Dans le calme et la sérénité

Le temps était frisquet lorsque Diana mit le pied hors de la maison de son frère Uriel. Elle l'avait déjà embrassé et laissé à ses affaires avant de finir sa valise. Après tout, tout fermier digne de ce nom était déjà au travail avant l'aurore et ses Ecrémeuh n'auraient pas apprécié que la jeune femme accapare trop longtemps l'attention de leur maître. Elle ferma lentement la porte d'entrée derrière elle. Puis, elle plongea la main dans la poche de son gilet pour en extraire une petite pokéball qu'elle caressa avec douceur du bout des doigts. A l'intérieur se trouvait Maze, sa petite Malosse. La rebelle. Celle qui avait attaqué ses dresseurs. Enfin, "dresseur" était peut-être un mot un peu fort. Heureusement, Uriel connaissait quand même pas mal de monde même s'il semblait plutôt isolé dans son domaine. Il avait dû en avoir vu des Pokémons compliqués depuis qu'il avait repris le travail dans la ferme. C'était ainsi qu'il avait conseillé à sa sœur de se diriger à la pension Sérénité et de s'adresser à ses propriétaires pour qu'ils l'aident à éduquer sa chienne infernale.

Dans un soupir, Diana dégagea une mèche argentée de son visage. Elle hésitait. Non pas d'aller demander conseil, puisqu'il était nécessaire de savoir dresser Maze, mais plutôt sur ce qu'elle allait faire d'elle. Il avait été question de partir en voyage initiatique mais avec le temps, c'était devenu plus de l'ordre du fantasme que d'un objectif de vie. Elle ne s'y voyait pas spécialement et, comme lui avait montré la situation avec la petite chienne, elle n'avait pas vraiment de don pour le dressage. Soudainement, comme pour montrer à Diana qu'elle avait tort, Hirohime se dépêcha de se réfugier entre ses bras. La jeune fille s'amusa de voir la Funécire briser ses doutes sans un mot. Peut-être avait-elle lu dans ses pensées ? Après tout, les spectres étaient des créatures particulières.

C'était vrai que l'informaticienne avait noué une relation assez proche avec la petite bougie. Et aussi avec Mazikeen, même si leur relation n'était pas franchement au beau fixe pour le moment. C'était aussi le cas avec d'autres Pokémons, et le petit dernier : un tout petit Gruikui qui resterait pour le moment auprès des siens, dans la porcherie d'Uriel. Quelque part, elle commençait à avoir une vraie troupe à ses côtés. Pour quelqu'un qui ne faisait pas un métier en lien avec les Pokémons et qui ne n'avait pas vraiment le luxe de s'occuper d'autant de créatures, c'était quand même pas mal.

Apercevant son frère chevaucher un Tauros et traverser un pré au triple galop, l'informaticienne ne put s'empêcher de pouffer. Sa famille n'imaginait pas à quel point son boulot l'amusait, même si ce n'était de toute évidence pas le plus simple à faire. Cela lui donna du baume au coeur et du courage pour la suite. Il était temps de partir à la rencontre de mademoiselle Torri.

– Hiro, non ne l'embête pas...

Le murmure atteint les petites oreilles du Funécire mais sut ne pas déranger la Kungfouine qui passait par là à la recherche de fruits à coque. La Forêt Blanche était un lieu nouveau pour Diana, elle qui était habituée à Volucité, mais aussi pour le petit Spectre qui avait passé la majorité de sa vie dans un grenier. Elle était curieuse de tout. Mais elle savait aussi écouter sa maîtresse. Les lieux étaient agréables et paisibles, le ciel ensoleillé malgré un froid automnal déjà bien installé. L'hiver n'allait pas tarder, ce qui se voyait par les tons rougeoyants des arbres et buissons. Se sentant bien, Diana comprenait sans mal pourquoi la pension dans les environs portait son nom.

Lorsqu'elle vit enfin la maison sur laquelle était inscrit "La Roche aux Fées", Diana poussa un petit soupir de soulagement. Elle invita sa petite compagne de route à entrer dans sa pokéball, histoire de ne pas déranger les pensionnaires du havre de paix, et frappa à la porte. Quelques instants plus tard, n'ayant aucune réponse, elle réalisa qu'il s'agissait d'une salle d'attente. Elle s'engouffra alors à l'intérieur.

