Les résultats des écrits sont tombés : je ne suis pas admissible. Je ne sais pas ce que je fais de cette nouvelle. J’ai bossé pour ça, probablement plus que ce que j’ai jamais bossé dans ma vie, et ça n’a pas suffi. D’une certaine manière, ça me fout grandement les nerfs de constater que je ne suis pas foutu de rentrer dans le moule, même quand je le voudrais. C’est vraiment le fait d’avoir raté alors que j’avais initialement une envie sincère d’y arriver qui me met dans le mal. Ça fait mal à l’ego. J’aurais préféré passer le concours et prendre la décision de ne pas intégrer le Polygone. J’aurais préféré avoir le choix. Mais je ne l’ai pas, et c’est peut-être pas plus mal pour moi, au final. Il faut juste que j’accuse le coup et que je me décide sur quoi faire maintenant, sur comment j’envisage la suite des événements. Parce qu’il y aura suite des événements, c’est peut-être la seule chose qui n’est pas négociable, à l’heure actuelle.

En fait, là, je ne peux pas accéder aux épreuves orales, ni même aux épreuves pratiques qui suivront. Je sais que l’écrit allait être la partie galère à passer, mais la question qui se pose c’est si j’ai véritablement envie de retenter le coup l’an prochain ou pas. Je suis suffisamment borné pour y retourner, sauf que le contexte n’est plus le même. J’ai suivi, de loin, la tourmente dans laquelle se trouve actuellement le Polygone. Et surtout j’ai découvert que Côme quittait l’institution. On ne va pas se mentir, j’aurais apprécié qu’il me parle de tout ce merdier avant que je passe le concours, avant que je l’apprenne par sa conférence de presse à la Ligue. Il était bizarre, et peut-être qu’il n’était pas encore sûr des infos qu’il avait, mais quand même. N’empêche que ce n’est pas le sujet, je ne peux rien changer à la manière dont les choses se sont déroulées, par contre je peux décider de ce que je vais faire avec tout ça. Il est hors de question de m’investir dans une organisation corrompue, à quelque niveau que ce soit, quelles que soient mes intentions. Oui, je veux contribuer à la protection des pokémons, et j’aimerais être acteur, être sur le terrain, mais j’ai d’autres leviers à ma disposition et c’est peut-être ce que l’univers veut me faire comprendre.

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Entraînement : Métang niv.53 (1/4) ; Gallame S niv.34 (0/3) ; Arcko niv.43 (0/4)
Reproduction : Miaouss S

C’est juste que… ça fait plusieurs années que je m’entraîne pour ça, que je lis, que j’apprends tout un tas de choses, que je mets de côté d’autres projets, que je suis réserviste et participe à certaines missions. Ça m’écœure. Je sais que ce n’est qu’une frange minime de l’institution qui a fait ses affaires en tournant le dos à tout ce que représente le Polygone, et que j’ai eu l’occasion de bosser avec tout un tas de gens avec de réelles convictions et se battant pour elles et donc pour les pokémons, pour la nature de manière générale. Que la grande majorité d’entre eux, ce sont des gens bien. Sauf qu’il y a des pourris, et ils ont jeté l’opprobre sur tous leurs collègues. Comment on peut faire confiance à un ranger du Polygone aujourd’hui quand on sait tout ça ? Comment on peut, en tant que civil, en tant que professionnel autour d’eux, ne pas avoir de doute, de soupçon sur leurs motivations réelles ? Je ne sais pas, et je me dis que l’ambiance au sein du Polygone doit être particulièrement horrible à vivre pour ceux qui y sont. Je n’imagine même pas, avoir des doutes sur les personnes avec qui on a pu bosser pendant des années, ne plus être sûr à cent pourcents que son collègue, son ami possiblement, a toujours été droit dans ses pompes. Des noms vont tomber, et les têtes qui y correspondent aussi, mais pas tous. Il y aura toujours ce flottement au-dessus d’eux. Alors c’est possiblement une chance de ne pas avoir été plus associé que ça au Polygone. Ça devrait me donner la possibilité d’être un autre type d’acteur.

