personne ne parlait vraiment de kano avant le mutisme. c’était comme si tout d’un coup le monde s’était juste fracturé en deux. et que du haut de cette nouvelle réalité on avait regardé sans rien faire s’effondrer vers les profondeurs toute son existence jusqu’à présent. ni de ma vie partagée avec lui ni même du vivant de maman on ne m’avait ouvert de fenêtre vers ces abysses sous nos pieds. parfois des bribes remontaient dans l’air. je passais les doigts dans ses reflets mais jamais mes mains ne s’arrêtaient sur quelque chose de tangible. un secret bien gardé.
je ne sais pas si je pourrais m’expliquer un jour qui il protégeait. de l’intérieur de mon corps défiguré je sais que ça ne pouvait pas être moi. et derrière son silence éternel je ne peux pas croire que c’était kano non plus. mais plus je navigue sa disparition plus je me demande si c’était juste par impuissance. et peut-être un peu par lâcheté. même si juste le penser me tue.
je n’étais pas là pour comprendre cette fracture. mais considérant que des années après une nouvelle de ces brèches a bien failli m’emporter je crois que j’ai tout autant de lucidité. et tous les jours je souffre les violences d’exister dans cet après qui contredit tout mon vécu avec kano. je sais que j’aurais pu choisir de le condamner moi aussi. de réduire au silence tout ce qui n’était pas en adéquation avec cette nouvelle réalité. peut-être que je respirerais mieux aujourd’hui. certainement je n’aurais pas à vivre sur la défensive. à m’attendre toujours à la fureur assourdissante parfois et sournoise souvent mais toujours bien dressée devant moi.
et si kano était encore ici il le vivrait sûrement mieux. ce n’était pas une personne qui accueillait les entre-deux du monde. il était dominé pour l’absolutisme. je suis dans la conviction qu’il aurait essayé de me couper de sa vie si j’avais continué de reconnaître les dualités dans son être. et c’était sûrement pour ça qu’on s’était laissé faire il y a toutes ces années. les contours s’étaient redéfinis et chacun avait pu prendre sa nouvelle place sans vivre les conséquences de l’ancienne. maman toujours auprès de lui malgré ce qu’il avait fait. vaan l’effaçant de sa vie comme s’il n’en avait jamais fait partie.
jamais je n’aurais laissé me plier comme ça. même si ça avait été difficile. surtout si ça l’avait été. ce n’était pas une vie. ça n’en était tellement pas une qu’on en était ici aujourd’hui. avec la maturité et mes études je sais bien que kano était sa propre responsabilité. qu’on est pas les sauveurs de personne. mais au fond de moi je garde la conviction qu’on aurait pu le sauver. pour de vrai. et malgré ses choix à l’époque il m’apparait évident que maman entretenait la même conviction. elle attendait le bon moment. si seulement ils ne lui avaient pas été sauvagement arrachés avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit.
tellement de malchances nous ont guidés ici aujourd’hui. souvent j’oublie qu’on avait rien pour nous. j’étouffe sous le choc ressenti du kano de cette autre époque quand l’a rattrapé. pas de symphonies ni de poésie pour nous. rien que des beuglements déformés et les échos percutants qu’ils renvoient. nous rappelant encore et toujours combien on est seuls dans ce monde.
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ACTION(S) :- Léviator utilise la CS éclate-roc (dernière utilisation: 1 septembre)
- Apparation d'un pokémon sauvage de la
zoneMerci! :3
HRP :Insertion de l'oeuf de Zorua-H