Tandis qu’on court, on aperçoit parfois à plusieurs mètres en avant la forme du Linéon, lorsqu’il prend ses drôles de virage à angle droit, presque malgré lui. A la manière des Zigzatons, cela fait partie des mystères de cette espèce… Ce qui n’est pas mystérieux, cependant, c’est sa vitesse. Mon explosivité et ma force sont mes atouts, ma vitesse un peu moins, même si je me défends. Non loin de moi, Diane tient aussi le rythme, jusqu’à ce qu’à un moment, je la vois récupérer l’une de ses pokéballs à sa ceinture et la lancer puissamment devant elle.

Dans un éclat de lumière, c’est sa Bleuseille qui en sort, dans un superbe déploiement d’ailes. C’est Blue, l’un des membres de son équipe. Pratique pour une situation comme celle-ci, faut bien l’admettre, car déjà la Ranger lui ordonne, sans s’arrêter de courir : « Blue, provoque le Linéon ! Allez ! »

Il n’en faut pas plus pour le volatile qui déjà s’élève dans le ciel et rattrape l’autre pokémon en quelques instants. De là où je me trouve je vois la Bleuseille qui fonce sur sa proie et reste en l’air, picorant par coups de bec ou de griffes le Linéon, forcer de s’interrompre dans sa fuite.

« Bien joué. », je commente avec un coup d’œil vers ma comparse qui elle est toute concentrée sur ce qui se produit devant nous. On parvient à combler la distance assez rapidement, tandis que le Linéon montre désormais les griffes vers l’oiseau qui ne le lâche pas d’une semelle.

À la façon dont agi la Bleuseille, je vois bien qu’il n’a pas l’intention de faire du mal à sa cible. L’ordre était de le déstabiliser et c’est parfaitement réussi. La preuve en est : nous sommes parvenus à nous en approcher, maintenant qu’il s’est stoppé pour se défaire du parasite volant. Par réflexe, je commence à mettre ma main à ma ceinture, pour récupérer une autre Ranger Ball, quand Diane m’incite à ne rien faire. « Attends. »

Déjà, elle a sa main à sa ceinture, ou plus précisément son capstick, et la voilà qui le clipse d’un geste habile au gant qu’elle porte à la main droite. Je la regarde faire sans broncher, prêt à appeler l’un de mes pokémons si besoin. En vrai, j’aime toujours observer les Rangers faire usage de leur capstick, alors je vais pas m’en priver. Très vite, le disque de capture se détache et le voilà en lévitation, sous le contrôle expert de Diane. C’est en bougeant son gant qu’elle contrôle le disque et on voit facilement qu’elle a l’habitude. Pour avoir expérimenté à l’Institut, c’est clairement pas évident. Faut de l’entraînement.

À la voir faire, comme ça, ça semble simple… mais en vrai, il suffit d’aller un peu trop à droite ou à gauche pour que le disque s’emballe et parte dans le décor. Et il faut réussir à le maîtriser tout en contrôlant la ligne de capture et en apaisant l’animal. La lumière dégagée par le disque matérialise la fameuse ligne de capture, visible à l’œil nu. C’est au travers de cette ligne, savamment dessinée autour du pokémon, que la communication se fait. Me demandez pas comment exactement… j’ai écouté les cours théoriques que d’une oreille distraite. C’est pas l’origine de l’objet qui importe, mais le comment on s’en sert.

Diane manipule ça avec aisance et en profite pour s’approcher du Linéon, toujours accaparé par la présence de la Bleuseille. Elle doit sentir que la présence de l’autre pokémon n’aidera pas à ce que le Linéon se calme alors Diane murmure à son pokémon : « Blue, recule-toi, c’est bon. » Son ton de voix est doux et c’est de la même façon qu’elle s’adresse alors au Linéon, qui a bien remarqué maintenant qu’elle s’approchait de lui.

La manière qu’elle a de s’avancer dissimulerait presque la dessin de la ligne de capture qui continue de se former, tranquilement. Le disque vole à hauteur constante et forme un premier cercle. Une aura s’en dégage et les yeux du Linéon s’agrandissent. « Chhh… tout va bien. On ne te veut pas de mal. » La créature en question a perdu de son agitation mais son regard reste craintif. Il remarque d’ailleurs l’aura de lumière et la ligne suspendue. Il veut faire un écart mais ne peut pas, il a un cri que je ne saurais décrire… entre panique et frustration.

Il ne faudrait pas grand-chose pour que je fasse apparaître mon Carabaffe, celui que j’imagine le plus à même de gérer ce genre de situation, sans prendre trop de place ni avoir des sautes d’humeur…

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(765 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 56.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

C’est que même sous le contrôle d’un premier cercle de capture, rien n’est fait. Le capstick est une aide pour qui sait s’en servir, ce n’est pas miraculeux. Il suffirait d’un rien pour que le Linéon se dégage. Un cri, un bruit extérieur au cercle, ou même qu’il reprenne soudainement du poil de la bête et se dégage à grand renfort de griffes, de crocs et de vitesse. Les pokémons restent des animaux imprévisibles, des êtres vivants avec des modes de pensées qu’on ne peut pas contrôler par notre simple volonté. Et heureusement.

Il n’empêche que pour le moment, tout semble plutôt bien se passer. Je reste en retrait, le plus impassible et immobile possible, afin de ne pas perturber ce qui se passe devant moi, à quelques mètres. S’il le faut, j’interviendrais, mais en attendant mon rôle et de ne rien faire qui puisse attirer l’attention du Linéon et l’alerter. Il y a une ligne de capture qui se forme à l’aide du capstick, c’est vrai, mais jusque-là le pokémon voit toujours parfaitement ce qui se passe au-dehors. Le but du jeu – ou plutôt, l’objectif – de Diane est justement de faire en sorte que l’attention du pokémon reste fixé sur elle, complètement sur elle et ses tentatives d’apaisement. Moins le Linéon remarquera le disque en lévitation ou ma présente, mieux ce sera. Il se laissera plus facilement « faire ». On peut dire ça comme ça.

Alors je bronche pas et j’observe. Il n’y a pas meilleur façon d’apprendre que ça. Diane sait clairement ce qu’elle fait car elle a une main dans le dos, celle avec le gant de capstick, et c’est cette main qui fait de légers mouvements circulaires. C’est lent et maîtrisé. Mes yeux sont rivés sur cette façon qu’elle a de bouger son poignet et ses doigts, quand elle a besoin d’ajuster… sans rien n’en laisser paraître au niveau de son visage. Son regard est complètement droit sur le Linéon, tandis que sa bouche continue de parler d’une voix douce. « Tout va bien se passer… on veut simplement t’aider, toi et tes amis. » Comme une danse où chacun apprend à apprivoiser l’autre, ses gestes et ses émotions.

Ce qui est vrai. Au moins, elle n’a pas à formuler un doux mensonge ou à prétendre pour le rassurer. Si on est là, c’est juste pour les ramener dans un environnement plus propice, les éloigner des hangars métalliques des docks et de la violence possible des dockers. Disons que ces gars-là semblent tout d’abord animés par leur taf que par le reste. J’ai pas vraiment envie de savoir comment ça se passerait si on n’avait pas pu intervenir. Ils doivent avoir une façon bien à eux de régler leurs comptes ou nettoyer les « parasites », comme ils disent.

Je sais que je fais dans le cliché, et que le milieu du bâtiment n’est pas plus clean ou « friendly », hein. Je vais pas faire le naïf. Souvent quand tu taffes là-dedans, ta priorité c’est ton salaire à la fin du mois. Les docks, c’est pas un paradis terrestre. Tu fais rarement des métiers aussi ingrats et physiques pour la beauté du geste. Généralement ça paie, pour peu que tu fasses pas de la merde et que tu tiennes la cadence. Et c’est certain que si des pokémons sauvages viennent envahir ton lieu de travail, ça fout en l’air une machine bien huilée. Ca je peux le comprendre. N’empêche qu’il faut mettre les formes, quand même. Et ne pas se mettre des œillères vis-à-vis du reste du monde.

Doucement, de son autre main, Diane se saisit d’une friandise pokémon saveur mangue qu’elle a dans l’une des poches de sa veste (elle m’en a passé dans la voiture sur le trajet). Je la vois faire, c’est toujours tout en délicatesse et le museau du Linéon s’agite avec intérêt. Il sent quelque chose qu’il aime. Diane s’agenouille pour la déposer au sol lorsque l’animal se brusque et a un vif mouvement de recul. Je retiens mon souffle, mon amie se fige. Elle prend le temps qu’il faut, immobile, pour laisser le Linéon s’arrêter et l’observer à son tour. Il renifle toujours avec intérêt et Diane dépose la friandise avant de faire un pas en arrière. Le Linéon est intéressé. Très intéressé. Et autour du duo, le disque de capture termine son troisième cercle.

« C’est pour toi. » La voix reste bienveillante et elle laisse l’animal s’avancer pour grignoter en quelques gestes légèrement incertains la friandise.

Je pense qu’on touche au but et que cette approche au capstick va être un succès.

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(774 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 56.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, c’est bien connu, et de mon côté il est sans doute un peu facile de se dire que les jeux sont faits. Objectivement, je pense qu’ils le sont, mais ils ne le seront réellement que lorsque le Linéon sera véritablement capturé. Une capture qui n’en est pas une… disons une acceptation par l’animal, sans la moindre forme de brutalité. C’est ce qui est la grande force du capstick, en comparaison des Rangers Balls. Même si ces pokéballs ont été conçues pour le bien-être des pokémons, elles ne nouent pas une forme de dialogue avec l’animal. On peut, je dis pas, mais ce n’est pas toujours évident. Face à une pokéball la créature a tout le loisir de fuir, si elle est mal lancée ou en mouvement.

Le capstick, c’est autre chose. Cela créé une bulle dans laquelle le Ranger et le pokémon se retrouvent, autour d’un climat qui se veut le plus propice à l’échange. Chacun partage ses émotions. Chacun essaie de mettre du sien dans la discussion – même si c’est souvent à l’avantage de l’humain, ne soyons pas trop naïfs. Et cela demande du temps. Un temps que Diane prend, sans la moindre difficulté. Elle lui parle toujours de sa voix douce, sans le moindre geste qui serait susceptible d’effrayer le Linéon. Car c’est là l’intérêt : ne pas frustrer le pokémon. Ne pas lui donner l’impression d’avoir été amadoué pour mieux lui planter un couteau dans le dos. Avec le capstick, aucun couteau dans le dos, aucune pokéball qui finit par le capturer plus ou moins par surprise. Avec le capstick, il concède sa « capture » pour être aidé, protégé, calmé.

C’est comme ça que ça doit se passer, disons. Et c’est ainsi que ça se passe sous mes yeux. La friandise fait son miracle, pour sûr, et le Linéon la savoure en la grignotant du bout de ses crocs. Face à ce spectacle, Diane hasarde un regard derrière elle, son regard croise le mien et je lève le pouce en l’air, tout en murmurant : « Bien joué. »

Elle acquiesce de la tête avant de se retourner vers l’animal. Maintenant, elle se baisse, un genou à terre, pour être à son niveau. Le Linéon termine sa friandise et lui adresse un regard étonné de la voir agir ainsi. Je sais ce qu’elle fait, elle va pour « conclure le pacte ». C’est symbolique mais c’est ainsi qu’on l’apprend, à l’institut. C’est un pacte de bon entente où le Ranger doit s’engager envers le pokémon, à le guider et l’aider, pour son bien.

« … Tes amis sont avec nous. Si tu l’acceptes, tu nous suis et on vous libère plus loin, dans un endroit qui sera mieux pour vous. »

Elle articule les choses clairement. En prenant son temps. J’ai beau savoir que bien plus de pokémons qu’il n’y paraît comprennent le langage humain, ou du moins ses grandes lignes, j’ai quelque doute concernant ce Linéon sauvage. C’est une espèce qui se retrouve fréquemment à proximité de l’humain, c’est vrai, à parcourir les rues à toutes vitesses ou fouiller des poubelles… mais quand même. Va-t-il réellement comprendre ?

Le Linéon lèche jusqu’à la toute dernière miette de la friandise avant de s’avancer vers la main tendue de Diane. Non pas pour le caresser mais pour qu’il la renifle, pour qu’il accepte le contact, d’une façon ou d’une autre. Autour d’eux, le disque de capture en lévitation ralentit. Diane sait elle aussi que tout va se jouer là. Dans le bon sens, logiquement. Le pokémon est toujours libre d’agir, dans les faits, mais le capstick a fait son office et a dû transmettre toute la bienveillance de Diane à son égard, car il vient se frotter doucement à la paume de la main de la Ranger. Elle le laisse faire, ne va pas forcer le contact de son côté, avec les pokémons sauvages cela peut parfois être une très mauvaise idée…

Quelques secondes plus tard, toujours avec des mots gentils, elle appuie sur le bouton sur son gant et le disque de capture revient en lévitation vers elle. Sa présence surprend le Linéon qui ne l’avait pas remarqué jusque-là, mais sans l’effrayer. Il a un regard curieux et continue finalement de se frotter à Diane, comme le ferait un félin.

« Bien amical, celui-là. 
- Un ventre sur pattes, peut-être. »

Je murmure toujours un peu, pour ne pas effrayer le concerné, mais si j’en crois le festin des Zigzatons et du Linéon dans les containers, c’est peut-être l’appel de la nourriture avant tout qui les a guidés jusqu’ici.

Pendant quelques secondes, le Linéon semble clairement accepter la présence de Diane et quand elle se redresse, il remarque ma présence mais ne bouge pas. Son regard va simplement de mon amie à moi. Elle fait un pas et il la suit. C’est fréquent, le pokémon apaisé par un capstick restera toujours auprès de celui qui a communiqué avec lui. C’est logique.

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Mission Ranger ; PLPF : 56.

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