A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
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Jour 1
Je suis content d’être ici aujourd’hui, dans cette pièce, avec tout ce beau monde. Je n’aimais pas les réceptions comme celle-ci quand j’étais adolescent, je comprends désormais leur sens. Réunir les fortunes de ce monde en les recevant à la hauteur de l’argent qu’ils possèdent est le meilleur moyen pour leur faire dépenser lesdits sous pour une cause qui le mérite. C’est à cela que sert une fondation. C’est d’un ennui terrible, parce que même en faisant partie des familles fortunées, je n’ai pas du tout les mêmes centres d’intérêt ni le caractère adapté à tout ce cirque. Ils sont tous vieux et guindés, ils parlent de politique, d’économie, de la dernière fois qu’ils sont allés à l’opéra. Au secours. J’ai de la chance d’avoir la coordination pour m’aider à survivre, je suis coordinateur et véritablement reconnu depuis ma victoire à l’Elite. Honnêtement, ça m’a sauvé la mise.
Sauf que là, je suis dans la merde. J’ai eu cette idée d’une fondation au nom de ma mère, pour soutenir la cause pokémon, pour donner un coup de pouce à de jeunes éleveurs n’ayant pas les moyens financiers d’investir dans une pension. A l’origine, ce n’était que ça, puis j’ai réalisé que si je n’allais pas plus loin, cela n’était qu’une fondation pour mes idéaux et non pour ceux de ma mère. Donc on va également investir dans des refuges, des formations à la réhabilitation, plein de choses pour lutter contre l’abandon massif des pokémons. Puis possiblement quelque chose de plus écologique, mais on va éviter de viser trop gros et on va y aller progressivement, étape par étape. Enfin bref, ce n’est pas tant pour ça que je suis dans la merde, c’est que je me retrouve à la tête de cette fondation, que c’est moi qui vais devoir animer les levées de fond, et tous les autres trucs chiants. Tu parles d’une fratrie ! Ils se sont tous défilés en prétextant que c’était mon idée, donc que je serais le mieux placé pour m’en occuper. Que ce soit Seth, Raph ou même Alexis qui ne connaissait pas ce milieu de richous avant, ils se débrouillent tous mieux que moi pour ces trucs-là. Mais non, les lâches.
Du coup, je suis là, sur mon trente-et-un, à serrer des mains et à sourire à tout le monde. Je tiens bon. Je fais ça pour ma mère, et pour des gens qui souhaitent démarrer leur activité et qui le méritent. Puis je sais que je vais avoir un ruban de satin rouge à découper avec une paire de ciseaux d’une taille démesurée. Et rien que pour ça, je suis prêt à endurer tout ça, toutes ces commodités, tous ces faux airs importants. Une énorme paire de ciseaux, dans mes mains, pour faire un couic-couic géant sur un ruban ! Je n’ai jamais compris le délire de tout ça, parce que c’est chiant à mourir, sauf quand c’est moi qui tiens la paire de ciseaux. Ils ne sont pas prêts à te voir surexcité comme un gamin de cinq ans à l’idée de cisailler une pièce d’étoffe rouge longiligne. Je vais demander si je peux garder les ciseaux, pour chez moi, pour ouvrir les sachets, couper du papier et tout. Ça doit être tellement drôle d’essayer de découper des vrais trucs avec un objet à la con comme ça. Parce qu’en dehors de découper du ruban, ça ne sert à un peu à rien. Moi je fais preuve de curiosité scientifique, je veux savoir ce que ça peut couper !
A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
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ALEXIS ~ « Nessa, c’est à toi ! »
AH. Je n’étais pas prêt à entendre ça, je ne le suis toujours pas. C’est que ça va être le moment du discours pour l’inauguration. Le fameux speech que j’aurais dû avoir préparé y’a plusieurs jours mais que je n’ai jamais fait. Oups je suppose ? De toute façon, je suis sûr que si j’avais préparé quelque chose, ça ne me plairait plus maintenant, et donc que je partirai en impro. Donc autant ne pas me prendre la tête à bosser dessus et opter directement pour l’improvisation. Je crois que Lexie va me haïr, elle m’a tanné pour que je ponde ce discours, et elle va constater que je n’ai rien, pas de fiche, que dalle. Oui, je suis le pire. M’avançant sur la petite estrade, je fais tinter une petite fourchette – ces trucs-là sont trop mignons – contre le rebord de ma flûte de champagne. Un cliché, je sais. Mais je choppe l’attention de la foule qui ne dit plus mot. C’est à moi de jouer.
NESSA ~ « Bonsoir à tous, et merci d’avoir fait le déplacement jusqu’ici pour l’inauguration du siège social de la fondation Mathilde Emerson. Je suis particulièrement ému en cette soirée, car c’est un gros travail en coulisses qui me permet de me tenir devant vous aujourd’hui. Cela me tenait à cœur, après la disparition de ma mère de créer quelque chose qui permettrait d’aider des hommes et des femmes déterminés dans leur volonté de prendre soin des pokémons, et d’autant plus si cela nous permet de protéger des espaces naturels au travers du monde ou de donner un abri à des pokémons abandonnés. »
Au regard de mes frères, je sais que je m’en sors bien. Il n’y a pas de sourire moqueur sur leurs visages. Ils auraient très bien pu le faire juste pour me faire m’interroger sur ce qui ne va pas, mais même pas. C’est même presque bizarre qu’ils ne cherchent pas à me déconcentrer ou à me perturber. Enfin bref, même en ne faisant rien, ils parviennent à entrer dans ma tête, les monstres. Mais je n’ai pas fini pour autant, je dois continuer, j’ai d’autres choses à dire.
NESSA ~ « Tout ça, c’est bien beau, mais ce ne sont que de jolis mots, même s’ils sont vrais. Si vous voulez savoir pour quelle raison vous donneriez, laissez-moi vous donner quelque chose de plus concret. »
Et là je vois les gros yeux, ceux de Todd, ceux d’Alexis, ceux de ma grand-mère. Par contre, Seth, mon père et mon grand-père, que dalle. Ils ne sont plus surpris de me voir dire des choses que je ne suis pas censé dire. Parce que je ne devais pas parler de ça, et que je le fais quand même. Je ne vois pas l’intérêt de taire ça, surtout que des gens préfèrent donner quand ils savent exactement pour qui ils donnent et pour quelle cause.
NESSA ~ « Nous avons déterminé quel projet obtiendra son financement, et je vais vous en toucher quelques mots, même si on me fait signe de la tête que non. Le projet est de bâtir une pension sur une île un peu isolée de l’archipel d’Alola qui possède une population endémique de Noadkokos mais qui a été ravagée par le tsunami récent. Cela signifie réhabiliter l’île et la sanctuariser, ce qui demande du temps et de l’argent. Et puisqu’il n’est pas possible de donner son temps pour faire revivre cet endroit, je vous incite à donner votre argent ! Merci à tous et passez une bonne soirée. »
A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
455 mots
Je me rends bien compte que ce n’était pas le speech que j’étais censé faire. Ou plutôt pas le speech qu’on s’attendait à voir pour une telle cérémonie. Sauf que je m’en fiche, en fait. Etant donné que je suis à la tête de la fondation, je fais les choses à ma manière. Peut-être que ça ne correspondra pas à la manière de faire de ma grand-mère, vu que c’est elle qui a toujours géré l’événementiel de l’entreprise. Mais la fondation, c’est mon idée, et grand-mère n’est intervenue à aucun moment dans le process de création, que ce soit sur le plan administratif, financier ou même de la communication. Je veux que nos donateurs se sentent impliqués, que ce soit une aventure humaine. Je sais très bien que c’est totalement idéaliste, que certains d’entre eux – je me risque même à dire la plupart – ne sont généreux que pour l’exonération d’impôts qu’ils obtiendront. Et d’une certaine manière, tant mieux. Sincèrement. Si leur égoïsme les conduit à donner de l’argent à des associations, à des structures qui sont là pour aider leur prochain, et bah on prend. Je ne vais pas faire la fine bouche, m’encombrer de grands principes débiles ou quoi. De toute façon, je ne suis pas à mon aise dans ces sphères-là, je ne l’ai jamais été. J’ai eu beau naître avec une cuillère en argent dans la bouche, je trouve que le goût des couverts en argent est infect. A partir de là… tout est dit.
Je fais des efforts par intérêt, pour ce que ça peut nous permettre. C’est aussi pour cette raison que je ne décline plus les galas d’entreprise d’EmersonCorp, que j’essaie d’y participer dès que possible. Je possède une réputation, une certaine célébrité en dehors du monde des affaires des familles riches et compagnie. Je suis un artiste reconnu dans le monde de la coordination, et je pense que j’ai prouvé le sérieux de mon implication dans mes investissements avec les Éoliennes. Il s’agissait de mon tout premier investissement financier, qui était davantage un rachat pour sauver le lieu et qui n’avait aucune intention de fructification d’avoirs. Juste un père de famille qui a tout perdu à cause d’un incendie, et j’ai voulu aider. On a reconstruit la pension, j’y ai sué sang et eau, on l’a développée, étendue. Il y a maintenant quatre employés, là où Régis était seul. Nous avons une image de marque à l’international. En partant de zéro. Et c’est ce que je veux permettre avec cette fondation : permettre à des gens qui en ont l’envie d’avoir les moyens de créer des espaces pour les pokémons et les accompagner dans la réalisation de leur projet. Ni plus ni moins.
A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
570 mots
Je pensais que ce serait super chiant comme soirée mais je dois reconnaître que, depuis ma prise de parole, les échanges que j’ai sont particulièrement intéressants. J’ai droit à de nombreuses questions sur la fondation, sur son fonctionnement, sur la manière dont nous comptons gérer nos fonds, sur la procédure de sélection des personnes et structures qui recevront notre aide, sur notre implication, la sécurisation des investissements. Et pourtant, en temps normal, ça m’aurait fait chier à mort. Genre j’aurais jamais cru pouvoir un jour apprécier répondre à des questions comme celles-ci, puis on ne me les aurait jamais posées de toute manière. Ce n’était pas pour moi, tout ça, et à des années-lumière de qui je suis. La seule chose qui change tout ça, c’est mon implication. Je suis au cœur de la fondation, j’ai un droit de regard et un pouvoir décisionnel sur absolument tout. Et puis j’en suis l’image, aussi.
Mais du coup, c’est hyper valorisant pour moi, de sentir que j’arrive à gérer cette responsabilité. Il est évident que je ne vais pas m’occuper de tout moi-même, je vais même m’occuper de bien peu de choses, à savoir l’étape de sélection et la communication. Bon, nous n’en sommes qu’au financement du premier projet, qui n’est pas encore lancé, et il est possible qu’au fil du temps, je sois de moins en moins partie prenante du processus sélectif. Après, l’image de marque, c’est moi, donc je ne vais pas pouvoir me défiler. Je ne suis certes pas une célébrité, mais j’ai acquis une petite notoriété dans le milieu dans lequel je dois naviguer. Entre l’entreprise familiale et ma récente première Elite, je commence à développer ma petite influence. Puis, ça m’a poussé à réfléchir sur le plan stratégique. J’aime pas trop ça, d’avoir à réfléchir comme ça, mais c’est pour la bonne cause. Le concept, c’est littéralement Robin des Bois, mais en costume et avec le consentement des riches. Alors oui, je vais devoir en passer par là, par faire des choix commerciaux et stratégiques pour rendre cette fondation pérenne. Là où ça risque d’être chaud, c’est que ça risque de clasher par moment avec qui je suis. Je ne sais pas faire semblant, ou tout du moins vraiment pas longtemps, ça s’est encore vu avec le discours : au bout de deux phrases, j’ai fini par parler de choses que je n’étais pas censé dévoiler à ce moment-là. Et le problème, c’est qu’il y a une équipe de communication qui planche sur ce qui est annoncé sur le site internet ainsi que sur les réseaux sociaux. Je crois que je les ai un peu foutu dans la merde, parce qu’ils vont devoir bucher là-dessus demain, alors qu’on devait faire ça dans une petite semaine, mais c’est comme ça. Je sais que c’est pas cool pour eux, mais c’est trop tard maintenant, c’est fait. J’essaierai quand même de faire plus gaffe là-dessus à l’avenir, quand même. Là, je me suis laissé porter par l’élan, et puis je peux me justifier pour assumer cette décision, aussi. Mais je reconnais que si je fais ça à chaque fois, ça va être compliqué pour l’équipe de com et puis pas très respectueux de leur travail. Et j’ai pas envie d’être le gars derrière qui il faut passer en permanence. Vraiment pas. Je veux être véritablement porteur de ce projet, sur le maximum de plans possible.
A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
452 mots
Jour 36
Aujourd’hui, je suis invité sur une émission de radio pour parler de la fondation. Ça fait bizarre. Très bizarre. Enfin, c’est pas la première fois que ça m’arrive non plus, j’ai eu l’occasion d’être interviewé après mon passage à l’Elite, sur des radios locales. Mais c’était pas important, c’était pas sur un sujet tout sérieux, puis j’avais genre déjà gagné donc c’était vite vu. Là, je vais parler boulot, c’est pas chill, c’est calibré, c’est préparé. Je peux pas y aller et faire comme je le sens, comme j’ai l’habitude de faire, c’est-à-dire improviser. L’équipe de com m’a fait réviser, je pense que ça a été un enfer autant pour eux que pour moi. Je crois que je les désespère un peu… Mais je comprends très bien l’importance d’être sûr de soi et de connaître les faits, de connaître ses chiffres. C’est une misère que de devoir faire rentrer tout ça dans ma caboche qui n’a jamais été scolaire, et Arceus merci on m’a fait des fiches, mais bon je peux pas non plus passer mon temps le nez dans les fiches à chercher l’élément dont j’ai besoin pour répondre à la question posée. Il y a du stress qui se dessine, j’ai pas l’habitude non plus. C’est que c’est impressionnant, un peu, c’est pas une petite chaîne de radio qui m’a invité, c’est carrément Radio Sinnoh. Puis c’est pas non plus dans une émission « pouet pouet calembour », histoire que je sois encore plus rassuré.
En fait, ce qui me fait peur, c’est qu’on m’ait invité dans le but de me piéger. Ça s’est déjà vu dans cette émission. Sur la fondation, j’ai du mal à voir comment, puis je trouverais ça très meh de s’attaquer à moi, mais surtout à un organisme caritatif. En plus, je suis un fervent défenseur de la transparence, donc ça va être difficile de me tirer dans les pattes là-dessus. Même si techniquement, ça leur donne plus d’éléments… Ou alors on veut taper EmersonCorp par mon intermédiaire, en misant sur le fait que je lâche par inadvertance une info que je serais censé garder pour moi. Ce serait totalement con, parce que j’ai absolument pas le nez dans les affaires de l’entreprise, et puis ce serait surtout vachement retors. De toute manière, les gars de la communication m’en ont parlé et j’ai ma ligne de défense sur le sujet : je ne suis pas là pour parler de ça. Je suis venu pour parler d’une fondation qui vise à financer les éleveurs de demain, à les aider à s’installer. C’est tout. Mais je trouve ça dingue qu’on soit obligé de me préparer à cette éventualité, quand même. Où est-ce qu’on va ?
A partir de sa création, la fondation créée par Nessa en l'honneur de sa mère pour soutenir les créations de pension évolue.
432 mots
Et bah ça s’est plutôt bien passé, cette interview ! J’étais un peu nerveux à cause de cette histoire de potentiel traquenard, mais les présentateurs m’ont très vite mis à l’aise. Je me suis interrogé, au début, sur le fait de rester sur mes gardes, cependant, force a été de constater que toutes les questions ont tourné autour de la fondation et de moi-même. Rien sur l’entreprise familiale, alors ça m’a mis en confiance. On a bien ri, c’était un moment agréable. J’ai pu promouvoir la fondation Mathilde Emerson comme je le souhaitais, j’ai pu la mettre en lumière au grand public. C’est particulier comme position, d’être l’image de marque de quelque chose. J’ai fui ça toute mon enfance et adolescence, avec l’entreprise familiale. Et voilà qu’une fois adulte, je me place dans une position similaire. C’est quand même dingue, le destin, parce que je fais ça avec plaisir. Enfin, pas à cent pourcents non plus, il y a des trucs un peu relous à faire, des fois où j’ai pas envie, où j’aimerais faire autre chose. Ça fait partie des obligations que je me suis choisies, et je commence tout juste à voir les premiers investissements porter leurs fruits. Les premiers éleveurs subventionnés ouvrent leurs portes, je me suis investi personnellement pour les épauler, pour leur donner des conseils – ou plutôt leur apporter mon point de vue – quand ils me faisaient part de leurs doutes. Les responsabilités supplémentaires sont amplement contrebalancées par la joie et la satisfaction que j’en retire.
En fait, c’est exactement ça qui me motive : donner la possibilité à des personnes n’en ayant pas les moyens de se construire le futur dont ils ont envie dans le milieu de l’élevage. C’est juste génial, et c’est peut-être particulièrement prétentieux, mais je me trouve génial d’utiliser l’argent que je peux avoir à disposition pour ça. Je me dis que c’est aussi de mon devoir, en tant qu’héritier, n’ayant donc pas été à l’origine de ma fortune personnelle – même si ma carrière de coordinateur et mon job d’éleveur, je gagne plus que correctement ma vie – que de l’utiliser intelligemment et pour le bien commun, pas à mon seul bénéfice. J’espère que l’image que j’ai renvoyé à l’antenne est fidèle à ce que je suis. Je ne sais pas trop, je n’ai pas spécialement envie de m’écouter pour le déterminer. De toute manière, je devrais bien vite en voir les retours via certains proches ou encore plus simple, mais risqué, par les réseaux sociaux. J’ai pas spécialement envie de me prendre un bad buzz dans la tronche.
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