À peine de retour à la maison, je sens déjà que l’atmosphère est différente que lors de mon départ. J’ai l’impression que tout le monde est agité et de loin, je vois déjà les deux pokémons de mes parents qui semblent se chamailler dans le jardin. D’un côté, il y a le grand Nidoking de mon père qui semble râler en donnant parfois des coups de pied sur le sol et en face de lui, se trouve le Majaspic de ma mère qui se contente d’écouter son homologue. Je ne sais pas trop ce qu’ils sont en train de se dire, mais on dirait que les pokémons subissent la même confusion que leurs propriétaires.

- Hey vous deux. Qu’est-ce que vous faites là ? Où sont passés les autres ?

Par les autres, je fais surtout allusion à mes parents et à mes autres frères et sœur. Ceux-ci devaient êtres présents sur la place lors de l’annonce et le fait de voir leurs pokémons à la maison me confirme qu’ils sont de retour. Ils doivent forcément êtres dans la maison. Néanmoins, le duo me coule un regard en coin comme si je venais de les déranger. Leur conversation était-elle si importante que ça ? En soit, Nidoking a toujours été un peu impulsif et colérique, je ne suis donc pas étonnée de le voir dans un tel état. Majaspic, lui, a toujours été plus calme et posé. Il essaie surement d’apaiser les tensions en écoutant le type poison et avec un peu de chance, celui-ci réussira à se calmer rapidement.

- D’accord, excusez-moi. Faites comme si je n’étais pas là.

Puis, je m’éloigne en direction de la maison sans leur adresser un dernier regard. Je crois qu’il vaut mieux se barrer avant d’attirer davantage l’attention, surtout que tout le monde est tendu en ce moment et que c’est un peu chiant. De son côté, Escroco en profite pour tenter de subtiliser quelques informations à ses deux complices, mais ceux-ci ne portent pas une grande attention au rejeton. Dans l’ensemble, il en vient à la conclusion qu’ils sentent que quelque chose ne va pas et que l’attroupement massif d’humain sur la place n’est signe que d’un mauvais présage. Contrairement à eux, le crocodile ne croit pas que les humains se sont légués contre eux ou autre chose du genre, mais il doit admettre que cela faisait un peu peur de voir autant de gens regrouper au même endroit. Intrigué, il décide de rester sur place en attendant le retour de sa dresseuse.

- Père ? Mère ? Vous êtes là ?

Une fois entrer dans la maison, je suis tout de suite alertée par l’ambiance qui règne à l’intérieur. Des bruits de pas précipiter, des objets que l’on déplace contre le sol, le bruit des ustensiles qui s’entrechoque... on dirait presque que le chaos a élu domicile ici. Inquiète, je franchis rapidement le seuil pour débouler dans la cuisine où je découvre les deux pokémons des mes frères ainés, Balignon et Gallame. Les deux semblent êtres en train de ranger la cuisine mais ils ont l’air tout les deux étonnés de me voir arriver. Étaient-ils en train de faire autre chose ?

Je suis tellement étonnée de les voir là que nous restons tous les trois plantés là pendant un moment, à se dévisager les uns les autres. On dirait presque que j’ai pris les deux pokémons avec la patte dans le sac. Le fait qu’ils soient là me rassure sur le point où leur présence signifie que mes deux frères ne sont pas loin et ils pourront surement me dire ce qui se passe ici. Il faudrait d’abord que je les trouve. Je ne sais pas pendant combien de temps nous restons là à nous regarder, mais cela me parait être une éternité. Puis, au moment où je m’apprête à dire quelque chose, j’entends des bruits de pas qui se rapproche et mon père ne tarde pas à apparaitre dans la cuisine depuis le cadre de porte qui mène à sa chambre. Que pouvait-il bien faire là-bas ?

- Père ? Que se passe-t-il ici ? Où sont Jacob et Samuel ?
- Oh, Emily. Ça tombe bien que tu sois là. Nous nous demandions où tu étais passée.
- William est venue me chercher sur le chemin de la mine et nous avons assisté ensemble à l’annonce faite par le chef. Pourquoi remuez-vous ciel et terre dans la maison ?

D’un coup, le visage de mon père devient grave et je le vois baisser les yeux, comme s’il avait honte de quelque chose. Il reste silencieux pendant quelques secondes et je sens ma patience être mise à rude épreuve. Je n’aime pas que l’on me fasse poireauter comme ça, peu importe la raison qui empêche mon paternel de s’exprimer.

- Tu étais présente lors de l’annonce, alors tu es déjà au courant de ce qui va se passer dans le village pour les prochaines semaines. Je ne te cache pas que les temps seront durs pour tout le monde. En tant que mineur, nous avons une responsabilité dans cette guerre et nous devons rapporter le plus de métaux possible pour confectionner le socle de la statue.

Il s’arrête un moment pour jeter un œil aux deux autres pokémons qui se trouvent aussi dans la cuisine et voyant le regard de l’homme sur eux, ceux-ci reprennent vivement leurs activités, faisant mine de ne pas nous écouter.

- Je me fais vieux et je ne peux plus aller miner comme avant. Je sais que vous, mes enfants, vous me rendrez fier en y allant, mais... avec ta mère, nous avons eu une idée. Ça ne m’enchante pas vraiment de faire ça, mais nous allons tous devoir faire des sacrifices.

Où veut-il en venir exactement ? Des sacrifices ? Nous avons déjà assez souffert comme ça et je ne pense pas que le chef sous-entendait ce genre de chose lors de son annonce. Certes nous allons devoir travailler plus fort qu’à la normal, nous allons êtres fatigués et épuisés à force de bosser, mais c’est un coup à donner pour ensuite être pleinement satisfait de notre travail. Si tout le monde met du sien, la charge de travail globale sera réduite et chacun trouvera son compte. Pourquoi mon père parle-t-il comme si nous allions perdre quelqu’un ?

Dans la maison, le bruit continue sans que je puisse comprendre ce qui se passe. Il y a d’autres personnes qui semblent tout remuer sur leur passage, mais à part mon père et moi, il n’y a personne d’autre dans la cuisine. Il doit forcément s’agir de mes frères puisque leurs pokémons sont juste là ou bien il s’agit peut-être de ma mère. Elle ne doit pas être loin non plus car son Majaspic est toujours dehors en train d’essayer de calmer Nidoking. D’ailleurs, cela leur couterait cher de m’expliquer tout ce bordel ? Pourquoi tout le monde semble occupé à fouiller chaque petit recoin de la maison ? Pourquoi mon père semble-t-il triste et à la fois dévasté ? Je commence sérieusement à me demander s’il n’y a pas eu un autre deuil dans le village depuis ce matin.

Puis, je remarque enfin que mon paternel a le bras droit légèrement redressé et le poids fermer, comme s’il tenait quelque chose à l’intérieur et qu’il ne voudrait pas s’en séparer. Dès que j’en fais mention en le pointant légèrement du doigt, l’homme baisse de nouveau la tête, penaud.

- Quand je parlais de sacrifices, je parlais de ça.

Cessant le suspense à mon plus grand soulagement, il ouvre alors les doigts pour dévoiler trois bagues argentées qui me semblent bien familière. L’une d’entre elle est ornée d’une magnifique pierre rouge, probablement un rubis et il me semble qu’elle appartenait à ma mère. Pourquoi l’a-t-il dans les mains ?

- Nos bijoux de famille ?
- Malgré qu’ils soient tous très importants pour nous et que nous nous les transmettons de génération en génération, j’ai bien peur que toute bonne chose ait une fin. Après tout, dans la vie... il faut savoir dire au revoir.

Je ne comprends pas trop où il veut en venir. Il veut se départir de ses objets de valeur ? À ma connaissance nous ne manquons pas d’argent, alors pour quoi faire ?

- En faisant fondre ces bijoux, nous obtiendrons du métal de très bonne qualité. Les forgerons pourront nous les racheter à un bon prix afin de poursuivre la construction de la statue.

Donc à défaut d’aller miner, il préfère vendre ses bijoux ? Je trouve ça honteux. Je peux comprendre qu’il peut moins se déplacer et qu’il compte sur nous pour ramener du minerais à sa place, mais quand même... Je ne suis clairement pas la plus grande fan de babioles qui brille, mais je sais à quel point ce genre de chose peut être important pour certains, surtout quand cela touche à la famille. Je doute que mère serait d’accord, bien qu’il ose prétendre que l’idée vient en partie d’elle. Elle le fait surement par obligation, pas par choix.

Je n’arrive pas à croire que mes parents ont élaboré ce plan tout juste après l’annonce du chef. Notre famille est-elle si désespérée que ça ? Je n’ai pas l’impression qu’il s’agit d’une compétition parmi les habitants, nous devons tous travailler dans un but commun qui est de construire une statue, pas de prouver quoique ce soit en apportant le plus de matériaux possibles. J’imagine que c’est surtout une question d’honneur pour notre famille, mais mon père craint-il tant que ça les jugements des autres ?

- Je ne pense pas que ça soit une bonne idée.

Devant le doute de sa fille, l’homme se redresse vivement et il plonge alors son regard dans le mien, comme s’il essayait de me faire entendre raison. Au bout de quelques secondes, je le vois froncer les sourcils et son air devient encore plus grave qu’il ne l’était déjà. On dirait que je viens d’insulter ses ancêtres en ayant seulement confié mes doutes à voix haute. Sans perdre davantage de temps, il range ensuite les bagues dans un petit sac, comme si le fais de les faire disparaitre de ma vue règlerait tous ses problèmes.

- Ouais, bah... c’est pas toi qui décide.
- Nos bijoux de famille sont importants. Quand la statue sera terminée et que nous n’aurons plus rien de précieux, tu regretteras ta décision.
- Emily, je n’ai pas demandé ton avis. Je suis ton père et je crois que je suis mieux placer que toi pour prendre les meilleurs décisions possibles quand il s’agit de notre famille.

Perplexe, je hausse un sourcil tout en croisant mes bras contre ma poitrine. Il regrettera, je le sais, ce n’est qu’une question de temps. Et puis, si ce n’est pas lui qui regrette, ce sera surement ma mère. À quoi bon faire fondre des héritages familiaux depuis des générations qui nous donneront que quelques grammes de métal ? Il sera surement pur vu toutes les étapes par lequel il est passé pour confectionner une bague, mais il est possible d’en trouver du tout aussi bien dans les mines. Mon père ne peut peut-être plus miner comme avant, mais nous sommes cinq enfants dans la famille, nous pouvons largement nous entraider pour ramener le plus de minerai possible. Si tout le monde se motive, nous y arriverons. Je ne comprends vraiment pas pourquoi il parle de sacrifice.

Puis, sans plus attendre, l’homme repart pour éviter d’avoir à monté le ton pour se faire entendre. Il n’a jamais aimer les confrontations. Je n’ai pas non plus envie d’insister puisque je m’en fou s’ils perdent tous leurs bijoux, au final. Je dois être la seule de la famille à ne pas avoir de babiole brillante, donc en soit je n’ai rien à perdre au niveau matériel. Tant pis pour eux, mais qu’ils ne viennent pas pleurnicher lorsque le mal sera fait. D’ailleurs, si mes parents sont en train de retourner la maison de fond en comble actuellement, que font mes frères et sœur pendant ce temps ?

Le bruit de la coutellerie qui s’entrechoque a rapidement fait de me faire sortir de mes pensées. De retour dans la réalité, je cligne des yeux plusieurs fois pour tenter de reprendre mes esprits et je me tourne en direction de la source du bruit qui s’avère provenir des deux pokémons de mes frères qui sont toujours occupés à vider les tiroirs de la cuisine. Sont-ils vraiment en train de chercher des ustensiles afin de les faire fondre ? Je ne suis pas certaine qu’ils obtiendront du bon métal en faisant ça. Si mes soupçons sont réels, je crains que les dieux soient vexés de recevoir un tel cadeau de notre clan. Nous devons leur donner ce qu’il y a de mieux pour qu’ils nous accordent leur pardon, mais ce n’est pas moi qui serais en mesure d’arrêter les créatures plongées dans leur travail. Il faudrait d’abord que je trouve mes frères.

À la fois confuse et énervée face à cette situation, je me dirige plus loin dans la maison en espérant tomber sur quelqu’un d’autre que mes parents. Je crois que ma mère tiendrait un discours similaire que celui de mon père et cela aurait le don de m’énerver davantage. J’évite donc de trop m’approcher de leur chambre pour ne pas les croiser car j’entends qu’ils s’affèrent à l’intérieur, mais tout me semble bien tranquille dans le reste de la maison. À l’exception de la cuisine, on dirait qu’il n’y a personne d’autre. C’est bien étrange tout ça. Intriguée, je décide donc de ressortir de la maison mais par l’arrière cette fois-ci pour atteindre le jardin. Si ça se trouve, il y aura quelqu’un.

- Tiens, vous voilà vous deux. Je vous cherchais.

Je dois admettre que je suis soulagée d’y trouver mes deux frères ainés, les dresseurs respectifs de Gallame et Balignon qui s’affèrent encore dans la cuisine. Surpris de me voir débarquer, ils se tournent dans ma direction et ce n’est que là que j’aperçois une pioche dans les mains de l’un d’entre eux.

- Le retour de notre petite sœur adorée ! se moque-t-il. Si tu es là, j’imagine que William a donc réussi sa mission.

Tout en rigolant, je crois comprendre qu’il fait référence au moment où ce dernier est venu me chercher pour ne pas rater l’annonce du chef. Sans lui, je serais surement passer à côté et j’aurais passer la journée à miner dans les ténèbres comme j’ai l’habitude de le faire à longueur de semaine.

- Ouais, c’est ça... Qu’est-ce que vous faites là ? Pourquoi vos pokémons sont-ils en train de foutre le bordel dans la cuisine ?

Les deux frères ne se regardent même pas, leurs regards étant dirigés vers moi. Je crois comprendre qu’ils aident nos parents à trouver du métal facile d’accès dans la maison, mais de les voir dans le jardin en train de manipuler une piocher... j’avoue que je m’interroge. Auraient-ils élaborés un plan différent de celui de nos parents afin d’apporter notre pierre à la statue ?

Sans surprise, mes frères me confirment qu’ils étaient tout les deux en train de chercher des bijoux, mais que cela les a rapidement saoulé. Je suis étonnée qu’ils aient accepté le plan de nos parents, mais tout comme moi, ils ont trouvé cela absurde et c’est pour cela qu’ils sont sortis de la maison pour ne plus les entendre. Si le plus vieux a essayé de les convaincre d’arrêter, tout comme j’ai fait, ceux-ci n’ont rien écouté et ont même pris leurs pokémons en otage pour les aider dans leurs tâches. C’est pour cela que Balignon et Gallame remue ciel et terre dans la cuisine.

- Je n’arrive pas à croire qu’ils aient décider de faire ça... ça ne servira à rien et ça rendra mère malheureuse plus tard.
- Ouais, mais bon... ils sont convaincus que c’est la meilleure solution, alors on ne peut rien faire. Par contre, que je ne vienne pas les entendre râler quand la situation sera revenue à la normale dans le village.

Je suis d’accord, si je les entends se plaindre, je sens que je vais m’énerver. Faire fondre nos bijoux familiaux nous fera gagner que quelques grammes de métal, certes propre, mais ça reste peu pour construire une statue. Nous ferions mieux de juste aller miner et voir de passer plus de temps qu’à l’habitude dans l’obscurité pour essayer de remonter le plus de minerai possible. Dans le pire des cas, nous donnons trop de matériel aux forgerons qui seront alors débordés à cause de nous, mais au moins, nous n’aurons rien à nous reprocher. Il faudrait que j’en parle à mes frères d’abord.

- Que faites-vous avec cette pioche ? Ne me dites pas que vous allez la faire fondre, elle aussi.

Mon commentaire fait éclater de rires mes deux frères qui doivent prendre un petit moment pour reprendre leurs esprits.