HRP : Comme vu ensemble, je te laisse mon petit Malosse pour qu'il passe du niveau 5 à 20. Je t'ai envoyé les 450P$, merci de t'occuper de son éducation ! :p

Des lunettes sur le bout du nez, un air concentré et l'ordinateur qui moulinait depuis maintenant cinq bonnes minutes. Cinq minutes interminables qui avaient fait lâcher l'affaire à Elimona et chercher Jun pour la secourir. Le logiciel de compta n'était même pas ouvert quand il prit place dans le fauteuil. C'était une belle journée bien fraîche, Elimona trépignait à l'idée d'aller faire un tour dans la forêt pour entraîner les pensionnaires du moment. Mais la comptabilité avait été relégué au lendemain un nombre incalculable de fois. Jun s'était alors énervé et avait interdit toute sortie à la jeune femme tant que le travail ne serait pas fait. Une dispute avait éclaté, ou plutôt un gros caprice. Mona avait fait un scandale devant ce comportement paternel, lui rappelant qu'il était censé être son amant et non son père, malgré la grosse différence d'âge. Jun n'avait pas ciller, la fixant de toute sa hauteur, attendant qu'elle est terminée sa grosse colère. Résultat, elle avait été dormir dans la chambre d'ami pour la nuit. Si les premières heures avaient été difficile, remuante et incapable de faire le vide dans sa tête. La jeune femme avait tourné le problème cent fois avant d'arriver à l'évidence. Jun était obligé de prendre ce rôle de père car, elle se comportait comme une gamine. Ce n'était définitivement pas le comportement à avoir quand on tenait une pension. Extrêmement honteuse, elle s'était finalement levée en pleine nuit pour le rejoindre et s'excuser. Son compagnon ne dormait pas, un livre dans les mains et une barre soucieuse sur le front, il avait attendu que la situation de se calme. Ils s'étaient réconciliés et le lendemain matin, Mona avait allumé l'ordinateur, bien décidée à remplir toutes les obligations d'une patronne. Puis le logiciel avait mit deux plombs à s'ouvrir, l'obligeant à aller chercher Jun :

- C'est un logiciel très lourd, expliqua-t-il calmement. Il met souvent du temps à s'ouvrir . Tu as rassemblé tous les papiers ? Toutes les factures ?

Même s'il continuait à prendre sa voix de papa qui l'énervait, elle ravala sa mauvaise humeur pour fouiller dans son range document. Elle en sortie un tas de feuille désordonné avec le tampon facture inscrit en rouge. Un sourcil relevé, signe de scepticisme, elle allait devoir vérifier que tout était là. L'heure suivante fut affreusement longue pour la jeune femme qui se tournait régulièrement vers la fenêtre, regardant le temps passer sans pouvoir en profiter. Jun était resté devant l'ordinateur, ses mains courant habilement sur le clavier pour rentrer la tonne de chiffre de l'année. Ils arrivaient enfin au bout du tas de feuilles.

- Bon ? Alors ça donne quoi ? On n'a plus d'argent ?

- Hum...

Elle dû se lever pour vérifier par elle-même car, Jun venait d'ouvrir une nouvelle page sur le navigateur. Elimona resta un moment à fixer le chiffre noté sur le bout de papier sous une très longue addition. Un chiffre énorme avec plein d'autres chiffres. Elle ne savait même pas comment l'épeler. Quand elle releva la tête sans savoir quoi dire, à part lui demander s'il n'avait pas fait d'erreur, Jun cliquait sur un site de vente de machine de soin.
On toqua à la porte. Les deux éleveurs relevèrent la tête, se demandant un instant si la très convoitée machine de soin ne venait pas juste d'arriver. Elimona regarda encore le chiffre puis le site, comparant les deux prix, réalisant qu'elle avait enfin les moyens de s'acheter cette merveille d'invention.

- On peut se le permettre ? Questionna-t-elle, ne réalisant pas encore.

Depuis la création de la pension, Elimona avait toujours dit qu'il y aurait une machine de soin comme dans les centres pokémons. Pour que les dresseurs puissent venir se reposer ici. Mais ce genre de machine était extrêmement cher et cette étape avait dû attendre. Jusqu'à aujourd'hui.
Une jeune fille entra timidement, suivit d'un Funécire. Au comble de la bonne humeur, Elimona l'accueillit avec un large sourire.

- Bonjour ! Bienvenu à la pension Sérénité. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Entraînement ? Conseil ? Soins naturels avec les plantes ? Tout est possible.

Pour la première fois en compagnie d'une inconnue, Jun sourit. Même si ce n'était qu'un imperceptible étirement de sa commissure de lèvre droite, il avait sourit. Lui, toujours inflexible et brute, ressentait le bonheur de vivre et de grandir au sein de cette pension et en compagnie de cette jeune femme un peu immature mais toujours rayonnante.

Les sous ont bien été reçu! Je m'occupe de l'entraînement de ta petite Malosse ^^