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Stegan Striker

Stegan Striker
Modo CDT & Dresseur

C-GEAR
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Messages : 2504

Région : Galar
Jeu 14 Sep - 17:19
- “Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.”

Ca venait d'un livre. Lequel, il ne le savait pas vraiment. Stegan n'avait jamais été un grand littéraire et n'avait aucune raison de l'être. Mais cette citation circulait beaucoup dans son milieu, et il ne saurait pas vraiment se souvenir de la première fois qu'il l'avait entendue. C'était devenu comme un dicton parmi tant d'autres, une manière de se rassurer sur la fatalité qui attendait la plupart des combattants. Une façon de garder le moral, la tête haute, ou au moins l'envie de se lever le matin. Mais cette phrase, s'il l'avait toujours plus ou moins ignorée, il s'était mis à la détester.

Il se disait que, perdre un membre à la guerre, ça faisait partie des risques du métier. Même sans cette citation, il n'aurait eu aucune honte à perdre sa jambe sur une mine, ou à laisser un organe à un éclat de shrapnel. Mais maintenant qu'il était amputé, cette citation lui rappelait que ce n'était pas arrivé à la guerre. Il avait perdu son avant-bras parce qu'il avait mal réagi. Face à celui qu'il considérait -à tort, mais pas de beaucoup- comme le plus puissant des pokemons, certes. Mais ce bras en moins ne faisait pas de lui un héros. Il faisait de lui un perdant. Et cette citation le lui rappelait dès qu'il y repensait.

Malgré tout, il n'était pas amer. Ka'bar avait toujours eu toute son estime, et il se demandait parfois s'il ne préférait pas que cette blessure lui ait été infligée par son meilleur ami et son pokemon le plus puissant, plutôt que par un quelconque chausse-trappes posé à la va-vite par un rebelle peu scrupuleux. Son oeil, il se l'était enlevé lui-même, et il n'en était déjà pas fier. Alors se faire prendre un membre par un autre, c'était difficile à assumer. Mais bon, c'était Ka'bar. Non seulement il avait la force pour prétendre lui tenir tête, mais en plus, c'était mérité. Il aurait même été légitime à lui prendre bien plus qu'un bras.

Cette pensée lui revenait systématiquement en tête, dès qu'il entendait le cliquetis des prothèses mécaniques de l'insécateur sur le bitume, ou qu'il posait le regard sur l'acier griffé et cabossé qui les composait. Une lame, une patte et deux ailes. Voilà ce que son imprudence avait coûté à Ka'bar. Alors un avant-bras, ce n'était pas cher payé, à ses yeux.

En parlant de payer cher, ce qui lui trottait également en tête, c'était une question somme toute inutile, mais malgré tout légitime : quelles ficelles le colonel Bareblade avait bien pu tirer pour pouvoir lui offrir les services d'une boîte privée. A l'époque, Ka'bar avait été équipé par le département de recherche militaire auquel il était affilié. Mais ce département ayant fermé dans les circonstances que Stegan ne connaissait que trop bien, il avait fallu trouver une autre solution. Stegan s'attendait à devoir prétendre à une simple prothèse en polymère, et s'imaginait déjà devoir s'adapter au port d'arme à une main. Mais Bareblade n'avait pas dérogé à sa réputation, et avait un coup d'avance. "Va les voir de ma part, j'ai déjà tout prévu". Aussi simple que ça. Enfin, simple.

Metalex Corp. Une entreprise kalosienne spécialisée dans les prothèses, à ce qu'il en avait compris. Le top du top, à ce qu'on lui en avait dit. Et des tarifs prohibitifs, à ce qu'il en avait présumé. Il n'était pas question de demander à Bareblade comment il s'était débrouillé, mais cette idée l'intimidait malgré tout. Il n'avait pas peur de grand-chose, mais l'idée qu'une énorme brute dans son genre bénéficie de ce genre de traitement de luxe, c'était hors de son circuit mental. Il connaissait le nec plus ultra en matière de technologie d'armement, et se l'était toujours refusé. La lointaine époque des Wardogs et de tout leur attirail électronique et optronique ne lui manquait pas, tant il était mal à l'aise avec la technologie de précision. Mais une main, après tout, ça ne pouvait pas être aussi délicat qu'un monoculaire de vision nocturne. L'espérait-il, tout du moins.

Lorsqu'il passa le seuil de Metalex, suivi de près par son insécateur, il était habillé en civil. Ou du moins, autant en civil que Stegan Striker pouvait s'habiller, c'est à dire jamais sans un pantalon de treillis vert, des bottes de combat et un blouson en cuir noir. Il s'était toujours dit que l'uniforme de sortie était trop guindé, mais pour une fois, il n'aurait pas détesté l'idée de porter une cravate, qui aurait pu lui permettre de se fondre un peu mieux dans un décor aussi corporate. Surtout qu'une de ses manches était retroussée jusqu'au bord de son moignon à peine recouvert d'une fine gaine en polyamide, ce qui devait attirer l'oeil.

Hésitant, plus par volonté de ne pas passer pour un idiot que par véritable doute, il s'approcha de l'accueil. Le cliquetis régulier des prothèses de Ka'bar résonnait derrière lui. Si on le lui demandait, il ne rechignerait pas à le rentrer dans sa pokeball, mais tant qu'il le pouvait, il préférait le garder auprès de lui.

- Bonjour. Stegan Striker. On m'a dit que j'étais attendu.

Il se rendait compte en le disant que Bareblade ne lui avait pas donné plus d'informations que ça. Il espérait qu'on n'allait pas lui annoncer une heure d'attente.


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Amyra Richards

Amyra Richards
Dresseur Kalos

C-GEAR
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Région : Kalos
Dim 24 Sep - 15:53
Lorsque les grandes portes automatiques s'ouvrent pour la énième fois de la journée, Aimee les ignorent avec superbe ; elle est au beau milieu d'une conversation avec l'un des membres de l'équipe spécialisée se trouvant à l'étage de convalescence.
Le combiné du téléphone coincé entre oreille et épaule, elle épluche rapidement une pile de dossiers à la recherche de l'information demandée.
Les traits délicats de son visage se froissent lorsque, dans sa hâte, elle esquisse un mauvais mouvement et manque d'échapper l'appareil.

En le rajustant, ses yeux se posent vers l'entrée du hall d'accueil, s'écarquillent même, et elle se fige aussitôt.
L'homme qui s'avance à son encontre est un véritable géant !
En vue de sa tenue décontractée, aux influences militaires, et de l'expression qu'il affiche, elle comprend qu'il n'est pas venu uniquement pour se renseigner.
Ce n'est toutefois qu'en remarquant l'inquiétante silhouette derrière, qui suit l'étranger comme une ombre, que la jeune secrétaire s'empresse de fournir les données à son collègue, avant de lui demander si elle peut le rappeler un peu plus tard - d'ici une quinzaine de minutes tout au plus.

Elle raccroche ensuite et se lève de sa chaise coussinée.
Les pas cliquetant de l'insécateur remplissent l'air et accentue son sentiment de malaise grandissant. La bête est amochée, rafistolée par des prothèses qui, à en juger par leur aspect, ne proviennent pas de la compagnie ; un oeil avisé - et habitué - comme le sien constate qu'elles ne portent pas la marque de fabrique de la maison ni le lustre propre au fameux métal qui en a fait sa renommée.

De manière purement intuitive, la demoiselle glisse une main sous le rebord de son bureau ; son index frôle le bouton d'urgence, qui fera accourir la sécurité de l'immeuble si jamais elle se sent menacée par l'homme et l'insecte.
En deux ans de bons et loyaux services, elle ne l'a jamais pressé.


- Bonjour monsieur Striker. Bienvenue chez Metalex Corp. Qu'elle renchérit d'un ton à la fois chaleureux et professionnel, en prenant soin de copier l'accent et la prononciation du nom de son interlocuteur.

Certains clients sont pointilleux.
Aimee est soulagée de constater que, malgré son aspect bourru et imposant, l'homme s'avère poli.
Cela l'incite à retirer sa main de sa cachette et à se saisir de son agenda, qui contient tous les rendez-vous annuels de sa patronne - ainsi que ceux des différentes divisions de la Metalex Corp.
Il ne lui faut que quelques minutes pour trouver son nom et elle reprend son téléphone, pour composer rapidement l'extension de celle qui s'occupera de lui.


- Madame, monsieur Striker est arrivé. Oui. Oui. Non. Parfait, je vous l'envoie.

Elle raccroche, puis se tourne vers Stegan, un sourire avenant reposant sur ses lèvres.
Abandonnant ensuite son poste, elle contourne son bureau et fait signe au duo de l'accompagner ; elle se sent minuscule, fragile et frêle, en comparaison de ceux qu'elle escorte vers l'ascenseur, comme le veut le protocole.


- Après vous.

Puis elle s'engouffre à son tour pour presser le bouton qui les mènera jusqu'au dernier étage, jusqu'au domaine de la présidente, de celle qui gouverne cet empire de fer et de technologie.
Il ne faut que quelques instants pour que la cabine n'effectuent son ascension et que les portes blindés ne se rouvrent pour les laisser sortir.
Aimee les amène jusqu'à l'unique porte au bout du petit couloir, puis toque trois coups précis.
Une voix lui intime d'ouvrir et de faire entrer ses invités, et elle s'exécute, en offrant un dernier sourire à Stegan et à son insécateur.
Puis elle se dépêche de regagner l'ascenseur et de retourner vaquer à ses occupations.




Lorsque j'ai reçu l'appel d'Aimee et qu'elle m'a annoncé la venue de ce monsieur Striker, je me suis permise quelques questions supplémentaires avant de lui demander de les escorter jusqu'à mon bureau.
Même si je connais les grandes lignes derrière cet entretien, je préfère assurer mes arrières et prendre les précautions adéquates.
Je fais confiance à l'armée, mais...

Est-il accompagné ?
Oui.
Par un pokémon ?
Oui.
A-t-il manifesté un comportement inquiétant ?
Non.

Les réponses de ma secrétaire sont suffisantes pour que ma garde rapprochée demeure à mes côtés durant la rencontre ; mon scalproie, aux lames affutées et renforcées au metallum, se tient adossé à un mur, bras croisés, tête baissée.
Il attend patiemment, attentif au moindre bruit émanant du couloir.
En attendant l'arrivée de mon client, je récupère son dossier, les détails que l'on a bien voulu me fournir sur son cas, puis je m'assure que mes vêtements soient disposés du moindre pli, de la moindre imperfection.

