En repartant de l'Île Guimauve, on en profite pour faire une escale sur l'Île Double Chantilly, bien plus grande en superficie que sa consoeur et possédant une topographie radicalement différente. Alors que l'île Guimauve est relativement petite, recouverte de végétation et encerclée de siphons marins, Double Chantilly est vaste et majoritairement constituée de deux volcans aujourd'hui éteints et sur lesquels les locaux ont construit quelques villes et villages sur ses flancs à proximité de l'océan. L'ensemble est appellé Mont Meringué et est très semblable au Mont Lanakila de la région d'Alola. Celui-ci s'est formé à peu près à la même époque selon ce que j'ai pu en lire dans la documentation de la Tour, l'un de ses points culminants atteignant presque la même altitude également. En conséquence, malgré les températures tropicales de l'Archipel Orange, ses deux sommets sont en permanence recouvert d'une épaisse couche de neige éternelle tandis qu'une épaisse forêt a proliféré sur ses flancs grâce au sol enrichi par les minéraux contenus dans les antiques coulées de lave.

La ville principale de l'Île Double Chantilly héberge également l'un des champions de la Ligue Orange, et quand bien même celle-ci ne soit pas reconnue par la Ligue Pokémon, je ne dis jamais non à la possibilité d'ajouter un badge à ma collection. D'après le guide, les épreuves imposées dans cette Ligue tiennent très souvent du défi physique et mental et varient souvent selon le champion en titre avant de pouvoir l'affronter en combat singulier pour remporter le match. Après tout pourquoi pas, ça changerais de l'ordinaire et ça nous entraînera avant le second défi contre la Ligue.

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Comme il n'y a pas de piste d'atterrissage sur l'île Double Chantilly, on a dû faire escale sur l'île Golden depuis l'Île Guimauve avant de repartir par voie marine en contournant l'Île Banana Split et le minuscule archipel des sept îles Pamplemousse. Pas grand intérêt de m'arrêter en chemin, car aucune des épreuves de cette Ligue n'y sont hébergées, et hormis un musée archéologique relatant l'histoire de l'archipel, rien de bien intéressant de manière générale. Pour le trajet en mer, on aurais pu effectuer la traversée sur le ventre de Pancake mais vu qu'on est quand même relativement pressés, j'ai préféré demander à Bubblegum de se transformer en Lokhlass histoire qu'on ait assez de place pour s'asseoir et de quoi ne pas tomber à l'eau.

On débarque dans le port de la ville principale de l'île avant de se diriger immédiatement vers l'arène qu'on trouve assez facilement, cependant c'est une légère déconfiture qu'on se prends dans la tronche en voyant la gueule du bâtiment. Celui-ci est sale, délabré et visiblement pas entretenu comme les autres arènes auxquelles j'ai eu à faire de part le passé. Cependant, en passant la porte, on est accueillis par un quarantenaire bien tassé à la chevelure poivre et sel. Semblant un peu surpris de voir des têtes qu'il ne connait visiblement pas, celui-ci nous questionne sur ce qu'on fout là, et c'est par un sourire un peu crispé qu'il nous répond que ça fait pas mal de temps qu'aucun challenger ne s'est présenté pour relever le défi du badge Rubis des Mers. Il se présente comme étant le dernier champions en titre et nous explique que depuis la refonte du système des arènes, les subventions d'état ont été coupées, empêchant d'entretenir l'arène comme il se devait, celle-ci étant désormais désertée et n'intéressant quasiment plus personne à cause de son badge désormais sans valeur au yeux du système imposé par le Plateau Indigo. Celui-ci nous montre dans une vitrine poussiéreuse des cadres montrant des photos des précédents vainqueurs et champions de l'arène tout en nous expliquant le défi imposé aux challengers avant de l'affronter. Une idée germe dans mon esprit. Une capsule sur l'état de ces arènes pourrait intéresser une partie de mon audimat et le challenge qu'elle propose peut également se révéler être enrichissant.

D'après le champion, le défi consiste en trois manches gagnantes sur quatre:
- Gravir la montagne Double Chantilly sans aucune aide de l'un des trois pokémons sélectionnés à l'avance.
- Une fois arrivé dans la vallée enneigée entre les deux sommets, réussir à geler l'un des nombreux geysers d'eau thermale à l'aide d'un de ses pokémons.
- Tailler le bloc de glace ainsi obtenu en forme de support pour redescendre jusqu'à l'arène en faisant tenir dresseur et pokémons dessus
- Arriver avant son adversaire à l'arène et remporter le combat.

Pour le coup ça me semble pas infaisable. J'ai clairement avec moi assez de pokémons pour performer dans une épreuve aussi fantasque, et pour une fois c'est moi qui devra suer en plus de mes compagnons, ça change.

Le champion semble un peu réticent à l'idée qu'un challenger vienne comme ça le sortir de son train-train, mais il semble s'adoucir lorsqu'Ewan lui précise qui on est.

"Un vainqueur de la Ligue, hein? On va voir ce que t'a dans le ventre et s'ils laissent gagner n'importe qui." fait-il après m'avoir regardé de haut en bas. Son air usé me donne pas spécialement confiance, mais y'a fort à parier qu'il est probablement complètement rouillé après une telle période d'inactivité. "Si j'arrive à te mettre à mal, ça pourrais faire une belle campagne de pub, et si la Ligue entends parler de nous, ça pourrais changer pas mal de chose pour l'économie locale"

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Quelques dizaines de minutes plus tard, on se trouvais sur la ligne de départ à bonne distance déjà de l'arène. Ewan ne pouvant pas m'accompagner, c'est Electrolux qui se chargera de me filmer depuis les airs avec la formelle interdiction de m'aider quelque soit la manche de l'épreuve. De son côté, le champion avais opté pour une grosse Nidoqueen à la peau épaisse, un Insécateur et un Machopeur. Quand à moi je m'étais décidé sans surprise pour Xerude, Bubblegum et... Melba. Oui, après tout ce temps on l'aurais presque oubliée, celle-là. Mais sa maîtrise des capacités de type Glace était tout indiquée pour la deuxième manche de l'épreuve, et son poids relativement léger permettrais de diminuer la masse que la luge de glace allais devoir supporter jusqu'à la fin de la course. Au départ j'avais pensé à Pancake, mais il était improbable qu'une plaque de glace, aussi épaisse soit-elle, ne pourrais pas supporter son poids. Pour l'occasion, je devais changer de fringues pour quelque chose de plus solide et moins clinquant. Treillis épais et veste pour me protéger du froid, vu qu'on a interdiction de se faire aider, ça vaut aussi pour la chaleur. D'après le champion, y'a une dizaine de kilomètres du point de départ jusqu'à la vallée, ça fait une sacrée trotte quand même, j'imagine même pas ce que les challengers les plus jeunes ou fragiles ont dû endurer. Celui-ci nous informe également qu'il est tout à fait possible que des pokémons sauvages soient de la partie, et ce n'est qu'en cas d'attaque de leur part qu'il est autorisé de se protéger avec ses partenaires quelque soit la manche. Allez. C'est parti.

On pars tous les deux en petite foulée, histoire d'économiser nos forces sur le petit chemin de montagne qui pars en direction de la vallée. Autour de nous, pas beaucoup de végétation, mais ça me semble relativement normal vu l'altitude à laquelle on se trouve déjà. Majoritairement des petits buissons et des plantes rases mais pas de grands arbres à l'exception de quelques conifères épars. Je n'ai pas spécialement le temps de m'extasier sur le paysage sur le moment, mais après visionnage des images de la course, le panorama général est tout de même magnifique, on a une vue parfaite sur le village jusqu'à l'océan et en plissant les yeux, on peut apercevoir un bout de l'autre île voisine mais dont j'ignore complètement le nom. La plupart des pokémons locaux sont sans doute camouflés sous terre, vu le barouf qu'on fait, mais les images révèlent un groupe de Nirondelle descendant en direction du bord de mer. Les gravillons qui crissent à chacun de nos pas résonnent malgré le sifflement du vent ambiant qui est surprenamment rafraîchissant et qui contrebalance parfaitement le soleil qui darde sur nos épaules et nos têtes. Malgré qu'il n'ait plus l'habitude, le champion ne semble pas avoir perdu de son niveau et avance un bonne allure, légèrement devant moi, les yeux fixés sur le sommet. Je me demande à quoi il pense en ce moment, d'ailleurs. Sans doute au fait de ne pas marcher sur un Racaillou ou un autre truc du genre par inadvertance, vu qu'il connait sans doute ce flanc de montagne comme sa poche, chacun de ses pas est assuré cependant et j'essaie de ne pas me faire distancer tant bien que mal.

Après une petite demi-heure d'ascension, le chemin balisé nous fais parvenir jusqu'à une ouverture dans la roche. Le champion m'indique qu'on a pas d'autre choix que de passer par là, le flanc de falaise étant trop abrupt pour l'escalader sans matériel ni aide de nos pokémons. Dès qu'on pénètre l'arche de pierre, la température me semble radicalement différente de ce qu'on a vu à l'extérieur, j'ai presque peur de me chopper un chaud-et-froid, y'a bien une dizaine de degrés de différence. Le champion m'indique alors que celle-ci regorge de boyaux et de tunnels faisant descendre l'air glacé du sommet jusqu'ici, et qu'on est pas au bout de nos peines.

