La réponse très axée sur la nourriture de ma collègue m’amuse, surtout car elle me permet de me rendre compte que je ne l’ai pas offensée tout à l’heure. En tout cas, je note que, si un jour je veux lui faire plaisir, passer par son estomac est une bonne option. C’est bien, ce n’est pas trop difficile au moins. Je note vite cette information dans un coin de ma tête, tout en me demandant si j’ai des informations similaires concernant mes autres nouveaux collègues. Pour le moment, je ne crois pas… Il faut que j’apprenne à mieux les connaître.
En tout cas, puisque l’ambiance est détendue, j’en profite pour chuchoter à Rei certaines de mes véritables envies dans le cadre du festival. Celles liées à mes frustrations d’enfance, aux sensations de désirs non-accomplis. Quelque chose me dit que, sur ce point, je peux me confier à elle. Et puis ce ne sont pas nos premières messes basses depuis le début de ce trajet. Ma collègue étant plus intelligente que moi, elle trouve facilement une solution à ma problématique. Je ne peux retenir le regard plein d’admiration que je lui adresse à la suite :

- Oh ouais, trop bonne idée d’exploiter les enfants !, … … … Ouhla ça sonnait super mal ça, non ?, l’admiration laisse place à l’auto-dérision. Heureusement qu’aucun public n’a entendu cette bourde, internet m’aurait bouffée toute crue !

Mon attention se concentre ensuite sur la fenêtre de la voiture et l’air du dehors que je suis curieuse de goûter. Avant, bien sûr, j’interroge ma collègue pour être certaine que ça ne la dérange pas. J’accueille sa précision sur la brosse avec un pouce en l’air et ignore le regard désapprobateur du garde du corps pour actionner la vitre et me prendre l’air en pleine face. Mes cheveux volent dans tous les sens, même si je prends garde à ce que ma longue couette blonde reste à l’intérieur de l’habitacle. Après avoir gratifié l’air d’un “wouhou” enthousiasme, je décris à Rei comme il est différent des montagnes de Johto, et surtout de celui de Volucité, à grand renfort de remarques sur la pollution de cette mégalopole unysienne. Je m’y revois, dans ces rues, quand j’étais enfant : j’aurais été bien incapable d’imaginer ma situation d’aujourd’hui.

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Lorsque nous approchons de la fin du trajet, je referme la vitre et emprunte la brosse de Rei pour me recoiffer. En quelques mouvements, puisque mon style est naturellement un peu ébouriffé, tout est revenu dans l’ordre. Je suis plutôt fière de ma capacité à me coiffer rapidement en toutes situations, c’est une de mes compétences de survie à moi.
La voiture finit par atteindre la mairie de Celestia, nous nous garons dans son parking souterrain pour que la voiture soit à l’abri. Je ne sais pas si des gens nous ont vu arriver. Toujours est-il qu’au sortir nous sommes salués par des agents du maire qui s’excusent de son absence car ce dernier est déjà au festival, en train de participer à son bon déroulé. Pas de soucis de mon côté, je comprends, et j’ai même hâte de m’y rendre. On nous explique que notre arrivée est annoncée sur le parvis de la mairie et que de nombreux fans sont déjà présents pour nous voir. Cela ne m’étonne pas que le travail commence d’emblée, je suis prête ! A peine sommes-nous sortis du parking que je laisse Spinner sortir de sa pokéball afin qu’il puisse apparaître en même temps que moi aux yeux du public. La mairie de Celestia est un petit bâtiment, dans lequel je ne vois pas trop d’où pourrait venir le danger, mais nos gardes du corps restent très sérieux dans leur mission en nous encadrant, Rei et moi, jusqu’à ce que les doubles portes extérieures s’ouvrent et que nous puissions sortir.

Je vois le public, bien sûr, et je ne manque pas de déjà les saluer de grands signes de main, mais ce que je remarque avant tout c’est que la mairie est située un peu en hauteur par rapport à l’endroit où se tient le festival - au centre de la ville si je me souviens bien - ce qui nous permet déjà de le voir de loin. Les stands, lampions et diverses décorations me font déjà rêver. Il s’en élève également des échos de musiques traditionnelles, par-delà le bruit de la foule qui s’est amassée pour nous voir. Avant que nous nous en approchions trop et soyons prises par nos obligations personnelles, je tend la tête vers Rei pour qu’elle puisse entendre mon :

- Ca a l’air trop bien !

Puis je m’avance à grands pas vers la foule afin de commencer des salutations directes, à serrer des mains, et échanger quelques mots avec ceux qui auront su m'interpeller par-dessus les autres. C’est toujours dommage, de ne pas pouvoir prendre quelques minutes avec tout le monde, mais c’est une réalité que j’ai vite apprise en devenant célèbre, même à travers un écran. On ne peut pas répondre à tous les commentaires, question de temps et de santé mentale. Déjà là, une jeune fille en échec scolaire me tient la main et me dit que je lui donne de l’espoir car je n’ai pas fait d’études, tout en précisant qu’elle n’a pas encore de pokémons, mais va s’y mettre. Une gamine en perdition, paumée, qui aurait bien besoin de plus que de mon image publique. Mais je ne peux pas lui dire, je n’en ai pas le temps, et le contexte ne se prête pas à ce qu’elle m’écoute. Alors je me contente de sourire, de lui souhaiter du courage, et de la gratifier d’une phrase bateau sur le lien qui l’unira à son futur premier pokémon, avant de passer à la personne suivante.
Pendant ce temps, mon kaorine amuse les enfants grâce à sa tête tournante. Eux, ce sont souvent les pokémons qu’ils préfèrent, alors il remplit bien son rôle !