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» Reflected lights

Kalinka Hollowell

Kalinka Hollowell
Ligue

C-GEAR
Inscrit le : 16/01/2022
Messages : 1307

Région : Unys
Jeu 13 Juin - 14:15
- Trop bien !

Je m’exclame comme une enfant en découvrant le travail des techniciens sur mon futur terrain de combat. Tomiko m’avait fait comprendre que la description initiale ne vendait pas du rêve et j’espère qu’elle aussi s’en prendra plein les yeux en découvrant cette merveille. Certes, il n’est pas aussi complexe, exubérant ou clinquant que ceux de certains collègues, mais c’est mon terrain et il est exactement comme je l’avais souhaité.
Dès l’instant où j’ai passé l’entretien, alors que je n’étais pas encore prise, je me suis demandée à quoi ressemblerait mon terrain si j’étais une Championne. Plusieurs visuels me sont passés par la tête, jusqu’à arriver à un résultat centré sur la praticité et l’imprévu. Ce terrain est pensé tant pour mes pokémons que pour offrir des possibilités changeantes au fur et à mesure que les affrontements progressent.

- Je peux marcher dedans ?, le maître d'œuvre me donne son approbation du même geste que celui qu’on adresserait à une enfant. Je pourrais mal le prendre, même s’il est vrai que je me comporte “moins bien” dès lors que Tomiko n’est pas avec moi, mais suis trop enthousiaste pour m’en soucier. Plancha, viens avec moi !

Ma scolopendre ne se fait pas prier pour venir fouler, elle aussi, la terre de mon terrain. Non, notre terrain.
Les techniciens m’ont expliqué la composition du sol, un savant mélange de différentes terres, sables, et matériaux synthétiques qui permettent de lui donner les propriétés particulières que je voulais. Lorsque le combat n’est pas encore commencé, la terre est sèche et craquelée, mais, contrairement à un véritable sol aride, celui-ci a la capacité de rapidement se transformer s’il reçoit de l’eau. La transition vers l’état de boue est censée être saisissante et il faudra que je le teste avec Chocolat plus tard si l’équipe technique m’y autorise.
Plancha rampe sur le sol aride jusqu’à atteindre l’une des nombreuses roches qui agrémente le terrain. Cette dernière monte comme un pilier irrégulier vers le ciel. Grâce à ses pattes d’insectes, ma scolopendre s’y enroule pour atteindre le sommet à toute vitesse. De là, elle peut se jeter sur d’autres roches et circuler sur le terrain avec une agilité nouvelle. Les formes de chacune ont été pensées pour servir à mes pokémons insectes : elles leur donnent des prises pour s’accrocher, des cavités dans lesquelles se cacher, des trous pour passer au travers et surprendre leurs adversaires. J’ai également demandé à ce que la base de ces roches ne soit pas des plus stables, si leur effondrement n'entraînait pas trop de travail de réparation. Après quelques réunions techniques, on m’a informé que c’était possible. Ainsi, au cours des combats, il sera facile de faire s’effondrer la plupart de ses roches et ainsi changer la forme du terrain. Une attaque séisme, et ce sera un tout nouvel espace qui s’offrira à moi ! Bien sûr, je ne pourrai jamais prévoir le résultat final, mais ça ne me dérange pas. Je réfléchis mes affrontements, bien sûr, mais un combat sans surprise a quelque chose d’un peu ennuyeux. Avoir un terrain qui sera facteur d’imprévu et avec le challenger pourra lui aussi jouer, ça me plaît beaucoup !

- Je peux tester la boue ou c’est chi-... C’est pénible pour vous ?

Encore une fois, le maître d’oeuvre me donne l’autorisation et je m’empresse de laisser sortir Chocolat de sa pokéball. Ce jour là, tous mes pokémons profitent du terrain pour commencer à se familiariser avec ce nouvel espace de combat. Bientôt, je pourrai commencer les véritables entraînements pour ensuite envisager mon premier combat en tant que Maîtresse de Ligue. La classe !

