« Mais ouvre-le ! »

…

« Alana, c’est ridicule. »
…

« Alana, par pitié, qu’on en finisse. »

L’expression exaspérée de Kalon depuis l’autre bout de la pièce, affalé sur le divan, fut ironiquement bien plus efficace pour motiver Alana à retrouver ses esprits et à sortir de la paralysie qui l’avait prise depuis qu’elle avait reçu la notification de mail reçu sur son smartphone, qu’elle avait regardé l’expéditeur et reconnu l’adresse de la Professeure Desoeillets, la chercheuse senior du laboratoire universitaire rattaché à l’Université d’Ekaeka, et qui l’avait reçue quelques jours plus tôt pour un entretien d’embauche afin d’intégrer son équipe sur le poste vacant disponible. Et comment souvent, le stress l’avait soudainement paralysé. C’était idiot, en soit. Un simple clic, et elle saurait, quitte à accélérer ses autres recherches – qui ne donnaient pas grand-chose, soit dit en passant. Là, elle pouvait avoir une réponse, la réponse même. Sauf que sa main restait en suspens, comme si son corps refusait d’obéir, à moins que ce ne soit sa tête qui n’arrivait pas à donner l’ordre correct. Clara paraissait compatir, même si Alana voyait l’impatience poindre dans ses yeux bleus. En même temps, elle l’avait déjà vue ainsi. Et Kalon … demeurait égal à lui-même. Inspirant profondément suite à la remarque de son frère, la jeune femme hocha la tête et déclara :

« Tu as raison. »
…

…

Pourquoi est-ce qu’elle n’arrivait pas à appuyer ? Kalon poussa un soupir à fendre l’âme, Alana lui lança un regard noir … Et Clara en profita pour lui arracher le téléphone des mains.

« Hé ! »

L’exclamation outragée d’Alana n’eut guère l’air d’émouvoir son amie, qui était désormais penchée sur l’écran du téléphone et pianotait dessus. Elle avait pris les choses en main, au sens strict. Finalement, elle releva la tête et adressa un très large sourire à Alana, qui sut donc la réponse avant même qu’elle ne franchisse les lèvres de son amie. Son rythme cardiaque s’accéléra, et elle sentit ses mains se faire plus moite, tandis que la tête lui tournait un peu.

« Félicitations, tu es prise ! »

Mots qu’elle entendit de très loin, avant qu’un corps chaud ne vienne l’étreindre avec fougue, et qu’elle demeure dans les bras de Clara comme figée, un immense sourire aux lèvres, sous le regard mi-goguenard, mi-atterré de Kalon devant de telles effusions, ce qu’il exprima par un simple :

« … Quelle surprise … »

Demande de modération:

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Nombre de mots : 409

« Kalon ! »

La réprimande vint de la bouche de Clara, et le jeune homme se renfrogna légèrement, agacé d’être repris par sa fiancée. Se calant un peu plus dans le divan, il grommela sans aucune conviction, la pointe de sarcasme clairement perceptible dans sa voix :

« Ouais, bravo Alana, ouah, on ne s’y attendait pas, surtout quand Clara a passé les trois derniers jours à casser les oreilles de sa cheffe pour … »

Le regard particulièrement noir que lui lança sa compagne aurait dû lui faire comprendre qu’il aurait mieux valu s’arrêter là. Quant à sa sœur, elle l’observa longuement toujours un peu interdite, avant de se tourner lentement vers son amie – qui la tenait toujours dans ses bras, ce qui déclencha une très légère rougeur qui, elle espérait, ne se voyait pas. Pour une fois, son teint mat serait une bénédiction. Se dégageant finalement de son étreinte, elle attendit quelques secondes supplémentaires avant de de demander, une légère hésitation dans le ton :

« Tu … euh … »

« N’écoute pas Kalon. Oui, bien sûr que j’ai parlé de toi à Camille Desoeillets, et oui, je lui ai demandé ce qu’elle comptait faire en défendant ta candidature. Mais la connaissant, elle a dû longuement peser le pour et le contre et ma seule recommandation n’aurait jamais suffi à elle seule pour qu’elle accepte de te prendre. Donc c’est que tu lui as fait une très bonne impression et que tu étais la meilleure candidate. »

« La seule … »

Le persiflage de Kalon fit hausser un sourcil notoirement agacé chez Clara, qui souffla :

« Kalon … »

« Quoi ? Ose dire que ce n’est pas le cas. Y a personne pour candidater dans ton labo, tu l’as déjà dit toi-même, y a pas assez de personnes formées qui accepteraient un tel salaire. Et puis, même si un pauvre fou s’y était risqué, personne n’aurait eu le beau CV avec les stages à Kalos et tout le tintouin … »

Clara baissa les yeux. Oui, son conjoint avait raison. Bien sûr, elle avait dit la même chose – et même si son expression ne l’avait pas trahie, Alana l’aurait deviné, tant cela paraissait plausible. Finalement, elle déclara tout de même :

« Peut-être mais … il n’empêche qu’Alana a eu ce poste parce qu’elle était la bonne candidate. »

Ladite Alana sentit une bouffée de reconnaissance poindre envers la détermination de son amie à défendre son succès, et une vague d’hostilité pour son frère qui émit, pour toute réponse, un grognement peu indicatif.

Tentative de fuite:

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Nombre de mots : 430

« Merci pour ton soutien Clara. »

Alana adressa un sourire chaleureux à son amie, et, avec un sourire sarcastique, ajouta :

« Toi aussi, Kalon, tes encouragements me sont allés droit au cœur. »

« J’espère bien, j’ai donné mon maximum. »

L’ironie larvée lui répondait, et avant qu’elle ne puisse apporter une réplique particulièrement tranchante, Clara s’interposa – même si l’expression de son visage laissait clairement entrevoir son mécontentement à devoir intervenir pour calmer les deux malappris.

« Bien … Allez viens Alana, on va aller fêter ça en ville comme il se doit. Kalon, tu nous accompagnes ? »

« Non, je suis crevé. Amusez-vous bien les filles. »

Levant les yeux au ciel, Clara n’insista pas, et Alana n’allait sûrement pas le faire, secrètement heureuse de ne pas avoir à subir la présence de son frère, et encore plus enchantée par la perspective de se retrouver en tête à tête avec son amie, bien qu’elle ne l’avouerait jamais, même sous la torture. A la place, elle se contenta de hocher la tête et de se laisser entraîner vers la porte de la maison, puis vers la jeep dans laquelle montait déjà l’autre femme. Un peu circonspecte, elle demanda :

« Tu crois qu’on peut l’emprunter ? »

« Bien sûr, j’ai les clés, et s’il ne veut pas venir, c’est son problème. »

Considérant qu’après tout, cela ne la regardait pas, et plutôt emballée à l’idée d’embêter Kalon, Alana acquiesça et grimpa à la suite de Clara dans la jeep. Celle-ci démarra l’engin, le moteur ronronna … et le véhicule s’ébranla pour quitter rapidement l’enceinte de la maison familiale, avant de s’engager sur la petite route escarpée et pentue qui menait de Lili’i à Ekaeka. Profitant de l’atmosphère agréable pour se remettre de ses émotions, Alana ne dit rien dans un premier temps puis, alors que Clara laissait passer une autre voiture, elle en profita pour demander :

« Tu n’as vraiment pas … ? »

« Pas quoi ? »

« Pas … fait quelque chose pour que j’obtienne le poste ? »

Clara poussa un soupir et accéléra brutalement, ce qui coupa court pour un temps à toute velléité de discussion. Manifestement, elle avait toujours un sens très personnel de la conduite, surtout quand elle était en colère, agacée ou encore un peu trop joyeuse. Le nombre de fois où Alana avait cru qu’elles n’arriveraient pas à destination quand elles étaient à Kalos … Certaines choses ne changeaient pas, apparemment. Finalement, elles durent ralentir pour traverser un passage particulièrement raide, et tandis qu’elle se cramponnait à son siège, Alana entendit Clara lui répondre, les mains fermement arc-boutées sur le volant et l’air concentrée :

« Si par faire quelque chose tu entends donner une recommandation sincère, alors oui. »

Une embardée plus loin, Clara continua :

« Et tu me connais bien mal si tu penses que j’aurai fait pour n’importe qui juste par amitié. C’est aussi ma réputation qui est en jeu si je recommande quelqu’un à ma cheffe qui n’en vaut pas la peine. Je l’ai fait parce que tu es douée, et tu le sais parfaitement Alana. »

Virage serré, cœur au bord des lèvres.

« Satisfaite ? »

Demande de modération:

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Nombre de mots : 537

« Je … Merci Clara. »

Un simple « oui » aurait été bien trop impersonnel. Il y avait des mots informulés au cœur du remerciement, et il sembla à Alana que son interlocutrice en avait conscience, tandis qu’elle hochait la tête sans ajouter un mot. Elles se concentrèrent un long moment sur la route, perdues dans leurs pensées respectives. Alors qu’elles s’arrêtaient à nouveau pour laisser passer un autre véhicule, Alana prit une inspiration profonde et demanda :

« Est-ce que … ça ne sera pas trop étrange ? »

« De quoi ? »

Concentrée sur sa conduite, Clara ne parut pas comprendre l’objet de la question … ou fit très bien semblant. Et en un sens, c’eut été logique, puisque Alana osait aborder enfin l’océan de non-dit, ou du moins une petite partie de ce dernier, qui flottait entre elles depuis son retour à Alola et la découverte de Clara sur le pas de la porte, au bras de Kalon. Un instant, elle hésita. Mieux valait laisser tomber, ne rien dire, continuer cet étrange pas de deux, justement. Mais le succès la rendait brave, alors elle osa :

« Travailler comme ça, dans le même laboratoire. »

« Comment ça ? »

« Tu sais parfaitement ce que je veux dire. »

Alana chercha à croiser le regard de l’autre femme. Cette dernière se déroba, faisant avancer la voiture à la place et fixant obstinément la route devant elles. Il y eut un très long silence, et les mots d’Alana parurent résonner entre elles, comme s’ils refusaient obstinément de s’éteindre sans avoir obtenu de réponse. Alors, elle attendit, et finalement, sa patience fut récompensée par une simple dénégation :

« Non. »

Alana haussa un sourcil, à la fois dubitatif et un rien agacé par le caractère plus que court de la réponse. Soupirant, Clara finit par développer, manifestement contrariée de la tournure que prenait la conversation :

« Tu seras un très bon atout pour l’équipe, et on a toujours très bien travaillé ensemble, je ne vois pas pourquoi ça changerait. »

« Clara … »

Cette fois, la tonalité exaspérée par ce qu’elle percevait comme une volonté de fuir la réalité de leur situation, et une envie de ne pas se confronter à leur passé, à ce qu’elles n’osaient aborder depuis leurs retrouvailles qui compliquaient tout, était très aisément perceptible. Clara dut s’en apercevoir car son dos se raidit très perceptiblement, et la réponse fut tout aussi tranchante :

« On était amies … avant, il n’y a pas de raison que ça ait changé non plus.

Sauf si toi, tu vois un souci quelque part ? »

Oh, Alana pouvait en voir beaucoup. Mais le dire aurait conduit à admettre qu’elle … Non. Alors elle se mordit la langue, se renfonça dans son siège et abonda avec une fausseté qui lui laissa un goût plus qu’amer dans la bouche :

« Aucun. »

« Alors c’est parfait. »

Le courage, semble-t-il, n’avait duré qu’un temps.

Tentative de fuite:

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Nombre de mots : 501

Bientôt, les lumières d’Ekaeka furent en vue, et elles entrèrent dans la ville. Trouver une place en pleine saison touristique était, du point de vue d’Alana, une gageure, mais Clara la surprit en s’enfonçant dans un dédale de petites rues qui s’éloignaient de la façade maritime si touristique et qu’elle paraissait connaître comme sa poche. Finalement, la jeune femme gara la voiture dans ce qui ressemblait à une arrière-cour tranquille, et les deux jeunes femmes descendirent. Une fois le pied posé à terre, Alana demanda :

« Et où est-ce que tu comptes m’emmener ? »

« C’est une surprise. »

La moue d’Alana annonçait son amour des surprises, mais cela ne parut pas diminuer la résolution de son amie, qui lui fit signe de la suivre. Contrairement à ce que l’ancienne kalosienne avait pensé au premier abord, elles ne revinrent pas vers la plage, mais continuèrent à longer les petites rues jusqu’à sortir de la ville pour se retrouver sur les hauteurs. Le panorama était magnifique, et Alana resta en contemplation pendant un petit moment, avant de courir pour revenir à hauteur de sa guide. Cette dernière avait manifestement une destination bien précise en tête, qui devint claire quand ils arrivèrent sur un a-pic rocheux surplombant Ekaeka, et qui abritait déjà un certain nombre de personnes, à en croire le volume sonore qui leur parvenait.

Sous leurs yeux s’étendait un rassemblement devant un barbecue selon la culture locale, à savoir à l’étouffée sous des feuilles de bananiers, avec de nombreux jeunes qui sirotait divers jus et jouaient à des jeux communautaires. L’ambiance, bon enfant, était chaleureuse, comme en témoignait les nombreux saluts et sourires qui les accueillirent quand elles arrivèrent sur place. Manifestement, Clara connaissait pas mal de monde, car elle reçut plusieurs accolades et autres interpellations joyeuses. Alana, un peu mal à l’aise devant cette foule qu’elle ne connaissait pas, resta prudemment en retrait, avant de chuchoter :

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Le meilleur endroit de la ville, pardi. Enfin, quand on connaît et si on veut éviter les touristes. »

Elle la conduisit devant une petite guérite de barman improvisé et leur commanda deux verres d’alcool local, qu’elle commenta :

« C’est produit par une coopérative du coin, 100% bio et en circuit court, pas d’additif. »

Ce qu’Alana aurait pu percevoir sans que ce soit mentionné, car le goût, âcre, lui brûla les papilles au premier abord, avant qu’elle ne s’y habitue passé quelques lampées.

Demande de modération:

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Nombre de mots : 409

Rapidement, l’ambiance montait, et bientôt, des musiciens improvisèrent un petit concert autour du barbecue, dont l’odeur délicieuse aurait alléché les babines de n’importe qui. L’alcool aida considérablement Alana à se laisser aller, et bientôt, elle sentit son pied tapoter le sol en battant la mesure, tandis que son estomac commençait à gronder joyeusement. Les bruits de la ville qui s’étendait sous leurs pieds paraissaient atténués, et le bourdonnement qui résonnait était davantage celui du sang qui battait aux tempes, et des pokémons nocturnes qu’on entendait non loin. Quand elle vit la viande être enlevée des braises, la jeune femme sortit un billet de sa poche pour payer, mais à sa grande surprise, son interlocuteur lui adressa un large sourire et l’enjoignit à prendre une part gratuitement. Un peu surprise, elle bégaya ses remerciements avant de planter ses dents dans la chair juteuse à souhait, qui lui arracha un soupir béat. Cuite à point, elle bénéficiait en plus de cette cuisson très particulière, et d’un mélange d’épices ajouté qui ne gâchait rien. Elle en était ainsi à se pourlécher les babines quand Clara réapparut dans son champ de vision.

« Je vois que tu as déjà trouvé de quoi manger. »

« Je chasse très bien, comme tu peux le voir … »

Le rire qui résonna joliment fut sa récompense pour sa plaisanterie un peu idiote, et Clara renchérit :

« Comme quoi, il y a certaines choses qui ne changent pas …

La vraie question, c’est si ça s’applique aussi à ton don pour le beer pong … Enfin, le jus alolien pong. »

« Le quoi ? »

« Tu vas voir ! »

Et c’est ainsi qu’Alana se fit entraîner sans pouvoir protester vers une petite assemblée non loin réunie autour de deux vieilles tables de camping posées l’une contre l’autre, et qui jouait à ce qu’elle devinait donc être la version alolienne du célèbre beer pong. Avec un grand sourire, Clara se glissa auprès d’une équipe, qui accepta sans broncher le renfort impromptu. Alana comprit qu’elle n’avait guère le choix, et avala donc son reste de viande en deux bouchées rapides – non sans s’esbaudir à nouveau de ses qualités gustatives – avant que son tour n’arrive. Soupesant la balle dans ses mains, elle observa les tablées, calculant déjà son jet, tira … et vit la balle plonger à l’intérieur du gobelet avec facilité. Elle sentit quelques tapes dans son dos pour la féliciter, et alla récupérer l’objet ainsi que son dû, puisqu’il convenait désormais de boire la fameuse boisson. Qui avait un goût curieusement sucré, même si à son avis, le « jus » n’en était pas uniquement, vu la chaleur qui se répandit instantanément dans ses veines. Ce qu’elle pointa à Clara qui lui répondit malicieusement :

« Il faut peut-être te réhabituer aux saveurs locales … ou être moins adroite ! »

Formulaire de capture:

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Nombre de mots : 477

La soirée battait son plein. Après plusieurs parties de « jus alolien pong », Alana était positivement un peu saoule, et la timidité des premiers instants avait laissé place à un déhanché particulièrement enthousiaste sur le dancefloor improvisé de la fête en plein air, sur les airs de plus en plus électriques du DJ improvisé, qui envoyait ses meilleurs sons pour le plus grand bonheur des fêtards. Pour la première fois depuis son arrivé à Alola, elle avait la sensation de pouvoir expulser tous les sentiments qui l’avaient envahi, et qu’elle tenait solidement contenus ordinairement. Là, en dansant, elle pouvait penser à autre chose, ou plutôt à rien, et se concentrer sur le rythme qui battait à ses tempes, sur les corps qui l’effleuraient …

Ce qui la ramenait invariablement à son amie, à côté d’elle, qui semblait avoir autant besoin qu’elle de se déchaîner sur la piste. Les souvenirs affluèrent, de sorties jusqu’au petit jour, dans les rues animées de Kalos, de leurs rires, et des mains qui, parfois, trouvaient à s’égarer. Etait-ce l’alcool, l’abandon ressenti, la nostalgie, ou simplement l’attraction demeurée intacte, même après le départ de Clara ? Le rapprochement se faisait, imperceptiblement d’abord, puis plus franchement, et Alana eut la sensation de se perdre tout à fait dans les yeux clairs de l’autre femme, ravivant le souvenir du temps où elle avait l’impression d’être le centre d’attention de ce regard, où elle savait qu’ils ne contemplaient personne d’autre, ces yeux, et surtout pas …

Kalon.

La pensée de son demi-frère lui fit l’effet d’une décharge électrique, alors que sa main s’était perdue dans le dos de Clara. Immédiatement, elle la retira et demeura figée au milieu des autres danseurs, inconscients de son malaise soudain. La tête lui tournait, et une nausée brute la submergea. Comment est-ce que … Submergée par la culpabilité, la jeune femme se força à s’arracher à l’instant présent et quitta précipitamment la foule. Elle entendit Clara la héler, mais ne répondit pas. A la place, elle se dirigea d’un pas lourd vers le bar et agrippa une bouteille de calva fermenté, sous l’œil un peu inquiet du barman qui tenta de la prévenir du caractère quelque peu … fort de la chose, et elle se hâta de redescendre jusqu’à la ville.

Arrivée en bas, elle continua jusqu’à la plage, qui s’était dépeuplée au vu de l’heure tardive. L’odeur des embruns lui effleura les narines, et elle se posa sur le sable, la bouteille à la main. Seule face à l’océan, elle laissa les ressacs la bercer, tandis que l’ivresse la prenait entièrement, et la soulageait de ses démons.

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Introduction de l'Oeuf de Draby S

Nombre de mots : 477