cloudy feelings and fainting light__
neuvième jour à kalos, mars.

La brutalité du retour à la réalité est silencieuse. Elle te prends par surprise et laisse derrière elle les relents d'une apathie trop familière. Une sensation presque rassurante dans cette confortable ligne de conduite qui l'accompagne. Tissé en toile de fond, tes émotions demeurent néanmoins et se montrent plus difficiles à ignorer quand tu n'as pas tes habitudes dans lesquelles retomber. A Kalos, dans cette fuite, il n'y a pas la simple possibilité de t'enterrer dans les travaux scolaires, enfermée dans le silence de ta chambre d'interne. La chambre d'amis reste calme dans cette maison vide et la seule chose dans laquelle tu t'enterres est la couette quittée à peine une heure plus tôt. Allongée sur le ventre, la tête enfoncée dans l'oreiller, tu restes là longtemps, faute de parvenir à motiver la moindre idée constructive. Tes pensées sont pleines de miasmes, tournent en boucle sur des détails qui nourrissent joyeusement les pires de tes insécurités. La tentation de disparaitre à nouveau est là, mais reste hors d'atteinte. Tu n'as pas l'énergie pour ça. Être arrivée jusqu'ici tient déjà du miracle. Dans le fond, tu sais qu'il est ridicule de réagir comme ça. Qu'il ne s'est rien passé. Tu réagis trop fort, trop vite, parce qu'une part de toi est cassée depuis longtemps déjà bien que tu n'ais remarqué les morceaux coincés en toi comme des lames vicieuses il y a peu.

« C'est mieux comme ça. »

Tes lèvres forment les mots contre la taie d'oreiller, à peine audible. Pas qu'il soit nécessaire que tu parles à qui que ce soit. Tu n'as fait que les pousser hors de ta bouche dans l'espoir de te convaincre toi-même. Qu'importe que tu sois arrivée ici, tout ça tient de la folie. Ce n'est pas réellement une erreur, mais, malgré toutes tes préparations, il y a trop de détails auxquels tu as omis de penser. Les plus importants, sans doute, car tu as pensé à l'impact de cette visite surprise sur ta vie, mais non sur celles de ces personnes qui te sont précieuses.

Tu sombres avec cette pensée, le sommeil largement préférable au reste.

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L'inconscience te quitte à cause d'une pression désagréable dans le bas de ton ventre. Tu te redresses avec une grimace, ta nuque se plaignant un peu de la position conservée durant cette trop longue sieste. Il te faut un moment pour comprendre ce qu'il se passe. Pour que tout te revienne. A vrai dire, le souvenir de la matinée se présente plus rapidement que l'existence de cette envie pressante. Ton corps fait pourtant de son mieux pour te faire comprendre qu'il a été négligé. Ta bouche est sèche et une légère douleur s'installe un peu plus haut dans ton ventre. Tu ne sais pas quelle heure il est, mais tu es certaine de ne pas avoir mangé ou bu depuis la veille. Un léger vertige te prends d'ailleurs quand tu passes à une position plus verticale, bien qu'il ne pourrait s'agir que d'une réaction à ce changement trop rapide au niveau de ton centre d'équilibre. Assisse sur le lit, tu ne peux par contre plus ignorer ta vessie. Enfin, tu as donc le réflexe de rejoindre la salle de bain où tu fais de ton mieux pour ignorer ton reflet. Tu ne veux vraiment pas te faire face. A vrai dire, une fois soulagée, la seule envie qui t'habite est celle de prendre l'air. Tu prends donc machinalement le chemin de l'entrée, attrapant ta veste et ton écharpe. Plus qu'une recherche de confort, il y a derrière ce réflexe un besoin de paraitre normale. Tu ne veux inquiéter personne en sortant uniquement vêtue d'un pantalon souple et d'un t-shirt en cette saison. La plage semble être la meilleure destination. Avec un peu de chance, tu n'y croiseras personne.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 21 janvier).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Le vent ne manque pas de fougue aujourd'hui. Il agite tes cheveux au point de les transformer en minuscules fouets lorsqu'ils viennent heurter ton visage dans un désordre qui te bouche la vue. Tu t'enfonces un peu plus dans ton écharpe dans un réflexe pour te protéger aussi de sa caresse froide contre ta peau. Peut-être regrettes tu un peu de ne pas avoir pris le temps de mettre des chaussettes avant t'enfiler tes baskets. Ton pantalon ne couvre pas totalement tes chevilles et permet à la bise de s'engouffrer sous le tissu. Tu te laisses tomber dans le sable avec un frisson en espérant que te ramasser sur toi-même te rendra moins vulnérable aux éléments. Il serait plus intelligent de retourner à la maison, là où il fait bien chaud et où tu ne prendras pas le risque d'attraper un rhume, mais tu n'as pas l'énergie d'être là-bas pour le moment. Aussi désagréable que cela soit, tu te sens mieux sur la plage. L'agitation de la mer reflète bien les émotions qui se disputent en toi pour obtenir la place prédominante.

