Jour 5

J’en sais pas plus, pour cette visite au laboratoire du professeur Sorbier. Je connais mon manque de tolérance à l’ennui et j’ai vraiment pas envie d’être irrespectueux si jamais je me retrouve piégé, à subir des explications sur des trucs que je sais déjà. Alors oui, je suis techniquement un dresseur débutant vu que Spyros est mon vrai premier pokémon, et que c’est tout récent mais… dans les faits j’ai déjà de l’expérience. Enfin, j’ai grandi entouré de pokémons électriques, mon oncle est champion d’arène – dont j’ai déjà fait des combats, même si les pokémons n’étaient pas les miens – et, en plus de ça, ça fait trois ans que je fais du bénévolat au refuge de la SPP de Rivamar. Donc je pense avoir des connaissances de base assez complètes. Flemme de me taper le laïus de ceux qui découvrent la vie, mais j’ai vraiment peur de passer à côté de quelque chose. Erh. Relou de se prendre la tête pour du vent. De toute façon, je suis pas arrivé, alors j’ai encore le temps de voir venir. Même si, en vrai, plus trop.

C’est comme ça que je me retrouve à observer un duo de Keunotors au bord de la route. Ils ont l’air d’en avoir absolument rien à carrer de Spyros et moi, c’est rigolo. On n’en voit pas trop des Keunotors, à Rivamar, alors forcément je suis curieux face à leur nonchalance. Bon, j’ose pas trop m’approcher non plus, parce qu’on sait jamais. L’espèce n’a pas une réputation de terreur, mais ça reste des pokémons sauvages alors je vais pas trop faire le malin.

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Modération:

Jour 5

Ok. Les Keunotors, c'est vraiment trop mimi. Ça vit sa petite vie tranquille et puis c'est tout. Manger, dormir, construire des barrages naturels ; la belle vie, en somme. J'envie un peu leur quiétude, même si je pense que je le vivrais mal, d'être engoncé comme ça dans une routine. En résumé, c'est trop cool, mais c'est pas pour moi. Du coup, je me suis un peu éloigné du sentier pédestre pour voir où les deux Keunotors se rendait. Avec Spyros, on a quand même maintenu une grosse distance, pour ne pas les effrayer, dans l'espoir de les observer en plus grand nombre. Je suis curieux et je constate que mon Riolu l'est aussi. Ou plutôt qu'il est intrigué. Je me demande s'il a déjà vu des pokémons de cette espèce ; hormis l'hypothèse que c'est un rescapé du braconnage, je ne sais rien de son passé. Il est peut-être né en captivité, pour être revendu sur un marché quelconque. Erh.

Avant que je ne puisse aller plu loin dans ma réflexion, nous tombons sur une clairière en bordure de rivière et, sans surprise, nous nous faisons immédiatement repérer. Tout un tas d'yeux se pose sur nous, de Keunotors mais aussi de Castornos. sous nous installons un peu plus loin, sur un rocher et faisons comme si de rien n'était. L'idée, c'est qu'ils ne nous perçoivent pas comme une menace potentielle. On veut juste les regarder faire. La horde revient d'ailleurs bien vite à ses occupations, même si je me doute qu'il garde un œil - voire deux - sur nous. Et comment dire qu'ils correspondent exactement aux clichés que l'on peut attribuer à cette lignée évolutive ? Il vont à leur rythme, pas trop vite, parce u'il ne faut pas abuser, non plus. La définition de l'indolence. J'aime la vibe.

Par contre, ça me demande vachement de concentration de ne pas bouger pour ne pas les effrayer. C'est un coup à les faire fuir leur habitat. Ou à ce qu'ils nous attaquent. Oui parce qu'ils demeurent sauvages, donc je ne vais pas trop faire le cacou. En vrai, c'est tellement trop cool de pouvoir assister à ça, c'est un genre e tranche de vie de Keunotors. Rah ouais, genre monsieur Papa Castorno par à la pèche au Barloche. Oh non ! Encore mieux ! Père Castorno, raconte-nous une histoire ! Avec des petits Keunotors qui viennent écouter le récit de leur papa tous les jours. Obligé ça existe quelque part dans leur langage de Keunotors. Obligé. Et cette simple idée me fait tellement rêver, j'en ai des étoiles dans les yeux. Je suis là à gargariser comme un gamin de six ans dans une fête foraine.

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Fuite:

Jour 5

Par contre, c'est énergivore de rester sans bouger, de devoir rester calme quand je blblbl comme ça. Alors oui, je suis un peu tout le temps intense, mais pas intense comme là. Je me doute que c'est très vague et, en même temps, c'est pas facile à expliquer. Je vais quand même tenter d'élaborer. En gros, moi, quand je suis intense, ça bouge, ça bouillonne, mais l'extérieur autant qu'à l'intérieur. Je fais dix trucs à la fois, je vadrouille dans tous les sens, je suis un tantinet insupportable ; je sais bien. Mais, du coup, là c'est pas pareil, c'est pas la même intensité. Je suis juste émerveillé par la simplicité de cette beauté. Je crois que ça a mis mon corps et mon cerveau sur pause, je contemple la scène qui s'offre à nous et me suis laissé porter par la sensation de béatitude. J'ai sous les yeux la nature dans toute sa splendeur.

