- On pourra acheter des bonbons ? Et des gâteaux pour Candy ?
- Seulement si t’es sage.

Toshio me regarde dans les yeux, avec cet air mi-sérieux, mi-boudeur. Il s’apprête à me dire qu’il est toujours sage et je suis déjà en train de sourire. Puis, il se ravise et se contente d’acquiescer, montant les escaliers quatre à quatre pour finir de se préparer.

Je regarde le chantier qui se dessine devant moi ; c’est… Une catastrophe. Je dois avouer qu’en venant ici, je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué. De toute évidence, je ne suis pas réellement dans le bon patelin, de ce que j’ai pu découvrir. Le fait que je sois étrangère pose apparemment problème, si je me fis aux regards en coin que j’essuie à chaque fois que je me retrouve dans le village… Je ne savais pas les galariens aussi chauvins ! Ou alors je n’ai pas sélectionné le meilleur endroit où m’installer… Difficile à dire. Mais cet endroit, c’était le seul qui correspondait à mes critères. Autant géographique que financier.

J’aurais largement pu me contenter de ma pension à Vermilava. Seulement, après presque six ans à exercer, j’ai eu envie d’autre chose. De nouveautés, d’un nouveau challenge. Je ne sais pas d’où ce besoin est venu, la première fois. Mais il n’a fait que grandir, encore et toujours, pendant presque un an. Etant donné que j’avais remboursé mes dettes envers Seto, que j’ai désormais un corps sain, j’imagine… J’imagine qu’une part de moi s’était résolu à ne pas réussir à vivre aussi longtemps. Et pourtant, je suis toujours là, debout du haut de mes vingt-quatre – bientôt vingt-cinq, mon dieu que le temps passe vite – avec cette envie d’en découdre, de découvrir de nouvelles expériences.

Pourtant, quand je vois le chantier en face de moi, je m’interroge. Je me demande si je ne me suis pas un trop précipitée. Je dois avoir laisser l’impression à mes proches d’une volonté de m’enfuir de ma vie là-bas. Ce… Ce n’est pas totalement vrai mais si je souhaite être honnête avec moi-même, un peu quand même. Shizuka a sa vie de famille avec Dan et Aaron, Mira a la sienne avec Seto. J’adore mes amis, ne faut pas croire mais… Je me sens un peu seule, parfois. Evidemment, Toshio est là pour me rappeler que je ne le suis pas. D’ailleurs, c’est peut-être cette solitude qui fait que j’ai fais les démarches pour être sa tutrice légale… Bien qu’il soit majeur physiquement.

Je ne saurais vraiment dire pourquoi je me suis lancée dans cette aventure. J’aurais très bien pu continuer à profiter de ma vie, bien que ma dernière rupture m’ait laissé un goût amer en bouche. Finalement, il n’était pas celui dont j’avais besoin, je n’étais pas celle qu’il désirait. Sinon… Sinon il ne serait pas allé voir ailleurs.

- Ça va, Nana ? T’es prête ?

J’ai serré les poings. J’imagine que mon visage s’est déformé par la rage intense qui a empli mon cœur à l’instant présent. Mais la voix douce de Toshio me sort de mon état et je me force à lui sourire.

- Oui oui, ça va. Je suis prête depuis dix minutes, toi t’as tout ce qu’il te faut ?

Il acquiesce, enthousiaste. Je crois qu’il est curieux du monde qui l’entoure, de cette nouvelle terre que nous avons tous les deux à découvrir. Puis même, cela nous fera du bien de quitter cette demeure quelques heures, histoire de ne pas avoir les poumons pourris par la poussière. Les ouvriers ont commencé les travaux, mais je ne suis pas foncièrement satisfaite. Ils ont l’air de rechigner pas mal sur l’idée de m’aider à ouvrir cette pension. Comme s’ils faisaient exprès de trainer des pieds… Et ça n’avance pas. J’ai beau relancé régulièrement le maitre d’œuvre, à chaque fois il m’informe que les entreprises sont sur d’autres chantiers plus urgents. J’aurais pu le croire si je ne l’avais pas entendu se moquer de moi alors qu’il pensait avoir raccroché. Quel abruti, celui-là.

- Nana, n’oublie pas de fermer à clé.

… Je dois être vraiment tête en l’air pour que ce soit Toshio qui me rappelle de faire les choses correctement. En même temps, je lui ai rabâché cette phrase pendant plusieurs semaines voire des mois alors… Il est normal que lorsque je ne le fais pas moi-même, il me le signale. Pourtant, il n’y a aucun reproche, aucune volonté de faire la leçon à son tour ou… Rien. C’est juste une remarque, comme ça, parce que j’ai oublié.

Quoi que je fasse, Toshio reste Toshio.

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Apparition d'un pokémon de la Forêt Flexion s'il vous plait

(PoV Naara)

Il va vraiment falloir que je m’achète un véhicule. Je n’ai pas beaucoup roulé à Hoenn, bien que j’aie obtenu mon permis. La différence, c’est qu’à Vermilava, j’avais accès à tout ce dont j’avais besoin. A Greenbury… Ce n’est pas réellement le cas. Il y a beaucoup de paysans, de fermiers ou d’éleveurs bovins. Je peux bien trouver ce qu’il faut pour des produits laitiers, mais pour tout le reste… C’est plus compliqué. Surtout que la route pour rejoindre Motorby est un peu chaotique. Moi qui pensais qu’être à la campagne ça me ferait du bien ! C’est un peu trop la campagne profonde, pour moi. Difficile de m’y faire. Je me répète qu’au moins, niveau quiétude, je suis servie !

Sur la route, je garde un œil amusé sur Toshio qui joue avec ce qu’il peut. Il a trouvé un bâton sur la route et il s’amuse à le taper légèrement sur les clôtures. Les pokémons apprécient moyennement mais ils ne se montrent pas agressif à son égard ; heureusement d’ailleurs. En attendant, je navigue sur mon téléphone. Shizu’ m’a envoyé une photo d’Aaron, du haut de ses six ans, tout fier, soufflant ses bougies. C’est vrai que j’ai loupé, du coup, son anniversaire. Je me sens un peu naze pour ça, étant donné que je suis sa marraine. Je n’ai cependant pas oublié de lui envoyer un beau cadeau. D’ailleurs, c’est la photo d’après. Il est beaucoup trop mignon avec sa maquette à construire ! Il a une passion pour les fonds marins, aussi quand j’ai vu ce lego en forme de Sharpedo… Je n’ai pas pu résister. J’ai même été forcé d’en acheter un deuxième pour Toshio.

A force de faire la route, je me surprends à avoir déjà atteint Motorby. A partir de là, Toshio sait qu’il ne doit pas s’éloigner de moi. Il s’agrippe un peu à mon bras, regardant les gens autour. Il se méfie toujours des inconnus et, d’un côté, je préfère qu’il continue à le faire. Il y a trop de gens qui le jugent alors qu’ils ignorent tout de lui. En prime, il est trop naïf pour comprendre quand quelqu’un cherche à profiter de lui… Et j’aimerai éviter de perdre à nouveau du fric parce qu’il a voulu aider soi-disant quelqu’un dans le besoin. L’idée n’est pas mauvaise ; sauf quand la personne n’est pas dans une situation dramatique et qu’elle le fait uniquement pour l’arnaquer. Ce n’est vraiment pas évident, d’être parent.

Parce que j’imagine que la relation qui nous uni ressemble beaucoup à une mère avec son fils. Et je sais que beaucoup de personnes trouvent étrange d’avoir accepter aussi facilement de jouer ce rôle. Mais en même temps, Toshio avait besoin de quelqu’un. Il a besoin de moi. Et, à contrario… J’ai besoin de lui aussi. La vie serait bien monotone, seule dans ma pension. Bien sûr il y a toujours les pokémons pour me tenir compagnie, mais ce n’est pas au même stade qu’un autre être humain. En plus, Toshi est toujours de bonne humeur et un sourire de sa part fait disparaitre tous mes maux.

Et j’en suis heureuse.

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Capture:

(PoV Naara)

Je n’ai pas besoin de beaucoup de choses, mais ça me fait toujours du bien de sortir de la pension. Comme on y vit, je vois chaque jour que les travaux n’avancent pas et… Ca joue sur mon moral. Je me rajoute du stress aussi, quand Shizu me demande quand elle pourra passer nous voir et que je l’informe que les travaux prennent plus de temps que prévu mais que ça devra être jouable pour dans deux ou trois mois. Ce qui est, je m’en rends compte jour après jour, complètement faux. L’idée de mentir à ma meilleure amie me pèse, mais je ne veux pas qu’elle s’inquiète inutilement pour moi. Elle a déjà son fils à s’occuper, son mari et son foyer. Je ne vais pas l’ennuyer avec mes problèmes immobiliers.

La seule à qui j’en ai un peu parlé, c’est Mira. On est resté en contact, je sais aussi que je peux lui faire confiance. Elle n’est pas du genre à raconter à qui veut l’entendre ce que je traverse. En revanche, je lui ai interdit d’en parler à Seto et encore mois à Masuo. Je le connais celui-là, il essayerait de trouver une solution – et ça passera forcément par une aide financière -. Merci mais non merci, je n’ai plus envie de dépendre financièrement de Seto. Parce que forcément, si on prête du fric, ça vient de leur société et… Nope. Jamais de la vie. Je tiens à garder mon indépendance. J’ai un sourire attendri toutefois en pensant au jeune homme. Il a bien poussé, depuis que je l’ai rencontré ! Il est majeur maintenant et il est devenu un fort bel homme, il faut l’admettre. Quoi qu’un peu… Egoïste à ses heures. Je mets ça sur le compte de l’immaturité.

- Nana… J’ai été gentil, non ?

Toshio me fait sortir de mes pensées. On est au supermarché pour faire nos courses et je n’ai même pas réalisé qu’on traverse le rayon des bonbons. La vue de tout ce sucre me ferait presque tourner de l’œil. Mais certainement pas celui de Toshi qui les regarde avec envie. Évidemment, il n’a pas oublié que je lui ai promis d’en acheter s’il était sage. Et je dois avouer qu’il a été une crème alors j’accepte. C’est important qu’il comprenne qu’une promesse est une promesse et qu’elle doit être honoré.

- Mais qu’un seul paquet. Pour Candy on lui prendra une friandise pour pokémon plante.

Il acquiesce, même si je remarque une certaine déception. J’ai beau lui avoir expliqué que le sucre des bonbons n’était pas bon pour sa Chlorobule, il veut toujours partager sa nourriture avec elle. Il ne comprend pas que les aliments humains conviennent rarement à nos pokémons, encore plus lorsqu’il s’agit de pokémon plante comme Candy… Parfois il insiste, mais pas cette fois. Il choisit des « acidofilo » à la fraise et il me demande s’il peut l’ouvrir et en manger maintenant. Comme de toute façon je vais l’acheter et qu’on n’est pas trop proche de l’heure du repas de ce soir, j’accepte et je vois son visage s’illuminer. C’est fou comme un rien suffit à son bonheur. Comme d’habitude, je dois sans doute le regarder avec un regard attendri ; ce qui doit étonner le type qui passe à côté de nous.

Je l’ignore. Je ne cherche pas à expliquer pourquoi Toshio agit comme un enfant ; je n’ai plus cette patience. Il est comme il est et si ça ne plait pas, tant pis. Je lui demande de m’aider pour chercher le restant des courses pour ce soir et demain, il accepte volontiers. Il commence à être doué pour retenir ce que je prends alors ça va plus vite à deux.

Il fait beau, aujourd’hui. Toshi m’aide à porter les sacs de courses, ce qui ne l’empêche pas de déguster ses bonbons. Avec tout le sucre qu’il y a dessus, je ne serais pas étonné si je devais bientôt lui prendre un rendez-vous chez le dentiste…

- On rentre à la maison ?

Une moue déforme mes traits ; on a fait ce qu’on avait à faire à Motorby et on a les bras chargés. Pourtant, je n’ai aucune envie de rentrer. Je soupire longuement, face au regard d’incompréhension du garçon. Je n’ai pas envie de l’inquiéter, mais je lui dis quand même qu’on peut flâner un peu dans les environs. Même s’il ne comprend pas pourquoi, il acquiesce quand même, bien que ça n’a pas l’air de l’enchanter. Au moins, il ne me fait pas de caprice. Il en a jamais fait, d’ailleurs.

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Capture:

(PoV Naara)

Je crois qu’il y a une place tranquille pour piétons pas trop loin, avec une fontaine. On pourrait se poser là pour flâner un peu sans porter les courses tout du long. On n’a rien pris de périssable alors ce n’est pas dérangeant. J’écris quelques sms avec Dan, il doit avoir un peu de temps pendant sa mission. Même si… Même si je lui mens au final en lui disant que tout va bien. C’est plus compliqué que ça. Je sais que je me porterais bien mieux une fois que les travaux seront terminés mais… Mais pour le moment, ça m’ajoute une pression désagréable que j’ai du mal à gérer. J’ai les yeux rivés sur mon portable quand Toshio s’arrête brutalement. Je ne manque pas de lui rentrer un peu dedans, pestant contre cet arrêt soudain. Il ne s’en formalise pas du tout.

- Dis Nana… Quand on vit dans la rue, on est sans abri, c’est ça ?

Je ne comprends pas cette interrogation. Mes sourcils se froncent. Est-ce que… Est-ce qu’il croit que je vais l’abandonner ? Je dois faire attention à ce que je lui dis.

- En théorie, oui, ça arrive. Pourquoi ?
- Ça veut dire que Max et Adri sont des sans abri ?

L’incompréhension me prend davantage. J’ai eu un petit temps de battements, le temps de comprendre et d’assimiler de qui Toshio est en train de me parler. C’était il y a quelques jours, ça ne fait pas loin mais j’ai tellement la tête dans les travaux que j’ai presque zappé cette rencontre avec ces deux mecs. Ils lui ont sauvés la vie donc je devrais m’en souvenir mieux, quand même. Ils n’étaient pas méchants et puis la Mentali était blessé à cause de l’attaque donc… ça me paraissait logique de les inviter à la pension, le temps des soins. Maintenant, avec le recul, je me demande si ce n’était pas idiot, comme mouvement. S’ils étaient des criminels, après tout ? … Faut vraiment que j’arrête de regarder des séries policières avant de m’endormir.

Quoi qu’il en soi, je ne saisie pas pourquoi Toshio me parle d’eux et encore moins pourquoi il me demande s’ils sont sans abri. Alors je lui demande clairement pourquoi il me dit ça et il pointe du doigt. Je lui ai déjà dis que c’était impoli de montrer du doigt, mais la surprise est telle que je ne pense pas à le réprimander. Ils sont là, sur le trottoir d’en face. Ils ne peuvent pas trop me voir, je pense. Et là… Je ne sais pas comment réagir, en réalité. J’aimerai croire que c’est juste deux jeunes qui squattent dans la rue à fumer en cachette, mais en vue de la couverture sur laquelle ils sont installés… C’est plus que ça. Y a une casquette retournée au pied de Max. Et Adri est couché, se servant de la cuisse de son ami comme d’un oreiller. On… on ne fait pas ça quand on chill juste avec un pote.

J’hésite et je me déteste pour ça. Quand Adri m’a demandé du boulot, j’ignorais qu’ils étaient tant dans le besoin. J’imagine que ça aurait été embarrassant pour eux de m’avouer la vérité. Ça doit l’être pour tous ceux qui sont dans le besoin… Et ça me fait mal au cœur. Mais en même temps, j’ai mon esprit rationnel qui rentre en ligne de compte, qui me dit qu’ils sont peut-être en cavale ou simplement dangereux. … Depuis quand je ne fais plus confiance aux gens, en fait ? J’ai discuté avec ces deux types, je me suis même retrouvé seule avec l’un d’eux quand je soignais sa Mentali. Ils ne sont pas méchants, du tout. Pourtant je ne peux pas jouer la mère Théresa au secours de la veuve et de l’orphelin. Je ne peux pourtant pas les ignorer comme vient de le faire cette femme qui est passée devant eux sans même leur adresser un regard. Mais qu’est-ce que… ? Ce sont des êtres humains connasse, pas des déchets !

Mon hésitation est telle que je vois désormais Toshio auprès d’eux. Il tend son paquet de bonbons devant lui, le présentant à Max. J’envie sa naïveté. Je… J’aimerai redevenir cette jeune femme soucieuse de son environnement et des autres. Être adulte, ça ne me réussit vraiment pas. J’envoie foutre la logique et je traverse à mon tour la route pour rejoindre Toshi.

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Apparition d'un pokémon de la Forêt Flexion s'il vous plait

(PoV Naara)

De toute évidence, Toshio a dit quelque chose, si j’en juge par le regard surpris que lui lance Max. Je suis arrivée trop tard pour l’entendre. Je me fais un peu discrète pour pas déranger et je le vois regarder les sucreries que mon protégé lui propose. Il fait la moue puis soupire, finissant pas accepter. Je le vois galérer un peu à cause de sa position pour en chopper deux et… et ensuite il le met devant le nez de son ami. Qu’est-ce que… ? La réaction de ce dernier est instantanée.

- De la bouffe. Non, mieux, des bonbecs !

Le ton est enthousiaste, voir plus encore. Adrien se relève subitement, m’ignorant au passage et se retournant pour récupérer son dû. Il engloutit l’acidofilo, ne prenant même pas le temps de mordre dedans. Max le regarde en fronçant les sourcils, mangeant le sien avec plus de retenu. … Depuis combien de temps ils n’ont pas mangé, en fait ?
Toshio rit quand il le voit faire et désormais, Adri a remarqué sa présence. Je sais que Max aussi, puisqu’il m’a lancé un regard en coin. Il ne m’a pas salué ou quoi je… Je ne sais pas définir sa réaction. J’ai cru déceler une légère grimace qu’il a maitrisé. Peut-être que mon imagination me joue des tours, je ne sais pas. Il reste silencieux en tous les cas, pendant que son ami regarde le paquet de bonbons avec une envie non dissimulé.

- Hey gamin, ça ne te dit pas d’en partager plus avec nous ?
- T’es pas obligé.

Max refreine un peu son ami qui lui lance un regard noir. Il ne semble pas s’en formaliser, toutefois, regardant à nouveau Toshio.

- C’est gentil de partager, mais c’est tes bonbons. Tu devrais en profiter.

Il est… Étonnement calme. Et gentil avec Toshio. Je remarque qu’ils n’ont pas oubliés ce que je lui avais expliqué ; ils s’adressent à mon protégé comme si c’était vraiment un enfant, malgré son aspect physique. C’est plutôt rare… En général quand j’explique, les gens pensent que j’exagère. Mais pas eux. Je m’approche un peu d’eux et Adri me remarque enfin. Il a un mouvement de recul, allant se caler contre le mur, à côté de son meilleur ami. Je crois qu’il abandonne l’idée de soutirer des bonbons à Toshio parce que je suis là. Est-ce qu’il essayait de profiter de mon absence pour abuser de lui ? Je fronce les sourcils. Si c’est ça, je n’apprécie pas trop.

Même si Max l’a calmé dans son comportement. Toshio récupère un bonbon qu’il coince entre ses dents et ensuite tend le paquet complet à Max, justement.

- … T’es sûr ?

Toshi’ acquiesce vivement. Je capte le regard de Max à mon attention et j’acquiesce à mon tour. Il attendait, de toute évidence, mon aval avant de récupérer les bonbons. Il remercie Toshio et sépare ce qui reste en deux. Évidement, il donne la moitié à Adri qui se délecte de leur… butin. Je ne sais pas pourquoi c’est ce mot qui m’est venu en premier à l’esprit, mais passons. Toshio rit encore en le voyant faire, ne réalisant sans doute pas la détresse dans laquelle les deux hommes se trouvent. Moi, je la vois. Et c’est sans doute pour ça qu’ils prennent bien soin de ne pas me regarder. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire. Est-ce qu’on doit partir, maintenant ? Faire comme cette rencontre n’était pas arrivé, qu’on est jamais été témoin de leur misère ? … Je ne peux pas faire ça.

- Pourquoi vous êtes dehors ? Il commence à faire froid en ce moment.

L’innocence de Toshio qui continue d’agir.

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Fuite:

(Retour PoV Max)

C’est la dèche. C’est la merde. Pire que ça ; on est dans de sales draps.

Vivre dans le besoin et le stress, j’ai toujours su faire. J’ai de l’entrainement depuis mon enfance. Mais là… On atteint des sommets. Ça fait plus d’un mois qu’on est à Galar. Au début, on s’en sortait pas mal avec l’argent que j’ai gagné au concours coordinateurs. Pourtant, ça ne suffit pas à survivre longtemps, surtout avec la façon d’Adri de gérer notre thune. Je n’ai pas mis le holà assez vite, je crois. On s’est un peu fait plaisir avec la bouffe, histoire de découvrir un peu la nourriture d’ici – spoiler, ce n’est pas fameux fameux, on mange quand même mieux à Kalos -. Sauf que maintenant ben… On a plus de thune. Mais genre, vraiment plus grand-chose. Il me reste… Allez, dix pokédollars. On ne va vraiment pas aller loin comme ça.

Je ne panique pas, mais ma sérénité c’est un peu tiré ailleurs. Je réfléchis à comment faire. J’ai hésité à repayer les abonnements des téléphones pour faire des économies. Sauf que si je fais ça, on n’aura plus aucun moyen d’être contacté et si on veut se trouver un taf… C’est compliqué. Faut pas qu’on laisse savoir qu’on vit dans la rue et que c’est grave la merde pour nous. Faut pas que les employeurs sachent non plus qu’on a toujours pas de visa. Ça se trouve d’ailleurs on est recherché par les flics parce que ça fait trop longtemps qu’on est sur le territoire. J’sais pas. Je vérifie tous les jours le prix du visa, comme s’il allait être moins cher d’un jour à l’autre, mais j’esquive soigneusement l’information. Je n’ai pas envie de rajouter hors-la-loi en plus de sans-abri à notre situation.

J’en viens aussi à regretter la couverture qu’on a acheté, parfois. Elle n’était pas donnée et pourtant, c’est la moins cher qu’on a trouvé. D’un autre côté, y avait vraiment besoin de quelque chose pour nous réchauffer. On a beau dormir l’un contre l’autre, ça ne suffit pas pour contrer ce putain de vent glacé qui se lève une fois la nuit tombée. Les journées se font plus courtes, aussi et donc le soleil nous réchauffe de moins en moins. J’ai bien pris mes « vêtements » chauds que j’avais gagné à cette course de neige là dont j’ai oublié le nom, mais ce n’est pas tant efficace que j’essaye d’en faire profiter Adri aussi. Ça fait longtemps que la combinaison a été coupé en deux pour en faire un haut et un pantalon. Donc… Soit on a chaud aux jambes, soit au dos. Mais pas les deux en même temps.

Je trouvais que c’était encore supportable. Au moins, on avait encore de quoi s’acheter de la bouffe. Sauf que maintenant, on n’a plus ce luxe. On n’a pas trouvé de boulot. Je dors de moins en moins du coup j’me tape des cernes d’un kilomètre de long donc je fais encore plus peur. Là-dessus, je suis quand même content que mon meilleur ami est l’inverse de moi ; il pionce. Il arrive à dormir souvent pour éviter de ressentir la faim. Parce qu’évidement, ça fait une semaine qu’on est passé à un repas par jour et ce n’est pas vraiment copieux. Ça nous a laissé de quoi tenir le coup, quoi. Mais ça commence à se remarquer un peu ; on a un peu perdu du poids. Et ça ne tend pas à s’améliorer.

Je caresse doucement les cheveux de mon meilleur ami. Il a pris l’habitude de squatter ma cuisse pour dormir, ça le réchauffe et moi aussi. Ça va qu’aujourd’hui il ne fait pas trop froid mais… Je ne sais pas ce que ça va donner, ce soir. De mon autre main, je scrolle sur mon portable à la recherche d’un taff. Comme je ne trouve rien, je recherche à nouveau un endroit de… J’sais pas, d’aides sociales. Ils n’ont pas de restaurants du cœur ? Ou de soupe populaire ? Ils ne donnent pas un peu de bouffe aux gens dans le besoin… ? Je n’ai pas l’impression. Ou alors je cherche mal. Après tout, il n’y a pas vraiment de sans-abris, ici. On n’a pas fait toute la ville… on n’est peut-être pas dans le bon quartier ? Si c’était le cas, j’imagine qu’en un mois, on serait bien tombé sur quelqu’un qui connait ce genre d’endroit et qui partage l’information avec nous. Mais non, que dalle. Je… Merde voilà que je regretterais presque Kalos.

Un coup d’œil sur mon blog. Ça m’occupera un peu l’esprit, même si ça me déprime aussi. J’ai décrit plusieurs pokémon, le concept à l’air de plaire à certaines personnes et c’est cool. Mais ça ne suffit pas à me rapporter du fric. Ça ne me rapporte pas un seul centime même. Je ne sais pas comment faire pour que ça devienne rentable. Pffff…

Je renifle. C’est chelou, je ne sais pas pourquoi, ça sent la fraise.
Je comprendre en relevant la tête ; y a ce type-là, celui qui est un gamin dans sa tête qui me tend des bonbecs en affichant un sourire rayonnant.

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Apparition d'un pokémon de la Forêt Flexion s'il vous plait

Je ne peux pas cacher ma surprise. Je ne m’attendais sérieusement pas à revoir ce gosse. En plus avec ses bonbons, il est en train de réveiller mon appétit. Ça fait combien de temps, au juste, qu’on n’a pas mangé de sucreries… ?

- Salut ! Nana a accepté de m’acheter des bonbons alors j’ai le droit de les partager avec qui je veux !

C’est… Comme s’il cherchait à se justifier face à mon incompréhension. Il affiche son grand sourire innocent, il me fait penser qu’il est simplement content de pouvoir partager. Je… Je me demande s’il comprend seulement la misère dans laquelle on est. Je ne crois pas… Mais il a parlé de Nana. J’ai cru comprendre que c’était comme ça qu’il appelait Naara alors… Mon regard qui s’est figé migre vers la gauche et je vois la donzelle s’approcher. Je ne saurais dire quelle expression elle affiche mais ça fait naitre en moi un sentiment de honte assez important. Merde. On avait réussi à esquiver le sujet, on avait réussi à ce qu’elle ne sache pas notre situation. Et maintenant, elle nous voit là comme les deux clochards qu’on est.

Je ne suis même pas certain qu’elle serait venue nous voir si elle avait été seule. J’imagine qu’elle aurait fait comme si elle ne nous avait pas vu, comme la plupart des gens. Je ne lui en aurais même pas voulu. La situation actuelle est bizarre, j’ai envie de disparaitre. En plus, la rouquine ne dit rien. Elle reste muette, nous regardant l’un après l’autre pour finalement poser son attention sur Toshio. Je recherche quoi dire pour débloquer la situation, mais c’est là qu’Adri se réveille. Évidemment, l’odeur du sucre l’a fait sortir de son sommeil. Il n’a pas capté que l’éleveuse est là alors il s’exclame comme un gamin, pensant sans doute que c’est moi qui en ai acheté ou que quelqu’un nous en a donné.

Il prend un des acidofilo et le dévore. Il ignore magistralement les autres ; son but est de remplir son estomac et rien d’autres. Je ne peux pas lui en vouloir, j’ai la dalle aussi. Je mange le mien avec plus de retenu, toujours mal à l’aise à cause du regard de la rouquine. Je suis content de manger mais en même temps… C’était obligé que ce soit eux ? Ça rend les choses compliquées pour rien, je trouve. Adri se formalise moins de la situation que moi puisqu’il demande à Toshio de partager davantage avec nous. Je lui indique qu’il n’est pas obligé. Je sais que mon meilleur ami me lance un regard noir parce que lui il veut en profiter, moi je trouve ça naze de profiter de sa naïveté. J’ai l’impression d’être un de ces bullys qui abusent de la gentillesse d’un autre môme et… je n’ai pas envie d’être ce genre de personne.

Je précise à Toshio qu’il devrait profiter de ses bonbons. Avec ce qu’il m’a dit en arrivant, il n’a pas le droit souvent aux bonbecs – sans doute à cause de tout ce sucre – alors pour une fois que Naara a dit oui, il devrait se régaler. Je vois l’hésitation se peindre sur son visage, bien que je sois distrait par Adrien qui se colle soudainement à moi. Je comprends qu’il vient de réaliser que la rouquine est présente et qu’il craint qu’elle lui prenne la tête parce qu’il a essayé d’abuser. Il saura se défendre, je n’en doute pas, mais si on peut éviter de s’attirer des ennuis inutilement, je préfère…

Bien qu’à mon niveau, qu’elle soit là ou pas, ça ne change rien. Je n’aurais de toute façon pas accepter de raquetter ce gamin qui est déjà bien gentil de partager ses sucreries avec nous. Il s’empare goulûment d’un nouveau acidulo avant de nous reproposer le paquet. Euh ok, il veut qu’on le mange ensemble, si je comprends bien ? Je lui demande s’il est sûr de lui, il acquiesce vivement. Je ne peux m’empêcher de regarder Naara, pour qu’elle me dise si c’est ok pour elle aussi. J’ai toujours cette impression qu’elle agit comme une mère avec lui. Et ça ne loupe pas parce qu’elle comprend ce que je demande silencieusement en acquiesçant. Parfait, je récupère le paquet et je fais moit-moit. Adri se jette toujours sur sa part – il a toujours eu la fâcheuse tendance à manger trop vite – et ça fait rire l’enfant. Moi je suis plus réservé mais bordel, qu’est-ce que ça m’avait manqué.

Toshio nous pose une question. J’entends mon meilleur ami laissé échapper un rire jaune. J’en lâche un petit aussi, sans le vouloir.

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Capture:

- C’est vrai qu’il ne fait pas chaud…

J’esquive sa première question parce que… Parce que je n’ai pas envie d’expliquer le pourquoi du comment à un gosse qui ne comprendra même pas ce qu’on dit. Après, je n’ai pas non plus envie qu’il se mette à trop s’inquiéter pour nous. C’est la grosse dèche mais je n’en suis pas encore réduit à demander de l’aide à un môme, ni même à Naara, en fait. Comme un fait exprès, je sens un frisson me parcourir le corps entier, à cause d’un coup de vent froid. Je sens qu’Adri est dans le même état que moi, mais on tente de le cacher. Toshio nous regarde toujours, attendant sans doute qu’on s’explique mais… Ce n’est clairement pas dans nos plans. J’suis sûr qu’il n’a même pas compris pourquoi on a ri.

- Y a un petit café là-bas, on a qu’à y aller pour boire une boisson chaude ?

Naara a enfin décroché quelques mots. Elle désigne du doigt le café où on va souvent pour se laver. Le patron est cool, mais j’ai un peu peur qu’il explique à la donzelle notre situation… Même si d’un côté, je pense qu’elle a parfaitement compris ce qu’il nous arrive. Elle n’est clairement pas aussi crédule que Toshio, ça, c’est certain. L’idée d’une boisson chaude est ancrée dans mon cerveau et ça me fait terriblement envie. Un regard à Adri et je comprends que lui aussi. On a de quoi se le payer, mais ça veut dire qu’on sera mal pour le repas de ce soir… L’hésitation doit se voir sur nos faces pour que la rouquine rajoute :

- Je vous invite.

J’ai envie de lui répondre qu’on ne fait pas la charité et qu’on se débrouille seuls. Sauf que c’est un pur mensonge, en plus d’être hypocrite ; on est en train de faire la manche dans la rue alors niveau charité, si, on la fait carrément. Je passe une main dans mes cheveux, mal à l’aise. Je sais que je devrais lui être reconnaissant, cependant, la honte que je ressens au fond de moi m’en empêche. Je sens Adri qui se lève et acquiesce, tendant la main vers moi pour m’aider à me relever.

- On accepte !

Il met à mal mon comportement. Je peux difficilement refuser, désormais. Sans le vouloir, je laisse un soupir m’échapper, ce qui n’échappe sans doute pas ni à Naara ni à Toshio. Je vois que l’enfant s’interroge, mais il a toujours un sourire ravi sur le visage. On dirait qu’il est content de prendre un café avec nous alors que j’ignore totalement pourquoi. Ok certes, Trixia lui a sauvé la mise mais quand même, ça ne justifie pas qu’il nous apprécie à ce point. Ou alors il est juste heureux de rencontrer du monde. Bah. J’accepte la main tendue par mon meilleur ami et une fois debout, on se met d’accord sur les pokémon à laisser à notre squat. Certes on le voit du café, mais j’aimerai éviter de stresser à l’idée que n’importe qui peut nous dérober le peu de choses qu’on possède. Comme souvent, ce sera Onyx et Rah.

- Oh t’as aussi un Aquali ! Il est trop beau !

Ça m’arrache un sourire, de l’entendre s’extasier comme ça. Rah est curieux, il s’approche de lui pour le renifler. Je m’attendais à ce qu’il le caresse immédiatement, mais on dirait qu’il attend l’accord de mon allié… C’est chouette qu’il ait ce recul avec les pokémon. J’imagine qu’à force d’être à la pension de Naara, il a appris à bien se comporter avec les pensionnaires. En tous les cas, ça ne tarde pas avant que Rah se frotte à ses jambes et qu’il commence à la caresser, laissant échapper un petit rire.

- Sa peau est toute froide, c’est rigolo.

Sa réaction enfantine nous fait tous sourire.
Au moins, ça a le mérite de mettre un peu mon stress au placard. Pour combien de temps, ça, c’est une autre question.

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Apparition d'un pokémon de la Forêt Flexion s'il vous plait