Ca ne fait pas si longtemps que j'ai repris le travail, mais il faut croire que je me débrouille bien puisqu'on m'envoie déjà en mission tout seul. C'est vrai que l'exploration de reprise s'est bien passée et que je me débrouille mieux en général, car je m'efforce d'être plus concentré histoire de ne pas penser au reste, mais... Je pensais qu'avec les boulettes que j'ai fait avant de finir en arrêt, il leur faudrait plus de temps pour me faire confiance. C'est assez valorisant. Enfin, reste encore que j'arrive à accomplir ce qu'on m'a demandé et que je fasse pas de connerie. Ou pas trop en tout cas.
Le vieux m'a envoyé jusqu'à une grotte touristique se situant dans la région de Sinnoh. La particularité de cet endroit est que les propriétaires invitent les visiteurs à participer à des pseudo-fouilles organisées, pour leur donner l'impression d'être des vrais explorateurs, archéologues ou géologues, selon les fantasmes. Au départ, j'étais un peu perplexe quant au fait d'être envoyé aussi loin et surtout dans un endroit pareil, mais apparemment c'est une occasion unique et tout le tintouin qui va avec. De ce que j'ai compris, notre cabinet d'ethologues est invité par les dirigeants d'un site de fouille à aller faire un tour dans les galeries interdites au public. L'idée est de faire en sorte de promouvoir les lieux, pour montrer au public qu'il y a encore des tas de choses à découvrir, et lancer un appel aux dons pour financer le chantier. En effet, le budget aurait plus été alloué à la fonction d'attrape-touristes qu'à autre chose ces derniers temps donc les chercheurs sont en galère. Au départ, c'est Célestin qui était tout désigné pour accomplir cette mission, vu sa passion pour les vieux cailloux, mais le plus important dans cette mission est de rapporter des visuels. Et le type qui s'occupe de ça, c'est moi. Donc me voilà, armé de mon appareil photos, aux portes du site.

Je ne suis pas de la meilleure humeur, car on m'a cherché des emmerdes à l'aéroport, soi disant qu'on avait paumé mes affaires alors qu'il a suffit qu'un employé un peu moins bigleux que les autres aille vérifier, mais au moins je ne suis pas en retard. Enfin pas encore, car maintenant il faut que je trouve où je suis sensé aller et je sens que ça ne va pas être évident : à part l'entrée pour acheter un billet et participer à la visité de la grotte, je ne vois pas de moyens de pénétrer à l'intérieur. J'aurais voulu éviter d'avoir à demander aux personnes de l'accueil, mais je suppose que je n'ai pas le choix. Après m'être dirigé vers eux et leur avoir montré ma carte d'éthologues et les courrier qu'on m'a envoyé en leur précisant la raison de ma venue, ils me demandent de patienter pendant que l'un d'eux va chercher un collègue.
Pendant que j'attends, j'observe les gens qui font la queue. Il y a beaucoup de familles avec leurs enfants. C'est vrai que ça doit être cool comme activité pour un môme, même si c'est que du flan. J'aurais bien aimé faire un truc comme ça... Niveau archéologie et vieux trucs, le seul truc que j'ai pu voir et que j'ai trouvé sympa c'est le Musée Archéologique de Maillard où il y a des squelettes de pokémons fossiles et autres créatures disparues. Je suis d'ailleurs à peu près sûr que c'est le seul musée du monde susceptible de m'intéresser, mais bref. Je vois que lorsque les familles sont sur le point de pénétrer dans la grotte, il leur est remis une sorte de petit kit d'exploration, qui doit contenir des petits outils ressemblant plus à des jouets qu'au vrai matériel, ainsi qu'un livret qui me fait penser à ceux qu'on donne parfois aux enfants dans les lieux culturels et où il faut qu'ils répondent à des questions au cours de la visite. Le truc trop chiant. Rose adorait ça, parce qu'elle y arrivait et ça lui permettait de se la péter devant moi, puis elle râlait parce que j'en avais rien à foutre.
Un homme finit par venir me chercher. Il m'explique que c'est un des chercheurs et qu'il va m'ouvrir les galeries où j'ai le droit d'aller. Il prend également un temps pour me préciser que ces endroits sont balisés et sécurisés, juste pas aux normes pour le public. Il faudra que je reste sur les chemins où il y a des balises rouges, et rien qu'avec ça je devrais avoir de quoi faire niveau exploration et photos. Il me demande aussi si j'ai des pokémons avec moi, car on peut encore rencontrer des pokémons sauvages dans ces galeries. Je lui répond brièvement que oui pendant qu'il m'emmène vers une autre entrée de la grotte, cachée derrière un petit bâtiment en préfabriqué. Apparemment, ça a été mis là pour servir d'espace de repos aux chercheurs, mais aussi d'entrepôt pour tout le matériel dont il peuvent avoir besoin. J'aurais bien aimé voir à quoi pouvaient ressembler leurs outils, mais ce n'est visiblement pas au programme.

- Vous risquez d'avoir froid par contre, précise-t-il alors que nous sommes sur le point de pénétrer dans la grotte. Devant mon air perplexe, il précise : Il fait encore bon à Sinnoh à cette saison, mais la température à l'intérieur de la grotte est bien plus fraîche. Vous avez une veste ou quelque chose ?, moi et mon t-shirt manche longues que je pensais suffisant lui répondons que non, alors il nous demande d'attendre, rentre dans le préfabriqué, et en ressort avec une veste grise et noire qu'il me donne.

Je le remercie... Et finit par l'enfiler quand je constate qu'il ne nous fera pas bouger si je ne mets pas sa vieille veste sortie de je ne sais où. Au pire, je l'enlèverai dès qu'il m'aura laissé tranquille. J'espère qu'il va me laisser tranquille. Personne ne m'a parlé d'une nounou, et vu ce qu'il m'expliquait sur les balises, il y a bien des chances que je sois laissé tout seul.
Après ça, nous pénétrons dans la grotte. Les murs sont un peu humides, des stalactites pendant au plafond et, parfois, des gouttes d'eau en tombent. Je vais peut-être garder la veste, finalement. Ce que je remarque tout de suite, c'est que les couleurs des parois de cette grotte sont assez belles : la roche est claire et il y a par endroit des traces colorées, comme si de la poudre de ces mêmes teintes avaient été piégée dans la roche. Quand je commence à prendre des photos, l'homme m'explique que cette grotte était autrefois un site d'excavation de pierres d'évolutions. Il y en avait une concentration assez incroyable, sans qu'on sache encore s'expliquer pourquoi bien que les recherches soient en cours. Seulement, les extractions ont dû cesser car cela fragilisait grandement le site et que cela devenait dangereux. Ce que j’appelais de la poudre, c'est des résidus de pierres d'évolution. L'homme en profite pour me préciser, à ce moment là, que certaines des galeries que je vais explorer sont artificielles, creusées à cette période, mais qu'elles sont bien sûr toutes sécurisées.

- Je vois, merci pour les explications. Je peux commencer ?, manière à peu près polie de lui demander de dégager et me laisser tranquille.

L'homme prend encore le temps de me montrer à quoi ressemble une de ces fameuses balises rouges avant de partir. Je me retrouve enfin seul dans cette grotte, je vais enfin pouvoir faire mon travail et... J'aurais peut-être préféré qu'il reste et continue de m'emmerder, en fait. D'un coup, je me sens mal à l'aise, tout en sachant très bien d'où ça vient. Je suis tout seul. Je dois faire quelque chose. Le faire bien. Tout seul. J'ai tendance à serrer plus fort les mains autour de l'appareil photo, comme si je cherchais à m'y raccrocher. C'est bête. C'est l'occasion de me prouver à moi-même que je suis capable de faire des choses bien pour le travail et de le faire sans l'aide de personne. Juste par moi-même. Pour moi-même. Tout en gardant en tête que c'est juste prendre des photos de galeries, donc ce n'est pas si ouf que ça au final, mais il faut bien commencer quelque part.
Je secoue la tête, respire un grand coup, et commence à avancer dans le tunnel principal.

Oui, je sais. Giacomo, c’est quand que tu te bouges le cul pour tes badges ? Giacomo, c’est quoi ton problème avec les matchs d’arène ? Giacomo, t’as décidé d’être apprenti toute ta vie ? Et bla et bla et bla. Je sais tout ça, je le sais PARFAITEMENT. Disons juste que voilà, il y a eu des imprévus, des trucs qui se sont immiscés entre temps, et tout. J’ai pris le temps. J’ai pas franchi le cap, tout ce que vous voulez. Mais… c’est pas de la peur. Ça va y’a des gosses de dix ans qui battent des champions d’arènes et parviennent à avoir des badges, c’est bon, ce sera qu’une formalité ! Faut juste que je m’y mette, c’est tout. J’ai toujours été long à la détente, de toute façon. Lino vous le dira sans se faire prier. J’suis ni hyperactif comme Fiona, ni une tête comme lui. J’prends les choses comme elles viennent, et si elles viennent pas, j’avoue, me faut souvent un peu de temps pour les bousculer. Ça va venir, vous en faites pas. Je l’ai dit à Ian, avant la fin de l’année, je les aurais mes badges, c’est une promesse entre lui et moi (même s’il a rien demandé). En vrai, il me fout pas la pression, lui. Il m’a demandé, il me donne des conseils mais il me prend pas la tête. C’est pour ça que je l’apprécie. En ça il me fait penser à mon père… pas prise de tête non plus le padre. Et certainement pas sur des trucs qui concernent les pokémons. « Tant que t’aimes c’que tu fais. »

Ah ça, ouep, j’aime ce que je fais ! Je sais que l’institut Sillage n’a pas pour projet de me voir en formation à vie – et moi non plus – mais jusque-là, ça va. Y’a toujours de quoi faire de toute manière, les élèves et les Rangers affiliés sont appelés partout dans le monde, pour donner des coups de main ici, surveiller cela, faire des retours d’expérience là et même, parfois, participer à des conférences à vocation écologique. Alors oui, y’a de quoi faire, en général. Même si là, j’avoue, j’l’ai pas vu venir. C’est Monsieur Arden, le professeur en biodiversité, qui m’a topé à la fin d’un de ses cours.

« Chaque semestre environ on envoie un élève de l’institut au souterrain d’Almia.
- … L’attraction pour les gosses, là ?
- Entre autres, oui.
- Qu’est-ce que je suis censé y faire ?
- Il y a une partie ouverte au public, c’est vrai, mais également toute une zone véritablement rocheuse avec de larges cavités et des grottes dans lesquelles tout un écosystème vit depuis des siècles. Sans compter la dimension géologique du lieu et les fouilles scientifiques qui s’y tiennent. C’est une mise en situation intéressante. L’élève en formation doit faire un topo sur les espèces pokémons qui s’y trouvent, s’assurer que rien ne perturbe leur développement naturel et faire part de ses observations aux chercheurs sur le site.
- Oh, ok.
- Nous avons un interlocuteur sur place, le professeur Hermann, qui est habitué à présenter une partie des fouilles et ce qu’il y a à savoir sur l’endroit aux élèves que l’on envoie. Ian s’est porté garant de toi, Giacomo. Qu’est-ce que t'en penses ?
- Ça me va carrément, oui. Avec plaisir. »

En vrai je suis pas un expert des grottes depuis une certaine excursion dans la mine de Galar où j’ai réussi à être sous l’emprise d’une Onde-folie d’un Chovsourir. Le vieux, ça l’a bien fait marrer. Moi moyennement… mais du temps a passé depuis, c’est bon j’ai eu le temps de m’améliorer à ça ! Donc ouep, franchement découvrir de nouveaux trucs je suis toujours pour. Je suis pas une encyclopédie humaine comme certains, c’est par l’expérience du terrain que j’apprends le mieux, en général. Je comprends bien d’ailleurs que c’est à la fois une mission de surveillance, d’évaluation de l’écosystème, qu’une manière de représenter l’institut.

C’est comme ça que je me retrouve donc sur la petite île d’Almia, en région de Sinnoh, complètement paré : sac à dos blindé (corde, lampe-torche, gros couteau-suisse, des potions de toutes sortes, pokéballs spéciales si quelque chose ne va pas, etc.), mon téléphone pour prendre des photos ou des vidéos si nécessaire et un carnet. J’suis censé noter des trucs il parait. Ce n’est franchement pas mon délire, on verra bien. Au pire je me ferais un récap à l’arrache une fois sorti. Ça fait trois heures que je suis arrivé, j’ai fait un créneau par un laboratoire à deux pas du centre pokémon de l’île où le professeur Hermann m’a fait les présentations de rigueur. Il m’a donné quelques consignes et m’a expliqué les fouilles en cours. Apparemment il ne peut pas y être pour le moment, il est attendu sur autre chose de ce qu’il a dit.