Une pensée me traverse l'esprit : et si je capturais un Keunotor pour m'accompagner dans cette aventure ? Ça pourrait être super cool, a priori. Ils ont tous l'air si chill, et puis leur pelage semble vraiment doux, de là où je me trouve. Après, il y a quand même tout un tas d'arguments en défaveur de cette idée. La première est très terre-à-terre : ça voudrait dire davantage de nourriture pour pokémons à porter sur le dos. Un peu la flemme. En soi, ça pourrait se gérer sans trop de mal, en me chargeant un peu plus ou en me ravitaillant plus souvent. Le deuxième argument, c'est que si je tente de capturer un petit de la horde, les gros risquent de me tomber dessus, et je ne tiens pas à ce qu'on se fasse aggro par des Castornos protecteurs. Et le troisième point - celui qui compte le plus à mes yeux - c'est que je ne me vois pas arracher un pokémon vivant sa petite vie tranquille dans son milieu naturel pour le contraindre à me suivre où que j'aille.

D'ailleurs, quand on y réfléchit bien, c'est quand même assez barbare et traumatisant pour un pokémon sauvage d'être tiré contre son gré de son lieu de vie, de ses habitudes, des autres membres de sa horde, etc. C'est même carrément égoïste et cruel ! Si le pokémon veut te suivre, ok, cool, tout est cool; mais le forcer... Ça me débecte. C'est le genre de truc qui pourrait me faire péter un câble. Je suis pacifiste, mais j'ai des limites et... Je tourne et abaisse la tête pour jeter un coup d'œil à Spyros : le Riolu me fixe un peu comme s'il écoutait à la porte de mon cerveau. Il s'assoit alors sur le rocher sur lequel nous nous trouvons ; je l'imite. Après tout, autant profiter un peu plus longtemps du spectacle qui se joue sous nos yeux.

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Modération:

Jour 5

Pourtant, il va bien falloir partir, au bout d'un moment. Je ne peux me retenir de soupirer car j'aurais vraiment bien aimé rester plus longtemps, limite bivouaquer ici puisque les températures nocturnes le permettent. Ce qui nous en empêche, c'est qu'on n'a plus rien à manger... Autant boire, je pense que ce ruisseau puisse nous dépanner, autant la bouffe... pas spécialement envie de faire une Into the Wild parce que j'y connais que dalle en botanique. Alors tant pis. Je me raccroche au fait que j'aurai l'occasion d'observer d'autres pokémons sur la suite de mon périple. Obligé. Ça ne peut pas être le seul truc intéressant que je vais voir durant mon voyage initiatique. Sinon la loose quoi.

Maintenant, il faut partir avec le même calme que lorsque nous sommes arrivés. Ça aurait servi à rien de faire super attention tout du long pour finir par partir en fanfare et les dévarier. Et je vois bien qu'au premier mouvement que j'effectue, les regards se tournent vers moi. Ils ont beau être placides, ils n'en sont pas moins méfiants. Enfin, c'est un peu beaucoup normal de se méfier quand on est un pokémon sauvage. Il y a juste des prédateurs, ou des envahisseurs. Donc ouais, ils ont toléré ma présence parce que j'étais immobile, parce que je restais à distance raisonnable. Là que Spyros et moi, on se remet à bouger, on retourne dans la case « danger potentiel ». Mais on fait comme si de rien n'était, comme si chacun vivait sa vie, on se contente de repartir par là où nous sommes arrivés. Ou tout du moins on va essayer.

Quelle idée j'ai encore eue... C'est visiblement pas par là que nous sommes passés tout à l'heure. Je me dis qu'à force d'aller tout droit, je vais forcément finir par tomber sur quelque chose, un sentier au minimum ; mais non. Et puis bien sûr aucune réception téléphonique, donc pas d'internet, pas de géolocalisation. Bien la douille, en gros. Et puis ma stratégie de toujours tout droit, ça n'a clairement pas l'air de fonctionner.

« T'en penses quoi, toi ? t'irais par où ? » On sait jamais, peut-être que Spyros a un meilleur sens de l'orientation que moi. Ou peut-être juste avec sa perception de l'aura, même si j'y pige rien. Pour l'instant. Parce que je dois me renseigner là-dessus, en savoir plus. Bref, je divague (vague). Le Riolu s'arrête, j'ai l'impression qu'il se concentre. Il finit par avancer, sans rien dire, absolument pas dans la direction qu'on suivait jusque-là. Bah super, mon sens de l'orientation est claqué au sol. Enfin, présumé claqué au sol. Tant que Spyros ne nous a pas ramenés sur un chemin, rien ne prouve qu'il se démerde mieux que moi !

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Fuite: