Eliza prends une bonne heure de son temps pour te faire visiter toutes les salles, une anecdote toujours au bord des lèvres et des réponses satisfaisantes pour chacune de tes questions. Vous passez un bout de temps dans la volière. Elle n'est pas visible depuis l'entrée mais un vaste dôme de verre dépasse des falaises et surplombe un lac artificiel. Ici, les Pokémon existent simplement, sont libres de se balader parmi les visiteurs. C'est impressionnant de voir à quel point certains sont à l'aise. Ce n'est pas si étonnant de la part d'un Goélise qui se pose sur la rembarde séparant la coursive des abords de l'étendue d'eau mais il est plus surprenant qu'un Lakmécygne s'approche en se dandinant pour venir t'observer. De très près. Suffisamment que pour qu'Allen se raidisse sur ton épaule et qu'un croassement défensif ne s'échappe de sa gorge.

« Normalement les Pokémon étrangers ne sont pas autorisés à l'intérieur. »

Ce n'est pas un reproche mais une simple explication. Tu te doutes bien que la situation deviendrait vite chaotique si les habitants de l'aquarium étaient confrontés aux Pokémon des visiteurs. Tu te sens un peu idiote de ne pas y avoir pensé. La présence de ton Grenousse est tellement naturelle que tu as tendance à l'oublier. Sans rappel à l'ordre, cela t'est vraiment sorti de la tête.

Un peu trop consciente de ton erreur, tu l'encadres de tes bras pour qu'il ne donne au moins plus l'air d'être aussi libre. Toi, tu le connais. Tu sais qu'il n'est pas si impulsif. Il défend son territoire et peut s'avérer méfiant mais cela s'arrête là.

« Je devrais peut-être le rappeler dans sa ball ?
Ne t'en fais pas pour ça, profitez du privilège. »

La main d'Eliza se pose sur ton épaule dans un geste qui se veut rassurant. Elle te désamorce avant que tu n'ais l'occasion de trop te perdre dans tes pensés.

« Désolée.
Je n'ai rien dit, n'est-ce pas ? »

Elle sourit doucement, le regard tendre alors qu'elle glisse un instant la main sur ta joue et vient la pincer légèrement entre le pouce et l'index.

« Efface-moi cette vilaine moue. »

Tu te forces à sourire. Tu ne veux pas qu'elle s'en fasse pour toi. Si une lueur triste glisse dans son regard, aucune de vous n'en dit rien. Eliza est toujours délicate dans ses réactions, elle se soucie bien trop des autres pour prendre le risque de leur faire du mal. Elle n'a jamais fait de commentaire sur ta famille, ni ton éducation, mais tu sais qu'elle ne leur est pas très favorable. En grandissant, tu as appris à reconnaître certains regards ou une rigidité parfois lorsque ces sujets étaient abordés. Gia a toujours été plus vocale. Elle exprime plus facilement ce qu'elle pense, au risque de faire des bourdes, et, parfois, elle a laissé passé une information sur les sentiments de sa mère. A quel point elle n'adhère pas avec leur façon de te traiter et certains de leurs choix. Au début, tu n'avais pas trop su quoi faire de ce savoir, tu avis été gênée. Tu avais eu peur aussi, un peu. Peur d'être finalement éjectée de leur petite famille qui était pour toi devenu un cocon parce que la tienne avait tendance à gâcher tout ce qu'elle touchait. Mais rien de cela ne s'était produit. La vérité n'avait jamais été exposée mais Eliza n'avait fait que se faire plus maternelle avec les années passées. Comme si elle avait voulu compenser une affection à laquelle tu n'avais pas droit dans ton quotidien. A force d'être rassurée, tu avais eu l'occasion d'être touchée par sa sollicitude et ce point de vue qu'elle cachait. C'était peut-être un peu tordu mais il était agréable que quelqu'un se soucie tellement de toi qu'il en venait à nourrir des sentiments négatifs pour ceux qui ne te donnaient pas autant de douceur qu'il le voudrait. Qu'il pensait que tu méritais. Le respect dont elle faisait preuve n'en était que plus touchant car elle prenait en compte les conséquences qui auraient pu en découler. Il ne faisait aucun doute que tu n'aurais pas eu autant de liberté avec les Nelson si une critique avait été jetée au visage de tes parents. Ils étaient bien trop orgueilleux pour cela.

Lorsqu'elle te regarde comme ça, tu vois cette affection qu'elle a pour toi mais aussi cette désolation face à des insécurités trop bien incrustées qui viennent d'années à ne jamais vraiment compter, à douter de tout ceux qui prétendaient t'aimer. Malgré toutes les preuves qu'elle t'offre et sa fidélité, même avec Eliza il t'arrive de douter. De retenir tes mots, tes gestes. Parce que tu n'es toujours pas tout à fait sûre qu'elle ne se lassera pas un jour de toi.

C'est aussi pour ça que ton plan brinquebalant te fait si peur. Avouer tes sentiments à Gia est une chose mais il y a l'après. Les conséquences. Qu'elle te rejette ou non, la dynamique va changer. Et tu penches plutôt vers l'option où elle n'aura qu'une réponse gênée dont vous ne saurez pas quoi faire toutes les deux. Mais quant est-il d'Eliza ? Est-ce que tu seras toujours la bienvenue chez elle ? Est-ce qu'elle ne te verra pas autrement ? Une partie de toi lui fait confiance, pense qu'elle n'ira jamais si loin, mais le changement te fait peur. Et même si, par tu ne sais quel miracle, quelque chose se produisait avec Gia et que ça tournait mal ? C'était de sa fille dont on parlait, elle prendrait toujours son parti. Qu'adviendrait-il de toi ?

Les larmes te dégringolent des yeux et tu n'en prends conscience que lorsque l'une d'elles s'écrase sur ta main. Tu baisses les yeux pas réflexe, croises le regard inquiet d'Allen. Aussitôt, tu vas les chasser de ta manche, frottant un peu trop fort la peau si fine autour de tes yeux.

« C'est pas grave. Je sais pas- »

Tu t'es empressée de parler pour ne pas laisser cette occasion à Eliza mais les mots se bloquent dans ta gorge.

« J'ai besoin de prendre l'air. »

Tu souffles, à peine un murmure, avant de faire volte-face pour retracer tes pas jusqu'à l'entrée.

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tentative de capture:

Tu te sens ridicule. Dix-huit ans fraîchement acquis et tu pleurniches comme une enfant dans un lieu public. La fuite n'a rien fait pour calmer la chute des larmes et tu as atterri dans le hall d'entrée par le plus pur des hasards. A moins que ce ne soit dû à un réflexe qui avait poussé tes pieds à retracer le chemin emprunté. Tu n'as rien trouvé de mieux que d'aller t'asseoir dos à un mur, le plus loin possible de la double-porte et le regard dirigé vers le grand aquarium. Les poissons colorés y dansent toujours, insensible à ton chagrin idiot, mais tu ne les vois pas réellement. Tu as les yeux un peu vides, à l'exception de toutes ces larmes qui prennent bien trop de place dans ton champ de vision avant d'aller se perdre dans le col de ce sweat-shirt emprunté.

Quelqu'un passe une porte dont tu ignorais l'existence jusqu'ici. Les pas se font vite hésitants, sans doute car tu as été remarquée. Ils se rapprochent mais tu ne parviens pas à faire un quelconque effort pour te rendre présentable. Si tu es consciente de cette présence, c'est comme si ton esprit ne parvenait pas à tirer les bonnes conclusions et à enclencher la manœuvre suivante. Le nouveau venu continue son approche jusqu'à ce qu'un croassement l'arrête net. Allen. Où était-il durant tout ce temps ? Cela te force au moins à déplier ton buste. Tu observes ton Pokémon avant de suivre la direction de son regard menaçant. Il y a un homme planté non loin. Non, un jeune homme. Il ne doit pas être beaucoup plus vieux que toi, il a le visage encore poupon qu'un peu de barbe camouflerait sans doute.

