« T'étais déjà pas bien ce matin ? »

La question vient après un silence hésitant durant lequel tu la sens se trémousser un peu, de petites inflexions agacées dans sa respiration. Tu n'avais pas tout de suite compris. Tu n'avais fait que supposer qu'elle avait quelque chose à dire sans trop savoir le sujet qu'elle souhaitait aborder. Incapable de l'aider à se lancer, tu avais gardé les yeux clos en attendant.

« Non, ça allait. »

Les émotions ressenties plus tôt dans la journée sont encore vives. Tu as beau comprendre d'où leur intensité est venue désormais, il n'empêche qu'elles baignaient dans du vrai. Mais, à ce moment là, lorsque vous vous êtes croisées, tu n'avais pas encore pris conscience de tout ça. Ce qui était devenue une douleur intense n'était alors qu'une gêne que tu avais ignoré sans mal.

« J'ai quand même l'impression d'avoir merdé. »

Tu n'aimes pas la culpabilité que tu entends dans sa voix, malgré tout une petite part de toi tarde à la rassurer. Parce qu'il y a toujours ce pincement dans ta poitrine. Cette désagréable constatation que tu peux leurrer Gia sans avoir à faire beaucoup d'efforts. Cela a beau être normal, il reste douloureux d'être dans cette position quand elle a toujours su te donner l'impression d'être spéciale et vue. Mais là n'est pas la raison pour laquelle ton amie est si populaire ? Être la source de son attention est un sentiment enivrant et tu en as vu plus d'un déchanter en se rendant compte qu'elle était comme ça avec tout le monde. Malgré tout, tu avais toujours été confortée dans ta certitude de ne pas être comme eux. Parce que tu étais sa meilleure amie, que votre relation était différente, elle l'avait dit. Avec quelques années de plus et ta vision moins obstruée, tu ne peux t'empêcher de te questionner. Tu ne remet pas en doute sa sincérité, tu te demandes plutôt ce que cela signifie vraiment. Il y a tant de choses que tu lui caches et il est facile de se dire qu'il doit en être de même pour elle. Tu n'es de toute évidence pas la confidente que tu pensais être. Reste que l'attachement est bien là, mais il s'accompagne d'une fragilité qui ne t'aide pas à voguer sereinement parmi tes émotions.

« Ca m'a juste fait bizarre que tu ne m'ais pas parlé de tes projets. »

Bizarre, un drôle de mot tout de même pour en remplacer un bien plus lourd. Tu avais eu mal parce que les occasions s'étaient présentées. Depuis ton arrivée, vous aviez évoqué tout ce que vous comptiez faire et, pourtant, jamais Gia n'avait parlé d'obligations pour les jours à venir.

Un nouveau long et lourd silence s'installe. Lorsqu'elle parle enfin, son front est chaud contre ta nuque.

« Pardon, Sei. »

Tu ne sais pas exactement pourquoi elle s'excuse. En un seul mot, elle exprime des choses semant un peu plus de confusion dans leur sillage. Tu as la sensation que vous avez deux conversations en parallèles et qu'elle est la seule à les comprendre. Une pression s'ajoute dans ta poitrine. Toute concernée que tu es par la situation, tu as l'impression de ne pas y avoir ta place. Instinctivement, tu gardes tes questions pour toi. Fuyant à nouveau une confrontation potentielle.

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tentative de fuite:

cloudy feelings and fainting light__
douzième jour à kalos, avril.

La vie suit son court. Tu la suis d'un œil parfois absent, toujours recluse dans ton lit en attendant que le plus gros de la crise passe. Le mal va et vient, influençant ton humeur et ton envie de dormir jusqu'à ce que ton corps ait fini de se débarrasser de cet excédent de matière que tu n'avais jamais trouvé aussi gênante. Au plus sombre de la nuit, tu te questionnes pour la première fois sur la nécessité d'avoir à traverser toutes ces étapes. La réflexion n'est jamais venue auparavant car tu n'avais pas eu la sensation qu'un choix existait. Vers la fin de ta treizième année, quand tes règles s'étaient présentées, il y avait eu un moment gênant que tu avais dû partager avec ta mère durant lequel elle t'avait expliqué pudiquement ce qu'on t'avait déjà enseigné en cours avec des termes plus scientifiques. Comme toujours, ces mots s'étaient accompagnés d'une certaine froideur, une distance restant entre vous alors même qu'elle avait pris la peine de te faire asseoir sur le canapé à ses côtés. Il était vite devenu évident qu'aucune de vous deux ne voulait être là. Tu avais ressenti vivement qu'elle faisait là ce qu'elle estimait être un devoir. Tu n'avais compris que plus tard pourquoi elle avait estimé que celui-ci était important quand elle ignorait tant d'autres en tant que mère. Il avait fallu que les sorties en société prennent une autre tournure et les premières flammèches d'intérêt que ta croissance avaient suscités pour que les pièces du puzzle ne s'assemblent. Tu étais une femme selon ses dires et tu avais appris à la dure que ce concept allait devenir une tare à laquelle il serait difficile d'échapper. Tu avais tout de même essayé tant que tu le pouvais. Fuyant autant que la laisse autour de ton con te le permettait et ignorant la signification de cette gêne qui se présentait avec régularité tous les mois. Tu n'avais eu que ton jeune âge comme avantage, mais ce que l'on attendait de toi était évident. Marier un homme bien placé ou pouvant compter sur sa famille pour permettre à la tienne de s'élever dans l'échelle sociale et satisfaire le besoin paternel pour une descendance. De préférence masculine et que tu aurais assez jeune pour lui permettre de façonner cette vie potentielle en digne héritier pour tout ce qu'il avait construit. L'ambition était ridiculement archaïque, comme trop de notions enterrées dans le crâne de ton père. Ta mère avait dû être vigoureusement encouragée à penser de la sorte elle aussi, mais tu n'avais jamais su si elle avait été différente avant de le rencontrer. Tu n'avais pas voulu t'y intéresser. Ta jeune curiosité t'avait trop vite brûlé pour que tu continues à chercher à la comprendre.

Mais, au cœur de la crise, baignée dans les hormones, tu t'étais pour la première fois permise de penser que tu n'étais pas certaine de vouloir un enfant. Un peu par peur de reproduire des erreurs qui feraient du mal comme tu commençais à comprendre à quel point on t'en avait fait, mais aussi car il existait une chance que tu engendres quelqu'un trop similaire à eux. La génétique avait ses caprices et tu n'avais jamais été particulièrement chanceuse. Une telle farce du sort n'était pas si difficile à imaginer. Le moment n'avait pas duré longtemps et tu l'avais vite mis de côté. Parce que tu te sentais encore comme une enfant et que l'idée d'un homme inconnu te touchant te répulsait déjà, alors comme ça n'en parlons pas. Et puis, tu étais amoureuse de Gia et cela ouvrait un monde de possibilités et d'inconnues déjà trop grand.

Il y avait eu des moments de calme, d'autres de douleur, et, au milieu d'eux, la présence de ces deux femmes qui avaient fait de leur mieux pour t'aider à surmonter la tempête. Ce matin, Eliza avait dû partir pour ce séminaire à Flusselles dont elle avait parlé un peu plus tôt dans la semaine, mais elle l'avait fait en traînant les pieds, pleine de remords à l'idée de te laisser. Tu avais fait de ton mieux pour la rassurer. Après tout, tu te sentais en meilleure forme et il ne fallait pas faire une montagne de tout ça. Malgré tout, tu avais été à nouveau touché par l'ampleur de son affection. Tu avais accepté l'étreinte serrée qu'elle t'avait offerte avant de partir et ton sourire avait été sincère quand tu lui avais souhaité de faire bonne route. Gia, quant à elle, s'était jointe à toi pour un oui, pour un non. Entre ses entrainements, elle était venue te divertir avec des films et des anecdotes sur ces gens qui faisaient sa vie désormais. Tu t'étais surprise à ne pas ressentir ce pincement dans ta poitrine en entendant les noms revenir. Cette distance étrange entre vous avait disparu comme elle était venu, laissant sa place à cette facilité à exister à nouveau ses côtés. Les pensées sombres embrouillant ton esprit avaient été chassées et tu t'étais sentie moins néfaste, plus légitime dans ta relation avec elle. Tu l'avais associé aux hormones, faute de mieux et peu courageuse à l'idée de creuser. L'important était qu'il n'y avait pas eu que ton sourire qui était redevenu sincère.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 6 mai).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

« Jay, lance Vive-Attaque pour esquiver ! »

Le Passerouge obtempère de bonne grâce, son petit corps devenant presque invisible par moments dans la lumière du soleil couchant. Il se glisse ainsi entre le barrage créé par le Bulles d'O craché par un Azurill d'apparence très volontaire. Celui-ci ne manque de souffle, mais il n'est pas assez rapide quand il s'agit de suivre sa cible.

