Savez-vous ce qui est le plus éreintant dans la gestion et l'opération d'une pension comme celle des coordinateurs-éleveurs du monde entier ? Non, ce n'est pas la difficulté des diagnostics pour déterminer ce qui conviendrait le plus pour le ou les Pokémons placé.s sous votre charge. Non, ce n'est pas non plus la qualité des infrastructures déployées pour subvenir au besoin des Pokémons placés en pension, ni pallier aux besoins en trainements de ces derniers. Non, il ne s'agit pas non plus de la faculté de l'administrateur de la bâtisse à pouvoir gérer un collectif d'employé.e.s et de collaboteurices tout en promouvant toute l'intégrité et le professionnalisme de sa structure. Pareillement que non, ce n'est pas le poids des attentes d'un.e prestataire du point de vue du consommateur, que ce soit au niveau des préférences d'entrainements, des spécificités diététiques d'un Pokémon en particulier, ni les petites exigences demandées à l 'inscription du ou des pensionnaires. Non, ce n'est pas non plus ce besoin urgent d'effectuer toutes les tâches incombant à la pension au plus rapidement ou au plus efficacement possible.

Le plus difficile à gérer dans une pension, c'est de ne pas laisser l'affect vous gagnez, par rapport à la raison et la loi du flux tendu entre demande et offre d'élevage. En tant qu'éleveurs, il faut savoir rester intègre et neutre devant la détresse des dresseurs qui ne parviennent pas à se faire obéir de leurs compagnons ; savoir rester impassible devant la peine d'une famille de dresseurs ne pas pouvoir se résoudre à garder l'une de leur petite créature, par manque de temps, de finance ou pour des raisons de déménagements imminents ; savoir mettre son empathie légèrement de côté lorsqu'un Pokémon blessé, délaissé ou abandonnée vient frapper à votre porte, en espérant pouvoir finir de meilleurs et paisibles jours au sein d'un environnement plus chaleureux et plus à même de faire leur bonheur. C'est toute une gymnastique préemptive qui permet à celui qui est en charge d'une pension de pouvoir évaluer tous les tenants et les aboutissants de la clientèle, de pouvoir anticiper chacun de leurs possibles besoins avant même que cette dernière ne se manifeste, et ainsi proposer un début de prise en charge peu importe le paysage socioculturel mis en exergue.

Mais parfois, la difficulté est telle qu'il faut parfois s'y prendre en plusieurs fois auprès d'un prestataire pour obtenir les informations requises pour opérer la transaction. Il n'est donc pas improbable de devoir procéder à une batterie de tests à destination des propriétaires, ou de ceux recueillant les pauvres âmes égarées, ainsi que des fameux compagnons et autres partenaires d'aventures. Le recul à prendre sur les résultats est donc encore plus important que prévu, car il faut pouvoir également extrapoler certains éléments en sa possession, afin de revenir vers les sujets de tests et leur proposer les prémices de délibérations pour convenir de plans d'action avec leur consentement. Et c'est à ce moment-là que le plus gros du travail d'accompagnement et de preuve d'efficacité s'avère le plus ardu. Il y aura ces fois où les propositions ne feront pas leur effet, n'atteindront pas le public attendu, et viendront contreperformer et aboutir sur un refus pur et simple du client, qui se retournera vers une structure différente, en espérant que la prochaine sera la bonne. Et puis il y aura ces fois où tout coïncidera, tout semblera limpide et clair comme de l'eau de roche, et où la collaboration sera tellement évidente qu'elle n'aurait pu en être autrement.


Cependant, aujourd'hui allait être une journée totalement folle. Complètement aux antipodes de ce que j'aurais pu en attendre. Une situation dans laquelle je ne m'étais encore jamais retrouvée. Une configuration complètement inédite, qui n'allait dépendre ni de moi, ni de cette jeune femme qui venait de se présenter devant le portail menant au bâtiment principal de l'accueil de la pension. Une jeune fille à la chevelure courte mais d'un bleu presque azur. Il est quatorze heure, parfaitement dans les temps pour le fameux rendez-vous pris pour, je cite : « une prise en charge d'un spécimen tout à fait charmant, naïf et ne demandant qu'à être dans la bonne maison ». Le ton du mail envoyé par celle qui répondait sous l'identité de Luna Aiko était confus, presque trop doux pour être totalement révélateur de la cause qui l'amenait réellement chez moi. A la lecture, j'ai émis la suspicion d'un potentiel problème entre un de ses partenaires et elle, ou alors, pour offrir un diagnostic autre que celui de certains médecins de mauvaise foi. J'étais alors loin de me douter du scénario qui s'offrirait à moi, ni même à quel point la résolution d'une telle histoire serait cruciale, tant pour Luna que pour moi.

C'est Hermione Allister qui se décide à aller ouvrir à cette fameuse Luna, dresseuse du Kantô, potentielle futur force éminente du circuit de la région. Moi ? Je me trouve à quelques pas du bâtiment, dans l'une des maisonnettes disséminées sur le domaine de la pension, accompagné de mon tout dernier né à la pension, un magnifique et radieux Zorua d'Hisui. Cette maisonnette d'ailleurs devait avoir comme un air de prémonition, car il s'agit de celle étant représentative d'une possible antre draconique : un intérieur plutôt frais mais chaleureux de par ses couleurs et ses nuances ; des commodités modernes aux couleurs saisissantes et basanées ; dont les pièces s'articulent autour d'un brasero central pouvant faire office de radiateur pendant les saisons froides, ou de simple décoration d'intérieure le restant de l'année. C'est là que je compte rencontrer cette dresseuse de talent.

- Bonjour et bienvenue à l'Amicitia Training Center. introduit Hermione. Vous devez être mademoiselle Aiko ? demande-t-elle en laissant le soin à son interlocutrice de décliner sa présence. Votre rendez-vous aura lieu dans l'une des habitations de la pension, monsieur Amicitia vous y recevra. Si vous voulez bien me suivre. invite-t-elle à la bleue de la suivre.

Quelques secondes nous séparent Luna et moi de cette rencontre fatidique. Qui scellera le destin de deux âmes qui n'ont rien demandé de plus que de connaitre une aventure exceptionnelle, et de s'épanouir dans un environnement sain, divertissant, et permettant une évolution tout simplement idéale.

*toc toc toc*

Ah, ça y est. Ça doit être ma très chère Hermione qui se trouve sur le pas de la porte en compagnie de la fameuse dresseuse du Kantô, Luna Aiko. Celle dont le courrier électronique avait piqué mon intérêt, et qui saurait faire mouche avec la présence de son partenaire reptilien flamboyant.

- Monsieur Amicitia, votre cliente est arrivée. annonce-t-elle. Êtes-vous disponible ?
- Oui ! Un instant Hermione ! réponds-je avec fermeté et considération.

Je profite de cette occasion de m'octroyer un léger laps de temps de latence, pour finaliser la disposition de tous les items qui seraient les arguments les plus convaincants pour accueillir la dresseuse kantonaise. Le brasero central servirait de décoration, ainsi que de promontoire pour une manœuvre toute particulière qui s'opérerait plus tard au fil de notre conversation. Le reste du mobilier était soigneusement dépoussiéré, ciré par endroit, et le seul resplendissait de propreté. Le temps également de disposer trois verres, afin de converser dans la détente et la légèreté en la compagnie de ma gouvernante, qui aura - sans le savoir - un rôle prépondérant dans cette interaction. Il me semble que je suis fin prêt.

- Hermione, vous pouvez entrer ! l'invité-je à obéir.

Ma collaboratrice de chic et de charme, toujours tirée à quatre épingles, fait son entrée dans la maisonnette, accompagnée de très près par une jeune fille à la chevelure claire et bleutée. A ses côtés, un Salamèche que je reconnais au premier coup d’œil, mais qui présente une particularité toute singulière : une expression du gêne chromatique ! Incroyable ! En voir un de près dépasse toutes mes préconceptions de la chose. Il est d'une couleur très proche de celle de la chevelure de sa maitresse, presque azur, affublé d'un petit foulard bleu roi, et le petit détail saisissant en plus, la petite flammèche bleutée en bout de queue. Tout bonnement impressionnant de beauté et de charisme.