Heureusement que je peux le suivre à bon rythme, parce que de nombreux tunnels partent dans tous les sens, et vu l'interdiction d'avoir un coup de main de mes pokémons, je me serais sans doute perdu plusieurs fois. Devant moi, mon souffle commence déjà se condenser de façon visible malgré la faible luminosité ambiante que dégagent les lampes sur nos bandeaux frontaux.
Le champion continue sans ralentir tandis que sous nos pieds une fine couche de givre apparait lentement au fur et à mesure qu'on avance et que des stalactites de glace se mêlent à celles formées naturellement par le calcaire au fil du temps.

Une dizaine de minutes plus tard, on débouchait dans une salle un peu plus large que les autres et au sol désormais recouvert d'une épaisse gangue de glace et pour peu j'aurais pu croire qu'il s'agissait d'un environnement tout à fait classique du milieu montagneux jusqu'au moment où d'étranges traces noires et crasseuses apparaissaient ça et là, tandis que la glace avais fondu aux alentours avant de regeler par dessus. Bon, sur le moment je pouvais pas me permettre de rester pour analyser ça plus en profondeur, mais en discutant rapidement avec le champion, celui-ci m'informe que de nombreuses espèces de pokémons vivent sur l'île et qu'il est tout à fait possible que des guerres de territoires aient lieu dans le coin sans qu'on sache forcément de quelles espèces il s'agit. Cela dit, ce n'est pas la première fois que de telles traces ont été vues sur l'île, et d'après lui, les scientifiques ont toujours présumé que des pokémons locaux ont dû apprendre des attaques de type Feu pour essayer d'envahir le territoire des pokémons Glace des hauteurs comme c'est le cas dans la région d'Alola avec les Goupix ayant dû se réfugier dans les hauteurs et adopter le type Glace au fil des siècles pour survivre. Tout ce qu'il pouvais me dire sur la faune locale en continuant notre avancée, c'est qu'on pouvais trouver des Stalgamin à cette altitude, mais vu l'heure qu'il est, ceux-ci sont probablement cachés dans les profondeurs de la grotte pour dormir tout en profitant des courants d'air glacé qui aident les plus jeunes à durcir la pointe de leur cape de glace.

Cependant, la traversée de la grotte ne ne nous as pas pris très longtemps vu la vitesse à laquelle il cavale. Faudrait limite que je revienne après coup si je veux pouvoir examiner ça plus en détail, parce qu'on finis par déboucher sur une grande plaine rocheuse au sol recouvert d'une fine pellicule de neige et à la végétation éparse. Le champion m'indique au loin la direction des geysers constituant la deuxième manche, et vu que j'ai réussi à tenir le rythme on peut dire que la première est un franc succès. Cependant je dois pas me reposer sur mes lauriers, parce que le véritable challenge ne fais que commencer. On arrive près d'un lac de montagne d'un bleu profond et recouvert d'une légère couche de brume à sa surface ondulant légèrement à chaque bourrasque de vent soufflant autour de nous. Le champion m'indique qu'on aura pas plusieurs essais pour l'épreuve et qu'on va devoir attendre que le geyser d'eau volcanique entre en éruption. Le plus dur sera de réussir à geler assez d'eau brûlante pour constituer la luge de la troisième épreuve à l'aide de nos pokémons, il faudra également faire attention aux Lippoutou qui vivent dans le coin, celles-ci usant de l'eau du lac pour leurs étranges rituels, tandis que la population locale de Beldeneige défendra de toute leur force l'accès aux mousses poussant sur les rivages du lac, celle-ci constituant une source de nourriture non négligeable pour leurs petits, c'est pourquoi on va précautionneusement contourner celui-ci et qu'il faudra également faire attention lorsque la redescente jusqu'à l'arène débutera.

Une fois à proximité du cratère des geysers, chacun fait appel à ses pokémons. Melba semble un peu surprise d'être là, la Lippoutou fixant le lac de montagne d'un air quelque peu suspicieux mais sans protester pour autant.
- Concentre-toi sur le geyser et préviens nous quand il va cracher, princesse. Bubblegum, Xerude, tenez vous prêts. Bubblegum, je veux que tu concentre toute l'eau du geyser en une seule colonne avec ton attaque Vent Violent, et toi Xerude tu commencera immédiatement à le geler avec Laser Glace pendant que Melba va combiner vos deux attaques avec Blizzard. fais-je dans un souffle, tandis que le champion donne lui aussi ses instructions à ses propres pokémons.

Tandis que de son côté, le champion avais ordonné à sa Nidoqueen de planter ses pattes dans le sol pour ressentir les vibrations du sol précédant l'éruption, je plaçais toute ma confiance dans les capacités de Prédiction de Melba, vu qu'on devais réussir à geler assez d'eau pour faire une luge assez solide pour qu'on tienne dessus mais pas trop lourde non plus pour qu'elle reste maniable.
Autour de nous, le vent continue de souffler et on peut apercevoir au loin l'une des colonies de Beldeneige tranquillement posés sur le rivage, mais ce n'est pas les seules espèces qu'on a pu observer après examen des images:

Tout en respectant une certaine distance, une horde composée de quatre Farfuret au pelage étonnamment clair et que j'ai dans un premier temps pris pour des pokémons chromatiques, jusqu'au moment où un gros zoom sur les images révéla qu'une grande Farfurex faisait partie du groupe, celle-ci étant agenouillée parmi eux pour boire l'eau du lac tandis que sa longue plume se balançait avec le vent pour sonder les alentours à l'affût d'une éventuelle attaque. C'était plutôt étrange, étant donné que cette variante de Farfuret avait tendance à préférer la solitude et à ne pas former de clan, mais les conditions de vie sur l'île étant radicalement différente de celle de sa terre d'origine, sans doute l'espèce avait-elle été forcée de cohabiter entre ses membres afin de mieux survivre?

Et de l'autre côté du lac, c'était une flopée de Flamenroules qui semblaient avoir fait escale dans le lac de montagne, la plupart étant totalement endormis et roulés sur eux-même, perchés sur une unique patte dans l'eau afin de conserver leur chaleur corporelle, tandis que certains d'entre eux montaient la garde ou fouillaient la vase de leurs larges becs afin d'en déloger les minuscules organismes dissimulés dedans tout en enseignant à leurs petits de faire de même, même si les poussins ressemblaient plus à des plumeaux ébouriffés qu'à autre chose à cause de leur duvet juvénile.

Cependant, cette scène apparemment paisible ne m'avais pas préparé aux embûches qui allaient jalonner la redescente. Car dès que les deux geysers devant lesquels nous nous trouvions commencèrent à vomir leur trombe d'eau, il n'était plus de temps de s'abandonner à la contemplation. Sans attendre, la Nidoqueen tira un des plus impressionnants Laser Glace qu'il m'avais été donné d'observer, mais de notre côté mes compagnons n'étaient pas en reste et exécutèrent parfaitement le plan qu'on avais concocté.

En deux temps trois mouvements, chacun avais réussi à geler un bloc de glace suffisamment épais pour servir de monture avant la redescente, même si leur apparence était radicalement opposée. Du côté du champion, celui-ci était massif et d'apparence lourde, tandis que de mon côté, les tourbillons de vent provoqués par mes compagnons avais donné à notre masse de glace la vague apparence d'un cigare fuselé par les bourrasques d'air qui avaient tôt fait de refroidir l'eau pourtant chauffée à l'extrême par les entrailles bouillonnantes du volcan.

Il était désormais temps de passer à la phase suivante du défi, tailler la glace afin qu'on puisse s'en servir lors de la course finale jusqu'à l'arène. Et à nouveau, le choix des pokémons pour lesquels j'avais opté n'était pas dû au hasard. En effet, on croirait pas à le voir comme ça mais Xerude n'est pas qu'une force de la nature qui déracine des poteaux téléphoniques, il est aussi capable d'une grande minutie malgré l'épaisseur de ses muscles, et son attaque Aiguisage combinée à sa Combo-Griffe devrait permettre de creuser la gangue de glace sans la faire voler en éclat, tandis que le Souffle Glacé de Melba permettrait d'en corriger les menues erreurs en terme de dosage de force. Quand à Bubblegum, il pourra épauler Melba dans les réparations en prenant son apparence et copiant ses pouvoirs pour éviter que celle-ci ne s'épuise trop.

De son côté, le champion usait des lames de son Insécateur, des poings de son Machopeur ainsi que des griffes et de la corne de sa Nidoqueen pour forer le bloc de manière extrêmement précise, les lames de l'insecte coupant dans la glace comme dans du beurre sur sa surface extérieure, tandis que le pokémon de type Combat réduisait en poudreuse la face du bloc qui allait les accueillir. Dans un sens, on avais chacun notre stratégie et notre style, j'avais préféré opter pour la finesse dès le départ tandis que mon adversaire avait préféré viser la sécurité, quitte à perdre du temps sur le moment où il pourrait user de sa luge, ou plutôt bobsleigh, vu l'apparence générale que prenaient nos blocs respectifs. Non, ce qui me posait souci, c'était plutôt comment on allais s'y prendre pour les diriger, parce que y'a clairement aucune rampe pour la descente là.