C’est fatigué de cette séance d’entraînement improvisée et pleine d’euphorie que mes pokémons et moi ressortons du stade. Les techniciens sont déjà en train de s’affairer pour remettre mon stade en état, ce qui me fait me sentir un peu coupable. Pour faire disparaître ce sentiment, je m’imagine que tous les nouveaux champions font la même chose, ou n’osent pas mais meurent tout de même d’envie de tester leur terrain. Il est désormais temps de retourner dans mon appartement de fonction - Mon. Appartement. De. Fonction. Trop bien ! - en attendant mon rendez-vous avec Tomiko un peu plus tard dans la journée. La dernière fois qu’on s’est vues, la veille, mon agente souhaitait étudier des stratégies pour asseoir ma légitimité dans ma nouvelle fonction. Il y a une partie des fans et publics de la Ligue qui sont mécontents de ma nomination à cause de l’issue de mon dernier match de Master Ligue. Je les comprends.
C’était certes du beau spectacle, mais remporter la victoire à l’aide d’une attaque explosion qui met au tapis les deux derniers pokémons en jeu sur le terrain, c’est pas banal. Surtout, cela fait se poser des questions sur la légitimité de la victoire obtenue. Moi aussi, j’ai mis du temps à l’accepter. Cette attaque, c’était celle du désespoir face au niveau de puissance ultime d’Ada Freimann. Ce n’était pas la première fois que je l’affrontais au cours de mes différents challenges de Ligue et ses pokémons de type vol et roche m’avaient toujours donné du fil à retordre. Ce n’était pas qu’une question d’avantage de type face à mes sols et insectes, c’était aussi de la puissance et de la maîtrise pure. Je refusais de perdre pour mon ultime combat, alors j’avais tenté le tout pour le tout et l’avais emporté. Avec le recul, je considère personnellement que c’est une belle victoire. Exceptionnelle, même ! Reste que je comprends qu’une partie du public ne le voit pas de cette manière et pense que je n’ai été embauchée qu’à cause de mon influence sur les réseaux sociaux.

J’entre dans mon appartement, impersonnel à souhait. Il faut dire que je n’ai pas pris le temps de le personnaliser. Mes affaires se cantonnent au strict nécessaire. La pièce principale se présente comme un grand lieu de vie avec un coin cuisine spacieux doté d’un îlot central et équipé de divers ustensiles. De l’autre côté un canapé et une grande télé à écran plat accrochée directement sur le mur. Il y a un meuble dessous, encore vide. Dans cette pièce il y a aussi un meuble bibliothèque, sur lequel je n’ai pour le moment posé que du bordel car c’est pratique. Une porte mène à la salle de bain, spacieuse et toute équipée, une autre aux toilettes. Ces derniers sont aussi grands que la salle d’eau de notre premier appartement, les découvrir m’a fait un choc. Une porte coulissante large, que je préfère laisser ouverte pour agrandir l’espace, mène à une autre pièce où se trouvent un bureau et une table autour de laquelle peuvent s’asseoir quatre personnes. Je songe la déplacer pour m’en servir de table à manger sans encore oser : je n’aime pas prendre mes repas sur l’ilôt central et les tabourets hauts, je ne trouve pas ça convivial. Dans la pièce principale se trouve aussi un escalier - très moderne et sans rambarde, ils ont pas peur ! - qui mène à une mezzanine plus modeste dotée d’une porte menant à la chambre. La plus grande chambre que j’ai jamais eu, plus grande que nos anciennes pièces à vivre. Elle est associée à une petite salle de bain et un grand dressing. Une véritable suite d’hôtel de luxe à mes yeux !
Pour le moment, je décide d’emprunter la baie vitrée à côté de l’espace cuisine pour prendre l’air sur la terrasse. Immense aussi, d’ailleurs. Assez large et tout en longueur, aussi longue que l’appartement. Il y a de la place pour que tous mes pokémons soient à l’aise, même les plus gros. J’aime bien cette terrasse car le sol est fait de dalles gravillonées, ce que je trouve bien plus chaleureux et coloré que l’intérieur de l’appartement. Tout y est blanc et teintes de gris. Je comprends que c’est pour créer un espace neutre personnalisable, c’est juste que je n’aime pas. Vivement que j’ai le temps de le transformer !
Je m’appuie sur la rambarde et prend une bouffée d’air frais. Je suis au quatrième étage, ce qui me permet d’avoir une belle vue sur les environs de la Ligue. J’ai la chance que mon appartement ne soit pas tourné vers la partie commerciale des lieux, mais en direction des montagnes d’Ebenelle. Jamais je n’ai eu de vue pareille. Mes pokémons volants aussi adorent, car ils peuvent facilement s’élancer vers la nature depuis la terrasse. Je ferme les yeux pour profiter de l’air frais et me poser. Et si j’essayais d’imaginer la future disposition de mon appartement ? Ce serait un bon début.

La première étape serait de vider la pièce qui sert de bureau pour en faire une deuxième chambre. Il y a assez de place pour loger mes parents et mes frères, Pia pourra dormir avec moi. Le meuble bureau pourra être déplacé sur la mezzanine, l’espace est amplement suffisant pour travailler. Là, je pourrai aussi installer un espace de repos pour moi et mes pokémons. Le salon est bien là où il est, il faudra juste le décorer car pour le moment le canapé ne me donne pas envie de m’y installer. Il faut que je réfléchisse à la manière de mettre la table à manger pour que ce ne soit pas bizarre… Peut-être que ce serait mieux d’en avoir une ronde ? Il faut que je me projette plus. Ma chambre est trop grande, il faut que je lui trouve une deuxième fonction et je pourrai séparer l’espace en deux avec un rideau ou un paravent. La question est de trouver quoi en faire, je n’ai pas l’habitude d’avoir autant de pièces… Après réflexion, je vais plutôt me concentrer sur la terrasse. J’aimerais ici aussi une petite table avec des chaises ou des banquettes. C’est sympa, les banquettes. Je dois avoir la place de mettre une balancelle aussi, tiens ! Les plantes, c’est une bonne question. Je ne sais pas si j’ai la main verte.
Je crois que ce que je veux, dans ma chambre, c’est une cabane.

C’est puéril. Mais je suis chez moi, non…? Je secoue la tête et décide de faire une photo pour les réseaux, depuis ma terrasse. Sur le plan, je fais bien attention à ce que derrière moi on ne voit que le ciel pour que personne ne puisse déduire quel est mon appartement en fonction du décor. Je prends un air fatigué, mais ravi, et annonce dans la publication une future comparaison avant et après aménagement de l’appartement. La prochaine fois que j’ai du temps, je prendrai d’autres clichés, avec mes pokémons, dans l’appartement impersonnel. Ca donnera du grain à moudre pendant le temps de réflexion sur le sujet.
Il est temps de prendre une douche, histoire de présenter au mieux pour le rendez-vous avec mon agente.

Quand Tomiko se présente dans mon appartement, elle semble surprise par mon apparence. Peut-être en ais-je trop fait, c’est vrai. Mon rafraîchissement s’est transformé en séance de coiffure - Plancha fait un super sèche-cheveux - maquillage et assortiment de tenues. A la place de mon look décontracté habituel, j’ai adopté une apparence plus distinguée, selon ce que je comprends des standards des classes sociales auxquelles je me frotte désormais. Celles dont vient mon agente.
Je suis mal à l’aise, dans cette robe noire.

- Ca vous va bien, commente-t-elle.
- J’aimerais bien que des talons et du maquillage soient pas une excuse pour qu’on se vouvoie, ça me paraît si peu naturel avec une personne avec laquelle je dois collaborer. On était d’accord, non ?
- Tu ne m’as pas vraiment laissé le choix. Tu sais que tu ne pourras pas tutoyer tout le monde, n’est-ce pas ?, face à ma mine boudeuse, elle balaie le sujet d’un geste de la main. J’ai plusieurs idées pour ton image.

