IO

Sur le cuivre de Io, des reflets chatoyants,
Mais dans les ténèbres, (en cours de réfection),
Flottant dans le vide, bel astre solitaire,
Secret magnétique entre le ciel et la terre.

Isaac admirait cette occulte clarté,
Cette lueur unique en sa rare beauté.
Son Magnéti brillant, un ami, un mystère,
Ni tout à fait vivant, ni simple objet d’éther.

Les jours s’enchaînaient, et Io toujours brillait,
À ses côtés discret, son aura scintillait.
Dans le silence lourd où Isaac nageait,
Il grésillait tout bas, un murmure d’acier.

Mais les ans passèrent, le cuivre s’émoussa,
Une tache ternie lentement le gâta,
Et le lustre de Io, qui faiblit chaque nuit,
Parut comme un écho d’une peine enfouie.

Isaac vit le cuivre perdre sa brillance,
Métal ardent si vif, se livrer à l'absence.
Son compagnon vacille, il coule et puis s’éteint,
Dans les doigts du destin, sans plainte ni chagrin.

Il tomba, doucement, sur le pavé glacé,
Comme un cœur bien figé, dans le vide arrêté.
Isaac observait, sans pouvoir s’épancher :
"C'est ce que j’ai voulu, le prix de mon péché."

Son étoile rare, son trésor fait de cuivre,
S’en allait peu à peu, pour ne plus jamais vivre.
Isaac demeura, hanté par son échec,
À voir dans le miroir un reflet des plus secs.

Dans le silence mat d’une journée d'hiver,
Il sait bien que tout meurt, même les cœurs de fer,
Que l’éclat le plus rare s’efface à jamais
Quand la lumière au coeur ne veut plus palpiter.

Et il sentit enfin, voyant Io partir,
Que même un Magnéti ne peut se retenir
Dans les griffes du temps, quand le souffle se meurt,
Quand tout ce qu’on aimait, soudain devient vapeur.

Un souffle retenu, un silence arraché,
Et le cuivre de Io dans la nuit soulagé,
Entraînant avec lui l'ombre d'un souvenir,
De ce qui fut perdu, qui ne peut revenir.