- Je crois que Monsieur Amicitia n'y verra aucun inconvénient, assure ma gouvernante, votre compagnon peut s'amuser autant qu'il le souhaite avec... hésite-t-elle ...monsieur, quel est le nom de cette charmante Zorua d'Hisui ?
- Oh ! Leira. Elle s'appelle Leira. rétorqué-je en sortant de mon absence passagère.


Je suis tellement subjugué que je manque presque la présentation de la dresseuse et la raison de sa venue. De ce que j'en comprends, elle est en possession de deux Salamèche. Déjà, ça inspire presque le surnaturel, tellement un fait d'arme pareil est rare de nos jours. Être en la capacité de croiser une autre salamandre relève de l'exploit, voire de la légende. Dans le cas de Luna Aiko, il s'agit surtout d'une rencontre malheureusement providentielle pour ce représentant de la lignée des dragons de feu, subtiliser de force des mains d'un ancien dresseur maltraitant et peu respectueusement de l'intégrité des Pokémons. Je fronce les sourcils immédiatement à cette annonce, serre les dents tellement fort que ma mâchoire semble complètement endurcie, visible alors à l’œil nu à travers la peau de mes joues. La dresseuse conclut par le fait qu'elle soit à la recherche d'une personne, d'un foyer ou d'un groupuscule œuvrant pour le bien-être des Pokémons, et pour offrit une opportunité plus reluisante à ces petites créatures que le destin avait malmené jusqu'à lors. S'apercevant de mon mutisme apparent, Luna s'inquiète de savoir si tout était intégré et compris de ma part.

- Oh, oui, bien évidemment. répliqué-je. Je suis navré d'apprendre le triste sort de ce Salamèche. Mais je suis d'autant plus en colère que ce genre de dresseur existe encore de nos jours. dis-je en serrant le poing. Vous voyez, je suis moi-même propriétaire d'un pokémon de type dragon, que j'ai également dû sauver des griffes d'un individu peu recommandable, et qui aujourd'hui, purge une peine de prison pour maltraitance et exploitation caractérisée d'individus pokémons. Autant vous dire que je porte en haine absolue ce type d'énergumène, alors sachez que votre sauvetage m'oblige à vous accorder tout mon respect, et tout mes remerciements au nom des Pokémons. conclus-je.


Je ne sais pas si je fais bonne impression auprès de la jeune femme, mais il y a fort à parier que ma réaction saura trouver une âme bienveillante et de confiance en sa personne. Je ne suis pas certain d'être celui qu'il faudrait pour cette salamandre de légende, mais s'il y avait ne serait-ce qu'une possibilité que je puisse faire la différence dans son quotidien, alors j'afficherai mes meilleures intentions pour prouver ma valeur et ma droiture d'esprit. Pendant ce temps, je tourne la tête, et je me rends compte que Leira s'amuse comme une petite folle avec le Salamèche chromatique de Luna. Il faut croire que les deux espèces s'entendent à merveille, et cela me donne encore plus d'idées pour la continuité de notre échange. J'intime alors Hermione.

- Pourriez-vous aller LE chercher s'il vous plait ?
- Le ? doute-t-elle. Oh ! Oui je vois ! Je m'en occupe prestement. s'exécute-t-elle en tournant les talons.
- Parfait ! Je m'occupe de faire le tour du propriétaire à notre invitée pendant ce temps, et nous servirai trois petites coupes. Je compte sur vous, Hermione.

En attendant que ma collègue ne revienne, je fais signe à Luna de me suivre pour un petit tour des lieux, en prenant soin de mettre une petite gamelle de pokéblocs à dispositions des deux petits fripons joueurs présent dans la salle, et met en marche le distributeur d'eau fraiche, afin de leur permettre de s'hydrater pendant que nous faisons l'état des lieux. En espérant que ce soit du goût de Luna.