Je commence à prendre mes marques, à avoir mes habitudes. Il faut dire que la Marquise n’est pas bien loin de l’Institut Sillage, alors, forcément, je croise des têtes connues et je n’hésite pas à profiter des infrastructures auxquelles je peux avoir accès. Comme la salle de sport, elle n’est pas QUE pour les Rangers ou les étudiants de Sillage, mais il faut reconnaître que j’en croise énormément. Si ce n’est pas un prérequis il est clair qu’il faut se maintenir en forme, pour pouvoir courir sur la durée ou porter des affaires lourdes au besoin. Et puis… j’aime bien pousser la fonte. C’est un truc qui m’a toujours plu, la muscu. Casque sur la tête, musique à fond, je déconnecte de tout le reste et je suis juste là pour l’effort, la sensation d’atteindre un objectif, de progresser. J’ai une appli qui me dit où j’en suis et cela fait bien longtemps que j’ai plus besoin d’un coach pour m’expliquer ce que je dois faire.

J’avais parlé de ça avec Amir, une fois, et il m’avait sorti que j’aurais pu faire coach en salle de sports. J’ai jamais trop réfléchi à ça mais c’est vrai que c’est pas con… ça brasse pas mal de monde, de tous les profils, en général, les salles, et c’est vrai qu’au bout d’un moment quand on prend ses marques et qu’on s’intéresse, ça finit par rouler tout seul. Bon… sauf la bouffe. J’ai pas la discipline d’un grand sportif. Ok je mange ma part de protéines tous les jours mais je me gave pas de shakers chelous à tout bout d’champ. J’ai testé, une fois, c’est pas mon truc. Je préfère m’en tenir au sport brut et aux grosses quantités de viande et d’œufs. Je m’empêche pas de vivre. Déjà que des fois, tout est franchement pas rose, si en plus je me prive sur la bouffe, ça n’ira pas.

Cette fois, je suis en plein exercice, à faire des pompes bien comme il faut, quand ma montre tremble. Je grimace et me laisse retomber au sol, dans un soupir, le front trempé de sueur. C’est « la » montre, alors forcément j’en prends soin et je la garde sur moi autant que possible. J’admets que c’est une forme de fierté, aussi. Une façon de dire « regardez, je suis Ranger ». C’est pas tous les jours que je peux me vanter alors j’en profite. Ma sœur a été réellement jalouse en la voyant, d’autant qu’il y a dessus un écusson qui combine le logo de Sillage et celui de la Marquise. C’est pas rien.

Message reçu de Diane - 15:13 Giacomo ? T'es dans le coin ? On va avoir besoin de toi, y'a une urgence.

C'est Diane. Pas souvent qu'elle m'envoie des SMS et je sais qu'elle ne parlerait pas d'urgence simplement pour déconner. Alors je m'essuie rapidement le front et je pianote, en plissant les yeux malgré moi. C'est que c'est franchement petit ces trucs sur la montre, là ! J'aimerais bien vous y voir.

Message envoyé à Diane - 15:14 J'suis à la salle. J'arrive.

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(531 mots)

Mission Ranger.

• Dé d'entrainement :
  1. Carabaffe | 2. Noacier | 3. Forgelina S | 4. Ursaring

Brief de mission.

Il me faut un peu moins de cinq minutes pour quitter la salle, après avoir rangé le matos que j’ai sorti et m’être changé dans les vestiaires. Si c’est urgent, pas le temps de prendre une douche, mais j’enlève quand même le t-shirt trempe de sueur que je portais jusque-là, histoire d’être un minimum présentable. Bon, ça n’enlève rien au fait que je pue la transpi, malheureusement… Il me faut être rapide, j’suis rapide. Trois minutes plus tard, je déboule au QG de la Marquise. Dedans, y’a moins de monde que j’aurais cru, mais ceux que je croise semblent bien affairés.

Du regard, je cherche Diane et fonce droit sur elle.

« Hey, qu’est-ce qui se passe ?
- Un souci sur le port. On a déjà envoyé un binôme sur place, mais il faudrait du renfort.
- … ?
- Un gros bateau de marchandises, le… F321 – Atlas a eu un souci au moment de débarquer sa cargaison. Des pokémons se sont glissés parmi les containers, apparemment… et quand tout a été descendu à quai, ils ont filé tout droit.
- Sérieux ? Quels pokémons ?
- C’est assez flou. Il a été fait mention de rongeurs… les premières infos que l’on a parlent d’au moins un Linéon et quelques Zigzaton. Possible qu’il y ait autre chose.
- Des Zigzaton ? »

La perspective de Zigzaton qui ont décidé de se taper une petite croisière tous frais payés m’amuse, cependant, au regard que me lance Diane je comprends que ce n’est pas son cas. C'est cocasse, oui, sauf que ça peut avoir des conséquences de tout ordre. Les Zigzaton ont la réputation d'être de sacrés chapardeurs !

« Tu n’imagines pas les dégâts qu’ils peuvent faire… encore plus s’ils s’approchent du port de plaisance ! Le Maire va nous tomber dessus si on réagit pas assez vite ! »

C’est clairement le genre de truc dont je ne mesure pas vraiment l’importance, j’avoue. Pour moi, c’est plus une circonstance rigolote mais en vérité, c’est sans doute plus complexe que je me l’imagine… je ne sais pas. Et puis... doit y avoir un historique que je ne connais pas avec la municipalité car ce n'est pas la première fois que j'entends l'un des Rangers, ici, faire un commentaire sur le Maire. Personne n'a l'air de le tenir particulièrement dans son coeur, alors qu'en vrai... bah, Sillage et les Rangers font de la bonne pub à Skifford, quand même.

Tandis que Diane me donne d’autres informations, Micah, l’un de ceux en charge de la gestion du QG, s’approche de nous.

« Ah, Diane, tu as ton binôme, parfait. Allez-y et donnez-nous un max de visibilité sur ce qu’il se passe. Partez plutôt à l’Est du Port, Milie et Xavier sont déjà de l’autre côté. L’idée c’est de contenir ces pokémons de la meilleure façon qu’il soit, sans que ça fasse trop parler. OK ? »

Il a un ton amical qui ne dissimule rien pour autant. C’est bien un ordre, un ordre auquel il faut qu’on se tienne, au mieux. Je hoche la tête, je n’ai sans doute pas tous les éléments en main, mais je compte bien sur Diane pour me les donner.

On commence à ressortir et elle agite des clés devant elle : « J’ai ma voiture, je conduis. » Je conteste pas. J’aurais pu y aller en moto mais ça nous aurait séparé, alors autant faire comme ça.

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(572 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 53.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

On ne met pas longtemps pour arriver sur la zone des docks, où les déchargements des gros bateaux de marchandise s’effectuent. C’est aussi là que ces immenses vaisseaux sont chargés, également. Diane se gare en vitesse et on descend. On a à peine fait quelques pas que deux types larges d’épaules apparaissent, quelques mètres devant nous. Sans pour autant tourner la tête vers moi, Diane me souffle : « Micah m’a prévenu qu’on risquait d’avoir un comité d’accueil… les dockers n’aiment pas qu’on passe trop de temps dans cette zone. C’est leur territoire, leur gagne-pain, ils aiment insister là-dessus. »

J’ai déjà croisé des dockers dans ma vie et je vois parfaitement ce qu’elle veut dire. Ils ne font pas un métier facile, vu que ça relève essentiellement de la manutention et savoir conduire de sacrés engins, mais ils en ont aussi acquis une forme de pouvoir, au fil des ans. Leur rôle est parfaitement stratégique dans cette société où tout s’achète et se vend parfois à des milliers de kilomètres de là. Tout en observant les hommes qui s’avancent, je me contente d’un hochement de tête. J’ai compris le sous-entendu… ne pas ouvrir ma gueule.

Rapidement, les dockers, l’un dans une épaisse veste de cuir noir, l’autre avec un gilet sans manches qui dévoile de gros biceps (plus gros que les miens, je le reconnais) arrivent à notre niveau. On les détaille un court instant et ils en font de même. Vu qu’on est en mission, on a notre écusson des Rangers de la Marquise bien visible. Moi sur l’épaule, Diane sur la poitrine.

« Vous venez régler le bordel ?
- Oui, c’est bien ça. On a déjà deux collègues sur le coup, zone ouest. On sait que des pokémons sont aussi arrivés jusqu’ici.
- Ça oui, putain ! Ça fait plus d’une demi-heure qu’on essaie de les courser. On a un collègue qui en a choppé un, ça griffe ces merdes ! »

Ok, clairement pas des subtiles. C’est cliché, mais je m’y attendais. Ce qui me fait tiquer… enfin, nous fait tiquer, c’est la perspective qu’ils ont réussi à attraper l’un des Zigzatons.

« Ah, vous en avez trouvé un ?
- Bah oui, on va pas vous attendre en se croisant les pouces ! C’est notre lieu de travail ici, et avec eux, on perd du temps ! C’est tout le planning des quais qui est désorganisé là ! »

C’est pas vraiment ce que je voulais savoir, mais ça peut se comprendre aussi… j’ai bossé sur les chantiers, je sais qu’il suffit d’un rien pour désorganiser un timing et le client – ici, les grandes entreprises de livraison, probablement – se soucient peu de savoir le comment du pourquoi. Eux, ils veulent que les délais soient respectés. Mais quand même… je me demande bien dans quel état doit être le pokémon.

« Vous nous amenez jusqu’à lui ? Histoire qu’on le prenne en charge. »

Le gars dans la veste noire jette un coup d’œil à son compère et finit par accepter. On les suit sur quelques mètres, avant de longer des préfabriqués. Une porte est ouverte, on entre et déboule sur un espace restreint, qui semble faire office de « pièce à tout faire », où ils se posent, mangent et que sais-je encore. (je sais qu’ils y mangent, vu l’odeur de nourriture réchauffée qui en ressort) Il y a une deuxième porte qui amène sur le deuxième préfabriqué accolé. Là, y a un type qui fixe une grosse « boîte » en fer. Je sais pas bien. J’ai un regard en biais vers Diane qui, là encore, prend les devants et se faufile entre les chaises, avec l'agilité d'un chat.

« Bonjour, on vient pour les Zigzatons. » Elle s’impose et s’avance, entre les hommes qui la surplombent de plusieurs têtes et la fixe d’un air torve. « Celui que vous avez attrapé est là-dedans, j’imagine ? » Le gars qui était assis a un coup d’œil vers ses collègues avant d’acquiescer, d’une voix grave. « Ouais. Et il va pas bouger de si tôt. »

On n'aime pas spécialement entendre ce genre de trucs… Diane semble prendre la mesure de ce qui se passe, observe la pièce et reprend la parole. « Bien. Je m’occupe de celui-ci, pour le calmer et le récupérer, afin qu’il puisse être relâché dans un environnement plus adapté. » Sa phrase ne plaît pas aux dockers, car l’un d’entre eux rétorque : « C’est que des parasites ces trucs-là ! » Je prends sur moi, la mâchoire serrée, sans broncher. Même s'ils ne sont pas rares, les Zigzatons sont déjà suffisamment embêtés pour leur fourrure, que certains utilisent pour toutes sortes de vêtements sans vraiment s'intéresser aux conditions de vie de l'animal.

Ma collègue a un mouvement discret vers moi et questionne : « Pouvez-vous amener mon collègue vers les endroits à l’extérieur où des Zigzatons ont été vus ? On sait qu’ils sont plusieurs. » Elle veut donc qu’on se sépare. C’est sans doute le mieux à faire si on veut être efficaces. Si on met trop de temps, les pokémons disparaîtront définitivement dans la nuit et on ne les retrouvera pas... et l'après-midi est déjà bien avancé.

« Oui, plus vite on les retrouvera, mieux ce sera pour tout le monde. »

Ce n’est pas une question, tout le monde est d’accord avec ça.

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(900 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 53.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

En traînant des pieds, l’un des types m’invite à le suivre. Il a un gros blouson sans manches sur une sorte de pull remonté au niveau du coude. Clairement, il a les bras d’un type dont le métier est physique et qu’il faut pas trop emmerder. J’ai encore un peu de marge à la salle de sport pour atteindre son niveau. Il fait un temps mitigé et avec le vent et la houle qu’on se prend sur les quais, particulièrement quand on s’approche de l’eau, je comprends qu’il se balade pas en t-shirt. Je suis pas mécontent d’avoir récupéré ma veste, moi.

Pendant plusieurs minutes, on marche en silence. Moi j’observe un peu partout autour de moi, tout est très gris, industriel, avec des entrepôts comme autant de blocs de béton dont on s’éloigne. À première vue, c’est sans doute pas le genre d’environnement de travail qui fait rêver, mais j’ai bossé sur les chantiers. Je sais le mérite et le semblant de pouvoir que l’on peut trouver dans ces tafs où l’on attend pas forcément de nous de réfléchir. Il faut simplement que le boulot soit fait. Transporter des trucs ici, monter un mur ou soulever des tonnes de ciment… c’est physique mais des fois c’est ce qu’il faut pour libérer la tête.

Je sais que c’est pas tout à fait la même, pour les dockers. De ce qu’on m’a expliqué, ils ont une forme de « mainmise » sur tout ce qui transite sur les quais et se sont constitués en un syndicat fort. Leur pouvoir à eux, il n’est pas fictif. Pas besoin d’arme à la ceinture ni de pistolet qui brille pour jouer les shérifs. Ils sont bel et bien en mesure de faire chier le monde puissance 1000 quand ils veulent revendiquer quelque chose. Dans tout le pays, ils sont nombreux et unis. J’ai déjà entendu parler de grèves violentes très vite arrêtées, vue leurs influences. Le genre de gars qu’on préfère avoir avec soi.

C’est pas trop le cas, là. Et ils nous font bien comprendre que 1/ on les emmerde, 2/ on est comme des intrus dans leurs terres, 3/ ils ont pas envie de faire dans la protection des pokémons, eux. Bien au contraire. Ils ne voient ces Zigzatons que comme des parasites. C’est bien le terme qui a été employé. Des parasites dont il faut se débarrasser quelle que soit la manière. C’est pour ça que je me la ferme pendant qu’on prend la direction d’une zone dans laquelle sont entreposés d’énormes containers.

Plus loin, sur la droite, je vois un énorme bateau amarré. Mais pas le genre qui donne de suite envie de faire des croisières. Non non. Une espèce de tank sur mer, tout en longueur, surplombé de je-ne-sais combien de containers de toutes les couleurs. À vue de nez, j’en compte bien une centaine, juste du côté qui m’est visible. C’est vraiment énorme et ça prouve que le commerce de marchandises par voie maritime n’en finit pas de prospérer. Mais ce n’est pas ce qui doit me préoccuper, car le type lance :

« Là. C’est dans ces containers-là qu’ils sont arrivés. » Du doigt, il pointe deux containers ouverts, l’un qui semble vide, a priori, l’autre dans lequel on peut voir encore de grands cartons rangés comme dans un jeu de Tetris.

Mais en m’approchant, je vois bien que certains sont abîmés, éventrés, coupés.

« C’est ces merdes qui ont endommagé le matos. Y’a pas intérêt que ça nous retombe dessus, nous, on a fait que transporter, le mec qui a ouvert, il a respecté le process ! »

Je lui jette un œil en biais avant d’ajouter : « Ouais ouais y’a pas de souci, on sait. »

Enfin, on se doute. L’autre continue de ruminer un moment tandis que je m’approche plus encore, sortant ma lampe de poche pour m’avancer vers les deux containers. Vu la taille de ces trucs et la marchandise qu’ils devaient contenir, c’est sûr que les Zigzatons se sont trouvés de vrais écrins dans lesquels se lover le temps du voyage. J’avise le container vide.

« Je peux ?
- Ouais, celui-là c’est bon. »

Alors j’entre. C’est juste un grand rectangle métallique aux murs de métal. Une fois dedans, l’odeur, déjà, monte aux narines. Ça sent le renfermé, pour sûr, mais pas que. Il y a des déjections au sol, des traces d’humidité et des déchets. Je me penche pour voir ce qui ressemble à un emballage, au sol.

« Y’avait des trucs alimentaires là-dedans, du sec. Pas que ça mais y’en avait, et ils les ont trouvés. » Ça explique comment les Zigzatons ont pu supporter la traversée.

« Ils sont restés combien de temps là-dedans ?
- J’sais pas trop… la traversée, le déchargement… au moins 15 heures je crois. »

C’est long, 15 heures. Surtout pour des pokémons dont le naturel est de bouger dans tous les sens. Cela peut aussi expliquer qu’ils aient profité de la première occasion pour s’éclipser. Pendant quelques minutes, je continue mon examen, sous l’œil mi-intrigué mi-blasé du docker.

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(841 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 53.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

Faut pas que je me foire. Sous l’œil de ce spectateur franchement pas emballé par ma venue, il vaut mieux que je fasse preuve d’efficacité, sinon ça n’aidera pas à redorer notre image auprès des dockers. C’est pas la raison de notre venue, je sais bien, mais si on y parvient un peu au passage… j’imagine que personne s’en plaindrait. C’est pourquoi je m’applique. Je continue d’observer méticuleusement ce que j’ai sous les yeux. Les excréments, les miettes… plusieurs Zigzatons se tenaient par ici. Un groupe d’au moins trois ou quatre individus, je dirais.

Je me tourne vers l’autre type en abaissant ma lampe torche.

« Vous avez vu combien de Zigzaton, vous ?
- Moi ? Bah… deux. Plus celui que Mark a réussi à chopper.
- OK.
- Mais y’en a plus, hein ! Y’en avait dans les deux containers !
- Oui, c’est bien ce que j’vois. »

Je dis cela en m’extirpant du container vide pour mieux le second. Le docker voit que je m’approche un peu trop et fait un mouvement pour se placer devant moi.

« Celui-là, on a pas eu le temps de le décharger. On a fait le signalement avant. »

Je sais pas bien ce qu’il craint de moi, parce que oui, vu la masse de cartons parfaitement encastrés contre les parois métalliques, je vais pas réussir à me glisser plus en amont là-dedans. Je veux juste regarder un peu mieux les quelques traces de cartons éventrés que l’on devine, là encore. Alors je me mets sur le côté, la lampe devant moi et je zieute en plissant les yeux, concentré. J’essaie de me rappeler de tous les cours à l’Institut et les conseils d’Ian.

C’est pourquoi j’éteins finalement la lampe et me tourne pour mieux appréhender l’environnement immédiat des containers.

« Vous les avez vus partir par où ?
- Dans tous les sens ! Ils se sont séparés. »

Ça m’aide, ça. Je fais quelques pas. Clairement, les Zigzatons ne sont pas des pokémons marins, l’eau, on oublie. À moins qu’ils aient des envies suicidaires, ce dont je doute fortement. « C’est quoi là-bas ? » J’avise l’un des nombreux bâtiments rectangulaires, aux murs de béton et toit de métal. Le plus proche de nous.

« L’un des entrepôts. Celui-là, on y fout les véhicules.
- On peut aller voir ?
- Bah… pour quoi faire ?
- Pour vérifier si aucun Zigzaton n’a cru bon de s’y cacher ? Les entrepôts sont fermés ?
- Non, pas à cette heure-là. On les ferme tard le soir quand on n’attend plus de livraison.
- Donc on peut y aller ?
- … OK. »

Il est pas emballé. Je m’en fous. A ce rythme, je vais pas réussir à faire mon job, sinon.

Quelques minutes plus tard, on s’approche donc de l’entrepôt, bien plus immense que je l’aurais cru. Tandis qu’on s’avance, je n’arrête pas de scruter autour de nous. Un emballage de gâteau comme il y en avait dans le container me laisse croire qu’il y a bien des Zigzatons qui sont passés par là.

Alors qu’on met un pied dans l’immense entrepôt tout en béton, je réalise à quel point c’est immense. Dedans, il y a des utilitaires, des camions, des transpalettes dans un coin. Et encore, ce n’est pas plein. Ça doit être quelque chose quand tout est rangé. Je suis à mon observation quand le type hurle :

« Hé, là-bas ! Bon sang, l’une de ces merdes s’est faufilée ici ! »

…

« Je m’en occupe. Restez par ici et trouvez un moyen de bloquer au mieux la sortie, OK ? Si besoin, appelez d’autres gars. »

J’écoute pas vraiment si le docker me répond et j’avance, une main qui glisse sur les Ranger Balls miniaturisées attachées à ma ceinture. En attendant d’avoir mon propre capstick, ces pokéballs spéciales nous sont confiés par le QG pour les missions et sont destinées à une captivité temporaire et en douceur de l’animal, pour le relâcher dans les meilleures conditions qui soient. Une idée qui s’apparente à ce que l’on peut trouver dans certains parcs, même si dans ces cas-là, leur utilisation est souvent critiquée.

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(679 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 53.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

M’éloigner du docker ne peut que me faire du bien. Franchement, ils se disent soûlés par l’arriver de « parasites », pour reprendre leurs termes, et pourtant on les voit pas particulièrement énergiques. OK, ils étaient je sais pas combien autour d’un Zigzaton capturé, mais sinon… A moins qu’ils s’aient dit qu’il valait mieux laisser les pros faire ? Ou qu’on leur ait demandé de pas bouger, aussi. Je sais pas trop, y’a sûrement plus de politique là-dedans qu’il n’y paraît. Le Maire ne veut pas froisser les dockers, après tout, et nous, nous sommes des pions pour maintenir la paix sociale, un truc comme ça.

C’est pourquoi j’avance sans me retourner vers la direction que pointait l’autre gars. J’ai des appâts et je m’empresse d’en sortir un à base de nourriture sèche. Un mélange qui plaît à de nombreux pokémons, généralement. Je marche lentement, sans faire de bruit et j’essaie de capter le moindre mouvement à travers les gros camions et autres engins garés ici. Si j’ai bien compris, il n’y a qu’une seule véritable entrée, si le pokémon veut sortir, il devra passer par là.

Soudain, un bruit métallique. Je m’empresse de me faufiler entre un capot de camion et un transpalette, me penchant pour voir et ne rien louper. Rien, si ce n’est un objet métallique que je ne saurais pas identifier, au sol. Un truc qui ne doit sans doute pas être là, en temps normal. Par acquis de conscience, je me baisse pour récupérer l’objet et le poser sur la remonte du camion en question… quand une ombre passe dans mon dos.

Une ombre petite et rapide. Un Zigzaton, sans aucun doute.

« Hé ! Reviens ! »

Bon, faut que j’arrête ce réflexe à la con de vouloir taper la discute à tous les pokémons que je croise, je sais… mais en même temps on m’a dit qu’il était de bon ton d’ouvrir le dialogue, de se montrer amical, alors faut savoir !

Cette fois, je tend la main avec ma boule d’appât et j’essaie d’aviser l’endroit par où s’est glissée l’ombre. Si les dockers se trouve bien dans l’entrée, prêts à réagir si une créature surgit, les Zigzatons n’iront pas directement tenter le diable, alors je lance l’appât vers la zone en question. La boule passe sous les roues d’un autre véhicule et je m’accroupis d’autant plus, en retenant ma respiration, pour voir.

Parce que bien entendu, l’animal n’est pas revenu sur ses pas sous ma simple injonction, ce serait trop simple ! Alors j’attends. Faut apprendre la patience, quand on est ranger. Selon l’humour, c’est plus ou moins mon truc, en général, mais là… ça va. Quand j’ai une bonne raison de patienter, ça me va.

Plusieurs secondes, une minute peut-être, quand enfin une forme sombre se faufile à petits pas vers l’appât, le museau qui renifle. *Bien.* J’attends encore. La créature met du temps pour s’approcher plus, elle hésite je pense. Moi aussi j’hésite et pourtant je tente un mouvement, faisant glisser mon pied sur le sol en une drôle d’extension, comme le ferait un crapaud probablement, pour avancer, toujours accroupi. Une fois mon geste arrête, j’attends sans bouger. Je ne vois pas parfaitement le Zigzaton, de là, et je ne sais pas s’il a démarré l’appât. Peut-être pas.

Un deuxième mouvement semblable. Puis un autre. Ma progression est lente et quand enfin je suis à distance raisonnable du camion qui fait office d’obstacle entre le pokémon et moi, je baisse doucement le tête pour mieux voir. Le Zigzaton est bien là et il a commencé à manger la friandise.

*OK… maintenant...*

Cette fois, ce n’est plus sur l’appât mais sur l’une des Rangers Balls que je mets la main. Je sais que si je l’approche de plus loin, il ne se laissera pas faire et repartira se cacher je ne sais où dans cet immense hangar. Ces pokéballs sont justement là pour une capture soudaine, certes, mais en douceur. Sans entrer dans la moindre notion de possession du pokémon ou que sais-je. Non. On le capture et on le relâche dans un environnement propice ensuite.

Alors j’y vais. Je me suis entraîné. J’ai un mouvement sec du poignet, je lance la Pokéball qui glisse sous le camion puis détecte la présence du pokémon et s’ouvre. Le pouvoir de capture est d’autant plus fort qu’elle n’est pas là pour « faire du mal » à la créature.

Et… très vite la R-Ball se ferme et s’immobilise.

« Et de un. »

Cette fois je chuchote, mais je me doute que ce n’est pas fini.

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(763 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 53.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

Avant de me précipiter vers l’avant, pour aller récupérer la Ball désormais stabilisée, j’observe, toujours silencieux. Il faut que je m’assure qu’il n’y ait pas d’autres amis Zigzatons dans le coin. Il y en a d’autres, je le sais, mais où ? Dans ce hangar, dans un autre hangar, ailleurs ? Un coup d’œil appuyé sur la droite, un autre sur la gauche. Et je tente un mouvement vers l’avant. L’appât est toujours là et il se peut que d’autres curieux soient attirés.

Je m’avance quand j’entends comme un frottement. Je ne saurais dire ce dont il s’agit mais je m’interromps dans la position la moins confortable qui soit : toujours accroupi, la jambe gauche tendue vers l’avant, la gauche passée sous ma cuisse alors que je voulais l’étirer pour m’avancer. Mais non, il me faut me stopper pour voir ce qu’il en est. Il ne s’agit pas des dockers, ils seraient bien moins discrets. J’en suis d’ailleurs étonné, l’autre gars a fait ce que je lui ai demandé (je le suppose), sans broncher ni me suivre comme un toutou aux aguets à vouloir surveiller mes faits et gestes.

Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre, de toute façon ? Je vais pas m’amuser à fouiller ou abîmer les véhicules. Je m’en moque. Moi ce qui me préoccupe ce sont les pokémons faufilés par ici que j’espère sortir de leurs cachettes pour éviter que d’autres le fassent avec bien moins de tact. Ils sont nombreux ici à bien peu se soucier de leur bien-être. Ici, c’est le boulot qui prime, des intérêts à des années lumière de la protection de l’écosystème.

Alors autant être efficaces, faire ce pourquoi on a été appelés et repartir tranquillement. J’espère que ce sera aussi simple et je retiens un sursaut quand une nouvelle petite ombre se faufile de l’autre côté du camion, s’approchant des restes d’appât et de la Ranger Ball. Un Zigzaton. Encore. Une créature plus jeune, à en croire sa taille, qui renifle avec prudence, là encore. Cette méfiance a sans doute dû les aider par le passé expliquant comment, malgré leur côté intrépide, ils soient arrivés jusque-là.

On pourrait même se demander pourquoi ils ont pris ce risque… les éthologues associés au QG de la Marquise auront peut être réponse à ça. Je vais pas dire que je m’attelle à la lecture de leurs rapports à chaque fois, mais il faut reconnaître que l’on peut apprendre beaucoup de choses grâce à leur expertise. Plus loin devant moi, après plusieurs secondes d’immobilisme, le Zigzaton s’avance droit vers la R-Ball. Est-ce qu’il reconnaît l’odeur de son pote capturé il y a peu ? C’est possible.

S’il s’interroge, toutefois, il se laisse finalement happé par l’appât. Seulement, de là où je me trouve il me sera difficile de le viser aussi facilement que le précédent. Il faut que je me décale, alors j’hasarde un nouveau mouvement, sur la gauche.

Le pokémon remarque le mouvement.

« Merde. » J’ai bougé trop tôt. J’aurais dû attendre un peu plus qu’il soit en train de mâcher l’appât, mais non, j’ai voulu aller trop vite. Alors forcément, le Zigzaton lève la tête et par dessous l’espace entre le camion et le sol, je vois bien qu’il a capté une présence.

Il s’interrompt à nouveau avant de se projeter soudainement sous le camion – en zigzag toujours - pour finalement se retrouver à deux mètres devant moi, sans que j’ai le temps de percuter. « Ok... » C’est compliqué, là. Il me détaille, sur ses gardes.

N’ayant pas énormément d’alternative, je porte ma main à ma ceinture pour récupérer une des R-Balls, sauf que l’animal n’aime clairement pas le mouvement et se taille, sur ma droite. « Bordel. » J’abandonne l’idée de la pokéball et fait appel à Folk, que je fais apparaître dans un espace réduit en grimaçant. Manquerait plus qu’on raye l’un des camions…

« Folk, attrape-le ! »

Ni une ni deux les lianes se déploient à toute vitesse pour rattraper le zigzaton qui, vu qu’il court en zigzag, n’est pas allé aussi loin que s’il faisait une ligne droite. D’autant que les véhicules garés s’ajoutent comme obstacles.

Par chance, Folk est prompt à réagir et du bout de sa liane agrippe l’une des pattes arrière du Zigzaton, qui couine d’étonnement et de frayeur mêlés. Je suis pas ravi mais j’ai pas trop le choix. Je cours jusqu’à lui et agrandis l’une des Ranger Balls. « Sorry mon p’tit gars. Ca va aller mieux, je veux que ton bien. »

Ainsi retenu, cherchant à se défaire de l’emprise, je pense pas qu’il voit les choses de la même manière… seulement, j’ai pas vraiment matière à trop m’apitoyer. Je sais que ce que je dis est vrai, même s’il ne doit pas le comprendre.

Très vite, la pokéball s’ouvre et engloutit le pokémon.

Quand je la récupère à son tour, pour l’accrocher miniaturisée auprès de l’autre, j’ai un sourire satisfait.

« Et de deux. »

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(827 mots)

Mission Ranger ; PLPF : 56.

MODÉRATION OFFICIELLE.:

Je récupère la R-Ball ainsi que la précédente, tout en prenant le temps de les observer un instant. Clairement, il est mieux là-dedans qu’à courir dans ce hangar bien trop chargé en véhicules en tout genre. Pas un endroit accueillant pour un pokémon. Et… oui, je sais, il est mieux là-dedans que bloqué par les lianes de mon Noacier. C’est pour ça que j’ai fait en sorte de le capturer rapidement, histoire d’écourter au maximum ce moment déplaisant.

Des fois, pour aider les pokémons on est obligé d’en passer par là, d’autant plus s’ils sont en groupe, comme ici, dans un environnement qui n’est pas le leur. Errer sur le port n’est pas la meilleure des perspectives d’avenir, pour des créatures comme ça. D’autant plus dans les docks.

Je les range dans mon sac à dos, rappelle mon Noacier, puis, je me relève et observe autour de moi. Est-ce qu’un troisième Zigzaton se cache dans le coin ? Si c’est le cas, il est plus méfiant que les autres car il ne s’est pas approché une seule fois de l’appât… appât dont il ne reste plus grand-chose, d’ailleurs. Conseil de Ian, j’ai toujours un vieux chiffon avec moi, parce que « ça peut servir ». Je le récupère et ramasse les restes de l’appât, on sait jamais.

Toute la manœuvre se fait en silence, jusqu’à ce que j’entende de l’agitation vers l’entrée du hangar et des « Putain ! » « Il est là ! » « Attrapez-le ! ». Ni une ni deux, je me précipite dans la direction en question. Un docker me remarque et balance : « Y’avait un pokémon-là ! Il a foncé comme une fusée puis il a fait un écart chelou ! ». Comme une fusée ? Je regarde devant moi, vers l’extérieur du bâtiment, et je devine une forme qui s’échappe. Je vais pour courir vers lui quand le type qui m’a accompagné jusque-là lance : « C’était pas un comme les autres, lui ! »

Ça me revient, Diane a parlé d’un Linéon, tout à l’heure.

« C’est un Linéon, merci ! » Je reprends ma course. C’est intéressant de le savoir parce qu’effectivement, les Linéon sont plus vifs malgré leurs déplacements erratiques. Du genre qui va être difficile à rattraper à la course mais… ai-je le choix ?

Une fois dehors, je remarque deux silhouettes qui se rapproche de moi. Diane et un autre gars. Sans doute le docker « de surveillance », un peu comme celui que j’avais avec moi. Ils ont vraiment pas l’air d’aimer qu’on se balade dans leur territoire sans qu’ils puissent observer ce que l’on fait, eux… Ont-ils quelque chose à cacher ? P’t’être, mais je m’en cogne. C’est pas pour ça que je suis là, moi.

Diane m’apostrophe en courant, elle aussi.

« Le Linéon, on l’a vu sortir !
- Ouais, il a surpris les gars qui devaient le bloquer.
- Tu m’étonnes.
- J’ai capturé deux Zigzatons et toi ?
- Bien, j’ai celui qui était malade et on en a surpris un autre en chemin. Xav’ m’a appelé, ils en ont eu trois de leur côté. Je leur ai dit de faire le tour pour nous rejoindre avec un peu de chance... » Elle a un mouvement de tête vers la direction empruntée par le Linéon. « … Il va leur tomber dessus. »

C’est tout ce que je nous souhaite. Là on court sur une zone qui s’apparente à un parking et déboule vers la sortie de la zone des docks. Plus la zone s’étend, moins ce sera simple de récupérer le pokémon.

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