Tomiko est une femme de trente-quatre ans, d’origine johtoienne, plutôt fine, aux longs cheveux noirs et fins qu’elle attache en un chignon qui lui donne l’air trop sérieux. A chaque fois que je l’ai vue, elle portait des tailleurs sombres très élégants. Avec son regard acéré et sa démarche pleine d’assurance, Tomiko a tout pour naviguer dans cet univers qu’est la Ligue et m’imposer le respect. Surtout, c’est la nièce d’un membre du Comité.
La première fois que je l’ai vue, elle m’a intimidée et je n’ai pas pu user de mon enthousiasme habituel pour briser la glace. Elle me donnait l’impression de n’être qu’une enfant, pas bien à sa place, et qu’elle était avant tout là pour me surveiller et me cadrer, comme une gardienne. Moi qui avais imaginé la relation avec mon agente comme une collaboration sympathique - puis amicale, avec de la chance - j’étais tombée de haut. Tomiko était un modèle de sérieux, sûre d’elle et semblait à l’aise en toute situation. Je m’étais effacée derrière ses directives jusqu’à remarquer que les imprévus la contrariaient grandement et la mettaient mal à l’aise. Je ne comptais pas me laisser écraser par mon agente, après tout, jusqu’ici, j’avais réussi avec mes propres compétences ! Dans mon idéal, nous devions collaborer, mais si pour ça il fallait d’abord établir un rapport de force, alors j’allais jouer le jeu et la déstabiliser. Mon angle d’attaque avait été le tutoiement, point que lequel j’avais fini par la faire céder.

Nous nous installons autour de la table qui se trouve dans le bureau. Elle refuse les boissons que je lui propose, ce qui ne m’empêche pas de me servir un grand verre de soda. Tomiko hausse un sourcil en voyant la bouteille, c’est une marque d’Unys peu connue dans cette région.

- A ta place, j’aurais peur de boire ça, commente-t-elle avec un poil de condescendance.
- Et bien moi, je suis courageuse !

Mon rire ne l’atteint pas vu le soupir avec lequel elle commence à disposer les éléments de son dossier sur la table. J’ai bien compris que Tomiko me prend pour une enfant irresponsable, arriviste aussi, et surtout pour une plouc. Elle n’a pas complètement tort sur tous ces points. J’apprécie que la situation financière de ma famille me permette enfin un peu d’immaturité, il est arrivé que je promeuve des produits peu recommandables à mes followers pour m’en sortir, et il est vrai que je viens d’une classe très, très, populaire. Je perçois quelques codes de ce nouveau monde, mais beaucoup m’échappent et me provoquent des insécurités dont j’ai déjà remarqué que l’on profite. Mon agente aussi. C’est en partie pour ça qu’elle a encore le pouvoir de m’écraser. D’ailleurs, je pensais que le soin apporté à mon apparence jouerai en ma faveur, mais je crois que le soda a tout gâché. Tant pis ! Je peux en profiter pour lui montrer que je veux essayer de jouer sur les deux tableaux : comprendre son milieu, être capable de m’y adapter, mais sans jamais me fourvoyer.

- Commençons… Tout d’abord, ne t’attends pas à combattre dans le stade de la Ligue de sitôt. Ton nom ne sera pas inclus dans le tirage au sort avant au moins un mois, je me renfrogne : ça fait déjà plusieurs semaines que je suis là, mon terrain est prêt… Etait-ce aussi long pour les champions avant moi ? C’est une simple précaution.
- Précaution contre quoi ?
- Le Comité surveille tes publications, ils veulent s’assurer que tu ne te sentes pas pousser des ailes et te permette une nouvelle ligne éditoriale, inconvenante, maintenant que tu as été nommée, prévisible même si j’espérais un peu plus de confiance. Etant donné que notre but est d’asseoir ta légitimité de combattante, c’est assez contraignant. C’est pourquoi je voudrais que tu participes à un tournoi extérieur très bientôt, elle me tend le flyer d’un évènement prévu à la Master Tower. Tu as participé il y a trois ans, jusqu’en huitième de finale. Cette fois, j’espère que tu auras le niveau de l’emporter !

Je me souviens très bien de ce tournoi, la Winner’s Cup, comme ils l’appellent. C’est un championnat réservé aux dresseurs ayant déjà au moins remporté le deuxième défi de la Ligue. Ma victoire était toute fraîche quand les inscriptions se sont ouvertes, alors ma participation avait fait du bruit. Je m’étais inclinée face à un homme qui avait presque réussi le défi de la Master Ligue et comptait tenter à nouveau bientôt. Son niveau et celui de ses pokémons étaient impressionnants. Je n’oublierai jamais la leçon d’humilité qu’il m’avait donné en battant Plancha avec un pijako. Ce tournoi est un très bon souvenir, je m’y étais beaucoup amusée et avait fait la rencontre de plusieurs personnes intéressantes. Avec ma nomination en tant que championne, j’ai un peu perdu le fil des compétitions. L’idée de participer à nouveau à la Winner’s Cup me plaît beaucoup !

- C’est une super idée !, je m’exclame. C’est vrai que je les néglige depuis ma Master Ligue, mais les tournois c’est la base de ma réputation de dresseuse… Alors en plus la Winner’s Cup !, sa réputation est faite sur le niveau des participants, le fait que ce soit des figures publiques à cause de leurs précédentes victoires, et surtout sa difficulté. En plus, comme j’ai déjà participé, y a un côté retour de la challenger, la revanche, la comparaison de niveau… Bon par contre faut que je gagne ou parte en beauté, sinon ça va être la merde.
- Tu comprends vite, Tomiko a l’air contrariée. Peu des challengers auront remporté la Master Ligue alors-
- Ouais, mais ça veut pas dire qu’ils ont pas le niveau pour. Y a des dresseurs qui arrêtent les challenges de Ligue car ça les intéresse pas, mais continuent de faire monter leurs équipes en puissance. Je peux gagner, mais je peux aussi me faire battre. La Master Ligue est pas le niveau de puissance ultime qu’on le pense et, comme tu sais, j’ai à peine eu le niveau. Alors je participe, je mets en avant au mieux mes capacités de dresseuse et la puissance de mes pokémons, mais seulement si on prépare aussi une stratégie au cas où je foire.

Bien que d’accord avec moi, Tomiko garde l’air contrariée quand nous discutions plus avant pour élaborer ladite stratégie. Du coin de l’oeil, j’essaye de regarder ses notes préalables et me rend compte que les points que j’ai soulevé par moi-même étaient prévus dans son exposé. Je lui ai coupé l’herbe sous le pied. Très bien ! Ce n’était pas intentionnel, mais ça va jouer en ma faveur dans le rapport de force.

- Pour la suite, tu es certes une combattante, mais si tu veux une image forte et respectée tu dois aussi porter des valeurs, c’est vrai que beaucoup de personnalités publiques s’engagent pour des causes afin de se faire bien voir. Que ce soit dans les médias classiques ou sur les réseaux, tu as déjà l’image de la jeune femme qui a réussi contre toute attentes, à force de détermination et de travail acharné. On doit pouvoir l’exploiter pour lui donner plus de consistances et plusieurs messages forts, j’ai des idées, mais décide de me taire cette fois pour ne pas frustrer mon agente. J’ai cru comprendre que ta famille était très importante pour toi et que, si tu as travaillé si dur, c’est aussi pour eux, je hoche la tête. Le soutien à la famille parle à une grande partie de la population, tu vas m’en dire plus après pour que je puisse réfléchir à des axes qui le mettront en avant. Ensuite…, elle plisse les yeux sur ses notes. Je pense qu’il serait judicieux de mettre en avant ton milieu d’origine. La Ligue trouve principalement son public dans les classes moyenne et pauvre, les histoires d'ascensions sociales comme la tienne sont inspirantes et donnent de l’espoir. Tu peux porter la valeur du travail récompensé, ou le message classique qui dit que tous peuvent atteindre leurs rêves. Ca marche très bien, surtout si on cultive une image de proximité avec ce public.

Jusqu’ici, rien de bien extravagant, ni original. J’y avais pensé et ça me va : rester sur mes acquis me permettra de rester stable. En plus, ce ne sont pas des valeurs contraire aux miennes. La famille est très importante pour moi, plus que tout, même. Je ne compte pas non plus renier mes racines et je tire une grande fierté de mon ascension, sans considérer que je me suis extirpée de mon milieu. J’aime mes origines, je ne serais pas celle que je suis sans elles. Par contre, je ne crois pas à la méritocratie. Travailler dur et se donner à fond aide à se créer des opportunités, mais ça s’arrête là. Se tuer à la tâche comme un bourrinos n’entraînera jamais le droit à une récompense. Des milliers de personnes s’acharnent - souvent plus que ceux qui réussissent d’ailleurs - toute leur vie sans arriver à rien. Porter ce discours ne me dérange cependant pas, dans la mesure où il reste porteur d’espoir. Il suffira juste que je le formule à ma manière pour y inclure les opportunités et les manières de les saisir.

- J’ai également pensé à t’afficher en opposition avec le milieu que tu fréquentes maintenant. Ca parlera aux gens et-
- Ca, je refuse, j’y ai déjà pensé, à devenir le personnage rebelle du casting, mais ça ne me convient pas. C’est trop hypocrite, puisque j’ai pris le poste et profite des avantages. Alors je dis pas, ça se joue ce type d’hypocrisie ! C’est savant comme dosage, une belle performance en un sens, mais… Je ne veux pas. Une erreur et tout s’effondre, je refuse de prendre le risque, pas maintenant que je suis arrivée aussi loin, aussi haut, et que ma famille est à l’abri du besoin. Je préfère le rôle de la maladroite, si ça te va. Celle qui dit quelques conneries, utilise des mots familiers en interview, celle qu’a pas les codes… Sans être ridicule, bien sûr ! Tu m’apprendras et je saurai doser. Je trouve ça pas mal pour le côté “proche du peuple”, et puis ce sera authentique.
- Je vois ce que tu veux dire, encore cette contrariété dans sa voix. Partons là-dessus alors. On pourra aviser plus tard, quand tu auras mieux pris tes marques, elle note quelque chose dans son calepin. Ah ! J’aurai besoin que ta famille remplisse les documents de droit à l’image.
- Je leur transmettrai.

Nous passons le reste de l’entrevue à parler de ma famille. Je lui conte notre histoire et des anecdotes tandis qu’elle prend des notes sur ce qu’elle pense exploitable. Nous concluons en voulant planifier une rencontre avec mes parents, mes frères et ma soeur. J’aimerais que ça ait lieu bientôt, car ils me manquent beaucoup.
Alors que Tomiko est sur le point de me quitter, je lance :

- Merci pour ton aide !
- C’est gentil, mais…, une ombre traverse son visage l’espace d’un instant. Ne fait pas comme si tu n’aurais pas pu tout trouver toute seule.

Sur ces mots, elle s’en va, me laissant seule avec le sentiment d’avoir mal agi.
Je secoue la tête : ce n’est que notre rapport de force qui s’exprime. Aujourd’hui, je crois avoir mené la danse. Maintenant, il faut que Tomiko le prenne en compte et que nous ajustions toutes les deux nos comportements, petit à petit, pour arriver à la situation de collaboration que j’espère tant. Un sourire satisfait et un étirement plus tard, je décide de finir ma journée dans le parc en compagnie de tous mes pokémons. Une sortie calme nous fera le plus grand bien !




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DC : Illia Aethelhelm - Aaron Sakuragi - Cannelle P. Rosealis - Caihong Yao
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