Avec une journée riche en rendez-vous, j'ai décidé d'enfiler un tailleur gris acier, le pantalon classique remplacée par une jupe carrée qui m'arrive aux genoux et qui met en valeur mes jambes artificielles.
Ma veste repose sur une patère, me laissant en chemisier blanc.
Des bracelets et des boucles d'oreille en or complètent mon ensemble.
Je suis l'incarnation du chic et de l'élégance, sans taper dans l'excès.

Ma seule excentricité du jour ?
Je suis pieds nus.
Je ne me sens pas d'humeur à porter des talons aiguilles ou des souliers, et je ne risque pas de ruiner le carrelage avec mes orteils métalliques, car j'ai appris, au fil des ans, à me déplacer avec délicatesse et légèreté avec eux.


Au bout d'un moment, mon compagnon redresse la tête.
Je crois que mon client arrive.
Comme de fait, Aimee toque et annonce leur présence, comme à son habitude, et je lui indique que je suis prête à les recevoir.
Je m'avance pour les accueillir et attend que la porte se soit refermée derrière l'homme et son pokémon pour lui tendre la main.
La gauche.

- Quel plaisir de vous recevoir, monsieur Striker ! Amyra Richards. Et qui vous accompagne ?

Mes yeux dorés se tournent vers l'insécateur et je l'étudie pendant quelques secondes.
J'analyse l'état de ses prothèses, passant de ses ailes à sa lame synthétique, avant de m'attarder sur sa patte manquante et remplacée par un membre mécanique.
Ce n'est pas un travail d'orfèvre, mais cela tient en place et semble lui permettre de fonctionner normalement.

Même si l'homme me dépasse de deux, voire trois têtes, je ne me sens pas intimidée.
Je le fixe droit dans les yeux lorsque je lui parle et mon langage corporel fait l'étalage de mon assurance et de ma confiance.


- Aimeriez-vous quelque chose à boire ? Un scotch, un bourbon ? Mon père était un fervent consommateur pendant ses réunions et ses rendez-vous, mais jamais plus d'un verre ou deux. Il me reste encore quelques unes de ces excellentes bouteilles de sa collection.

Une fois de temps en temps, je me permets de servir de l'alcool.
Le but n'est pas d'enivrer les esprits, mais de les délier.
J'ouvre les portes vitrées du meuble à tablettes qui renferme pas loin d'une dizaine de bouteilles et, pendant que je balaie les étiquettes du regard, je me permet de poser à Stegan une question qui me semble légitime et importante.


- Quelles sont vos attentes envers Metalex ?



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Stegan Striker

Stegan Striker
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C-GEAR
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Région : Galar
Lun 25 Sep - 9:42
Une certaine tension émanant de son interlocutrice renforce Stegan dans son regret vestimentaire. Il sait qu'il a l'air d'un hooligan ainsi vêtu, mais intimider par sa seule allure est loin de lui déplaire d'habitude. Il aurait dû anticiper qu'en venant ici, il devrait, par la force des choses, abandonner son éternel complexe de supériorité et rester à sa place de client. Il espère en tous cas que son attitude reflète suffisamment l'humilité que lui force le contexte actuel, pour compenser.

Un bref échange téléphonique avec une supérieure, et le voilà dans un ascenseur. Voir cette femme presser le bouton du dernier étage ajoute instantanément une couche de pression à la situation déjà compliquée pour lui. Le dernier étage, c'est par essence celui des patrons, des gros bonnets. Il pensait être traité par un employé parmi les autres, un ingénieur ou arceus savait quel métier occupaient les prothésistes. Pas qu'il serait catapulté dans les bureaux du sommet. L'élégante sobriété des couloirs ne l'aide pas davantage. Il est le genre d'homme à se sentir comme un poissirène dans l'eau dans les rues mal famées de Smashings. Soutenir des regards menaçants ne l'effraierait pour rien au monde, et il aurait même tendance à apprécier la pression ambiante de tels cloaques où règne la loi du plus fort, sachant qu'il y était l'alpha, le dominant. Mais ici, dans un environnement sain, carré, protocolaire, il perdait une bonne partie de son assurance. Sa force restait un argument, à ses yeux, mais pas suffisant. Il ne maîtrisait ni les conventions sociales, ni les savoirs techniques pour se sentir au-dessus du panier dans ce genre d'endroits. Il n'était pas en contrôle. Il se sentait petit, presque vulnérable. Et il n'aimait pas ça.

Un pic de nervosité l'assaille lorsque la... secrétaire, sans doute ? Finit par frapper à l'unique porte du couloir. Pas une seule pièce adjacente, qui aurait pu lui laisser l'espoir d'aller voir un éventuel adjoint ou sous-chef. Non, directement chez le chef de meute. Incapable de rendre son sourire à sa guide, il se contente de lui adresser un signe de tête somme toute cordial en guise de remerciement. Puis, il entre.

Instantanément, il se tend, et il sent que Ka'bar fait de même. Mais pas pour les mêmes raisons.

Il avait face à lui une femme que, s'il se préoccupait de ces considérations, il n'aurait pas hésité une seule seconde à qualifier de superbe. Mais au-delà, sa seule présence imposait le respect. L'élégance de sa tenue, de sa posture, l'assurance qui se dégageait d'elle, tout en elle confirmait son sentiment. Il était tombé très loin du sommet de la chaîne alimentaire. Ses yeux se portèrent un bref instant sur un détail difficile à rater : le métal qui composait ses jambes, dans une structure toute en finesse et en harmonie avec le reste de son corps. Il ne s'y attarda pas, conscient de l'impolitesse d'un regard trop insistant sur les jambes d'une femme, même artificielles. Mais il était au moins certain qu'elle n'avait pas usurpé sa place à la tête d'une entreprise de prothèses.

Ka'bar, lui, se moquait bien de la patronne. Ce qui avait attiré son attention, c'était le scalproie qui occupait bien moins d'espace, sa discrétion étant justement ce qui avait attiré l'oeil de la mante. Un combattant calme, d'autant plus menaçant. Il n'inspirait aucune hostilité, signe qu'il ne devait être là qu'en guise de sécurité. Mais en bon combattant aguerri, il était impossible pour l'insécateur de l'ignorer. Stegan, lui, l'avait bien remarqué ; mais à cet instant, il avait bien d'autres priorités. Il était d'autant plus soulagé d'avoir gardé son pokemon auprès de lui pour se décharger de cette pression supplémentaire.

Ne sachant trop comment agir, il laisse son interlocutrice s'approcher et lui serrer la main. La bonne main, détail qui ne lui échappe pas. L'habitude de s'adresser à des amputés, sans doute. Une preuve supplémentaire de professionnalisme. D'une voix calme, tachant de masquer au maximum sa nervosité, il répond très laconiquement.

- Enchanté.

L'espace d'un instant, habitué à ce que Ka'bar le suive comme son ombre, il en avait oublié la possibilité que l'on lui en demande davantage le concernant.

- Ka'bar. Mon insécateur et plus vieil ami. Si ça ne vous dérange pas qu'il reste avec moi.

Il n'aurait jamais ajouté la dernière phrase d'habitude, mais, à nouveau, il savait qu'il n'était pas dans son territoire. Il savait qu'il devrait se passer du confort que lui apportait la présence de Ka'bar, si on le lui intimait. Il ne comprendrait pas pourquoi, surtout qu'un autre pokemon était présent dans la pièce. Mais il ne considèrerait pas avoir le choix.

Cette femme est impressionnante. Stegan sait inconsciemment que sa seule apparence suffit à le placer en position d'ascendance, d'habitude. Constater que cet avantage naturel ne lui est pas garanti lui saute d'autant plus aux yeux, bien que ça ne le surprenne pas. Il a face à lui une personne de caractère, qui n'a clairement rien à prouver pour assurer sa position. Le seul fait que son comportement naturel suffise à lui conférer une telle aura en dit long. Il en est même pris de court lorsqu'elle lui propose un verre. Il ne s'attendait pas à une telle proposition, qui dénote au point d'atténuer en partie la pression qui l'enserre. Ce dont il ne peut pas se plaindre.

- Oh. Euh... un scotch, je vous remercie.

Il regrette instantanément sa décision. En plus de ne pas faire très sérieux, accepter un spiritueux dès le début d'une entrevue où il est question de son intégrité physique revient à prendre le risque de ne plus être totalement maître de ses moyens. Heureusement, il a pris l'habitude des alcools fort lors de sa longue période de solitude misanthrope, un seul verre ne devrait pas trop l'abîmer.

Il passe rapidement sur l'information qui lui parvient. "Mon père". Cette madame Richards a donc, selon toute vraisemblance, repris l'entreprise familiale. Un point de plus pour sa crédibilité. Mais vient bien vite une question que Stegan ne peut pas s'empêcher de prendre comme une question piège. La réponse lui paraît en effet tellement évidente qu'il ne comprend pas pourquoi on la lui pose. S'il est ici, n'est-ce pas pour une seule raison ? Il a l'impression que son interlocutrice veut le jauger, peut-être pour déterminer si, oui ou non, il est "digne" de son temps. Ce qui ne serait pas surprenant pour une entreprise comme la sienne. C'est de bonne guerre ; un artisan qui respecte son propre travail ne le mettra pas entre toutes les mains. Soit, il sera donc sincère.

- Être à nouveau opérationnel.

Avide de mots, comme à son habitude, Stegan comprend malgré tout qu'il va devoir être plus précis.

- Un oeil en moins, en mission, c'est gênant mais pas rédhibitoire. Une main en moins, ça l'est beaucoup plus. Je peux ni conduire, ni poser un garrot, ni monter un campement, ni me battre au corps à corps. Je peux tirer de la main gauche, mais avec moins de précision et seulement avec des armes courtes. J'ai besoin de retrouver une main fonctionnelle, au moins en partie. Une simple prothèse décorative ne me servira à rien.

Il énumère tous ces exemples en considérant que madame Richards est au courant de qui il est. Il fait confiance à Bareblade pour lui en avoir dit assez. Au besoin, il sera plus exhaustif, mais il est vrai que si elle ne sait pas exactement à qui elle a affaire, elle sera légitime à se poser des questions.

- Donc en temps normal, je dirais que mes attentes sont assez élevées. Mais on m'a laissé entendre que ça ne sera peut-être pas le cas de votre point de vue.

Une remarque qui se veut respectueuse. Mais en prononçant ces mots, il se rend compte qu'ils peuvent sonner comme un défi. Peu importe, la façon qu'aura madame Richards de prendre sa remarque ne dépendra que de ses compétences. Et jusqu'ici, elle ne lui est pas apparue comme une femme pouvant douter d'elle-même.