« Est-ce que ça va ? »

Tu n'as même pas le temps de réagir qu'il se claque déjà le visage d'une main leste.

« Pardon. Question stupide. Tu ne pleurerais pas si ça allait. Ah. Pardon pour ça aussi. Je sais que ce n'est pas très délicat de te faire remarquer ça. »

Il paraît particulièrement gêné avec son regard fuyant et ses mains qui vont dans tous les sens au rythme de ses excuses. Il faudrait sans doute que tu l'aides à se sortir de là en disant quelque chose. Aucun mot ne sort pourtant. Tu te contentes de l'observer, remarques le polo estampillé du logo de l'aquarium qu'il porte, ainsi que la combinaison de plongée jetée négligemment sur son épaule. Ses cheveux blonds paraissent encore un peu humides et peinent à former du volume sur son crâne. Tu n'améliores pas la tension entre vous avec cette observation minutieuse.

Contre toute attente, il n'en dit pas plus. Il ne part pas non plus. A la place, il vient s'asseoir à tes côtés, un bon mètre restant entre vous, sans doute pour ne pas que tu te sentes oppressée.

« Les aquariums ont un truc mélancolique, tu ne trouves pas ? »

Pourtant, il observe les Pokémon qui s'y trouvent avec un sourire plein de tendresse et un regard émerveillé. C'est comme un curieux mélange entre familiarité et découverte. Tu tournes les yeux vers l'eau et, sans doute parce que tu es un peu plus détendue, Allen revient vers toi et se perche sur tes genoux. Tu n'as toujours pas un mot pour l'étranger bien que tu penses comprendre où il veut en venir.

« J'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi c'est le choix numéro un pour les premiers rencards. Je sais que je bosse ici et que je devrais m'assurer de lui faire une bonne pub mais je le prendrais mal si on m'emmenait ici dès le début. C'est un coup à ce que moi aussi je me mette à pleurer. »

Il t'adresse un sourire que tu remarques du coin de l'œil, sourire qui se fait vite grimace lorsqu'il prends conscience de sa nouvelle indélicatesse. Sincèrement, tu ne lui en veux pas. Tu n'as jamais été douée non plus pour consoler les autres. Tu n'en mènerais pas large si tu avais trouvé une personne en pleurs en arrivant au boulot un matin.

« On pourrait croire qu'un mec qui a du mal lorsque les autres l'approchent apprendrait au moins de leurs erreurs mais faut croire que non.
Parfois, il n'y a rien à dire. »

Tu murmures enfin en t'appliquant à chasser les larmes avant la manche de ton sweat. Tu as la voix faible, ton énergie complètement sapée après cette crise impromptue. Tu t'efforces d'adresser au blond un sourire un peu terne, juste pour le rassurer.

« Mais merci d'avoir essayé.
Ah... De rien, je suppose. »

Il se passe la main dans les cheveux d'un air gêné, puis fronce les sourcils, un regard pensif posé sur la paume de sa main désormais humide. A croire qu'il a oublié durant un instant l'état de sa tignasse. Il finit par hausser les épaules et son attention revient vers toi.

« Je ne veux pas paraître insensible mais... Ok, je sais, ça sonne mal lorsque je le dis comme ça et ce sera sans doute insensible, mais il faut que je demande... Pour le boulot. Bref. Qu'est-ce que tu fais là ? L'aquarium n'est pas encore ouvert. »

Tu n'as pas le temps de répondre à ça. Il y a de nouveaux bruits de pas et une tierce personne vous rejoint.

« Je vois que tu as fait la connaissance de Gilles.
Professeur Abbott. »

Le dénommé Gilles se relève avec empressement, comme pris sur le fait, et tu te forces à en faire de même. Tu ne veux pas qu'il ait des ennuis à cause de toi, même si ce n'est qu'Eliza en face de vous. Il n'est pas censé savoir que vous êtes proches et puis, tu as des excuses à formuler, peut-être même des explications à donner quant à ton comportement.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 22 septembre).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Vu de l'extérieur, vous devez tout avoir de deux enfants pris en flagrant délit de fainéantise par leur mère. Gilles est dans ses petits souliers, les mains se tordant devant lui avant qu'il ne le remarque et les occupe plutôt à lisser les plis de son polo. Tu as le regard fuyant mais tu restes immobile, la voix maternelle dans ta tête te rappelant de ne pas gigoter pour un rien. C'est étrange de ressentir cette sensation quand c'est Eliza qui te fait face. Tu détestes ça et tu apprécies tout aussi peu d'être responsable de cette situation. Ces pertes de contrôle sont insupportables. C'est trop nouveau pour que tu y sois habituée et tu n'es même pas certaine de le désirer.

Contre toute attente, la quarantenaire éclate de rire.

« Vous en faites une tête. »

Elle vous observe l'un après l'autre, un sourire rassurant adressé au jeune homme devenant plus tendre lorsqu'elle te regarde. Tu ne doutes pas qu'elle ait remarqué les larmes mouillant encore tes joues mais elle n'en dit rien. Elle se contente de venir passer le bras autour de tes épaules et t'attire avec elle devant son jeune collègue.

« Gilles, je te présente Seiloh. C'est une bonne amie de Gia. Elle est venue nous rendre visite alors j'en profite pour lui faire visiter un peu le coin. »

Gilles a un hochement de tête un peu perdu et il sourit maladroitement en réponse à cette explication.

Les yeux d'Eliza reviennent vers toi ensuite.

« Gilles est l'un des étudiants en apprentissage à l'aquarium. Un brillant jeune homme, je suis sûre que tu adoreras parler avec lui. »

Pour le moment, tu as du mal à l'imaginer. Ce n'est pas qu'il te soit désagréable mais il va falloir que tu passes au-dessus de l'humiliation d'avoir été trouvée ici en train de pleurnicher. Ce n'est vraiment pas une première rencontre confortable.

« D'aussi loin que je me souvienne, Seiloh s'intéresse à mes recherches. Beaucoup plus que ma propre fille, je dois dire. »

Elle rit à nouveau de bon cœur, peu dérangée par le désintérêt de Gia pour la biologie marine malgré l'air qu'elle se donne. Cette fois, Gilles la rejoint et il y a là une histoire dont tu ne sais rien mais que tu devines. Vu la familiarité avec laquelle elle parle de sa fille avec lui, il ne fait aucun doute que ces deux là doivent se connaître. Tu aimes l'idée que ton amie ait dépassé sa phase de rébellion adolescente et passe à nouveau plus de temps avec sa mère. Le divorce a dû les rapprocher.

« Tout allait bien dans le bassin extérieur ?
Oui, il devrait bientôt être prêt à rejoindre les autres. »

Une seconde s'est écoulée avant que la conversation ne redevienne plus sérieuse et tu n'en es pas mécontente. Au moins, tu n'es plus le centre de l'attention. Tu peux te contenter d'attendre qu'ils terminent de parler boulot, le bras d'Eliza tel une pression rassurante sur tes épaules. Cela te permet de te remettre de tes émotions. Les battements de ton cœur se sont calmés et la boule de stress qui s'était formée au niveau de ta poitrine se desserre doucement.

Tu restes un peu curieuse de ce qu'ils se disent mais il n'est pas question que tu t'immisces dans leur conversation. Tu ne devrais même pas être là. Tes questions seraient sans doute déplacées maintenant que vous n'êtes plus dans un cadre privé. En plus, pour les formuler, il faudrait parler et tu n'en as pas le désir. Parfois, tu trouves dans le silence quelque chose rassurant.

« Je sais que tu as ce rapport sur lequel tu dois travailler. Prends la matinée pour ça, tu peux t'installer dans mon bureau.
Mais, Professeur-
Tu-tu-tut. L'équipe est au complet jusqu'à midi, nous n'aurons pas besoin de bras supplémentaires. Profite de l'occasion, cela n'arrivera pas tous les jours.
Merci, Professeur Abbott. »

Cette attitude ne t'étonne vraiment pas venant d'Eliza. D'aussi loin que tu la connaisses, elle a toujours été comme ça. Il est difficile de ne pas aimer une personne aussi avenante et généreuse. De toute évidence, c'est le cas de Gilles. Il a de nouveau ce tic qui le pousse à passer la main dans les cheveux et une légère touche de rouge colore ses joues.

« Du coup, je suppose qu'on se reverra dans les parages. J'ai été content de faire ta connaissance, Seiloh. »

Tu ne sais pas trop si il est sincère ou si il se contente d'être civil, plus encore pour se faire bien voir par sa supérieure peut-être, mais tu le prends de la même façon que ce soit un cas de figure ou l'autre. Toujours un peu patraque, tu n'as qu'un hochement de tête et un maigre sourire. Tu n'as pas la force pour plus, qu'importe que l'idée de le revoir ne soit pas dérangeante. Elle n'est pas non plus très présente, tu ne le connais pas après tout, même si il t'a laissé une bonne impression.

Avec le départ de Gilles, tu es à nouveau seule avec Eliza. Tu sens la pression revenir, un peu peureuse d'avoir à revenir sur ce qu'il s'est produit. Mais les questions que tu attends ne viennent pas. Elle ne te réclame même pas d'excuses. Encore une fois, et avec beaucoup de culpabilité, tu dois te rappeler qu'elle n'est pas comme tes parents. Elle est leur contraire en tout.

« Il y a un dernier endroit que je veux te montrer. Viens. »

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tentative de fuite:

Eliza t'emmène dans une toute autre direction que tout à l'heure. Tu n'as pas l'ombre d'une idée de ce qu'elle souhaite te montrer, après vous avez déjà fait une sacrée visite, mais tu la suis silencieusement. Partagée entre la confiance que tu as pour elle et le reste de la passivité déclenché par la crise. Vous arrivez devant une porte indiquant que seuls les employés sont autorisés à continuer et elle s'ouvre sur un environnement bien différent de ce que tu as vu jusqu'ici. Le couloir est long, les murs simplement peint dans un blanc qui fait propre et le sol n'est plus fait que de béton ciré qui couine un peu sous vos semelles. Il y a des portes anonymes que la quarantenaire ignore avant que les indications ne refassent surface. A une intersection, des plaques dirigent vers de nouveaux lieux. Parmi les classiques service comptabilité, réserves ou dock de livraison, il y a une location qui attire un peu plus ton attention. La nurserie. C'est vers cette direction que vous vous dirigez et tu ne peux t'empêcher de jeter un coup d'œil derrière ton épaule pour vérifier que tu as bien lu avant de fixer ton regard sur Eliza.

« Tu m'emmènes voir les bébés Pokémon ?
Surprise ! »

Elle le déclare avec une pointe d'exagération, visiblement très satisfaite d'elle-même. Tu ne peux pas t'empêcher de sourire. Comment pourrais-tu rester de marbre à l'idée d'aller observer d'adorables créatures tout juste sorti de l'œuf. A vrai dire, tu n'as jamais vu de Pokémon aussi jeunes, tu ne peux que te fier à ce qu'on t'a dit et à ces documentaires adorables qui passaient parfois à la télévision.

« Un petit Tiplouf a récemment éclos. »

Vous vous arrêtez devant une longue vitre renforcée. Elle donne sur une pièce pourvue de petits enclos à l'allure confortable surplombées de lampe diffusant une lumière rougeâtre. Eliza te désigne la petite créature bleutée sous l'une d'elles. Elle est allongée sur le dos et joue maladroitement avec ses pattes arrières, peu intéressée par l'employée qui vaque à ses occupations non loin d'elle.

« Nous ne nous occupons généralement pas de cette espèce. Les Pingoléon sont très protecteurs de leurs œufs. Ils les gardent entre leurs pattes pour les couver jusqu'à l'éclosion, puis ils continuent à le faire avec le petit jusqu'à ce qu'ils soient capables de générer correctement sa température corporelle. C'est d'ailleurs l'une des espèces de Pokémon où le mâle est le plus impliqué dans la vie de sa progéniture. »

Et, pourtant, ce Tiplouf est ici tout seul. Tu te doutes bien où va cette histoire, elle ne doit rien avoir de joyeuse.

« Ses parents ont été tués peu de temps après sa création. Ils n'étaient pas originaires du centre, ce sont les Rangers qui nous l'ont amenés. Une sombre histoire. Des idiots ont été introduire des Polagriffe sur le territoire d'une colonie de Pingoléon. Ces deux espèces sont capables de cohabiter mais pas lorsque les choses sont faites si brutalement. Des combats ont éclatés et les pertes ont été trop nombreuses. Beaucoup de Pokémon ont dû être transférés dans des centres de soin éloignés. Il en a été de même avec les œufs. Il n'est pas rare que des adultes se partagent la garde des petits mais ceux du centre ne l'ont pas accepté. Ils n'ont même pas voulu s'occuper de l'œuf. »

C'est triste d'avoir déjà vécu tout ça avant même de naître. Tu ne peux pas t'empêcher de te demander si c'est parce qu'il porte des stigmates invisibles du massacre que les autres n'ont pas voulu le prendre en charge. Peut-être parce qu'il venait avec un bagage émotionnel qui aurait été vu comme trop incriminant pour sa survie future dans la nature. Tu vas sans doute trop loin. Tu ne sais même pas si les bébés sont conscients de quoi que ce soit dans leurs œufs. Si ils sentent l'affection que leur porte leurs parents comme chez les humains.

« Tu veux venir lui dire bonjour ?
Je pensais qu'il fallait éviter les interactions avec les jeunes ?
Nous n'envisageons pas de le renvoyer dans la nature. »

Tu te satisfais de cette réponse pour la suivre à l'intérieur de la pièce qu'elle déverrouille après avoir encodé une série de chiffres dans une serrure électronique. Tu n'es pas prête de cracher sur l'opportunité d'approcher cette adorable bestiole originaire d'une région que tu n'as jamais eu l'occasion de visiter.

Eliza salue la jeune femme d'un sourire sympathique et tu hoches simplement la tête en passant. Vous vous approchez du petit enclos et aussitôt tu te retrouves accroupie à ses côtés, les doigts te démangeant d'aller toucher ce duvet bleuté qui apparaît particulièrement doux. La blonde n'a pas tant d'hésitations. Elle attire l'attention du Tiplouf en agitant l'index devant son bec et il laisse échapper un cri joyeux. Maladroitement, il retrouve une position verticale avant de se mettre debout pour approcher. Il se laisse volontiers flatter le haut du crâne.

« Tu peux y aller, il est très amical. »

Ta tentative est plus prudente. Tu ne veux pas l'effrayer avec des gestes trop brusques. Tu prends tellement de temps qu'il vient de lui-même se frotter contre ta main. Son duvet est plus doux encore que tu ne l'avais imaginé. Il dégage une chaleur subtile, très contrastée avec l'aura que dégage la lampe. Il est de toute évidence loin d'être prêt pour le froid polaire des terres de sa conception.

Il t'en faut peu pour retrouver un sourire sincère. Sans le savoir, c'était exactement ce dont tu avais besoin pour passer à autre chose. Une expérience réelle.

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tentative de fuite: