L’aube est à peine levée lorsque je ferme la porte derrière nous, ce qui sonne le signal du départ pour notre petit groupe. La clarté commence à peine à envahir le village lorsque nous nous mettons en route, les deux garçons devant avec leurs pokémons et moi fermant la marche avec Escroco. Avec le soleil qui est hésitant à montrer le bout de son nez, je vais devoir faire attention où je mets les pieds si je ne veux pas trébuchée. Ça serait un peu débile, surtout que je transporte beaucoup de choses. Entre l’équipement nécessaire qui nous aient obligatoires, comme les torches et les pioches, les provisions et les sacs vides dans lesquels nous mettons nos petites trouvailles, je dois dire que je ne chaume pas. J’ai l’impression d’être une mule. D’ailleurs, à nous six, je suis persuadée que nous serons efficaces et il me tarde déjà de voir la tête de notre père lorsque nous serons de retour avec plein de minerais.

- Bon, Emily... j’imagine que tu vas encore vouloir faire une compétition pour savoir qui est le meilleur de nous trois ?
- Ah ! Et comment ! Je suis impatiente de vous faire mordre la poussière.
- Wouah, ne t’emballe pas trop. Avec Samuel, nous allons te mettre la racler que tu mérites.

Mon frère Jacob a toujours beaucoup apprécié d’être charrié et il ne refuse jamais un défi que je lui lance. Il lui arrive même souvent de m’en lancer un avant que j’en ai eu le temps, comme c’est le cas maintenant. Il a un sens de l’humour différent du reste de ma famille et j’ai un peu plus d’affinité avec lui, en général. J’apprécie énormément sa bonne humeur et son enthousiasme, ce qui fait que je suis encore plus impatiente à l’idée de travailler avec lui. De l’autre côté, il y a Samuel qui se montre plus discret, plus réservé, mais beaucoup plus attentif et protecteur qui ne le laisse paraitre. En tant qu’ainé, il ressent le besoin de surveiller ses frères et sœurs malgré qu’il ne puisse pas avoir des yeux partout. Et puis, maintenant que nous sommes tous grands et capables d’êtres indépendants, on pourrait croire qu’il se soit calmer là-dessus avec les années, mais ce n’est pas du tout le cas. Bien que je le trouve un peu collant parfois à toujours vouloir savoir ce que je suis en train de faire, on s’entend quand même bien.

- De toute façon, vos pokémons ne peuvent pas rivaliser avec le talent d’Escroco. Il aura déjà creuser un tunnel quand les votre seront encore occupés à fracasser le premier caillou qu’on trouvera.
- Hey, retire ça tout de suite ! Je t’interdis d’insulter Chapignon.

Notre groupe avançait à un bon rythme jusque-là, mais maintenant que Jacob veut en découdre, Samuel est obligé de s’arrêter à contrecoeur. En compagnie de son Gallame, ils regardent les plus jeunes se courir après tout en se chamaillant, complètement déconnecté de leur comportement enfantin. Ils commencent à en avoir l’habitude, mais parfois, ils doivent admettre que c’est plutôt lassant.

Le trajet jusqu’à la mine s’éternise un peu à cause des deux zigotos qui se chamaillent et qui ralentisse le rythme du groupe entier. Patient, Samuel ne dit rien quant à leurs comportements, mais il doit se retenir de ne pas pousser un soupir de soulagement en arrivant à l’entrée de la grotte. Ça y est, ils sont arrivés à destination. Toutefois, il y a quelque chose qui cloche. Les lieux ont l’habitude d’êtres déserts, surtout à cette heure-ci alors que le soleil commence à peine à apparaitre au-dessus de la cime des arbres, mais aujourd’hui c’est bien différent. Plusieurs hommes s’affèrent déjà à s’équiper de masques et de pioches et tout le monde semble motiver à aller miner dans l’obscurité du tunnel. C’est assez inhabituel tout ça, cette mine est loin d’être la seule accessible aux villageois et on dirait bien que tout le monde est venu ici ce matin. Y aurait-il un filon important quelque part dans les parages ?

Intrigué, Samuel ne perd pas de temps à s’avancer malgré les regards qui dérivent bientôt sur la fratrie qui vient d’arriver. Malgré qu’ils viennent ici presque quotidiennement, ils ont l’impression d’êtres des intrus dans toute cette agitation et leur présence ne passe pas inaperçu bien longtemps.

- Hey, pas si vite, jeunes gens. Où croyez-vous aller comme ça ?

Un vieillard ne tarde pas à les interpeler, un peu à l’écart des mineurs qui s’agitent devant l’entrée de la grotte. Le crane dégarni et des poils blancs apparaissant sur son menton, ce dernier boite maladroitement vers nous, comme s’il avait l’intention de nous réprimander. Les sourcils froncés, il parait encore plus vénère à cause de ses nombreuses rides qui recouvre son visage. Je connais ce vieil homme, il est l’un des doyens du village et bien qu’il était mineur à l’époque, il a pris sa retraite depuis quelques années déjà, sa santé physique ne lui permettant plus de creuser comme avant. D’ailleurs, je suis surprise qu’il ne nous reconnaisse pas, puisqu’il connait très bien notre père.

- Bonjour monsieur. Nous sommes les enfants de monsieur Keighan. Nous sommes seulement venu miner, comme nous avons toujours eu l’habitude de le faire.
- Ah oui, maintenant que tu le dis...

Naturellement, Jacob et moi laissons notre frère Samuel s’entretenir avec le vieil homme et ce dernier semble se détendre rapidement après nous avoir observé d’un peu plus près. Sa vision semble s’être détérioré depuis la dernière fois que nous l’avons vu, mais nous avons évité le pire. Puis, étonnamment, il nous demande des nouvelles de notre père dont s’empresse de répondre l’ainé et on peut vite fait apercevoir de la tristesse dans les yeux du vieil homme. Notre père n’a plus l’énergie d’autrefois lui non plus et il a du mal à laisser la mine de côté pour se consacrer à autre chose. J’ai l’impression que les mineurs sont obligés de se retirer tôt dans leur carrière, le froid et l’obscurité doit avoir raison d’eux plus rapidement que les bucherons qui peuvent se la couler douce au soleil. Parfois, il m’arrive de les envier.

Ensuite, il y a un léger instant d’inconfort, ou de malaise. Je ne saurais pas trop comment le décrire personnellement, mais je dois dire que je n’ai qu’une envie de me cacher sous terre, car le vieillard essaie tant bien que mal de se souvenir de nos prénoms. Je ne sais pas pourquoi c’est nécessaire, surtout qu’il nous a reconnu. À quoi ça l’avancerait de nous appeler par nos prénoms respectifs ? Sans doute ressentirait-il une certaine fierté, mais sans plus. L’exercice semble plus difficile que prévu et malgré l’aide de Samuel, il fini par lâcher prise en secouant la tête.

- Hmmm... ma mémoire n’est plus ce qu’elle était.

Le vieil homme est visible irrité et déçu, mais il n’insiste pas. Après nous avoir regardé une dernière fois, il détourne ensuite la tête, comme s’il cherchait à fuir nos regards.

- Je vous prie de m’excuser tous les trois, je vois beaucoup de personnes circuler depuis l’annonce du chef et j’en ai oublié les habitués qui venaient ici régulièrement. J’essaie de m’assurer que tout se passe bien et qu’il n’y ait pas de blesser dans les tunnels.
- C’est tout à votre honneur.
- Arf, je ne fais que mon travail. Je ne peux plus miner depuis bien longtemps, alors si je peux venir en aide aux autres... je le fais.

C’est bien beau tout ça, mais je crois qu’il est temps pour nous de nous mettre au travail. Je ne suis pas très patiente et il me tarde de pouvoir me défouler avec ma pioche et Escroco qui attend toujours à mes côtés. D’un léger coup de coude, je fais savoir à Jacob que je suis prête à me remettre à me remettre en route et suite à un bref regard de la part de Samuel, nous saluons le vieil homme pour nous diriger vers l’entrée du tunnel. Cependant, nous n’avons même pas le temps de faire trois pas que ce dernier nous interpelle une nouvelle fois.

- J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez. Il y a beaucoup de mineurs en ce moment et la compétition est rude à ce qui parait. Tout le monde veut faire plaisir au chef en rapportant les plus beaux minerais.
- Nous verrons rapidement si les dieux sont de notre côté ou non. Nous allons travailler comme d’habitude.

