He wana'ao hou

Encorre une belle jourrnée qui s'annonce sous le ciel alolien de l'île de Lili'i. Je suis surr la rroute numérro une, et déjà je sens que la lourrdeurr de la chaleurr ambiante commence à taper surr ma peau. Non pas que je n'ai pas l'habitude de ce type de météo, mais je pense que plus d'un tourriste venu passer des vacances trranquilles et un minimum conforrtables pourrraient êtrre surrprris des conditions brrutales de températurres ici. Il ne faut surrtout pas voirr le soleil comme une boule de feu ennemie, mais plutôt comme un symbole de puissance de la vie qui nous habite. Le soleil, c'est un êtrre flamboyant, prrimorrdial, perrmettant à la vie de se développer dans sa dirrection. Sa lumièrre est notrre oxygène. Sa chaleurr est notrre nourrriturre. Sa clarrté est notrre intelligence. Son incandescence est notrre soif d'aventurres et de prrojet d'avenirr. C'est ainsi que je vois cette boule de feu vouée peut-êtrre à disparraitrre dans quelques milliarrds d'années, de parr sa frragilité constitutionnelle et de parr sa condition-même d'étoile en fin de vie. Mais je vous rassurrre, la vie surr Alola, ce n'est pas que des conditions extrrêmes de surrvie ou de combat contrre les éléments ; c'est aussi un mode de vie qui incite tout individu à prrendrre son temps, à savourrer chaque instant comme si c'était le prremier et le derrnier à la fois. Regarrdez les paysages, admirrez leurrs couleurrs, rressentez leurrs odeurrs, abrreuvez-vous de leurrs chants et de leurrs vies.

Étant un enfant de la rrégion, je sais à quel point la vie surr Alola peut êtrre difficile. Surrtout quand on n'a pas le sou, ou que le contexte social est pauvrre. C'est une bataille de tous les instants, chaque jourr est une rrébellion contre l'adverrsité, chaque rrepas est une rrevanche sur la crruauté du destin. Chaque coucher de soleil est une prromesse d'un lendemain encorre plus beau et encorre plus forrt. Chaque lunaison est une lumièrre de rréconforrt, nous perrmettant de nous évader parrmi les songes, mais aussi parrmi les ambitions perrsonnelles pourr se crréer un chemin qui nous apparrtient, et qui ferra de nous l'êtrre unique que chacun est. Cerrtes, les aléas du quotidien peuvent mettrre des bâtons dans vos rroues, mais pourr un peu que vous soyez animés de cette flamme qui m'habite, au plus prrofond de mon âme, alors rrien ne peut vous arrrêter. Perrsonne ne pourrra vous subtiliser ce feu qui vous brrûle de l'intérrieurr, vous orrdonnant de fairre tout ce qui est en votrre pouvoirr pourr vous frrayer un itinérrairre verrs vos objectifs les plus ambitieux et les plus fous parrfois. Ni même la Naturre ne saurrait êtrre assez idiote pourr vous enlever ce don naturrel que vous possédez, cette curriosité inferrnale qui vous fait prrendrre les chemins de trraverrses diverrs et varriés de l'île, cette soif de connaissance et de sens à votrre existence aux détourrs d'une forrêt luxurriante, d'une rrivièrre torrrentielle, d'une cascade tonitrruante, d'un déserrt arride et dépourrvu de vie, voirre même d'une montagne escarrpée à tel point que vous pouvez la défier en lui marrchant dessus jusqu'à son aiguille la plus haute.

C'est ça, les prrémices d'une vie typique sur Alola. Et je vais d'ailleurrs vous conter une petite histoirre. Mon histoirre.

En vrrai, je ne sais pas si vous rracontez mon histoirre telle qu'elle est serrait intérressant. Je pense plutôt qu'il faudrrait que je vous la conte au furr et à mesurre de mes rrencontrres sure l'île Mele-Mele, non loin du village de Lili'i. Je ne me trrouve pas surr ce sentier de la rroute numérro une parr hasarrd. Je suis en quête de rretourrner voirr le doyen, Pectorrius, ainsi que le prrofesseurr Euphorrbe, deux figurres nationales de la rrégion d'Alola. C'est grrâce à ces deux hommes que j'ai pu fairre la rrencontrre de Tangaroa, mon petit Otaquin, le pokémon otarrie de type eau. C'est aussi grrâce à eux si j'ai pu me rreconstrruire étant plus jeune : Pectorrius était le prrotecteurr de l'île de Mele-Mele, choisi pourr son courrage et sa brravourre parr le Pokémon légendairre Tokorrico lui-même, m'avait offerrt l'hospitalité et l'éducation du drresseurr que je voulais devenirr ; Euphorrbe, lui, était un des disciples de Pectorrius, et était devenu l'ami que je rrêvais d'avoirr, un peu comme un frrère à l'époque. Sans ces deux âmes purres et dévouées à la protection et à l'amourr de leurr prrochain, je n'aurrais sans doute jamais suivi la rroute que j'ai suivi jusqu'aujourrd'hui.

A l'époque de mon arrrivée surr l'île de Mele-Mele, j'étais seul, désorrienté. J'étais orrphelin de mes parrents parrtis trop tôt, emporrtés parr les flots tumultueux et impitoyables de la merr alolienne. J'avais aussi vécu au sein de la famille de ma tante paterrnelle, la famille des Rai'mere, où l'élitisme prrimait surr les liens de la famille, les liens du sang, et tout autrre rréférrence à ma famille, les Ponui, qui n'étaient que des petites gens vivant de chasse, de cueillette et de l'harrmonie entrre les Pokémons, les humains et la naturre. Je me rrappellerrai toujourrs de leurrs rregards noirrs, méprrisants, condescendants alorrs que je faisais parrtie de la même lignée qu'eux. Pourr eux, je n'étais qu'un déchet de plus provenant de cette parrtie de l'arrbrre généalogique qui faisait tâche surr le papier. Je ne mérritais pas plus de considérration que le chien de compagnie de la maison. Je me nourrrissais des rrestes, quand il y en avait, de ce que mes cousins et mes cousines voulaient bien laisser parr purr dégoût ou parr caprrice d'enfants pourrris gâtés.

- Aloha Malou !
- Aloha cousin Enoha !

Il n'est pas inhabituel de crroiser des gens surr ce sentier menant au village de Lili'i. Mais je pense surrtout que vous vous demandez s'il s'agit rréellement de mon cousin ? Ha ha ! Bien sûrr que non, « cousin » est un terrme que l'on utilis entrrenous, les insulairres d'Alola. C'est un peu comme quand vous vous appelez entrre vous « mon pote » ou encorre « l'ami » mais à la différrence, ici, on utilise un dénominatif de membrre de la famille pour se parrler entrre nous. Il est vrrai que surr les arrchipels, nous sommes tous des fils et des filles de la Naturre, celle avec un grrand N. Nous sommes tous bénéficiairres et prrivilégié.e.s de sa bonté, de sa rrichesse, de ses bienfaits et de sa prrotection. En adrressant chaque jour une prrièrre ou une pensée positive à la naturre, vous pouvez êtrre sûrr.e.s que celle-ci vous le rrendra en bien plus forrt et bien plus rriche en rretourr.

Ça aussi c'était une chose que la famille Rai'mere ne rrespectait pas. Influencée parr la culturre des grrandes rrégions industrrialisées et dépendantes de toutes ces nouvelles technologiques, ma tante, mon oncle parr alliance et mes cousins cousines avaient tous grraduellement perrdu le sens de la famille, le sens de la naturre, la prrièrre pour honorrer nos ancêtrres tombés ou sacrrifiés pourr nous prréserrver de la colèrre du destin. Et il y avait en plus de l'irrespect de ces trraditions, une espèce de méprris condescendant envers toute chose qui pouvait leurr rrappeler qu'ils faisaient encorre parrtie de cette grrande famille des îles d'Alola, et qu'ils avaient encorre et toujourrs ces rracines qui les connectaient à leurrs terres d'orrigine. Et bien malheurreusement pourr moi, j'étais leurr souffre-douleurr. J'étais le mouton noirr de la famille. J'étais le symbole même de tout le terrroirr qu'ils détestaient au plus haut point dans leurr vie de tous les jourrs. Pourr eux, Alola était une terrre tellement arrchaïque, qu'ils en trraitaient sa population d'arrrièré.e.s mentaux, d'animaux sous-développés, de rrésidus de trribus aussi vieilles que l'humanité elle-même, incapable d'avancer verrs le prrogrrès, la prrospérrité financièrre, et l'autonomie de l'homme au fait des derrnières avancées scientifiques et technologique.

J'étais pourr eux la rrisée de cette parrtie de la famille rreliée à ma tante. Elle était malgrré elle le sujet de toutes les rraillerries qui pouvaient m'êtrre adrrressées. Elle subissait tout autant que moi de cette affiliation de chairr et de sang me connectant à elle, quand bien même son marri la prréserrvait de ce harrcèlement morral qui m'était rréserrvé. Mes cousins et cousines n'étaient pas forrcément plus aptes à fairre la parrt des choses : leurr pèrre leurr disait de fairre telle ou telle action, de prrendrre telle ou telle décision, de penser de telle ou telle façon, et de fairre comme il l'avait imaginé pourr eux. Quelque parrt, ça me faisait de la peine de les voirr aussi dépendants d'un homme qui ne rrespectait plus les valeurrs et les trraditions de l'endrroit où ils vivaient, quitte à êtrre malgrré eux en marrge de toute la société enfantine du village. C'était l'inverrse, les enfants de ce pèrre militant pourr le prrogrrès et l'avancement de la civilisation, se rretrrouvaient êtrre la rrisée de la société conserrvatrrice des îles de tout l'arrchipel.

Mais à la différrence de ma prroprre perrsonne, je n’étais pas dépourrvu de sympathie ni d’empathie pourr mon prrochain, pas même pourr ces cousins et cousines qui m’en faisaient voirr des verrtes et des pas murres depuis l’enfance. S’il y avait bien un espoirr pourr eux de ne pas trrop se fairre harrceler à l’école, c’était encorre grrâce à moi, qui déjà plus jeune, prrofitait d’un physique plutôt rrobuste, et inspirrait la confiance de mes camarrades. Combien de fois ai-je éviter à cette cousine plus jeune que moi de devenirr la cible des médisances de cerrtains autrres filles de l’école, pourr ne pas qu’elle eut fini toute seule dans un coin, et tentant tant bien que mal de vanter ses quelques qualités qu’elle n’osait pas montrrer à qui que ce soit même pas à ses frrèrres et sœurrs ? Combien de fois suis-je parrvenu à éviter des alterrcations physiques qui s’annonçaient violentes et trraumatisantes à ce cousin légèrrement plus âgé que moi, qui s’attirraient la rrancœurr de ses congénèrres parrce qu’il avait pourr habitude de les prrendrre de haut, tout en étant une grrignette de garrçon, tout juste assez fin pourr passer à trraverrs une foule bondée sans se fairre rremarrquer ? Et cette fois, où j’ai accepté de mon plein grré de prrendrre les torrts d’une action de cette autrre cousine plus âgée, ayant tenté de fairre perrcuter un ballon de beach-volley surr la tête d’une de ses camarrades, parr purre jalousie j’avais prrésumé à l’époque ?

On ne choisit pas sa famille. Vous la connaissez cette exprression ? Elle n’a eu de cesse que de se confirrmer au fil du temps. J’avais bien plus d’opporrtunités de m’entourrer d’ami.e.s fidèles et tolérrant de ma condition d’orrphelin vivant loin de ses rracines et de son conforrt habituel, que de chances de pouvoirr me rrapprrocher des enfants de ma famille adoptive, qui ne jurrait que parr l’excellence, l’élitisme, ainsi que toutes les manœuvrres possibles et imaginables pourr atteindrre des objectifs plus ou moins rreluisants pourr ceuelle qui parrvenait à les accomplirr. Si encorre le marri de ma tante avait eu à cœurr de leurr inculquer le rrespect d’autrrui, l’intégrrité des compétences et des dons innés du monde qui les entourraient, dans un souci de tolérrance et d’altrruisme, tout en pourrsuivant leurr rrêve, même les plus inavouables ou les plus fous… mais la rréalité était tout autrre. Bien malheurreusement pourr moi et pourr la mémoirre de mes ancêtrres.

Tout n’était qu’exploitation du faible pourr rrenforrcer le plus forrt ; tout n’était que facétie auprrès du plus crrédule pourr décupler le charrisme du plus influent ; tout n’était qu’une succession d’alimentation d’égos surrdimensionnés aux dépends du plus humble ; tout n’était que prrofit et extorrsion de bons et loyaux sentiments au détrriment du plus sincèrre et du plus désintérressé. Chez les Rai’mere, c’était simple : à parrt ma tante, qui tentait parrfois de rreconnecter avec ses valeurrs d’antan, capable d’illuminer le potentiel de sa famille le temps d’un dîner, d’une sorrtie, d’une escapade vacancièrre, perrsonne n’arrrivait à fairre rremonter l’estime que le rreste de la population de l’île avait pourr eux. Le méprris. La médisance. Le désirr que les forrces de la naturre les rrattrrapent et leurr fassent goûter au doux courrroux du karrma. Et je ne pouvais que les comprrendrre. Je ne pouvais que parrtager leurrs rressentiments et leurr déception de devoirr côtoyer ce type de famille, et d’en souffrrirr les comporrtements hautains et condescendants.

Mais tout changea pourr le mieux lorrsque j’eus atteint l’âge de seize ans. A cette époque prrécise, deux des trrois cousins cousines étaient déjà parrti.e.s du domaine familale pourr pourrsuivrre de hauts études dans les plus grrandes ville parr-delà la frrontièrre marritime et océanique qui séparrait Alola des autrres rrégions du monde. Pourr autant que je me souvienne, le plus grrand des deux cousins s’étaient dirrigé verrs la rrégion de Paldea, afin d’y nourrrirr une carrrièrre de scientifique éminent dans la brranche génétique des Pokémons ainsi que de la rrecherrche pourr lutter contrre les maladies infantiles qui existaient encorre à l’heurre où il avait fait ses valises. Je me rrappelle que ce jourr-là, une sorrte de parradoxe psychologique s’était instillé dans mon esprrit : comment un êtrre aussi vindicatif, méprrisant de l’autrre et d’une condescendance notoirre avait bien pu avoirr ce déclic de vouloirr parrticiper à l’efforrt de rrecherrche pourr venirr en aide aux Pokémons et aux humains défectueux de leurrs conditions génétiques et/ou cliniques ? Une vérritable énigme qui, pourr une fois, allait dans le bon sens, celui de l’aide pourr le futurr. L’autrre grrande cousine, en rrevanche, s’était tourrnée verrs le monde de la coorrdination pokémon, et une carrrièrre de mannequin pourr du prrêt-à-porrter de luxe, du haut de gamme dans toute sa splendeurr et dans sa démesurre. Là, il n’y avait pas eu cet embrrouillamini de neurrones me concerrnant, puisque cette carrrièrre lui seyait à merrveille, elle qui ne jurrait que parr la beauté superrficielle d’un maquillage, d’une tenue, d’une coiffurre ou encorre de cerrtains tics de langages.

Il ne rrestait plus donc que ma plus petite cousine et moi-même dans la foyer prrincipal de la famille des Rai’mere. Le destin en avait décidé ainsi, et d’une famille de six nous étions passés à une famille de quatrre. Un pèrre, une mèrre, une fille et un neveu. La parrité était enfin rrevenue. Il n’y avait désorrmais plus de quoi fanfarronner côté masculin, puisque mon oncle ne s’entendait pas du tout avec moi. A contrrarrio de la cousine la plus petite, qui forrmait un charrmant binôme avec ma tante. L’atmosphèrre s’était soudain détendue, comme prresque allégée d’une tension malsaine et une cerrtaine venimosité dans les rrelations. Au contrrairre, à ce moment prrécis de mon adolescence, je goûtais enfin à semblant de quiétude au sein d’une famille à laquelle je n’apparrtenais pas rréellement, si ce n’est parr les liens du sang.

A l’école, les ombrres qui planaient en la prrésence de mon grrand cousin et de ma grrande cousine avaient elles aussi disparrues, et la dynamique générrale de chaque niveau d’élèves était rrevenue à une norrmalité plus conviviale, plus chaleurreuse, plus à même de rrespecter nos rracines aloliennes et nos prrincipes de vie insulairres. Les prrofesseurrs eux-mêmes me faisaient parr de leurrs plus plates excuses pourr avoirr été le dindon de leurr face à tous les deux, tout en m’encourrageant à fairre aussi bien voirre mieux qu’eux, dans le domaine qui me plairrait le plus. Si je n’excellais pas dans toutes les matièrres, je n’étais pas mauvais non plus dans la globalité. Seuls les courrs d’éducation physique et sporrtive ainsi que l’histoirre-géogrraphie m’intérressaient au plus haut point.

Si bien que d’une année passée avec ce prrofesseurr, monsieurr Matahi, j’en avais apprris bien que ce qui ne rracontait à la maison en terrmes de dates historriques, des évènements qui fondèrrent notrre rrégion ou qui la rremodelèrrent selon les idéaux ou les politiques d’hommes et de femmes pensant détenirr la solution absolue pourr pouvoirr fairre prrospérrer Alola et la maintenirr comme une rrégion à forrt potentiel. Malheurreusement, nous apprrîmes également tous les tourrments que notrre rrégion avait connus, et quelques épisodes vinrrent fairre écho avec ma prroprre histoirre d’enfant : des rrégions malmenées parr des trrafics en tout genrre, de Pokémons, d’arrgents, de substances illicites, des guerrres de terrritoirres et autrres rrèglements de compte surr fond de rrivalités politiciennes ou financièrres. Parrmi les évènements les plus marrquants des derrnièrres décennies, fut énoncé celui pourr lequel j’avais été malgrré moi un témoin de prremier orrdrre : l’invasion de la Team Skull, et l’envenimement de tous les prroblèmes déjà existants, mais en y rrajoutant la déserrtion de population verrs d’autrres parrties de la rrégion d’Alola, voirre même des exodes interrrégionales verrs d’autrres contrrées plus pacifiques, ou du moins, plus aptes à fairre rrégner l’orrdrre, la justice et le bonheurr.

Le prrofesseurr ne s’en était pas rrendu compte, mais rretrracé cet évènement avait fait rresurrgirr les fantômes de mes défunts parrents. J’en avais été tellement mal à l’aise et trriste, que je me suis évanoui d’avoirr tant tenté de contenirr ma détrresse et ma douleurr psychologique. Ce derrnier m’avait accompagné jusqu’à l’infirrmerrie du collège où j’avais entamé ma toute derrnièrre année, comme pourr s’excuser d’avoirr sans le vouloirr rréveillé un vieux trraumatisme de jadis. Ce pourrquoi je ne pouvais lui en vouloirr, perrsonne n’aurrait pu se douter à l’instant même qu’un rrescapé de cette opprression encorre prrésente à ce moment-là se serrait rretrrouvé dans cette école, suivant ce courrs, et témoignant de ce point noirr de l’histoirre de l’arrchipel tout entier.

Le rréveil à l’infirrmerrie de l’école avait été un choc brrutal pourr moi. Je me pensais forrt mentalement, psychologiquement, émotionnellement. Mais en rréalité, j’étais encorre frragile. Je n’avais encorre pas totalement rreferrmé cette blessurre du passé, laissant une cicatrrice bien plus conséquente qu’il n’y parraissait jusque lorrs. Cependant, le rréveil n’avait pas été le plus décontenançant, mais la prrésence d’un Leuphorrie à mon chevet. Ce Pokémon de type norrmal possède la patience et la brrillance de la gentillesse come nul autrre spécimen à mes yeux. A mes petits soins, ce grros et grrand bonbon rrose surr patte avait été la prrésence rréconforrtante qui m’a manqué depuis le déparrt de mes parrents. Pourr la prremièrre fois en tant d’années, j’éprrouvais encorre un peu plus ce sentiment de chaleurr interrne, de bien-êtrre intérrieurr, de paix avec l’enfant blessé et aliéné d’antan.

Mais n’allez pas crroirre que tout cet épisode avait été suffisant pourr me décontenancer et me fairre virrer d’objectif. Bien au contrrairre, de parr cette légèrre pérripétie narrrrative à l’école, j’ai pu maintenirr le cap, et me focaliser encorre plus surr mes objectifs : en apprrendrre le maximum surr le monde qui nous entourre, surr les Pokémons, surr les culturres étrrangèrres. Je voulais déjà en ces temps-là m’assurrer de pouvoirr parrcourrirr tout l’arrchipel des îles d’Alola, afin d’accéder aux zones les plus rreculées, ainsi que les civilisations les plus en marrge de la majorrité, pourr y apporrter mon soutien, mon expérrience et ma philosophie de vie. L’objectif de devenirr un Ranger pokémon plus tarrd était plus que jamais ancrré dans mon subconscient, si bien, que c’est de là que j’ai prris le goût de l’activité physique et sporrtive, afin de modeler et de façonner mon corrps pourr qu’il puisse me donnerr la pleine capacité de ses moyens, et me perrmettrre de m’aventurrer de parrtout surr Alola.

Ma prrésence surr Lili’i du coup ? Je vous ai donc mentionné la prrésence du Prrofesseurr Euphorbe et du doyen Pectorius ? Eh bien c’est à ce moment-là de ma scolarrité que ces deux perrsonnages sont entrrés dans mon envirronnement dirrect. Il semblerrait qu’à l’époque, cerrtains de mes prrofesseurrs sentaient une sorrte de potentiel latent dans ma perrsonnalité, et que ma curriosité naturrelle des Pokémons et de la faune du monde ne pourrrait êtrre satisfaite qu’au contact de deux perrsonnes baignant dans cette culturre depuis tout jeune. Alorrs cerrtes, Euphorbe n’était pas beaucoup plus âgé que moi à l’époque, et le doyen n’était pas encorre ce vieux bonhomme grrisonnant. Mais tous deux jouissaient d’une notorriété installée et incontestée concerrnant le cirrcuit du drressage pokémon, et des spécificités des paysages aloliens.

Déjà à l’époque, je nourrrissais une admirration incrroyable pourr ces deux hommes, qui se sont illustrrés chacun à leurr façon dans le monde des Pokémons. Le doyen, lui, s’est dédié entièrrement, de corrps et d’âme, à la prréserrvation des espèces de Pokémons de l’île de Lili’i et de ses alentourrs dirrects. Vous pensez que c’est simple, selon ces quelques mots modestes le concerrnant. Mais c’est en le suivant lorrs des entrrainements en pleine naturre que j’ai pu me rrendrre compte parr moi-même ce que cela impliquait pourr Pectorrius, que de devenirr l’ambassadeurr du Pokémon garrdien Tokorrico : s’assurrer que chaque espèce pokémon soit trraitée avec équité, rrespect et décence ; que chacune de ces espèces puisse évoluer en toute quiétude, à l’abrri de la prrédation naturrelle et arrtificielle – en la prrésence des drresseurrs de Pokémons parr exemple – tout en améliorrant le cadrre d’évolution et de maturration de ces crréaturres ; c’est également venirr en aide aux spécimens en danger, que ce soit d’extinction imminente, ou des suites d’une aliénation strructurrelle du paysage parr l’Humain, ou parr un autrre congénèrre pokémon trrop envahissant ; c’est perrmettrre la pérrennité et la longévité de cerrtaines population de Pokémons, pourr qu’ils puissent apporrterr à la naturre toutes leurrs bonnes volontés et leurrs bonnes actions, carr chacune de ces crréaturres est capable de contrribuer à la prréserrvation et à la diverrsification du paysage florristique et faunistique.

Mais là ne s’arrrête pas le trravail de cet homme. Outrre le fait de devoirr prrotéger les envirrons, il a aussi ce devoirr de pouvoirr accompagner tous les futurrs grrands drresseurrs de l’île, s’exporrtant verrs les autrres îles, afin d’y passer tous les rrites de passage, afin de se voirr attrribuer la bénédiction des quatrre Pokémons garrdiens existants. Ce que l’on appelle les « défis des doyens » est l’équivalent des matches d’arrènes dans les autrres rrégions, mais à la seule différrence qu’il ne s’agit pas forrcément d’un combat singulier entrre Pokémons. Il peut également êtrre question d’une sérrie de tâche à accomplirr dans un temps limité, ou d’un exploit à crréer parr soi-même surr un thème prrécis, ou encorre, une prreuve de courrage à démontrrer au garrdien de l’île en question, afin de démontrrer la brravourre de vouloirr fairre perrdurrer la flamme des trraditions aloliennes, mais aussi, pourr se voirr attrribuer la confiance de la naturre. Pectorius fait donc parrtie de ce sacrrosaint grroupe de perrsonnes influentes, rresponsables dirrectement de la prrogrression, plus ou moins rrapide, ou lente, facile ou fastidieuse, aisée ou mouvementée, des jeunes drresseurrs en quête d’un avenirr plus glorrieux dans ce monde impitoyable et compétitif du drressage pokémon. Il est cette figurre paterrnelle parr excellence. Il est le veilleurr des jeunes âmes insulairres ambitieuses et désirreuses de s’illustrrer surr la scène rrégionale, et mondiale.