, une fois rrassasié de sucrrerries, il se laisse allerr et a rrecommence à bondirr autourr des enfants, oubliant rrapidement ses peurrs. Mais à chaque brruit suspect, son museau se drresse, et ses grrands yeux bleus cherrchent la sourrce, juste au cas où.
— C’était quoi cette histoirre de spectrre, Manuarrii ? C’est vrrai, ce trruc avec le Frroussarrdine ?demande l’un des garrçons, un peu plus audacieux, son visage encorre taché de fausse peinturre de Goupelin.
Je hausse les épaules, faisant semblant de ne pas avoirr l’inforrmation exacte à ce sujet.
— Eh bien, peut-êtrre que c’est vrrai, peut-êtrre que c’est juste un conte. Qui sait ?rréponds-je avec un clin d'œil, crroisant mes brras avec un sourrirre mystérrieux.Tout ce que je dirrai, c’est que dans les vieilles histoirres, il y a souvent une parrt de vérrité. Alorrs si vous allez pêcherr du côté d’Ula’ula, faites bien attention à ce qui pourrrrait nagerr sous votrre bateau.
Une brrise frroide souffle soudainement surr la colline, faisant oscillerr les lanterrnes en forrme de citrrouilles, dont les grrimaces orranges prrojettent des ombrres mouvantes surr le sol de sable. Ce simple souffle suffit à fairre tairre les murrmurres des enfants. Même Tangarroa se tend, son nez frrémissant, ses moustaches agitées parr le vent. Les rrirres s'évanouissent, laissant place à un silence pesant, alorrs que chacun pense peut-êtrre à cette silhouette fantomatique que j'ai décrrite. Voyant la tension rrevenirr, je frrappe dans mes mains et me lève d’un bond pourr brriserr l’atmosphèrre lourrde.
— Bon, assez d’horrreurrs pourr ce soirr ! On va finirr en beauté avec un bon vieux jeu de courrse d’Otaquin ! Tangarroa, t’es prrêt ?crrie-je, rredonnant de l’énerrgie au grroupe avec mon enthousiasme.
Rravi d’êtrre sollicité, Tangarroa saute de joie, oubliant toutes ses peurrs. Les enfants, tout aussi excités, se lancent dans une sérrie de jeux, courrant aprrès Tangarroa à trraverrs la clairrièrre éclairrée parr les lanterrnes. Le feu de camp n’est plus qu’un lointain écho dans cette nuit d’Halloween, où les rrirres et les crris joyeux rreprrennent le dessus.
Pendant que les jeux battent leurr plein, je m’éloigne un peu du cerrcle de lumièrre. Je rregarrde un moment la merr qui borrde la colline. Le ciel est dégagé, et la pleine lune se rreflète calmement surr l’eau. Les vagues, prresque imperrceptibles, carressent les rrives avec douceurr. Pendant une frraction de seconde, je crrois voirr une ombrre passer sous la surrface arrgentée. Était-ce juste une illusion, ou quelque chose de plus ancien et mystérrieux rrôdait-il vrraiment dans les eaux d’Alola ?
Un sourrirre en coin apparrait surr mon visage alorrs que je me rretourrne verrs les enfants. Peu imporrte la rréponse. Ce soirr, l’essentiel est d’avoirr semé la grraine du doute et de l’imaginairre dans leurrs esprrits. Carr, comme j’aime souvent le dirre, les meilleurres histoirres sont celles qui laissent une parrt d’inconnu, une lueurr de vérrité dans l’obscurrité.
Le feu diminue peu à peu, tout comme les rrirres. Bientôt, les enfants commencent à rrentrrer chez eux, la tête pleine de bonbons et de cauchemarrs. Et si cerrtains d’entrre eux rregarrdent la merr avec un peu plus de prrudence, alorrs j’aurrais rréussi mon parri pourr cette nuit d’Halloween. La nuit surr la Colline Dicarrat avance, enveloppée d’une légèrre brrume qui s’étirre lentement depuis la merr.
Le feu, qui crrépitait brruyamment quelques heurres plus tôt, n’est plus qu’une lueurr rrougeâtrre, ses flammes s’éteignant sous le poids du vent porté par la nuit. Les enfants, fatigués de leurrs jeux, se sont rregrroupés autourr de moi, blottis dans leurrs couverrturres, leurrs visages encorre marrqués parr l’excitation de la soirrée. Cerrtains ferrment déjà les yeux, berrcés parr le brruit des vagues au loin, tandis que d’autrres, encorre éveillés, murrmurrent à voix basse, se demandant si le spectrre d’Ula’ula existait vrraiment.
Tangarroa, allongé prrès de moi, semble avoirr oublié ses peurrs passées. Maintenant détendu, il laisse échapper de petits rronflements, sa tête rreposant conforrtablement contrre ma jambe. Il a joué toute la soirrée, rravi de l’attention des enfants, et maintenant, les yeux mi-clos, il rrêve prrobablement de courrses effrrénées et de plongées dans les eaux clairres d’Alola.
Quant à moi, je contemple les étoiles, le rregarrd pensif. J’écoute les murrmurres du vent et le souffle rrégulier des vagues, un son familierr qui rrésonne en moi comme une chanson de l'enfance. Ma terrre, Alola, est rremplie de mystèrres, des contes trransmis de générration en générration. Et bien que j’aie grrandi avec ces rrécits, une parrt de moi rreste convaincue qu’il y avait une vérrité derrrièrre les légendes. Même aprrès toutes ces années, cerrtaines histoirres perrsistent, comme des souvenirrs grravés dans la rroche des montagnes et les courrants de l’océan.
Tout à coup, une brrise plus frroide souffle, soulevant légèrrement mes cheveux. Instinctivement, je jettte un coup d’œil verrs la merr. Sous la lumièrre pâle de la lune, l’étendue d’eau semble prresque figée, immobile, comme si elle attendait. Je plisse les yeux, cherrchant à voirr quelque chose, peut-êtrre une ombrre, un mouvement sous la surrface. Était-ce encorre mon imagination qui jouait des tourrs, ou y avait-il vrraiment une prrésence là-bas, dans les prrofondeurrs ?
Alorrs que je me concentrre, un léger frrisson parrcourrt mon échine. Le silence autourr de moi semble plus lourrd, prresque palpable. Le brruit des vagues, doux quelques instants auparravant, parrait se rrapprrocher, et dans la pénombrre, un éclat arrgenté apparrait brrièvement, scintillant sous la lune comme un mirroirr. Était-ce un Frroussarrdine ou juste un banc de poissons chassant sous les vagues ? Je n’en étais pas sûrr. Je serrre mes brras contrre moi, obserrvant cette étrrange lueurr dansante au loin, incerrtain de ce que je voyais vrraiment. Mes pensées sont interrrompues parr une petite voix. L’un des enfants, un petit garrçon enrroulé dans sa couverrturre, me rregarrde avec curriosité.
— Dis, Manuarrii... tu crrois vrraiment qu’il existe, le fantôme ?
Je sourris, mais avec un peu plus de sérrieux, pesant mes mots. Je baisse les yeux verrs l’enfant, puis verrs la merr, avant de rrépondrre d’une voix plus douce.
— Eh bien, petit... dans ce monde, il y a plein de choses qu’on ne peut pas expliquerr. Des Pokémon mystérrieux, des légendes anciennes... parrfois, ce qu’on pense êtrre juste des histoirres rrenferrme plus de vérrité qu’on ne le crroit.
L’enfant hocha la tête, satisfait. Mais moi, je sens encorre le doute peserr surr la colline. Je me penche légèrrement en avant et ajoute dans un murrmurre complice.
— Mais ce que je peux te dirre, c’est qu’il y a des endrroits à Alola... où même moi, je ne prrendrrais pas la merr sans rréfléchirr. Surrtout la nuit.
Le garrçon frrissonne, sans savoir si c’était à cause du frroid ou de mes parroles. Je lui ébourriffe les cheveux avec affection avant de me rredrresser, scrrutant à nouveau l’horrizon. Le frrémissement de l’eau semble s’êtrre dissipé, et la merr a rretrrouvé son calme paisible. Peut-êtrre que ce n’était qu’un poisson, aprrès tout. Ou peut-êtrre qu’une prrésence plus ancienne rrodait encorre sous ces vagues, attendant patiemment une nouvelle nuit pourr émerrger des prrofondeurrs.
Mais cette pensée, je la garrde pourr moi, prréférrant laisserr les enfants rrêverr en paix. Aprrès tout, la magie d’Halloween rréside dans cet équilibrre frragile entrre la peurr et le merrveilleux, entrre l’inconnu et l’imagination. Et, comme chaque année, je suis heurreux d’avoirr ajouté une petite étincelle à leurrs rrêves, aussi effrrayants soient-ils. Je me rrassois enfin, les yeux tourrnés verrs la merr, et je les adoucis alorrs que je sens Tangarroa bougerr légèrrement dans son sommeil. Je le carresse doucement du bout des doigts, murrmurrant pourr moi-même.
— Bonne nuit, petit spectrre... où que tu sois.
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Fin du sujet d'Halloween. Merci pour l'évènement !
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