Samuel lui adresse un dernier signe de la main et notre petit groupe disparait enfin dans l’obscurité de la montagne après avoir pris le temps d’allumer nos torches respectives. Nous ne pourrions pas miner sans elles. Quelques pas plus tard, je commence à peine à sentir le froid et l’humidité de la grotte que je sens une nouvelle énergie m’envahir d’un coup, comme revigorée et prête à me dépenser. Je suis vraiment trop impatiente de montrer à mes frères à quel point je suis motivée et déterminée à accomplir ma part dans la construction de cette statue.

Gonflés à bloc, nous continuons d’avancer jusqu’à ce que la dernière lueur de l’extérieur disparaisse dernière nous et nous devenons alors complètement dépendants de nos torches. La première chose qui me surprend est le bruit ambiant qui circule dans les tunnels. En temps normal, tout en très silencieux ici et on peut vite fait entendre l’écho des martèlements de pioche des autres mineurs qui se trouvent plus loin, mais aujourd’hui c’est différent. Il y avait déjà beaucoup d’agitation à l’extérieur et même en continuant de s’enfoncer dans la grotte, nous continuons d’entendre des voix et des conversations en tout genre. Nous ne croisons personne qui revient en sens inverse, mais il y a tellement de passages qu’on pourrait passer à quelques mètres d’un autre mineur sans forcément le voir.

Normalement, la montagne est un refuge où personnellement je me sens bien lorsque je ressens l’envie ou le besoin de m’écarter du reste de ma famille et le fait d’y croiser beaucoup de gens m’exaspère un peu. Je n’ai pas l’impression d’être chez moi en ce moment. Je crains de ne pas apprécier les prochaines heures, même si je rêvais de pouvoir écraser ma pioche contre des rochers. Je vais devoir prendre mon mal en patience, mais je ne peux pas en dire autant pour mes frères.

- Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde dans les grottes. C’est possible qu’ils soient tous là juste pour la statue ?
- Il faut croire que oui...

Je crois que nous espérions tous avoir un peu de calme pour pouvoir réfléchir en toute tranquillité, mais il semblerait bien que ça ne sera pas possible cette fois-ci. Si nous étions tous énervés à l’extérieur et que nous avions un surplus d’énergie à dépenser, Jacob et moi nous sommes bien calmés depuis que nous avons un plafond au-dessus de la tête. De nouveau silencieux, notre petit groupe continue sa progression et nous passons dans des tunnels qui semblent déjà avoir été fouillé vu toutes les marques et les entailles que nous pouvons voir sur les murs. Il n’y a pas de trace de minerai quelconque, mais il y a clairement eu du passage humain récemment.

- Bon... nous allons devoir continuer à marcher et nous enfoncer encore plus profondément dans la grotte. Si l’un d’entre vous commence à fatiguer, vous me le dites tout de suite, d’accord ?

D’un hochement de tête presque synchronisé, Samuel et moi approuvons ses paroles. Nous savons tous qu’il est risquer de miner en profondeur à cause du manque d’oxygène et nous avons déjà tous été formé part notre père sur les premiers symptômes qui peuvent se pointer lorsque nous sommes en hypoxie. À partir de maintenant, il va nous falloir faire doublement attention.

Les flammes de nos torches qui commencent à vaciller sont un bon indicatif de l’état du tunnel. Il semblerait qu’il y ait de moins en moins d’oxygène et nous risquons de nous retrouver bloquer si nous ne pouvons pas avancer plus. Dès que notre source de lumière sera sur le point de s’éteindre pour de bon, il faudra s’arrêter car nous serons alors complètement aveugle et au cœur d’un environnement hostile. Nous n’avons aucun pokémon feu pour nous aider à garder nos torches vives et lumineuses plus longtemps comme certains autres mineurs, donc il faut se montrer réaliste et rester plus proche de la sortie. Cela ne nous a jamais empêché de mettre la main sur de gros minerais, même si la qualité est plus importante que le poids.

- Je pense qu’on peut s’arrêter ici. On risque de perdre les torches si on continue d’avancer et je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu beaucoup de passage ici dernièrement. Avec un peu de chance, on trouvera peut-être un bon fillon.

Cette section du tunnel est assez large et bien haute de plafond, nous devrions y être à l’aise pour y travailler longtemps. Sans plus tarder, mes frères s’occupent de fixer les torches à la paroi rocheuse et bien qu’elles illuminent beaucoup moins qu’au départ, nos yeux se sont tout de même habitués à la noirceur. Je suis prête à me mettre au travail !

Rapidement, nos pokémons se mettent en position pour pouvoir nous aider. Gallame utilise ses lames afin de tailler la roche et tout juste derrière lui, Chapignon utilise son crâne endurci pour dégager les cailloux qui viendraient se mettre entre nos pattes. De son côté, Escroco se contente de creuser dans la paroi rocheuse du tunnel. Étant le seul pokémon sol du groupe, il a bien l’intention de mettre les bouchées doubles pour donner du taff supplémentaire aux autres. Je ne peux pas lui en vouloir pour ça, compétitive moi-même, j’espère bien ressortir de la grotte avec le plus de minerai possible. Mes frères ont toujours été efficaces dans leur travail, mais je ne peux m’empêcher de vouloir leur montrer que je suis la meilleure.

À partir de là, plus personne ne parle et le bruit de nos pioches frappant la roche se fait entendre de façon répétitive. Maintenant, tout le monde sait que nous sommes là, mais il semblerait qu’on soit tellement loin des autres groupes de mineurs que je serais surprise qu’ils nous entendent. Avec mon outil, je donne tout ce que j’ai pour essayer de dégager un caillou assez conséquent de la paroi rocheuse. Lorsque je crois avoir trouvé quelque chose, je m’approche de la lumière des torches avec ma trouvaille pour constater que ce n’est que du vulgaire calcaire ou du gravier sans intérêt. Je ne dois pas perdre espoir, il y a forcément du métal dans le coin ou des pierres précieuses qui pourraient nous rapporter beaucoup d’argent, sans oublier l’or et l’argent qui sont bien apprécier des joaillers.

Comme prévu, nous passons un long moment dans la grotte à taper et à fouiller partout. De longues minutes s’écoulent avant que notre groupe puisse mettre la main sur quelque chose d’intéressant et il s’avère que c’est Gallame qui a eu les meilleurs yeux sur ce coup-là. Nous ne savons pas encore de quoi il s’agit, mais la pierre est lisse, froide et dure au toucher. Elle n’est pas cassable ou friable comme le reste une pierre poreuse. Je pense fortement que cela doit être une pierre précieuse qui ne demande qu’à être polie pour pouvoir briller de mille feux, mais nous en aurons la confirmation une fois qu’on sera sorti d’ici. Avec la lumière du soleil nous devrions être en mesure de voir son aspect général ainsi que sa couleur, mais dans les profondeurs de la grotte, difficile de dire à quoi elle ressemble vraiment. C’est toujours excitant de rentrer à la maison avec nos trouvailles puisque nous ne savons jamais ce que nous avons trouvé. Cela peut être de la camelote comme de vrais minerais rares.

De mon côté, j’ai aussi trouver un bout de caillou qui est vraiment très lourd, rien à voir avec les autres que j’ai soupesé pour pouvoir les comparer. Il est assez rugueux et semble être bien foncé même en l’approchant de la lumière des torches, mais sa pesanteur me laisse croire qu’il s’agit d’un métal. Je ne sais pas encore de quel exactement, pour cela il faudra le nettoyer et le raffiner, mais ça pourrait nous aider avec la statue. Excitée, je montre ma trouvaille à mes deux frères qui me disent tout le deux de garder ce caillou en sureté en attendant que l’on rentre. Il ne faudrait quand même pas le perdre dans le noir.

Au bout de quelques heures, notre unique sac en tissu est assez rempli et je commence déjà à avoir du mal à le porter tellement il est pesant. Je crains de ne pas être capable de le rapporter si nous continuons à le remplir comme ça. Ça nous apprendra à n’en apporter qu’un seul.

- Bon, je pense que nous avons fait une assez bonne récolte pour aujourd’hui. Vous en pensez quoi ?

