Lorsque tu entrouvres les yeux, tu découvres une pièces aseptisée, ainsi qu'un petit garçon – un adolescent pour être plus précis – te regardant avec de gros yeux ronds. De ton côté, tu as bien du mal à garder tes mirettes ouvertes. Tu les refermes aussitôt que le jeune garçon ait quitté son siège, quittant ce qui semble être une chambre d'hôpital à la rechercher sans nulle doute d'un médecin. Tu l'entends tout juste hurler « Il s'est réveillé ! » que tu retournes dans les bras de Morphée.

Quand tu te réveilles à nouveau, tu te sens un peu plus reposé. Cette fois, tu peux prendre le temps de regarder ce qu'il y a autour de toi. Et ce que tu vois, ce sont deux personnes : un médecin et une femme rousse. Elle te semble familière et pourtant tu es incapable de mettre un nom sur son visage. « On se connaît, non ? » oses-tu sans gêne. Tu la sens s'offusquer, regardant le médecin qui lui dit « vous voyez, c'est le parfait exemple ». Tu la regardes croiser les bras avant qu'elle ne peste sa réponse. « Bah je suis ta sœur, ducon ». Tu écarquilles les yeux. Tu as visiblement loupé plus d'un épisode durant ta sieste. « Tu es vieille » « Tu t'es vu ? ». Tu finis par rire. Pas de doute, au vu de son caractère, il s'agit bien de Sorinah.

Après une brève conversation avec le médecin et ta sœur, tu comprends que ce que tu pensais être une simple sieste était plutôt un long coma de huit mois. Et en prime de ça, certains passages de ta vie semblent effacés de ta mémoire. C'est un bilan assez lourd à encaisser, tu dois l'admettre. Encore, la mémoire, c'est embêtant, mais pas insurmontable. Surtout qu'on te dit que ce n'est pas une perte définitive et qu'en théorie elle devrait te revenir. Par contre, ces huit mois perdus non. Ce qui te fait l'effet d'un coup de massue.
On te dit d'y aller en douceur, que ce soit pour ton corps et ta remise en forme, comme pour ta mémoire défectueuse. Pour ce qui est de ton état physique, tu ne peux de toute façon pas aller plus vite que la musique. Tu sens bien que tu es complètement affaibli. Le simple fait d'être éveillé et d'aligner trois mots t'épuise déjà. Par contre, pour ce qui est de ta caboche, tu ne partages pas l'avis du médecin. Celui-ci échange dans une messe basse avec ta sœur sur le sujet, mais il est si peu discret que tu l'entends tout de même.

Monsieur le médecin explique alors à ta chère sœur l'importance de ne pas faire référence aux événements vécus dont tu ne te souviens plus pour ne pas risquer un traumatisme. Il raconte comment d'autres patients ont visiblement mal tourné face au choc de la nouvelle. Il va même à dire que certains se sont suicidés, ne pouvant supporter ce « changement ». Car pour un amnésique, découvrir des points clés de notre vie oubliée est propre à une vision du futur ; on se sent comme spectateur de notre vie qui n'est pas encore – ou plutôt « plus vraiment » – la notre. Enfin, ça, c'est ce que dit le médecin. Ce dernier point, tu veux bien le croire. Tu l'expérimentes avec Sorinah actuellement. Toutefois, tu es bien plus solide que cet homme semble le croire. C'est mal te connaître que de croire que tu ne surmontera pas la vérité.

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AIDE À LA MODÉRATION:

Tu restes silencieux le temps que le médecin finisse ses explications. Tu te contentes de regarder Sorinah qui ne semble pas plus intéressé que toi par le récit de cet homme. Elle en vient à demander si elle peut rester seule avec toi, le coupant à moitié. Il bégaie un instant. Tu l'impression de faire face à une jeune recrue tout juste sortie de l'école. Enfin, il faut bien qu'il se fasse la main, en un sens. Et il est préférable que ce soit sur un gars comme toi, plutôt que sur un type à l'agonie où une opération du cœur est nécessaire.