Alors ouais, ça fait sens la décision prise par Côme et ses collègues des Ranger’Inns, de fonctionner comme structures indépendantes. Mais il faut également réfléchir au fait que se dissocier du Polygone, ça signifie perdre ses financements aussi. Et sans financement, difficile de fonctionner, tout du moins sur la durée. Ils pourront peut-être subsister un temps, mais ce n’est pas pérenne, ils devront compter sur d’autres financements. Surtout que les administrations risquent de mettre du temps à se positionner et leur attribuer des subventions publiques. Ça laisse le privé et les particuliers. Je sens que j’ai une carte à jouer, et sur les deux plans en plus de ça. Bon, sur le côté utiliser mes fonds personnels, la question ne se pose pas : il est évident que je vais donner pour que les Ranger’Inns puissent fonctionner. J’ai les moyens pour me le permettre sans que ça change mon train de vie. Je suis riche, je suis rentier. C’est pas le truc à dire pour être apprécié mais j’ai la chance de ne pas me comporter comme un riche, et surtout de ne pas avoir une mentalité de privilégié. Ouais, j’ai de la thune, et si je fais fructifier cet argent, c’est pour pouvoir en profiter un maximum de personnes, d’organisations, d’associations. Ce n’est même pas pour réduire ma fiche d’impôts, je dépasse le plafond et surtout une fois sur deux je zappe dans ma déclaration, ou j’ai la flemme d’aller chercher les justificatifs. Bref, gagner de l’argent avec mon argent, ça va me permettre de participer au financement des Ranger’Inns, de faire une vraie différence, et j’ai le luxe de ne pas me poser de question. C’est tout ce qui compte pour moi, de faire une différence.

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Entraînement : Métang niv.54 (1/4) ; Gallame S niv.35 (1/3) ; Arcko niv.44 (0/4)
Reproduction : Miaouss S

Côté entreprise, la dynamique est quelque peu différente. Je sais qu’au niveau de ma fratrie, même de mes grands-parents, je n’aurais pas de souci à faire valoir l’importance de faire s’engager EmersonCorp aux côtés de ces rangers faisant sécession du Polygone. Enfin, j’aurais pu faire accepter et suivre mon positionnement au conseil de direction, ça m’aurait demandé de défendre mon point de vue, mais je sais que les personnes qui se sont engagés dans notre entreprise n’ont généralement pas uniquement le profit en ligne de mire. Nous avons un historique profondément engagé sur les questions d’environnement et cela en fait partie, selon moi, donc j’aurais fini par les convaincre avec seulement ça. Pour autant, j’ai réfléchi plus loin. J’ai pensé à ce projet que Todd veut lancer, des travaux repris de la collaboration du professeur Pressand testés pour la pratique des rangers, pour changer leur méthode de travail. Ça fait plusieurs années que Todd en parle, et EmersonCorp dispose désormais d’un prototype. Ce qui nous bloque aujourd’hui, c’est le Polygone qui – bien qu’il se soit initialement engagé – semble freiner des deux pieds à chaque fois que nous les relançons. Je sens que ça frustre Todd, grandement. La recherche et développement, c’est son truc, il a découvert cette aile de l’entreprise et l’a pleinement investie. Alors je me dis qu’il y a peut-être quelque chose à jouer ici. Et c’est là que je me découvre stratège.

