Je suis un peu confus, ça va sans dire. Je crois avoir cerné les attentes vis-à-vis de ces pokémons, et j’ai bien conscience de vanter mes mérites concernant mon aisance avec les pokémons de type acier. Juste que… Bah je ne sais pas trop comment m’y prendre parce que c’est bizarre. Ce sont plusieurs pokémons qui constitueraient une seule entité, un seul pokémon ? Ce serait pas genre… de la triche ? Enfin, je dis ça, mais on a bien Magnéton, ou Triopikeur et Triopikeau, alors pourquoi ça serait différent ? Est-ce qu’il y a une question de fusion, au niveau du corps, ou un délire comme ça ? Je ne sais pas, il faudrait peut-être que je me renseigne sur la question, même si j’ai moyen envie. Oui, il y a de la curiosité parce que c’est du savoir à propos de pokémons, et donc ça m’intéresse, mais en même temps, je trouve que c’est dérangeant, genre les savoirs inconfortables qu’on aimerait pas forcément avoir mais qui restent bien là, encrés en mémoire. D’ailleurs, je me demande s’il faut trois Taupiqueurs pour qu’ils évoluent ensemble et forment un seul et unique Triopikeur, ou si c’est le corps d’un seul Taupiqueur qui se démultiplie… Enfin bref. Ça ne m’aide pas à savoir comment on entraîne des pokémons qui doivent être une seule entité mais ne le sont pas, ou ne le sont pas encore. Mais je vais me débrouiller, n’est-ce pas ?

Allez, ce n’était pas prévu que je reste autant aux Éoliennes, mais il le faut bien pour cet entraînement spécifique. Il y a des choses que je peux sans mal reléguer à Lay-Ann et même à Carter, dans l’entraînement de ces Vrombis et Vrombotor, mais je préfère superviser un peu plus le truc que ce que je pourrais en avoir l’habitude. Disons que le Rurha De Vil, c’est un sacré numéro – c’est le moins qu’on puisse dire – donc que je ne peux pas laisser prendre le risque de faire de la mauvaise pub à la pension parce que le service proposé n’aura pas atteint les exigences de ce dresseur. Encore moins quand le choix des Éoliennes apparait clairement basé sur ma réputation personnelle. Mais bon, tout roule, aucune pression sur mes épaules voyons ! C’est un entraînement comme un autre, je sais que c’est faux, mais n’empêche que je dois y croire. Surtout que j’ai commencé à visualiser ma manière de travailler avec eux, que j’ai eu le temps de m’amuser – presque – à construire du matériel pour les forcer à travailler comme un, à faire attention à une masse et à un volume plus importants que leur propre corps. Ce qui m’embête, c’est que je ne sais pas comment ils seront disposés, au sein de cette Starmobile. Je ne connais pas les plans et internet semble bien se garder de me les fournir. Cela signifie travailler uniquement la cohésion, sans définir de rôle. Cela va compliquer les choses, mais pas trop non plus ; il faut juste que je parvienne à attribuer un signe distinctif à chaque Vrombi – à coup de gommettes adhésives colorées – pour faire en sorte que les positions dans la structure que j’ai construite varient systématiquement. Il ne faut pas qu’ils prennent d’habitudes quant à une place, surtout pas. Mais ça devrait marcher.

Une fois la petite horde de pokémons observés et mon matériel prêt, on a pu passer aux entraînements, se déplacer ensemble, faire attention aux autres, dans un premier temps. Une fois que ça semble assez bien rouler, l’étape suivante a été d’apprendre à attaquer et à esquiver comme un seul corps. Mais ça a pris du temps et beaucoup d’énergie. Il a fallu bosser tant et plus, ce qui ne m’a pas toujours arrangé, pour arriver à un résultat satisfaisant, et surtout à ce que je puisse retourner les pokémons à leur dresseur avec le sentiment du travail bien fait. On ne déconne pas avec ça. La dernière étape, ça a été de reprendre contact avec Rurha De Vil, faire un point sur ce que j’ai travaillé avec ses pokémons, et les lui renvoyer. Une relation client avec quelqu’un comme lui, ça se soigne, il n’y a pas trop le choix. Donc bien sûr que je dis que je reste à disposition si besoin et que je fournis – à contrecœur – mon numéro personnel. Il le faut bien, pour la pension.

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