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Amyra Richards

Amyra Richards
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Jeu 28 Sep - 19:21
D'un geste discret de la main, je signale à mon fidèle garde du corps de demeurer à l'écart ; tel que je le connais, il est à deux doigts de bondir sur la mante religieuse pour la maîtriser dans les règles de l'art.
Comme je souhaite éviter une altercation - ou un drame - qui n'a pas lieu d'être, mon intervention est nécessaire.
Je le vois se réadosser contre le mur, son regard rivé sur l'insécateur, à suivre le moindre de ses mouvements, même le plus insignifiant.

En comparaison, je suis tout à fait détendue vis-à-vis nos invités.
Je me sens dans mon élément, malgré les enjeux qui accompagnent cet entretien.
La poignée de main que nous échangeons d'ailleurs, Striker et moi, est ferme mais chaleureuse, et je me doute bien qu'il n'aurait eu aucun mal à me broyer les doigts si nous avions été dans un contexte brûlant d'animosité.

Je pose les yeux sur l'insécateur lorsqu'il m'est présenté et je hoche la tête, en signe d'assentiment.


- Je n'y vois aucun inconvénient.

Cela dit, au premier écart de conduite, j'exigerai qu'il disparaisse.
Mon bureau n'est pas un lieu où j'autorise les combats d'orgueil et d'instinct territorial.

Tandis que je sélectionne une bouteille de scotch, suivant le choix de mon interlocuteur, je prête une oreille attentive à sa réponse.
Le mot opérationnel me fait suspendre momentanément mon geste, alors que j'en suis à verser la boisson, d'un ambré clair, dans un verre.
Il sonne comme la réplique du parfait soldat, qui n'attend qu'à reprendre du service, comme si sa vie en dépend.

Les précisions s'enchaînent ensuite, et je reprends la distribution, en veillant à ce que la portion de l'homme soit plus généreuse que la mienne.

J'avais eu vent de sa condition avant notre rencontre, son dossier médical ayant été transféré dans nos registres afin que nous puissions préparer adéquatement sa commande.
Mais il y a toujours quelque chose de plus marquant lorsque la personne fait elle-même l'état de son infirmité.
Surtout lorsqu'il s'agit d'un homme accompli et qui possède un vécu significatif.

Je me retourne lentement, chargée de nos verres, et je reviens vers lui pour lui offrir le sien.


- Il est tout à fait normal d'avoir des attentes élevées. Si cela peut vous rassurer, nous comptons les satisfaire et les dépasser. La commissure de mes lèvres frémissent, avant de se relever en un fin rictus. Nous ne serions pas aussi prisés si nous n'avions pas nous-mêmes des attentes exceptionnelles en terme de qualité et de durabilité. Nous sommes toutefois limités en ce qui a attrait à certaines... améliorations de nos prothèses, même lorsqu'elles sont commanditées par un client aussi influent que l'armée. La dernière chose que nous souhaitons, c'est que l'état vous considère comme un danger public. Je tiens à ce que vous le sachiez, car là-dessus je suis intransigeante.

Je marque une courte pause.
Mes propos sont sérieux et je m'attends à ce qu'ils ne soient pas pris à la légère.
Je n'ai pas envie de me faire coller une poursuite par le gouvernement pour avoir brisé l'entente établie depuis mon arrivée à la tête de l'entreprise.


- Vous aurez une nouvelle main fonctionnelle, un mois après son installation, si cela vous semble être un délai acceptable.

Mes prunelles dorées s'évadent un instant en direction de l'avant-bras mutilé, que la gaine en polyamide recouvre.
Même sans avoir un aperçu de la blessure, ou de l'état du moignon derrière cette barrière protectrice, je peux visualiser le membre artificiel, avec sa motricité et son revêtement métallique.
La tension des doigts qui se plient et qui se déplient, le poing qui se forme.
Malgré les restrictions imposées, et les closes légales qui nous font office de muselière, ce petit bijou technologique lui redonnera bien plus que ce qu'il a perdu.


- Il y aura des documents à signer, des formulaires de consentement et autres formalités, notamment pour le séjour obligatoire dans notre pavillon de convalescence, mais tout ce qui concerne le paiement a déjà été réglé. Vous serez donc libre de choisir la date de votre opération lorsque nous aurons terminé notre entretien. Aujourd'hui, dans deux semaine, un mois, plus tard ? Ce sera à vous de décider, monsieur Striker.

Je le toise un instant, avant de prendre une gorgée de scotch.

- Avez-vous des questions avant que nous ne poursuivions ? Des doutes, des craintes ? N'hésitez pas à les poser et à les exprimer, c'est important.



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Stegan Striker

Stegan Striker
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Région : Galar
Ven 29 Sep - 14:28
Stegan perçoit la tension monter entre Ka'bar et son vis-à-vis. Il sait que l'insécateur saura se tenir tant qu'aucun signe d'hostilité n'émanera du scalproie, ce qui a bien peu de chances de se produire au vu du contexte. Mais cet insécateur est un guerrier par essence, et ne néglige aucune possibilité. C'est ce qui fait sa force sur le champ de bataille, et sa faiblesse ailleurs. Stegan lui jette un regard appuyé par un léger hochement de tête. L'insécateur le perçoit. Il doit rester en stand-by, autrement dit, rester calme. Il répond par le même geste, signe que l'ordre est bien pris.

Pendant ce temps, madame Richards prépare les rafraîchissements. Stegan perçoit, à la seule couleur de la boisson, qu'il ne boira pas du décapant. Lui qui refusait de toucher à l'alcool quelques années auparavant, il se surprend à avoir hâte de goûter au contenu de ce verre. Tout en le lui apportant, la cheffe d'entreprise lui livre un discours qui explique sa question, tout autant qu'il fait hausser les sourcils à Stegan.

Le soldat tourne et retourne les propos de madame Richards dans sa tête, mais en arrive à la même conclusion. Il semble qu'il était bien loin du compte en parlant d'attentes élevées. Son interlocutrice poursuit, lui livrant des informations qui ont le don de le mettre en joie, même si, réserve miltiaire oblige, il n'en laisse rien paraître. Il la laisse terminer ses explications, jusqu'à ce qu'elle lui laisse le relais. Sur l'instant, il ne sait pas trop quoi répondre. Dans son esprit, une prothèse de main, c'est complexe, surtout si elle est articulée. Pouvoir attraper un objet est déjà un bel exploit technologique, raison pour laquelle lui, qui espérait pouvoir reprendre les opérations avec un minimum de handicap, considérait qu'il en demandait beaucoup. Et voilà que cette femme lui dit, à demi-mot, qu'elle va devoir brider son produit pour rester dans la loi. Lui qui n'en espérait déjà pas tant, une telle droiture ne peut que le mettre d'autant plus en confiance.

Sans même qu'il ne le réalise, et avant même d'avoir touché à une seule goutte de sa boisson, trop estomaqué qu'il était, Stegan prit une posture légèrement plus détendue, une voix imperceptiblement plus avenante.

- Eh bien, pour être franc, j'espérais retrouver une main fonctionnelle, je ne me serais jamais permis d'espérer une amélioration par rapport à l'originale. Donc vous venez de m'annoncer Noël en avance.

A quoi bon garder ce ressenti pour lui. La vie était assez avare en bonnes nouvelles pour qu'il se prive de se réjouir de celles qu'il pouvait savourer.

- Bien sûr, je ne compte pas vous demander des bricolages douteux. Les objets dangereux, c'est moi qui gère, j'ai juste besoin d'avoir de quoi les manipuler.

Ses pensées à présent un tant soit peu réorganisées, Stegan porte le verre à ses lèvres. Le scotch est succulent. Incomparable avec la marque générique qu'il achète hebdomadairement à la supérette du coin de la rue. Il y aurait là presque de quoi lui donner envie de s'intéresser aux spiritueux, d'autant que les moyens pour ce faire ne lui manquent pas. Les économies d'un vétéran des forces spéciales, peu dépensier de surcroît, ne le limitent pas dans son catalogue de boissons, contrairement à son pragmatisme maladif. Il marque une courte pause pour saluer non-verbalement la qualité de la boisson en levant brièvement son verre et en ponctuant son geste d'un hochement de tête appuyé, avant de poursuivre.

- Je suis encore officiellement en convalescence, alors autant en profiter. Je peux commencer dès que possible.

Il ne compte pas faire le difficile. Plus tôt il pourra à nouveau se servir de dix doigts, mieux il se portera.

- Quant aux questions...

Un moment d'arrêt. Une idée lui vient en tête, mais il n'est pas certain que ça soit le bon moment pour en faire part à madame Richards. Chaque chose en son temps.

- Je vous fais entièrement confiance, ça serait manifestement un affront de douter de votre expertise du sujet. Je suis simplement curieux de savoir ce que vous entendez par "dépasser mes attentes". Je crois que je ne me rends pas bien compte de ce qui est faisable de nos jours.

A dire vrai, il aimerait beaucoup connaître ces améliorations qui feraient de lui un "danger public". Non pas qu'il les désire, mais il est sincèrement curieux de savoir tout ce qu'il est possible de mettre dans une main artificielle. Il a bien quelques idées en tête, mais qui relèvent davantage du film d'espionnage de seconde zone que de la réalité. Et après tout, l'état a depuis longtemps les yeux mi-clos sur ses activités, alors dans l'absolu... Non, non. Il ne s'agit pas de tenter le diable. Mais la curiosité demeure néanmoins.

Rapidement, il jette un nouveau regard à Ka'bar. Il est le sujet de sa question qu'il a sciemment gardée en suspens. Heureusement que l'insécateur est focalisé sur le scalproie, sinon il y aurait eu fort à parier qu'il lui aurait fait des appels du pied pour qu'il évoque prématurément la question, qui le concerne en premier lieu.


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Amyra Richards

Amyra Richards
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Ven 29 Sep - 16:13
Je ne sais pas si ce qu'il entend lui plaît, mais je dénote un léger changement dans son comportement.
Un bris subtil de cette rectitude propre à la milice.

- Allons, monsieur Striker. Si je souhaitais vous servir une prothèse basique, je vous référerais à mes plus féroces compétiteurs.

Cette touche d'arrogance est spontanée et délivrée d'une voix dépourvue de raillerie.
Je ne fais qu'établir une vérité, un fait ; nous sommes depuis longtemps les dominants de l'industrie, sans réelle concurrence hormis une ou deux compagnies offrant des alternatives à rabais et à la qualité douteuse.
J'éprouve une fierté sans borne envers ma compagnie, envers l'héritage que m'a légué mon père et mentor, et je ne me prive pas de le mentionner.


- Vous méritez ce qu'il y a de mieux sur le marché.

Je secoue doucement la tête à la mention d'objets dangereux.
Je me départie de toutes responsabilités à ce sujet ; ce qu'il fera avec sa nouvelle main ne me regarde pas.
La quantité de boisson diminue d'un cran dans mon verre, avant que je ne dépose celui-ci sur un coin de bureau.

Je réalise que je n'ai pas offert à mon client de s'asseoir, mais je crois que d'être debout nous permet d'établir une meilleure connexion, puisqu'il n'y a rien entre nous pour nous distraire.
Tout en le laissant déguster son scotch, je réfléchis sur ce que je vais lui présenter ensuite.
Cela dépendra de ses questions ou des points valides - ou invalides - qu'il soulèvera.


- C'est dans ce cas un excellent moment pour débuter les démarches. Vous n'aurez pas prolonger l'arrêt de vos fonctions.

Cette nouvelle m'enchante.
Je le fixe d'un regard inquisiteur, suspendue à ses lèvres lorsqu'il reprend la parole, m'attendant à ce qu'il me bombarde de questions.
Mais il s'interrompt, comme s'il hésite à laisser libre cour à ses pensées.

J'attends silencieusement, en espérant que cela le motive à rouvrir le dialogue, à poursuivre sur sa lancée.
Ce qu'il fait, au bout d'un moment, et je ne suis pas déçue de son approche.
Mon sourire s'élargit et une étincelle naît dans mes prunelles dorées.


- La plupart de mes clients s'attendent à recevoir le stricte minimum. Des prothèses solides, durables et qui ne nécessitent que des ajustements occasionnels, surtout lorsque leur utilisation se fait sur une base régulière. Il faut comprendre que les matériaux employés à la création de nos prothèses sont peu communs et en partie privatisés par la Metalex Corp. Leurs propriétés sont incomparables.

Je songe au metallum, ce métal rare dont nous détenons présentement l'exclusivité, pour avoir été découvert par mon prédécesseur et déclarée comme ressource indispensable à nos recherches et avancements.
Et puisque nous sommes les seuls détenteurs du secret de sa malléabilité et de son point de fonte...
Cela permet aisément de dissuader ceux et celles qui espéraient pouvoir s'en tailler un morceau et l'utilité pour leurs propres desseins.


- Mais si vous espérez avoir une main capable de résister aux températures que le corps humain ne tolère pas normalement, ou que vous aimeriez être capable de broyer plus ou moins n'importe quoi grâce à une pression similaire à celle des mâchoires d'un kraknoix, c'est tout à fait possible. Nous n'allons pas vous transformer en couteau-suisse, monsieur Striker, mais cette prothèse vous apportera une force et une stabilité que la chair et le muscle ne peuvent procurer ni égaler.

Je marque une pause, le temps de décocher un coup d'oeil en direction de mon scalproie pour m'assurer qu'il se tient toujours à carreau ; il n'a pas bougé d'un pouce depuis l'arrivée de cette présence rivale.
Satisfaite, j'en reviens à Stegan.

J'ai l'impression de m'être emportée, de m'être égarée dans ces descriptifs qui ont des airs de mises en garde camouflées.
Un coup de passion et d'engouement pour le métier que j'exerce et pour le rêve que je vends.
Si je n'étais pas aussi investie, je crois que le lendemain matin j'aurais fermé boutique.


- Et croyez-moi, j'en sais quelque chose.



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Stegan Striker

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Ven 29 Sep - 22:57
Etonnante.

Cette femme est étonnante. Un discours parfaitement commercial et corporate, vertébré d'une sonorité plus sincère qu'une confession au clair de lune. Une assurance dénuée de présomption, car fondée sur d'authentiques et palpables convictions. Une rhétorique savante, intelligente, d'autant plus rare et précieuse qu'elle ne repose manifestement sur aucune volonté d'imposer la moindre idée qui ne transparaisse pas comme une évidence. Il était enfantin de reconnaître les menteurs lorsque l'on avait fréquenté l'humanité au plus bas de son paraître. La guerre éveillait les instincts primaires, les réactions viscérales. Les tranchées boueuses tâchées de sang et de bile faisaient tomber tous les masques et mettaient à nu la véritable nature de chacun. Les beaux parleurs, du plus crédible au plus grotesque, dégringolaient systématiquement loin en-deçà des standards de ceux qu'ils se plaisaient à prendre de haut, lorsque les pires affres du monde reposaient sur leurs épaules. Lorsque la vie n'était plus qu'un concept abstrait. Et Richards n'avait rien en commun avec eux.

Cette femme était taillée pour diriger. La voie qu'elle avait choisie lui allait comme un gant, ou plutôt comme une prothèse, si un tel trait d'esprit pouvait s'avérer acceptable. Mais le tailleur d'entreprise lui était aussi seyant que ne lui aurait été la vareuse d'officier supérieur. De son point de vue de vieux soldat, un tel tempérament était gâché hors du champ de bataille. De son point de vue d'humain, ou de ce qu'il en restait... chacun sa voie.

Oui, chacun sa voie. Et le discours passionné qui suit, pour parler plus en détail des caractéristiques de ses créations, conforte Stegan dans cette vision plus raisonnable de l'existence, où tout ne se résume pas à déterminer qui survivrait ou non face à une mitrailleuse. Difficile de s'extirper de ce référentiel une fois que l'on y est plongé jusqu'à y disparaître. La rigueur des propos de Richards lui remet un tant soit peu les pieds sur terre et lui rappelle qu'il existe un monde hors du sien. Arceus merci.

Le soldat se sent quelque peu rassuré lorsqu'il ressent à nouveau de la simple satisfaction, signe qu'il n'est plus perdu dans de futiles pensées admiratives. Les derniers mots de Richards sonnent particulièrement doux à ses oreilles, et la fascination que le charisme de la cheffe d'entreprise commençait à lui imposer n'est pas vraiment à son goût. Il aime rencontrer des gens de valeur, bien trop rares à son goût. Mais il n'en garde pas moins une fierté viscérale et instinctive qui, paradoxalement, lui fait redouter ce sentiment de respect dont il est si assoifé. Un juste équilibre à trouver, que la perspective de s'élever au-delà des limites de la chair semble en bonne voie d'atteindre.

Il ne lui fera pas l'affront de lui demander ce qui lui a coûté ses jambes. Ses lèvres l'en brulent, comme à n'importe qui. Mais il sait qu'évoquer le souvenir d'une part de soi-même qui nous a échappé n'est pas un loisir plaisant pour tout le monde. D'autant qu'il se sait absolument dénué de toute légitimité à se montrer aussi intrusif, et que la question n'est pas là. Pour autant, il sait qu'il crèvera longtemps de l'envie de savoir ce qui avait pu être à l'origine d'une telle blessure. Surtout que Clara, la compagne de son lieutenant, présente un handicap identique qu'il sait dû à la chute d'une poutre de chantier. S'il en a fallu autant pour immobiliser une frêle et sensible jeune fille comme Clara, alors quelle puissance l'univers aura-t-il dû déployer pour en faire subir autant à cette femme. Stegan se rend compte de lui-même qu'il extrapole autant qu'il caricature, surtout que Clara n'a rien de frêle et sensible. Son accident autant que sa condition l'ont endurcie, et il en va sans doute de même pour Richards. Comment était-elle avant son accident ? Voilà la vraie question. Qui restera fatalement dans un éternel suspens.

- Je dois dire que je suis rassuré.

Une courte pause, qu'il met à profit pour entamer un peu plus son verre.

- J'ai l'habitude des scientifiques militaires qui passent leur vie à nous promettre des remèdes et des moyens d'améliorer nos performances, pour finalement qu'on se retrouve à subir tous les effets secondaires de l'univers jusqu'à ce qu'on réalise qu'on n'est que des cobayes. Mais j'ai face à moi une dirigeante qui ne jure que par l'excellence des performances de ses produits.

Outre les expériences qu'il avait lui-même subi, il avait eu vent de tous les scandales aux pilules anti-radiations expérimentales qui avaient causé défaillances hépatiques, insuffisances respiratoires et stérilité aux soldats qui les avaient ingérées. Des lotions anti-moustiques révolutionnaires qui provoquaient cancers et intoxications sur les soldats déployés en région tropicale. Jusqu'aux gourdes dernière génération conçues pour conserver l'eau sainement pendant des semaines, dans la mesure où les particules de plomb étaient considérées comme saines. Même les prothèses de Ka'bar avaient eu leurs défaillances critiques, et le seul argument qui avait joué en faveur de leur créateur pour lui éviter de devoir rendre des comptes avait été son assassinat.

- Ca me fait très plaisir de voir qu'il y a encore en ce monde des gens qui croient sincèrement à la recherche de l'excellence. D'autant plus lorsqu'ils travaillent dans des milieux aussi critiques.

D'un vif jeter de nuque, Stegan achève de vider son verre. Machinalement, ne sachant trop quoi en faire, il le dépose sur le meuble le plus proche, conscient du risque qu'il prend de commettre un impair. Sa voix semble laisser paraître de l'assurance, mais en vérité, il ne sait toujours pas où est sa place dans cet univers de protocole. Ce qui n'enlève pour autant rien au respect qu'il crédite à Richards.

- Je suis plus que ravi de pouvoir prétendre à profiter de cette excellence. Je ne vais pas vous encombrer de questions futiles, puisque vous en avez déjà les réponses et que je ne doute pas d'être entre de bonnes mains. Mais j'aurais tout de même quelques questions d'un autre ordre.

Sa langue avait décidé pour lui. Au cours de sa phrase, Stegan réalisait que son self-control était un tantinet altéré. Sous l'effet de l'admiration, du soulagement ou de l'alcool, il n'en savait rien. Sans doute les trois à la fois. Mais il n'était jamais aussi élogieux d'ordinaire, même avec ceux qui le méritaient. Alors, ses pensées s'était brièvement embrouillées. Il avait voulu changer de sujet. Il n'avait pas voulu laisser de temps mort. Et le voilà, désormais forcé par la bienséance d'aller au bout de sa réflexion. Peu importe, après tout. Il allait bien falloir y venir tôt ou tard.

- Enfin, à vrai dire, je serai très curieux d'en savoir plus sur les caractéristiques détaillées de ma future main. Mais avant, j'aimerais que nous abordions le sujet d'un autre potentiel client.

Pour illustrer ses propos, Stegan pivota très légèrement sur ses talons, afin de placer son insécateur au centre de l'attention. Ka'bar se contenta de tourner légèrement le regard vers Richards, comprenant que l'on parlait de lui.

- Mon ami ici présent souhaite évoluer. Le problème, comme vous pouvez le constater, c'est qu'il n'est plus totalement lui-même, et que les membres ne repoussent pas à l'évolution.

Il vit que Ka'bar se retenait de soupirer. Il détestait que l'on évoque ses prothèses, qu'il considérait comme le trophée de sa faiblesse. Elles n'étaient qu'un outil, un palliatif. Et les évoquer lui déplaisait fortement, mais il savait que son avenir en dépendait.

- L'autre problème, c'est qu'il ne va pas évoluer en cizayox.

Stegan plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste, pour en tirer la vieille photo que lui avait confié le colonel. Cette photo en sépia, vieille de presque deux cent ans, abîmée par le temps, mais sur laquelle on pouvait encore distinguer, entouré de quelques sinnohiens de l'époque, un hachécateur.

- Donc : est-ce faisable. Et le cas échéant, accepteriez-vous de le faire.

Stegan tendit la photo à Richards.

- Je suis désolé de vous prendre de court avec cette question, je doute que mon supérieur vous en aie parlé.

Ou peut-être l'avait-il fait. Bareblade avait cela de pénible qu'il ne disait que peu de choses, ce qui avait le don de le rentre imprévisible, autant que les situations qu'il provoquait. Mais là n'était pas la question. Si ses deux dernières questions étaient accueillies par la positive, le prix de Metalex serait le sien.


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Amyra Richards

Amyra Richards
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Lun 30 Oct - 18:58
Je tique légèrement à la mention des scientifiques militaires et de leurs fausses promesses.
L'espace d'une brève seconde, je crains que Striker ne me compare à eux, qu'il m'associe à leurs méthodologies douteuses et à leur manque flagrant d'empathie envers les patients qu'ils traitent.
J'ai suffisamment entendu d'histoires horrifiantes au sujet des victimes de leurs expériences, pourtant sensées apporter une solution définitive à des problèmes gênant et handicapant, pour me faire une idée de leur approche et pour m'en tenir le plus éloignée possible.

Mais l'homme s'en écarte et me fait un compliment que je ne peux qu'accepter, d'un hochement de tête.
Je le considère en silence, mes prunelles scrutant les traits de son visage durcis et usés par les aléas d'une vie dangereusement menée.


- Cela prend de tout pour faire un monde. Que je réplique, reconnaissant la rareté des gens qui aspirent aux valeurs et aux visions que m'a inspiré mon prédécesseur.

Là-dessus, il a su m'éduquer avec brio et m'inculquer les éléments importants pour éviter de sombrer dans la décadence et l'avidité perverses de mes pairs.
Gagner de l'argent est une chose, réussir à améliorer la qualité d'une vie sur le long terme, sans causer le moindre détriment, en est une autre.
Il va de soi que les deux s'agencent, mais l'un est clairement plus satisfaisant et bonifiant que sa contrepartie.

Je réfléchis à récupérer la bouteille pour remplir le verre désormais vide de mon interlocuteur, mais ce serait inapproprié.
Nous sommes dans un entretien sérieux, pas accoudé au comptoir d'un bar à discuter de nos quotidiens respectifs.
Puis je trouve sa langue suffisamment déliée pour ne pas avoir à le resservir.
Tout en chassant un pli sur mon chemisier et en ajustant la boutonnière de l'une de mes manches, je prête l'oreille à ces questions qu'il souhaite ensuite poser.


- Allez-y, monsieur Striker.

Il ne se gêne pas pour enchaîner et parler d'un second client potentiel.
Je hausse un sourcil, surprise, et le toise avec cet éclat de curiosité naturelle que je ne peux contenir.
Je le suis du regard, ses mouvements à la fois fluides et coordonnés par des réflexes de militaire, et je retiens à grand peine une exclamation enthousiasmée lorsque son insécateur se retrouve au centre de l'intérêt général.
Je cesse immédiatement de triturer le tissu de mon vêtement et m'avance à l'encontre de la créature, comme si celle-ci ne possédait pas d'instruments mortels à titre de membres antérieurs.
Stegan parle d'évolution.
Je ne suis pas spécialiste en la matière, mais je sais que cette espèce d'insecte a le potentiel de revêtir une magnifique derme cinabre aux reflets métalliques - tant que les conditions requises sont remplies.


- Je comprends.

Bras, jambes, ailes ne repoussent effectivement pas malgré un changement drastique de physionomie.
Ce serait comme de dire qu'un enfant mutilé pouvait récupérer ses morceaux manquant durant une poussée de croissance ou lors de son passage à la puberté.
Pour éviter d'empiéter sur l'espace personnel du pokémon, et ainsi provoquer une réponse agressive de sa part, je me contente d'examiner ses prothèses à une distance jugée respectueuse.
La fibre qui les compose mérite une étude plus approfondie.
Je note toutefois que les joints présentent quelques traces de faiblesse et d'usure, que le métal est lézardé ou cabossé par endroit.


- Que voulez-vous dire, pas en cizayox ?

Je tourne un regard étonné vers Stegan.
Celui-ci fouille à l'intérieur de sa veste pour en extirper un bout de papier un brin froissé, mais identifiable comme étant une vieille photographie une fois qu'elle m'est présentée.
Je m'en saisis avec délicatesse, en ne la tenant que par deux coins ; je ne tiens pas à la souiller de mes doigts ni à la détériorer alors qu'elle semble avoir de l'importance.
L'image est celle d'un pokémon que je n'ai jamais vu.
Plutôt que par des pinces, ses pattes se terminent par des têtes de hache faites d'un matériau similaire à de la pierre.
Je me caresse le menton, pensive, sans détacher mes yeux de la photo.


- Il ne m'en a pas parlé, en effet.

J'élude volontairement ses précédentes questions, concernant la faisabilité d'un tel projet et ma participation active à sa réalisation.
Je recule d'un pas, tourne les talons et entreprend de contourner mon bureau pour me poster derrière.
Je ramène ma chaise, m'y assois et ouvre mon ordinateur portable.
Je ne perds pas de temps pour scanner la photographie et l'intégrer à l'un de mes logiciels, afin de déterminer de quelle race il s'agit, de sa grandeur et de son poids moyen.
Mais le moteur de recherches ne fait que pondre un message d'erreur.
Chose qui me frustre, mais qui ajoute également à ma fébrilité de travailler sur un concept inédit et probablement unique.


- Il me faudrait des informations au sujet de cette évolution. Je n'ai rien dans mes fichiers. Est-ce un projet militaire ou une branche évolutive méconnue ? Pour des raisons évidentes, j'ai besoin de savoir dans quoi je vais m'embarquer si j'accepte de vous aider.

Je délaisse mon ordinateur, me relève et revient donner la photo à mon client.

- En toute honnêteté, je ne sais pas si c'est faisable. Je marque une courte pause, histoire de générer un inutile moment de suspense - comme si le bougre en avait besoin. Cela dit, je suis prête à essayer si cela ne présente aucun risque. Considérer ceci comme une faveur personnelle.

Mes lèvres frémissent avant de s'étirer en un sourire.
Il y a cependant une émotion contradictoire qui hante le fond de mes prunelles dorées.
Un doute, une hésitation.
Des pensées générées par un esprit critique qui roule à cent à l'heure et qui commence déjà à envisager des aspects plus négatifs de ses futures tentatives à la conception de ces prothèses.


- Il y a bien un détail qui m'embête. D'ordinaire, je conçois mes modèles en me basant sur la personne ou le pokémon. Je peux à la rigueur préparer des croquis et des prototypes un peu plus grossiers en entendant que votre ami soit prêt à évoluer. Ce n'est pas quelque chose qui doit être forcé, je présume.



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Stegan Striker

Stegan Striker
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Ven 3 Nov - 22:58

Stegan s'étonne lui-même de son impassibilité. Il parvient à tenir à la perfection son rôle d'homme assuré et inébranlable, alors même que de la réponse de madame Richards dépend l'avenir de son plus proche ami. Qui est d'ailleurs bien le seul pour qui il s'inquiète à ce point. Fort heureusement, la cheffe d'entreprise ne le déçoit pas dans l'image de fiabilité et de professionnalisme qu'elle lui présente jusqu'ici, et alors qu'elle semble déjà commencer un travail de recherche en s'installant à son ordinateur, Stegan sent un noeud se dénouer dans sa poitrine. Il n'avait pas écarté la possibilité d'un refus pur et simple. Après tout, il savait que bénéficier des services de Metalex était déjà, à son sens, donner de la confiture aux fragroins pour une brute comme lui. Mais pour Ka'bar, il n'acceptait que le meilleur. S'il avait essuyé un refus, alors l'évolution n'aurait tout simplement pas eu lieu.

- Un peu des deux. On a réussi à synthétiser le minerai qui permettait aux insécateurs d'évoluer sous cette forme à l'époque, et qui avait disparu jusqu'ici.

Stegan récupère la photo que lui rend madame Richards. Une phrase commençant par "en toute honnêteté" ne peut que lui plaire, et même si cette franchise implique une certaine part de réserve, la fin de la phrase ne lui laisse que de l'espoir, ce qui le rassure d'autant plus. La suite, en revanche, est un peu moins à son goût, et sans doute beaucoup moins à celui de Ka'bar. Bien sûr, une prothèse aux standards de qualité de Metalex ne peut pas se conçevoir à main levée, avec de simples approximations basées sur une vieille photo en sépia. Le problème, c'est ce que cette contrainte implique. Stegan tourne les yeux vers son insécateur, qui lui rend un regard sombre.

- Je comprends.

Aucune déception ne pointe dans sa voix. Il est bien conscient de la particularité de sa requête. Mais il va donc falloir que Ka'bar accepte de rester temporairement inapte, le temps que les prothèses soient mises au point. Pour lui, la question ne se poserait pas ; mais Ka'bar en pense certainement autrement. L'insécateur est un guerrier, un combattant de naissance. Être dans l'incapacité de se déplacer et de se battre, même temporairement, est une concession terrible pour lui.

- Il peut évoluer dès que nécessaire, merci de vous en inquiéter.

Remarque sincère. Il est ravi de constater que le bien-être de son pokemon soit également une préoccupation de la directrice.

- Le problème, c'est le délai entre son évolution et la mise au point des prothèses.

Un court silence. Ka'bar semble, en un sens, rassuré que son dresseur aie instantanément compris le problème. Mais ça ne le règle pas pour autant.

- Je comprends la difficulté que cette situation implique. Je ne sais moi-même pas grand-chose de cette évolution, il sera pour ainsi dire le premier hachécateur à fouler cette terre depuis plus de deux cent ans. Mais je sais que rester diminué, même temporairement, sera difficile pour lui.

Stegan ne lâche pas Ka'bar des yeux en prononçant ces mots, à la recherche du moindre signe, de la moindre réaction. Il veut être certain de parler en son nom sans se tromper. Jusqu'à présent, au vu de l'impassibilité du pokemon, il semble qu'il ne s'en tire pas trop mal.

- Peut-être qu'un prothèse de jambe rudimentaire pourrait, au moins, faire l'affaire en attendant ?

Ses yeux passent de Ka'bar à madame Richards en posant cette question, toujours à la recherche d'une réaction de l'insécateur. A vrai dire, la question s'adresse aussi bien à l'un qu'à l'autre. Ka'bar soupire, jette un coup d'oeil furtif à sa lame artificielle, puis hoche lentement la tête. Comme il s'en doutait, l'insécateur est fier. Tant qu'il peut se déplacer, il pourra très bien se débrouiller avec une arme au lieu de deux. Ou au moins en est-il persuadé. Rassuré quant à l'acceptation de son pokémon, Stegan s'adresse désormais exclusivement à madame Richards.

- Sachant que cette évolution lui fait perdre ses ailes, il n'y aura donc qu'une lame et une patte à créer. Vous estimez à combien de temps le délai de mise au point ?

Sans laisser le temps à madame Richards de répondre, il enchaîne instantanément, réalisant que sa question peut paraître très malvenue au vu de la situation.

- A titre informatif, uniquement. Ca prendra le temps que ça prendra, je sais que je vous en demande déjà beaucoup et je vous remercie de le considérer.

Difficile de déceler une véritable reconnaissance dans la voix profonde et impassible de Stegan. Pourtant, il se sent véritablement ravi. Le seul fait qu'il aie aussi vite cessé d'être avare en paroles en est une preuve. Dans aucune autre situation n'aurait-il pris le temps des politesses et d'échanges aussi aboutis. Dans aucune autre situation n'aurait-il été aussi conciliant avec quelqu'un qui n'accède pas immédiatement et sans discuter à sa demande, qu'elle soit réalisable ou non.
Dans aucune autre situation ne se serait-il senti si impuissant et dépendant d'autrui.

Il faut dire que l'écoute et la considération de son interlocutrice a le mérite de le mettre dans les meilleures dispositions. Il se sent inférieur, oui. Mais pas parce qu'elle le rabaisse. Seulement parce qu'elle prouve par ses mots et son attitude que, dans cette situation, il a tout intérêt à rester humble. Situation assez rare pour lui extirper un minimum de cordialité, sans que son complexe de supériorité ne se réveille.


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Amyra Richards

Amyra Richards
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Mar 5 Déc - 17:29
Je pince un peu les lèvres lorsque mon client m'apprend que cette requête vient se mêler à un projet de recréation d'espèces.
Je comprends l'intérêt d'étudier une branche évolutive perdue, mais il y a sans doute une raison pour laquelle elle n'existe plus de nos jours.
Quelque chose dans l'écosystème ou dans la cohabitation avec des races divergentes qui empêche son développement.
Ou bien il s'agit d'un gène dangereux, écrasé volontairement par la botte des hommes pour éviter d'en perdre le contrôle.

J'expose mes conditions, qui sont peu nombreuses et vont au-delà du raisonnable.
Stegan me revient avec un argument logique.
Le temps.
Un facteur important, crucial, que je ne peux ignorer.
Mes prunelles dorées se posent sur l'insécateur, avant de se tourner vers son dresseur.
Pour recevoir la fine pointe de la technologie et récupérer des membres dessinés sur mesure, en respectant leurs aspects d'antan tout en augmentant leur durabilité, il lui faudra assurément sacrifier un peu de cet orgueil et de cette fierté.
Nos regards se croisent et je hoche la tête face à sa demande.


- Cela pourrait se faire, en effet. Prenez toutefois en considération qu'elle pourrait lui apporter des désagréments et des inconforts temporaires. Je m'en tiens à vous pour m'assurer que ma tête restera rattachée à mes épaules.

J'appuie plus fermement sur ces derniers mots alors que mes lèvres s'étirent en un rictus.
Je ne connais rien des insécateurs et de leur comportement en général, mon expérience se limitant à cette rencontre, mais une chose est sûre et certaine ; la douleur peut faire perdre l'esprit à n'importe quelle créature vivante.
Et cette lame tranchante et encore intacte n'aurait aucun mal à glisser sur ma gorge ou sur n'importe quelle surface vulnérable de mon corps pour me le faire comprendre.


La perte des ailes m'enlève une partie du travail.
Je peux me concentrer sur ce bras, cette hache de pierre, et cette patte postérieure qui assurera sa bonne posture, son équilibre et une fluidité dans l'exécution de ses déplacements.
Mes paupières se ferment à demie tandis que j'entame mes calculs, mon estimé sur le rendement du produit final.

Dessiner les croquis et les faire approuver par mon interlocuteur sera l'étape la plus rapide.
Façonner une prothèse basique, alors que je possède déjà tous les matériaux et les outils à portée de mains, et que je peux, au besoin, demander à ce que l'on m'y assiste, sera également un jeu d'enfant.
Le réel obstacle sera mon horaire de ministre et la gestion de dossiers plus urgents.
Je ne peux pas laisser la compagnie en suspend, à moins d'incorporer ce projet inusité à mon calendrier surchargé en l'officialisant comme n'importe quelle commande provenant d'un client d'importance.

Mais je risque de me faire questionner.
Je ré-ouvre les yeux, pour fixer le soldat.


- Cela dépendra de vous, car vous êtes ma priorité. Je ne tiens pas à m'attirer les foudres de votre commanditaire si je néglige l'entente passée entre nous. Je marque une courte pause. À moins que...

Je penche la tête légèrement de côté, sans cesser de le dévisager.
De les dévisager.


- Non, faites comme si je n'avais rien dit.

Il faut un meilleur plan.
Une approche réaliste, moins fantaisiste.
Je croise les mains contre le bas de mon ventre, mon visage adoptant une moue où se côtoient sérieux et fébrilité.


- Vous êtes mon seul rendez-vous de la journée, ma présence ne sera ensuite requise que pour des réunions et une inspection. Je pourrais m'y pencher dès ce soir et vous présenter les croquis demain. Pour le reste, si j'exclue tout ce qui vous concerne monsieur Striker, je pense qu'une semaine sera suffisante. Que ce soit clair, cela n'inclue pas la pose de la prothèse. J'attendrais vos directives et je m'arrangerais pour libérer mon équipe lorsque le moment sera venu, mais il se pourrait qu'il y ait des délais.

Convaincre mon personnel ne sera pas difficile, sachant qu'il est dévoué au progrès et au succès de la compagnie.
Père a toujours eu le don de choisir son entourage et ses employés.
La plupart travaillent au sein de leur département depuis plus d'une décennie, accumulant ainsi des années de loyauté infaillible.
Je souris sans m'en rendre compte.


- Lorsque Ka'Bar aura terminé son processus d'évolution, il nous faudra discuter davantage et planifier la seconde phase de sa... mise à jour. Pour le moment, je compte sur votre discrétion. Je préférerais ne pas ébruiter cet ambitieux projet tant qu'il ne sera pas entièrement complété.

Je ne sais pas s'il remarquera l'utilisation du nom donné à la mante géante.
Ma façon de l'inclure et de légitimer son existence, de le faire passer à un stade plus élevé que celui d'un simple pokémon ; il est désormais mon client, au même titre que son dresseur.
La gestion de son cas demeure toutefois bien différente, mais ce sont que des détails.

Je lorgne discrètement en direction de mon scalproie, qui n'a pas bougé durant notre conversation.
Il donne l'impression de s'être assoupi, avec sa tête baissée et ses bras croisés, mais je sais qu'il écoute.
Je sens aussi qu'il désapprouve le fait que je dérive des formalités.


- Comment vous sentez-vous ?

Maintenant que nous avons joué cartes sur table et que certaines préoccupations ont été discutées, j'ai envie de savoir ce qu'il ressent exactement.
De savoir ce qui s'emboîte dans un esprit comme le sien, si droit et carré, forgé par le moule militaire.
Son enthousiasme dissimulé et sa compréhension des enjeux ne me font aucun doute quant à sa volonté d'aller de l'avant, mais sait-on jamais.
Un homme peut toujours reculer et fuir.



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Stegan Striker

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Mer 6 Déc - 16:09
Stegan le sait. Plaisanter sur sa propre mort n'est pas à la portée de tout le monde. Enoncer aussi franchement la méfiance, voire la peur que lui inspirait Ka'bar, était un choix osé de la part de madame Richards. Beaucoup de doctrines, guerrières pour la plupart, prohibaient strictement l'expression du moindre doute, de la moindre faiblesse. Alors, évoquer aussi frontalement qu'elle envisageait sérieusement l'éventualité que Ka'bar puisse l'attaquer, c'était pour Stegan le signe de deux choses bien distinctes. La première, qu'elle savait faire preuve d'humilité malgré son statut élevé et sa prestance naturelle. La seconde, qu'elle avait véritablement peur de Ka'bar. Et donc, qu'elle ne se sentait pas au-dessus de la force. Pas de sa force. De LA force.

Une question philosophique occupait de façon permanente l'esprit de Stegan depuis de nombreuses années. La vie dans une société organisée, hiérarchisée et régie par des règles, par une justice tierce et des lois arbitraires, était certes une marque de développement civilisationnel et un progrès incontestable pour l'évolution de l'humanité. Mais pour les gens de son acabit, qui ne brillaient par aucune culture abstraite, qui ne possédaient ni ne cherchaient une place élevée dans la société et l'influence d'où provenait le pouvoir, et qui avaient pour seul atout des compétences très pragmatiques et bien peu populaires à cette époque où le corps était délaissé au profit de l'esprit, cette civilisation était une prison. Pour ces gens dont il faisait partie, l'ordre naturel des choses devait être que le plus fort soit supérieur au plus faible. Les muscles ne faisaient pas tout, et un esprit stratège, un sens du commandement ou de l'organisation comptaient comme une force nécessaire, bien que moins brutale. C'était de cette force qu'était dotée madame Richards selon lui, et qui lui inspirait ce respect naturel. Mais bien trop d'individus dépourvus de toute force, physique ou mentale, se permettaient désormais une condescendance décomplexée à l'égard d'individus capables de leur dévisser le crâne d'un revers de main. Et cette situation exaspérait Stegan. L'assurance d'une intervention de la justice laissait croire à beaucoup de parasites qu'ils étaient intouchables, au détriment de tout instinct de survie. Beaucoup de personnes aussi haut placées que madame Richards étaient sujets à ce comportement, par bien trop persuadés qu'une poignée d'avocats leur offrait l'invulnérabilité. La vérité était ce qu'elle était, mais ainsi pensait Stegan. Aussi, de voir que son interlocutrice, malgré sa position, est consciente du danger que représente un animal vieillissant et handicapé, ne renforce qu'un petit peu plus l'appréciation qu'il a pour elle. D'autant plus qu'il ne doute pas un instant de son pokemon et de sa discipline.

- Je réponds de lui comme de moi-même. C'est un guerrier, pas un prédateur.

Cette phrase, il l'aurait prononcée avec mépris dans bien d'autres circonstances. Mais une pointe à peine perceptible de bienveillance perce sa voix monolithique.
Tandis que madame Richards poursuit, elle semble hésiter un instant. Réfléchir à quelque chose. Stegan y comprend que sa demande représente une contrainte, ce qui n'est pas une surprise, mais n'en est pas pour autant un facteur qu'il peut ignorer. Il compte bien se plier à toutes ses conditions, et même s'il paye le prix fort pour ces prothèses, se considèrera comme son débiteur. D'autant plus si, comme elle l'évoque, dévier du plan prévu peut lui attirer des ennuis avec les autorités militaires. Celles-ci correspondant en l'occurence au colonel Bareblade, Stegan doute fort que l'officier ne vienne lui réclamer des comptes si elle rafistole, non seulement son capitaine favori, mais également son meilleur atout dans la même foulée. Mais, ignorant quelles ficelles le vieux colonel, aussi fiable que roublard, a pu tirer, il préfère suivre la prudence de son interlocutrice. Aussi n'insiste-t-il pas pour connaître le fond de sa pensée, bien que la curiosité le tenaille sur l'instant.

Viennent ensuite des détails, des délais. Ce soir. Demain. Une efficacité qui désarçonne le militaire. Il s'attendait à devoir compter les jours, et voilà qu'il doit déjà prévoir de revenir ici dans moins de vingt-quatre heures. Surpris mais ravi, il laisse madame Richards terminer avant de lui répondre.

- Je dispose déjà du minerai qui le fera évoluer. Si ça vous convient, je procéderai à l'évolution juste avant la pose de sa prothèse temporaire, histoire de ne pas le laisser démuni plus que nécessaire. Ca sera quand vous le jugerez bon, je me plierai à votre emploi du temps. Et bien entendu, je sais ce qu'est le secret défense, personne d'autre ne sera au courant. Mon supérieur me dirait la même chose.

Un regard à Ka'bar, toujours impassible. Dans un mimétisme étrange et amusant, il a adopté une posture comparable à celle du scalproie. Malgré leur évidente rivalité, les deux pokemons semblent plus proches qu'il n'y paraît. Avec une pointe d'amertume dans la voix, il ajoute ;

- On ne dévoile pas une arme avant de devoir s'en servir, il paraît.

Après tout, aux yeux de beaucoup de pontes militaires dont Bareblade n'est sans doute pas exclu, faire évoluer un pokémon militaire sous une forme disparue et lui donner des prothèses fonctionnelles sur mesure, c'est un processus qui n'a rien de différent avec le développement d'un nouveau fusil d'assaut ou d'un missile dernière génération. Peu importe si un cerveau et des sentiments remplacent un processeur et des calculs.
A la fois enjoué par la prévenance de madame Richards lorsqu'elle lui demande comment il se sent, et la gêne que lui inspire systématiquement le fait de devoir répondre à ce genre de question, Stegan inpire longuement, se laissant un peu plus de temps pour réfléchir à une réponse.

- Bien. Très bien.

Encore quelques secondes pour temporiser.

- Vous êtes efficace. Vous savez de quoi vous parlez. Votre expertise ne laisse aucun doute, vous êtes arrangeante et vous n'avez pas peur de dévier d'un plan tout tracé. Je ne vois pas ce qui pourrait me faire me sentir mal. Rien d'étonnant à ce que votre entreprise soit florissante.

Alors qu'il liste ainsi des éloges dont il est d'ordinaire si avare, Stegan réalise quelque chose. Oui, cette femme est professionnelle, et oui, tous ses instincts lui hurlent de lui faire confiance. Mais il va laisser son avenir et celui de Ka'bar dans les mains d'une parfaite inconnue. L'armée n'a pas bonne presse, et la méfiance est toujours de mise lors des interactions entre les soldats et le public. S'il veut s'assurer d'être un client modèle pour cette impressionnante patronne, il n'a jusqu'ici pas vraiment pris le temps de savoir si les promesses de madame Richards ont autant de poids qu'il n'y parait. Toute cette opération est, à ce sens, une prise de risque quoi qu'il advienne. Il ne pourra jamais être sûr à cent pour cent que tout va bien se passer. Mais lui aussi veut avoir un aperçu de ce que pense cette femme. Par sécurité, autant que par curiosité.

- Et vous ?

"Qu'est-ce que ça vous fait de remettre en service, non pas une, mais deux armes ?" se retient-il d'ajouter, pour ne pas orienter la réponse. A la place, son oeil émeraude se fige sur elle, sans laisser paraître la moindre émotion cette fois-ci.


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Amyra Richards

Amyra Richards
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Mer 17 Jan - 22:59
Malgré la déférence que j'éprouve à l'égard de l'homme qui me fait face, je demeure prudente et méfiante vis-à-vis du pokémon qui l'accompagne.
Je couve l'insecte d'un regard brillant d'une circonspection que les mots prononcés, et visant à me rassurer, ne parviennent à chasser entièrement.

Apprivoiser une créature de ce calibre est une chose ; étouffer définitivement ses instincts primitifs et promettre un contrôl total de ses réactions en est une autre.
Je me contente toutefois d'acquiescer, ne souhaitant pas offenser ou froisser le soldat en mettant sa parole en doute.

Mon regard s'aiguise à la mention du minerai et mon esprit se retrouve bombardé de questions silencieuses.
Depuis combien de temps travaillent-ils sur ce projet de réanimation d'espèce, pour avoir sous la main tout le nécessaire pour compléter le processus évolutif ?
De quoi ce minerai est-il composé et vais-je pouvoir en obtenir un échantillon, par le biais d'une demande officielle ou d'un partenariat ?

Ma surprise est égale à celle de Stegan, mais pour des raisons différentes.
L'armée et ses secrets.
Ceci n'est sûrement que l'une des multiples pointes de l'iceberg.


- Dans ce cas, laissez-moi produire les croquis et obtenir votre approbation avant de poursuivre les démarches. En vue de votre franchise, je pense que nous serons assez rapidement fixés.

Suivant sa déclaration suivante, je lève les mains en signe de paix et hausse les épaules, signe que ce qu'il fera de son insécateur et de ses prothèse ne me regarde pas.
La pensée de créer une arme vivante - ou plutôt, d'élever une créature déjà crainte dans la nature, à un plan supérieur de la chaîne alimentaire - me grise cependant autant qu'elle me glace le sang.
Il y a des moments comme celui-ci, où je me sens comme une déesse devant un monde vierge, à manipuler les formes et les éléments pour donner naissance aux merveilles de mon imagination.

J'étouffe cette bouffée de vanité derrière un masque d'impassibilité, tandis que mon client me met au parfum de son état.
Le coin de mes lèvres se soulève en un sourire conciliant.
Je suis contente de le voir adhérer aux futurs changements avec optimisme.

Mon sourire s'agrandit un tantinet lorsqu'il se met à me complimenter et je fais mine de balayer ces éloges du revers de la main.
Je ne dois pas laisser la flatterie me monter à la tête.


- Vous me flattez, monsieur Striker.

J'apprécie toutefois qu'il reconnaisse ma valeur et celle de mon héritage, de l'empire que je gouverne depuis plusieurs années déjà.
J'ai depuis longtemps établis des bases solides et je me fais un point d'honneur de m'assurer que personne dans la compagnie, quelque soit sa position, ne s'en détourne.
Cela s'applique donc à moi-même, sans concession ni passe-droit.


- Mais vous savez, si je promettais des services sans offrir de résultats, Metalex Corp n'existerait plus depuis belle lurette. Et mon père m'aurait sans doute déshéritée. Je pouffe doucement, comme s'il s'agit d'une banalité grotesque - alors qu'en réalité, ce scénario aurait très bien pu se produire et réduire mes ambitions de carrière à néant. Je me sens bien également.

Je me retrouve à le fixer directement dans les yeux - ou plutôt dans on oeil unique -, à la recherche d'une étincelle quelconque ou d'une interrogation muette.
Mais il affiche un air implacable, impertubable.
Je me recule de quelques pas et prend prend appuie contre la surface de mon bureau, avec une nonchalance qui n'a, jusqu'alors, jamais paru au fil de notre conversation.
Un désir d'honnêteté me ronge, me démange.


- À vrai dire, cela me plaît énormément.

Malgré mes réticences et mes craintes, ce projet attise la flamme d'une véritable passionnée, d'une visionnaire qui prétend à davantage qu'à suivre les traces déjà tracées par son prédécesseur.

- Il y a quelque chose de hautement gratifiant à pouvoir redonner ce qui a été perdu. Je pense qu'il s'agit d'un sentiment que mon père a éprouvé lorsqu'il m'a permis de retrouver l'usage de mes jambes. Je marque une courte pause, sans détacher mon regard de Stegan. Ou dans le cas de Ka'Bar, de pouvoir contribuer à un développement plus... poussé. La création de prothèses pour pokémon est plus technique, plus complexe que celles conçues pour les êtres humains. Question de gènes et de compatibilité.

Je replace une mèche de cheveux argentée derrière mon oreille, tout détachant finalement mon regard fauve du soldat pour se poser sur un point invisible, derrière lui.
Je ne poursuis pas la discussion dans cette direction, croyant m'enfoncer dans des détails ennuyeux ou inintéressants, et choisis de revennir plutôt sur Stegan.


- J'espère que vous vous sentirez tout aussi bien une fois votre prothèse installée. Cela me ferait plaisir de vous compter parmi ma liste de clients satisfaits.

J'esquisse une moue tout en rajustant ma position, pour retrouver la prestance presque féline que l'on me connaît.

- Vers quelle heure souhaitez-vous revenir demain, pour les croquis ? Votre heure sera la mienne.



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Stegan Striker

Stegan Striker
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Mar 23 Jan - 13:45
La franchise. Une valeur que certain considèrent comme une qualité, et beaucoup, comme un défaut. Dans ce monde sans saveur où la retenue est de rigueur, où il est mal vu de s'exprimer avec clarté sur ce que l'on pense et d'afficher ses opinions, et où l'expression d'un avis est perçue comme un détestable jugement, le franchise est une valeur qui se perd, et qui se voit supplantée par une complaisance trop souvent teintée d'hypocrisie. Flatter, brosser dans le sens du poil, minimiser, dédramatiser. Approuver lorsqu'on est indifférent, être indifférent lorsqu'on désapprouve. S'extasier sur un rien, taire ce qui pourrait vexer, considérer les mots comme une arme, et la vérité comme la plus douloureuse de toutes.

Quel intérêt ?

C'est de l'intégrité physique de son camarade et de lui-même que l'on parle. Qu'aurait-il à gagner à faire des ronds de jambe, à enrober ses propos, à tempérer ses exigences ? Que lui apporterait une complaisance feinte, si ce n'est une perte de temps pour une issue qui ne lui conviendrait pas ? La franchise est saine, efficace. Elle peut heurter par moments, mais elle évite de tourner autour du pot et de viser à côté. La franchise devrait être une norme, il est le premier à le penser. Et il est ravi de constater qu'elle sait être appréciée à sa juste valeur. De la même manière qu'il apprécie une promesse de résultats dont il aurait bien du mal à douter.

La réponse à sa propre question lui tire un bref sourire. Ou à défaut de sourire, un très, très léger haussement, à peine perceptible, au coin de ses lèves. Une raison de plus de se sentir en confiance. Il ne pensait pas avoir à en douter, et il en est désormais certain : madame Richards est plus qu'une simple industrielle. Elle est une pionnière. La recherche de la nouveauté, le goût du résultat obtenu, l'attrait du challenge. Prévoir, planifier, conçevoir, fabriquer, et enfin, contempler une oeuvre achevée et efficace. Une volonté saine et sincère qui ne peut laisser présager que les meilleurs résultats, et une volonté qu'il partage à chaque fois qu'il doit remplir une mission. Bien sûr, ses objectifs sont moins palpables, moins... physiques. Mais ce qui le différencie du soldat moyen, c'est qu'il ne part pas au combat avec l'espoir d'en revenir. Il part au combat avec la ferme intention de remplir ses objectifs et de ressentir la satisfaction qui en découle. Rien de mieux pour garantir motivation et efficacité.

- Je l'espère aussi. Mais après tout ça, je serais très surpris d'avoir de quoi me plaindre.

Il entend presque Ka'bar hausser les épaules. Lui non plus n'a pas l'habitude d'entendre son dresseur être aussi généreux en compliments. L'exigence et la sévérité qui le caractérisent n'ont, il faut le dire, pas lieu d'être à cet instant précis, pour la simple et bonne raison qu'elles trouvent à qui parler. Il n'aurait pas pu tomber en de meilleures mains, il le sent. Et son instinct ne le trompe pour ainsi dire jamais.

Alors qu'il s'attendait à devoir plier son agenda à celui de son interlocutrice, voilà qu'elle lui laisse le champ libre. Levant légèrement le menton, étirant brièvement un sourire assez délicatement narquois pour exprimer une forme d'humour qui n'en est pas vraiment, il rétorque ;

- A quelle heure est-ce que vous ouvrez ?

Et le lendemain à l'heure dite, moins cinq minutes bien entendu, il était déjà sur place.


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Amyra Richards

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Mar 23 Jan - 19:11
La finalité de cet entretien commence à se dessiner.
J'acquiesce doucement, mon silence approbateur faisant écho aux paroles du soldat.

Je le laisse évaluer ses options et déterminer l'heure adéquate pour nos retrouvailles - et ainsi imposer l'échéance concernant la remise en mains des croquis.
Mais je ne suis pas inquiète à ce sujet.
L'expression qui se compose ensuite sur son visage, avec cette ébauche de sourire aux accents railleurs, me fait pencher légèrement la tête de côté.


- J'espère que vous êtes un lève-tôt, monsieur Striker. Mes prunelles ocres s'animent d'un éclat malicieux. Je me dis que s'il y a bien une profession qui exige d'être opérationel dès les premières lueurs de l'aube, c'est celle d'un militaire. Les portes s'ouvrent officiellement dès huit heures, mais je vous attendrais pour six heures trente dans le hall d'entrée.

Je me décale du bureau, tournant brièvement le dos à mon interlocuteur le temps de presser le bouton du petit intercom posé près de mon ordinateur.
La voix de ma secrétaire grésille lorsqu'elle me salue cordinalement, puis se stabilise lorsqu'elle poursuit en demandant en quoi elle peut m'assister.


- Prépare un badge de visiteur pour monsieur Striker, accès ABC et niveau 4, et préviens George que demain, j'arriverais tôt et serais accompagnée. Je ne veux pas qu'il y ait pas de mauvaises surprises comme la dernière fois. Si tu peux aussi décaler mon rendez-vous prévu à huit heures trente, cela m'accommoderait.

Cela me donnera le temps de prendre un petit déjeuner hâtif et d'avaler deux-trois gorgées de café avant de me jeter dans la mêlée quotidienne.
Histoire de me revigorer et de chasser les traces d'une nuit passablement écourtée.


Dans un déclic subtil, la communication se coupe.
Derrière le duo, la silhouette aux reliefs acérés de mon scalproie se détache finalement de son mur pour venir se poster près de la porte ; s'il jette un bref coup d'oeil en direction de l'insécateur, il retrouve rapidement sa ragidité impassible de garde du corps, les bras longeant ses flancs, lames à vue.
Même si je n'en suis pas encore à chasser l'homme et son pokémon, il se prépare à les escorter vers l'ascenseur.

Je leur propose toutefois de les raccompagner moi-même, ce qui provoque un imperceptible tressaillement du côté de mon protecteur.
Comme je dois de toute manière redescendre parmi les étages inférieurs du bâtiment afin consulter un membre de mon personnel au sujet d'un autre projet en cours de production, autant faire une pierre deux coups.


- Je vous abandonnerais au rez-de-chaussée, aux bons soins d'Aimee. Elle vous remettra tout ce dont vous avez besoin.

Je lisse les plis de ma jupe pour lui faire retrouver son aspect impeccable, puis récupère mon ordinateur portable, que je glisse sous mon bras sans plus de façons - plus simple à transporter et moins encombrant que lorsque je le place dans son sac.
Et avec cette même simplicité désinvolte, je lui pose une dernière question.


- Vous préférez le thé ou le café ?



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Stegan Striker

Stegan Striker
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Jeu 25 Jan - 15:43
Difficile de ne pas percevoir la pointe de défi que comprend l'invitation de la présidente. Une heure et demie avant l'ouverture. Six heures trente du matin, soit un réveil à cinq heures. Qu'à cela ne tienne.

- Je serai là.

A n'en pas douter, madame Richards elle-même s'impose un effort en lui proposant un rendez-vous si matinal. Il se doit d'être à la hauteur, et dans son cas, habitué au manque de sommeil qu'il est, ce ne sera pas un défi. Si elle s'attendait à pouvoir jubiler d'un ascendant, dût-il concerner la ponctualité, elle serait déçue. Cette saine et spontanée rivalité qui flottait au-dessus de ce simple rendez-vous l'amusait beaucoup. Elle prouvait, d'une certaine manière, la bonne entente entre ces deux protagonistes.

Madame Richards distribue ensuite ses instructions pour préparer ledit rendez-vous. Ses propos confirmèrent les soupçons de Stegan ; une arrivée aussi en avance n'était pas dans ses habitudes, sinon une précaution adressée à celui que Stegan présumait comme étant le gardien ne serait pas nécessaire. D'autant plus intéressant, elle ne jouait pas sur un terrain connu.

Puis, le scalproie anticipe la suite des événements en se postant près de la porte. Voilà un pokemon on ne peut mieux entraîné, se dit instantanément le militaire. Sa prudence, sa concentration, sa discipline, autant de qualités propres à un véritable combattant. Ka'bar lui-même semble le percevoir, au vu du très furtif regard en coin qu'il lui adresse en passant à sa hauteur.

Une dernière question, triviale s'il en est. Un sujet plus que superflu, d'apparence. Mais ce soin du détail se place dans la continuité de tout ce qui caractérise jusqu'ici la chef d'entreprise. Soigner le service, jusque dans les moindres fioritures.

- Le café, merci.

Malgré son affectation à Galar, Stegan ne parvient pas à se faire à la culture locale du thé, qu'il peine à considérer comme autre chose que de l'eau chaude et pompeuse. Son goût bien trop diffus et ses effets excitants bien trop légers ne lui apportent aucune satisfaction, et il ne comprend pas l'amour inconditionnel que certains portent à ce breuvage.

Puis, il amorce sa sortie. Un peu malgré lui, il adresse un léger signe de tête au scalproie, comme un salut d'un combattant à un autre. Il se reconnaît bien plus en ce pokemon qu'en sa maîtresse humaine. Un signe de respect pour une mission accomplie avec rigueur, c'est le moins qu'il puisse donner à ce fier pokemon qui a tout pour lui plaire, lui aussi.

Il emboîte le pas à Ka'bar dans le couloir. Tâchant de ne pas trop distancer madame Richards au risque de faire preuve d'impolitesse, tout en s'assurant de rester au moins à son niveau pour ne pas avoir l'impression de se laisser guider comme le plus pompeux des diplomates, le chemin du retour lui semble bien plus court que celui de l'aller, quand bien même la distance parcourue est identique. Il se sent désormais bien plus à son aise, et ces locaux lui paraissent désormais bien moins étrangers. Il a hâte que le processus commence, a la fois rassuré quant au déroulement des opérations, et curieux de ce que cette grande dame pourra lui proposer.

Une fois en vue de l'accueil et de la fameuse Aimée, il se tourne vers madame Richards afin de lui faire pleinement face, et décide de prendre les devants.

- C'est ici que l'on se quitte, je présume ? Merci pour votre temps et votre attention.

Il tend la main qui lui reste. Ses talons sont joints, sa posture est rigide. Avec le temps, il a associé la position du garde-à-vous à une forme de respect. Mais si la présenter à un civil est d'habitude superflu, il n'a même pas réfléchi en appliquant cette habitude solidement ancrée dans ses muscles.

- A demain.


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