Allen te rejoint avec sa délicatesse naturelle en atterrissant sur ta tête. Ses pattes moites s'accrochent dans tes cheveux, terminant d'y mettre un désordre que seule une douche viendra sauver. Il te croasse directement dans l'oreille, le son t'agressant comme un reproche.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Tu grommelles en réponse. Votre rapprochement de ces derniers jours n'est nulle part en vue. Tu ne le cernes pas, tu ne sais pas ce qu'il cherche à te faire comprendre, un peu comme à l'époque où vous n'étiez jamais sur la même longueur d'onde. Cela ne date pas d'il y a longtemps, il n'y a donc rien d'étonnant à ce que votre duo reste instable. Mais, aujourd'hui, cela t'agace. Tu ne veux pas de ses potentiels jugements. Tu secoues donc la tête jusqu'à le déloger de son perchoir, qu'importe que cela vienne avec un tiraillement au niveau de ton cuir chevelu quand il résiste dans un premier temps, sans doute par réflexe. Cela n'arrange en rien ton humeur et tu lui adresses un regard sombre quand il vient te faire face.

« C'est pas le moment, Allen. »

Ta voix est trop tranchante. Tu grimaces dès que tu t'en aperçois et trop de mauvaises expériences te poussent à te tendre, à attendre le contact collant de l'un des projectiles de mousse du Grenousse, mais rien ne se passe. Il se contente de te regarder et tu es tentée de le jeter à la mer quand la seule chose que tu parviens à lire en lui est une forme de pitié. Qu'il s'agisse de la manifestation de ce que tu ressens ou de la réalité compte peu en l'état. Tu es sur tes deux pieds l'instant d'après et tu fais volte-face pour retourner sur la digue. Allen te suit en bondissant à tes côtés sans tenter un nouveau rapprochement. Tu le remarques du coin de l'œil, mais tu te refuses à le regarder réellement ou à manifester un quelconque intérêt pour lui. Ton humeur te rend mauvaise, il est innocent dans l'histoire et il ne fait aucun doute que tu t'en voudras terriblement dès cette vague de too much passée. La culpabilité est après tout une amie fidèle.

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tentative de fuite:

Puisque rentrer n'est pas encore une option, le panel de tes possibilités si tu souhaites quitter la bise glaciale se fait limité. Tu as sous-estimé le temps, une erreur que tu regrettes amèrement malgré cette incapacité à prendre la bonne décision. Ce n'est pas tant que tu ne le veux pas, mais bien que tu ne t'en sens pas apte. Il y a un poids qui s'accroche à tes chevilles quand tu envisages l'idée de ravaler tes émotions pour te diriger vers cette rue qui devient si familière et te conduira à la maison d'Eliza. Sur un coup de tête, tu prends donc la direction du centre aquatique pour la troisième fois en quelques jours à peine. Peut-être trouveras-tu un certain réconfort à observer les Pokémon nager. Là-bas rien ne t'obligera à communiquer. Il ne doit pas être étonnant de voir un visiteur planté devant un aquarium juste pour observer la vie s'y épanouissant.

« Tiens, je ne pensais pas te revoir si vite. »

La chance ne t'a pas complètement abandonnée il semblerait. Ce n'est que lorsque tu pénètres dans le grand hall que tu te souviens d'un détail crucial : tu n'as pas d'argent sur toi, ni ce fameux passe annuel qu'on t'avait poussé dans les mains sans que tu ais eu quoi que ce soit à dire sur le sujet. Derrière l'accueil se trouve cette même femme avec qui tu te moquais gentiment de Gia la veille. Elle perds un peu de son sourire en te voyant à moitié cachée dans ton écharpe et sans doute trop débraillée pour être vue en société. Tu te sens un peu idiote à ne pas savoir quoi dire, presque sur le point de faire demi-tour puisque tu n'as rien pour justifier ta présence de l'autre côté des barrières. Elle doit prendre pitié - encore cette impression désagréable -, puisqu'elle t'ouvre le passage d'une pression sur un panneau de commandes.

« Vas-y. »

Son regard se fait légèrement plus complice, un détail qui te soulage bien que tu sois incapable d'y répondre. Tu te contentes d'un petit mouvement de tête en espérant qu'il fera passer le message avant de te forcer à murmurer un merci. Tu passes ensuite les portiques, ignorant sciemment le couloir menant au tunnel aquatique. Tu en fais de même avec celui qui te conduirait aux bassins extérieurs et au dôme servant de volières pour les espèces évoluant autant dans l'eau que dans les airs. A la place, tu longes les parois de verre des aquariums aux Corayon avant de t'engouffrer dans l'univers bleuté des profondeurs. Par de grandes ouvertures en forme de bulles, tu peux observer la danse des Loupiot et des Lanturn. Dans la pénombre, l'éclat de leurs appendices lumineux se fait plus net et il est facile de te perdre dans la simplicité de leur existence. Tu finis même par te dire que tu apprécierais de dresser un membre de cette espèce. Un Lanturn bien entrainé pourrait sans aucun doute t'emmener visiter les fonds marins. Il doit faire calme sous la surface. Tu es encore loin d'être capable d'une telle prouesse, mais tu avais apprécié les courtes leçons de Maddox dans l'art de l'utilisation du tuba. Plonger réellement est bien différent, mais peut-être est-ce là une discipline à laquelle tu pourrais t'essayer. L'idée disparait vite, avalée par le doute et une petite voix dans ta tête te susurrant que penser au futur ne te mènerait pas à grand chose. Soudainement, regarder les Pokémon n'est plus aussi apaisant et les reflets bleus t'entourant laissent une impression désagréable sous tes paupières. Tu veux bouger sans y parvenir jusqu'à ce qu'une main ne vienne se poser lourdement sur ton épaule. Tu as l'impression de sursauter si fort que tu aurais pu t'arracher à ta propre peau, de te débattre contre cette intrusion dans ton espace, mais il n'en est rien. Tu restes immobile, seuls tes yeux bougeant pour attraper les contours de la silhouette longiligne de la chef des soigneurs.

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tentative de fuite:

Les dernières minutes restent floues. La dernière heure, peut-être ? Tu n'es sûre de rien. Tu prends soudainement conscience d'être assisse sur un canapé moelleux, une veste en polar bleu reposant sur tes épaules. Les aquariums ne sont plus en vues et la lumière est naturelle ici. Tu te trouves dans une sorte de salle de repos, sur l'un des fauteuils entourant une table basse. Une rangée de casiers occupe tout un pan de murs et déborde un peu devant de grandes baies vitrées donnant une vue impressionnante sur la ville en contrebas. Assisse dans le fauteuil qui te fait face, Maddox parait concentrée sur une tablette, une paire de lunettes rendant son froncement de sourcils plus sévère. Elle doit sentir que tu la regardes car elle lève soudain les yeux, juste une seconde, avant de reproduire le mouvement, les muscles de son visage se détendant et son visage se fendant d'un sourire.

« Seiloh. Tu te sens mieux ?
Uh ? »

Tu restes un peu confuse. Autant à cause de ta présence ici que par cette question. Tes souvenirs sont décidément flous. Tu te souviens avoir longtemps regardé les Pokémon vivant dans les abysses et puis... Plus rien. Tu n'es même pas certaine de la raison qui te pousse à ne pas t'étonner d'être avec Maddox à l'instant.

« Tu avais l'air ailleurs. C'est pour ça que je t'ai amenée ici. »

Elle grimace. Une réaction que tu imites un peu anxieusement. Est-ce que tu as encore fait une crise d'angoisse ? Non, tu n'en as pas eu l'impression. Tu n'en gardes pas les séquelles habituelles en tout cas. Tu as plutôt l'impression d'avoir raté des étapes. Que ton corps a été impliqué dans des mouvements sans que tu n'en ais eu conscience.

« Je...
T'en fais pas pour ça pour le moment. Comment tu te sens, là, maintenant ? »

Tu n'en es pas certaine. Tu as toujours un poids inconfortable sur la poitrine ou plutôt que tes émotions cherchent à y prendre trop de place et que ta cage thoracique ne parvient pas à s'étendre assez pour se faire à leur intrusion. Ton esprit te parait aussi un peu cotonneux et il y a une douleur sourde qui te crispe le bas-ventre. Tu y poses une main par réflexe, un peu perplexe. Même avec toutes ces données, tu ne sais pas trop quoi répondre à ta vis à vis. Tu relèves les yeux vers elle, ta bouche bougeant à peine alors que tu cherches tes mots.

Ce qui finit par s'échapper n'a rien à voir avec le message que tu avais voulu faire passer pour dissiper l'inquiétude.

« Pas bien. »

Rarement as-tu été aussi sincère. Tu ne vas pas bien pour de trop nombreuses raisons et tu n'es pas sûre d'avoir envie d'en parler. C'est bien ta seule certitude. Ce que tu veux vraiment est de t'enfouir sous quelque chose pour te faire oublier. Cela ne parait pas près de se produire même si la polaire que tu as sur les épaules aide un peu grâce à la chaleur qu'elle te procure. Elle sent un peu bizarre, mais, puisque c'est une odeur que tu as associé à Eliza, ce n'est pas vraiment désagréable. Il y a une autre odeur en arrière-plan, un parfum un peu musqué sur lequel tu ne te questionnes que brièvement. Tu n'as pas l'énergie de faire plus.

« Est-ce que Eliza sait que je suis ici ? »

Un mouvement négatif de la tête te rassure un peu.

« Tu veux bien ne pas lui dire ce qu'il s'est passé ? Je ne veux pas qu'elle s'inquiète plus qu'elle ne le fait déjà. »

La culpabilité dans ta poitrine est féroce quand elle se bat pour prendre toute la place. Tu la laisses faire. Le sentiment te parait légitime. Tu lui as déjà créé bien assez de problème. Maddox parait réfléchir et des lignes de contrariété se marquent sur son visage. Elle n'est vraiment pas douée pour camoufler ses émotions. Elle te réponds au bout d'un soupir résolu.

« Seulement si on reparle plus tard, toi et moi. Et si tu me promet de m'appeler si il t'arrive quoi que ce soit. »

Le compromis n'a pas l'air de la satisfaire tant que ça, tu apprécies donc d'autant plus l'effort même si tu ne comprends vraiment pas pourquoi tous ces gens continuent d'apparaitre pour se soucier de toi quand tes parents n'ont jamais pris cette peine. Tu résous ton trouble en préférant la conclusion qu'ils le font par pitié. Cela reste désagréable, mais le négatif est plus facile à accepter.

« D'accord. »

Tu n'es pas sûre que tu le feras. D'un côté car tu as bien du mal à demander de l'aide, ou même à l'accepter, plus confortable dans ton déni, mais aussi car tu n'es pas certaine de sa sincérité. Sur le moment, elle l'est sans doute, mais il ne serait pas étonnant qu'elle change d'avis une fois qu'elle ne t'aura plus sous les yeux. Cela ne t'empêche pas de prendre le papier glissé dans ta direction sur lequel est griffonné un numéro. L'écriture est plus élégante que tu n'aurais pu l'imaginer.

« Et dès que tu te sens d'attaque, viens voir les Nigirigon. »

Tu hoches la tête avec un peu plus de sincérité. Si tu ne te sens pas de le faire maintenant, l'envie est toujours là.

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Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Poiiink poiink !
Et voici Trompignon sauvage LV.34 qui fait son apparition.

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On le prépare en poêlée ou on le capture ?

Convaincre Maddox de te laisser repartir seule prends du temps. Son inquiétude se lit toujours sur les traits tirés de son visage, mais, quand elle te laisse finalement sortir, c'est par une porte arrière alors qu'elle te désigne de la main la direction à suivre pour rejoindre la maison d'Eliza. Il est plus rapide même si il va te demander d'emprunter des rues inconnues. Rien de trop compliqué fort heureusement, tu te sens encore un peu cotonneuse et ton esprit ne cesse de te susurrer que t'enterrer sous la couette est la seule option viable pour terminer cette journée plus que moyenne. Malgré tout, tu n'es pas assez amortie que pour qu'il soit difficile de retenir les indications. Tourner à gauche à la boulangerie puis tout droit jusqu'à retrouver un quartier plus familier. Quand la chef des soigneurs t'abandonne, c'est avec l'ordre de prendre soin de toi et en te laissant la veste en polar aux fortes aux odeurs de marée. Trois fois trop grande pour toi, tu la portes comme une cape en resserrant les doigts autour des deux pans à chaque bourrasque un peu plus forte. Quoi que tu puisses dire, tu n'es pas mécontente d'avoir cette couche en plus. Plusieurs heures se sont écoulées et le temps s'est refroidit. Ce n'est qu'en approchant le fameux commerce et les restes du fumet de pain cuisant au four que tu te fais la réflexion que ce parfum musqué qui remonte de temps en temps du tissu doit appartenir à Maddox. Il est pourtant logique qu'elle t'ait fait mettre quelque chose lui appartenant pour te tenir au chaud durant...quoi qu'il se soit passé. Un fond de culpabilité te titille le ventre juste avant qu'une crispation ne s'y installe en t'arrachant un frémissement de douleur. Dès que l'instant passe, tu te fais la promesse d'aller lui rendre sa veste dès le lendemain et de lui présenter des excuses. Tu devrais sans doute être plus soucieuse de la douleur, mais il est si facile de la voir comme une rétribution karmique et d'imaginer que tu la mérites que tu ne cherches pas à l'expliquer. Elle existe et tu ne t'en plaindras pas, aussi dérangeante soit-elle quand tu marches.

La première touche de familiarité que tu croises en arrivant vers chez Eliza est Allen, perché sur une boîte aux lettres anonyme. Sa pose est presque princière tandis qu'il toise ton approche avec son sérieux coutumier. Si l'attitude te crispe un peu, tu restes consciente que tu lui dois des excuses. Tu as été désagréable avec lui de façon gratuite.

« Pardon. »

Cela sort dans un sanglot désagréable qui te prends à la gorge et quelques larmes viennent perler au bord de tes yeux. Tu les chasses avant qu'elles ne puissent couler à l'aide de tes manches. Te revoilà à arborer l'attitude de la petite fille que tu n'as pas été longtemps, trop vite reprise par des injonctions à bien te comporter et à ne pas afficher tes émotions. Le poids du Grenousse est rapide à s'installer sur ton épaule et il se frotte contre toi dans cette caresse un peu humide que tu commences à trouver réconfortante. Sa façon à lui de te dire qu'il te pardonne. Tu le comprends sans mal contrairement à tout à l'heure où son attitude tenait du mystère à tes yeux. La connexion a été comme rétablie entre vous, bien que tu ne t'expliques pas pourquoi elle a été soudainement interrompue. Cela compte peu à l'instant. L'important est qu'il soit là, avec toi. Sans rancœur.

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tentative de fuite:

La maison est aussi calme à ton retour que lors de ton départ. Tu te félicites d'une pensée difficile à former d'avoir pensé à prendre le double des clés remis par Eliza quelques jours plus tôt. Tu as ainsi pu déverrouiller la porte en son absence et celle de sa fille. Tu la supposes encore à l'aquarium ou en train de préparer le congrès qui l'attends en fin de semaine. Gia t'ayant fait tout le déroulé de sa journée, tu ne t'inquiètes pas de ne pas la trouver ici. C'est sans doute mieux. Maddox paraissant vraiment soucieuse de ton cas, il est évident que tu ne dois avoir l'air en forme. Il serait facile de vérifier, cela ne demanderait qu'un coup d'œil dans le miroir intégré à l'armoire de l'entrée, mais tu évites consciemment ton reflet. Tu n'as aucune envie de t'y confronter car il te semble que tu n'as pas besoin de ça en plus. Être sûre d'avoir une sale tête ne changera rien, cela ne fera que rajouter une couche à ton mal-être. Tu te forces à y aller progressivement. Tes chaussures pleines de sable sont déposées dans un coin du couloir et tu ôtes la polaire et ta propre veste pour les accrocher à la patère. Même ton écharpe est soigneusement remise à sa place. Allen t'observe faire avec attention, sautant d'un meuble à un autre en suivant ta progression. Il croasse doucement quand tu passes à proximité de l'arche de la cuisine et tu y pénètres comme on obéirait à un ordre. Tu n'as toujours pas mangé. Tu n'as aucune idée de l'heure qu'il est, juste que tu as sauté beaucoup trop de repas. Tu attrapes ce qui passe et qui te sembles le plus aisé à avaler sans avoir à réfléchir. Un peu de céréales mangées sèches et une clémentine que tu t'efforces de faire passer avec quelques gorgées d'eau. Il y a plus nourrissant, mais des calories sont des calories après ton jeûne imprévu.

Tes pas te conduisent ensuite vers la salle de bain à l'étage où tu ressens le besoin de te rafraîchir le visage après le temps passé sur la plage. Tu n'as pas l'énergie de mettre de la crème hydratante pour combattre le tiraillement à peine gênant au niveau de ta peau, ni de te brosser les dents, mais tu passes aux toilettes par réflexe. Et là tout fait sens. Enfin, pas tout, tout de même, mais tu comprends mieux l'irrégularité de tes humeurs et la rapidité avec laquelle tu avais paru perdre ta motivation. Les crampes dans le bas du ventre aussi. C'est idiot de ne pas y avoir pensé, la réalité est si simple à côté de toutes ces choses auxquelles tu as pensé. Seulement, tu n'es pas habituée à avoir à te soucier de tout ça. Tes règles ont jusqu'ici été peu problématiques malgré un manque de régularité dont l'infirmière de l'école s'était un peu inquiété avant de ne plus trop s'en faire en l'absence d'autres symptômes problématiques. Avec un petit flux et des douleurs qui tenaient plus de la gêne, tu te savais chanceuse. Les allers et venus de Mère Nature n'avaient jamais dérangés tes habitudes. Tu faisais avec, trop occupée dans ton coin pour être réellement affectée par tes hormones. Aujourd'hui, il semblerait que cela ait changé. Ce n'est pas si étonnant que ça. Tu sais ce que l'on dit sur l'importance du rythme hormonale chez une femme et l'impact que pouvait avoir le mental. Avec tout ce qui se bouscule en toi, il est trop cohérent que tu ne sois pas épargnée sur ce plan là non plus. Tu n'en es pas exactement soulagée non plus. Tu prends la nouvelle avec fatigue avant de chercher de quoi te charger du problème. Fort heureusement, la tâche n'est pas difficile dans une maison habitée par deux femmes. Ensuite, c'est vers ton lit que tu retournes. Il n'y a sans doute pas mieux à faire.

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Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

A chaque fois que tu te réveilles dans cette maison, tu as l'impression de le faire dans un état d'esprit différent. Comme si chaque phase de sommeil te projetait dans une autre émotion. Tu retrouves tes sens dans la semi obscurité de la chambre d'amis avec une douleur pulsant dans ton bas-ventre. Il fait nuit, mais de la lumière provient du couloir là où le plafonnier est encore allumé. Tu es un peu désorientée, une partie de ton cerveau se concentrant sur l'omniprésence de ce mal, l'autre tentant de faire un point concret sur la situation. Il t'est difficile de ne pas combattre la douleur et c'est ce qui te conduit à ta perte. La tête enfoncée dans ton oreiller, tu te crispes trop quand une nouvelle crampe lance et le plus pitoyable des sons s'échappe de tes lèvres alors que tu te tortilles entre les couvertures pour tenter de trouver une position un peu moins difficile à supporter.

Au milieu de tout ça, tu ne remarques pas ton Grenousse prostré sur la table de chevet et encore moins son départ de quelques bonds agiles. Presque aussitôt, il y a du bruit dans les escaliers et Gia arrive dans la chambre avec un essoufflement dans la voix.

« Sei. T'es réveillée. Woh... »

Il y a quelque chose de parlant dans la réalité que la présence de ta meilleure amie t'aide à reprendre le dessus. Pas tant à cause de ce qu'elle représente, mais car l'idée de tant manifester face à une autre personne t'est intolérable, plus encore quand tu te sens si faible. La douleur est toujours là et tu n'as pas cessé de la combattre, mais tu serres les poings autour des draps et tu forces un masque plus neutre sur tes traits, toute plainte ravalée. Il n'empêche qu'elle a déjà tout vu et s'est accroupie à côté du lit, une main venant se poser sur ton épaule. Sa paume est chaleureuse et le contact donne à ton corps le signal de se détendre, mais tu t'y refuses.

« Qu'est-ce qui va pas ? Tu dormais quand je suis rentrée, mais t'avais pas l'air bien. J'ai pas voulu te réveiller alors Allen montait la garde. »

Allen qui se trouve d'ailleurs posé sur son épaule et t'observe avec autant de souci qu'elle. Tu grognes avant de laisser ta tête retomber dans l'oreiller. Tu ne sais pas comment te sortir de ce traquenard. Tu te sens trahie par ton corps qui en a trop révélé pour que tu puisses prétendre que tout va bien. Gia est déjà trop inquiète que pour qu'un retour en arrière ne soit possible.

« Juste mal au ventre. »

Tu marmonnes avec une mauvaise foi que tu payes quand la douleur s'intensifie. Tout ton corps se crispe sous les doigts de Gia qui se resserrent en réponse. De son autre main, elle chasse les mèches qui te sont tombées devant les yeux et sent ton front, puis tes joues.

« Mal co-... Oh. Attends. Médocs, bouillotte. Faut que tu manges un truc. Et de l'eau. »

Tu ne comprends pas exactement ce qu'il se passe, juste que son contact disparait et qu'elle piétine bruyamment jusqu'à ce que ce qu'elle se soit suffisamment éloignée que pour que ses pas ne soient plus audibles. Ceux d'Eliza sont plus discrets quand elle arrive dans la chambre. Elle t'observe avec cette attention toute maternelle que tu n'as connue que de sa part avant de s'asseoir au bord du lit.

« C'est la première fois que tes règles sont si fortes ? »

Tu hoches piteusement la tête, apparemment incapable de prétendre quand les questions viennent d'elle. Les larmes viennent te picoter les yeux quand elle pose la main sur ta joue, son pouce caressant tout doucement ta pommette dans un geste régulier et apaisant.

« Je sais que c'est facile à dire, mais il faut que tu te détendes, ma puce. Ce sera plus facile avec le médicament, mais il fera plus rapidement effet si tu arrêtes de lutter. »

Tu la trouves un peu injuste de te demander elle aussi quelque chose qui te parait impossible. Mais quand est-ce que Eliza a déjà réclamé de toi ce que tu ne pouvais pas donner ? C'est sans doute ce qui te convainc d'essayer, de faire l'effort d'accepter que tu te fais plus de mal que de bien quand tu lui caches la vérité. Plutôt que de résister, tu serres la main qu'elle glisse dans la tienne et tu y transfères la douleur quand elle frappe plutôt que de la garder en toi.

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tentative de capture:

Le médicament aide. Les quelques bouchées de pâtes à la sauce crémeuse que tu arrives à avaler dans un sursaut d'appétit aussi. Ce qui te soulage néanmoins le plus reste la bouillotte coincée contre ton ventre qui irradie d'une chaleur bienfaisante pour tes muscles trop tendus. Bien installée sous les couvertures, tu serais tentée par l'idée de ne plus jamais bouger si il n'y avait pas les rappels réguliers de la douleur et l'impression générale d'être passée sous les pattes d'un Pachyradja, malgré tout cela reste le meilleur endroit où te trouver à l'heure actuelle. Il y a aussi une tasse fumante de tisane qui t'attends sur la table de chevet, dernière attention d'Eliza avant qu'elle ne se retire pour la nuit. Elle l'a bien sûr fait en insistant sur le fait qu'elle restait présente et en te faisant promettre de venir la chercher si cela n'allait pas. Malgré la sincérité de ta promesse, tu doutes un peu que tu feras cette démarche par toi-même à part si tu venais à te rapprocher de l'agonie, une fin peu probable au vu de la situation. Après tout, tu as de l'eau et un médicament à reprendre d'ici deux heures si tu es réveillée et que le besoin s'en fait ressentir. Malgré ton inactivité aujourd'hui et les deux siestes faites, tu espères retomber dans le sommeil rapidement et y rester jusqu'à demain matin. Il n'y a que ça à faire en l'état et, au vu de tes émotions un peu trop actives, c'est le mieux qu'il puisse t'arriver. Malgré ta fatigue, tu restes pour le moment bien consciente. Allongée sur le côté, tu n'as que l'énergie de fixer le couloir d'un œil absent. Que la porte soit ouverte reste un peu perturbant. Que ce soit chez toi ou à l'internat, la porte de ta chambre avait toujours été fermée. Puisque cela rassure les habitants de la maison, elle est ouverte et le plafonnier du couloir est allumé. Pour le moment, c'est encore normal : Gia n'a pas fini sa routine nocturne. Tu l'entends faire des allers-retours entre sa chambre et la salle de bain depuis un moment, ses pas volontairement discrets, ses jurons à chaque oubli un peu moins. La domesticité de cette ambiance vient doucement titiller les cordes de ce fragile instrument que tu as dans la poitrine.

« Laz. »

Les mouvements graciles du Pyroli entre dans ton champ de vision et tu le vois cheminer à petits pas feutrés dans ta direction. Il bondit au bord du lit et t'observes un instant avant de t'escalader pour aller se rouler en boule dans ton dos, sa position particulièrement confortable grâce à la couverture supplémentaire qui te recouvre. Au vu de cette chaleur qui irradie de lui, tu ne risques plus d'avoir froid. Ce sera même vite tout le contraire. Avoir un tel Pokémon, c'est s'assurer d'être en permanence accompagné d'un petit chauffage portatif.

« Sérieux, t'aurais pu m'attendre. »

Gia bougonne en entrant dans la chambre, repérant sans doute son squatteur de partenaire par-dessus ton flanc. Sans un mot à ton égard, elle t'enjambe dans une imitation assez fidèle de son starter et le déloge de sa place pour pouvoir s'allonger.

« Qu'est-ce que tu fais ?
Tu pensais quand même pas que j'allais te laisser toute seule.
Je me sens mieux, c'est pas nécessaire.
Tut-tut-tut. »

Même si tu essayes de te tordre pour regarder derrière toi, tu ne discernes pas bien le visage de ta meilleure amie. Elle est trop occupée à trouver comment s'installer tout en se prenant la tête avec un Lazlo mécontent d'avoir été privé de sa place. Il finit perché sur elle après qu'elle ait insisté en grommelant que tu aurais besoin de te refroidir par moment. Il est dans tous les cas évidents que ton avis compte peu pour le duo. Gia finit moulé dans ton dos et tu n'as pas l'énergie de te sentir gênée par cette proximité soudaine dans un lit qui est plus petit que celui que vous avez partagé l'autre nuit. Quand sa tête se pose, même si elle occupe son propre oreiller, elle se trouve assez proche pour que tu puisses sentir le souffle de ses mots quand elle s'adresse finalement à toi.

« C'est ça ou je te stalke toute la nuit depuis le couloir. »

L'agacement dans sa voix est faux, tu y entends surtout une affection trop satisfaisante à laquelle tu te forces à ne pas te raccrocher. Tu es par contre bien incapable de ne pas te laisser aller contre elle pour absorber sa chaleur et le réconfort que sa présence te procure. Tu peux prétendre tant que tu veux qu'elle ne devrait pas faire tout ça et qu'elle serait plus confortable si elle restait dans son lit, tu es vite rattrapée par la simple vérité que tu ne veux pas la voir obtempérer.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 18 février).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3