La fin de la journée approche, la fermeture du parc aussi. Je suis déjà content du temps qu'on y a passé, malgré les quelques turbulences que j'ai pu ressentir. Après ça, l'après-midi s'est super bien déroulée. Il m'était jamais venu à l'idée de faire un top, mais si je devais en réaliser un pour mes anniversaires, celui-ci serait très bien placé ! En deuxième, après le premier que j'ai passé avec Phil. Le premier de la série qui continue aujourd'hui de ceux où j'ai à nouveau voulu rester en vie. En troisième, celui où mon père travaillait et que je passais le week-end aux ranchs d'Amaillide avec la famille de Rose. En quatrième, celui où maman n'a pas fait de crise car je prenais un an. En cinquième, on verra. Vraiment, une bonne journée. J'ai hâte de re-regarder les photos qu'on a fait, même si on s'est plus concentrés sur les attractions. Il faudra que j'en choisisse quelques-unes, les meilleures, pour les exposer dans l'album que ma meilleure amie m'a offert.
Pour finir cette virée au parc d'attraction, Rose propose qu'on passe un peu de temps dans la partie réservée aux manèges aquatiques. C'est vrai que nous n'y sommes pas encore allés et qu'un peu de fraîcheur ne serait pas de refus. Je suis partant, comme je l'indique. Aram par contre m'a l'air moins motivé, ce qui se comprend puisqu'il nous apprend qu'il ne sait pas nager. C'est vrai que quand on voit les virages que prennent certains manèges ou les gros splash qui surviennent, ça fait penser qu'on risque de finir à la flotte. Pas que ça me dérange personnellement, mais je comprends.

- Non t'inquiète, les attractions sont hyper sécurisées. S'ils demandent pas de maillot à l'entrée, c'est bon, Limonde a l'air un poil gêné, j'imagine que c'est parce qu'il sait pas nager à son âge et qu'il y en a qui trouvent ça honteux. Sauf que lui, il sait monter une yourte ! Bon bien sûr si tu t'amuses à te jeter par-dessus les rambardes de sécurité tu risques de finir à la flotte, mais je pense que t'es pas assez con pour ça !, du coup j'essaye de le tourner de manière humoristique, pour qu'il ait pas honte, oubliant que je tends une perche à Rose qui s'empresse de s'en emparer.
- Oui fait pas comme notre Yaya ici présent qui a réussi à bloquer une demi-heure toute une attraction comme ça à force de s'agiter alors qu'on lui avait répété milles fois qu'il finirait à l'eau !, elle se marre en se souvenant.
- La différence c'est que je voulais aller dans l'eau, moi !, je me défends comme je peux, en râlant.

Rose continue de rire et, une fois qu'Aram a rassuré Samaël et que je me suis occupé du cas de Rubis qui commence à faire chier – même s'il est un peu drôle – elle s'applique à raconter en détail cette anecdote de mon enfance pendant qu'on se dirige vers la partie aquatique du parc. Elle ne m'épargne rien : ni le sermon que je me suis pris par les agents de sécurité, ni ma culpabilité après car j'ai beaucoup trop inquiété sa mère. Evidemment, c'est ses parents à elle qui nous accompagnaient. A un moment, on passe à l'endroit où il y avait un petit parterre de fleurs, à l'époque, avant que le parc soit remodelé, et elle conclue son histoire en racontant comment j'y ai arraché des fleurs malgré l'interdiction et les ai offerts en bouquet à sa mère pour me faire pardonner de l'avoir inquiétée. Là-dessus, je ne râle pas, car j'en suis plutôt fier puisque Marianne a sourit et que le bouquet est resté dans un vase chez eux jusqu'à ce que les fleurs soient séchées.

Les histoires de Rose cessent et nous avançons plus vite vers l'attraction avec la grosse bouée qui a un fond et est lancée dans un grand toboggan.. Rubis ne veut pas nous accompagner bien sûr : il est encore plus pénible que d'habitude depuis qu'il a constaté l'abondance d'eau du coin, à se tenir la queue pour avoir sa flamme devant lui comme s'il risquait de mourir : si les lieux étaient dangereux pour les types feu, ce serait signalé. Je lui propose sa pokéball qu'il refuse. Alors à la place je le traite de chochotte, ce qui l'aide à se ressaisir et il s'en va faire le fier dans l'air d'attente pour les pokémons. Je crois qu'il commence à être fatigué, ça lui fera pas de mal de retourner dans la sphère quand on quittera le parc pour retourner chez Rose puis prendre la moto.
Le coupe-file nous permet de rapidement être devant les grosse bouées.. Rose s'assied juste à côté de moi : le défi est de ne pas se tenir tout en arrivant à ne pas tomber sur nos sièges à cause des mouvements de l'attraction. Car ça bouge quand même, bien moins qu'un vrai manège à sensation, mais il y a des moments où c'est au moins du niveau des tasses qui vont à fond alors ça demande un certain sens de l'équilibre. Ni Rose, ni moi ne cédons jusqu'à ce qu'Aram se prenne de l'eau de la cascade et que je puisse pas m'empêcher de me marrer de ce coup de malchance. Ca me déconcentre assez pour que je finisse le cul sur mon siège au prochain virage.

On sort de là pas mal éclaboussé, surtout Limonde, mais heureusement ça a surtout touché son froc donc ce n'est pas trop grave. Enfin, de mon point de vue, avec la température ça devrait sécher assez vite. Quoique avec tous les plis, je sais pas trop. De mon côté c'est surtout les bras et les flans qui ont été touchés, rien de dramatique. Pour Rose, allez savoir comment, c'est sa tête qui a pris : ses cheveux ruissellent.

- Ca fait du bien ! Heureusement que j'ai pas pris mes lunettes par contre, je suis assez étonné qu'elle parle de ça, vu comme elle a tendance à les détester et que c'est pour ça qu'elle s'est obstinée avec les lentilles alors qu'au début ça lui faisait mal.
- Ca vous dit qu'on enchaîne sur les pistolets à eau ? Bon c'est un peu de la triche du côté de Limonde, vu qu'il est déjà à moitié trempé il a un avantage, mais pour sa première bagarre au parc on peut bien lui accorder !
- Est-ce un traitement de faveur que je vois ?, un large sourire faussement innocent travers le visage de Rose. Je réponds en la fusillant du regard et en rougissant malgré moi légèrement. Elle secoue la main à côté de son visage. Je déconne ! De toute façon l'intérêt de cette attraction c'est surtout de pouvoir s'amuser avec de gros pistolets. C'est des modèles qui coûtent un rein en magasin.

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Après la bagarre que Rose a gagné car elle a l'habitude des armes et sait très bien viser avec son taf de ranger, on était tous complètement trempés. Alors on a enchaîné sur une sorte de petite croisière qui raconte l'histoire d'un léviator avec des jets d'eau qui nous éclaboussent, des effets visuels et sonores, et un moment stylé où on rentre dans la gueule d'un léviator rouge réant. C'est sensé être surtout impressionnant pour les enfants, mais sur moi ça a toujours son petit effet, je suis un peu un gosse sur ce point.
Deux attractions plus tard, on est toujours bien mouillés et un haut-parleur nous annonce que le parc fermera dans une demi-heure, il est temps de se diriger vers la sortie. Ce délais n'est pas de trop pour les personnes encore dans des attractions et ceux qui doivent traverser le parc en entier pour atteindre le portail d'entrée. Nous, on doit être à quelque chose comme dix minutes, donc on peut se permettre d'y aller relax. Entre-temps, Rubis a abdiqué d'ailleurs et est retourné dans sa pokéball. Il devrait donc être assez en forme pour passer la soirée avec nous, c'est cool !

- Quelqu'un veut aller pisser avant qu'on parte ?
- Moi ça va. Faudra emmener Aram à une boutique de souvenirs aussi ! Ce qu'on y trouve est tout aussi important que le reste du parc !

Pour ma part, il faudra que je passe aux chiottes, mais d'abord la boutique souvenir me rend un peu pensif. Je crois que j'aimerais bien ramener quelque chose de l'attraction du soleil et de la lune... Et puis merde, pourquoi j'ai envie de ça d'abord ?! Ca me plaît pas du tout alors à la place je largue mon sac dans les bras de Rose avant de demander du ton le plus neutre possible :

- Garde-le s'teuplais, moi faut que j'y aille.

Je me marre quant à l’idée de me balancer par-dessus les rambardes de sécurité. Comme Illia le dit si bien, je suis pas assez con pour m’infliger ça ! Surtout que dès que j’ai plus pied, je panique comme un dingue. Forcément, puisque je pratique la nage du caillou et mourir de cette façon ne me fait pas envie… Mourir tout court, en fait. En tout cas, ce qu’il dit me rassure. Je n’avais pas spécialement peur de me retrouver à l’eau, mais au moins je sais désormais que ça n’arrivera pas. Rose enchaine pour raconter une anecdote où Illia a réussi, lui, à passer outre la sécurité et de ce fait à bloquer une attraction pendant une demi-heure… Pourquoi, bizarrement, ça ne me surprend pas de sa part ? Je rejoins la demoiselle dans son rire en tout cas, écoutant avec attention la suite de l’histoire ; j’aime toujours autant en apprendre davantage sur Limonde.

Je trouve ça hyper mignon ce qu’il a fait pour la mère de Rose. Bon, c’est pas très très légal mais on s’en fiche après tout. Je ne sais pas quel âge il avait dans cette anecdote, quand bien même on parle de fleurs d’un parc d’attraction… On s’en branle un peu du coup. Ce qui compte c’est que c’est chou comme move et si j’en crois le visage de mon ami, il est plutôt fier de lui. Faut pas que je le regarde trop, maintenant, sinon ça va faire bizarre.

On arrive près de l’attraction et même si Sam n’est pas dans son élément préféré, il n’est pas aussi parano que Rubis. Je me demande si c’est parce qu’il n’a pas de flamme apparente… Ou sinon c’est parce que je l’ai habitué à l’eau, aussi, pour entrainer sa résistance à ce type. Ça a plus ou moins fonctionné. Je ne jugerais pas la réaction du Reptincel, pouvant comprendre ce qui se passe dans sa tête. Encore plus quand Illia se moque ouvertement de lui et qu’il part fièrement nous attendre à l’aire des pokémons. Samy me lèche le dos de la main avant de lui emboiter le pas tandis qu’on coupe à nouveau la file d’attente pour se retrouver dans la bouée.

Contrairement au manège des Théffroi, je ne me joins pas à eux dans leur jeu de se tenir debout. J’aime trop peu l’eau pour me priver d’un moyen de m’en préserver au maximum… Même si au final, ça n’a pas bien fonctionné. Au contraire même ! Connerie de cascade ! Je trouve que l’eau est froide en plus et même si une partie de moi voudrait admettre que ça rafraichir, l’autre réclame vengeance. Comme si je pouvais me venger d’une cascade… Ridicule. En tous les cas, cette mésaventure fait bien rire Illia mais ça le déconcentre aussi, on dirait ; il se retrouve le cul sur son siège. Ah ! Voilà. Bien fait !

J’aurais pas pensé que je m’amuserai autant dans un manège aquatique, même si je suis un peu gavé que mon sarouel est blindé d’eau. Je sens qu’il tire vers le bas et ce serait con qu’il tombe jusqu’à mes genoux. Je n’ai peut-être pas de pudeur mais faut pas déconner non plus. J’essaye de chasser un peu l’eau en essorant comme je peux le tissu, ça devrait faire l’affaire… Normalement. Le mieux serait sans doute que je me change, mais ça va pas faire trop bizarre si je propose ça maintenant… ? Ah ! Illia propose de faire une bataille de pistolets à eau et je suis intrigué. J’en ai jamais vraiment fait quand j’étais môme et c’était pas l’envie qui manquait… C’est juste que dans le désert, on joue pas avec l’eau, c’est une ressource beaucoup trop importante. Du coup, l’opportunité de rattraper un manque de mon enfance me plait !

Mon regard est posé sur Illia et ce léger rougissement que je crois déceler. Rose l’a un peu taquiné et il réagit comme ça ? Hum…

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Au final, on a fait plusieurs jeux avec de l’eau et il n’y a pas que mon sarouel qui est trempé. J’ai essayé de faire en sorte que mes cheveux ne le soient pas trop, comme il parait que la teinture part en deux shampooing… ça serait con si je me retrouvais dégoulinant de teinture. Je crois que ça part mal des fringues en plus, je m’en voudrais de ruiner le T-shirt qu’Illia m’a offert. En passant une main dans mes cheveux je suis rassuré de constater qu’elle n’est pas couverte de brun, puis je me dis que si j’avais vraiment une sale tronche Rose et Illia me l’auraient dit. En tous les cas, je me suis bien amusé malgré que ce soit des attractions d’eau ! Je me sens assailli d’une certaine fatigue désormais. Pas d’une mauvaise ! Mais on a pas mal crapahuté finalement et le monde autour a bouffé un peu de mon énergie. A moins que ce soit parce que je grelotte un peu… J’ai pas spécialement envie de pisser et je préfèrerais visiter le magasin de souvenir, seulement un éternuement plus tard, il faut que je me rende à l’évidence.

« Avant de partir faudrait que je me change avant de chopper la mort. »

Je rigole un peu. En vrai attraper un rhume je m’en foutrais si j’avais pas des poumons en mousse là. Je garde mon sac pour le coup, me dirige à mon tour vers les toilettes. C’est pas évident de se changer dans une cabine mais j’ai pas trop le choix. J’en profite pour me sécher un maximum avec la serviette que j’ai pris pour pas saloper l’une de celles d’Illia ce soir après la douche – j’espère qu’elle sera sèche quand on sera chez lui, au pire je demande pour l’étendre un peu -. Le sarouel est hyper lourd et intérieurement je remercie Nina de m’avoir donné des sacs plastiques pour mettre les vêtements sales, ça me permettra d’y mettre le sarouel et le T-shirt trempés. Le boxer ça va étonnement même si je pige pas trop pourquoi. J’enfile rapidement les fringues que j’avais prévu pour le lendemain ; moi qui ne voulais pas attirer l’attention… Je ne sais pas ce que ça va donner. Mais comme on est à la fermeture du parc, j’imagine qu’il y a moins de monde. Et puis merde hein, c’est qu’un mini-short c’est pas un drame ! le haut est assez basique, un simple débardeur noir un peu serré.

J’en ai quand même profité pour pisser, quitte à être là. Quand je vais me laver les mains, je tente ensuite d’essorer un peu mieux mon sarouel avant de le foutre dans le sac. Quand je sors, je suis satisfait de sentir le soleil sur mon visage et de constater que j’ai bien moins froid que tout à l’heure. Sans grande surprise, Illia a déjà rejoint Rose. J’ai essayé d’être rapide mais comme il a fallu que je me change totalement, forcément…

« On a encore le temps pour le magasin de souvenirs vous croyez ? »

J’ai zéro idée de combien de temps j’ai mis. Mais j’aimerai bien que ce soit possible !

Bien que j'apprécie l'attraction et le pokémon qui m'a été attribué à l'intérieur les deux fois, magirêve, la dernière fois je n'ai pas eu envie de ramener un souvenir de l'attraction du soleil et de la lune. Le pins me suffisait. Plusieurs justifications me viennent en tête : je l'ai en double donc ce n'est plus vraiment un souvenir cette fois ; et puis c'est mon anniversaire ce qui rend l'occasion spéciale. C'est normal de vouloir un souvenir suite à une telle journée, non ? Peut-être. Ca n'excuse pas seul pourquoi j'en veux un de cette attraction en particulier, mais si on l'associe au pins en double, ça me paraît plutôt valable. Toujours mieux que d'admettre ce qui se profile de plus en plus comme la vérité et la réalité dans laquelle je me suis embourbé. Je veux bien profiter de l'illusion de liberté pendant encore un moment, alors au lieux de continuer à me perdre dans mes stratégies d'évitement, je m'en vais aux chiottes. Là-bas, j'aurai bien d'autres préoccupations , par exemple : l'hygiène des lieux. Un parc d'attraction en fin de journée, ça promet !

Illia est parti précipitamment, je me demande à quoi il pensait. Il fait semblant de rien, mais j'ai bien remarqué plusieurs moments où il avait l'air de se perdre là où il n'est pas encore prêt à aller. Peut-être était-ce une autre de ces occasions. En attendant, je garde ses affaires comme je n'ai pas besoin d'aller aux toilettes. Au pire, je n'habite pas si loin alors si je peux éviter d'affronter un lieu pareil, ça me va ! On ne sait jamais dans quel état on va trouver les cabines.
Bientôt je me retrouve seule car Aram part se changer. Je me demande pourquoi il ne pouvait pas attendre de sécher, vu la chaleur qu'il fait, puis me souvient de ses problèmes de pensées. J'imagine qu'il ne veut pas prendre de risque aujourd'hui. Je l'en remercie : il faut qu'ils passent une bonne soirée tous les deux. Après tout, ils seront seuls chez Illia, si mon meilleur ami a un déclic, ça pourrait être l'occasion pour qu'il se passent de belles choses ! Hm, ça me fait penser qu'au départ on devait être tous les trois, je crois que le Champion n'est pas prévenu de mon absence. Je l'ai décidé il y a deux jours comme j'étais désormais sûre et certaine des sentiments de Yaya. J'ai prétendu devoir travailler très tôt demain, sur une mission importante, pour pouvoir les laisser seule. Ca me donnait aussi une meilleure excuse pour célébrer l'anniversaire d'Illia que tous les deux chez moi la veille. C'est égoïste et il ne faut pas que je le dise à voix haute, mais j'étais contente que ma pirouette me permette de l'avoir rien que pour moi, surtout vu le cadeau que je lui ai offert à partir de minuit. Cet album est très personnel. Il peut bien le montrer à qui il veut, mais c'était important pour moi que je puisse le lui offrir en privé. Que ça se fasse à un moment qu'on ne partagerait que tous les deux.
J'ai envie de dire "en famille", sauf que j'aimerais attendre de voir ce qu'il se passe s'il revoit mes parents pour le faire.

Quand je reviens de chiottes, Rose est toute seule et m'explique que Limonde est parti se changer. Elle en profite pour me demander si je l'ai tenu au courant du fait qu'elle rentrait chez elle après le parc, ce que j'ai totalement oublié. Elle fait bien de me le rappeler. A tous les coups j'ai oublié car je considérais que ça n'avait pas d'importance, maintenant... Ca n'en a toujours pas. Bref, on se met d'accord pour lui dire dès qu'il reviendra, comme ça c'est fait et il sera pas surpris quand Rose nous dira au revoir. On va devoir l'accompagner jusqu'à chez elle de toute façon puisque ma moto est garée là-bas et que je veux aussi récupérer mon album.
Enfin c'est ce que je me dis jusqu'à ce que je le vois revenir en portant un short de meuf... Pas que je juge, il fait ce qu'il veut, c'est pas dérangeant non plus, mais je pensais pas qu'il porterait ça. C'est vrai que comme il a les hanches fines ça lui va bien, mais ça m'empêche pas d'être surpris, ce qui fait que je ne pense pas à l'informer directement.

Rose regarde sa montre après sa question sur le magasin de souvenirs avant de conclure :

- Vingt minutes... Mais au pire ils nous vireront pas même si on déborde ! Si on achète ça leur fait de la thune.

Sur ce, nous nous mettons en route en direction de la grande boutique de souvenir qui est proche de l'entrée. Ma meilleure amie parle presque sans s'arrêter. Elle est assez enthousiaste à l'idée d'aller faire du lèche-vitrine face à des produits hors de prix fabriqué dans des usines douteuses. Habituellement elle a un minimum de conscience sur ce genre de choses – contrairement à moi qui ai tendance à m'en foutre si c'est pas cher – mais puisque c'est le cas à chaque fois qu'on vient, j'imagine que c'est l'effet du parc d'attraction. Moi, j'ai tendance à rester derrière eux. Pas trop loin, j'entends ce qu'elle lui raconte, mais puisque je participe pas à la conversation... Puis bon. Disons qu'il faut que je me concentre. Au moins le temps d'arriver à la boutique pour me distraire avec ce qu'il y aura sur les étals puisqu'il ne se passe plus grand chose dans le parc.
Je comprends pas ce que j'ai. Plutôt j'ai pas envie de comprendre, mais je préfère rester sur la première version. Aram est bien foutu. Je l'ai toujours vu et constaté, sans que ça soit plus qu'une remarque comme une autre sur le physique d'une autre personne. On a aussi déjà dormi au même endroit, en camping ou dans sa piaule à la Ligue, ce qui fait qu'au réveil ou au coucher je l'ai déjà vu en sous-vêtements. Idem, aucun soucis. Alors pourquoi, là, aujourd'hui, face à son putain de mini-short, je peux pas empêcher mon regard de se poser sur son cul si je me concentre pas ?! En plus c'est pas comme si j'étais encore en ponchien avec Chelsea... Puis je sais que je regarde pas les mecs ni comme ça, ni pour ça. A moins que...
Merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde !!

On finit par arriver à la boutique. De l'extérieur, le bâtiment est très coloré et décoré de diverses statues de zébibrons et zéblitz, pokémons emblématiques du parc pour reprendre ceux de la championne locale Inezia. Je laisse les deux autres entrer en premier. La boutique est remplie de produits dérivés en lien avec les attractions et les pokémons que l'on peut y voir. Comme par réflexe, je me dirige vers les étagères où sont les goodies liés à l'attraction du pyrax et du magirêve. Qu'est-ce que je fous là, sérieux ?!

- Yaya, tu veux quelque chose ? Je te l'offre pour ton anniv' !, Rose apparaît de derrière mon épaule, toute enthousiaste. Je pense que je vais craquer pour une petite peluche d'émolga dans le wagon du grand huit, ils sont trop mignons.
- Non t'embête pas pour moi, je veux rien.
- Alors pourquoi tu tripotes cette boîte à musique ?, je me rends compte que depuis tout à l'heure j'hésite à actionner le mécanisme qui enclenchera la musique et fera tourner dans une ronde une figurine de pyrax et une autre de magirêve. J'arrête immédiatement. Ca va aller ce soir ?
- Pourquoi ça irait pas ?
- Ok je reformule : t'arriveras à pas regarder trop bas ?

Mon estomac me tombe dans les talons. Je sens mes joues chauffer et bégaye plutôt que de me défendre. Le pire, c'est que le ton qu'emploi ma meilleure amie me semble vraiment inquiet derrière son sourire amusé. Gentiment inquiet, mais inquiet tout de même. Ce qui veut dire que c'était vraiment flagrant.
Elle me tape fort dans le dos, un geste simplement d'amitié brutale d'un point de vue extérieur, mais qui m'aide à me ressaisir. Puis, elle parle plus fort :

- Arrête de la regarder comme ça Yaya, je te l'achète la boite à musique ! Elle est jolie, faut pas avoir honte de vouloir un jouet pour gamines !

Elle la prend à deux mains et trottine jusqu'à Aram en m'esquivant quand je tente de la choper et m'ignorant quand je proteste. Le pire, c'est qu'elle a l'air très contente d'elle-même... Mais honnêtement, à quoi je m'attendais ? Du coup, je prends les devants. Ca m'aidera peut-être à arrêter d'être trop bizarre en plus !

- Attention, elle est passée en mode casse-couilles encore ! Heureusement qu'on s'en débarrasse après le parc !, ton faussement méprisant, tout est parfait pour avoir l'air normal.
- Oh faut me raccompagner chez moi quand même !

Mon pauvre Yaya... J'ai fait comme j'ai pu pour lui sauver la mise en chemin en tentant de monopoliser l'attention d'Aram, mais il est vraiment pas doué. D'un côté, tant mieux, car le Champion risque de ne pas avoir à chercher les signes ni longtemps, ni bien loin. D'un autre ce serait bien que mon meilleur ami admette car je pense qu'il arriverait mieux à se dissimuler tant qu'il n'est pas prêt. Mais pour ça non plus, il n'est pas prêt. Enfin, si ce n'était pas une catastrophe ambulante, ce ne serait pas Illia. C'est aussi ça qui le rend attachant.
La boîte à musique entre les mains, je demande à Aram une fois que mon meilleur ami a fini de me dénigrer :

- Tu veux acheter quelque chose toi ?

Lorsque je retourne auprès d’Illia et Rose, je ne sais pas trop comment interpréter l’expression faciale de Limonde. En général je sais que cette façon que j’ai de m’habiller parfois peut en interloquer plus d’un et je me soucie que très peu des avis des autres, seulement là, on parle d’Illia donc forcément… J’aimerai connaitre son avis. Ce serait trop bizarre de lui demander cela dit et je sens un peu de gêne naitre dans ma poitrine. Pour changer le sujet qui n’a pas été abordé, je demande si on peut toujours se rendre au magasin de souvenirs. D’après Rose, c’est totalement jouable surtout si on y va pour acheter des trucs. C’est vrai que ce serait un peu bête de nous jeter dehors alors qu’on va dépenser du fric chez eux.

Rose est hyper enthousiaste et ça me fait sourire. Je m’attendais pas à autant d’engouement de sa part. Je lui emboite le pas, me permettant par la même occasion d’échapper au regard que je ne parviens pas à comprendre d’Illia. Au moins comme ça, j’ai pas besoin de me questionner sans cesse sur ce qu’il pense ! En plus être sec rend le contact du soleil bien plus agréable sur ma peau. Il fait moins lourd que cette après-midi certes, mais il ne fait pas froid pour autant. Seulement j’suis quasi certain qu’avec ma chance, si j’étais resté avec mon sarouel trempé, j’aurais attrapé la crève. Vu comment mes poumons – et donc mes crises d’asthmes – me les brisent en ce moment, avec la chance que j’ai, ça aurait rendu ma respiration impossible et ça aurait été trop chiant dans la soirée et la nuit. Là au moins, j’suis sûr que je tomberai pas malade !

On arrive à la boutique que je trouve bien chouette. J’suis curieux de ce qu’ils peuvent y vendre. Sam m’accompagne dans les rayons et après avoir regarder les peluches de Zebibrons et de Zeblitz, on se perd un peu dans le fond du magasin. Rose et Illia ne sont pas avec moi et ça me dérange pas, de toute façon faut bien qu’on vadrouille entre les rayons ! Je cherche bêtement une connerie avec des Limondes comme mon porte-clé par exemple, mais y a rien sur ce pokémon. Dommage. En m’éloignant un peu trop je me retrouve dans les rayons des bougies « sens bon » qui me donnent la gerbe, je pige pas comment on peut trouver que c’est agréable… J’vais demi-tour, repère mes deux amis dans la boutique, regarde quelques T-shirt et vêtements en me disant que je pourrais peut-être nous acheter des casquettes. Moi j’en mets régulièrement pour être incognito et puis eux ben s’ils aiment pas ça, ça peut toujours servir de décorations.

Ils ont pas captés que je m’étais rapproché. J’entends Rose poser une question qui me cloue sur place.
C’EST QUOI CETTE QUESTION ?!

Je commence à entendre Illia bafouiller et je fais volte-face pour m’éloigner à nouveau. J’ai aucune envie d’entendre sa réponse, du moins pas de cette façon. J’avais pas l’intention de les espionner ou quoi et j’ai l’impression d’avoir mal agi. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir le rouge vif aux joues. Je m’aperçois vite fait dans l’un des miroirs et faut absolument pas qu’ils me voient comme ça sinon là c’est clair, je suis grillé. Mon cœur tambourine violement dans ma poitrine et j’arrive pas à oublier la question qu’elle a posé. Trop bas… ça veut bien dire ce que je pense ?! Ou alors la conversation a rien à voir et c’est moi qui interprète mal ? Mais alors pourquoi Illia a bafouillé ? Aaaaaaah au secours ! J’ai peur de comprendre et ça me fait flipper putain. Si c’est ça, l’apprendre en entendant une conversation privée… C’est super naze ! Mais ils sont cons aussi de parler de ça dans un magasin en sachant que je suis là moi aussi… ! Merde ! Faut que je me calme. Ça se trouve, je me fais de nouveau des films et la conversation n’avait aucun rapport avec moi. Ouais, c’est ça. C’est surement ça.

Pitié faites que ce soit ça.

Rose s’exprime plus fort et j’ai à peine réussi à faire partir légèrement le rouge sur mes joues qu’elle me présente une boite à musique qu’Illia semble vouloir. Je cligne des yeux, revenant de loin dans mes pensées. Illia me dit que Rose est casse-couille – ce qui me surprend pas trop – et la suite me fait buguer.

« T’es pas là ce soir ? »

J’étais pas au courant. Pas que ça me dérange particulièrement mais après le bout de conversation que je viens d’entendre… Voilà. J’ai envie d’être seul avec Illia, mais j’ai quand même un peu peur de ce qui va se passer. Pourtant j’ai jamais eu aucun souci avant à être juste avec lui la nuit. Pourquoi ça me dérangerait maintenant. Je saisie la boite à musique, l’observant un peu plus en détail pour diriger mon esprit ailleurs, je l’actionne et vois le Pyrax et le Magirêve danser. Il a vraiment pris un souvenir de cette attraction-là… ? Ça me fait sourire.

« C’est mignon. Ça me rappelle la boite à musique d’Aïsha. Elle en avait une avec un Ponyta et sa maman Galopa qui galopaient à travers le désert. »

Je sais pas pourquoi je raconte cette anecdote. Sans doute pour justifier inutilement le doux sourire qui étire mes traits en découvrant qu’Illia souhaite acheter ce souvenir. Je crois que je suis un peu moins perdu, mais ce n’est pas pour autant que je sais comment me comporter ou simplement l’admettre réellement. Ça me parait tellement… Irréel, ce que je crois avoir compris. La musique prend fin et je ferme la boite, la rendant à Illia, toujours avec ce même sourire aux lèvres. C’est ridicule que ça me fasse autant plaisir.

Rose me demande si j’ai une idée d’achat. A part mon histoire de casquettes je dois dire que pas vraiment. N’étant pas quelqu’un de très matériel de base, j’sais pas trop quoi prendre. J’aurais préféré qu’on puisse faire d’autres photos et j’avais espoir d’une machine qui pourraient nous permettre d’en faire mais c’est peut-être trop spécifique. J’aurais peut-être dû en parler avant. J’sais pas. Bref, les casquettes ; c’est des bicolores aux effigies du par cet donc de Zebiblon et Zeblitz. Il y en a une rose et blanche pour Rose, une noire et blanche pour Illia et moi ben jaune et blanche. J’aurais préféré de l’orange mais j’vais pas me plaindre.

Je sais même pas si ça va leur plaire vraiment. J’ai aussi envie d’une boite à musique maintenant, mais ça serait copier et puis… Voilà quoi. On a assez trainé ici, j’imagine.

Je ne veux pas que Rose m'achète cette boîte à musique. Elle m'a fait un beau cadeau hier qui a dû lui demander du temps et des efforts en plus d'avoir intégralement payé le repas. On en arrive au stade où ça me gêne et trouve qu'elle en fait trop. Quand elle s'enfuit avec, j'essaye de la choper pour l'en empêcher, mais elle est trop agile pour moi au milieu de ces rayons serrés : si je fais de grands gestes je risque de tout foutre par terre. Alors je proteste et ne peux qu'annoncer à quel point elle est casse-couilles quand elle rejoint Aram. Ce faisant j'essaye encore de lui prendre la boite des mains sans qu'elle me laisse faire. Qu'est-ce que je suis allé me planter devant ce truc, moi ? En plus je suis sûr qu'elle sait très bien ce que j'ai en tête, donc que ça me tourmente, mais n'arrive visiblement pas à la conclusion qui dit que je ne suis pas sûr de vouloir un souvenir de ça. Sauf qu'il est trop tard pour lui dire à voix haute maintenant.
Ca m'agace. Je l'exprime dans un soupir afin d'éviter de le laisser exploser. C'est pas le moment. Le seul point positif, c'est que ça me permet d'éviter de me dire que Limonde tire une drôle de tête.

- Ah oui mince on a oublié de te dire !, alors qu'on y a pensé tout à l'heure, je m'en rappelle, mais aussi ce qui m'en a détourné alors j'évite de m'en rappeler et laisse Rose parler. Je taffe super tôt demain et comme on a déjà peu dormi cette nuit, faut que je me repose. Contrairement à Yaya, j'ai pas l'habitude des nuits de trois heures !

Elle va pour me tapoter le dessous de l'oeil, comme s'il y avait besoin de montrer mes cernes alors je fais mine de lui bouffer la main histoire de me défendre. Je suis pas d'humeur à trouver de quoi répliquer. Ca m'emmerde d'être comme ça d'ailleurs, c'est cool ni pour l'ambiance, ni pour Aram. Je ne veux pas qu'il subisse la mauvaise humeur que peut faire parfois naître en moi le caractère imposant de ma meilleure amie. C'est une de ses qualités qui peut aussi devenir un défaut selon les circonstances.
Limonde s'empare de la boîte à musique, il l'examine et actionne le mécanisme, ce que je n'avais pas osé faire quand elle était sur l'étagère. La musique est jolie, elle mime la dernière que l'on entend lors de l'attraction, quand les deux pokémons se rejoignent et que le ciel s'illumine de milles couleurs. Dommage qu'aucun mécanisme n'arrive à mimer ça. En la regardant, Aram évoque ce que je me souviens être son amie d'enfance.

- C'était quel genre de musique ?, la curiosité l'emporte lors de cette question, me demandant si les sonorités des boîtes à musiques qui sont possédées dans le désert sont différentes des classiques qui reviennent partout ailleurs à ma connaissance. Limonde me rend la boîte, il a un beau sourire sur le visage. Je suis un peu gêné, car je sais pas trop quoi faire, là... Je décide d'essayer de jouer l'indifférence, seulement il faut croire que je ne suis pas doué pour ça aujourd'hui car je n'arrive pas à le regarder en face en le disant : Bah, Rose a décidé toute seule que je voulais cette boîte à musique alors...
- C'est ça fait genre ! Je te connais comme si je t'avais tenu pour tes premiers pas !... Oh mais attend ? C'est vrai ça !, s'exclame-t-elle main devant la bouche dans une expression surprise. Elle surjoue, comme à chaque fois qu'elle a décidé d'être pénible tout en sachant qu'elle a plus ou moins raison.
- Faux ! Les tous premiers c'était mon père !
- Tituber c'est pas marcher ! Avec moi tu t'es tenu droit.

Elle reprend la boîte, demande à Aram s'il veut acheter quelque chose, et une fois la réponse obtenue se dirige fièrement vers la caisse. Pas le choix maintenant, je vais me retrouver avec cette boîte à musique. Je sais ni quoi en faire, ni où la mettre, ne suis toujours pas sûr que je la veux. Et plus ça avance, plus je me dis que la réponse à cette dernière interrogation est négative. Seulement une question balaye les autres en cet instant : me demander si, dans le cas où la boîte finit visible chez moi, Limonde sourira de la même manière en la voyant et en se rappelant son amie.

Je me permets de beaucoup râler quand nous sortons de la boutique pour nous hâter vers la sortie du parc. Illia a eu le culot de m'offrir une grosse peluche d'un adorable emolga qui tient une barbe-à-papa trop mignonne ! D'une valeur équivalente à celle de la boîte à musique ! C'est une vengeance que je n'avais pas vu venir, connaissant ce gros radin là ! Déjà qu'il nous a payé les entrées pour le parc, j'imaginais qu'il serait proche de l'arrêt à cardiaque en imaginant l'état de son compte en banque. Il faut croire que je l'ai plus agacé que je le pensais. Je ne regrette rien ceci-dit : il l'aurait regretté s'il n'avait pas pris ce souvenir. Peut-être pas aujourd'hui, ni demain, ni dans une semaine, mais à un moment il aurait souhaité pouvoir revenir sur sa décision.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que sa vengeance a l'air de le satisfaire car il n'a pas du tout écouté mes protestations et est maintenant tout fier et souriant avec la casquette zéblitz que lui a offert Aram sur la tête. C'est comme s'il venait de se rendre compte que, s'il s'attache les cheveux, il peut ressembler à quelque chose quand il en porte une. Pas comme si je lui avais déjà dit mille fois... Mais enfin, là c'est la casquette offerte par son crush donc forcément il est bien plus réceptif. Franchement !
Il a de la chance que ce soit son anniversaire, ça m'aide à le pardonner facilement et résister à l'envie de lui mettre dans la figure qu'il ne fait pas tout un cirque du fait que le Champion lui offre quelque chose en plus de son cadeau initial. Alors j'enfonce ma propre casquette zéblitz sur la tête – d'une teinte de rose qui va bien avec celle de mes cheveux, il sait bien choisir – et interpelle les garçons :

- Avec Aram on est shinys !

La porte de sortie du parc n'est plus qu'à deux pas.

Rose a tendance à retomber dans ses travers quand nous montons chez elle pour récupérer les affaires que j’y ai laissées. Elle s’excuse du bazar car nous n’avons rien rangé de notre soirée, a l’air toute honteuse. Contrairement à elle, je suis pas sûr qu’Aram en ait quoi que ce soit à foutre, même si ça m’a pas empêché de tout bien nettoyer chez moi en prévision de sa venue. Pour la calmer je lui propose de faire la vaisselle, elle refuse et nous pousse presque dehors car elle doit s’en occuper. Au moment de se dire au-revoir, elle nous souhaite une bonne soirée. Je dois rationaliser très fort pour ne pas y voir une tentative de sous-entendu pourri de sa part.
Tout de même, j’ai hâte qu’on soit arrivés chez moi. La fatigue de la journée commence à me tomber sur les épaules, c’est le coup de mou de début de soirée. Alors sur ma bécane, je slalome plus entre les voitures que je devrais pour éviter les bouchons. A un moment, je suis tenté de prendre un trottoir, mais avec Aram et ses jambes complètement à l’air derrière moi je veux pas prendre le risque de devoir me barrer en vitesse et tomber. Lui, ça le pardonnerait pas.
On finit par atteindre Port Yoneuve, puis ma résidence. Dans les escaliers qui mènent chez moi, je prie pour ne pas croiser Tarja. C’est le cas à chaque fois que Limonde passe chez moi, mais aujourd'hui plus que d’habitude. Je ne veux pas me demander pourquoi. Aussi, je m’applique à marcher devant même si mon pote sait où on va.

A l’intérieur, tout est nickel sauf les fringues éparpillés par la fouille de début d’aprem’ pour me trouver une tenue convenable. Je prête une attention toute particulière aux photos de Phil, seul ou avec moi, que j’ai disposé sur l’étagère pile au-dessus de la télé, sans savoir comment je me sens actuellement. C’est mon chacripan qui me tire de ma contemplation en quelques secondes, quand il miaule en s’étirant depuis mon oreiller, sa place favorite pour faire la sieste.

- Ah je te présente Sunshine !, je lui en ai déjà parlé, mais c’est la première fois qu’ils se rencontrent. Le pokémon les regarde lui est Samaël avec de grands yeux curieux, debout sur l’oreiller et la queue dressée. Je suis content qu’il ait une attitude amicale malgré son passif. L’essentiel avec lui c’est de savoir que quand il baisse les oreilles faut le laisser tranquille.

Je songe qu’il faudra que je fasse attention à ne pas surnommer ce pokémon “Limonde” tant qu’Aram est là. J’ai pris le réflexe pour la blague, car je trouve que lui et mon ami se ressemblent. Seulement j’ai jamais réfléchi aux raisons, et maintenant que j’essaye de mettre le doigt dessus… Si je fais une bourde, il faudra que je m’en tienne à leur amour mutuel de la chaleur.
Sentant que mes joues sont à deux doigts de rosir, je me rappelle que les photos me regarde et me distrais en donnant quelques caresses sur le crâne au chacripan qui les accueille en ronronnant. Adorable !... Bref, je pose mon sac, en sort l’album cadeau de Rose que je pose sur la table de chevet, puis la casquette zéblitz qui part sur le porte-manteau - la boîte à musique reste dans le sac pour le moment - et entreprend de foutre mes fringues en boule dans le placard vite fait. C’est tellement petit chez moi qu’on serait foutus de se prendre les pieds dedans si on fait un peu les cons.

Ceci fait, je me pose enfin, assis sur le lit qui fait office de canapé, et pousse un long soupir de fatigue et de détente. J’ai déjà la flemme de me relever alors qu’il faudra bien que je passe à la douche. Mais enfin là, je veux prendre au moins cinq minutes de repos. Mine de rien ça fatigue. Du coup je me laisse aussi tomber de traviole sur le lit. Avec la vue sur le plafond au moins j’ai pas de problématique liée au short d’Aram. Je sais pas si j’aimerais bien qu’il en change ou pas, d’ailleurs. Ca me fait chier.
Sunshine profite de ma position pour venir se poser sur ma poitrine, papattes en rond et tout. Ca me fait doucement rire.

- Condamné à rester couché jusqu’à ce qu’il se relève !, la bonne excuse pour flemmarder plus de cinq minutes. Je relève juste la tête pour repérer une pile de blu-rays laissée exprès sur le bord du meuble télé et les désigne du doigt : Tu t’en doutes, t’échapperas pas à au moins un film ! J’ai fais une sélection, je te laisse choisir pour après manger Limonde !

J’ai mis tellement de temps à me décider sur si je faisais un gâteau ou non pour ce soir - je suis toujours trauma du concours à la con - que je n’ai pas trop pensé au repas. C’est peut-être nul de rien proposer de cuisiné alors que les autres fois où il est venu j’en profitais pour me motiver à le faire, mais y a quelque chose en moi qui veut un fast-food comme celui du soir où on est devenus potes. Au moins, il y aura le dessert.
Sunshine a levé la tête, je me demande pourquoi jusqu’à réaliser qu’il a réagit à… “Limonde”. Merde. J’espère qu’Aram s’en rendra pas compte. Une fois, ça devrait passer, mais si ça se reproduit…

Quand Rose me présente la boite à musique, j’ai l’esprit encore embrumé. Le point positif, c’est que je crois qu’ils ne s’en sont pas rendu compte comme ils se chamaillent et j’dois avouer que ça arrange bien mes affaires. Je fais tout pour oublier ce que j’ai entendu tout à l’heure et me concentrer sur la boite. Sauf que ; c’est celle de l’attraction qu’on a faite ensemble, rien que tous les deux. Celle où on s’est tenu par la main et… Ah ! C’est pas le moment, vraiment ! Heureusement que Rose balance qu’elle est pas là ce soir, ça me donne de la contenance. Je hoche la tête, j’suis bien placé pour savoir que parfois, le boulot, il fait chier et il tombe pas au bon moment. Sa réflexion qui se veut humoristique sur le sommeil d’Illia me fait afficher une moue ; j’ai un peu de mal à rire de ça, vu l’état dans lequel ça le met. Heureusement, ma moue est balayée par un léger sourire lorsqu’il fait semblant de lui bouffer la main. C’est enfantin, mais ça suffit à m’amuser.

La mélodie qui s’échappe de la boite à musique me fait sourire aussi. Je la reconnais, ce qui est un miracle pour moi tant la musique entre dans une oreille et ressort de l’autre. J’aime bien, mais j’ai aucune mémoire la concernant, sauf si on me bourre le crâne avec. JAussi, quand Limonde me demande quel genre de musique s’évadait de la boite d’Aïsha, j’ai une légère moue de réflexion.

« Je saurais pas vraiment dire. Ça ressemble… A des sons de chez moi mais j’sais pas trop comment ça s’appelle. Une imitation de sitar ? » Et encore j’ai l’esprit complètement biaisé dans cette histoire ; c’était Izy qui la jouait au sitar quand il apprenait à en jouer, sans doute parce que c’était une mélodie qu’on entendait souvent. Je me souviens qu’Aïsha l’écoutait tous les jours, pendant sa prière à ses parents. J’ai toujours trouvé, du coup, la mélodie plutôt déprimante… Même si elle était jolie. Mais pour ma meilleure amie de l’époque, c’était un soutien incommensurable, un cadeau souvenir… Hum. Faut pas que je parte sur cette pente. Je préfère encore sourire idiotement en me disant qu’Illia tient à s’acheter un cadeau qui me lie à lui, d’une certaine manière. Dit comme ça d’ailleurs, c’est encore plus niais que je l’imaginais. Je me fatigue.

Je rends la boite à Illia, lui laissant le dernier mot même s’il dit que c’est Rose qui l’a. Ils se chamaillent à nouveau et je lutte pour pas repartir dans mes souvenirs avec Aïsha. J’imagine qu’elle aussi, elle m’a tenue les bras à mes premiers pas… Faut vraiment que je reprenne contact avec elle.

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Je suis fier de mon cadeau, surtout qu’Illia porte la casquette à merveille. Je suis content qu’ils l’aient acceptés ! Ce n’est pas grand-chose, mais je trouve qu’elles étaient jolies. Tout comme la peluche Emolga que Limonde a offert à Rose d’ailleurs. J’imagine que c’est pour se venger de la boîte à musique et ça me fait sourire. Leur relation a le don de m’amuser. Je suis bêtement heureux qu’on porte tous la même casquette et la remarque de la demoiselle me fait rire. C’est vrai qu’on a des coloris qui sortent du lot, mais l’original est chouette aussi ! En plus, elle lui va bien. Ça me donne une bonne excuse en plus, pour le regarder avec un sourire idiot. J’ai cinq ans dans ma tête, rien ne va plus.

Je pensais pas que Rose habitait près du parc, mais moi qui me demandait comment on allait faire pour tenir à trois sur la bécane, j’ai ma réponse. Quand on arrive à son appartement elle a l’air honteuse et je ne comprends pas trop pourquoi. C’est pas moi qui vais reprocher le bazar à qui que ce soit… J’suis pas très bordélique, mais ça c’est surtout parce que j’ai pas masse de choses non plus. En dehors des fringues. Ma penderie… C’est un autre délire. Je crois qu’Alice ou Malik passent souvent derrière moi pour la ranger parce que je suis capable de foutre un boxon pas possible rien qu’en récupérant un T-shirt dedans – en même temps, quelle idée de mettre un vêtement que je porte souvent tout en bas de la pile… ! -. Bref, moi ça me pose pas de problème. Illia lui propose de faire la vaisselle, ce qu’elle refuse abruptement et nous jette presque dehors. J’ai quand même le temps de lui répondre à son bonne soirée et je lui souhaite un bon courage pour demain.

Le trajet en moto me plait toujours, même si c’est moins fun en ville que sur la nationale. Je commence vraiment à me sentir de mieux en mieux et au moins le trajet est assez court pour que je n’ai pas de Fermite dans les jambes. Ça aurait été ridicule. Je sens une certaine fatigue s’emparer de moi, sans doute du par l’inactivité et toutes les émotions vécues aujourd’hui. Je suis quand même rassuré de constater qu’il n’y a pas de malaise entre nous, maintenant que Rose n’est plus là. C’était une de mes craintes, en vue des événements de l’après-midi… Et de certains trucs que j’ai capté mais que je refuse toujours d’admettre. Une fois dans le bâtiment, j’ai l’impression qu’Illia prend les devants pour éviter que je sois reconnu. Avec ma teinture normalement, ça devrait aller, surtout que j’ai gardé ma casquette. Il en fait peut-être un peu trop mais je trouve ça mignon, quand même.

Je me sens soulagé, quand on finit par se retrouver dans son appartement. La fatigue est là, mais je me sens bien ici. Un peu moins cela dit quand mon regard se pose sur les photos. Ça me rappelle pourquoi je lutte pour que Limonde ne se rende pas compte de mes sentiments. Je laisse mon sac trainé dans un coin, me disant qu’il faudrait quand même que je fasse sécher mes vêtements trempés pour que ça n’empeste pas trop demain. Je laisse Illia tranquille tant qu’il regarde ses souvenirs, remarquant la créature qui se réveille sur l’oreiller. J’adresse un geste à Sam pour qu’il ne s’emporte pas ; il a tendance à grogner sur les félins, sans doute à cause de son instinct. Mais avec les pokémons d’Illia, je refuse qu’il se montre agressive. Il ne fait rien, fixant tout de même la boule de poils. Il ne fera rien de plus et c’est tant mieux.

« Il est trop chou ! » Même si j’ai pas de félins, ça ne m’empêche pas de les trouver adorable. J’ai beaucoup hésité fut un temps à avoir un Flamiaou d’ailleurs, mais j’avoue que je n’aime pas tant Félinferno donc… J’ai résisté. Sunshine se met à ronronner quand son dresseur commence à le caresser et ça m’attendrit encore plus. J’aime trop ce son, ça m’apaise de fou. Illia se pose tranquillement et je ne peux m’empêcher de me marrer quand je le vois ranger ses fringues. « Meilleure façon de ranger. » Puisque j’ai la même. Je ne devrais pas être fier, cela dit. En attendant, je m’installe moi-même par terre, par habitude, commençant à me gratter le crâne. Je n’ai pas fait gaffe jusque-là, mais depuis que j’ai retiré le casque de moto, ça me démange. Samaël a cessé de regarder le Chacripan, venant réclamer des caresses, lui aussi. Jaloux va. Lorsque Sunshine s’installe sur le torse de son dresseur, je me marre. C’est que ça doit être confortable, il a raison… ! Ça donne une raison à Illia de ne pas bouger de sa place et il me montre une pile de blu-rays que j’avais pas vu.

« Ah parfait ! » Je pensais aussi à une soirée film. Avec la journée qu’on a dans les pattes, j’aurais pas été capable de faire grand-chose de plus de toute façon. J’espère juste pas m’endormir bêtement devant. De ma place je parviens à attraper la pile et j’enchaine les jaquettes jusqu’à arriver à celui qui me botte le plus. « Celui-là ! Je l’ai déjà vu mais il me fait toujours marrer, en plus d’avoir de chouettes décors. » Forcément, puisque ça a beaucoup été tourné dans le désert. Mission Cléo, je trouve que c’est une valeur sûre. C’est de la comédie donc il n’y a pas de risque que ça plonge Illia dans un sale état. Et puis c’est l’occasion de se taper de bonnes barres de rire.

Je recommence à me gratter l’arrière du crâne et je laisse échapper un soupir d’agacement. « Ça te dérange pas si j’vais prendre une douche avant toi ? J’sais pas si c’est l’eau du parc ou la teinture mais ça me démange de ouf. » Et c’est peu dire. J’ai pas d’ongles donc je devrais pas trop m’abimer le cuir chevelu, mais je commence à me demander si le produit est pas trop agressif pour moi. « J’peux te taxer une serviette aussi ? J’ai pas eu la place pour en prendre une. » Je me relève, récupérant mes affaires. J’vais aussi me permettre d’étendre mes vêtements trempés, je pense pas que ça le dérangera. Samaël peut très bien rester dans la pièce même si je suis dans une autre pièce. Il a l’habitude de l’appartement d’Illia, maintenant.

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Ça m’a fait du bien, même si j’ai du faire deux shampooing pour que la majorité de la couleur parte. C’est, après tout, ce qu’il y avait écrit sur la boite. Tant que j’étais sous le jet d’eau, ça me démangeait plus mais maintenant que je les ai séchés avec la serviette, je crois que ça revient. C’est trop relou ! J’essaye de voir dans le miroir mais comme c’est beaucoup sur l’arrière de mon crâne que ça démange… Pfff. Je crois que je suis quand même un peu rouge. J’enfile mon boxer et mon short, gardant la serviette sur mes épaules avant de quitter la salle de bain.

« Limonde ? J’peux te demander un service ? » Ma pudeur étant toujours la même, je n’ai aucun souci à me trouver torse nu devant lui. Je m’approche pour lui tourner le dos et relever mes cheveux, dévoilant mon tatouage mais surtout ma peau. Ça me gratte aussi dans la nuque après tout. « J’suis pas genre, rouge ? J’crois qu’il faut que je change de marque de teinture. » Si j’ai ce genre de réaction à chaque fois que j’en mets, ça va être relou, après tout. J’espère quand même que c’est pas trop trop, j’aimerai pas devoir sortir à la pharmacie où j’sais pas quoi.

Un sourire bêtement fier me traverse le visage quand Aram qualifie Sunshine de "chou". Je n'y suis pour rien, mais ca me fait plaisir. Surtout que ça vaut mieux car mon chacripan est tout le temps hors de sa pokéball donc il sera bien présent ce soir. Aussi, je suis content de voir que Samaël n'est pas agressif avec lui et que mon félin n'ait pas l'air de s'en soucier. La soirée devrait bien se passer. Il faut juste que j'arrive à mettre le reste de côté... Je vais y arriver. Le rangement m'aide à me changer les idées, même s'il est expéditif et qu'il faudra que je repasse derrière.

- Selon Rose aussi depuis que je suis là pour repasser derrière et plier correctement, ma réponse est peut-être trop sérieuse, mais il est vrai que ma meilleure amie a tendance à un poil m'exploiter pour ses tâches ménagères. Pas que ça me dérange franchement, mais elle les faisait, les efforts, avant que je revienne dans sa vie. Ouvre pas ce placard tant que t'es là, ça risque de se casser la gueule, pour le coup ça, ça me fait rire car c'est tout de même bien foireux.

Ceci fait, je m'écroule sur mon lit, laisse Sunshine s'installer sur mon torse et décide que c'est le bon moment pour me reposer car j'arrive à mettre de côté les pensées qui me perturbent. Après la journée au parc et ses rebondoissement, je suis bien fatigué. Peut-être que je vais bien dormir ce soir... Non, en fait, je crois que ça me fait un peu chier de me dire que je vais forcément mieux dormir puisqu'Aram est là. Il faut que je me rappelle que ce serait le cas avec n'importe qui. N'importe qui qui respire.
Pour préparer la soirée, je signale à Aram une pile de films que j'ai sélectionné exprès pour qu'il en choisisse qu'on pourra regarder le soir même. L'idée a l'air de lui plaire, tant mieux. Je me sentais pas capable de faire autre chose de toute façon et ne pas regarder de film le jour de mon anniv' serait un putain de comble ! D'ailleurs, si le parc n'avait pas coûté aussi cher, j'aurais de sûr fait du forcing pour aller au cinéma après, tout aussi fatigué que je sois. Si ce n'est pas le jour de mon anniversaire que je peux abuser, quand est-ce que je pourrais le faire ? Limonde est rapide à choisir le film. Je relève la tête pour voir sur quoi il a jeté son dévolu et le gratifie d'un pouce en l'air pour approuver son choix.

- Si t'aimes les décors tu vas voir cette édition a des couleurs de ouf !, je pense que dans le fond il s'en fout, mais je me sens un peu fier de pouvoir le préciser. Il enchaîne pour me demander s'il peut aller à la douche en premier car ses cheveux le grattent. Pour répondre, je désigne Sunshine toujours étalé sur moi : Vas-y, le quart d'heure après lequel c'est plus si cruel de le réveiller est pas encore passé. Et prend tout ce dont t'as besoin !

Avec un peu de chances, quand il ressortira de la douche, il n'aura plus son short.

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Pendant qu'Aram se douche et puisque je suis condamné à rester allongé, je décide de prendre le temps de regarder les messages reçu aujourd'hui et d'y répondre. J'espère que personne me tiendra rigueur d'avoir tardé autant ! Ca va que je suis pas très sociable, car il y en a peu du coup. Je remercie simplement Tarja, Célestin et Chelsea, fait un message plus long pour Millie qui m'a gratifié d'un pavé. Il faudra que je lui rende visite bientôt d'ailleurs. Je me marre quand je vois que Rose en a envoyé un aussi une fois qu'on l'a laissée chez elle, toujours plus cette meuf ! Elle me précise aussi qu'elle a dit à sa mamie d'attendre que je l'appelle pour me le souhaiter, je profite aussi de l'absence d'Aram pour faire ça avant qu'il soit trop tard pour la vieille dame. L'appel est mignon, il me met du baume au cœur : je lui raconte rapidement la journée et lui donne quelques nouvelles de Blast. Elle aussi, il faudra que je retourne la voir bientôt. Je suis sur le point de reposer mon téléphone et me consacrer au gratouillage des oreilles de Sunshine quand ça vibre à nouveau. Mon cœur rate un battement : c'est mon père.
"Joyeux anniversaire". C'est tout.
J'ignore si je voulais plus ou rien du tout, tout comme je ne sais pas si je vais lui répondre. Quand Aram sort de la salle de bain, je suis encore en train de me prendre la tête alors la distraction de sa présence est bienvenue.... Quoique il a toujours son putain de short et c'est encore pire maintenant qu'il porte plus rien d'autre je crois. Ca m'empêche pas de délicatement prendre Sunshine pour le poser sur l'oreiller – il émet un petit bruit ensommeillé adorable au passage – et d'aller voir ce que Limonde me demande.

- Si un peu dans la nuque et plus à la base des cheveux. Ca te gratte toujours ?, va savoir pourquoi, j'ai envie d'y passer le doigt comme ça n'allait pas être encore plus désagréable pour lui. J'évite de me demander ce que je trouve qui lui va mieux entre ses cheveux blancs et la couleur que je vois dans ses racines, regardant plutôt son tatouage vite fait. Ca aide. Puis maintenant que j'ai le bracelet qu'il m'a offert, je peux comprendre que c'est de l'écriture. Je l'avais jamais aussi bien vu d'ailleurs... Je sais plus si je t'ai déjà demandé : il dit quoi ton tatouage ?

Je m'éloigne un peu, n'ayant plus rien à regarder là. Ca aide aussi à chasser le début de réalisation comme quoi ça doit être doux de déposer un baiser juste là. Cette idée n'existe pas, elle n'existera jamais.

- Je vais voir si j'ai quelque chose pour ta tête, mais je crois pas. La moitié des trucs dans la salle de bain sont à Rose et j'ai aucune idée de ce que ça fait.

C'est à mon tour d'entrer dans la petite salle d'eau. C'est pas mal, car comme ça j'ai plus de risque de voir sa nuque, ni son short, et le reste qui va avec. Une partie de moi espère que je n'aurais rien à lui donner d'ailleurs, quoiqu'il devrait être capable de se l'appliquer tout seuil si je trouve, non ? Je revois la fois où je lui ai tartiné de la pommade sans aucune gêne et me sens ridicule. Bref, je fouille le placard à pharmacie en lisant bien ce qu'il y a marqué sur les produits qui me sont inconnus. Vu mes capacités de lecture et les mots à coucher dehors qui sont sur les boîtes, ça me prend un peu de temps.

- Ah ! Y a un truc qui soulage des démangeaisons !, je crie pour qu'il m'entende. Par contre je sais pas si ça marche contre ce que t'as, y a une liste longue comme le bras d'effets contre quoi c'est efficace, mais j'y comprends rien.

Je ressors de la salle de bain avec le tube, assez content d'avoir trouvé, mais ne parvenant pas à me souvenir quand moi ou Rose avons bien pu utiliser ça. A tous les coups elle l'a mis là "au cas où" et il n'est même pas ouvert. Je lui file, puis m'en vais chercher la pokéball de Rubis dans mon sac pour le faire ressortir. Lui aussi, c'est important qu'il soit là. Puis ça détourne mon attention. J'aimerais pouvoir sortir plus de mes pokémons, mais vu la taille de mon chez-moi ça risque d'être rapidement le bordel. Peut-être que Happy aura sa place quand il se sera un peu plus reposé, mais impossible de solliciter Citrine par exemple. Si on est pas trop claqués après le film, je pourrai proposer à Limonde de sortir dans le parc de la résidence pour qu'on puisse dégourdir les pattes de tous nos compagnons. Si tard, il ne devrait pas risquer de se faire reconnaître.
Rubis est tout pimpant au sortir de sa pokéball bien qu'il témoignait des signes de fatigue au parc. Il s'assied au pied du lit, prenant sa queue et donc sa flamme sur des genoux histoire de ne faire aucun dégâts. Les pokémons feu en appartement, c'est tout de même compliqué. Sunshine se réveille, essayant de jouer avec la corne du reptincel depuis le lit. Heureusement, Rubis est bien patient avec lui alors je peux les laisser faire.

- Du coup Limonde ! Pour la bouffe j'ai juste préparé le dessert parce que bah... Je me disais qu'on pourrait se commander kebab ?, c'est trop con d'être désormais gêné par cette idée, non ? Et d'avoir eu ce temps d'arrêt chelou. Moi qui était tout enthousiaste en l'ayant, maintenant je me demande s'il y a pas un "truc" caché dans le fait de l'avoir eue. Ce sera pas le même que la dernière fois, il est un peu loin, mais y en a un qui livre à quelques rues qu'est pas mal.

Dans la cuisine, je récupère le prospectus avec la carte que j'avais gardé exprès et lui donne pour qu'il puisse voir si ça lui convient. Dans tout ça, je ne me rends pas compte que le rapport que je fais avec le soir où on est devenus potes sort peut-être de nulle part.

La fatigue est bien présente et faut dire que la douche chaude ne m’aide pas à me réveiller. J’ai tout de même toujours un sourire idiot sur les lèvres, étant tout simplement content d’être là ce soir. J’avais un peu peur que se retrouver seuls soit akward mais en fait, c’est comme d’habitude et ça me convient très bien. J’aimerai juste que mon crâne cesse de me gratter comme c’est en train de le faire… j’avais pourtant fait un test sur ma peau il y a quelques jours pour éviter ce genre de désagrément. Après… Je l’avais clairement pas laissé toute la journée non plus, c’est peut-être pour ça. Ça me casse les couilles par contre si ça me démange toute la soirée. Même si j’ai pas masse d’énergie, j’aimerai quand même en profiter… !

Je rejoins Illia dans le salon pour qu’il me donne son avis sur la chose. J’ai au moins pris le temps d’enfiler mon short, même si après réflexion j’aurais très bien pu sortir en boxer. C’est pas comme si j’étais pudique. Un léger grognement m’échappe quand Limonde me confirme que je suis rouge.

« Moins qu’avant la douche, mais toujours un peu oui… Ça saoule, j’espérais que retirer la teinture suffirait. » Je soupire. Faut pas que je me fâche non plus, ce serait bête. Illia n’y est pour rien et m’agacer ne m’apportera rien. Concentrons-nous sur le positif : j’ai pu pleinement profité du parc en compagnie d’amis sans être reconnu et donc interpellé dans la foule. Et ça, c’est vraiment très chouette. En soi être reconnu dans la rue ne me dérange pas, mais quand je suis avec ma famille ou comme aujourd’hui, j’aime bien avoir la paix. La teinture me l’a permis… Maintenant il me reste plus qu’à trouver une marque qui ne transforme pas ma peau en Ecrapince. « Hein ? Ah oui. » J’oublie un peu trop facilement l’existence de mon tatouage, tellement je le vois jamais. « C’est les prénoms de mes frères – Malik et Isaac. Ils ont aussi un tatouage similaire, Izy l’a sur le poignet et c’est Aram – Malik et Malik sur la cheville avec Isaac -Aram. L’ordre des prénoms permet d'éviter de possibles jalousies qui existent pas entre nous. » Vu que chaque prénom est en premier qu’une fois. Je sais pas comment l’expliquer alors j’espère que Limonde le comprendra tout seul. « C’était l’idée d’Izy, ils m’ont un peu forcé la main. ‘Fin, ils ont plutôt joué sur la corde sensible vu qu'ils ont pigé que l’idée me plaisait trop. Perso j’suis vraiment pas fan des tatouages mais celui-là est bien caché en général… Même s’il a quand même réussi à m’attirer des galères parce que ça rend les gens trop facilement reconnaissables. » J’ai un petit rire en repensant à cette histoire de sextape… En chassant comme je peux la pensée que c’est ce jour-là que je suis tombé amoureux de Limonde.

J’ai, sans m’en rendre compte, continuer à me gratter légèrement la nuque en parlant. Aussi quand il m’annonce qu’il va essayer de trouver quelque chose, je l’en remercie. S’il a pas au pire on peut chercher sur internet un truc qui me permettrait de soulager les démangeaisons. Mais bingo ! Il semblerait qu’il ait trouver une pommade. Je crois que c’est ça, vu que c’est un tube… ça m’étonne quand même qu’il ne sache pas ce qu’il a dans son armoire à pharmacie mais j’vais pas me plaindre pour une fois ! Je lis rapidement le descriptif du produit et j’me souviens qu’Izy me rabâche à chaque fois pour que je lise la notice avant d’utiliser un médicament… mais les démangeaisons me saoulent de trop et j’ai pas la foi de lui demander son avis.

« Merci Limonde ! On va espérer que ça fasse effet ! »

La liste longue comme le bras – comme il dit – a aussi raison de ma patience. Ça va, y a pas de risques que je fasse une réaction pire que ce que je subis actuellement. Je ne sais pas trop combien il faut que j’en mette mais je m’en tartine déjà sur la nuque. J’imagine que ça dissimule un peu le tatouage mais comme de toute façon je dois en prendre soin… Voilà, hein ! Par contre au niveau des racines, ça va être plus chiant… j’vais devoir sans doute me relaver les cheveux plus tard, histoire de pas mettre de la crème n’importe où non plus. En tous les cas, le froid de la crème est déjà appréciable et je pousse un soupir de soulagement. J’espère que ça va continuer à faire effet comme ça !

Mon attention se reporte rapidement sur Limonde quand il parle de dessert – oh trop bien il a fait un gâteau ! – et qu’il enchaine sur la bouffe. J’ai un sourire franc quand je l’entends parler de kébab. « Tu sais comment m’amadouer, toi ! » Je me marre, ne réalisant qu’après coup ce que je viens de balancer et me décide à concentrer mon attention sur la nourriture en elle-même. J’vais juste vite fait aller me laver les mains histoire de pas foutre de la crème grasse sur le fascicule. « J’ai trop la dalle en plus, avec tout ce qu’on a crapahuté cette aprem’, j’vais le dévaliser ! » J’en oublie presque que mon crâne me gratte, repérant ce que j’aimerai manger. La carte est variée et me donne envie de m’exploser le bide. Je me retiens un peu tout de même, histoire d’avoir encore de la place ensuite pour le dessert.

« N’empêche… Je me rappelle que la toute première fois qu’on s’est fait un kébab j’avais eu envie de te défoncer la gueule, mais genre tellement fort. Ça me fait toujours marrer d’y repenser et de réaliser où en est notre relation maintenant. J’aurais pas parié dessus ! Et pourtant j’suis bien content qu’on s’entende aussi et de te compter parmi mes amis proches ! » Est-ce que je rajoute que j’en ai pas beaucoup ? Bah, il le sait déjà, ça. Je crois. Sinon il doit s’en douter. Je suis tout sourire quand je lui annonce ça, me demandant vite fait si ça serait pas un peu… Gênant ? Bah !

J’ai bien le droit de lui dire ce que je pense ! Puis c’est son anniversaire, j’ai le droit d’être enjoué… !
Puis j’ai pas lâcher que je l’aimais sans le vouloir. On esquive la catastrophe : faudrait que je fasse gaffe quand même avec mes déclarations spontanées de ne déraper. Ca pourrait être un véritable désastre.

Interroger Aram sur son tatouage et écouter sa réponse m'aide à cesser d'avoir des pensées idiotes. Douces et dans l'idée agréables, certes, mais avec un retour de flamme terrible – toujours les aiguilles – en plus d'être absurdes. Même si je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est triste qu'il n'aime pas les tatouages car j'aurais bien aimé faire tout le bras un jour... Et ça n'empêche en fait rien ! Y a que la thune qui m'arrête ! Pensées débiles !

- C'est beau comme signification, je saurais pas développer alors à la place je rebondis sur la suite : Normal que les gens le retiennent quand ils le voient, c'est stylé comme emplacement !, il paraît que ça fait bien mal en plus, même si j'ai aucun point comparatif.

Enfin bref, plutôt que de parler de ça, je m'en vais voir si j'ai de quoi soulager ses démangeaisons. Ce serait con que ça lui gâche le reste de la journée, même si vu mon niveau d'énergie je crois qu'il n'en reste pas grand chose. M'éloigner m'aide aussi à me remettre les idées en place, en plus d'avoir parlé du tatouage. Parce qu'il est sur la nuque, donc ce n'était pas suffisant. Peut-être. Je crois. Puis merde je vois plus son short est c'est très bien ! Je finis par trouver une crème qui devrait faire effet et la donne à mon ami en retournant dans la pièce à vivre.
Je m'occupe de sortir Rubis de sa pokéball pendant qu'il applique la crème, m'amuse d'observer mes pokémons jouer gentiment, puis amène la question du repas. Aram a l'air ravit de l'idée, évidemment, et je ne me retiens d'appuyer l'évidence de sa réplique que parce que je me concentre sur le fait de trouver comment payer l'intégralité du repas sans qu'il s'en rende compte à temps. S'il me capte, je pense qu'il y a peu de chances qu'il décide de changer son plan de commande, mais on sait jamais que la fatigue lui fasse décider d'être poli comme s'il avait besoin de l'être avec moi.

Après que je lui ai tendu le prospectus, il y a une réaction à laquelle je m'attendais pas trop, car il évoque en plus de détail que moi la première fois qu'on a bouffé ensemble et le soir où on est devenu potes contre toutes attentes. Le pire, c'est le sourire qui illumine son visage quand il le dit. Je crois que ça me fait encore plus chaud au cœur que ses paroles, même si les deux vont ensemble. Il a pas idée d'à quel point la réciproque est vraie, du nombre de fois où j'ai flippé d'avoir été tellement con qu'il voudrait plus me parler et d'à quel point j'étais en stress à chaque fois que je dérapais et que ça provoquait des moments comme celui qu'il évoque. J'aurais mérité plusieurs fois qu'il me casse la gueule, il l'a jamais fait et m'a subit à la place.

- Ouais euh, en parlant de ça..., comme il m'ouvre une brèche pour lui parler d'un truc que je veux lui dire depuis longtemps maintenant, je pensais que ça coulerait tout seul, mais malgré tout je reste embarrassé. J'aurais aimé lui dire avec le même sourire que lui. Je suis chiant. Je l'ai jamais vraiment fait, donc je veux m'excuser pour tous ces moments là. J'étais vraiment un connard. Et je veux pas me trouver des excuses car j'allais mal ou j'sais pas quoi, que ce soit vrai ou pas. Je veux plus jamais te faire subir un moi comme ça... Et si jamais ça arrive je te demande de me défoncer la gueule, je mériterai !, j'essaye de cacher ma petite gêne derrière un trait d'humour, me marrant vaguement. Je pourrais m'arrêter ici d'ailleurs, ce serait suffisant, mais le savoir ne m'empêche pas de continuer à parler. Cette fois, sans que je m'en rende compte, j'ai le sourire aux lèvres : Je suis heureux aussi qu'on soit amis malgré tout, et je veux aussi te dire merci car bah... C'est aussi toi et ces moments à la con qui m'ont donné envie de changer ce pour quoi je m'excusais. Être meilleur, tout ça quoi, ok cette fois je suis vraiment gêné, mais ça m'empêche pas d'être tout content en même temps comme l'abruti que je suis.

Le problème, c'est que ça me fait aussi s'envoler des charmillons dans le ventre. Encore. Ca craint de ouf. J'arrive cependant à en avoir rapidement conscience alors au lieu de rester comme ça je chope le flyer du kebab, mon téléphone et j'annonce que je vais passer la commande. Après, j'irai me doucher aussi. Je me tourne vers la fenêtre, me prétextant à moi-même que c'est pour pas gêner – gêner quoi ? J'en sais rien – afin d'ignorer le sang qui bat dans mes tempes et me donne l'impression qu'il va faire exploser ma poitrine.

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Si je pouvais m'enterrer, je pense que je le ferais. Temporairement au moins, le temps que la gêne et la honte redescendent. Pendant le film, tout le long, j'ai eu du mal à me concentrer. Pourtant je l'adore celui-ci, il me fait rire, m'absorbe vite. C'est à cause de l'envol des charmillons, je voulais regarder Limonde. Voir comment il réagissait à un film qu'il était sûr d'aimer, le voir sourire et rire. Bien sûr je me suis retenu, en me concentrant sur le fait de carresser Sunshine qui s'était endormi sur mes genoux et de sauver mes frites des crocs de Rubis. Je suis un peu fier, j'ai fini tout le sandwich et les frites, même si ce n'est pas le sujet. Le sujet c'est que j'ai fini, vers la fin du film, quand la reine et l'empereur s'embrassent, par regarder dans la direction d'Aram. Il m'a fallut bien deux secondes pour réagir au fait qu'il faisait pareil en sortant une blague improvisée, très nulle, sur le fait que chez César actuellement doit pas y avoir que les pyramides qui sont des trucs pointus.
La suite s'est passée... Normalement j'imagine puisque j'ai tout débarrassé une fois que les crédits se sont mis à défiler pour amener le gâteau qu'on est en train de finir. Je suis content d'avoir réussi à le refaire après ce désastreux concours de pâtisserie. Plus jamais je me laisse embrigader par Rose dans quoi que ce soit ! Comme j'ai déjà fini ma part qui était plus petite que celle d'Aram, je sens la fatigue s'abattre à nouveau, très fort, sur mes épaules.

- Je suis ko... Au départ je voulais te proposer qu'on sorte un petit coup dans la cour pour sortir les pokémons trop grands pour chez moi, maiiiis peut-être plutôt demain matin ?

Je m'étire et pousse un long bâillement. Pour une fois, j'ai envie de dormir. D'aller me coucher, de peut-être galérer des heures, mais c'est pas grave. Je sais qu'au bout je dormirai, que les charmillons s'endormiront aussi, et avec un peu de chance ils ne se réveilleront plus jamais. Je veux que tout ça ne soit qu'un moment chelou du cours de notre amitié, qu'il n'y ait rien de plus pour éviter le désastre.

- Faudra que je repousse la table pour pouvoir étaler tes couettes.

Le temps du repas, je l'ai mise devant le lit histoire qu'on puisse s'y asseoir et qu'il serve de canapé pendant le visionnage du film. Mon studio est petit, il faut que mes meubles soient multifonctions sinon je m'en sors pas.

Même si je ne suis pas un grand fan des tatouages, le fait qu’Illia aime l’idée du nôtre et qu’il valide aussi l’emplacement me fait bêtement plaisir. Un nouveau sourire idiot flotte sur mes lèvres tandis qu’il se rend à la salle de bain pour m’aider avec mes démangeaisons. J’espère que la crème qu’il a trouvé fera son effet ! Ce serait bête que je passe toute la soirée à être dérangé par mes cheveux. La prochaine fois, je ferais un test plus long qu’une dizaine de minutes.

L’idée du repas me plait beaucoup, tout comme il me fait remonter des souvenirs. Ce soir-là au kébab, notre relation aurait pu prendre une autre tournure… je ne saurais dire, à l’époque, ce qui m’a poussé à lui donner une seconde chance. J’imagine que si ça avait été quelqu’un d’autre, je n’aurais pas été aussi patient… Et encore, je n’éprouvais pas de sentiments pour lui à ce moment-là. Mais je suis content, vraiment, d’avoir insister et chercher à en apprendre plus sur lui, à apprendre à le connaitre. Une fois qu’on comprend comment il fonctionne – et qu’on ne tient pas rigueur de chaque parole qu’il prononce maladroitement -, c’est plus simple, je trouve. Puis même quand ça allait trop loin et que je m’emportais, on a toujours réussi à parler et faire en sorte que ça devienne du passé. D’une certaine façon, on peut dire que notre amitié ne coulait pas de source mais qu’on a fait ce qu’il fallait pour que ça fonctionne quand même. Et ça, j’en suis ravi ! Je ne manque pas de l’exprimer d’ailleurs et j’crois que ça fait plaisir à Limonde.

Enfin, maintenant j’ai surtout l’impression qu’il est embarrassé. Je me demande pourquoi alors je deviens un peu plus sérieux, lui laissant tout le temps dont il a besoin pour exprimer sa pensée. Il s’excuse pour son comportement de l’époque. C’est vrai qu’il a pas mal changé depuis le premier jour de notre rencontre, en tout cas avec moi. J’imagine que l’inverse est vrai aussi. J’suis toujours un petit con, on va pas mentir, mais peut-être moins. Je n’attendais pas forcément d’excuses de sa part, surtout pour des trucs qui sont loin dans ma tête. J’peux me montrer rancunier, mais ce trait de personnalité n’est jamais ressorti avec Illia, comme si j’étais capable de tout lui pardonner. Ça doit être en partie vrai. En tous les cas, je le laisse finir jusqu’au bout, arborant à nouveau mon sourire radieux.

« Pour être honnête j’attendais pas forcément d’excuses, pour moi c’est passé et ça n’arrive plus entre nous, ce genre de dispute. Je ressens plus l’envie de te casser la gueule depuis des lustres. » Je me marre à mon tour, commençant à sentir une légère gêne à mon tour. « Mais j’suis quand même content de les entendre. Et vraiment très heureux aussi de t’avoir aidé à trouver l’envie de devenir meilleur… Même si à mon sens tu es très bien comme tu es. » C’est… Ok c’est sorti tout seul. C’est étrangement gênant de le dire de cette façon et j’ai l’impression de faire à moitié une déclaration. Je sais que j’ai les joues qui s’embrasent un peu, je tente malgré tout de dissimuler tout ça derrière mon sourire. Limonde s’en va ensuite pour passer notre commande et d’un côté, ça m’arrange. L’écarlate colore de plus en plus mes joues et j’en profite pour retourner dans la salle de bain. Ce n’est pas la première fois qu’on se dit des trucs gentils, mais là, y a quelque chose de très honnête derrière nos paroles et… ça accélère les battements de mon cœur. J’ai pas fais la mine, seulement savoir qu’il cherche à devenir meilleur pour moi ou grâce à moi ou que sais-je c’est… Ça me touche de ouf. J’enfile mon T-shirt en évitant de mettre de la crème partout sur le col, m’humidifiant le visage pour retrouver de la contenance.

Je suis vraiment beaucoup trop mordu de lui pour que ses paroles me fassent autant plaisir.

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La livraison a été rapide et on a vite décidé de regarder le film. La gêne qui m’habite est toujours là, j’me dis qu’avec la bouffe au moins, j’aurais pas la possibilité de dire trop de conneries. J’crois que Limonde est encore un peu gêné aussi. C’est bizarre, pas forcément dérangeant, mais bizarre quand même. Il me l’a fait à l’envers en payant le repas en entier, malgré mon appétit d’ogre. Je le remercie, évidemment, mais qu’il s’attende à ce que je lui rende la pareille un autre jour. Faut avouer que regarder la télé et manger en même temps, c’est pas le plus évident, surtout que j’essaye d’éviter de manger comme un Groret. J’ai quand même utilisé mes mains, faut pas déconner non plus. En plus Illia a bien mangé je trouve, avec l’appétit que je lui connais en ce moment. J’suis plutôt content. Pendant le film, je résiste fortement à poser ma tête sur son épaule. La fatigue est là et mon esprit se dit que ça doit être trop confortable. Sauf qu’il faut pas ; je vois au-dessus de la télé les photos et ça me remet à ma place. Je résiste aussi à l’envie de le regarder, repensant à ce que Rose m’a dit au parc. Et je craque sur la fin, constatant que lui aussi me regarde au moment du baiser de fin. C’est… Non c’est mon esprit qui me joue des tours. Il me balance une connerie à laquelle je ris beaucoup trop – midinette va ! – et on passe au gâteau qui est délicieux. Je ne gêne pas pour faire tous les compliments du monde parce que j’aime les gâteaux, mais surtout parce que c’est Illia qui l’a fait et ça le rend encore plus délicieux.

Après avoir aussi bien mangé, je suis pris d’une puissante envie de dormir. La journée a été forte en émotions et même si la soirée a été plus chill, il n’empêche que je suis exténué. J’dois me concentrer régulièrement pour ne pas faire une bêtise que je regretterais ensuite – comme me caller contre Illia en pensant que je serais beaucoup trop bien posé contre lui -. De toute évidence, mon ami est dans le même état que moi et ça me rassure un peu, tandis que je baille à mon tour en le voyant faire.

« Bonne idée, j’aurais encore un peu le temps demain j’pars que vers midi. » Je me relève pour m’étirer à mon tour, passant une main dans mes cheveux. Mon cuir chevelu m’a laissé tranquille depuis un moment et ça me rassure, même si je sens que j’ai les cheveux terriblement gras désormais. « La crème a fait effet en tout cas, ça me rassure. J’vais pouvoir dormir sans avoir me défoncer le crâne en dormant ! » Je ris un peu, puis acquiesce quant à l’idée de bouger la table basse, je l’y aide même ainsi qu’à l’installation de mon lit de fortune qui me convient très bien. Je file ensuite pour un petit passage à la salle de bain. Quand je ressors, j’ai déjà retiré mon short et mon haut. Comme dit, c’est pas la première fois que je dors ici ou même simplement avec Illia, il a l’habitude de mes habitudes.

« C’était une super cool journée en tout cas. J’espère que t’es content de ton anniversaire ! » J’ai de nouveau un large sourire, plus doux cette fois, plus fatigué aussi. Je crois que je vais pas mettre longtemps à m’endormir.

J'espère que mes excuses sont bien passées et que ce que j'y ai ajouté ensuite est compréhensible. Bien que Limonde ait tendu une sorte de perche en abordant le sujet, ça me donne aussi l'impression de remuer des choses passées depuis bien longtemps. D'ailleurs, quand il répond, Aram précise qu'il attendait pas à ce que je demande pardon, pour dire à quel point ça peut paraître lointain ! Pour moi, ça restait important, pour continuer de créer une séparation avec le connard que je pouvais être à l'époque. C'est d'ailleurs en partie ce qui me fait être tout surpris d'entendre dire qu'il me trouve bien comme je suis, parce que j'arrive pas à savoir s'il parle de maintenant uniquement ou s'il inclut aussi l'avant. Dans tous les cas, ça attise les charmillons. Alors je me contente de hocher la tête, pour signifier un remerciement, et me tourne vers la fenêtre pour passer commande de notre repas.

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Pendant le film, j'ai commis une bourde. Enfin, je l'appelle comme ça car je sais pas trop ce que c'est, le moment où je l'ai regardé après avoir eu envie de le faire tout le long du visionnage. C'est bizarre, je comprends pas pourquoi, si ce n'est pour espérer capter un sourire – que je pourrais voir à d'autres moments d'ailleurs, donc c'est stupide – toujours est-il que j'ai fini par le faire, que nos regards se sont croisés. J'ai envie de dire que ça m'a pas plut, mais je ne sais pas ce que ça m'a fait en fait. A part foutu la honte, renforcée par ma blague de merde qui a au moins le mérite de faire rire Aram. Heureusement que c'était ce moment précis du film, sinon je sais pas ce que j'aurais pu improviser pour me justifier. Ou alors c'est peut-être encore pire, de l'avoir cherché pile sur la scène du baiser.
Aller chercher le gâteau une fois que les crédits se lancent m'aide à me débarrasser un peu de tout ça, me concentrer sur autre chose. Je crains le verdict de Limonde, surtout après ce qu'il s'est passé à se foutu concours de pâtisserie. Quand j'entends les compliments qui me sont adressés une fois que mon pote a goûté, je suis content d'être passé outre ce moment où je m'étais promis de ne plus jamais tenter de gâteau. Je l'avais plus fait d'ailleurs avant de finalement me décider il y a deux jours.

- Je le finirai pas tout seul, tu pourras l'emporter si tu veux, en vrai je pense que le gâteau pourrait se conserver assez longtemps dans mon frigo, mais ça me fait plaisir de proposer de le lui offrir.

Ma part terminée, la fatigue s'abat sur moi et je fais part de l'idée désormais avortée que j'avais eu par rapport à nos pokémons. Je suis bien content qu'Aram n'insiste pas pour faire prendre l'air à ses pokémons malgré tout : j'aurais pu, j'ai l'habitude de manquer grave de sommeil, mais j'ai tout de même la grosse flemme. Je veux dormir pour assomer les charmillons et oublier ce que m'a fait subir cette journée. Si demain matin je pouvais me réveiller en constatant que ce n'était rien, juste le stress de la journée, et ne garder que les bons moments qui ne m'ont pas posé de soucis moraux, ça me plairait beaucoup. Quelque chose me dit que ce ne sera pas le cas, mais je décide d'être naïf et espérer quand même. Fixer quelques secondes les photos de Phil m'aide beaucoup.
Aram m'informe que la crème fonctionne, je suis content aussi. Ca m'aurait fait chier qu'il passe une mauvaise nuit, déjà que je le fais pioncer par terre... J'ai beau savoir que c'est ce qui lui convient, quand il est chez lui il a au moins un matelas tout fin. Là, j'ai rien d'autre que des couettes et draps dans lesquels il peut s'enrouler pour essayer d'être confortable. Je me suis déjà renseigné sur les prix pour avoir un truc similaire à ce qu'il utilise pour les fois où je l'héberge, mais Rose m'a fait remarquer que c'était un peu débile d'avoir un "matelas" qui ne convient qu'à un seul invité quand je n'ai rien qui convient à qui que ce soit d'autre. Elle a pas tort, j'ai pas de matelas pour invité, même elle ne peut pas dormir chez moi à part en étant collés dans mon lit ce qui est chiant dès qu'il fait trop chaud et assez inconfortable. Du coup j'ai rien acheté car y aurait eu quelque chose de bizarre dans le fait de m'équiper pour Aram et pas pour ma meilleure amie ou n'importe qui d'autre. Ah. Merde... Est-ce que c'était déjà la même chose qu'aujourd'hui ? Pourtant ça date d'il y a deux semaines ça ! Fait chier.

J'essaye de me dépatouiller de tout ça pendant qu'Aram passe à la salle de bain et que je sors ses couettes. Je passerai derrière lui dans la salle d'eau. Rubis s'équipe de son cache-flamme pour qu'il puisse dormir avec moi sans tout cramer, Sunshine tire mes draps pour les remettre correctement après que le lit ait servit de canapé et je laisse une vieille couverture de Lari' à disposition de Samaël si jamais il a envie de s'en servir pour dormir.
Tout est prêt quand Aram sort de la salle de bain. Je reste bête quelques secondes quand il me parle car il est beau. Pas parce qu'il est en sous-vêtement, ça j'ai l'habitude puis c'est normal, je sais déjà que même si ça gâche rien. C'est parce qu'il y a un truc dans son sourire tout doux et le fait que je sois vraiment content qu'il ait été là aujourd'hui. Quand je réalise que mon temps de réaction est trop long, je crois que je rougit bêtement avant de reprendre contenance. L'impression de la journée doit prévaloir sur cette fulgurance ! Et quand j'y arrive, un grand sourire se dessine sur mon visage malgré la fatigue :

- Trop ! Je suis content que t'ai pu être là aussi. Cette journée va direct dans le top cinq de mes anniv'... Non. Plutôt top trois ! Top cinq en ayant que vingt-deux ans ça rend ça moins bien, j'ai beau me faire un peu rire avec cette histoire de classement, je n'ai pas envie de comparer mes anniversaire là, tout de suite.... Même si je l'ai fait à un moment aujourd'hui je crois. Bref. Je sais que c'était bien, c'est ce qui compte. Je passe à la salle de bain et j'éteindrai si ça te va.

Je m'en vais dans la salle d'eau en prenant mon téléphone avec moi. Malgré toutes les distractions, je n'ai pas oublié le message envoyé par mon père, sans avoir décidé quoi faire. Après m'être brossé les dents, j'allume le sèche-cheveux pour faire genre ils sont encore humides donc il faut que je finisse de les sécher avant d'aller me coucher. Une partie de moi se demande pourquoi je me cache, l'autre sait très bien que c'est parce que je n'ai ni envie d'en parler, ni de dire que je n'ai pas envie d'en parler.
Notre historique de message depuis plusieurs années n'est composé que des quelques vœux de bonnes années, joyeux Noël, anniversaires, venant quasiment toujours de lui. Il y a juste un message de nouvel année qui vient de moi, la fois où on l'avait passé dans un chalet près d'une station de ski avec Phil. Il m'y avait encouragé, j'ai plus jamais recommencé, même si à chaque fois j'y pense beaucoup. Parfois je lui réponds, parfois non... … Je me demande pourquoi il ne m'a jamais cherché si c'est pour ensuite m'envoyer des messages comme ça.
Après avoir réfléchi, je décide de ne pas lui répondre, éteint le sèche-cheveux, reprend mon téléphone et écrit juste "merci" avant d'appuyer sur le bouton pour envoyer. Un profond soupir envers moi-même plus tard, je sors de la salle de bain prêt à aller me coucher.

Une fois dans le noir et dans mon lit, je serre Rubis contre moi, laisse Sunshine s'installer dans le coin du lit où je n'ai pas le réflexe de me recroqueviller pendant la nuit.

- Bonne nuit Limonde !

Je mets bizarrement du temps à m'endormir, malgré la fatigue et la présence d'un être humain vivant que j'entends dans la même pièce que moi. C'est peut-être ça le problème en fait : je suis beaucoup trop attentif à se présence. Ca m'agace car je ne veux pas de ce que cette journée essaye de me faire comprendre bien malgré moi. C'est trop tôt, je suis un connard, et puis c'est Aram donc c'est impossible. Ca a beau me tourmenter, je finis par m'endormir, après avoir tourné dans tous les sens comme si trouver une position plus confortable que la précédente pouvait m'aider à quoi que ce soit.
Quand je me réveillerai en pleine nuit, je serais encore plus agacé. Car j'aurai rêvé d'Aram, de son short de meuf et qu'il se sera soudain retrouvé dans la tenue de bunny que je suis sensé avoir oublié. Que j'avais oublié. Presque. Jusqu'à ce rêve. Impossible de l'oublier. Je suis dans la merde. Putain, putain, putain...
La fatigue me fera tomber dans un second rêve. Phil sera là et il sera triste, déçu, trahit.

C'est une putain de catastrophe.

J’ai un sourire de gosse à l’idée de repartir avec le reste du gâteau. Ça risque d’être un peu la galère à transporter, mais j’m’en fous. On m’offre de la bouffe, j’vais pas dire non ! Je dirais même plus ; c’est un gâteau qu’Illia a fait. Évidemment que je vais repartir avec ce qu’il reste pour me goinfrer plus tard !

La journée a été forte en toutes sortes d’émotions, je ne suis pas mécontent qu’Illia propose de se coucher. Le film, bien que je l’adore, a eu tendance aussi à abattre davantage la fatigue sur mes épaules. On aura encore demain matin pour sortir nos pokémon et profiter du regain d’énergie. J’espère quand même que Limonde va bien dormir, ou au moins se reposer un peu. J’ose pas trop lui demander où il en est de ce côté, mais vu la journée qu’on vient de se taper, c’est pas étonnant qu’il soit out. Moi-même je le suis. C’est assez rassurant qu’il ait été capable de suivre une journée aussi intense.

Quand je retourne dans la pièce principale Illia a déjà installé mon lit de fortune. Je lui ai déjà dit plusieurs fois que ça me convenait très bien, pour dormir. Je ne peux pas m’empêcher de dire à voix haute que je suis vraiment content de cette journée, armé d’un sourire que je ne maitrise pas trop. Je fixe mon ami, intrigué au fil des secondes ; il doit être vraiment mort de chez mort pour ne pas réagir, non ? Il finit par le faire, non sans que ses joues s’empourprent un peu… Hein ? C’est moi qui dois être crever au point d’imaginer des choses… ? Je phase un peu, surtout quand il se met soudainement à sourire. Il est beaucoup trop beau comme ça. Ce qu’il ajoute ensuite sur cette histoire de top me fait rire. J’ignore comment ont été ses autres anniversaires et un coup d’œil vers les photos me laisse penser que c’est une mauvaise idée de demander maintenant, mais je suis content. Tout bêtement. J’serais presque en train de regretter qu’on ait pas pu passer une aussi bonne journée pour mon propre anniversaire… Alors que je l’ai toujours passé avec mes frères.

J’acquiesce, laissant le passage à Illia et allant m’affaler dans les couvertures. Je sens que je vais bien dormir, mes paupières piquent. Je me saisie quand même de mon téléphone pour vérifier si j’ai pas de messages de mes frères justement, ce qui est le cas. Ils ont pas mal parlé dans notre convers’ mais j’ai pas la foi de rattraper la conversation. Je balance juste un bonne nuit dans le tas. Rapidement, Malik me demande comment s’est passé la journée. Je pourrais lui répondre maintenant, mais mon cerveau est trop à l’ouest et je préfère leur en parler de vive voix. On s’est prévu une soirée chill demain chez Izy et Nina, il va donc falloir qu’il attende jusque-là. Limonde est un peu long à revenir alors j’en profite pour jouer à un jeu débile qui sert à rien, mais qui a le mérite de m’empêcher à repenser à cette journée… Et ce que je pense avoir compris.

Je finis juste mon niveau quand Illia éteint la lumière, laissant de côté mon téléphone. Je sens une pression au niveau de mon dos, constatant que Sam s’est couché à côté de moi. Je lui adresse ses habituelles caresses pour lui souhaiter la bonne nuit, jusqu’à ce qu’il décide qu’il en a eu assez et s’installe dans le coin de la pièce. C’est trop dangereux qu’il dorme à côté de moi vu comme je bouge en dormant, ce serait un coup à ce qu’il me crève un œil ou qu’il me blesse. Ça me manque des fois de sentir sa présence près de moi. Quand il n’avait pas encore sa forme méga, on le faisait de temps en temps et… Bref. Ce qui est fait et fait.

« Bonne nuit Limonde. »

Ma voix est un brin endormi. Je lance toutefois un dernier regard vers Illia, bien que l’obscurité m’empêche de le voir. Je me surprends à avoir l’envie de le regarder dormir, décide alors de me tourner pour ne pas me laisser tenter. Bien que je ne voie pas les photos non plus, elles m’intiment de rester tranquille. Je devrais m’endormir rapidement, de toute façon.

… Ou pas. Maintenant que je n’ai plus mon téléphone pour occuper mes pensées, elles se remémorent cette journée, s’attendant particulièrement sur les instants où je suis incapable d’expliquer la réaction d’Illia. Je repense au manège du Magirêve et du Pyrax, de ce court instant où on s’est promené main dans la main. Du rouge qui macule ses joues. Chacune de ses réactions qui pourraient me laisser penser que… Et des paroles que Rose m’a adressées. Je suis soudainement pris par une angoisse fulgurante qui m’écrase la poitrine en pensant que « la place » puisse être prise par un ou une autre, le temps que j’arrive à me décider. Mais je n’ai toujours pas envie de le brusquer, d’y aller trop fort. Je fais quoi s’il me repousse dans une vaine tentative de lui faire comprendre mes sentiments ? Et si je me faisais des films – et Rose aussi – sur la raison des réactions bizarres d’Illia ? Et si… Et si je passais simplement à côté de ma chance. Je tente désespérément de me calmer, sentant toutefois la culpabilité revenir au galop. Ça ne fait pas si longtemps que son mec est mort… C’est quoi, le délai « acceptable » de deuil, dans ce cas-là ? Je m’en presque d’en avoir voulu à mon père quand il nous a présenté Sophia. C’est… plus compliqué que ce que je croyais.

Et pourtant, malgré la culpabilité, malgré la peur qui m’habite, mon cerveau continue de me dire que j’ai eu raison de garder espoir. Ce n’était pas comme si j’avais été capable de contrôler mes sentiments, de toute façon, mais je m’étais toujours convaincu que c’était mort de chez mort. Aujourd’hui… Je n’en suis plus aussi sûr. Cette pensée me réchauffe le cœur. Je me recroqueville un peu, m’attachant fortement à cette dernière.

L’espoir renaît.