Après une brève hésitation, le jeune médecin vous abandonne, vous rappelant tout de même les horaires de visites avant de partir – autrement dit, vous avez deux bonnes heures devant vous pour vous redécouvrir.
Vous regardez silencieusement la porte se fermier derrière le médecin. Tu tentes de te redresses sans succès. Vaincu, tu utilises la petite commande accrochée à ton lit médicalisé qui permet de relever une partie ou une autre de ton lit. Ici, tu choisis la partie supérieur, celle soutenant ton dos. Tu lâches la commande lorsque tu es à demi assis – plus t'appuierait sur les côtes, ce qui te fait un mal de chien présentement.

« Bon » crache Sorinah en se saisissant d'une chaise laissé dans une coin de la pièce. Elle la rapproche pour la positionné au plus proche de ton lit, le dossier de la chaise face à toi. Elle s'assoit ensuite dessus à califourchon. « Je ne te crois pas aussi fragile que l'autre tanche semble le croire ». Tu lèves les yeux au ciel. « Sorinah... » « Quoi ?! Tu vas pas me faire croire que tu lui fais confiance à celui-là ? Il est aussi égaré qu'un Laporeille coincé entre deux phares d'une voiture ! ». Tu ris en la voyant s'exciter de la sorte, ce qui te fait tout aussi mal que de bien. Tu grimaces. « T'as l'air en miette ». Tu souris, l'air de rien. Tu serais prêt à prétendre pouvoir courir un marathon au petit matin plutôt que de t'apitoyer sur ton sort. Tu sais que tu ne peux pas prétendre allez bien auprès de Sorinah, elle lit en toi comme dans un livre ouvert – un truc de jumeaux sans doute – mais ça reste dans ta nature d'affirmer que tout va bien, même avec les quatre fers en l'air. Tu as été éduqué comme ça, après tout.

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AIDE À LA MODÉRATION:

Vous vous plongez un petit instant dans le silence. Visiblement, il est tout aussi difficile pour elle que pour toi de déterminer par où commencer. Tu fais un petit bruit de bouche, comme pour débloquer la conversation, mais aussi pour te donner de l'élan. Au final, ce ne sera pas toi qui prendra la parole le premier. « Tu nous a fait si peur, tu sais... ». Le timbre de sa voix est un peu plus terne. Elle te fait une petite moue, tu lui fais comprendre au travers d'une grimace que tu es désolé. « Tu te souviens de l'accident ? ». Tu secoues la tête. Rien, mon capitaine. « Mon plus lointain souvenir remonte... ». Tu t'arrêtes pour y réfléchir, cherchant à donner une date. Sauf que tu n'as aucune idée de l'année actuelle, alors comment peux-tu savoir le temps qui sépare ton souvenir à aujourd'hui. « A l'accouchement de Sierra, dans ce même hôpital je dirais ». Sorinah hausse les sourcils, s'exclamant par la suite. « Alors, combien de temps ? ». Elle soupire. « quatorze ans ». Tu as l'impression de recevoir un coup de poing en plein cœur. Tout ton corps se fait lourd. C'est donc ça, le fameux choc dont le médecin parlait ?

Pour autant, tu refuses de te laisser abattre. Tu es partagé entre l'incompréhension et la colère. Comment as-tu pu oublier quatorze années de ton existence ? Tu ne serais même pas capable de reconnaître ton propre enfant si tu venais à le voir. « Eh ! ». Tu fronces les sourcils. Tu te souviens avoir vu un jeune garçon lors de ton réveil, le premier du nom. Tout était flou, tu n'as pas bien vu son visage. Tu as juste pu voir sa silhouette si fine et petite, ainsi qu'entendre sa voix fluette. « J'ai vu un jeune garçon quand je me suis réveillé... » « La semaine dernière ? » « Une semaine ?! » cris-tu, offusqué. Est-ce que le temps veux bien coopérer à présent ? « Soit. Donc, ce garçon. Je l'ai entendu alerter les médecin. Est-ce... ? ». Il faut savoir que tu n'es pas vraiment du genre à ne jamais finir tes phrases, sauf en présence de Sorinah. Sans doute un truc de jumeau là encore. Quoi qu'il en soit, vous avez toujours pris l'habitude de finir les phrases de l'autre. « Oui. Il s'appelle Caelum. Il est venu tous les jours te voir. Soit avec moi, soit seul après l'école. Vous étiez un peu comme les deux doigts de la main ». A ces mots, quelques larmes coulent sur tes joues. Tu n'es pas du genre à laisser paraître tes émotions. Toutefois, les circonstances actuelles sont si extrêmes qu'il ne peut en être autrement.

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AIDE À LA MODÉRATION:

Tu essuies ces maigres larmes d'un revers de main, soufflant un bon coup comme pour balayer la nouvelle. Entre temps, Sorinah s'est installé sur cette chaise qu'elle avait rapproché de ton lit, posant sa main sur ton bras d'un air désolée. « Ça va, je vais bien » craches-tu peu après ton soupire. Tu ne mentiras pas en disant qu'une telle nouvelle ne te perturbe pas. Évidemment que ça secoue. Mais tu n'es pas du genre à te laisser abattre de la sorte. Tu es même avide de savoir. Qu'importe si c'est douloureux, il est hors de question de rester dans ta zone de confort. « Dis m'en plus » dis-tu d'une voix paisible. Ta frangine fait la moue. « T'es sûr ? ». Tu hoches la tête. Tu veux rattraper ton retard. Et ce n'est pas en restant les bras croisées que ta mémoire va se refaire. Bien-sûr, tu n'es pas complètement stupide : il n'est pas question de tout savoir aujourd'hui. Tu vas y aller étape par étape. Et le plus important pour le moment, c'est ce fils qui t'es pour l'heure totalement inconnu.

« Qu'est ce que tu veux savoir au juste ? ». Sous entendu, quelles sont tes limites. Tu ne t'en imposes pas vraiment. A vrai dire, tu te poses beaucoup de questions et tu ne sais pas vraiment par où commencer. Tu as envie de savoir des choses sur ta propre personne, comme sur ta vie privée ou celle de tes proches. Faire un choix est compliqué, mais tu restes convaincu que de te focaliser sur ton fils reste la meilleure solution. Tu prends le temps de bien réfléchir à ta première question. Et au final, c'est tout naturellement que tu demandes « Comment va-t-il ? ». Tu marques une pause. « Je veux dire, comment il vit tout ça ? Est-ce qu'il... sait ? ». Tu la fixes du regard, un peu inquiet. Tu te mets à la place du petit et très clairement, tu n'aimerais pas que ton père oublie ton existence, comme tout ce que vous avez vécu ensemble.

« Il sait que tu ne te souviens pas forcement de lui. Mais c'est un petit gars solide, comme son père ». Elle te sourit, ce qui te fait sourire également. « C'était difficile au début pour... pour pleins de raisons qui ne dépendent pas que de toi. Mais globalement il va bien. Tant que tu es vivant, tout ira bien ». Tu te laisses tomber au fond de ton lit incliné dans un soupire, sans pour autant quitter ton sourire. Tu détournes le regard pour te tourner vers la fenêtre, un peu songeur. « Il passe beaucoup de temps chez nous actuellement, si tu veux tout savoir ». Tu fronces les sourcils. Étrange. Mais ce n'est pas un sujet que tu veux aborder pour le moment. Un pas après l'autre. « J'en déduis par ce « nous » que tout va bien avec Haether » dis-tu en te tournant de nouveau vers Sorinah. Elle te sourit en s'enfonçant dans sa chaise. « On devait se marier cet été, mais avec ton accident, on a tout repousser. On ne pouvait pas imaginer célébrer ça sans toi, le frère ainsi que témoin ». Tu esquisses un sourire un peu timide.

