[modéré] fire does not make fire, only ashes

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Je remue, peste entre mes dents et me retourne sur le ventre, le visage grimaçant et les yeux mi-clos, encore enflé par une nuit de sommeil agitée ; quant au rayon de soleil taquin, responsable de mon réveil prématuré, celui-ci continue de me chauffer la nuque et les épaules.

Mon souhait de faire la grasse matinée a été bêtement réduit à néant en l'espace de quelques minutes.
Le coupable est parvenu à se faufiler par le biais d'une mince interstice, dû à une fermeture hâtive et maladroite des rideaux la veille, alors que j'étais pressée de regagner mon lit après une longue journée de déplacements à travers la région.

J'essaie de me replonger dans cette délicieuse léthargie, mais rien y fait.
Je frappe mon oreiller du poing avant de me redresser sur mes coudes, laissant la cascade de mèches rousses et entremêlées retomber de par et d'autre de ma figure comme des traînées de feu.

Une demie heure plus tard, me voilà prête à affronter la ville de Sevaro et son climat aride ; climat que je déteste et qui me fait regretter d'avoir quitter les neiges éternelles des plus hauts sommets de la région.
Armée de mon sac de voyage, je descends au rez-de-chaussée de l'auberge et m'installe dans l'aire de restauration, où je parviens à dénicher une table pour deux libre, en retrait.
Tant que je n'ai pas bu ma première tasse de café, je ne peux pas fonctionner normalement - et adéquatement.

Je pose délicatement le sac sur la chaise faisant face à la mienne, en m'assurant qu'il tient bien en place et ne risque pas de tomber.
Car ce qu'il transporte est fragile et précieux : un oeuf de pokémon.
Mon premier.

Ma fibre maternelle s'est éveillée dès que ce trésor m'a été confié, une semaine plus tôt, par mon chef d'équipe et depuis, je le couve jalousement depuis.
Je suis impatiente de découvrir ce qu'il renferme.
De savoir si un lien se crée dès la naissance ou s'il ne se forme que progressivement, au fil du temps et des interactions.

Parfois je me demande si je ne suis pas un peu bizarre, d'avoir toujours préféré emprunter ceux de mes collègues ou ceux mis à disposition par mon employeur - des créatures finement entraînées pour répondre à nos besoins lors des missions de sauvetage.
J'ai longtemps nourri cette crainte de ne pas être à la hauteur.
Et celle de vivre une nouvelle perte.
La vie à flanc de montagnes n'est pas tendre, même pour les espèces indigènes qui les arpentent.

Je m'extirpe de mes pensées pour m'étirer paresseusement les bras, déliant ainsi mes muscles.
Qu'est-ce que ça fait du bien !
Mon regard cherche ensuite une serveuse, que je repère non loin ; je lui fais signe et elle me confirme d'un hochement de tête qu'elle viendra me servir sous peu.
Il est temps de chasser la noirceur de mon esprit et de profiter de la clarté et de la sérénité de cette magnifique matinée !

Apparition d'un pokémon, merci ! cheer

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Un Grondogue lvl 6 apparaît !

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Une fois mon petit déjeuner englouti et payé, je regagne l'extérieur afin d'entamer ma session d'emplettes ; la chasse aux produits locaux.
Les olives de Sevaro sont réputées pour leur goût et pour leur qualité, et il s'avère que mes collègues raffolent de l'huile limpide et légèrement amère qu'elles produisent.
Mon horaire des prochains jours étant plutôt libre, je me suis proposée pour renflouer les réserves de la station, sacrifiant ainsi mon confort ainsi qu'une ou deux activités planifiées au profit de cet acte bénévole.
J'espère que les provisions ramenées dureront au minimum trois mois, voire davantage.

Je soupire doucement en entamant mes recherches.
Malgré l'heure, la chaleur est étouffante.
L'air est sec et le soleil plombe dans mon dos ; il me force à me départir de ma veste, devenue superflue, et à la nouer autour de ma taille.
Je transpire déjà.
Qu'est-ce que ce sera lorsque midi frappera ?

Heureusement pour moi, la plupart des boutiques et des commerces sont ouverts.
Vêtements, équipements agricole, salon de coiffure et barbier...
Je repère l'enseigne de la célèbre pâtisserie gérée par la championne de la ville ; la file monstrueuse qui se déploie sur près d'une centaine de mètres me convainc de passer ma route.
Sans ombrage pour cacher ma peau fragile, je risque de fondre, de brûler, de me changer en un blob informe et méconnaissable d'ici à ce que je puisse en franchir le seuil.

Bon, j'exagère, mais il n'en reste pas moins que d'attendre des heures sous cette température, tout en étant victime de ces rayons solaire agressifs, me donnerait de jolies couleurs - et moult douleurs.
Avec un peu de chance, et si je parviens à me lever suffisamment tôt demain, peut-être aurai-je l'honneur de goûter aux spécialités de la maison, dont la réputation fait écho jusque dans mes flancs de montagne adorés.

Plus loin, je déniche enfin un supermarché ; une grande surface qui offre une variété intéressante et des prix raisonnables.
Les portes automatiques s'ouvrent et une décharge de fraîcheur me frappe brutalement.
Je ferme les yeux, lèvre les bras en croix et savoure avec un plaisir coupable cette invention génialissime qu'est la climatisation.
Lorsque je réalise que ma réaction attire les regards et les expressions moqueuses, j'abaisse mes bras, un peu gênée et je tente de me faire oublier.

Contre mon dos, quelque chose s'agite.
J'interromps ma quête gourmande et m'immobilise un instant, pour voir si le phénomène est réel ou s'il n'est que le fruit de mon imagination.
Une minute, puis deux, s'écoulent, et il ne se reproduit pas.
Je pense à l'oeuf, mais efface aussitôt toute pensée pouvant l'associer à ce gigotement impromptu.
On m'a dit, avant mon départ de Frigao, qu'il prendrait deux semaines avant d'éclore.
Et je les crois.

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Vous lancez une pokéball...

...:

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Je réquisitionne un caddie avant d'entamer mes emplettes ; hors de question que je traîne à bout de bras les caisses et les bouteilles d'huile d'olive, sachant que leur revêtement en vitre est plus lourd que leur version plastifiée.
J'ai beau être en forme et posséder du muscle, je ne suis pas surhumaine pour autant.

Mon sac est soigneusement déposé au fond du panier.
J'ajuste les ganses et m'assure qu'il ne renversera pas au moindre tournant abrupte dans une allée ; la sécurité de mon oeuf passe avant le reste.

En passant entre deux étagères où sont disposés chips, friandises et chocolat, j'abandonne momentanément mon chariot ; je fais confiance aux habitants du coin pour ne pas me le voler, une fois mon dos tourné.
J'attrape un paquet de petites bouchées aux noisettes, lis rapidement les ingrédients et le registre des calories, puis me glisse sur la gauche d'une grande enjambée.
Une gestuelle un peu loufoque, mais qui me sauve deux secondes.

Je me saisis de l'objet de ma convoitise ; des réglisses au caramel salé, une rareté dans mes montagnes septentrionales, mais une commodité dans les villages ayant des accès plus faciles aux provisions et aux échanges.
Je salive déjà rien qu'à penser à son goût unique.

Tandis que je m'apprête à revenir sur mes pas, une vague odeur désagréable vient me taquiner les narines.
Une effluve de brûlé, de fumée âcre et piquante.
Il est courant dans les supermarchés d'avoir une section de prêt-à-manger et j'imagine, par ce que je sens, qu'un cuistot a probablement fait rôtir un peu trop longtemps son poulet cajun.

Près de moi, je note l'expression soucieuse et interloquée de quelques clients.
Ils semblent fixer quelque chose derrière moi.
Le murmure des conversations se changent en exclamations paniquées et, une dame âgée s'écrie :

- Au feu ! Au feu !

Mes yeux s'agrandissent et je fais volte-face, dans une pirouette qui manque de me déséquilibrer.

Oh misère !

Si j'avais déjà entendu parler des phénomènes de combustion spontanée, je ne pensais pas assister à l'un d'entre eux.
Je laisse tomber tout ce que je tiens, sans réfléchir, et fonce vers mon caddie.
Mon sac dégage une volute sombre et inquiétante et le tissu a commencé à se dégrader, grugé par de timides flammes orangées.

Dans un réflexe stupide, je plonge mes mains pour essayer de sauver mon oeuf.
C'est tout ce qui compte.

MODÉRATION.
Apparition d'un pokémon content

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C'est un Lilliterelle niveau 9 qui se présente à vous.

Que voulez-vous faire, dresseuse Masa ?

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- Mademoiselle, n'y touchez pas !

Je suspends mon geste, à quelques centimètres de mon objectif ; je peux sentir la chaleur des flammes venir lécher mes paumes.

Des bruits de pas précipités retentissent
Quelqu'un m'empoigne par le bras et me tire à l'écart, tandis qu'un commis armé d'un extincteur se positionne près de mon panier.
En quelques secondes, le brasier est maîtrisé.

Bientôt, les témoignages et les questions fusent, et tous les regards se tournent dans ma direction.
Je suis cependant incapable de répondre.
Je fixe intensément le tas de mousse blanche qui recouvre les restes de mon sac de voyage, et qui commence à dégoutter au sol, à travers le grillage.

Ces gens ne comprennent pas l'ampleur de la situation.
De la vague de profonde culpabilité qui m'envahit soudainement.
Je sens le goût acide de la bile se mêler à ma salive, que je parviens à ravaler difficilement.

- Il n'y a plus rien à voir ici. S'il-vous-plaît, retourner à vos courses, nous nous occupons de mademoiselle... ?
- Kobayashi. Que je m'entends murmurer, tout en parvenant finalement à me détacher du triste spectacle. Mon oeuf. Il y avait un oeuf dans mon sac.
- Peux-tu aller chercher mes gants ?

Le second commis, celui qui tient toujours l'extincteur, acquiesce et quitte rapidement l'allée pour récupérer le matériel demandé.
Un silence de plomb s'installe tandis que nous attendons patiemment le retour de son collègue.
Je triture nerveusement mes mains, ne sachant quoi en faire.
Au tréfond de moi-même, je m'interroge sur ma personne, à savoir si je ne suis pas maudite.
La mort semble me suivre comme une ombre depuis ma naissance.

- Huh ? Ça bouge.

Mes yeux s'écarquille légèrement de stupeur face aux paroles de mon interlocuteur.
Je découvre en même temps que lui les deux petites mèches orangées ayant réussi perforé l'épaisse couche de mousse.
Qu'est-ce que... ?
D'un bond maladroit, une créature rondelette émerge ; elle se secoue dans tous les sens pour se départir de la matière anticombustible, usant de ses courtes pattes antérieures pour essuyer son museau et son ventre.
Des morceaux de coquilles tombent durant sa séance de nettoyage.

- Il est vivant !

Je ne peux m'empêcher de hausser la voix, d'un ton plus aigu que nécessaire, mais qui trahi mon soulagement.
C'est un véritable miracle.
Je peine à y croire.
Sans plus me soucier des normes de sécurité, je m'élance jusqu'à mon panier et cueille le petit crocodile pour le serrer contre ma poitrine.
Il n'a pas l'air d'avoir subi de blessures ; sa peau est rouge et lisse, et ne présente aucune trace de brûlures.
Il ne semble pas non plus déconcerté par la présence d'êtres humains ni affaiblis par le condensé mousseux.

- Vous devriez l'emmener au centre pokémon. Il se trouve au bout de la rue voisine.

Un conseil judicieux que je compte suivre.
L'infirmière et ses aides pourront me renseigner sur le phénomène qui vient de se produire et s'assurer que mon nouveau compagnon ne gardera aucune séquelle de cette éclosion pour le moins prématurée et riche en émotions.

- Merci. Vous savez ce qu'il est ?
- Un chochodile, si je ne me trompe pas.

Un chochodile.
Clairement, il n'a pas le physique typique des créatures qui arpentent les sommets enneigés de mes montagnes natives.
J'offre mes excuses au jeune homme, en assurant que je repasserais sitôt le diagnostic prononcé.

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Vous lancez une Pokéball !

...:

Que voulez-vous faire, dresseuse Masa ?

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Au pas de course, je quitte le supermarché et m'élance dans la rue, effrayant les passants entre lesquels je zigzague pour éviter toute collision ; confortablement installé dans mes bras, le petit crocodile gazouille de plaisir.
Un indicateur de son état, d'une santé stable et d'une joie évidente, mais je ne peux tout de même pas prendre le risque de passer à côté d'un problème grave, demandant une attention médicale.

Malgré les indications simples, je me trompe d'avenue, rebrousse chemin, puis enfin tombe sur la découpe familière du bâtiment où je pourrai faire inspecter le bébé pokémon.
Les doubles portes vitrées s'ouvrent à mon approche et je m'engouffre avec précipitation à l'intérieur.
Je m'approche du comptoir d'accueil, où une infirmière attend l'arrivée des prochains patients.
Elle pianote sur le clavier de son ordinateur.

Mon chochodile capte le cliquetis des touches et se met à l'imiter en faisant claquer doucement ses mâchoires.
Visiblement, celui-là possède une oreille musicale, ou une fascination pour les bruits de son environnement.
Cela attire l'attention de la jeune femme, qui quitte son écran des yeux pour nous observer.
Elle sourit, puis me salue et me demande ce qui m'amène en ces lieux.
Je lui rends cette politesse avant d'expliquer la situation, en essayant d'être la plus claire possible.

- Il est né au beau milieu d'une allée du supermarché et l'éclosion de son oeuf a causé tout un émoi. Je ne comprends pas comment, mais il a mis le feu à mon sac, et les employés ont dû utiliser un extincteur pour maîtriser l'incendie. Ils ne savaient pas qu'il était provoqué par une naissance... Et moi non plus. Est-ce que ce serait possible de vérifier les signes vitaux de mon pokémon ?

Je vois la consternation s'épanouir sur son visage au fur et à mesure que je lui raconte l'incident ayant marqué la venue au monde de mon nouveau protégé.
Elle me répond cependant d'un ton calme, m'éduquant sur le phénomène.

- Les pokémons feu ont, pour la plupart, une température corporelle plus élevée que la moyenne. Lorsque les conditions sont favorables, cela provoque une montée en flèche de la chaleur à l'intérieur de la coquille et cela peut accélérer le processus d'éclosion. Aux premières fissures, cette chaleur est expulsée et peut, au contact de matériau inflammable, causer une réaction.

Ce n'était donc pas l'une de ces mystérieuses combustions spontanées, mais plutôt un relâchement d'air brûlant après une baisse de pression abrupte au sein de l'oeuf.

- Ce qui m'embête et m'inquiète un peu, c'est qu'il ne devait pas éclore avant plusieurs semaines encore. Je n'ai quitté Frigao que quelques jours plus tôt.
- Vous êtes passée de moins quinze à vingt-six, vingt-huit degrés. Un tel changement de climat peut avoir eu un impact majeur.
- Je vois... J'aurais dû y penser.
- Ne vous en faites pas, ce ne sont pas des choses auxquelles les dresseurs réfléchissent souvent. Maintenant, allons nous assurer qu'il n'a rien. Normalement, les extincteurs de la ville ne possèdent aucun composant ou dérivé chimique, mais la présence d'eau peut l'avoir affaibli.

Ses paroles me rassurent et me donnent bon espoir que nous ne découvrirons rien d'anormal au niveau des organes internes du chochodile.
L'infirmière m'indique une porte à sa gauche, qui mène jusqu'à une petite salle d'attentes.
Je m'y dirige après l'avoir remercié et m'assois sur l'une des chaises vacantes.
Nous ne sommes que deux à patienter entre ces murs d'un blanc éclatant ; un jeune homme dans la vingtaine est assis au fond de la pièce, un trio d'olivini installé à côté de lui.

Le petite crocodile rouge récupère l'entièreté de mon attention lorsque je le sens tirer sur l'une de mes mèches rousses.
Je n'ai pas la force ni l'envie de la libérer de ses crocs pointus, sous peine de finir arrachée.

MODÉRATION.
Apparition d'un pokémon ! joy

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Lilliterelle lv10 apparaît!

Que voulez-vous faire?

Inscrit le : 06/06/2023 Messages : 112 Région : Paldea

Le chochodile finit par se désintéresser de mes cheveux.
Il se cale contre moi, bâille à s'en décrocher la mâchoire, puis ferme les yeux.
Moins de cinq minutes se sont écoulées depuis notre arrivée dans la salle d'attente et le voilà déjà à somnoler.

Mes épaules s'affaissent doucement ; la tension accumulée durant l'incident les quitte enfin.
Je repousse les mèches maculées de bave hors de mon visage, les glissant derrière mes oreilles malgré la sensation désagréable que leur contact procure contre ma peau.
J'envisage d'acheter un jouet sur lequel il pourra se faire les dents.

La tête d'une infirmière apparaît dans l'entrebâillement de l'une des salles de consultation et elle appelle le patient suivant à la rejoindre ; le jeune homme attrape le trio d'olives vertes et se lève de sa chaise, pour ensuite se diriger d'un pas pressé jusqu'à la pièce.
La porte se referme et le silence s'installe.

Je n'ai jamais été à l'aise dans les centre pokémon ni les cliniques, encore moins les hôpitaux.
Mon regard dérive jusqu'à l'écran d'une télévision sur lequel défile les scènes d'une série muette ; afin de maintenir un climat de calme, le volume a été baissé jusqu'au zéro absolu, ne permettant la compréhension des dialogues que par le biais d'une lecture de sous-titres mal traduits et bourrés de fautes d'orthographe.

Et pourtant, je m'investie malgré moi dans les déboires d'Enrico et d'Esmeralda, deux jeunes amants épris l'un de l'autre malgré la querelle et l'inimitié qui persiste entre leurs deux familles.
Le scénario est un réchauffé de romance dépourvu d'originalité, qui ferait retourné dans leurs tombes les plus grands écrivains et dramaturges.
Les personnages ont des principes en carton, des personnalités en papier mâché.
Mais je me retrouve à sympathiser avec les protagonistes et à leur souhaiter une fin heureuse.

Je perds le fil du temps.
Le petit crocodile ronfle, profondément endormi.
Je suis captivée par l'audace d'Enrico qui vient de poignarder son beau-père, sous les pleurs et les cris - que j'assume déchirant - de sa bien-aimée.

La scène coupe abruptement, et reprend sur le couple, qui s'éloigne à dos de bourrinos vers un horizon baigné par un couché de soleil saturé.
Le générique de fin se met ensuite à défiler.

- Ah, mais non ! C'est pas possible.

Je suis confuse et un peu fâchée.
Quel montage affreux.
Je secoue la tête, dégoûtée.

Je n'ai toutefois pas le temps de m'enfoncer davantage dans les pensées peu flatteuses à l'égard de la direction artistique et scénaristique de ce dernier épisode, car je suis appelée à mon tour par une infirmière.
Je prends soin de ne pas réveiller le nouveau né, qui dort paisiblement au creux de mes bras, et me dirige vers l'aide-soignante sans jeter un regard vers le défilé de noms et d'images qui récapitulent les moments marquants.

- Vous pouvez le déposer ici.

Je ne me fais pas prier ; le pokémon sera plus douillet dans le panier rembourré d'une couverture épaisse que me désigne mon interlocutrice.

- Il n'a pas l'air mal en point, mais nous allons effectuer quelques examens supplémentaires. Vous pouvez me raconter en détails ce qu'il s'est produit ?

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Tentative de capture !

Capture:

Inscrit le : 08/09/2013 Messages : 19537

Liliterelle capturé!
Chochodile monte au niveau 11!

Que voulez-vous faire?

Mar 12 Sep 2023 - 16:14

- Sa respiration est normale.

Son examen respiratoire terminé, infirmière retire la tubulure plastifiée de son stéthoscope de la bouche du chochodile ; celui-ci semble prendre goût à la texture caoutchouteuse, idéale pour se faire les crocs.
J'esquisse un sourire gêné.
Je n'ai pas l'argent pour payer les réparations ou le remplacement du matériel que pourrait endommager mon nouvel ami, alors j'espère qu'il s'en tiendra à quelques innocentes marques de dents.

La jeune femme s'arme ensuite d'un appareil singulier, servant à scanner la température corporelle de ses patients.
Il émet un bip sonore sitôt les données établies et enregistrées.
Le résultat m'est présenté et j'écarquille les yeux de stupéfaction ; ce n'est pas un reptile, mais un minuscule soleil qui se trouve sur la table d'auscultation.

- C'est normal qu'il soit si chaud ?

Je m'inquiète un brin, je n'ai pas l'habitude des organismes ayant du sang brûlant dans les veines ou possédant une fournaise intérieure.

- Oui, même qu'il est dans les normes pour un nouveau-né.

Mon interlocutrice me rassure.
Elle paraît satisfaite des chiffres qui s'étalent sur l'écran de son gadget.
Au bout de quelques minutes supplémentaires, elle m'annonce que les griffes, la dentition et la peau écailleuse sont en parfait état, qu'il n'y a aucune trace de lésion ou d'anomalie causée par cette flamboyante venue au monde.

- Approchez-vous et placez votre main, paume tournée vers le bas, au-dessus de ses cheveux.

Je m'exécute sans rouspéter ni poser la moindre questions.
À mon grand étonnement, je sens la chaleur s'élever jusqu'à venir lécher mes doigts.
J'abaisse le bras, tente d'attraper l'extrémité de l'un des poils épais qui décorent le sommet du crâne, et le regrette aussitôt ; je me brûle méchamment l'index, que je porte instinctivement à ma bouche après l'avoir secoué un peu.

- Les dresseurs inexpérimentés, ou ceux qui connaissent peu de choses au sujet de l'espèce, se font toujours avoir. Il expulse le surplus d'énergie par une cavité située au sommet de sa tête et les flammes prennent l'apparence d'une chevelure rigide, un peu comme le pédoncule d'une pomme ou d'un piment. Cela évite des complications et des dommages internes, puisque sa poche à flammes stomacale n'est pas suffisamment développée à ce stade. Vous verrez, lorsqu'il sera particulièrement joyeux et actif, les flammes se multiplieront.

- C'est bon à savoir. Est-ce que vous savez si le froid peut l'affecter ? Je ne suis pas de Sevaro, je viens des montagnes du nord. Frigao si vous connaissez ?

- Je connais oui, et vous n'avez rien à craindre. La neige risque de fondre sous ses pattes ou au moindre contact avec son corps, et il faudrait une exposition prolongée à des températures incroyablement basses pour qu'un ralentissement au niveau de ses signes vitaux commence à se produire. Je dirais qu'il vous sera plutôt utile.

J'encaisse les informations en silence, une douce sensation de soulagement m'envahissant.
Je sens la tension dans mes épaules et ma nuque se relâcher, et un sourire plus naturel et détendu, moins crispé, naît sur mes lèvres.
Je gratte le dos du chochodile, provoquant une série de gazouillis appréciatifs de sa part.

- Oh, il est également très vocal. Vous assisterez régulièrement à des concerts de sa part, ou à des vocalises plus gutturales. Chaque chochodile a une voix qui lui est propre et il faut parfois plusieurs mois, voire une année d'essai, avant de trouver la note juste et le timbre parfait.

- Tant qu'il ne me réveille pas au beau milieu de la nuit... !

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Apparition d'un pokémon ! cheer

Dim 17 Sep 2023 - 0:49

[modéré] fire does not make fire, only ashes 1TFbpBf

Un Gribouraigne niveau 10 fait son apparition !

Que voulez-vous faire, dresseuse Masa ?

Mar 26 Sep 2023 - 17:55

L'examen se poursuit et l'infirmière répond patiemment à toutes les questions qui me traversent l'esprit.
L'alimentation, l'hygiène, l'entraînement.
Comment bâtir un solide lien de confiance rapidement.
Les trucs et astuces pour gronder un mauvais comportement sans entacher ledit lien de confiance.

Au bout d'une demie heure, nous nous serrons la main et elle me tend une prescription gribouillée avec la précision hâtive d'une personne travaillant dans le domaine médical depuis des années.
Je suis incapable de déchiffrer l'écriture, mais tant que ses collègues de la pharmacie sont en mesure de réussir cet exploit, je ne m'en plaindrais pas.
Mon chochodile s'est assoupie entre-temps, visiblement épuisé par sa venue au monde chaotique et par ses premiers déplacements en ville.
Par sa première interaction avec des humains.
Je me demande d'ailleurs s'il a ressenti mon anxiété durant la consultation, et cet élan d'amour indéniable, presque maternel, à son égard.

Tout en le gardant pressé contre moi, je quitte la pièce, traverse la salle d'attente désormais vide, et regagne la section d'accueil ; je demande où trouver une pharmacie afin d'obtenir les suppléments prescrits, des vitamines destinées au bon développement de sa poche à flammes stomacale et pour lui permettre de croître normalement dans un environ classé inadapté pour les membres de son espèce.

La préposée me pointe une direction, m'indique gentiment que ce que je recherche peut être obtenu sur place.
Je la remercie et entreprend de compléter rapidement mon emplette avant de quitter le centre pokémon.

Le soleil m'accueille à bras ouverts, avec un peu trop d'enthousiasme.
Je grimace légèrement, déjà incommodée par la bouffée de chaleur.
Le petit crocodile, en revanche, souffle de bien-être et se cale davantage contre ma poitrine, visiblement ravi de se faire dorer par les rayons de l'astre diurne.
Difficile de résister à cette bouille adorable.

Je finis par céder à un caprice inexprimé et me force à trouver un banc pour m'asseoir.
Je m'y laisse choir, m'exposant volontairement au climat aride pour satisfaire les besoins naturels de mon nouveau compagnon.
Si je veux qu'il devienne grand et fort, il me faut faire quelques sacrifices - et celui-ci n'est que le premier d'une longue lignée.

Le temps qu'il se repose et profite du soleil, je sors mon portable et compose le numéro d'Ambre.
C'est elle qui m'a confié l'oeuf, avant de me pousser à descendre de mon plateau enneigé, de quitter mes montagnes pour ce presque désert où ne poussent que des oliviers et des arbustes aux branches bizarres et aux fruits tout aussi étranges.
Je pense qu'elle sera ravie d'apprendre ce qui vient de se produire.

MODÉRATION.
Tentative de capture !

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