Sans surprise, mes deux frères acquiescent et tout le monde commence alors à récupérer ses effets personnels. Après s’être assuré une dernière fois de n’avoir rien oublié, nous entamons le chemin du retour avec nos torches qui commencent à avoir beaucoup de mal à rester allumé. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes dans l’obscurité, mais je ne serais pas surprise de voir qu’il fait nuit lorsque nous serons sorti d’ici. Mon estomac gronde depuis un petit moment déjà malgré que j’ai pris le temps de manger un morceau ce matin et nous avons épuisé les quelques provisions que nous avions avec nous. Cela doit donc faire plusieurs heures que nous sommes là à piocher et j’espère que cette récolte en aura valu la peine. Avec un peu de chance, nous pourrons revenir plus tard si la journée n’est pas autant avancée que je le crois ou sinon ça ira à demain. Je serais étonnée que nous soyons encore en matinée, mais sait-on jamais.

Plus nous approchons de la sortie et plus la lumière du soleil nous éblouie. Apparemment, il n’est pas aussi tard que je le croyais et nous devons être en milieu voir fin d’après-midi. C’est donc normal si je sens mon estomac grondé depuis un petit moment déjà, cela me rassure. Avec une main devant les yeux, j’essaie tant bien que mal de m’habituer à la clarté de l’extérieur et je vais surement devoir rester ici quelques minutes le temps de pouvoir voir quelque chose sans pleurer. Je ne sais pas si mes frères sont aussi sensibles que moi à ce niveau-là, mais j’ai l’habitude d’être retardée à ma sortie de la grotte. Ce n’est pas comme si le forgeron attendait impatiemment notre livraison. En attendant, Samuel et Jacob se mettent à discuter pour passer le temps, eux aussi toujours avec une main devant les yeux. Nos pokémons se montrent patients et ne disent rien, mais ils ne semblent pas autant affectés que nous par la lumière éblouissante. Ils sont sans doute plus résistants que nous.

Toutefois, alors que nous ne faisions pas trop attention à ce qui nous entoure, le regard de Samuel se pose sur une silhouette au loin qui lui est familière. Intrigué, il nous fait signe de regarder aussi pour s’assurer qu’il ne s’agirait pas de notre petit frère, car de loin, il lui ressemble vachement. Tout en fronçant les sourcils, je dirige mes yeux vers l’endroit indiqué par mon frère et je constate qu’il y a un jeune homme là-bas aux cheveux gris. Je ne suis pas en mesure de voir les traits de son visage, mais de dos comme ça, on dirait bien que c’est William. Ce dernier est visiblement en train de discuter avec un autre homme plus âgé et bien musclé. Je peux voir le visage de celui-ci et je suis surprise de constater que cet homme ne me dit rien. Les cheveux légèrement en bataille, une barbe mal rasée, le teint pâle... on dirait bien que c’est un mineur aussi. Je croyais connaitre tous les habitants du village, mais il semblerait bien que je me sois trompée.

Depuis notre position, on dirait que notre frère est en train de marchander quelque chose, puisque nous voyons son interlocuteur froncer les sourcils et secouer la tête de temps à autre. Je ne sais vraiment pas ce qui se passe. Et puis, pourquoi serait-il en train de discuter avec un inconnu juste devant l’entrée de la grotte ? William est bien la seule personne de la famille qui ne mine pas, contrairement aux traditions familiales. Il dit que l’obscurité est mauvaise pour la peau ainsi que pour sa santé mentale, alors il préfère ratisser les rivières autour du village pour tenter d’y trouver de l’eau. Son travail est long et sans intérêt puisque les pépites d’or restent une ressource extrêmement rares et bien qu’il en est déjà trouver et qu’elles ont rapporté pas mal d’argent, il ne faut jamais les considérer comme acquise car il peut passer une long moment sans en trouver une seule. Personne ne comprend sa façon de raisonner, mais aucun de nous n’a encore oser se mettre en travers de son chemin.

Mes frères et moi nous sentons de plus en plus concerner par cette affaire. Il nous tarde de voir l’homme partir pour pouvoir discuter avec notre petit frère, car mon petit doigt me dit qu’il est encore en train de s’attirer des ennuis. Ça ne serait pas vraiment surprenant venant de sa part.