Je ne vais pas mentir, je ne vais pas m’en cacher : cette situation s’avère également une opportunité pour l’entreprise. Le but premier est à des années-lumière d’en tirer profit, mais si l’occasion se présente pour que ça profite à tout le monde sans nuire à personne, pourquoi s’en priver ? Bien sûr que l’intention initiale c’est d’aider les Ranger’Inns, de permettre à ces rangers indépendants de continuer à faire leur travail sur le terrain ! Et je ne cherche même pas à les acheter, à en faire des organisations privées, absolument pas. Au contraire même, pour moi c’est encore plus de risques de cette corruption, de ces malversations. Je préfère que ça reste du travail d’institution officielle. Mais voilà, comme je dis, on peut se rendre service mutuellement, alors autant proposer. Ça ne sera en aucun cas du chantage, notre aide ne dépend pas de l’accord pour le reste, aucune chance. Mais ça peut être un positionnement fort pour EmersonCorp, qui pourrait remettre notre entreprise au premier plan avec un engagement en adéquation avec les valeurs que défendaient déjà mes grands-parents, avec le combat qu’ils menaient et qu’on compte bien poursuivre. Je veux pouvoir prendre position en tant qu’individu, en tant que citoyen mais aussi en tant que membre du conseil d’une grande entreprise. Je veux que chaque pourcent de la personne que je suis prenne position.

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Entraînement : Métang niv.54 (3/4) ; Gallame S niv.36 (0/3) ; Arcko niv.44 (2/4)
Reproduction : Miaouss S

N'empêche que j’ai dû complètement changer de posture vis-à-vis de l’entreprise familiale, que j’ai dû prendre le temps d’en parler avec ma famille, du coup. Et il y a une part de moi que ça fait franchement chier, je ne vais pas le cacher. J’étais l’élément rebelle, celui qui ne voulait pas se prêter au jeu, celui qui voulait se construire par lui-même. Puis finalement je rentre au bercail, ça fait un peu Caninos qui revient la queue entre les pattes. Alors que tellement pas ! J’ai une carrière dont je pourrais très largement me contenter. Je suis un coordinateur désormais mondialement connu. Deux passages victorieux à l’Elite, j’ai décidé de me lancer plus sérieusement dans la préparation pour un troisième défi, ça apporte visibilité et notoriété. Et j’ai bien vu au sortir de mon second challenge à l’Elite que pas mal de médias ou de marques étaient prêts à mettre la main au portefeuille pour mon image. J’ai présenté une émission de divertissement sur la plus grosse chaîne de télévision de Sinnoh, rien que ça ! Et je pense que ça aurait pu être une première étape pour continuer là-dedans. Je ne saurais pas dire comment, je ne connais toujours pas tant que ça le milieu, mais j’aurais pu en tirer un revenu plus que décent, j’en suis persuadé. Mais non, c’est moi qui ai fait le choix de revenir vers EmersonCorp, en fonction de l’actualité et de mes valeurs. Ça fait davantage sens d’apporter mon soutien là-bas. Pas dit que ça perdure non plus, pas dit que je parte dans une autre direction d’ici quelques années. Après tout, c’est un peu ma manière de fonctionner.

En vrai, je crois que ça a fait plaisir à pas mal de monde dans ma famille – tout le monde ? – que je me décide à réellement m’investir dans les affaires familiales, et pas simplement pour l’image, pour faire plaisir. Le fait que je le fasse avec une idée assez précise de projet et une vision à la fois porteuse de valeurs de l’entreprise mais aussi de potentiels profits a tout de même bien aidé. Ils savent tous que je ne viens pas pour le plaisir des affaires, pour l’attrait du business, mais parce que ça correspond et peut servir mes propres objectifs : ceux d’apporter mon aide à des causes qui en valent la peine. C’est aussi pour cette raison qu’on me place en charge des relations publiques et commerciales parce que je sais quelle direction je veux pour l’entreprise et que ma famille – au même titre que le conseil d’administration – connait ma volonté de fer et surtout a vu ce dont j’étais capable avec les Éoliennes. Par contre, je déteste le fait d’être parachuté à la tête de ce service alors qu’une personne a bossé à ce poste pendant un bon bout de temps et a fait le taf. C’est pourquoi j’ai exigé à mon arrivée que cette personne ne soit pas rétrogradée et ne voie pas son salaire être amputé. Hors de question. On bossera ensemble, car je n’ai pas l’expérience de la réalité d’EmersonCorp non plus, contrairement à elle.