- Oh non. J’étais sur le point de la polir un peu car dès demain, avec Samuel, nous partons miner ensemble. Nous aimerons leur prouver que nous sommes capables de rapporter beaucoup de fer et de satisfaire tout le village. Tu voudrais venir avec nous ?
- Carrément. Je demande que ça d’aller miner.

Ensemble et avec nos pokémons, nous devrions êtres en mesure de bien travailler. Je suis contente d’entendre qu’ils s’apprêtent à aller bosser pour tenter de renverser la vapeur et malgré moi, je ne comprends pas d’où vient ce soudain besoin de métaux. Je veux dire... nous minons tous les jours, nous rapportons ce que nous trouvons aux forgerons et personne ne s’en déjà plaint de notre rendement. Nous ne sommes pas non plus la seule famille de mineur du village, il y en a beaucoup d’autres qui s’aventure dans les mines quotidiennement. Nos trouvailles permettent de créer des bijoux, des armes, des outils et parfois des maisons, alors je ne comprends pas comment la demande a pu exploser d’un coup. Certes le chef nous demande de construire une statue, mais a-t-elle besoin d’avoir autant de métal sur elle ?

J’avais déjà la ferme intention de retourner dans les mines dès le lendemain matin aux premières lueurs de l’aube et je dois avouer que je suis plutôt contente que mes frères m’aient demandé de les accompagner. Je ne rechigne pas à l’idée d’aller bosser toute seule avec Escroco, mais il est vrai que c’est toujours plus agréable d’y aller à plusieurs. Et puis, je m’entends bien avec mes frères, alors cette petite sortie dans l’obscurité ne devrait importuner personne. Avec un peu de chance, on pourra faire une compétition sur qui rapportera le plus de fer d’ici la fin de la journée. Cela me donnera un petit coup de motivation en plus.

Toutefois, toutes ces péripéties ont fait en sorte que je dorme très mal la nuit dernière. Il y avait déjà la chaleur qui me gênait un peu après le coucher du soleil, mais le fait d’être excitée comme une puce à l’idée de partir miner ne m’a pas permis de fermer les yeux plus de deux minutes. Agitée et toujours occupée à fixer le plafond au-dessus de ma tête, j’ai cherché le sommeil pendant des heures. J’en paie maintenant le prix ce matin étant donné que j’ai demandé à Escroco de me réveiller dès l’aube car je n’ai vraiment pas l’intention de perdre davantage mon temps. Notre père veut recevoir tous les honneurs en rapportant le plus de métal possible au sein du village ? Il veut être le plus fort parmi tous ses potes ? Soit. Son vœu sera exaucé si je traine pas trop comme une larve malgré l’heure matinale.

C’est donc à moitié préparé que je sors de ma chambre pour me rendre à la cuisine en essayant de faire le minimum de bruit possible pour éviter de réveiller toute la maisonnée. Les cheveux en bataille, je tombe sur Samuel qui est déjà là en train de grignoter un morceau et j’en profite pour lui choper un bout de pain et de fromage. En voyant ma tête, ce dernier semble surpris, mais je ne saurais dire pourquoi.

- Oula, je crois qu’il y en a une qui a mal dormi cette nuit.

Tout en mastiquant la bouchée de pain qui s’avère être plus raide que je le pensais, je lui adresse un haussement de sourcil tout en me servant un verre de lait frais.

- Ah bon ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Je finis par comprendre qu’il a fait ce commentaire à cause de ma dégaine qui en ferait fuir plus d’un à l’heure actuelle. Il est vrai que je suis simplement habillée un minimum pour pouvoir sortir convenablement, mais pour le reste, il est clair que je viens seulement de sortir du lit. Ce n’est qu’un détail, je vais terminer de me préparer en un clin d’œil dès que j’aurais fini de prendre mon petit-déjeuner. D’ailleurs, je suis un peu dégoutée de trouver que du pain et du fromage à me mettre sous la dent, mais j’imagine que les temps difficiles empêchent notre famille d’acheter plus de nourriture. Il va falloir remédier rapidement à cela.