Maintenant que le combat est terminé, je me demande bien ce qu'il va advenir de la forêt. Cette sorcière a été ici pendant longtemps d'après ce que j'ai compris, donc elle a imposé son règne et ses règles. Puisque la Mysdibule vient de la vaincre, et s'il faut une sorte de succession, ne serait-ce pas à elle de reprendre le titre de « reine » de cette forêt ? Je suis pas sûre de comment ça marche chez les pokémons, ni même si c'est normal qu'il y ait un pokémon considéré comme plus puissant et important que tous les autres. Après tout, tous les habitants d'un endroit font de ce lieu ce qu'il est. Enfin, c'est ce que j'ai lu quelque part hein, j'y connais strictement rien. Heureusement que Chester existe et qu'il est présent pour nous transmettre son savoir pour qu'on n'ait pas l'air débiles. « Puisque la sorcière a été renversée, tu dois être la nouvelle dirigeante de cette forêt Mysdibule, n'est-ce pas ? » La concernée fronce des sourcils – euh je crois que c'en est, bref, des trucs qui y ressemblent – et semble un peu embêtée. Si seulement on pouvait parler pokémon. Franchement, quelle idée de créer une planète où tous les êtres vivants ne peuvent pas communiquer entre eux... Ça donne des situations compliquées pour rien.

La Mysdibule nous balaye du regard, puis elle va voir la Galopa. Elles ont apparemment une discussion assez sérieuse parce que ça dure un petit moment. Personne n'ose dire quoi que ce soit de peur de les interrompre et de les déranger ; on a tous bien vu comment elles se battent et se sont débarrassées de la Sorcilence, alors rien qu'avec une pichenette elles peuvent nous envoyer six pieds sous terre.

Apparemment satisfaite de la conclusion de leur, euh, débat, la créature aux mâchoires revient vers nous et pointe la Galopa du doigt en disant quelque chose qu'on ne saura jamais – est-ce qu'elle l'insulte ou dit juste un truc gentil, seul Arceus le saura. La jument à la crinière bonbon hoche de la tête, puis pousse un grand hennissement. A ça, plein de pokémons accourent et viennent se prosterner devant elle. La Galopa, majestueuse et fière, se dresse droite et observe toutes les créatures qui sont venues saluer... probablement la nouvelle dirigeante ? Protectrice ? Mais du coup, c'est pas censé être la Mysdibule ? J'ai rien capté.

« … Si je comprends bien, Mysdibule vient de léguer son titre à Galopa. » La créature de type acier pousse un petit cri mignon et hoche positivement de la tête. Oh. D'accord. « Mais pourquoi faire ça ? Tu protégeais les autres pokémons et te battait contre la sorcière... Tu voulais pas de ce titre supérieur ? » Étonnée de la tournure des événements, j'ai pas pu résister de poser toutes ces questions. Mysdibule croise alors mon regard, et agite ses deux petits bras en l'air tout en disant quelque chose. Mais comme je reste redondante, bah je comprends toujours rien. Désolée hein, j'essaie, mais parler pokémon c'est pas pareil qu'apprendre une langue étrangère ; y a pas de base. Les pokémons disent tous leur propre nom d'espèce, comment on sait s'il y a un alphabet ? Relou.

Bon, du coup, ça m'aide toujours pas à la comprendre, et je cherche du regard les autres pour essayer de deviner. Et contre toute attente, c'est le père du fils défunt qui prend la parole. « Si je ne dis pas de bêtise... Je pense que cette petite souhaite rejoindre votre équipe. » Et là je retourne mon attention sur la concernée qui hoche vigoureusement de la tête avec un énorme sourire. « Et aussi, pour le titre de reine, elle a été la gardienne pendant longtemps mais n'a jamais réellement voulu ce rôle. Disons que ça lui est tombé dessus parce qu'elle est la plus courageuse et la plus déterminée à sortir de ce joug. » Ah bon. Waw. C'est assez fascinant quand même, de voir que dans des lieux insolites comme ça, il existe des vies super différentes pour les pokémons. On a juste à franchir un pas, et tout change.

724 mots

---

Fuite:

« Mais euh, comment vous savez tout ça ? C'est un genre de légende urbaine ici ? » Le monsieur ne semble pas étonné de ma question, et c'est tant mieux parce que je ne veux pas passer pour une imbécile – il y a trois autres personnes à côté qui peuvent le faire alors je leur laisse volontiers ce rôle. « On peut dire ça comme ça, oui. » Ils doivent pas mal en parler dans les environs de cette forêt alors. Que les habitants semblent éviter d'y entrer n'est pas si bizarre puisque des personnes lambdas sans pokémons ne se risqueront jamais là-dedans. Mais maintenant, le fait de savoir qu'il y avait un réel danger pour tous les êtres vivants donne une nouvelle perspective. Parfois, sous un beau ciel bleu et une ville florissante se cache quelque chose de sombre et dangereux.

J'ai encore des questions à poser à ce monsieur, mais la Mysdibule me sort de cette bulle de curiosité en tirant gentiment mon pantalon avec ses petites mains. Son sourire est super contagieux, et elle est super adorable. Dire qu'il n'y a pas cinq minutes, elle a déglingué un pokémon plus grand et peut-être plus fort qu'elle. Donc si j'en crois ce qu'a dit notre ami, elle veut rejoindre notre groupe. Enfin, là, comme ça, on dirait plus qu'elle veut être spécifiquement avec moi ? C'est pas très logique, j'ai pas fait grand chose. « Tu... T'es sûre que tu veux venir avec moi ? » Je sais pas quoi dire d'autre. Honnêtement, ce genre de situation est si rare que je sais jamais ce qui pousse le pokémon a vouloir faire parti d'une équipe domestiquée plutôt que sa vie libre et sauvage. Dans son cas, peut-être que ses combats quotidiens contre la sorcière l'a épuisée et qu'elle souhaite connaître une autre vie que celle-ci. En tout cas, la Mysdibule hoche vigoureusement de la tête, toute contente apparemment que je comprenne ses intentions. « Si tu penses ne pas le regretter, alors avec plaisir ! » La créature sautille de joie, et c'est très clairement un gros contraste avec la démonstration de force dont elle est capable. Je l'aime bien.

Je sors une pokéball de mon sac, et elle ne perd pas plus de temps à la toucher pour y trouver un petit nid douillet – enfin j'en sais rien si c'est douillet ou dur comme du béton, mais si les pokémons y restent aussi longtemps j'imagine que la technologie s'est développée pour les accommoder quand même. « Félicitations Livia ! T'as beaucoup de chances d'avoir une telle alliée à tes côtés. » Je ne pensais pas que Ray serait du genre à complimenter, mais j'imagine que toute une journée enfermé dans une forêt, ça change un homme. « Euh oui, c'est chouette et tout hein, mais oubliez pas que c'est moi qui voyage avec elle... Elles sont deux maintenant à pouvoir me frapper et me maltraiter ! » Je lui donne un coup de pied. « Z'avez vu ??? » Quel drama queen. Pourquoi je le laisse voyager avec moi d'ailleurs, j'en ai aucune idée. En tout cas, tout ce que je sais, c'est que si cette situation ne lui convenait vraiment pas, il ne serait déjà plus là.

Suite à cette petite parenthèse de bonne humeur, on quitte la forêt de Lumirinth. On remercie la Galopa, et celle-ci nous fait comme une révérence, les autres créatures de la forêt suivant son exemple. Maintenant que la menace a été neutralisée, cet endroit semble bien plus coloré et joyeux, et il n'y a plus cette espèce d'ambiance lourde.

Malheureusement, en quittant un endroit qui était à la base sombre et qui est devenu apaisé, nous allons vers un lieu de base plein d'espoir qui va devenir sombre. La femme qui a donné cette mission aux deux détectives nous attend. Son mari est blessé mais vivant, et pas leur fils. Je n'ai pas à imaginer pour savoir quelle sera sa réaction. Ce n'est pas moi la détective, je n'ai rien fait, personne n'a rien fait de mal et tout le monde a fait de leur mieux. Pourtant, je ressens de la culpabilité. Celle de ne pas avoir pu faire quoi que ce soit, de revenir sans avoir pu accomplir la « promesse » faite à cette dame. Tout s'est déroulé avant notre arrivée, mais ça ne m'empêche pas de ressentir de la tristesse et la frustration.

779 mots

---

HRP : insertion du fossile de Galvagla.

• Apparition d'un pokémon sauvage s'il vous plaît ! Merci ! o/

Le retour se fait sans encombres – en même temps, pourquoi il y en aurait si tout le danger n'était que dans la forêt. Nous avons dû nous poser quelques instants pour que le père puisse reprendre son souffle. Et pendant cette pause, Chester propose d'appeler son ex-femme pour qu'elle vienne à notre rencontre plutôt que l'inverse afin de ne pas épuiser l'homme et ne pas risquer « de plus amples dégâts ». Un joli moyen pour dire qu'il ne crèvera pas en plein milieu de la route. Et en vérité, vu son état, même si ça n'a pas l'air très grave, il est quand même bien amoché et épuisé, donc même si c'est peu probable qu'il meurt, le risque zéro n'existe pas. On ne connaît pas sa constitution donc autant éviter un nouveau drame. « Votre ex-conjointe va arriver d'ici une vingtaine de minutes. » Heureusement que les taxis Corvaillus existent, ça fait gagner un temps fou. L'homme acquiesce sans rien dire de plus, et s'allonge sur le canapé en attendant l'arrivée de la dame.

De notre côté, on se fait petits. Chester a posé le corps du petit dans sa chambre afin d'épargner le père de le voir plus longtemps, et pour la mère de ne pas entrer et voir directement son fils. Les choses vont être compliquées, et quelqu'un va devoir se dévouer pour annoncer la nouvelle à la dame avant de la laisser voir son enfant. Personne ne dit rien, mais ça semble tomber sous le sens que Ray ou Chester soit celui qui annonce la nouvelle et s'occupe de tout gérer. Ils sont un duo, donc ils le feront ensemble.

En tout cas, lorsque la dame arrive, ses yeux tombent d'abord sur le père amoché. Et très vite, elle demande ce qu'il s'est passé, et où est son fils. C'est Chester qui se charge de l'annonce, et après ça... Eh bien, c'est le drame. On la voit courir vers la chambre, et très honnêtement je crois qu'avec Elian on a arrêté d'écouter et on est sorti de la maison pour leur laisser à tous leur intimité. Enfin, le temps de tout mettre à plat et pour les émotions de se manifester. Ce n'est pas notre monde, ce n'est pas notre métier. On ne peut pas rester plus longtemps, en tout cas pas maintenant. Peut-être qu'on les reverra plus tard, mais là maintenant, c'est trop lourd à porter ou à entendre.

« … Les pokémons, c'est des créatures incroyables. Mais c'est parce qu'ils sont justement puissants qu'il y a des incidents comme ça, hein ? » Elian me regarde avec un air un peu frustré et attristé, et hoche la tête. « Je croyais que seuls les humains étaient capables des pires choses, mais je me suis trompée... Les pokémons ne sont pas tous innocents. » Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Probablement parce que c'est une nouveauté pour moi, et que j'ai besoin de l'extérioriser. Ça semble pourtant logique ; ce sont des créatures qui ont des pouvoirs, forcément, il y a et aura des incidents qui impliquent des humains. Mais l'inverse est toute aussi vraie. Ce serait beaucoup trop utopique de penser, d'espérer, que le monde soit en paix et que toutes les créatures de cette planète s'entendent et ne se mettent pas des bâtons dans les roues.

« C'est pas très joli non. Mais c'est aussi pour ça que ces deux-là font ce métier j'imagine, pour éviter un maximum ce genre de drame. Eux, mais aussi tous les autres corps de métier qui s'y rapprochent. » Enfermée dans le manoir des Fawkes, j'ai vu très peu du monde extérieur. Pour moi, tout était comme dans les livres ou les séries télé. Bien sûr, après la mort de Lala, je n'ai jamais pensé que le monde était gentil, mais j'avais espoir qu'il soit au moins meilleur que les Fawkes. Il y en a des bons comme des mauvais, et c'est pareil chez les pokémons.

713 mots

---

Fuite: