Honnêtement, j’ai envie de crever. Leurs questionnements à la con sur le Polygone, j’avoue que j’en ai un peu rien à carrer. Moi, je veux simplement aller sur le terrain et m’occuper de pokémons nécessitant des soins. Mais bon, c’est pas comme si j’avais le choix, donc on y va. Je n’ai pas envie d’échouer, je ne tiens pas à décevoir mes amis, ceux qui m’ont aidé à réviser pour le concours. Après, si je me plante, je réessaierai, en étant encore plus préparé. Je me dis que ça ne pourra pas être dégressif, si ça ne le fait pas là, ça le fera forcément plus tard. Avec le temps, l’entraînement et la discipline peuvent triompher de n’importe quelle faiblesse humaine, la mienne étant mon total manque d’intérêt pour le sujet. Je dois juste m’y plier, et en… trois heures, un peu moins maintenant. Au secours. Mais il faut que je me reprenne, que je retrouve le focus, ou juste que je le trouve et que je m’y mette. Vraiment, tête dans le guidon et le stylo bille qui défile sur la feuille. Pas de brouillon. Pourquoi faire, un brouillon ? Quand on sera face au pokémon, on n’aura pas de jolie petite feuille rose ou bleue. La réflexion, elle va se faire au fur et à mesure, elle va s’improviser. Après tout, c’est mon domaine d’expertise, l’improvisation !

Donc je finis par me lancer, par délaisser gâteaux et autres sucreries – de toute façon, je n’en ai plus – pour enfin poser les premiers mots sur la copie. Première phrase, et c’est éclaté au sol. Je m’en rends bien compte, ça va être full fumisterie, full pipeautage. Au pire, tant pis, je me plante sur cette épreuve-là et je cartonne sur les autres, sur lesquelles je devrais être bien plus à l’aise. Juste que ça me fait chier, parce que je vais avoir la pression sur les prochains jours, alors que j’aurais pu me sentir plus en confiance. Là, je dois simplement limiter la casse, c’est le seul objectif que je peux me fixer, si je suis un minimum réaliste. Bref, je divague encore (vague). On reprend. L’historique du Polygone, le positionnement apolitique, les enjeux territoriaux et les diverses antennes. Je peux me la péter aussi avec mes connaissances poussées sur le fonctionnement des Ranger’Inns grâce à Côme. J’ai des petites cartes à jouer ci et là, pour éviter le naufrage total. Ce n’est pas ce qui va faire de ma copie un petit bijou, j’en ai bien conscience, mais ça peut suffire pour montrer l’intention, montrer la connaissance du concret aussi. Je n’aime pas ce truc de baver en long, en large et en travers sur la théorie, sur comment c’est supposé fonctionner. C’est à des années-lumière de ce qu’il se passe sur le terrain, terrain que je connais déjà un petit peu. Donc distiller un peu de ça, sans trop en faire, ce qui pourrait être mon défaut de petit gosse de riche avec des envies de révolutions. Donc calmos.

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Entraînement : Lainergie S niv.50 (2/4) ; Métang niv.44 (2/4) ; Gallame S niv.20 (1/2)
Reproduction : Elékable

Les deux dernières heures, black-out. Zéro souvenir de ce qu’il s’est passé, la même sur ce que j’ai pu écrire. Donc gros gros potentiel d’avoir sorti des dingueries. Du genre pour le meilleur mais aussi pour le pire. Là, je vois flou. Et pas métaphoriquement, je vois vraiment trouble. Hypoglycémie. Il me faut du sucre. Encore. « Ça va ? » Je reconnais la voix, mais ne parviens pas à lever les yeux, ce serait un coup à me casser la gueule. Je ne regarde que mes pieds pour des raisons de sécurité, là. Je me laisse basculer doucement en arrière jusqu’à sentir le mur qui me tient. Je n’arrive même pas à répondre… « Ok, assieds-toi, respire. » Je ne cherche pas, je m’exécute. Pleinement appuyé sur le mur, je me laisse peu à peu descendre, jusqu’à finir assis à même le sol. C’est même pas du stress, enfin, je ne crois pas. J’ai juste un coup de pompe comme jamais. Pour que moi, j’aie un coup de mou, une baisse de régime, il faut y aller. J’ai dû sortir de moi pendant cette première épreuve, en fait. Je ne sais pas si ça me rassure ou si ça m’inquiète. N’empêche que j’ai tout donné.

Un visage arrive alors à ma hauteur. C’est Samson. « Il faut que je mange un truc. » Comme pour me donner raison, mon estomac se met à lâcher le gargouillis le plus bruyant qu’il ait jamais sorti. Et il dure, genre plusieurs longues secondes, à me demander quand ça va s’arrêter. Franchement, comment je peux être crédible avec ça ? J’ai l’habitude des coups en traître de mon estomac, mais bon, pas si pire. Là c’est pas humain, y’a un démon qui veut sortir, au moins. Et encore, si déjà à l’oreille c’était puissant, il faut imaginer comment ça a pu remuer de l’intérieur ! Clairement, le démon il était là, il était prêt à sortir. J’entends alors un rire, de Samson qui est toujours bien là. C’est pas un rire genre mort de rire, trop rigolo ; non, il y a une part d’incrédulité là-dedans assez marquée. Ce qui se comprend, hein. « Et donc tu as encore faim après tout ce que tu as mangé pendant l’épreuve. Impressionnant. » Il est calme, amusé mais calme. Il était déjà resté calme lorsqu’il a vu que je n’étais pas dans mon assiette. Concerné, ça s’est entendu dans sa voix, mais l’esprit parfaitement clair et pragmatique. Et le gars a l’air d’un puits de savoir. Je ne sais pas ce qu’il en est de ses compétences médicales, tout ce qui est d’agir, mais niveau esprit et état d’esprit, le mec cache toutes les bonnes cases pour le job. Et il n’est pas dans le jugement ! Abusé. Presque je suis jaloux.

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Entraînement : Lainergie S niv.51 (1/4) ; Métang niv.45 (1/4) ; Gallame S niv.22 (0/2)
Reproduction : Arcanin S

« Est-ce que tu te sens de te lever ? » Je n’en suis pas si sûr que ça. Le côté tournis et le voile blanc se lèvent, c’est sûr, mais je me sens encore un peu mal. Je suis bien, là, par terre, au milieu du couloir, avec deux ou trois personnes qui passent et qui doivent se demander ce que je fous là. « Il va bien falloir. » Je soupire, avant de voir une main tendue vers moi. Ok, Samson a-t-il vraiment l’intégral de la panoplie du bon gars ? Ça voudrait dire que j’aurais eu vachement de flair un peu plus tôt, parce que je serais allé vers la seule personne passant ces épreuves avec nous capable d’être sympa. Et, en même temps, ça colle avec mon côté instinctif, j’ai su sans savoir que je me tournais vers la bonne personne. Point faible : trop fort. Je saisis donc la main tendue et suis assez surpris de la force déployée pour tirer ma masse vers le haut. Disons que je vaux mon pesant de cacahuètes. Je ne suis pas particulièrement massif, mais il faut dire que je me suis pas mal étoffé ces dernières années. D’un physique un peu maigrichon, sec mais un peu sportif, bah mes épaules se sont élargies et j’ai pris de la masse. Je ne suis pas hyper musclé, loin de là, je suis même moins sec qu’avant, mais j’ai l’impression qu’il y a… plus de moi ? Trop bizarre comme formulation, mais ça reste l’idée. N’empêche que Samson, qui est plus petit et plus fin que moi, n’a eu aucun problème à me lever du sol. Sous ses airs d’intellos, il cache bien son jeu !

« Il y a une cafétéria au rez-de-chaussée. La qualité n’est pas exceptionnelle, mais il y a des bons trucs. » Je m’appuie encore un peu sur le mur, le temps de m’habituer à ce retour sur mes deux pattes arrière. Je n’ai pas fait gaffe à une quelconque cafétéria sur le chemin jusqu’à la salle. J’ai demandé où aller à l’accueil et j’ai suivi ce qu’on me disait, point barre. En même temps, j’ai du mal à imaginer une cafète dans un bâtiment administratif du Polygone. Une cantine du personnel, à la limite, mais après tant mieux, j’ai envie de dire. Au moins, je vais pouvoir me trouver ma dose de sucre. « Y’a quoi comme bons trucs ? » C’est en posant la question que je réalise. S’il sait ça, c’est qu’il connait les lieux, et pas juste vite fait. Il connait la carte. Et là, forcément les questions se bousculent dans ma caboche, histoire de m’aider à me concentrer pour mettre un pied devant l’autre. C’est qui ce gars, pour vrai ?

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Entraînement : Lainergie S niv.55 (0/4) ; Métang niv.46 (0/4) ; Gallame S niv.23 (1/2)
Reproduction : M-Jungko S ; utilisation de la graine d'Yggdrasil (3→2), d'une amulette ronde (3→2) et d'un chromat'œuf (1→0)

Est-ce que je mets les pieds dans le plat ? C’est mon mode opératoire, d’y aller franco. Mais là, j’ai l’impression de réussir à me faire un pote au milieu de toute cette histoire de concours hyper compétitive. Alors pas trop envie de tout ruiner avec les premières questions qui me traversent l’esprit. Sauf qu’il est vraiment sympa et qu’il y a de plus en plus d’éléments qui attisent ma curiosité, qui me donnent envie de le connaitre un peu mieux. On calme l’impulsivité, on respire, et on débranche de la radio interne pour se connecter à l’autre, à la personne à qui je parle. « Tu as l’air de bien connaître les lieux. » Je glisse ça aussi subtilement que je le peux, ce qui signifie : pas si subtilement que ça. « Mes parents travaillent ici, tu n’imagines pas le nombre de fois où j’ai dû faire mes devoirs sur l’une de ces tables. » Ceci explique cela. Et je vois très bien ce que c’est que d’avoir des parents avec un planning chargé par le boulot quand on est gamin. Bon, j’avais la chance d’avoir un oncle et des grands frères très présents, mais je me représente assez bien ce que c’est. Bref.

« Donc un pur produit du Polygone ! » Je ne peux m’empêcher d’en plaisanter, mais je perçois que Samson n’est pas hyper réceptif à mon humour. Je sens une pointe de tension, mais pas tournée contre moi, pas vraiment. A croire que ça ne lui plait pas d’être dans les traces de ses parents. Enfin, forcément que c’est à ça que je pense en premier au vu de ma propre histoire, ça a été ma raison d’être adolescent. Et j’avoue que c’est assez fou de me dire que j’ai doucement fini par glisser dans leurs pas. Enfin, me concernant, c’est de très très très loin, mais ça reste une différence flagrante par rapport à mon rejet total premier. J’aurais envie de savoir s’il en va de même pour Samson, mais je sais aussi quand je vais vraiment trop loin dans l’intimité des gens. Enfin, de ceux que je viens tout juste de rencontrer. La frontière est bien plus floue dès que je commence à connaître les gens, les filtres s’estompent. Là, j’ai vu, donc je n’insiste pas. Encore mieux, je change de sujet ! « Hâte d’avoir tes recommandations pour la cafet’ du coup. » Ah, je récolte un sourire discret, ça fait plaisir. Petite fierté d’avoir remis le train sur les rails, reste à voir comment ça se poursuit. J’espère de manière cool.

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Entraînement : Lainergie S niv.55 (2/4) ; Métang niv.46 (2/4) ; Gallame S niv.24 (1/2)
Reproduction : Lanturn S