Abigail Wickwood
C-GEAR Inscrit le : 08/12/2021 Messages : 352
Région : Galar
| Ils étaient tous les huit alignés. L’aura, au départ différente pour chacune des personnes, s’harmonisait petit à petit jusqu’à ne devenir qu’un, se transformant en une matière inconnue presque tangible. L’air vibrait autour d’eux alors que l’aura prenait en masse autour des Lucario cette-fois ci. Eux aussi alignés, formant un seul et même corps, les esprits divers et contraires se superposaient pour ne former qu’un. Chacun était en train de canaliser une boule d’aura devant eux - et pour les plus observateurs, la variation de la teinte bleutée différait pour chacun - avant de les braquer devant eux. Une aurasphère d’une taille monstrueuse était en train de se matérialiser et aller défoncer la porte d’entrée du Craquemole, qui ressemblait plus à une prison avec ses barbelés qu’à un lieu de soins. Sebastian espérait sincèrement que cela suffirait car à part cette force de frappe, ils n’avaient pour ainsi dire rien qui serait assez intimidant pour mener leur plan à exécution. Et également que les gardiens n’aient pas trop de pokémons très entrainés avec eux. Il avait des compétences en combat mais… Le mieux était pour lui que le combat ne s’éternise pas trop. “Sois plus concentré Sebastian” Maria était en pleine transe mais elle avait senti les divagations du majordome. En vérité, ce qui le tourmentait plus était de savoir dans quel état il allait retrouver Abigail. Bien qu’il avait un coeur séché avec les années, il espérait qu’elle n’avait rien subi de fâcheux. Plusieurs personnes, qui avaient senti les sentiments complexes de Sebastian, lui envoyaient des ondes de réconfort. Tout le monde était là, ils allaient y arriver : peu importe les motivations de chacun, ce soir ils ne faisaient qu’un. L’aura gravitait à présent autour de Biskes et d’Orphan, les Lucario respectifs de Shankar et de Maria. C’étaient les deux les plus forts dans la prise et le maniement de l’aura. Ils s’étaient synchronisés parfaitement et à eux deux portaient la lourde sphère bleutée. L’attaque était prête à faire feu et ressemblait à un soleil bleu. A présent tout le monde regardait Maria et Shankar, ces deux derniers se dévisageant avant d’acquiescer d’un commun accord. L’aurasphère partit alors droit vers l’établissement, dans un silence de mort avant d’imploser dans un énorme souffle de puissance, balayant la grille de sécurité comme un fétu de paille. Ne perdant pas une minute, les huit foncèrent à l’intérieur, espérant retrouver rapidement la trace d’Abigail. *** Une attaque lourde contre un hôpital psychiatrique était quelque chose qu’aucun des gardes médicaux ne pensait vivre un jour. A défaut de montrer un minimum de résistance, ils virent la bande de commandos avec des yeux médusés, tous ayant un Lucario qui les suivaient comme leur ombre. Ils s’étaient rapidement séparés en plusieurs petits groupes de deux. L’entrée était gardée par Maria et Shankar, les spécialistes en aura de force. Ils pourraient ainsi facilement repousser une quelconque force extérieure (qui serait inévitablement appelée), puis Kaï et Tyson chercheraient dans le rez-de chaussée (et par la même occasion essaieraient d’apaiser la cohue qui risquerait de se déclencher suite à leur action). Hinata, Alice, Sebastian et Nicki descendaient dans les profondeurs de l’hôpital. Il leur fallait trouver rapidement leur centre de réunion : dedans se trouverait le lieu où se trouverait Abigail. Quelques gardes essayèrent - en vain - de leur faire barrage mais le quatuor était un brin trop menaçant pour tenter une quelconque riposte. Alice semblait nostalgique tant à la tournure des évènements. “ Cela fait si longtemps que nous n’étions pas réuni ensemble. Je suis tellement heureuse !” Avait-elle conscience du danger qui les environnait ? Visiblement non, mais ça c’était digne de la princesse casse-cou qu’elle était. C’est aussi pour ce caractère que Sebastian avait plus d’affinité avec elle qu’avec sa mère. Elle était trop… Froide ? Rigide ? De là à dire qu’elle n’avait pas de cœur, il n’y avait qu’un pas. Si Nicki semblait indifférente à la situation, Hinata en revanche n’était pas très fière du comportement de sa pupille. A Dystopia, la vassale qu’elle était se devait d’assurer l’éducation de la future reine. Aussi, comme leur identité dans ce monde a éclaté, elle redevient un peu Tsurugis. “ Ce n’est pas un jeu princesse. Notre avenir à tous et à toutes dépend de cette soirée, de ce moment” Alice ne se laissait aucunement démonter par ses réprimandes et continua de sourire bêtement à Sebastian. Ils s’entendaient bien tous les deux. Ils finirent par trouver une salle de réunion avec un PC ouvert. Bien évidemment, tout était crypté mais c’était à ce moment que Nicki rentrait en jeu. Il ne savait aps comment mais cette femme savait peu ou proue tout ce que la société désapprouvait. En termes de connaissances ou de savoir-faire. Hacker un ordinateur ? Pas de soucis. QUe ce soit à Dystopia ou dans ce monde-là, il y avait des choses qui ne changeaient pas. C’était aussi pour ce genre de compétences qu’il l’avait autrefois recrutée. Ces personnalités aux capacités couteau-suisse étaient très précieuses, même si, après plusieurs années de collaboration, il n’avait jamais vraiment réussi à la comprendre. Tout ce qu’il savait c’était qu’elle avait eu un fils dans ce monde, et c’était à peu près la seule chose dont elle lui parlait. “ Chambre B28” Cela signifiait qu’il fallait aller au second étage. Il n’y avait pas d’escaliers, seulement un ascenseur. Comment avaient-ils pu la mettre dans un endroit aussi exigu ?... “ J’y vais avec Nicki. Vous deux, restez ici et faites le point avec le reste du groupe.” Personne ne chercha à contredire. Et, à vrai dire, pour ce qu’il anticipait de sa descente dans les profondeurs du Craquemole, Nicki serait plus efficace qu’Alice. Et puis, cela lui donnerait l’impression fugace que les Golden Stars se reformaient un tant soit peu. Quel vent de nostalgie cela lui apportait. Il était à peu près sûr que Nicki pensait la même chose en cet instant précis. Elle était comme une petite soeur pour lui. Alors pourquoi semblait-elle si triste et morose ce soir ?... (1003 mots) |
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| | | Abigail Wickwood
C-GEAR Inscrit le : 08/12/2021 Messages : 352
Région : Galar
| L’alarme s’était mis en branle partout dans le Craquemole et les patients, un peu hagards pour certains, étaient remisés à double tour dans leur loge. Ce fut effectivement le cas pour Abigail, mais en compagnie du docteur Fibonacci - ou plutôt de son bourreau. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur car, sans forcément comprendre le comment du pourquoi, la concomitance des évènements entre l’explosion et le plan du praticien faisaient qu’elle ne savait pas quoi faire de ses émotions. Et puis, elle est une vieille dame non ? Alors elle hurla - bon sang cela faisait du bien de pouvoir vider son émotion face à un taré pareil. Peut-être voulait-on l’entendre ? Elle eut l’impression que cette vanne qu’elle avait tant serré au fond d’elle depuis le début s’ouvrait enfin sur un torrent de détresse qu’elle s’était interdite de ressentir. L’hospitalisation forcée, les médicaments, puis le traitement radical dont elle avait fait écopé en arrivant jusqu’à arriver ici. Le docteur, surpris de voir enfin une réaction de sa prisonnière, éclata de rire. “ Vous pouvez crier autant que vous voulez mais c’est fini ! Vous êtes déjà dans le cercueil et c’est moi qui va vous injecter la dose létale ! Les vieilles comme vous doivent apprendre à dormir pour de bon, vous seriez un moindre mal pour la société !” La peur se lisait sur les traits ridés de la vieille dame. Il lui fallait partir d’ici. Et vite. Mais elle ne pouvait pas se déplacer, à peine était-elle un squelette avec la peau sur les os et avec tous ses rhumatismes. Et de surcroît, elle ne savait pas quoi faire, ni où aller ! Sans quitter du regard le docteur et son aiguille contenant son neurotoxique, elle eut un seul et unique regret : ne pas avoir ses enfants et Sebastian à ses côtés. Qu’est-ce qu’elle aurait donné de sentir les bras puissants du majordome ?... N’avait-il pas promis qu’il viendrait la sauver ? Ces hommes, tous des menteurs ! Il faut toujours tout faire soi-même. Mais il est vrai que le très fin oreiller n’était pas le meilleur des boucliers. Le docteur tenta un coup d’estoc mais l’aiguille perça l’oreiller. Elle le vit alors : son regard était déformé par une colère rare. Un regard fou qui lui faisait penser à quelqu’un de bien familier… Elle essaya de pivoter pour repousser son agresseur mais la force lui manquait et le praticien s’était mis à califourchon sur elle pour lui empêcher toute retraite possible. Elle avait beau gesticuler, le poids de son corps et ses rhumatismes ne faisaient pas bon ménage et il semblerait que l’horreur était plus forte que la décharge d’adrénaline qu pouvait en découler. Il avait un sourire fier, celui qu’on les prédateurs face à leur proie sans défense. Elle comprit alors que c’était la fin pour elle. “ Adieu, Abigail Wickwood !” La pointe de l’aiguille visa le coeur. Elle ferma les yeux, des larmes de regrets coulant sur ses joues creuses. Elle ne savait même pas si Arthur était en bonne santé. *** Il y eut un peu plus de résistance vers l’étage -2 du Craquemole mais les attaques synchronisées de Barthandélius et d’Eden eurent vite fait de mettre à mal les défenses ennemies. Certains étaient trop terrorisés pour essayer de faire front, d’autres rasaient les murs. Dans toutes les chambres, il n’y avait pas de lumière et on entendait ici et là des cris déments, comme si les patients étaient tous en proie à une hystérie collective. Sebastian eut une pensée émue envers Abigail et n’osait pas s’imaginer quelles horreurs elle avait pu subir. Rapidement ils arrivèrent devant la chambre B28. Verrouillée. Une attaque combinée d’aurasphère eut raison de la porte de métal et… “ Quoi ?” La chambre était vide. Désespérément vide. Elle n’était pas occupée et par conséquent, il n’y avait aucune trace d’Abigail ! Comment cela se faisait-il ? “ Mais où est-elle ?” Nicki, qui était dans l’encadrement de la porte, accusa elle-même le coup mais ne s’en émouvait pas, après tout les imprévus dans ses missions étaient légions et il fallait composer avec. “ Elle ne doit pas être loin. Peut-être peux-tu la localiser un peu plus précisément ?” Ce n’était pas dit, l’aura fonctionnait comme une boussole mais une fois sur place du lieu de l’émanation, il lui était difficile d’affiner la position. Pour autant, il ressentait quelque chose d’étonnant. C’était comme si… Elle était plus bas qu’ils étaient. Officiellement il n’y avait que deux étages alors… Dans le même temps, la sensation d’horreur d’Abigail, qui faisait face à son bourreau, se déversait en lui comme une averse acide. Et tout le monde dans le groupe ressentit que quelque chose n’allait pas. S’il existait un étage caché, c’était trop tard ! Il faudrait savoir où l’entrée se trouvait, puis localiser la vraie chambre d’Abigail. Or, le temps était compté ! La terreur, un sentiment qu’il connaissait trop bien pour l’avoir vécu il y a plusieurs temps de cela, lui collait à la peau. La même peur, sourde, que celle qu’on ressent lorsqu’on affronte un trop grand danger. “ Merde !...” S’ils la perdaient, tout le plan initial savamment mûri pour retourner à Dystopia serait réduit à néant. Non pas qu’il ne se plaisait pas dans ce monde mais il était comme un étranger parmi d’autres étrangers. Il n’arrivait pas à s’attacher à ces gens, à se faire à cette vie différente sans royauté et sans souverain suprême… Il se doutait que Nicki pensait epu ou prou à la même chose que lui en cet instant précis. Nicki eut alors une idée. En tant qu’experte de synchronisation de l’aura, elle fit appel à un autre de ses pokémons : une Gardevoir. “ J’ai un peu appris de l’aura dans ce monde. Si j’arrive à faire le lien avec le contact que tu as établi avec elle…” Le regard de Sebastian s’illumina. Oui, c’était une bonne idée ! La Gardevoir saura alors où se trouve Abigail par l’intermédiaire de sa propre aura. “ Accroche-toi à moi. Je ne sais pas où nous allons atterrir…” Le pokémon psy ne mit pas très longtemps à localiser la septuagénaire. Et devant l’effroi qu’il ressentait, il espérait que ce n’était pas trop tard… (1037 mots)
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| | | Abigail Wickwood
C-GEAR Inscrit le : 08/12/2021 Messages : 352
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| Elle avait fermé les yeux. Tout effort était en vain. Cet homme, qu’elle ne connaissait que par le biais de son travail, cherchait à attenter à sa vie. Et qu’est-ce qu’elle valait sa vie, au juste ? Rétrospectivement, il n’y avait plus rien à sauver, seulement un empire de rêve qui tombait en désuétude depuis la mort de Georges. Elle avait beaucoup d’argent, à ne pas savoir quoi en faire, réduite au mieux à faire des facéties avec ses “copines” pétées de thunes qui ont toujours eu une cuillère en argent dans la bouche. Ou alors, ses enfants, mais à quoi bon ? L’une ne lui parlait pas sinon en lui hurlant dessus, la seconde n’avait tellement pas de caractère qu’elle ne disait jamais rien (à sa propre mère !) et débitait des banalités sans non. Et Arthur ? Là c’était elle qui déconnait, car son visage était le même que celui de son mari, surtout en grandissant. Et cela la bloquait totalement dans ses tentatives de communication. Alors oui, il n’y avait rien de reluisant dans tout cela et peut-être que ce docteur allait enfin lui apporter un semblant de paix dans cette vie sordide dans laquelle elle s’était embourbée.
Où étaient les moments plaisants, ces instants hors du temps comme elle en connut du temps où elle vivait avec Georges et où le principal sujet de conversation portrait sur les couleurs de la vie. Elle se rappelait…
… “Abi chérie ?” C’était comme ça que Georges aimait l’appeler dans l’intimité de leur relation. La scène lui revenait aussi clairement que si cela venait d’arriver. Ils étaient tous les deux dans l’atelier de peinture et Georges était en train de finir le croquis de sa femme sur une toile la représentant cheveux aux vents près d’une rambarde surplombant les Terres Sauvages en contre-bas. Comme à chacune de ses représentations d’elle, il la représentait telle qu’il la voyait, non pas avec le poids de l’âge mais avec son regard d’amoureux transi. Plus de trente ans de mariage et il l’aimait autant qu’au premier jour. “J’aimerai que tu choississes la teinte de la robe que tu voudrais avoir sur cette toile”
Georges avait une âme d’artiste et tout était une question de couleurs pour lui. Lui aimait beaucoup la couleur de l’aube, cette espèce d’orange tirant sur le rose qu’on peut voir parfois de manière éphémère très tôt le matin. Elle, de son côté, adorait le violet sous toutes ses formes. C’était aussi la couleur préférée de sa mère, tout comme sa fleur préférée était le lilas violet. Elle commençait à mélanger du bleu et du rouge, en proportions aléatoires. Son humeur, changeante, s’accorderait avec le ton de la couleur qu’elle obtiendrait. EN outre, elle se sentait extrêmement bien, légère. Elle imaginait des plumes de couleur lavande avec des stries de fushia dans un subtil dégradé. Une zébrure qui s’accordait bien avec le tableau, la mettant ainsi en valeur. “Est-ce que tu peux m’aider à composer ?”
L’un et l’autre peignaient tous les deux sur le même tableau. Elle adorait la sensation de glisse sur la toile. C’était comme ça qu’elle aspirait à vivre sa vie : glisser sans accroc, mettre des couleurs et une fois finie, admirer, rêver. Comme cette fille qu’elle fut autrefois avec ses beaux cheveux auburn… …
Il lui semblait qu’elle était en train de quitter son corps pour rejoindre et se fondre dans cette toile composée à deux. Il lui semblait même qu’il était là et qu’il lui souriait d’un air radieux. Alors pourquoi avoir peur de la mort quand elle peut lui apporter son lot de délivrance ? Elle n’avait plus tellement de temps à vivre et plus grand chose à quoi se rattacher. La pointe de l’aiguille s’était plantée dans son torse frêle et semblait chercher le cœur. Est-ce que le poison saurait réchauffer son cœur devenu aussi dur que de la rocaille ? Ressentirait-elle quelque chose ? Y avait-il pour elle encore une raison que de sourire à la vie ?
Elle tourna la tête et vit une ombre noire fondre sur le docteur. Il y avait aussi une femme ?... Elle avait mal, quelque chose l’empêchait de respirer normalement. Puis, les yeux fermés, elle sentit les bras puissants de Sebastian entourer son corps qui se paralysait. L’arsenic faisait son œuvre… Et paradoxalement, elle se sentait enfin en sécurité. Soulagée.
Il avait tenu sa promesse finalement…
Mais un petit peu trop tard…
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