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Entraînement : Métang niv.55 (3/4) ; Gallame S niv.37 (1/3) ; Arcko niv.45 (2/4)
Reproduction : Baudrive

Concernant ce duo à la tête de la relation publique et des partenariats, je pense que c’est un coup de génie de ma part. J’ai bien vu que Garance n’était pas super fan de ma présence quand j’ai débarqué dans les bureaux, mais j’ai pris le temps de discuter avec elle d’entrée de jeu pour clarifier mes intentions et la place que je comptais prendre. Je lui ai expliqué que je ne comptais pas la supplanter, que je ne comptais pas l’éjecter de son poste, au contraire. Je crois que ça l’a rassurée, parce que j’aurais été hyper inquiet à sa place. Autant pour elle-même que pour l’entreprise d’ailleurs. Quand ça fait des années qu’on se démène pour la compagnie pour laquelle on bosse, ça ne doit pas rassurer de devoir filer les rennes à une personne qui n’est placée là que par héritage. Et à ça pouvait se rajouter la colère face à la sensation d’injustice. Alors ouais, c’était primordial pour moi de commencer à collaborer sur de bonnes bases, sur des bases saines. J’ai expliqué à Garance que son poste ne disparaitrait pas, que je ne lui volerai pas, que je souhaitais travailler avec elle. J’ai précisé que je reconnaissais ses années au service de l’entreprise et que c’était un ajout majeur dont on ne pouvait pas se passer. J’arrivais avec des idées, des volontés, des projets pour EmersonCorp, mais que j’aurai besoin de son aide pour les mettre en œuvre, pour faire le tri de ce qui est viable, ce qui peut le devenir et ce qui ne vaut pas le coup d’y perdre du temps et de l’énergie. Je crois que ça l’a déridée, car elle a eu l’air d’être partante.

Cette impression s’est bien vite confirmée. Garance est revenue vers moi pour discuter de ce que j’avais en tête, de ce dont j’avais déjà pu parler au conseil d’administration. Alors je lui ai expliqué le projet concernant les Ranger’Inns, et elle m’a répondu qu’elle allait mettre une équipe de ce pas sur l’idée avant de se lancer véritablement. Elle m’a expliqué que la fenêtre serait très courte si on voulait la primauté de ce soutien, donc qu’il fallait se mettre dessus au plus vite et au plus efficace, quitte à mettre sur pause d’autres projets. Elle est partie tête baissée sur mon idée, j’ai kiffé. Trop cool de voir qu’elle me fait confiance, ça me rassure tellement sur le fait que je puisse réellement me plaire à bosser ici, pour ça, avec elle. Je ne sais pas si on deviendra potes, une partie de moi aimerait bien, mais j’ai l’impression que Garance fait une véritable séparation entre perso et pro – je n’irai pas la blâmer là-dessus – alors on pourra être de bons collègues. En vrai, ça me suffit.

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Entraînement : Métang niv.56 (2/4) ; Gallame S niv.38 (1/3) ; Arcko niv.46 (1/4)
Reproduction : Mascaïman

Par la suite, on a pas mal discuté, Garance et moi. Bien sûr le sujet du financement des Ranger’Inns a été évoqué, puisqu’il s’agit du premier projet que je souhaite porter, mais ça n’a pas été l’axe majeur de nos échanges. Le fait est que je suis devenu une personnalité publique, d’autant plus depuis ma participation à The Artist, et que EmersonCorp est une grande entreprise, renommée et côtée en bourse. Qui plus est ma fratrie est désormais à la tête de cet empire ; alors si je rejoins réellement l’empire familial, ça doit se faire en grandes pompes. Je ne suis pas enchanté par cette idée, mais Garance a raison : il faut en passer par là. Nous devons maîtriser la narration de ce récit, c’est la base. Communiqué de presse, soirée avec les actionnaires, je n’allais pas y échapper et je n’allais plus pouvoir m’y soustraire. Surtout que j’avais jusque-là un positionnement particulier vis-à-vis des affaires familiales, je regardais de loin, faisais acte de présence lorsque j’étais demandé. Je n’ai jamais montré d’intérêt pour l’entreprise à personne, alors il va falloir clarifier les raisons de ce revirement de ma part.

C’est là que je me rends compte que c’est vraiment pépite d’avoir Garance, elle m’a direct dit que j’aurais droit à du média training organisé par ses soins. Je me suis toujours débrouillé par moi-même pour gérer ma communication, avec la spontanéité qui m’est propre. Je n’ai pas envie que ça disparaisse, je n’ai pas envie que ce soit moi qui disparaisse, de m’effacer pour un poste. Le truc, c’est que je n’ai pas trop le choix, je vais prendre un certain nombre de responsabilités au sein d’EmersonCorp, un véritable engagement, et ça veut dire que l’image que je renvoie va devoir correspondre à celle de la compagnie. Je pense que ça inquiète des gens, des investisseurs, des employés, des gens n’ayant rien à voir avec la choucroute, même si je vois très bien ma grand-mère en chef de file. Mais je veux le faire, et j’ai l’impression que Garance y croit ; ou alors elle veut juste limiter la casse et donne super bien le change… Il n’empêche que, quand j’ai une idée en tête, je ne l’ai pas ailleurs. Mais ça ne fait pas tout non plus, malheureusement. Je ne vais pas pouvoir improviser au jour le jour, ça va demander un autre type de rigueur, dont je n’ai pas l’habitude. Faire du Nessa, ça ne sera plus trop possible, enfin je crois. Il va falloir que je voie avec Garance, qu’on trouve un moyen de mettre ma patte dans tout ça, que je ne sois pas complètement formaté. Parce que ça, clairement, ça ne va pas être possible, pas sur le long terme.

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Entraînement : Métang niv.57 (2/4) ; Gallame S niv.39 (2/3) ; Arcko niv.47 (1/4)
Reproduction : Guériaigle

Je vois à la mine désespérée de Garance que c’est aussi long pour elle que pour moi. Je m’entends, et je connais ce milieu depuis toujours, j’ai grandi en son sein, et il n’empêche qu’après plus de vingt ans, je suis toujours pas foutu d’avoir le discours adapté. C’est rageant, parce que vraiment j’essaie, mais non. A chaque fois, il y a un moment où Garance fronce les sourcils, ou est trahie par une micro-expression autre. J’essaie de m’accrocher, parce que je vais devoir y arriver, mais là, j’ai l’impression que mes efforts ne paient pas et je déteste ça. « Ce n’est pas encore ça, mais on a encore du temps devant nous et tu t’en sors déjà mieux que lorsque nous avons commencé. » Arceus bénisse sa patience ; cette femme est une sainte. Ce n’est pas possible autrement. Je peux prendre sur moi, un peu, clairement pas à ce point. Le seul truc qui m’empêche de baisser les bras, c’est que je suis borné. Bon, puis j’ai le sens des responsabilités, aussi, mine de rien. Il y a des enjeux, et pas des moindres. Là, ce n’est plus anecdotique, ce n’est plus excusable si je me plante, si je ne dis pas ce qu’il faut. Avant, les gens s’en fichaient un peu, parce que je n’avais aucune responsabilité dans l’entreprise, donc ça ne changeait rien à la confiance portée aux personnes travaillant effectivement pour EmersonCorp. Sauf que ça va changer, et pour ceux qui me connaissent, on va m’attendre au tournant.

En fait, j’ai une pression monstre sur les épaules, et elle émane de partout. De mes frères, qui ont un pied dans l’entreprise depuis leur plus jeune âge, de ma grand-mère dont je connais l’exigence, des collaborateurs, partenaires extérieurs et investisseurs, qui m’ont identifié le saltimbanque de la famille. Donc ouais, je dois faire mes preuves, je n’ai pas le droit à l’erreur. Mais le pire, c’est la pression interne, celle que je m’inflige tout seul comme un grand. Je n’ai pas besoin des autres pour savoir l’importance que revêtent les prochains jours, et surtout l’importance de la manière dont je vais me tenir, dont je vais m’exprimer. Si je me plante, je saborde ce que mes grands-parents ont mis des décennies à bâtir, ce que ma mère a passé sa vie à défendre et ce qui régit la vie de Seth et Todd. Moi, je suis quand même assez loin de tout ça, vis-à-vis de moi, de mon rapport à la compagnie. Je ne suis pas à ce point investi, peut-être pas encore, j’espère, mais peut-être jamais. Par contre, j’ai conscience de ce que ça représente pour tous les gens que j’aime, j’en ai même possiblement un peu trop conscience. Je veux juste trouver une manière de contribuer en accord avec mes valeurs, et qui me permette d’avoir une certaine liberté d’action.

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Entraînement : Métang niv.58 (2/4) ; Gallame S niv.40 (3/4) ; Arcko niv.48 (1/4)
Reproduction : Machoc

« Tu crois que ça ira ? » Je ne suis pas convaincu en posant la question, et je vois bien à la tête de Garance qu’elle ne l’est pas plus. Je n’ai même pas besoin de sa réponse. Dans quel merdier on est allé se fourrer, sérieusement ? J’ai l’impression qu’on a beau répéter encore et encore, démultiplier les scénarios, il y a toujours un moment où je me plante, dans le fond mais surtout dans la forme. « Je pense que oui, ça ira. » De la manière dont la responsable de la comm’ me répond, j’ai l’impression qu’il y a une suite. Elle est pensive, c’est limite si je pouvais voir les rouages tourner à plein régime dans sa tête. Je ne lui demande pas d’expliciter car je ne voudrais pas l’interrompre. Je me contente d’un regard interrogateur, elle m’expliquera le moment venu.

Il ne suffit que de quelques secondes. « En fait, depuis le début on s’y prend à l’envers. » Ah. Dit comme ça, c’est pas surprenant qu’on galère autant, mais je ne comprends pas ce qu’elle veut dire par là. Si c’est le mauvais sens, c’est quoi l’autre sens, me rendre encore plus nul pour la représenter l’image de l’entreprise ? Vraiment, je pige pas. « On essaie de t’adapter toi au style de l’entreprise dans sa communication jusque-là. Et on voit bien depuis le temps qu’on essaie qu’on ne s’en sort pas et qu’on ne s’en sortira probablement jamais si on continue comme ça. » Ok, moi elle me dit ça, ça me réjouit pas des masses, voire pas du tout. Et pourtant, à la manière dont elle le dit, ça n’a pas l’air d’être si grave que ça. « On a juste à adapter la communication d’EmersonCorp à ta manière de faire. » Garance lâche ça comme si c’était une évidence. Je suis sûr que ça doit se voir sur ma tronche que je ne la suis absolument pas. « Tu as déjà une image publique, on peut totalement s’en servir. On ferait même sans doute mieux, car les gens ne comprendraient pas si tu changeais du tout au tout. » Suis-je en train de revivre ? Oui. Totalement. Et ça me fait d’autant plus plaisir que ça ne vient pas de moi.

« Mais ça veut dire quoi exactement, au niveau de ce qu’on propose et du discours que je vais devoir donner lors de la réception ? » Et oui, des fois ça m’arrive de poser les bonnes questions. Je vois l’échéance qui approche et le revirement de plan, aussi positif qu’il soit pour moi sur la durée, ne joue pas en ma faveur à court terme. Clairement, Garance et moi, on n’est pas prêts de se quitter, il va falloir réajuster tout ce qu’on a bossé pendant des heures et des heures. Quel enfer ! Un peu envie de crever.

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Entraînement : Métang niv.59 (1/4) ; Gallame S niv.41 (2/4) ; Arcko niv.49 (0/4)
Reproduction : Germignon ; utilisation d'une Graine d'Yggrasill (1 → 0) ; utilisation d'une amulette ronde (3 → 2)