« Tourne lui autours et attends mon signal. »

Combattre avec l'oiseau te laisse un sentiment différent de quand tu la fais avec Allen. C'est bien normal, ils ont des caractères différents, des expériences qui divergent tout autant, et leurs espèces respectives ne partagent pas beaucoup de points communs à l'exception de leur vitesse. Ce n'est pourtant pas ce qui te marque le plus. Il a beau obéir aux ordres que tu lui donnes, aucune connexion n'est présente. Lorsque tu t'étais tenu derrière le Grenousse durant ce match à l'arène, à chaque demande, tu avais eu l'impression de le trouver exactement à l'endroit que tu estimais idéal, voire déjà en position pour lancer l'attaque que tu avais au bord des lèvres. Tu l'attribues sans mal à votre manque de relation avec Jay, vous ne vous connaissez que depuis une dizaine de jours après tout, mais cela reste une découverte en soi. Logique, certes, pourtant elle vient instiller une sensation étrange au fond de toi. Si tu prends plaisir à te battre, il manque malgré tout quelque chose et cela à tout avoir avec l'absence de ta grincheuse grenouille.

Mais comment en étais-tu arrivé là, au fond ? Lorsque tu avais décidé d'aller prendre un peu l'air, Polochon sur tes talons et Jay occupant ton épaule jusqu'à ce qu'il puisse s'élever dans la brise, tu n'avais pas envisagé que cette fin d'après-midi tournerait de la sorte. Ton but avait juste été encouragé par des jours à végéter dans la maison et un besoin de respirer la fraîcheur marine maintenant que tu te sentais mieux. Le départ de Gia pour son entrainement de danse avait été un bon encouragement. Aussi sédentaire avais-tu pu être dans ta vie, il y avait une limite au temps que tu pouvais passer dans ton lit à trainasser, aussi nécessaire que cela ait été. Cette fois-ci, tu n'avais pas lésiné sur les vêtements pour te tenir au chaud et c'était avec une humeur bien moins sombre que tu t'étais assisse dans le sable pour regarder l'océan pendant que le Keunotor creusait un trou non loin. Un gamin t'avait trouvé dans cette position un moment plus tard et t'avais réclamé un combat, une ball rutilante pointée dans ta direction comme une menace. Si au début tu n'avais pas trop su quoi répondre, son insistance avait fini par te convaincre. La demande était peut-être un peu cavalière, mais tu étais dresseuse désormais et le fait de combattre allait avec cette carte toute neuve rangée dans la poche intérieure de ton coupe-vent. Il n'empêchait que tu manquais encore un peu d'informations sur les us et coutumes de cette pratique. Au vu du jeune âge du garçon, tu avais supposé qu'il ne s'agissait que d'un simple match amical. Quoi qu'il en soit, tu avais ressenti une pointe d'excitation quand tu t'étais éloignée pour lui faire face, une large bande de sable vous séparant. Tu avais aimé combattre une fois et tu tenais là l'occasion d'en apprendre plus sur toi-même. Tu avais été un instant perturbée sur la marche à suivre car Allen avait choisi de ne pas t'accompagner avant de te rappeler que tu pouvais aussi compter sur tes deux autres compagnons. Polochon étant toujours dans son trou, Jay avait été le meilleur choix et il n'avait pas manqué de te le faire remarquer d'un cri puissant tandis qu'il survolait votre terrain improvisé. A ce moment, tu t'étais félicitée d'avoir usé de ton temps pour t'intéresser aux attaques connues par tes Pokémon et leurs spécificités. A vrai dire, cela avait été l'une des choses les plus intéressantes que tu avais fait ces derniers temps.

« Saute et lance Charme. »

La voix enfantine te sort brutalement de tes pensées et te ramène au match en cours. L'instant n'est pas idéal pour penser à Allen. Tu te sens un peu coupable pour la comparaison que tu ne peux t'empêcher de faire pendant que le Passerouge fait de son mieux pour satisfaire tes attentes.