« Je suis désolé » « Tututu, pas de ça ! ». Cette fois, c'est elle qui fronce le nez. Tu acquiesces. Tu n'as pas à t'excuser pour quelque chose dont tu n'as pas le contrôle. Sur ce point là, tu ne peux la contredire.

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AIDE À LA MODÉRATION:

Peu après tes faibles excuses, la porte de ta chambre s'ouvre, provoquant un léger sursaut chez ta sœur qui se retourne aussitôt en cette direction. Apparaît alors le médecin qui vous a quitté plus tôt, accompagné d'une infirmière. « Excusez-moi de vous déranger, mais je suis contrains de devoir écourter votre visite ici, madame ». Sorinah se relève d'un air solennelle, n'affichant plus aucun sourire. Ce médecin, il est clair qu'elle ne le porte pas dans son cœur. « Maintenant que votre frère est réveillé, nous allons devoir faire une série d'examen. De plus, c'est l'heure de sa toilette ». Ton sang ne fait qu'un tour. Qu'est ce que cette histoire de toilette ? Si cette dame souhaite réellement touché à ton corps, elle devra t'assommer assez fort pour te replonger dans le sommeil, ou bien te shooter à coup d'hypnotique. En l'état, il est hors de question qu'elle te frôle, ne serait-ce que d'un centimètre. « Je peux me débrouiller, laissez ça là » dis-tu sèchement en désignant du doigts sa vieille bassine et son savon. Elle semble hésitante, regardant du coin de l'œil le médecin qui lui fait un signe de tête approbateur. L'infirmière dépose ainsi le tout à ton chevet, puis s'éclipse.

« Quand est-ce que je peux repasser ? » demande alors ta sœur au médecin. Il le silence s'installer avant de daigner lui répondre. Tu sens qu'elle bouillonne et que l'envie de secouer cet homme la démange fort. Tu souris. Ta sœur n'a visiblement pas changé avec le temps. « Nous vous rappellerons, mais pas avant la semaine prochaine. Votre frère risque d'être très fatigué. Mieux vaut lui laisser le temps de se reposer un peu ». Tu lèves les yeux au ciel, ne cachant pas ton oignon sur le sujet. Tu as toujours détesté être bichonné de la sorte. Et tu n'aimes pas plus qu'on parle en ton nom de la sorte, comme si tu n'étais même pas présent dans la pièce. Mais puisque tu es cloué dans ce lit d'hôpital, tu n'es maître de rien ici. Ce qui est plus que détestable.

Sorinah se rapproche de toi pour te susurrer à l'oreille qu'elle essayerait de passer tout de même, bien que ça lui soit interdit. Elle te dit aussi qu'elle viendra avec Caelum, si tu le veux bien – avant d'ajouter que de toute façon ce gamin ne te laissera pas le choix et viendra quoi que tu en dises. Tu lâches un petit rire à ces mots. Tel père, tel fils, comme on le dit si bien.

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AIDE À LA MODÉRATION:

Deux semaines. C'est le temps que tu as passé sans voir personne. Et ce fut long. Très long. Mais tu ne peux le reprocher à personne, mis à part aux médecins. C'est eux qui ont interdit toute visite pour préserver ton état de santé, soit disant. Tu as toujours eu horreur qu'on prenne des décisions pour ta propre personne à ta place. Mais qu'est-ce que tu pouvais faire contre ça ? Tu étais tellement épuisé par tous ces examens et ces exercices de remise en forme qu'une fois dans ta chambre tu n'étais plus capable d'aligner deux mots correctement. Tout ce qui venait te tenir compagnie au final, c'est la fatigue et la douleur. Et tu te serais bien passé de leur présence à ces deux là.

Malgré tout, tu sais que Sorinah a tenu sa parole. D'une part parce qu'une infirmière t'en a parlé durant un exercice de rééducation, venant te dire que Sorinah est « un sacré bout de femme ». Selon ses dires, ta tendre sœur se serait quelque peu acharnée contre les secrétaires postés à l'accueil, n'acceptant pas qu'on lui refuse toute visite. Cette infirmière étant une vrai commère, tu as eu le droit aux moindres détails croustillant sur la discussion qui a pu se faire entre ta jumelle et ces gens là. Ce drôle de récit aura au moins eu le mérite de te faire sourire – tu as même le souvenir d'avoir souffler un petit rire entre tes lèvres durant ce sourire.

D'une autre part, tu as reçu un petit mot de Sorinah, datant du lendemain de la prise de bec avec les agents d'accueils. Une fois encore, tu es amusé en découvrant ces mots exprimant sans retenue son agacement de la situation. Dans les grandes lignes, elle te dit avoir fait son maximum, mais que malgré tout l'amour qu'elle éprouve pour toi, elle n'ira pas pour autant se frotter aux agents de sécurité dans l'espoir de pouvoir te voir. Alors elle va se montrer patiente, te proposant de vous appeler en attendant. En effet, avec cette lettre, elle t'a fait parvenir – par le biais des infirmiers – ton téléphone portable, puisque tous tes biens ont été récupérés par ta famille durant ton coma. Et pour accompagner ton vieux téléphone, un tout nouveau flambant neuf, offert par Sorinah – c'était écrit dans sa lettre. Elle dit ne pas être certaine que le tiens fonctionne encore – et au vu de son état, tu dois admettre être assez surpris qu'il réussisse à s'allumer. En l'observant, tu prends un peu plus conscience de la gravité de ta chut, venant même à te demander par quel miracle tu es sorti vivant de cette expérience. Par chance – et puisqu'il s'agit de la même marque de téléphone – tu n'as pas besoin de fouiller dans ton ancien pour récupérer tes anciennes données. Le tenir à proximité du nouveau suffit à permettre un transfert de donnés. Que c'est beau la modernité !

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AIDE À LA MODÉRATION:

Bien que toutes tes données ont pu être récupérées, tu as totalement laissé ces informations de côtés durant ces deux semaines. Tu t'es essentiellement concentré sur ce repos forcé à la suite de ces examens et exercices multiples, n'utilisant finalement ton cellulaire uniquement pour appeler ta famille. Les premiers que tu as au téléphone, ce sont tes parents. Tout juste au lendemain du jour où tu as récupéré ce téléphone, quelque part vers le début de soirée.

C'est donc ton père que tu as en premier au bout du fil. Il te dit avoir tenté de t'appeler sans grande conviction, un peu comme un test hasardeux. Sorinah venait de l'appeler pour lui apprendre la nouvelle de ton réveil, tout comme du fait que tu n'étais pas autorisé à recevoir du monde, mais qu'on peut t'appeler. Alors il a tenté aussitôt. Et il te dit ne pas être mécontent de t'avoir aussi facilement. Il te dit à quel point il est heureux de t'entendre, de te savoir vivant. Il te dit même qu'il t'aime et que durant tout ton coma sa peur était que tu en meurs et qu'il ne te l'aurait pas te dit assez. Tu souris et tu lui dis l'aimer également, tout comme tu es heureux de l'entendre. Tu as toujours été proche de tes parents, plus de ta mère et sa grande ouverture d'esprit que de ton père et sa rigidité. Pour autant, tu ne saurais l'expliquer, mais lui et toi avez un lien spéciale. Tu es son fiston. Et même s'il y a eu des hauts et des bas entre vous, il n'y a jamais eu un instant sans que l'un ou l'autre ne soit fier de l'autre. Votre relation est inexplicable, pleine d'illogisme. Tout ce qu'il y a a retenir, c'est que ce lien est intouchable et qu'en tout temps vous savez que vous vous aimez sans avoir besoin de vous le dire.

Très vite, tu finis entre les mains de ta mère, un peu plus bouleversée et émotive. Sa voix tremblotte, tu ne comprends pas tout ce qu'elle veut te dire – tant elle tente de te dire des choses. Tu essaies de la rassurer, en lui disant que tout va bien et que tout ira vite mieux. Tu comprends entre deux sanglots qu'elle est inquiète pour le court de ta vie, avec cette histoire de perte de mémoire. Ce à quoi tu lui réponds que le plus important, c'est que tu te souviennes parfaitement d'eux. Ce qui semble l'apaiser un peu.

Ton père reprend la main, tant ta mère n'arrive pas à calmer ses larmes. Ça te brise un peu le cœur. Pour autant, tu restes stoïque. Ton père et toi partagez ce défaut là, le manque d'émotion. Enfin. Ton père te dit donc vouloir te laisser, autant pour que toi tu puisses te reposer que pour ta mère puisse souffler. Il te dit vouloir te rappeler demain si tu le veux bien, à peu près à la même heure. Et ainsi le rendez-vous était donné. Durant la totalité de ces deux semaines d'isolement, tu as eu tes parents au téléphone tous les soir, exactement à la même heure. Et ce petit rendez-vous te faisait un bien fou.

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AIDE À LA MODÉRATION:

La seconde personne que tu auras au téléphone, c'est ta sœur. Tu l'as eu le même soir que tes parents, tout juste après avoir raccroché avec eux. Et ses premiers mots à ton égare sont utilisés pour te passer un savon. Sa toute première phrase est très exactement « Eh beh, tu décroches enfin ! », ce qui te fait sourire. Le reste, tu n'écoutes qu'à moitié. Tu l'entends s'exciter à l'autre bout de la ligne, mais tu n'es pas totalement certain que son agacement t'es réellement dédié, ce pourquoi tu n'y prêtes aucune attention. Sans compter que la fatigue de ta journée cumulée aux médicaments que tu dois prendre font que tu luttes pour ne pas t'endormir sur ses paroles. Tes paupières se ferment à plusieurs reprises, mais tu tiens bon.

A vrai dire, ce qui te tiendra éveillé, ce n'est pas ta sœur. Tu es habitué à l'entendre râler et partir au quart de tour pour pas grand chose – elle a toujours été sanguine et tu es plutôt content de voir que c'est toujours le cas. Sur ça, tu aurais pu tout à fait t'endormir sans aucun soucis. Mais comme une piqûre d'adrénaline, une voix si familière est venu s'ajouter à cette drôle de conversation – jusqu'alors, tu n'as décroché aucun mot,

« Laisse-le respirer un peu ». Cette voix, tu la reconnaîtrais entre mille. Elle te mets des étoiles dans les yeux. Tu es si heureux de l'entendre. Elle est légèrement différente à celle de tes souvenirs, simplement parce que les années sont passés par là et que cette voix a pris de la maturité. La tienne doit également être bien différente d'il y a quatorze ans.
Tu écoutes tes interlocuteurs échanger entre eux, l'un te prenant un peu plus en pitié que l'autre – qui se justifie en certifiant que tu as l'habitude de l'entendre parler de la sorte, réflexion que tu te faisais justement. Tu les coupes dans leur élan, te raclant la gorge avant de porter ta voix à leurs oreilles. « Haether ? ». Tu es persuadé qu'il s'agit de lui, mais il est toujours bon d'avoir sa confirmation. Au final, tu pourrais très bien confondre les choses. Dans votre jeunesse, ta sœur et lui se fréquentait déjà, bien que secrètement. Ils ont ensuite officialisés les choses une fois l'adolescence quittée. Mais en quatorze ans, il s'en est passé des choses. Il est possible qu'ils ne soient plus ensemble, bien que tu ne peux le concevoir.

Le silence s'installe instantanément après ta question. Tu entends quelques bruits sourds, sans doute liés au mouvement du téléphone entre les mains de ta sœur. « Hi buddy ! Comment tu te sens ? ». Un sourire léger se dessine sur ton visage. Tu expires doucement. Tes muscles se détendes. « Vivant » réponds-tu simplement. Ce à quoi ton ami éclate de rire. Il te dit que cette réponse est digne de toi.

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