La vie à Illumis c’est… Aussi chouette que de jouer à la roulette russe.

C’est sans doute parce qu’on ne vit pas dans les beaux quartiers. J’y suis allé, une fois, mais cet excès de luxe, ça m’a donné la gerbe. J’ai du mal à croire qu’il y a vraiment des gens assez friqués pour te jeter leur thune au visage. C’en est vraiment… Révoltant. Surtout que c’est sans doute ces mêmes personnes qui habitent là qui me regardent de haut, quand je leur demande s’ils n’ont pas quelques pokédollars pour que je puisse m’acheter un sandwich.

Ça ne fait pas longtemps que je fais ça ; l’aumône je veux dire. Quelques années avant, j’aurais refusé tout net de le faire, parce que v’voyez, la fierté, tout ça. Sauf que quand ça fait trois jours que tu crèves la dalle au point d’être plié en deux tant la faim se fait ressentir, tu la ranges et puis tu demande de l’aide à d’autre. Je sais que tout le monde n’y parvient pas, que t’as toujours des irréductibles qui tiennent tant à leur fierté chérie. Pour l’honneur ou j’sais pas quoi. Moi, je me demande surtout en quoi tu peux être fier quand tu fais les poubelles pour trouver un truc à se mettre sous la dent.

Je préfère encore me prendre des vents à la pelle. Même si en général, ça va plutôt bien. J’ai seize ans, alors j’imagine que mon jeune âge aide plus les gens à me filer un peu de blé. Après faut toujours que j’arrive à courir vite quand j’en ai un trop gentil qui voudrait appeler l’assistante sociale parce que ce n’est pas normal que j’ai à faire ça. Je n’ai pas besoin qu’on m’arrache à ma famille ; j’ai juste besoin de thune, en fait. Et puis… Mes parents ne sont pas méchants. Ils sont juste… Toxico, quoi. Avec pas la moindre idée de comment on gère son argent. J’ai commencé à mettre mon nez dans les comptes de ma mère et de ses allocs et je n’y ai pas compris grand-chose, au début. Mais j’ai réussi à ce que ce soit un peu plus viable, pour tout le monde. Se piquer c’est bien mais ça ne nourrit pas.

Même si bon, entre à manger et leurs doses, je sais très bien quel choix mes parents feront. Même l’argument que moi, leur enfant, j’ai la dalle ne fonctionne pas alors… J’imagine qu’on a moins faim quand on est déchiré et qu’on pionce toute la journée. C’est peut-être ça, la solution en fait. Ne pas se souvenir qu’on a les crocs.

…
Ouais mais non, moi j’aimerai bien vivre un peu quand même.

Ce n’est pas évident en tous les cas. Ça l’est encore moins depuis que je me suis fait virer du collège. Ça fait déjà un an. Aujourd’hui, c’est la rentrée, j’aurais dû aller pour la première fois au lycée. Yeah ! Ou pas. Ça ne me dérange pas de pas y aller ; je n’aurais de toute façon pas eu les thunes pour acheter les bouquins, malgré l’aide pour ça. J’sais que mon père comptait sur cet argent pour s’acheter plus de came, étant donné qu’il n’a rien trouvé de mieux à me dire que je ne servais plus à rien maintenant que je n’étais plus scolarisé. Ça a mis une superbe ambiance ! D’un côté, je suis quand même content de moi. Me faire virer leur a coupé l’herbe sous le pied, eh eh !

… Mais si au moins ça rendait la vie plus supportable. Mais pas du tout.

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Entrainement : Flamiaou (lvl 13), Minidraco (lvl 21 (0/2)
Plantation : Baie Micle (retiré)

Aujourd’hui comme tous les jours, je n’ai pas envie de rester à la maison. Il parait que les jeunes de mon âge restent souvent chez eux devant la console ou la télé, à chatter avec leurs potes. Si je n’ai pas de consoles, je pourrais faire le reste mais… Clairement pas dans l’ambiance familiale qui règne ici. Encore, le matin c’est viable puisque mes parents dorment. Mais une fois qu’ils sont réveillés, c’est mort. Comme ils sont toujours déchirés de la veille, ils me prennent pour leur bonniche. Préparer un café, aller en chercher s’il y en a plus, puis balaye ici, balaye-là. Tu pourrais faire la lessive ? Non, juste non.

… Même si en vrai, je fais quand même tout ça. Sinon laisse tomber le taudis dans lequel on vivrait ! Je ne suis juste pas très bricolo alors la serrure cassée de la salle de bain, j’suis pas fichu de la réparer. C’est ultra relou, je ne peux pas me laver sans risquer que ma mère débarque. C’est… Insupportable. Elle ne se rend même pas compte du malaise qu’elle m’inflige. Je n’aime pas mon corps, je ne l’ai jamais aimé. Alors quand elle me sort qu’elle aussi elle est une femme, ça me fait rentrer dans une rage folle. Elle ne veut juste pas comprendre que je ne me définis pas au féminin. J’ai beau lui répéter que je suis un homme, elle a ce reflexe détestable de regarder vers ma poitrine et… Fuck it.

J’aimerai de l’intimité. Je n’en demande pas énormément en plus ! Juste le loisir de pouvoir prendre une douche tranquille. Mais non. Surtout que son excuse de « faut que je fasse une lessive » il est bidon. Elle se contente de mettre les habits sales dans la machine et c’est tout. J’crois plutôt qu’elle surveille que je n’utilise pas trop d’eau parce que c’est véridique, dès qu’elle débarque, j’éteins tout et je m’emmitoufle dans une serviette. C’est moi ou son petit jeu est plus que malsain ? Je déteste ça. Je la déteste quand elle fait ça, avec son petit air auto-suffisant là. Alors on se fritte, encore une fois. Toujours. On ne sait pas parler entre nous. Puis là, y a toujours mon père qui débarque, alerté par nos cris. Je sais qu’il ne sait pas comment réagir. J’crois qu’il serait prêt à accepter ma situation, mais qu’il est trop soumis – ou trop défoncé -. Du coup il finit toujours par donner à demi-mot raison à ma mère à base de « comprend-la, ce n’est pas facile à accepter » ou de « mais t’es sûr de toi… ? » ce qui me fait partir en furie.

Je déteste ma famille. Surtout qu’en plus ils n’en ont rien à foutre de moi. Ça se saurait sinon. Quand je passe plus de deux jours en dehors de la maison, ils n’appellent même pas les flics ! Rien, que dalle. J’ai autant d’importance à leurs yeux que… Que le putain de vase que ma mère bichonne tous les jours parce qu’il vaut cher, mais faudrait surtout pas le vendre pour espérer avoir un peu de fric pour vivre. Ils n’ont jamais signalé ma disparition ou quoi. J’suis même pas certain qu’ils se rendent compte de mon absence.

Et fatalement, ça se finit toujours de la même façon, ces disputes ; je fonds en larmes et je m’enfuie. A chaque fois. Quand je reviens, il n’y a pas d’excuses, rien. Juste un éternel recommencement. Le pire c’est quand ma mère agit comme si de rien n’était, comme si on ne s’était pas disputé comme des cinglés et que les voisins ont sans doute tout entendu. Je l’ai entendu dire à mon père une fois que j’étais juste en crise d’adolescence et que ça me passera.

Va te faire foutre, putain. C’est quoi l’idée, me laisser comme ça dans mon malaise et attendre que ça passe ?
Tu parles d’une bonne mère, la pire du siècle ouais.

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Entrainement : Flamiaou (lvl 16), Minidraco (lvl 22 (0/2))
Plantation : Baie Prine (retiré)

Et forcément, ça ne passe pas. Du tout.

Parce que je me sens en réelle détresse. Je suis coincé dans ce corps que je déteste avec aucune option pour m’en sortir. L’infirmière de l’école m’avait bien parlé d’hormones à prendre mais… Mais ça coute cher, ce truc. Ce n’est pas remboursé donc c’est mort pour moi. On a à peine de quoi acheter à manger alors un traitement médical… Et encore, certains soirs on jeune, mes parents disant que c’est pour notre bien de temps en temps, pour éviter qu’on grossisse ou je sais plus quoi. Je ne les écoute plus quand ils essayent de justifier. Pourquoi ils ne veulent pas admettre que c’est des connards qui ont un énorme problème d’addiction ? Pourquoi se voiler la face de cette façon ? Je ne comprends pas.

Y a des jours où je me demande pourquoi je suis venu au monde et pourquoi ils ont voulu un enfant. Au moins, je suis fils unique, c’est qu’ils se sont rendu compte à un moment que c’était une connerie. Mais quitte à être des cas sociaux, ils auraient pu avoir plusieurs enfants pour avoir plus d’alloc et donc, plus de frics. Ça m’étonne presque, crevard comme ils sont, qu’ils n’aient pas fait ça. Je n’ai jamais demandé pourquoi je n’avais pas de frères ou sœurs ou du moins, je me souviens plus l’avoir fait. D’un côté ce n’est pas plus mal, ça évite qu’on soit plusieurs dans cette merde infame. Un bon point pour eux.

Ça doit être le seul, cela dit. Pour le reste, c’est zéro pointé. Après m’être enfermé quelques minutes dans ma chambre pour tenter d’évacuer la frustration que je ressens, je suis sorti. J’ai fait un tout droit jusqu’à la porte d’entrée pour me tirer. Personne ne m’en empêche ; mon père est affalé sur le canapé, mal réveillé, fixant d’un air absent la télévision éteinte. Il est encore dans un trip et j’ai aucune envie d’aller lui parler. Il n’est pas même capable de savoir que je suis là. J’ouvre le frigo et constate le rien qui s’y trouve. On est en milieu de mois et c’est déjà la dèche. Génial. J’entends mon père bouger, j’ai parlé trop vite ; il m’a remarqué. Je referme rapidement le frigo en ignorant mon ventre grondant, me dirigeant d’un pas rapide vers la porte. Je l’entends m’appeler, je l’ignore. Je suis quasi certain qu’il va me demander d’aller chercher sa daube pour lui et ça me gave de faire le livreur.

Je soupire quand je suis enfin dehors. Je sens un poids en moins, sur la poitrine. Je m’éloigne à grands pas, pressé de faire diminuer cette pression liée à cette maison. Mes pas me mènent rapidement jusqu’à chez Adri. J’fais le même trajet quasiment tous les jours. Des fois c’est Adri qui me rejoint chez moi. Je serre les poings quand j’entends des cris. Je reconnais facilement la voix de son père qui vocifère des atrocités. Je crois… Je crois que j’entends sa mère pleurer. Ça me brise le cœur à chaque fois. J’hallucine que personne dans ce putain de quartier ne fait rien pour eux. Moi… Adri m’a interdit d’intervenir. Pourtant, faudrait qu’il se tire d’ici. Sauf qu’il ne veut pas aller dans une famille d’accueil, surtout qu’il risque d’être envoyé loin de moi et… Pffff.

Vivement qu’on soit majeurs pour pouvoir enfin se tirer de là.

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Entrainement : Matoufeu (lvl 19), Minidraco (lvl 23 (1/2))
Plantation : Baie Prine (retiré)

C’est toujours quand j’arrive chez Adri que je me sens affubler d’une culpabilité malsaine. Je râle beaucoup à cause de ma situation, de mes parents. Mais comparativement à lui, j’ai encore de la chance dans mon malheur. Mon père n’est pas quelqu’un de violent ; au contraire. Il est… Mou. Même sans drogue, c’est le genre de gars qui laisse presque tout passer. Certains diront qu’il n’a pas de couilles, moi, outre le fait que cette expression me dérange, je ne pense pas que c’est un problème. C’est plus une autre expression qui pourrait lui convenir : trop bon trop con. Parce que bon, il m’énerve quand il est déchiré et je n’avais pas envie de lui parler ce matin, mais outre ça, il est plutôt tranquille. Je le vois bien qu’il essaye de comprendre ce qui m’arrive, ce que je traverse. Il n’a juste pas la capacité mentale de comprendre et… Il abandonne.

C’est frustrant mais, au moins, il ne vocifère pas et il ne boit pas toute la journée. L’alcool, ça n’a jamais été son truc. Le père d’Adri par contre… faudrait qu’il lève le pied, bien que j’aie conscience que ça n’arrivera jamais. Dernièrement il s’est fait viré de son travail alors… ça n’a rien arrangé du tout. Je préférais quand il bossait ; même s’il était saoul toute la journée, au moins, il ne passait pas ses nerfs sur sa femme et son gosse. Ce n’est pas difficile d’ailleurs de comprendre pourquoi il s’est fait jeter. Maintenant, il est tout le temps chez lui, à faire des reproches à la con à toutes les personnes qu’il croise. Même le facteur ! Adri m’a dit que le pauvre gars en a pris pour son grade quand il est venu sonner pour faire signer un recommandé.

D’un côté… D’un côté je suis presque triste qu’il n’ait pas cogné le facteur. Je sais, c’est nul, le type n’avait rien fait. Mais je suis persuadé qu’il aurait porter plainte et peut-être qu’enfin, les flics auraient bougé leur cul pour sortir Adri et sa mère de cette situation toxique et dangereuse. Mais il faut croire que Rotui a compris ce qui allait arriver s’il levait la main sur le facteur. Dommage que son cerveau fonctionne encore avec un peu de raison… A mon grand malheur et celui de sa famille.

Le pire, c’est de savoir qu’il pourrait être mon père biologique. Ou alors c’est mon père le vrai père d’Adri, difficile à dire. Quand on était gamin, je me rappelle très bien que nos parents s’entendaient vraiment bien. Après tout, ils étaient venus ensemble à Kalos. De ce que j’ai compris, ma mère est une amie d’enfance de Rotui et mon père était le meilleur ami de Rotui. Ils ont quitté Alola ensemble pour une raison qu’ils n’ont jamais voulue nous partager. Avec le temps, je me demande s’ils n’ont pas juste fui quelque chose ou quelqu’un… Le fisc, peut-être. Avec Adri, on se demande même si leurs noms – et nos noms de famille par la même occasion – n’ont pas été inventé de toute pièce. J’ai demandé une fois à mon père quand il était déchiré (je sais qu’il est plus docile dans cet état), mais même comme ça il n’a jamais voulu me dire la vérité.

Je ne sais pas pourquoi ils tiennent tant à garder le secret. Ça doit être un truc vraiment, vraiment grave… Ou alors c’est nous qui extrapolons, même si ça m’étonnerait. Mais il s’est passé un nouveau truc entre eux, quand on avait cinq-six ans. On n’a jamais su, mais pendant plusieurs semaines avec Adrien on avait interdiction de se parler parce que nos parents étaient en froid. Bon, on ne l’a jamais respecté et on s’est toujours parler en cachette.

Mais depuis ce jour, nos parents ne se parlent plus du tout. Ils font comme s’ils n’existaient plus. Heureusement qu’ils nous ont foutus la paix, à Adri et à moi à cause de ce problème. On n’est pas responsable de leurs conneries.

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Entrainement : Matoufeu (lvl 20 (1/2)), Minidraco (lvl 24 (1/2))
Recette : 3 Baies Prine (retirées) > 3 hyperballs si réussite

Ils ont vite compris que de toute manière, on ne pouvait pas être séparés. Adri est comme un vrai pour moi et on plaisante beaucoup sur le fait qu’on l’est peut-être, génétiquement. Enfin, demi-frère mais on s’en fout. De toute manière, les gênes ne font pas tout. L’important, c’est aussi le comportement et clairement, Adrien se comporte bien plus comme une famille que mes parents ou les siens. Ce n’est pas pour rien qu’on compte l’un sur l’autre et qu’on est toujours fourré ensemble !

Quand on était plus jeune et curieux, on est… « sorti » ensemble. Enfin, ce n’était pas vraiment une relation, on se faisait juste des câlins et ça n’a pas changé au jour d’aujourd’hui. On a juste… échangé un baiser et l’un comme l’autre, on s’est mis d’accord que ce serait le dernier. C’était trop bizarre. Je ne saurais même pas dire si j’ai aimé ou pas. J’étais trop choqué, je crois, en mon fort intérieur. On a essayé de faire comme si les éventuels liens de sang n’étaient pas un problème, mais en fait ça l’est quand même. C’est sans doute le truc le plus cringe qu’on a fait, mais on a retenu la leçon. A côté mes parents n’en avaient rien à foutre quand je leur ai dit, sur le coup de la provocation, qu’on sortait ensemble. Alors de deux choses l’une ; soit on a vraiment de lien de sang du coup c’est logique qu’ils ne s’y opposent pas. Soit… Soit ils sont juste tarés et ils viennent du nord où la consanguinité, hein. Je ne sais même pas pourquoi on dit ça cela dit mais voilà l’idée.

Bref. Ça n’a pas duré longtemps, une lubie de jeune adolescent, rien de plus. Même si c’était bizarre et que je suis content mine de rien que ça n’a pas été mon premier baiser. Ça aurait été… encore plus étrange. Après je dois avouer que je ne comprends pas trop pourquoi on fait une fixette sur les premières fois comme ça. C’est nul, les premières fois. Tu ne sais pas ce que tu fais et en général c’est nul parce que c’est l’expérience qui fait la différence. Ça marque un passage à l’âge adulte ? Etant donné que j’ai échangé mon premier baiser à neuf ans, j’crois pas non. On était que des gosses qui voulaient faire comme les grands. Et… Encore. Les moments où j’ai vu mes parents s’embrasser se comptent sur les doigts de la main donc je n’ai même pas eu ce modèle sous les yeux. On était con, c’est tout.

Je ne sais même pas ce qu’il devient, le garçon avec qui j’ai échangé ce premier baiser. Ce qui est étrange cela dit, c’est que j’arrive très bien à visualiser son visage. On s’était rencontré à une sorte de colo gratuite pour gens pauvres – ça avait un autre nom clairement mais je m’en souviens plus – et au bout d’une semaine ben… Ah mais oui putain ! On avait surpris sans le vouloir deux moniteurs en train de s’embrasser. Ça avait l’air bien alors forcément, on a tenté ! Il ne nous en fallait pas plus pour jouer les Mimiqui. Je me rappelle plus si c’était bien, tout ce que je sais c’est que ça nous avait fait beaucoup rire.

Remarque, j’ai beaucoup moins ris quand le père du garçon est venu le rechercher et qu’il m’a vu. Je me souviens plus trop ce qu’il a dit, mais je me souviens de son regard dédaigneux sur ma personne. Aujourd’hui, je pense que c’était parce que c’était un gros homophobe de mes deux. Et d’un côté c’est con mais je me sens limite content de savoir qu’il m’a vraiment pris pour un garçon. Pourtant c’était un moove de connard ce qu’il a fait mas, j’sais pas comment dire. Même si c’était un bâtard, il m’a donné le genre qui me définit. A l’époque, c’était rare.

C’est peut-être pour ça que je garde un bon souvenir de ce premier baiser.

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Entrainement : Brindibou lvl 21 (0/2)), Psystigri (lvl 9)

Je me perds dans mes pensées en attendant, mais je commence sérieusement à m’inquiéter. La voix de Rotui devient de plus en plus forte et j’crois que j’entends les pleurs de la mère d’Adri. Je commence à m’agiter nerveusement et je me demande si je ne devrais pas intervenir. J’fais clairement pas le poids contre lui, mais si je sonne je devrais le perturber assez pour qu’il arrête, le temps d’aller ouvrir ? Ou qu’il se rende compte qu’on entend tout de la rue et que quelqu’un risque d’appeler la police ? Ou alors… J’appelle la police directement. Vraiment, j’aimerai bien. Je voudrais tellement… Mais j’sais pas ce qu’il adviendra d’Adrien. Peut-être… Peut-être qu’il vivrait sa meilleure vie dans sa nouvelle famille adoptive, le temps d’atteindre la majorité. Peut-être qu’il m’oublierait, dans cette situation…

L’idée de le perdre me fait basculer dans une angoisse désagréable. Je suis un putain d’égoïste. Pourquoi je pense à moi alors que c’est son bonheur qui devrait primer ! Quel genre d’ami je suis… ? Et en même temps, je ne saurais pas comment faire sans lui. C’est dans ces moments-là que je réalise à quel point il est important, à quel point on peut aimer quelqu’un et ne pas être capable de survivre sans lui. Je sais que ça fait très dépendant voire amoureux, mais… Mais c’est Adrien. Mon meilleur ami. La seule personne dans ce monde de merde qui me voit comme je voudrais qu’on me voie. Mon pote qui trouve toujours les mots pour me remonter le moral, celui qui ne m’aide pas à sombrer dans mon comportement autodestructeur.

Je frémis. Instinctivement, j’ai serré mes bras sur ma poitrine. Si l’infirmière voyait dans quel état elle est, j’suis persuadé qu’elle m’internerait. Mais il n’y a rien à faire ; je ne supporte pas ce corps. J’sais pas pourquoi je ressens le besoin de me faire mal, comme ça… Sans doute parce que je sais que ça ne bougera pas. J’en ai assez de vivre dans ce corps étranger qui fait remonter tant de mal être. Je… C’est de pire en pire depuis qu’on s’est fait jeter du collège, d’ailleurs. Je… Je revois les têtes de ces pétasses, j’entends leur rire et je fixe leurs regards moqueurs. Pourquoi je n’arrive pas à en avoir juste rien à foutre ?... Sans doute parce que cette douleur, trop présente depuis des années, atteint son paroxysme depuis.

- Max… Ça va ?

Je relève la tête ; je n’ai même pas capté qu’Adri vient de sortir discrètement de la fenêtre de sa chambre pour me rejoindre. Il veut sans doute se tirer vite fait avant de se faire capter par son père, mais… Sans doute que me voir chialer l’inquiète. Je n’ai même pas remarqué que j’avais les larmes aux yeux. Faut que j’arrête de penser à cette journée.

Faut que j’arrête de penser à cette fille.

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Entrainement : Psystigri (lvl 12), Matoufeu (lvl 21 (0/2))

Ça fait des jours, des semaines, des mois que j’accumule un mal-être général. Alors forcément… A un moment, je craque. J’en peux plus de la situation avec mes parents, j’en peux plus d’être dans la galère, de ressentir à ce point la faim, mais surtout, je ne supporte plus mon corps.

Et ça s’est violemment aggraver à cause d’une seule personne : Aube.

C’était une fille de notre classe. Une fille qui sortait un peu du lot, qui n’était pas foncièrement populaire, plutôt discrète, peut-être un peu effacée aussi. La seule raison qui faisait parler d’elle, c’était son prénom bizarre. Et souvent, c’était des moqueries d’adolescents débiles dont je ne me rappelle plus l’essence. Quand ce n’était pas le cas, la majorité l’appelait Aude parce qu’il avait mal saisie son prénom. Mais comme elle était timide, elle ne disait rien, se contentait de sourire, tristement. Il y avait quelque chose de différent, chez elle. Quelque chose qui a attiré mon attention sans que je sache trop pourquoi.

Même si on était dans la même classe, on ne s’était pas parlé une seule fois. Tout ça parce qu’avec Adri, on jouait dans nos coins, sans la moindre envie de se mêler aux autres. C’est nul de chez nul, les années collèges ; on essaye de se faire une place, de bien se faire voir par nos camarades. On veut être aimer et populaire. ‘Fin, les gens normaux, sans doute. Moi tout ce que je souhaitais, c’était qu’ils arrêtent de m’appeler Maxine. Parce que forcément, quand en sixième j’ai demandé au professeur de m’appeler Max, les autres ont trouvé ça drôle de m’appeler Maxine parce que je déteste ça. On n’a pas le même sens d’humour, de toute évidence. Puis évidemment, c’était l’occasion pour me donner d’autres surnoms à la con du genre « la gonzesse » ou « l’eunuque ». Ouais, ça volait vraiment, vraiment pas haut. Je ne suis même pas certain qu’il comprenait le terme eunuque parce que je n’ai jamais été castré mais soit.

Tout ce que je sais, c’est que Aube ne rendrait pas dans ce jeu. La première fois qu’elle m’a adressé la parole, je m’en souviens très bien. C’était pendant un cours de science où on devait faire un duo. Habituellement, les exercices à deux je les faisais toujours avec Adrien. Mais cette fois, le prof avait décidé de saouler et de nous séparer. Adri s’est retrouvé avec un débile qui avait la côte au niveau des filles ; de ce que je sais, ils ne se sont pas du tout entendus. Moi, j’ai fini à faire équipe avec Aube et ma première impression était justifiée : elle était très très timide. Le truc qui m’a le plus marqué, néanmoins, c’est qu’elle m’appelait naturellement Max. Contrairement à d’autres.

Le projet de science était important, pour elle. J’ai découvert qu’elle était effectivement un peu tête d’ampoule et qu’elle avait une passion pour les maths et la physique chimie. Elle m’a raconté que son rêve était de devenir chercheuse pour découvrir de nouvelles théories sur le fonctionnement de notre monde. J’avoue qu’elle m’a pas mal perdu quand elle en parlait, avec des termes qui n’étaient même pas à la portée de jeunes de notre âge. Je me souviens m’être dit que c’était pour ça aussi qu’elle était si réservée puisque les abrutis qu’on était – pour une fois je m’inclus dedans – étaient trop cons pour comprendre l’importance de bâtir son avenir. D’un côté, j’aurais du suivre son exemple mais je n’avais pas les capacités intellectuelles pour.

Tout ce que je sais, c’est que lorsqu’elle se lançait dans une théorie scientifique, je ne pouvais m’empêcher de boire ses paroles. Il y avait une passion dans ses dires que je n’avais jamais vu ailleurs ; c’est… C’est peut-être pour ça qu’au début, j’ai commencé à tomber amoureux d’elle.

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Entrainement : Psystigri (lvl 13), Matoufeu (lvl 21 (1/2))

Ça s’est fait en douceur, petit à petit.

C’est grâce à elle qu’on a eu une bonne note en science. Je ne dirais pas qu’elle a fait tout le boulot, mais ma capacité de compréhension était bien en deçà de la sienne. Pourtant, elle ne s’est jamais montrée agacée, même quand elle devait m’expliquer pour la cinquième fois un truc que je ne parvenais pas à comprendre. Elle cherchait toujours une autre façon de m’expliquer la même chose, essayant différentes méthodes pour trouver celles qui fonctionnent avec moi. Ça a plutôt bien marché, j’ai fini par assimiler des connaissances que je ne parvenais pas à enregistrer avec la méthode du prof. Du coup quand on est passé à l’oral devant la classe, je n’étais pas trop nerveux et j’ai même pu répondre aux questions posées à ses côtés. On formait une belle équipe.

Notre fréquentation aurait pu s’arrêter à la fin de cet examen. C’est vrai qu’on a moins trainé ensemble ensuite, retournant pour ma part auprès d’Adri qui se montre particulièrement amer. Jaloux aussi un peu, puisque lui n’a pas eu une si belle entente avec son duo. Il a plus envie de déboiter la tête du gars avec qui il a « bossé ». Autant dire que son binôme n’a rien foutu et que mon meilleur ami a fait ce qu’il a pu, mais les sciences lui courent tellement sur le haricot qu’il n’a même pas eu la moyenne. Alors moi avec ma note quasi parfaite là… Ça l’agace, même si je sais qu’il est content pour moi. C’est d’ailleurs la seule et unique fois que j’ai eu une aussi bonne note.

Ça m’a un peu réconcilié avec les études, bien que ça n’ait pas duré. Faut croire que les profs n’arrivent pas au niveau d’Aube, d’un point de vue éducatif. En tout cas sur moi. On est resté amis au début ; elle venait squatter à la récré avec nous. Au début, Adrien ne l’aimait pas trop, la trouvant coincée. Trop effacé aussi, sans doute à cause du caractère fort de mon meilleur ami. Il a la sale tendance à parler fort et dire à voix haute ce qu’il pense. J’ai l’habitude, personnellement mais c’est vrai que quand on ne le connait pas, on peut se retrouver brusquer par son franc parler. Il est cash et c’est une partie de lui que j’aime le plus. Pour Aube qui n’est pas habituée, ce n’était pas simple. Pourtant, elle revenait nous voir à chaque fois.

Adri a fini par se calmer quand il a remarqué l’attention que je lui portais. Il m’a beaucoup taquiné à ce propos d’ailleurs. J’ai dû lui répéter quinze fois qu’elle n’était qu’une amie et qu’il fallait qu’il arrête de se faire des films. C’est sans doute à cause de sa jalousie d’ailleurs qu’il était aussi désagréable avec elle… Et d’un côté, j’aurais préféré qu’il continue de l’être. Parce qu’à choisir entre elle et lui, j’aurais toujours choisi lui. Certes, je lui en aurais sans doute voulu d’avoir gâcher ma chance. Mais à l’époque, j’ignorais tout de ma sexualité alors…

Hum. J’aurais préféré continuer à l’ignorer.

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Entrainement : Psystigri (lvl 14), Matoufeu (lvl 22 (0/2))