Avec une détente étonnante pour un Pokémon si petit et rond, l'Azurill s'élève dans les airs et pivote jusqu'à se retrouver face à Jay. Il te tourne le dos, tu ne vois donc pas exactement ce qu'il fait, mais l'attitude de l'oiseau change quelque peu. Sa posture devient moins offensive, même quand tu lui ordonnes de clouer son adversaire au sol d'une attaque Picpic bien placée. Il y a une mollesse dans ses mouvements qui repousse bel et bien la créature bleu, mais celle-ci s'enfonce dans le sable sans paraître trop souffrir de la chute. Elle se retrouve très vite en équilibre sur sa queue, les joues gonflées en prévision d'une nouvelle attaque aquatique. Tu maudis un peu ton manque de connaissances pratiques avant de prendre une longue inspiration. Tu ne peux pas te permettre de tomber dans des émotions trop négatives. Cela ne t'aidera pas à gagner.

« Pistolet à O ! »

Cette fois, le jet d'eau touche Jay de plein fouet. Son vol en est un peu dérangé et il perd de l'altitude sans pour autant venir toucher le sol. Heureusement, il n'est pas encore de type Feu et n'est donc pas particulièrement sensible à cette attaque. Il bat un peu plus vivement des ailes, l'eau lui dégoulinant du corps jusqu'à ce qu'il soit sec. La nature de ses plumes lui permet de ne pas être alourdi. Pendant qu'il fait tout ça, tu gardes un œil sur l'Azurill et c'est là que l'idée te vient. Il n'est pas le seul aux affinités trompeuses. Pour toutes ses capacités aquatiques, il n'empêche qu'il n'est pas encore de type Eau. De ça, tu es sûre. Si Picpic ne fonctionne pas, tu as sous le coude une autre option.

« On recommence. Rapproche-toi avec Vive-Attaque.
Rebond. »

Encore une nouvelle attaque que tu connais mal. Jay fuse dans les airs et la souris aquatique bondit. Il prends de la hauteur. Toujours plus de hauteur. Tu t'étonnes de le voir s'élever jusqu'à se positionner au-dessus de ton Passerouge. Ce dernier l'esquive pourtant habilement quand son adversaire tente de venir l'écraser en plein vol. Ainsi commence une chute libre pour celui-ci. C'est votre moment.

« Poursuis-le en lançant Flammèche. »

Jay fait un piqué brutal pour poursuivre son ennemi, crachant boule de feu après boule de feu qui viennent percuter le pauvre Azurill, le poussant à plus grande vitesse encore jusqu'au sol. Quand il finit enfin de tomber, un minuscule cratère légèrement fumant se créé autour de lui. Ton Pokémon reste un instant en vol stationnaire au-dessus de lui, l'air menaçant, avant d'exécuter une vrille satisfaite pour se rapprocher de toi. Il parait fier de lui et tu comprends pourquoi lorsque le garçon se met à courir pour rejoindre son compagnon et le rappeler dans sa Pokéball.

Vous avez gagné. Il faut un moment pour que l'information ne te frappe réellement. Tu n'es pas sûre que tu devrais être contente d'avoir battu un enfant, mais son âge n'en a pas fait un moins bon dresseur. Tu restes une débutante qui a tardivement commencé à s'intéresser à tout à ça. Tu ne peux t'empêcher de sourire en tendant le bras au Passerouge pour qu'il puisse venir s'y reposer. Qu'une créature d'apparence si fragile ait livré un tel combat t'étonne toujours un peu. Le gamin te rejoint et tu te sens à nouveau perdue sur la marche à suivre. Il fait un peu la moue et tu ne sais pas trop comment réagir. Le remercier pour le bon moment ? Le féliciter ? Tu n'es personne pour vanter ses prouesses. Sa réaction est nettement plus rapide que la tienne. Il se saisit de ta main libre ce qu'il te fait sursauter légèrement et y fourre ce que tu découvres être une poignée de bonbons avant de disparaitre en te tirant la langue. Difficile de dire si la grimace se veut malicieuse ou vexée. Cela ne change pas grand chose. Tu restes un peu bête à regarder les sucreries dans ta paume, ravie d'avoir accompli ce que tu vois encore comme un petit miracle.

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tentative de fuite:

Il en faut parfois peu pour changer le cours d'une journée ou d'une série d'entre elles. Intégrer de petites touches de positivité dans ta vision a aidé. Tu es consciente que cela ne durera sans doute pas. Tes hauts et tes bas se succèdent à grande vitesse et suivre tient de l'apprentissage. Tu commences seulement à le comprendre, t'y habituer semble donc être une étape encore lointaine. Cela reste un peu plus facile et tu te surprends à ne pas avoir ressenti la pression familière de l'angoisse dans ta poitrine aujourd'hui. La journée n'est certes pas encore finie et cette constatation vient peut-être de te tirer une balle dans le pied, mais cela te fait du bien de te dire que tu as pu vivre ça. Une poignée d'heures pas si normales néanmoins dénuées de crise. Ce genre de choses ne s'était pas produit souvent ces derniers temps, que ce soit à Kalos ou à Unys. Tu te laisses apprécier la sensation, fraîche de cette victoire impromptue, sur le chemin qui te sépare de la maison d'Eliza.

« Hey. »

L'apparition soudaine de Gia à tes côtés te surprends. Tu ne l'as pas entendue venir et caler ses pas dans les tiens malgré la différence évidente entre vos foulées. Tu ne fais que sursauter légèrement, à des années lumières des chocs par lesquels tu pouvais parfois passer dans de telles situations. Elle s'excuse dans un éclat de rire avant de passer un bras autour de tes épaules pour te ramener contre son flanc.

« Je pensais pas te croiser dehors.
J'avais besoin de prendre l'air.
Tu te sens mieux du coup ?
Ouaip. »

Malgré la petite pointe d'inquiétude dans sa voix, le ton reste conversationnel. Sa main se serre à l'occasion un peu autour de ton bras, comme ponctuant tes réponses avec satisfaction. Tu le ressens de la sorte en tout cas. Sans doute flottant un peu sur tout ce positif, tu laisses l'envie de t'ancrer contre elle parler. Son corps dégage encore la chaleur de son entrainement et la fatigue la pousse à se laisser aller un peu plus sur toi. Tu voudrais que la route vous attendant soit encore longue pour pouvoir rester dans ce moment où tout est incroyablement réel. Mais que ce soit en positif ou en négatif, il faut peu pour changer la donne.

« On devrait faire un truc demain. Aller visiter un coin que tu veux voir à Kalos. Oh, on pourrait prendre le train jusqu'à Illumis. »

Elle s'enflamme et tu te trouves soudainement face à une difficulté que tu n'as que trop peu affronter : ne pas accepter une proposition faite par Gia. Ca ne devrait pas te pousser à te tendre ou envoyer ton esprit dans une spirale anxieuse, malgré tout tu en es là. Parce qu'avec elle vous n'avez fait aucun plan, mais tu as fait une promesse à quelqu'un d'autre. Il te faut un moment pour réussir à faire fonctionner tes lèvres correctement et tu le fais en même temps qu'elle.

« Ou on peut res-
Je peux pas demain. »

Tes mots sortent avec empressement, à peine intelligible de ton point de vue avec le sang qui te bat aux tempes d'une façon presque assourdissante. Tu n'as pas encore remarqué, mais vous vous êtes arrêtées à proximité de la boîte aux lettres. Le bras de ton amie n'est plus autour de toi, à la place elle a la main fermée autour de ton poignet.

« Oh, pas de problème.
J'ai promis à Nick de le voir à Relifac-le-Haut. Demain. Tu sais, le garçon que j'ai rencontré en arrivant à Kalos. Celui qui m'a aidé à arriver jusqu'ici. »

A nouveau, vous avez parlé en même temps. Toi plus longtemps alors tu en as oublié la réaction de Gia. Tu as l'impression qu'un malaise s'installe et ton corps y réponds en refermant l'étau autour de ta poitrine. Cran par cran.

« Sei, t'as pas besoin de te justifier. T'as déjà des plans, c'est tout. On se voit tous les jours, on aura tout le temps de se préparer une sortie pour une autre fois.
T'es sûre ? »

Cela s'échappe contre ton gré. Tu le sais bien, dans le fond, que tu n'es pas sensée demander ça, qu'elle ne devrait pas avoir à te rassurer à nouveau, se répéter. Que tu ne devrais pas non plus ressentir le besoin de vérifier qu'elle ne t'en voudra pas et envisager la possibilité de poser un lapin à Nick si la réaction de Gia ne t'ôte pas de ce doute.

« Seiloh. Je ne suis pas eux. »

Tu sens une nouvelle diatribe prête à s'échapper pour la rassurer que tu ne le penses pas, que tu ne la comparerais jamais à tes parents, mais elle se contente de sourire et t'attire contre elle. Dans son étreinte, les mots disparaissent. Tu respires.

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tentative de fuite: