Poehere avait grandi dans l'archipel d'Alola, au milieu des concours de surf, des pâtés de sable et des cocktails au bord de l'eau. Toute sa vie avait été bercée par les rites des îles, les offrandes aux gardiens de l'archipel, les repas réunissant tout le village pour des occasions spéciales, les heures à préparer de sublimes colliers de fleurs. Une vie idyllique pour beaucoup.

De l'autre côté de l'océan, se trouvait une femme qui habitait un pays complètement différent. Un pays riche en couleurs, en paysage et en histoire. Ce pays, ou plutôt, cette région, c'était Paldea.
A Paldea, les gens parlent fort, et rigolent sans gêne. La température y est plutôt agréable toute l'année si on vit sur les littoraux. Les plaines sont remplies de pokémons sauvages, et parmi eux, les célèbres tauros noirs de Paldea.

Maria étudiait les tauros de Paldea depuis au moins vingt ans. Elle les marquait, les comptait et essayait de comprendre pourquoi ces buffles si puissants pouvaient prendre trois formes différentes, alors que les tauros des autres régions se confondaient tous.

En plus d'être chercheuse et scientifique, Maria enseignait depuis plusieurs années à l'académie orange. Elle avait conseillé à sa sœur cadette, Josine, de mettre sa fille en pension complète à l'académie, car les résultats y étaient très élevé. Josine était également institutrice, à Alola. Elle y avait rencontré un pêcheur il y a vingt ans, et avaient donnés naissance à une merveilleuse petite fille qu'ils décidèrent d'appeler Poehere.
Même si l'académie était très réputée, la jeune fille n'avait nullement envie de quitter son petit paradis pour vivre avec des étudiants boutonneux qui sentent la paëlla restée trop longtemps au soleil.

Mais de temps en temps, la petite famille rendait visite à Maria, lorsque ses recherches le lui permettaient.
Cet été, Poehere avait entendu parler d'un évènement qui se déroulait à Mezclamora: les dômes. Dans ces fameux dômes, plusieurs activités étaient proposées et évidement, la jeune fille jeta son dévolu sur celui qui proposait une démonstration de surf, le dôme scuba.
L'entrée n'était pas gratuite, mais Poehere était confiante: les grands influenceurs ne payaient jamais les entrées, au contraire, ils étaient invités à profiter de tous les stands gratuitement, en échange d'une publicité. C'est ainsi que la jeune femme avança, doublant toute la fille d'attente pour rejoindre le guichet de sa démarche chaloupée. Elle portait au creux de son coude un petit sac en paille, et ceux qui aventuraient leurs yeux sur sa longue robe blanche, pouvaient apercevoir un fin string noir qui détonnait du blanc.

- Eum, pardon ? Dit-elle. Je crois que vous avez pas trop compris.

La dame de l'accueil venait visiblement de lui refuser l'accès. Connue était un grand mot, car elle ne l'était pas assez pour rentrer sans payer.

- Euh, holà ? Insistait-elle avec mépris. Nan mais sérieux ? #Poe, vous connaissez pas ?

Elle défigura la guichetière, sans prendre en compte les râles des gens dans la file. Elle devait être certainement trop âgée pour connaître Poehere... Du moins, c'est ce la jeune fille pensait.

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La dame au guichet semblait désemparée. Il y avait beaucoup de monde ce jour là, et de manière globale, les saisons estivales étaient toujours un moment très douloureux pour les employés. Tous les jours, ils voyaient des clients pénibles qui ne savaient pas respecter les règles qui en plus, sont en général écrite en gros partout. Interdiction de fumer ? Vous pouvez être sûr de trouver des mégots de cigarette sur le sol. Ne pas courir ? On ne compte plus les enfants disputés par les maîtres nageurs aux bords des piscines. En bref, la grosse majorité des visiteurs s'estimaient légitimes d'enfreindre les règles, tout ça parce qu'ils étaient en vacances. Et, évidemment, Poehere faisait partie de ces gens.

Son assurance avait mit le doute à la guichetière, qui fouillait désespérément dans toute la paperasse du grand bureau de l'accueil une preuve qu'elle ne s'était pas trompée. Elle avait la désagréable sensation de sentir le regard pesant de la jeune fille sur son dos pendant qu'elle cherchait. Mais lorsqu'elle levait les yeux, Poehere était sur son téléphone entrain de répondre à des messages, ou divers commentaires sur ses publications des réseaux sociaux. Comme à son habitude, elle faisait tourner autour de son index parfaitement manucuré une mèche de cheveux, ignorant totalement les regards de colère des autres visiteurs.

- Hey #potiche...

La jeune femme mit un moment avant de se rendre compte que quelqu'un s'adressait à elle. D'habitude, les gens étaient trop polis pour se plaindre de son mauvais comportement, et elle s'en était bien accoutumée.
Poehere se tourna lentement, un sourcil arqué. C'était un jeune homme aux cheveux longs et à la chemise ouverte qui avait osé l'interpeler de cette manière. Qu'est-ce qu'il a lui ? Se demandait-elle. Elle fit descendre ses yeux vert le long de son corps, comme si elle l'analysait.
Comme une vraie enquêtrice, la jeune fille dressa un profil: c'était un garçon jeune, la vingtaine certainement. Il avait un beau visage, un peu marqué par la vie ou le travail peut-être. Sa chemise ouverte laissait supposer qu'il avait chaud, ou qu'il souhaitait exhiber son torse. Dans les deux cas, il n'avait pas l'air d'avoir des complexes par rapport à son physique.
Poehere aurait pu le tolérer, voir même l'apprécier. Mais la première approche était catastrophique, et la jeune fille était loin d'être du genre à se laisser impressionner.

- Eum, pardon ? S'indigna-t-elle. Quand on a une coupe de cheveux comme la tienne on ne l'a ramène pas. Tu m'excuseras, je suis un peu occupée là. #Bisous.

Et elle fit volte face, comme si rien ne s'était passé. Sauf qu'autour d'eux, en plus des vacanciers en colère, la sécurité du dôme commençait à s'affoler... Fallait-il ouvrir une autre file ? Ou virer l'importune ?


Edit: j'ai oublié le dé
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Imperturbable. C'était le mot qui lui correspondait le mieux. Face aux insultes et à la file d'attente tout entière qu'elle s'était mise à dos, la jeune femme restait d'un sang froid impressionnant.
Ce calme était inné chez elle. Depuis toute petite, Poehere savait comment rester de marbre face aux autres et ce, malgré les mots qu'elle entendait. Très jeune, elle savait comment répondre aux attaques, et était devenue très "populaire" dans son école notamment grâce à sa répartie. Poehere s'était constituée une cour de "domestique" qui la suivait partout où elle allait, lui portait son sac d'étude ou encore, lui laissait ses desserts à la cantine. Une scolarité qu'elle avait adoré, et qu'elle regrettait parfois.

La jeune femme continuait de regarder la guichetière, sans aucune once de pitié. Elle inspira profondément, et eut un soupir de désespoir assez bruyant et exagéré. Poehere attrapa son téléphone et tapota sur l'écran tactile un nouveau message. Elle avait complètement oublié le jeune homme qui l'avait insultée, et naturellement, n'avait pas fait attention aux respirations anormales derrière elle. Lorsqu'elle entendit l'éternuement et sentit les gouttelettes dans son dos, elle sursauta et resta figée un instant.

Ecœurant.

Ses mains étaient restée en l'air, son visage complètement figé, sous le choc. Etrangement, la file d'attente toute entière venait de se taire.

- Pardon, je suis vraiment désolé, je suis allergique aux emmerdeuses, ça me fait ça à chaque fois que j'en croise une, entendit-elle derrière son dos.

Encore lui ? Peut importe. Poehere était tellement choquée de cet acte qu'elle venait de tout oublier: l'entrée qui lui avait été refusée, les gens pas contents, ces fichus dômes bref, tout. Il venait d'engager une guerre, et la jeune femme était loin, bien loin de se laisser abattre. Malgré sa bouille toute mignonne, il ne fallait vraiment pas l'attaquer...

Elle se tourna lentement vers lui, le visage déformé par une expression de dégout.

- Nan mais t'es sérieux toi ? Pesta-elle. T'es un gros PORC la verité !

Le ton venait de monter. Son pouls s'accéléra, et le public resta bien silencieux.

- Y'a quoi en faite ? Tu détestes les femmes ? Hein ? Ou alors c'est ma couleur de peau qui te pose problème ?

Tout cela n'avait évidemment rien à voir avec la cause du crachat, mais faire passer son adversaire pour un méchant aux yeux de l'opinion public était une bonne chose pour gagner une bataille. Du coin de l'œil, Poehere vit arriver deux hommes en uniforme qui ne semblait pas rigoler. La jeune femme se sentait sauvée.

- Cet homme vient de me cracher dessus ! Cria-t-elle.
- Suivez moi, dit-il en attrapant la jeune femme par le bras.

Poehere afficha un sourire ravi. L'autre gars de la sécurité devait certainement s'occuper de son assaillant, et elle imagina qu'il allait être interdit de dôme pendant qu'elle serait désinfectée au poste des urgences. Mais au lieu de ça, ils s'éloignèrent tous les deux de l'entrée, de plus en plus. L'agent de sécurité fut désolé de sa mésaventure, mais il était très clair: elle devait faire la queue, comme tout le monde.
Poehere bouillonna de rage, là, à la fin de la file d'attente, rouge de colère.

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Poehere repassait en boucle dans sa tête la scène qui venait de se produire. Comment avait-elle fait pour être embarqué par la sécurité au bout de la file ? Elle avait l'impression de vivre une réelle injustice. Il fallait qu'elle en parle à Olele, sa meilleure copine restée à Alola. Elle était sa copie conforme, à part ses cheveux blonds et sa mine de souris.
Avant toute chose, elle fouilla dans son petit sac à la recherche de son gel hydroalcoolique. Elle en mit une grosse noisette dans la paume de sa main, et l'étala comme elle le pouvait sur l'endroit où elle avait senti les postillons dans son dos. Poehere afficha une mine écœurée, et secoua sa main dans les airs en imaginant la salive de cet homme inconnu sur sa peau si délicate. Elle en profita pour se reparfumer, et lorsqu'elle se sentit mieux, elle saisit son téléphone et tapota un message à la vitesse de la lumière. Elle en était sure: Olele allait être aussi choquée qu'elle. Elle était de nature naïve, et surréagissait toujours à ce que Poehere lui disait, pour son plus grand bonheur.
La file avança. La jeune femme fit un pas en avant.

- Coucou chérie ! Ça alors, comme on se retrouve !

Poehere leva les yeux de son téléphone. Son expression changea en un éclair.

- Encore toi ? s'exclama-t-elle. Ils t'ont pas mit en prison pour gros détraqués ? La sécurité à Paldea laisse à désirer...

Pendant un instant, la jeune femme songea à écrire quelque chose sur ce sujet. Son article allait faire le buzz sur les réseaux sociaux, et sa côte allait certainement monter. Mais c'était risqué: elle voulait que les internautes l'admirent, pas qu'ils aient pitié d'elle.
En voyant le jeune homme se placer derrière elle, Poehere arqua un sourcil. Méfiante, elle se mit de profil pour toujours avoir un œil sur lui. Hors de question qu'il lui crache encore dessus. Peut-être devrait-elle sortir son rocabot de sa pokéball pour qu'il lui assure une protection rapprochée ?

- Je suis content de voir que la popularité ne t'a pas changé...

Poehere cessa de pianoter sur son téléphone. Venait-il de lui faire un compliment ? C'était ce qu'elle pensait. Au fur et à mesure qu'il parlait, elle sentait son égo remonter progressivement. Jusqu'au moment entendit le mot paysan. Elle plissa les yeux. Il y avait de la confrontation dans l'air.

- Tu sais ce que c'est la différence entre une célébrité et un paysan ? Répondit-elle en abandonnant enfin son smartphone. C'est quand tu as attendu comme tout le monde jusqu'au guichet, et que tu retournes quand même en bout de file sans protester. Ça, c'est être un paysan

Poehere fit un faux sourire comme elle savait bien les faire, et reprit son téléphone en face d'elle.

- Et oui, je suis proche de mon public, puisque je t'adresse la parole. Tu devrais te sentir chanceux.

La file avança. La jeune femme fit un pas en avant. L'après midi allait être longue...

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