Je jette un coup d’œil à l’entrée du souterrain. C’est clinquant et blindé de familles. Je m’attendais à ce qu’il y ait du monde mais pas autant. En même temps… c’est vrai que ça peut être sympa quand t’es gosse ce genre d’endroit. Lino m’a dit qu’il y a des jeunes qui se font des concours, aussi, à celui qui trouvera le plus de lots enterrés. Peut-être que je devrais tester, à l’occaz ! En attendant j’suis pas là pour ça, alors je montre le laisser-passer qu’on m’a filé et je rejoins le chercheur que m’a présenté le professeur Hermann. Il me conduit vers une entrée à l’écart qui va me permettre de rejoindre les galeries ouvertes aux scientifiques. J’lui indique que j’ai déjà eu pas mal d’explications et il me laisse rapidement tranquille. Tant mieux.

Une fois seul, j’fais apparaitre Rockabilly, mon Racaillou d’Alola. C’est le genre d’environnement qui va lui plaire ça. Il a un son rauque et un visage heureux en me voyant. « Salut Rock, on va s’balader un peu. » Il en demande pas plus et je prends le premier tunnel sur la droite. Si je me trompe pas, c’est par là.

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(1003 mots)

Grille 4 : je démarre ma session en creusant en D2.

Au départ, j'ai voulu prendre Rubis avec moi. Puis je me suis dit que l'environnement humide et surtout les gouttes qui risquaient de lui tomber dessus allaient le rendre insupportable. Du coup, à la place, j'ai opté pour Malach' en me disant que je suis dans un environnement où mon nucléos aura beau donner des coups dans les murs, il se fera plus mal que la grotte. Pas une seule seconde je songe que les vibrations provoquées par les coups pourraient me faire tomber des stalactites fragiles dans la gueule.
Pour une fois, en plus, Malach' se tient tranquille. Il n'a pas essayer de me frapper par réflexe dès la sortie de la pokéball et se contente d'observer son environnement d'un air intrigué. Enfin, j'imagine qu'il a l'air intrigué vu qu'il ne peut pas changer d'expression faciale. Je lui montre les parois poudrées de résidus de pierres d'évolution en faisant mon intelligent comme s'il pouvait vraiment comprendre mes paroles.

Pendant ce temps, j'évolue dans la galerie principale, en prenant des photos de ce qui me semble joli. J'essaye aussi d'en prendre avec mon téléphone pour les envoyer à Rose et Aram, mais c'était oublier que dans les grottes il n'y a en général pas de réseau. Celle-ci ne fait pas exception à la règle... Je me demande comment je suis sensé faire si j'ai un problème : on ne m'a pas donné d'outil de communication. Bah, au pire, j'enverrai Malach'. Il n'y a aucune raison pour qu'il m'arrive quoi que ce soit de toute façon. Je suis prudent. Je reste prudent et... C'est quoi ce truc dans la galerie là ?
Je suis face à un tunnel dans la roche au bout duquel j'ai l'impression de voir de l'eau. S'il y a un lac souterrain, j'ai bien envie de voir ça. Par contre... Je n'ai pas l'impression que ce soit si bien éclairé et je ne vois pas de balise rouge. Ce qui doit vouloir dire que c'est un espace interdit, même pour moi. Je réfléchis quelques instants : ça n'a pas l'air si loin que ça et je ne vois rien qui pourrait être dangereux. C'est bête que je n'ai pas le droit d'y aller alors que ça pourrait faire de super photos pour le rapport et la promo du lieu.
Et puis de toute façon, il n'y a personne pour me surveiller.

Bah oui, s'ils n'avaient vraiment pas voulu que j'y aille, il aurait fallut que quelqu'un m'accompagne pour me guider. Ce n'est pas le cas. Si jamais on me chope, j'aurais qu'à dire que je n'avais pas vu qu'il n'y avait pas de balise ! Je sors ma lampe de poche de mon sac et commence à avancer dans le tunnel interdit.
Ici, il reste beaucoup plus d'éclats de pierres évolutives dans les murs qu'ailleurs, ce qui rend le tout encore plus magnifique. Je prends des photos comme je peux, malgré l'obscurité. Malach' flotte sagement à côté de moi, jusqu'à ce qu'on arrive plus proche de l'eau que j'ai vu vers laquelle il se précipite pour regarder son reflet. Moi, je suis un peu déçu : j'avais imaginé un lac et en fait je me retrouve face à une grosse flaque. Ca ne m'empêche cependant pas de prendre des photos avant d'aller m'accroupir juste à côté pour passer la main dedans. L'eau est froide, évidemment, mais je suis étonné par sa clarté. Je vois au travers presque comme s'il n'y avait rien. Ca aussi, je le photographie, parce que l'eau pure et tout le tintouin, c'est toujours mis en avant sur les paquets de bouteilles d'eau, donc ça doit être important niveau marketing.

En me redressant, je vois que Malach' s'est déplacé vers une autre galerie, qui n'est pas celle par laquelle nous sommes venus. Quelque chose a l'air de l'intriguer. Hmm... Je n'ai que quelques instants d'hésitations avant de le rejoindre : bien sûr que je me souviendrai par où je suis passé !
La galerie repérée par mon nucléos monte. Elle est assez grande pour laisser passer au moins deux êtres humains, mais n'a pas été spécialement aménagée pour être praticable. Il y a juste une corde qui a été accrochée au mur, tenue en plusieurs endroits à la paroi. Ca me fait pas peur, je grimpe assez facilement. Qu'est-ce que c'est bien tout de même de pouvoir utiliser ses deux bras ! Ca fait quelques temps déjà que j'ai enlevé mon plâtre, mais ça reste encore un bonheur de pouvoir bouger comme j'en ai envie.
Une fois au-dessus, je dois me pencher pour pouvoir continuer à avancer. Le plafond de la grotte est bas, mais au moins il n'y a pas de stalactites ici. Malach' continue d'avancer. Je lui demande ce qu'il a vu, comme s'il pouvait me répondre, et il se contente de me regarder en faisant vibrer sa membrane. Ok. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Tant pis. Je continue de le suivre.

Finalement, j'arrive au bout d'un tunnel et je manque de me casser la gueule. La sortie du tunnel est un peu surélevée par rapport au sol qui arrive derrière. Sol qui est celui d'une galerie plus grande et spacieuse, qui pourrait ressembler à une comme la principale... J'espère que j'ai pas fait le con et que je me retrouve pas sur le parcours touristique. Là, je serais complètement grillé ! Heureusement, il semble que non car je ne vois personne. Je descend donc de mon petit tunnel. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il n'y a aucun marquage ici, aucune balise, et pourtant... C'est super bien éclairé, je n'ai même pas besoin de ma lampe. Peut-être que c'est une galerie qui sera habilitée bientôt ?

- Bon Malach', tu voulais voir quoi ici ?

Mon nucléos me regarde, puis se remet à vibrer. C'est alors que j'entends des voix venant de plus loin dans la galerie... Et qui se rapprochent. Je comprends pas ce qu'ils disent, mais faut pas que je reste là : je vais me faire choper dans un endroit où j'ai pas le droit d'être. A tous les coups ce sera une faute professionnelle ! Vite, je retourne dans le tunnel d'où je viens pour me cacher.
… Putain Malach' ! Il m'a pas suivi et reste en plein milieu. Cache-toi abruti !

- Raaah, j'en ai ma claque de cette grotte !
- Moi aussi, mais la paye vaut le coup. J'arrive toujours pas à croire qu'ils aient laissé ces pierres là pendant tout ce temps, c'est une montagne de fric !,... Y m'a pas dit que c'était fini ça l'autre chercheur ? C'est quoi ce bordel ?
- Ouais bah vaut mieux vu le taff... … C'est quoi ce nucléos ? Y en a ici maintenant ?

Et Malach' de foutre un énorme coup de boule à celui qui vient de parler. Nooooooooooooooooooooooooooooooon !!

En vrai je sais plutôt bien où je suis censé aller. Au laboratoire le Professeur Hermann m’a filé un schéma macro des galeries et de la zone des recherches. Même si je sais que le réseau 4G, comme souvent dans les missions, c’est pas trop ça, je l’ai sauvegardé en dur sur mon téléphone. Pratique pour le consulter à tout moment. Ça va m’aider, c’est certain ! D’ailleurs, comme je le sentais venir, Rockabilly est complètement enthousiaste une fois qu’il réalise ce qui l’entoure.

On avance tranquillement pendant plusieurs minutes puis d’un coup, je le vois qui s’agite. Comme pour s’amuser le voilà qui cogne contre l’une des parois. Dans sa tête c’est sans doute doucement mais en vrai, c’est quand même assez fort. « Héééé, Rock, calme ! Calmos ! ». Je voudrais pas qu’il ameute quelqu’un ou qu’il pète quelque chose. Je m’approche avec ma lampe torche et je remarque sur le mur de pierre de légers éclats qui scintillent. Comme me l’a expliqué le scientifique, cette grotte est connue pour ses éclats et autres résidus de pierres d’évolutions à même les parois. Vu comment mon Racaillou d’Alola réagit, il doit y avoir des microfragments de pierres foudre dans le coin. « Électrique, hein ? » De toutes petites étincelles sont visibles au sommet du crâne du Racaillou, son corps magnétique réagit avec l’environnement.

Je le laisse faire un instant et je récupère un peu de poussière du bout de mes gants. Sur mes doigts, en effet, je remarque un léger scintillement au passage de ma lampe torche. « C’est classe. » Sûrement pas la réflexion la plus scientifique qui soit, mais le premier truc qui me vient en tête. Savoir parce qu’on me la dit et le constater avec mes yeux, c’est différent. Tandis qu’on progresse, je me détache du plan sur mon téléphone pour vraiment profiter de l’endroit. Pour le moment les galeries par lesquelles je passe sont assez larges et hautes pour que je m’y tienne debout. Seulement on m’a prévenu : ça peut changer très vite ! L’ambiance du tunnel a un petit côté angoissant… mais les balises par ci par là permettent de se repérer et font des points de lumière bienvenus. Ça m’empêche pas de scruter dans tous les sens à chaque pas que je fais. En plus de la roche et des multiples facettes de celle-ci, je sais qu’il y a pas mal de pokémons dans le coin. Le genre discret, à pas trop se faire remarquer, à vivre dans l’ombre, dissimulés dans la roche ou sous terre. Au détour d’une galerie on débarque dans une cavité un peu plus large et Rock a un mouvement vif. Je tourne la tête et remarque un amas de pierres et de stalagmites, au milieu desquels je devine la présence… d’un Nodulithe ! Il est petit, craintif et je braque rapidement ma lampe dans une autre direction, j’vais pas l’effrayer plus. Le Racaillou, lui, commence à avancer vers lui et je claque ma langue contre mon palais.

« Non Rock, on va pas l’embêter. » Mon pokémon fait la moue mais revient finalement vers moi.

Je scanne le coin des yeux, me faisant comme des notes mentales que j’écrirais – si j’y pense – dans mon carnet pour mon rapport. J’suis du genre à avoir une mémoire visuelle, ça devrait le faire. Finalement je prends la galerie en face de celle par laquelle on est arrivé. J’peux pas m’empêcher de lever fréquemment les yeux, au cas où. J’ai pas envie qu’un Nosferalto ou n’importe quelle autre espèce chauve-souris me surprenne pour me retourner le cerveau !

Rock fait son petit bonhomme de chemin et… je le suis. Il bondit tranquillement, et tapote (cogne ?) parfois dans les parois à sa portée. A un moment on débouche sur un croisement et il décide de prendre tout droit. Ça mène sur une galerie qui semble monter et se resserrer. Je percute pas forcément l’absence de balises mais je remarque assez bien un vrai gros éboulement plus loin, à la lumière de ma torche. Faut que je m’abaisse un peu pour progresser. « C’est bouché par là. » Je me demande bien ce qui peut être à l’origine de ça… une activité sismique ? Je me suis pas renseigné particulièrement. Ou bien les activités humaines ? Les chercheurs ont l’air d’être prudents mais allez savoir…

Ce qui est sûr c’est que Rock ne semble pas vouloir laisser ça comme ça. Il s’avance et par la force de ses deux gros bras agrippe l’un des rochers. Il fait bien quatre fois ma tête en diamètre et… j’le regarde faire. « Euuuh… t’es sûr ? » Vu l’énergie qu’il y met, il a l’air ! Alors vas-y qu’il tire d’un coup le rocher en question et le porte comme si de rien pour le laisser rouler plus bas. Je zieute derrière moi… d’un côté je me dis qu’au moins il a le mérite de libérer la galerie, de l’autre, je sais pas si c’est ce qui est attendu de moi. Mais bon, c’est fait c’est fait. Alors je récupère quelques grosses pierres que je dégage à mon tour et en quelques minutes on est bon, l’accès est dégagé. Et du coup, j’ai bien envie de voir ce qui se trouve en face. Personne ne s’en encore rameuté, de toute façon.

« Bon bah go ! » Rock se fait pas prier, de toute façon. Je crois que dans une grotte comme celle-ci, c’est un peu lui le chef. Il sait sans doute mieux que moi ce qu’on fait ici. Alors je me courbe totalement et on avance, ça grimpe pendant de nombreux mètres et on finit par arriver à un nouveau croisement. Là, la galerie en question est plus large et je peux me redresser. J’ai un coup d’œil pour la carte sur mon téléphone et comme je pouvais m’y attendre à cause de l’éboulement, on est hors balisage. « On jette un œil et on revient sur nos pas. » Ça part d’une bonne intention, hein ! On a libéré l’accès et je suis censé regarder, alors je regarde, c’est tout.

Je regarde et j’entends. On a fait quelques pas et mon Racaillou semble avoir entendu quelque chose. Je tends l’oreille et… des voix. Sans doute qu’il y a un autre moyen d’arriver jusque-là, alors ? Des scientifiques sont surement déjà dans le coin vu qu’en avançant je remarque qu’il y a un éclairage différent. Au pire je me pointe, je joue la carte du Ranger curieux et je vois. Ça m’intéresse d’observer un peu ce qu’ils font.

J’continue de progresser, en confiance. J’ai le droit d’être là – je crois. J’ai quand même invité Rock à rester auprès de moi. C’est au bout de quelques mètres que j’entends un bruit sourd et de l’agitation. « Putain de Nucléos de merde ! »

Je me fige, un Nucléos, dans une grotte ? C’est clairement pas leur environnement habituel. Par réflexe je presse le pas. Derrière une espèce d’installation avec deux grosses caisses en plastique blanc l’une sur l’autre, j’remarque d’abord un homme qui s’est redressé vivement et un autre qui se tient le visage. Y’a bien un Nucléos tout proche et je cours à son niveau avant que le deuxième type ne s’excite.

« Hé, non, c’est bon, je gère ! » D’un signe de main, Rock capte mon intention et jette de la terre sur le Nucléos, de quoi le déstabiliser. C’est pas une espèce violente, en général. « Calme, calme. » J’lève les bras comme pour lui dire que j’ai rien contre lui.

Moi non, les deux autres types c’est différent.

« J’vais me le faire ! » J’ai pas tout suivi mais j’imagine que c’est celui que le Nucléos a touché. L’autre gars l’ouvre alors : « Non c’est bon, Pete, remets-toi au taf. » Puis il tourne la tête vers moi : « Toi là, tu dégages ce truc et tu redescends ensuite. On a trouvé un filon, faut se magner. »

Mais le dénommer Pete me fixe avec une sale gueule. C’est le genre de mec à qui on peut pas trop donner d’âge. Ce qui est sûr c’est qu’il a pas une gueule de scientifique. « J’t’ai jamais vu, toi, t'es qui ? T’as pas ta veste ? »

Ok, je comprends rien de quoi il cause mais… j’ai comme un sixième sens pour les plans foireux. Genre ça gueule « alerte alerte alerte » dans ma tête, et pourtant je m’entends dire : « J’suis Sam, j'suis nouveau. La veste ? ... J’l’ai oubliée, sorry.
- T’entends ça, il a oublié sa veste ?!
- Laisse, on a du boulot ! »

C'est un miracle que mon mensonge passe. Question de timing, sinon je sais pas trop ce que j'aurais fait. J'ai pas l'impression qu'ils s'attendaient à voir quelqu'un de "pas au courant" (au courant de quoi, hein ?). L’autre mec s’éloigne déjà résonne. Le Pete est sceptique et s’éloigne en traînant la patte, j’insiste pas et je me reconcentre sur le Nucleos. Qu’est-ce qui se trame ici ?

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(1522 mots)

Grille 4 : je creuse en D2.
(ps : j'ai pas la ref mais j'aime le gif xD)

Je suis dans la merde. Quand j'y repense, c'était à peu près sûr que ça allait finir comme ça, vu que je suis un incapable quand je suis tout seul, mais je pensais pas que ça arriverait aussi vite. Par réflexe, j'ai mis mes mains devant mes yeux, comme si ça allait effacer le fait que Malach' ait mis un coup de boule à l'un des deux hommes... Qui n'ont d'ailleurs pas l'air d'être là pour s'amuser. Il faut que j'aille récupérer mon pokémon, mais comme il n'a pas l'air décidé à revenir de lui-même je sais pas trop comment m'y prendre. Déjà, il faudrait que j'attende que les deux inconnus soient partis, pour ne pas trop me mettre en porte à faux. Et s'ils commencent à vouloir chercher des embrouilles à mon nucléos... Il faudra bien que j'intervienne et que j'assume mes responsabilités de dresseur.
Seulement, un événement imprévu se produit : une troisième voix survient. Je grimace, fort. Encore une couche d'emmerdes par-dessus les autres emmerdes en perspective. Depuis mon trou, je ne peux pas voir ce qui est en train de se passer. C'est à peine si je peux apercevoir l'un des deux hommes qui étaient là au départ et se sont fait agresser par Malach'. La voix du troisième, en tout cas, n'a pas le même ton que celle des deux autres. Quelque chose me dit qu'il peut être plus amical. C'est peut-être le moment de sortir et d'espérer... Ou pas. Le type que Malach a fracassé, si je reconnais bien sa voix, est encore en colère.

Je me contente donc d'écouter la conversation qui se déroule. Au départ, je suis tellement concentré sur le fait de m'en sortir sans me faire engueuler ou tout saboter pour le cabinet d'éthologues que je ne remarque pas à quel point c'est bizarre qu'il parle d'un filon. Je veux dire, le type qui m'a bassiné au début m'a bien dit que la grotte n'était plus exploité... Non ? Peut-être que je me trompe, mais mon instinct me dit qu'il y a quelque chose qui cloche, ou du moins de dangereux. Sûrement que je psychote car je suis dans une situation compromettante donc j'essaye de remettre la faute sur quelque chose d'autre ceci-dit.
La conversation poursuit sur une histoire de veste que je ne comprends pas, et le troisième type qui leur dit qu'il est avec eux. Je grimace : est-ce que c'est safe pour moi de sortir du coup ? Je ne crois pas non. J'écoute la suite et il semble que les deux hommes du début se cassent. Je sais pas trop par où car je les vois juste partir d'un côté de la grande galerie, mais au moins ils ne sont plus là. J'espère.

Malach' émet un son de contentement. Je ne sais pas d'où ça lui vient, mais ça veut dire qu'il se sent en sécurité. Du coup, même si le troisième type est peut-être toujours là, j'imagine que je me ferai un peu moins engueuler si je sors maintenant. De toute façon, il faudra bien que je le fasse.
Me remettant accroupi dans la galerie, je m'extirpe comme je peux du trou où je suis pour sauter à nouveau dans le grand tunnel éclairé. Une fois sur mes deux jambes, je ne prends pas la peine d'épousseter mes fringues désormais plein de poussière, préférant aller direct vers mon nucléos. Sauf qu'en me tournant vers mon pokémon, je me stoppe net.
Le type là... Je crois que je le connais.

Y me faut quelques secondes à le fixer avec les sourcils froncés de quand je réfléchis pour réussir à le remettre : le ranger blond de quand on a eu les emmerdes avec les pérégrains dans la forêt d'Empoigne. Par contre, pas moyen de me souvenir comment il s'appelle... Le tutoiement c'est bien dans ce genre de situation aussi. Même si pour le coup je sais absolument pas quoi lui dire. C'est improbable comme rencontre, je suis sensé agir comment ? Lui dit salut et lui demander comment ça va depuis le temps ?
Malach' finit par revenir vers moi, visiblement fier de lui. Je le prend entre mes deux mains et fait mine de le serrer un peu pour lui signifier que je désapprouve son comportement. Bon, j'imagine qu'au moins pour ça je peux dire quelque chose :

- Euh... Déso pour ton pote, Malach' est un peu con et j'ai pas pu le retenir, "bonjour" c'était trop difficile visiblement. En plus, je n'ai d'assurance ni dans mon ton, ni dans mon expression faciale de coupable pris en flagrant délit. Et euh... J'sais que je suis en hors piste, mais comme il s'était barré bah... Je vais retourner sur le chemin balisé hein ! Me dénonce pas s'teu plais, je pourrais avoir des emmerdes niveau taf...

Gros malaise, surtout que je ne suis pas sûr que mes arguments aient un quelconque effet. Je ne sais pas ce que je suis sensé dire de plus non plus, ni réellement comment agir. Tout ce que j'ai vécu ces derniers temps ne m'a pas rendu plus sociable, au contraire. J'ai aucune envie de m'emmerder avec des situations à la con comme celle que je suis en train de vivre maintenant. Mon regard se baisse vers le sol, c'est à ce moment que je remarque le... Ah je sais plus de quelles région ils viennent, mais le racaillou avec des cheveux là. Enfin un truc qui me fait penser à quand tu pousses de la pâte à modeler à travers le truc à trou pour faire genre tu fais des pâtes. Je me comprends.
Bref.
Un instant, je considère la galerie par laquelle je suis venue... Qui n'a rien de pratique, surtout si je dois encore tenir Malach' pour éviter qu'il se barre je ne sais où. Je me retourne donc à nouveau vers le ranger pour lui demander mon chemin. Foutu pour foutu, autant essayer de passer par une route plus confortable et où je pourrai prendre de nouvelles photos.

- Pardon de t'emmerder encore, mais tu saurais me dire c'est quoi le chemin le plus court pour retrouver les routes balisées ? Je... Je voudrais éviter de faire des conneries encore, comme si je n'avais pas volontairement fait du hors piste à la base.

Malach s'agite entre mes mains, mais je fais au mieux pour le retenir. Il vient de remarquer la présence du racaillou et a l'air motivé pour un combat de tête entre les deux... Que mon nucléos va forcément perdre et c'est pas le moment pour qu'il ait la membrane qui se perce ! Ni pour qu'il agresse un pokémon qui lui a rien fait. Je ramène mes mains vers moi pour le maintenir contre mon torse et le coincer avec mes bras. Heureusement qu'il est trop con pour penser à utiliser ses pouvoirs psychiques...

Y’a des moments je me dis que je suis un aimant à situations chelous. Je vois pas comment l’expliquer autrement. J’étais tranquille à faire ma vie dans ce tunnel de grottes (on dit comme ça ?) et me voilà avec une histoire de veste et de filon. Franchement, j’ai pas tout capté, là. Ce qui est sûr c’est que je suis devant un Nucléos qui n’a pas l’air bien mieux renseigné que moi et qui s’est secoué pour faire partir la terre que Rock lui a lancé. C’était pas pour l’attaquer ou l’agresser, juste pour le calmer et… il semble l’avoir compris. En tout cas il a pas la tête d’un pokémon qui a envie de s’énerver encore plus, il me fixe et émet un léger bruit que j’identifie pas forcément. J’ai beau être en formation Ranger, j’suis pas en maîtrise de tous les moyens de communication des espèces. J’y travaille, j’y travaille. J’essaie de comprendre comment un Nucléos peut se retrouver ici et je lui souffle : « Qu’est-ce que tu fais là, toi ? T’es perdu ? »

Il ne parait pas particulièrement craintif, c’est étrange. J’ai pas trop longtemps à m’interroger car un bruit me fait me retourner dans le tunnel désormais vide. Ou quasiment vide. Sous l’éclairage artificiel de l’endroit je remarque sans mal une silhouette aux cheveux longs qui s’approche à grands pas. « Hé… » De prime abord, je percute pas à qui j’ai à faire. L’inconnu a la même veste grise et noire que les deux autres gars. Je parie que c’est encore un des mecs bizarres…

Comme un réflexe j’me mets un peu sur la défensive. Sauf que lorsque le type en question se redresse, proche de moi, je bug. Je l’ai déjà vu. Ça remonte à quelques temps mais je sais que je l’ai déjà vu. Et lui aussi il se souvient de moi, d’ailleurs, vu ses sourcils froncés. J’essaie de me remémorer le contexte et comme un débile je lève l’index en sa direction… mais rien me vient. Lui, il prend la parole le premier et s’excuse pour son pokémon. J’ai pas le temps d’en placer une qu’il enchaine. « Ah, il est à toi, ok. » J’ai rien de mieux, dans l’immédiat. J’essaie de me souvenir où est-ce que je l’ai vu, pourquoi sa voix m’est familière… Il parle de chemin balisé et je réalise – à rebours – ce qu’il a dit. « Hé mais, les types là, c’est pas mes potes, j’les connais pas ! »

Leur histoire de filon ça pue le truc tordu, au contraire. L’autre a le regard qui s’abaisse et il remarque la présence de Rock. Le Racaillou est du genre tranquille et n’est pas plus dérangé que ça par l’attention qu’on lui porte ni même la présence d’une nouvelle personne. C’est aussi pour ça que je l’aime bien pour les excursions de ce genre. Je crois que j’ai une mémoire de vieux, j’arrive pas à me souvenir de quand ou comment j’ai croisé ce type. Lui, il a l’air préoccupé par totalement autre chose et je secoue la tête.

« Le chemin le plus… ? Attends. On s’connait, non ? » C’est quand il est question d’éviter les conneries que ça me revient. « Oh bordel, le Reptincel qu’a foutu le feu ! » J’m’agite comme un débile, son prénom sur le bout de la langue. « Elie, Elia… un truc comme ça là, l’éthologue ! » J’claque les doigts en parlant, fier de me souvenir, un sourire aux lèvres. « Les Pérégrains, avec le rouquin, y’a quelques mois ! » Comme quoi, j’suis pas complètement gâteux !

Du coup, maintenant que le truc qui me perturbait m’est revenu en tête, j’peux me concentrer sur ce qu’il me raconte. L’éthologue est en train de… calmer son Nucléos ? J’sais pas trop. J’le questionne. « Mais attends, j’capte pas… c’est pas toi qui bosse pour eux ? T’es fringué pareil avec ta veste, là ? » Ça a l’air d’être un signe de ralliement ou je sais pas quoi. « Tu les connais pas ? Ils avaient l’air bizarre. » Je regarde autour de nous et particulièrement l’endroit par lequel les deux inconnus sont descendus.

Franchement, j’ai mon sixième sens en éveil… « J’suis pas mal doué niveau connerie, aussi. J’pourrais te dire par où retrouver le chemin le plus court mais j’admets que ça m’intrigue, leur affaire. Ça a pas l'air net. » Je murmure ça le regard fixé vers l’échelle qui descend.

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(739 mots)

Grille 4 : je souhaite creuser en E3.

En général, je trouve toujours malaisant de croiser des gens que je connais à peine dans la rue. Je sais jamais si je dois leur dire bonjour ou les ignorer. Ma préférence va à la deuxième option, mais si je passe devant en les snobant et ensuite ils me saluent, c'est encore pire que de dire bonjour dès le départ. Mais alors dans une grotte ! Quelles étaient les probabilités ? Même si j'ai toujours été nul en math, je suis sûr que c'est vraiment pas beaucoup, limite impossible. Je me demande aussi si ce type, dont je ne retrouve définitivement pas le nom et qui sera donc "le ranger blond", se souvient de moi.
On se regarde pendant quelques secondes, jusqu'à ce que sa gestuelle me fasse conclure que, si, c'est bon, il se souvient de qui je suis. Alors j'enchaîne directement en m'excusant du comportement de Malach', rapport à ses potes qui travaillent ici, en m'excusant du hors piste aussi, et j'en profite pour lui demander quel est le chemin le plus court pour atteindre la sortie. Au départ, le type réagit seulement par rapport à mon nucléos, puis il précise qu'il ne connaît pas les deux hommes qu'il vient de croiser dans la grotte. Bon. Soit. Un truc de moins par rapport auquel m'excuser, mais je ne vois pas en quoi ça m'intéresse.
Comme il n'est pas avec les autres, je n'en déduis pas qu'il n'a pas le droit d'être là où il est, et me dit qu'il doit avoir un droit de regard sur ce qu'il se passe dans la grotte. C'est un ranger après tout. Du coup, je m'excuse pour mon hors piste et en profite pour lui demander le chemin le plus court pour retourner sur les chemins balisés. Je veux pas d'emmerdes, pas maintenant alors que je n'ai pas repris le travail depuis longtemps. Puis j'ai toujours mon objectif de faire les choses bien, aussi. Et comme si ça suffisait pas, Malach' s'excite, souhaitant visiblement en découdre avec le racaillou d'Alola du type. Plus jamais je te sors en excursion toi, c'est mort, t'as tout gagné !

La question que me pose le ranger blond me fait relever la tête vers lui en fronçant les sourcils d'interrogation. Comment ça si on se connaît ?.. Il m'avait pas reconnu ? Oh merde ! Et moi qui lui parle comme si c'était acquis, je devais avoir l'air trop chelou... Je m'apprête à régler le quiproquo quand il arrive à reconnecter les points de sa mémoire pour se rappeler que, oui, je suis le type avec le reptincel qu'a fait de la merde. Et maintenant c'est mon nucléos qui fait de la merde... Je jure que s'il me fait la remarque, comme il avait pas arrêté de le faire pour Rubis, ça va mal se passer !

- Moi aussi j'ai une mémoire t'inquiète je me souviens de ta tronche, pas besoin de me refaire l'historique, craindre qu'il me fasse des remarques me fait être directement désagréable, parce que clairement sur ce point je ne me suis pas du tout amélioré. C'est Illia mon nom. Et... Toi dans ma tête t'es le "ranger blond", c'est quoi ton blaze déjà ?, allez, on se calme. Il va juste me dire comment on retrouve le bon chemin, je vais partir, et ce sera fini.

Ou pas. Mes bras se resserrent un peu autour de Malach', comme il s'excite de plus en plus. Sauf que la question que le type me pose, cette fois, me fait lever des points d'interrogation virtuels au-dessus de la tête. Comment ça je travaille avec eux ? J'étais pas au courant.

- Non, moi je suis là pour prendre des photos et ensuite montrer dans un rapport comment qu'elle est jolie la grotte pour qu'ils reçoivent des dons et faire je sais plus quoi pour la culture, je suis perplexe et ça s'entend. Je me suis redressé aussi, comme si ça allait m'aider à mieux réfléchir. Cette veste c'est le type qui m'a fait entrer qui me l'a filée pour pas que je me caille, mais du coup s'ils avaient la même c'est juste des spéléologues ou un truc du genre non ? Des types qu'étudient la grotte quoi...

Le ranger blond enchaîne comme quoi il se dit qu'il se passe un truc pas net avec les types qu'il vient de croiser. J'avoue que je ne peux pas le contredire, leurs paroles étaient tout de même assez intrigantes. Seulement... C'est pas mon problème. Les bails chelous au fond d'une grotte, ça me fait un peu penser à ce qu'il m'est arrivé dans le Château Enfoui. En plus, maintenant que Phil n'est plus là pour me servir de cerveau et me sortir des emmerdes, j'ai pas envie de me retrouver dans des situations impossibles encore. Je suis persuadé que je suis toujours fiché quelque part chez les flics de Volucité et Maillard, même si cette histoire de trafic a été bien étouffée. Donc...

- Peut-être bien, mais je préfère que tu me donnes le chemin le plus court, j'essaye d'être concis, mais dans les deux secondes qui suivent j'éprouve, sûrement pour être sûr qu'il me dise par où aller, le besoin de me justifier : Je suis d'accord avec toi, ils sont chelous, mais je suis là au nom du cabinet d'éthologues pour lequel je taffe et je veux pas d'emmerdes.

A peine ai-je dit cela qu'un bruit qui me dit vaguement quelque chose me parvient aux oreilles. De plus en plus fort, comme s'il se rapprochait de nous. Malach' est aux aguets, je le lâche, et il flotte rapidement devant une parois, plus loin dans le tunnel, par là où sont partis les deux hommes. Même si je veux partir, je ne peux pas le laisser ici, alors je le suis, pokéball à la main pour le faire rentrer. Je vois alors qu'ils est entouré d'une aura rosée, preuve qu'il est en train d'utiliser ses pouvoirs psychiques. Un instant j'ai l'espoir qu'il s'en serve correctement et parvienne à les maîtriser, jusqu'à ce que je commence à ressentir un assez gros mal de crâne. Une grimace traverse mon visage, le temps que je m'habitue.

- Qu'est-ce que t'atta-

Pas le temps de finir ma phrase que les puissantes griffes d'un minotaupe traversent la roche pour percer la membrane de mon nucléos. Et moi je suis là, à un mètre du monstre.

Maintenant que ça m’est revenu, je me dis que je suis long à la détente. Bien sûr que je me souviens de ce type. Ça a été un sacré truc cette excursion dans la forêt d’Empoigne ! J’étais supra-frustré de ne pas avoir pu rejoindre le groupe de Ian… Mais au final, je me suis pas ennuyé pour autant. En partie grâce (à cause ?) de la personne devant moi. Clairement je m’attendais pas à le recroiser, ou du moins pas en pareille circonstance. Lui n’a pas l’air très réceptif ou ravi de ses retrouvailles. Moi j’trouve ça marrant. Improbable mais marrant. Bon ok, peut-être que je l’ai assimilé à un truc pas cool – l’incendie de la cabane par son Reptincel – et j’aurais mieux faire de formuler ça autrement… n’empêche qu’il m’a pas laissé un mauvais souvenir. On s’en est pas trop mal tirés ce jour-là.

Il a les sourcils froncés et je secoue la tête, amusé. « Ah voilà, Illia ! Moi c’est Giacomo. » Avec un sourire naze j’ajoute. « Si on doit se recroiser à chaque fois dans des situations tordues, autant se souvenir de nos prénoms pour la prochaine fois. » On sait jamais. J’allais ajouter Et je suis toujours pas Ranger… je m’abstiens. Il s’en fout, et c’est juste moi qui me ressasse sans cesse cette vérité. Qu’est-ce que ça changera pour lui ?

Il a toujours l’air un poil méfiant, serrant contre lui son Nucléos qui ne cesse de s’agiter. Je fais un signe de la tête en sa direction. « Il a de l’énergie à revendre, lui. » Simple constat. Son dresseur, lui, n’a pas l’intention de trop s’éterniser dans le coin si je comprends bien. Il a visiblement d’autres choses à faire et ça me renvoie à ma propre mission. Si je ne dois pas tout cartographier et photographier comme lui, j’ai quand même des comptes à rendre concernant ce que j’observe ici. La finalité n’a pas l’air d’être la même, cependant. « Ah ouais, vaste projet. Pourtant la partie attraction de la grotte cartonne déjà non ? » Je suis pas expert mais je me dis qu’avec le monde qui se rend aux souterrains ils doivent bien avoir moyen de partager les bénéfices pour œuvrer à son aménagement et sa sauvegarde. Il me parle ensuite de la fameuse veste semblable à celles des autres types. Son explication tient la route et je hausse les épaules. « Va savoir. C’est qu’il avait l’air d’y tenir à sa veste, l’autre. Franchement, pour des spéléologues, ils ont l’air chelou. »

Mon frère Lino m’a sorti l’autre jour que j’avais le syndrome du Chevalier blanc. J’ai recherché sur le Net, c’est quand on peut pas s’empêcher de vouloir aider et résoudre les problèmes des autres. J’trouve ça excessif mais j’ai capté ce qu’il voulait dire… il veut juste étaler sa science avec ses formulations, Lino ! En vrai, je suis quasi sûr que j’ai raison, ils avaient des sales tronches ces mecs.

« Perso, je suis aussi en observation, vis-à-vis des espèces pokémons présentes. Pour m’assurer que rien ne les perturbe et que les conditions de développement sont optimales. » Bon, j’formule ça d’une façon plus pompeuse que ça ne l’est, je crois. L’idée reste la même. « Le professeur Hermann qui m’a envoyé ici ne m’a pas parlé de spéléologues... » Je réfléchis à voix haute, je peux pas m’en empêcher. Mon regard glisse sur mon Racaillou, puis Illia et son Nucléos, avant de reprendre rapidement la direction de l’endroit où se sont volatilisés les inconnus. S’il reconnaît qu’ils étaient bizarres, l’éthologue a pas l’air aussi intrigué que moi et me demande, une nouvelle fois, de lui indiquer que chemin le plus court.

J’commence à ressortir mon téléphone pour vérifier le schéma des galeries quand un son se met à retentir. Le Nucléos se met sur ses gardes et s’éloigne rapidement de nous en se positionnant vers l’échelle qui m’interroge. Rock en fait de même, se tournant en direction de la même parois. Illia s’avance en direction de son pokémon et je le suis, sur les talons, remarquant bien que son pokémon Psy semble préparer quelque chose.

D’un coup, des griffes énormes transpercent la roche pour atteindre le Nucléos. « Oh merde ! » J’ai un mouvement surpris et je constate que mon Racaillou est déjà prêt à riposter : il a senti l’arrivée de l’intrus dans les infimes vibrations de la grotte. C’est un imposant Minotaupe qui a fait une entrée fracassante, non loin de l’éthologue et de moi, puisque je l’ai rattrapé. Rock se met rapidement met en position d’attaque, en boule, et roule droit l’autre pokémon. Ça a le mérite de lui faire rétracter les griffes, un court instant, relâchant son emprise sur le Nucléos.

« Pourquoi il nous attaque, lui ?! » Les Minotaupe sont connus pour les galeries qu’ils creusent en tous sens mais logiquement… ils décèlent les activités humaines et s’en tiennent généralement éloignés. « Rock, freine-le ! » Mon pokémon se remet en action profite des petits rochers présents suite à l’effondrement de la parois pour les projeter violemment contre le pokémon sauvage. Ce dernier les sectionne à coup de griffes, l’air presque agacé.

« Bon, c’est son terrain de jeu, ici. J’serais d’avis qu’on s’casse ! Par cette échelle, par exemple ?! » Tiens donc. En même temps, je vois pas trop ce qu’on va faire de plus… ce Minotaupe est dans son élément, j’ai pas particulièrement envie de m’acharner.

D’ailleurs, si on tend l’oreille, je crois que le bordel ici n’est pas passé inaperçu et y’a comme des voix qui résonnent depuis le trou en question. « Faut qu’on s’décide ! » J’dis ça mais j’ai déjà un pied sur l’échelle.

Chevalier blanc je sais pas, poissard curieux… peut-être.

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(961 mots)

Grille 4 : je creuse en E3.

récap:

Et vous trouvez...:

Et vous trouvez...: