J’ai singé Illia, pour accrocher mon badge du soleil. J’aimerai que ça ne fasse pas trop de trous sur ce t-shirt que j’aime déjà beaucoup trop. En général, je suis très loin d’être matérialiste, encore moins avec des vêtements mais celui-ci, je veux en prendre soin. C’est un cadeau, il a une valeur sentimentale. Et puis évidemment, comme c’est Limonde qui me l’a offert, il est encore plus important à mes yeux.

La meuf qui nous a accueilli nous lance un regard bizarre, mais je suis trop perturbé pour y faire plus attention. Je ne sais pas quoi faire. J’aimerai trop qu’on marche main dans la main vers la suite de l’attraction, mais… C’est un truc que font que les couples non ? Ça fait longtemps tiens, que je ne me suis pas demandé ce qui se fait être entre potes ou non. J’imagine qu’Illia peut le faire avec Rose sans qu’il soit forcément en couple, seulement dans ma tête… C’est clairement un geste d’amoureux. Je l’ai jamais fait qu’avec Derek, et encore, il était tellement gêné en public que ça arrivait quasiment jamais. Alors là maintenant, le faire avec Illia… ? Ce serait trop beau mais… Il va pas vouloir… ?

C’est Samaël qui agit le premier. De son côté, Limonde n’a amorcé aucun mouvement. Il est juste surpris, notamment par la sensation humide et froide que provoque le museau de mon Démolosse. Mais c’est fait, du coup. Et ça me rend beaucoup trop heureux pour pas grand-chose, surtout que ça ne veut absolument rien dire. Heureusement que nos pokémons se mettent tous à être impatients de découvrir la suite, ça me permet de ne pas trop phaser. De ne pas trop rougir aussi, je crois. Je me contrôle plutôt bien, notamment parce que je ne parviens pas à interpréter la réaction de mon ami. Je sais pas si ça le dérange, s’il s’en fiche ou s’il aime bien. J’vais pas le lui demander, ça c’est sûr ! Même si je suis curieux quand même. Seulement, de un j’ai trop peur qu’il me dise qu’il déteste ça, de deux, si je parle maintenant je vais bafouiller et le rougissement abondant va suivre. Faut que je reste calme.

Je suis presque déçu, quand le contact prend fin, je ne réalise pas que c’est moi qui l’ai rompu le premier alors que j’aurais aimé que le passage soit un peu plus long. Je garde cette idée pour moi. Un regard à Illia, j’essaye de déterminer son expression sans y parvenir. Il est temps qu’on se sépare et je fronce un peu les sourcils en voyant son visage. On s’engouffre chacun de son côté dans son couloir alors que je sais que je suis rouge pivoine. Mais… J’ai cru voir, l’espace d’un instant, cette même couleur écarlate sur les joues d’Illia. … ? Il faut que j’arrête de prendre mes rêves pour une réalité. J’ai dû rêver, surtout vu la vitesse à laquelle il est parti sur le chemin de la lune. Mais si jamais… Humf. Je me file deux légères baffes. Faut pas que je parte sur le terrain des faux espoirs. La situation est déjà compliquée à vivre, le fait de l’aimer en secret n’est pas simple tous les jours. Mais si en plus je me fais des films, la désillusion va faire mal. Très mal.

J’ai pris plaisir à découvrir ma partie, laissant mes divagations de côté. Sam a aimé cette petite balade aussi. Retrouver Illia me fait plaisir, tout comme de le voir sourire. Au moins, cette petite promenade main dans la main n’a pas jeté de froid entre nous. J’ai sans doute encore rien vu de l’attraction mais je ne peux pas m’empêcher d’être particulièrement enthousiaste quand j’en parle à Limonde. Rose avait raison avec son idée ! Illia l’admet, me demandant toutefois de ne pas lui dire pour pas que ses chevilles explosent. Ça me fait rire. J’ai l’impression d’être une midinette, au secours. Je me reprends quand il parle des concours de coordination, sujet qui attire particulièrement mon attention.

« Tu vas en refaire ? C’est vrai que ce serait chouette ! J’aimerai bien te revoir sur scène. »

Ok, je suis trop enjoué alors que je pige rien à l’art. En plus, il n’a absolument pas dit qu’il avait envie d’en refaire, c’était juste pour imager que Rose est très douée pour convaincre les gens. Il n’empêche que ce que je dis est sincère. J’suis sûr que je pourrais me dégager du temps pour assister à l’une de ses prestations ! Comme Alice a l’air de trouver que je fais du bon travail même avec mon emploi du temps allégé, j’ai l’impression que je pourrais continuer sur cette voie donc… ça pourrait le faire facilement. J’aimerai trop.

Je laisse Illia s’occuper de la barrière et m’installe. Sam comprend qu’il doit rejoindre le carrosse derrière nous et je le vois se coucher, curieux du monde qui l’entoure. J’espère que le spectacle va lui plaire. Le gars du staff s’occupe de la barrière et je me demande un instant si je dois me préparer à de l’action ou pas. On a quand même beaucoup de place et j’acquiesce quand Limonde me demande si je suis bien installé. J’ai toujours le même sourire d’abruti heureux sur le visage. On se met en route et c’est le retour des étoiles qui brillent que j’aime à regarder, mais comme Illia prend la parole je le regarde. Et… Il me fixe dans les yeux. De mon côté, j’arrive pas non plus à décrocher de son regard. Ils parlent de ses pokemon et je fronce un peu des sourcils quand il m’apprend qu’ils ont hurlé à la lune comme des Lougarocs. Ça m’amuse aussi et je laisse échapper un petit rire franc. J’imagine bien la scène, bizarrement ! Et son rire me plait en retour. J’ai même le droit à un extrait de la part de Rubis qui se fait réprimander. Ça a fait couper le contact visuel qu’on avait.

Et d’un côté… Ce n’est pas plus mal. L’envie qui m’a pris, à ce moment-là, il faut que je la calme. Vite.
Ce n’est pas le moment d’avoir envie de l’embrasser.

J’ai pas commenté, mais j’espère qu’Illia a compris que j’ai apprécié ce qu’il m’a dit. Mon attention se porte alors sur le spectacle qui se joue devant nous, cherchant un moyen de focaliser mon attention sur autre chose que la pensée qui m’a traversé. Je me prends facilement au jeu ; sans grande surprise, j’ai toujours été bon public, pour peu que je comprenne ce qui se passe devant moi. Bien qu’il n’y ait pas de narration, je saisis bien l’idée de ce qui se passe entre le Pyrax et la Magirêve. Comme je m’en doutais cependant, je ne peux empêcher mes émotions de prendre le dessus. La rencontre m’attendrit, mais en revanche, la déception se lit sur mon visage lorsque les astres se mêlent de cette histoire d’amour. Je ne comprends même pas de quoi ils se mêlent, ces connards ! Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait des rabats joies qui gâchent toute la beauté de l’amour, d’abord ? … Je m’emballe beaucoup trop pour une simple histoire. En le réalisant, je rougis un peu.

Je me suis laissé porter par la performance du Pyrax, mais aussi de la Magirêve. Je suis du genre à me méfier des pokémon spectre, mais je veux bien admettre que la créature sait rendre l’histoire vivante et agréable à regarder. Heureusement d’ailleurs que la fin est belle ! Je ne connaissais pas cette histoire de ciel coloré, mais je l’aime beaucoup. C’est clairement pas aussi romancé dans les écrits sur Rhalgr et Nhaamé ! Je préfère largement cette histoire. J’vais voir les éclipses différemment, maintenant ! Et ça me plait beaucoup. Je suis, possiblement, un peu trop fleur bleue par contre… J’ai pas spécialement envie qu’Illia se foute de ma gueule. Après… J’aime bien aussi quand il me taquine. C’est jamais méchant, quand ça vient de lui.

On assiste à la scène finale qui nous fait voir ce fameux ciel et je lâche sans le vouloir un « wouaaah » d’admiration. J’ai quatre ans, c’est pas possible. Mais je m’en fous. Je m’installe dans le fond de la nacelle alors qu’on se dirige vers la sortie, bien heureux. Sauf qu’au bout du couloir, il y a un écriteau : « Que vous a inspiré cette histoire ? » avec un logo d’un appareil photo. Ah ! Il y a une photo aussi ici ?! Je pensais pas qu’il y en avait dans toutes les attractions ! Je réfléchis rapidement, chassant l’idée que quatre-vingt-dix pour cent des couples s’embrassent sur la photo – que cette idée ne me revienne pas en tête, par pitié – et au final, j’opte pour une autre idée, en espérant qu’Illia ne sera pas trop gêné.

On arrive dans une salle à l’effigie de la lune, cette fois. La sortie, de toute évidence. On descend de la nacelle et je découvre une arche aux couleurs du ciel coloré avec un Pyrax et une Magirêve réunis. Ça m’attendrit.

« C’était vraiment beau ! » … Je rougis un peu. « …Désolé. J'suis un grand romantique, y parait. » Je pense qu’Illia l’avait compris de lui-même. Bon, au moins, je ne me suis pas mis à pleurer, c’est déjà bien ! Sam nous rejoint rapidement et je lui donne quelques caresses. Je crois qu’il s’est un peu ennuyé, au final, mais il ne démontre pas son mécontentement ou quoi. Il va falloir qu’on sorte, maintenant et euh…

Est-ce qu’on doit prendre la photo ou pas… ?

- Euh..., je tortille machinalement une mèche de cheveux face à l'enthousiasme d'Aram à l'idée que je reprenne la coordination. C'est pas prévu. 'Fin Rose essaye de me convaincre de ré-essayer, mais j'ai pas super envie, monter sur une scène, faire face à la foule, avoir des milliers d'yeux jusqu'à travers un écran qui jugent ce que je présente alors que c'est une partie de moi-même que je mets sous les projecteurs... Enfin, c'est pas le moment de développer ça. Je préfère repartir sur Rose et ses tendances manipulatrice, j'y suis plus à l'aise : Mais du coup je suis sur mes gardes ! Rose est trop forte pour être trop sournoise et me faire faire des trucs.

Bref, on s'installe dans la suite de l'attraction. J'en profite pour raconter à Aram que mes pokémons et moi avons hurlé à la lune comme des abrutis dans la partie d'avant. Je sais pas pourquoi j'ai tendance à autant le regarder dans les yeux, mais les reflets des LEDs dans les pupilles ça lui va bien. Rubis me coupe la parole et je suis obligé de le réprimander pour éviter qu'il se remette à gueuler. Mon pote a rien dit, mais mon anecdote a eu le mérite de le faire rire. D'ailleurs, je remarque qu'il a de nouveau l'air super heureux d'être là, ce qui change de la gêne du couloir avant qu'on se sépare chacun de notre côté.
Le spectacle commence. Même s'il a tendance à m'absorber, je peux pas m'empêcher de jeter des coups d'oeil à Limonde pour être sûr que ça lui plaît. Plusieurs émotions passent sur son visage à mesure que l'histoire avance, je suis surpris de voir qu'il est si réactif à l'histoire qui nous est racontée. D'un côté tant mieux, ça veut dire que ça lui plaît, d'un autre je peux pas m'empêcher de trouver ça... Le mot que je cherche n'est pas amusant. Pendant un certain temps que dure l'attraction, je me dis que je ne connais pas le mot que je cherche d'ailleurs. Ce n'est que quand on approche de la fin et que le faux ciel s'éclaire de milles couleurs que je parviens à le retrouver : attendrissant. Quelque chose comme ça en tout cas, quelque part entre l'amusant et le mignon.
Je ne retiens pas mon rire – attendri du coup – face à son exclamation admirative.

- J'aimerais trop que ce ciel existe en vrai, je serais prêt à faire beaucoup pour le voir. Il paraît que les aurores boréales ressemblent un peu quand on les voit en vrai, je reste un peu songeur tandis que le dernier tunnel nous emmène au bout du couloir, me demandant si un jour mon travail me permettra d'en voir une.

Lorsqu'on peut sortir de la nacelle, nous sommes dans une salle où il y a une arche représentant la dernière scène de l'attraction sous laquelle les participants sont encouragés à faire une photo. Plutôt que de m'y intéresser, pour le moment, je m'assure que mes pokémons descendent bien de l'attraction, surtout Happy avec ses toutes petites pattes. Je fais bien car il se ramasse et manque de rouler sur les rails. Je suis en train de le poser sur un sol sûr quand Aram prend la parole. Je suis content qu'il ait aimé l'attraction et amusé par sa gêne... Ce qui me fait répondre sans réfléchir :

- T'inquiète c'était mignon à voir !... Evidemment, c'est dans ce genre de moment qu'aucun de mes pokémons n'est en train de faire une bêtise qui pourrait justifier un changement de sujet. Mon regard fuyant se pose sur l'arche, parfait ! Je le désigne du menton : Si tu veux prendre une photo... La dernière fois avec Rose on a fait les cons en se disant qu'ils devaient pas en voir des comme ça souvent, même si on l'a pas acheté après. Je te laisse décider !

Je suis plus à l'aise en détournant le sujet, mais aussi en me souvenant que c'est pas la première fois que je le qualifie de mignon ! Donc tout va bien ! Enfin non, tout ne va pas si bien puisque ça me ramène à un des moments où j'ai été horrible avec lui et pour lesquels je n'ai pas encore eu l'occasion de m'excuser correctement. Il faudra que je le fasse, que je lui dise que je regrette, que j'étais con et que c'est pas une excuse, et que je veux plus jamais que ça recommence. Surtout pas envers lui.

Bon ils vont me faire poireauter longtemps là ? Ca fait déjà plusieurs minutes que je patiente à la sortie de l'attraction avec mes trois bouteilles d'eau. Pas que ce soit spécialement lourd, mais comment dire que je commence à m'ennuyer ? Après, selon ce qu'ils sont en train de faire et ce qui est en train de se passer, je pourrai peut-être leur pardonner. Surtout à Aram. Yaya se sera beaucoup trop pratique et drôle de faire semblant de lui en tenir rigueur pendant au moins une semaine.
Je vais essayer de voir le bon côté des choses : ça me laisse le temps de fomenter un plan pour le retrouver seule avec le Champion de Ligue à un moment ou un autre de la journée, histoire de pouvoir le questionner sur comment s'est passé l'attraction et ainsi récolter plus de données pour l'analyse de mon meilleur ami. Alors je m'assieds sur le muret juste derrière moi et je commence à réfléchir intensément. Plusieurs idées me viennent, plusieurs possibilités qui peuvent nous laisser assez de temps pour discuter si tant est que j'arrive à tourner les choses de la bonne manière et qu'Illia reste assez bête. Je dois prendre en compte qu'il n'est plus aussi naïf que quand on était ado, ce qui peut me mettre des bâtons dans les roues.

En réfléchissant, je caresse Lily qui est venue se coucher à côté de moi. La journée et l'environnement lui plaisent, elle se régale même si elle ne peut pas participer aux attractions. Tandis que je trouve le temps long, je me mets à songer à un autre point que je ne dois pas oublier : même si c'est pour la bonne cause, je ne dois pas me mettre trop à l'écart. Déjà car Illia pourrait être soupçonneux que quelque chose ne va pas chez moi ou que je prépare quelque chose, ensuite... Bah j'en ai déjà marre d'être toute seule là ! Surtout aujourd'hui, pour l'anniversaire de MON meilleur ami. Je sais que c'est moi qui leur ai proposé de faire bande à part donc je dois assumer, puis c'est pour la bonne cause, mais ohlala je ne me souvenais pas que ce serait aussi long ! Et ils ne sont partis que depuis dix minutes ! J'ose pas imaginer si je commence à vouloir leur faire faire plus de trucs juste tous les deux. Je savais que j'aurais dû prendre une brochette de bombons au stand en plus des bouteilles pour pouvoir l'offrir à Yaya et faire mon intéressante direct.

Finalement, je reconnais la silhouette d'Illia à la sortie de l'attraction et je me lève d'un bond. Je leur adresse de grands gestes et crie pour qu'ils m'entendent alors que je m'approche :

- Les garçons je suis là !

Une fois que j'ai pu les rejoindre, je leur distribue leurs bouteilles d'eau. Je vois qu'Illia se retient pour ne pas descendre la scienne d'une traite et je me demande pour quelle raison il serait aussi assoiffé alors que nous ne sommes qu'en début de matinée. Enfin, pour analyser il faut demander alors je demande direct :

- C'était bien ? Ca t'as plu finalement Aram ?

Tout en questionnant, je repousse machinalement une mèche de cheveux de Yaya qu'est venue se foutre de traviole sur son torse et qu'est en trop, ça fait moche. Enfin, pas si moche que ça, mais ça m'aide à reprendre ma place. Et maintenant, je passe en mode analyse des réactions !

J’ai fait une bourde, je crois. J’ai mal compris ce qu’Illia disait sur la coordination et quand je le vois tortiller sa mèche de cheveu, je réalise ma bêtise. Heureusement, il ne se focalise pas trop dessus et rebondit le fait que Rose est douée pour lui faire faire des trucs. C’est cette info’ qui était importante avant que je raconte n’importe quoi. Je suis curieux de ce qu’elle a déjà réussi à lui faire faire d’ailleurs… Faudra que je lui demande. Je crois d’ailleurs que sa première prestation c’est de sa faute, mais j’suis plus sûr.

On est bien installé et je profite un max du spectacle. Je suis peut-être un peu trop à fond dedans. Il faudrait que je me calme, que j’arrête de me comporter comme un gamin de cinq ans. En plus en général, je ne suis pas super fan de tout ce qui s’approche de près ou de loin à de l’art… Et pourtant là, je suis au taquet. J’ai cru l’espace d’un instant qu’Illia était en train de me regarder lorsque j’ai voulu lui jeter un regard rapide ; j’me suis rapidement mis à rougir et j’ai refixé mon attention sur la danse des deux pokémons. Je ne sais pas pourquoi il m’a regardé moi plutôt qu’eux… Mon questionnement est néanmoins balayé par le final que je trouve trop trop beau. L’exclamation m’échappe et j’entend le rire d’Illia. Mais c’est pas un rire moqueur qui me met mal à l’aise. Ça y ressemble pas du tout même. C’est un rire… Que j’aime bien. Je saurais pas l’expliquer, mais j’me sens pas du tout gêné. Je garde un large sourire sur mes lèvres.

« C’est vrai que ça y ressemble un peu ! C’est trop beau à voir en vrai. »

Je me rappelle de cette fois où on s’est retrouvé avec mes frères à pouvoir profiter de ce spectacle. Comme en plus on était en plein camping, on ne subissait pas la pollution lumineuse des villes et on a vraiment pu en profiter. Je crois que je me suis bêtement endormi en regardant le ciel, ce soir-là. J’aimerai bien en revoir, encore plus en compagnie cette fois d’Illia… Mais c’est bizarre si je lui dis ça, non ?

L’attraction est terminée et mon attention est attirée par la zone de photo. Je suis intrigué. J’ai une idée, mais rien que m’imaginer la proposer à Illia, je rougis. Et ce qu’il me répond lorsque je m’excuse pour mon comportement ne m’aide en rien. Il a bien dit… Mignon ? Attendez… Quoi ? Il a vraiment dit ça ? Je me retourne pour le regarder, me ravise quand je le vois détourner le regard. Je sais que je suis en train de rougir à nouveau et ça m’aide pas du tout, ce qu’il vient de lâcher. Encore moins quand il a l’air de pas assumer ses mots. Il est chiant là, il va finir par me faire croire des trucs… ! Il change de sujet, parlant de la photo. Ça m’aide pas non plus, ça. J’ai encore mon idée en tête. … Bon aller ! J’assume !

« J’veux bien faire la photo ! » Je reprends du poil de la bête, me moquant du léger teint rose qui macule encore mes joues. Je me place naturellement du côté du soleil, Sami s’assoit devant mes jambes et j’arbore un sourire débile alors que je lève ma main pour former un demi-cœur. Il reste plus qu’à Illia de jouer le jeu… Ou pas ! J’espère qu’il va le prendre à la déconne. Même si en vrai, j’ai quand même bien envie de guetter ses réactions… Sauf que je saurais pas les interpréter et que je vais encore me faire des illusions. Faut que j’arrête ça. Heureusement Illia semble s’amuser de ma « connerie » et on peut faire le cliché avec nous deux qui faisons les débiles – bon j’ai quand même mon sourire colgate – et nos pokémon. A l’origine… Je voulais pas forcément le cliché mais le résultat et quand même bien sympa.

« … Je crois que je suis un énorme Poichigeon dans ce genre de trucs. »

Maintenant que j’ai vu la photo forcément… Je la veux. Et j’vais la chercher, d’ailleurs. Parce qu’on est bien dessus, y a nos pokémon et parce que nos mains forment un cœur. Bordel, faut pas que Limonde capte que ça me fait beaucoup trop plaisir.

On finit par quitter l’attraction et j’imagine que maintenant, il va falloir retrouver Rose. Je regarde autour de moi mais il semblerait qu’elle est plus rapide pour nous repérer. On se dirige rapidement vers elle et je suis bien content qu’elle ait pensé à acheter de l’eau. J’ai trop soif ! « Merci pour l’eau ! » Je bois trois bonnes gorgées, en gardant un peu pour que Sam puisse boire aussi. J’ai la technique, quand il n’y a pas de gamelle sous la main ; un mince filet d’eau que je verse par terre et mon Démolosse lape l’eau. C’est pas toujours efficace, y a souvent quand même de l’eau par terre mais ça évite de trop en gâcher. C’est trop précieux comme ressource.

« C’était super ! Je suis content d’avoir fait cette attraction ! Le Pyrax était d’enfer ! J’ai hésité à faire venir Marada dans la nacelle mais j’ai eu trop peur qu’elle foute le bronx… » Je me marre. Après réflexion, elle l’aurait sans doute fait. Elle n’a pas l’habitude de côtoyer d’autres de son espèce alors forcément… Elle est curieuse. Comme moi. Et puis je me dis que certaines attaques prévues pour être jolies, elle aurait pu le prendre pour une vraie offensive et tout faire pour nous protéger alors qu’on risquait rien. Bref… Pas la meilleure idée du siècle. « On fait quoi maintenant ? »

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On s’est un peu promené dans le parc, fait d’autres attractions. Je me surprends à bien aimer la plupart d’entre elles, même si faut avouer que niveau sensation forte, c’est plutôt soft. Je ne sais pas si Illia et Rose me ménagent, mais en réalité, je crois que j’ai une part de moi qui apprécie le geste. Je suis toujours méfiant, quant aux grand huit… Et il se trouve que je vais être rapidement fixé puisque c’est par là qu’on se dirige. On a quitté la partie nature pour rejoindre la partie industrielle… Qui me laisse assez indifférent, je dois avouer. Ce n’est pas vraiment le genre de décor qui me met des étoiles dans les yeux.

J’observe le géant de fer sur lequel on va bientôt monter. Et… Ok je me sens pas très bien, en fait. J’appréhende beaucoup. J’ai même hésité, un instant, à me défiler et les laisser faire tous les deux le manège. Sauf qu’avant de dire que j’aime pas, il faut bien que je teste, non… ? Je suis étonnement silencieux, aussi.

J’espère juste que je pourrais être à côté d’Illia pour me rassurer.

Ouf, Aram ne s'est pas arrêté sur mon emploi du mot "mignon". C'est le genre de trucs que Rose a intégré à mon vocabulaire sans le vouloir à force que je la fréquente depuis petit, ou alors c'est ce que je me dis pour me rassurer sur le fait que ce n'est pas trop bizarre non plus. Je laisse Limonde passer en premier sous l'arche, m'approchant doucement. Quand je comprends son idée, à la forme que prend sa main, je hausse un sourcil avant de me marrer. Sérieusement ? Je prends Happy dans un bras, Rubis se met sur la pointe des pattes pour être sûr d'apparaître sur la photo et de ma main libre je finis le cœur commencé par Aram. Le temps que la photo se prenne, je crois que mon sourire finit par être un peu forcé et donc pas ouf, mais bon... C'pas comme si j'avais pas une sale tête de base sur quatre-vingt dix pourcents des photos où on me demande de prendre la pose.
Ceci fait on descend de la marche qui mène sous l'arche pour aller voir l'écran qui montre la photo qui vient d'être prise, histoire d'essayer de convaincre de l'acheter. Ca fait bizarre de nous voir tous les deux en photos comme ça, encore plus avec le geste qui était une connerie dans ma tête il y a quelques instants, mais maintenant je sais plus quoi en penser. J'aurais aimé ne pas avoir le temps de me perdre dans mes réflexions, mais Aram s'auto-traîte de poichigeon avant de s'en aller acheter encore une fois le ciché. Je me contente de rire et l'attendre. Je regarde à nouveau le cliché qui restera là en aperçu pendant encore quelques minutes. Je me convaincs que j'en veux pas – et pas que pour une question de dèche financière – tout en ayant une sensation bizarre. Mon pote a l'air super heureux dessus, ça lui va bien, et moi... Je fixe quelques instants nos mains avant de profiter que personne ne soit là pour me voir pour prendre en photo l'écran d'affichage avec mon téléphone. Bien sûr je me sens stupide, mais voilà. Je saurais même pas expliquer pourquoi j'ai fait ça et range vite mon portable avant que Limonde revienne.
Quand il est de retour, je lui lance :

- A ce rythme tu pourras te faire tout un album rien qu'avec cet aprem' !, histoire de relancer une conversation légère et sympa pendant qu'on sort et essayer de me débarrasser de la nébuleuse incompréhensible dans ma tête.

Dehors on rejoint Rose qui nous file de l'eau. J'ai méga soif et me retiens de boire ma bouteille d'un seul coup quand je vois Aram partager avec Samaël. Ah ouais mes pokémons... Ils sont passés où d'ailleurs ? Une fois que Rose me lâche et pendant qu'ils discutent de si Limonde a aimé l'attraction, je cherche Rubis et Happy du regard... Pour les retrouver en train de boire dans le bassin du stand de pêche aux couanetons pas loin pendant que le mec du staff a le dos tourné. Faudrait que je dise quelque chose, mais mon reptincel a l'air si fier de porter le togepi à bout de bras pour lui permettre de se désaltérer... Bah ! Je vais faire comme si je les avais pas vus et ferai semblant de m'excuser si on vient me le reprocher. Dans un parc d'attraction, je devrais m'en sortir en prétextant qu'ils sont dissipés à cause de l'ambiance, mais promis par la suite je ferai attention.

Je souris jusqu'aux oreilles, pleine de fierté, lorsqu'Aram me dit avoir beaucoup aimé l'attraction.. Même si j'étais un peu tristoune juste avant, cette vilaine émotion est vite partie maintenant que je les vois tous les deux satisfait du voyage. Enfin, surtout le Champion de Ligue car Illia reste assez silencieux sous prétexte de regarder ses pokémons et d'être en possession d'une bouteille d'eau. Il croit qu'on le remarque pas, mais au moins moi je ne suis pas dupe. Il est perdu dans ses pensées, ça se voit. Je paierai cher pour savoir ce qu'il se passe dans sa caboche qu'a l'air trop remplie pour lui à cet instant.

- Je suis contente que ça t'ai plu ! T'as bien fait de privilégier le calme, ça aurait été dommage de vous empêcher de bien profiter, et puisque Yaya ne regarde toujours pas je me permets un clin d'oeil plein de sous-entendu. Peut-être qu'en fonction de la réaction d'Aram ça me permettra d'en savoir plus sur comment ça s'est passé. Laisse-moi deviner, t'as fait le parcours du soleil ? Ca a l'air de t'aller, puis de toute façon ce darkouille de Yaya est bien fait pour la lune !
- Je t'entends hein !

Je ris, Illia fait semblant de s'être réellement offusqué, puis se pose la question de ce que nous allons faire ensuite. Illia propose une attraction avec plus d'action où il faut qu'on se déplace sur un parcours dans les arbres. C'est parti !

Ca fait maintenant plus d'une bonne heure que nous sommes au parc. On a enchaîné plusieurs attractions, toutes sympas, mais je suis pas contre en faire une qui bouge plus maintenant. Même si j'apprécie de ouf être là avec Rose et Aram, ce serait mentir de dire que c'est pas les manèges à sensations fortes qui m'attirent le plus. C'est pour cette raison que j'ai fini par suggérer le grand huit, soutenu par ma meilleure amie. Quelque chose me dit que Limonde est pas le plus rassuré du monde, ce qui m'embête un peu, mai sil a pas dit non et puis... Qui serait rassuré pour une première expérience de grand huit ? De l'extérieur et quand on connaît pas, c'est clair que ce truc peut ressembler à un engin de mort. Un grand dunaja de métal qui va nous propulser dans le ciel où on va crever de peur, surtout vu comment les gens hurlent. C'est ce qui me pousse à pas revenir sur ma proposition, plus que l'égoïsme d'avoir trop envie de faire cette attraction pour mon anniversaire.
On est dans la file d'attente, au milieu des décors de la zone industrielle. Nos pokémons nous attendent dans l'espace défié visible depuis le là où on est. Même avec le coupe-file, le grand huit étant très prisé, forcément il faut patienter un peu avant de pouvoir monter. Les tiges métalliques de la structures courent au-dessus de nos tête et on entend les passager hurler quand ils passent au-dessus de nous. Hm... J'éprouve le besoin de me rapprocher d'Aram pour préciser :

- Les gens crient pas forcément parce qu'ils ont peur, c'est un peu une convention dans les grand huit de gueuler à certains moments, je sais pas si ça pourra le rassurer un peu, mais bon. Et pour ceux qui kiffent le plus c'est lâcher le siège et lever les bras !

Je me souviens avec amusement de la première fois qu'on s'est lâchés avec Rose. Sa mère, qui nous regardait faire depuis le sol, a frôlé la crise cardiaque. Je m'en étais un peu voulu de l'avoir inquiétée après coup, mais c'était tellement cool que j'ai pas hésité une seule seconde à recommencer.
Quelques pas dans la file plus tard, Rose me pose une question qui me semble sortie de nulle part :

- Phil il avait flippé du grand huit quand tu l'as emmené ?

Bon d'accord en vrai il y a un rapport, mais je reste un instant bête qu'elle se mettre soudainement à me parler de Phil. Je revois les moments importants de cette journée qu'on a passé ensemble, suis pris d'une forme de mélancolie et... D'autre chose de bizarre que je n'arrive pas à identifier. Un peu comme quand j'ai pris la photo d'Aram et moi avec mon téléphone tout à l'heure. Je me perds un temps là-dedans avant de répondre, ce qui laisse à Rose l'occasion d'avoir sa tête de quand elle pense avoir fait une grosse bourde.

- Nan, il m'a tanné toute la file d'attente avec des théories auxquelles je pigeais pas grand chose sur les sensations que pouvaient rechercher les gens dans ce type d'attraction, je pousse un soupir, me rappelant que j'avais pensé qu'il allait me filer mal au crâne à ce moment là. Mais c'était en même temps tellement bien de le voir parler librement comme ça ! Puis après il a trop kiffé, s'est plus posé aucune question et m'a fait enchaîner toutes les attractions au max de sensations du parc jusqu'à ce que ce soit moi qu'en puisse plus !, cette fois j'arrive à rire. Il s'en était voulu alors que moi j'étais juste trop content qu'il s'amuse même si je devais finir éclaté sur un banc.
- Ah ouais ? Je l'aurais plus vu dans des trucs style la balade en barque autour des meilleurs décors du parc.
- Bah pareil, je l'avais fait commencer par ça et il a sorti un bouquin pendant, j'accompagne mon récit d'un haussement d'épaule dépité, même si un sourire doux traverse toujours mon visage.

Rose a un léger rire face à mon histoire, moi je me souviens de ma panique à ce moment-là. J'avais trop peur qu'il trouve tout nul et que la journée soit un fiasco pour lui. Déjà que j'étais pas serein de l'avoir invité au parc... Hmpf. Le truc bizarre est toujours là et ce n'est pas de la tristesse d'avoir parlé de Phil. Elle, je la reconnais à force. Peut-être que j'y suis immunisé aujourd'hui, comme un cadeau d'anniversaire. Non, ce que je ressens c'est autre chose.
Je pose les yeux sur Aram et d'un coup je comprends que c'est de la culpabilité.
… Mais pourquoi ?

- Ah préparez-vous ça va être à nous ! Y nous faut des places à l'avant !

Réflexe, je les chope par le poignet, un dans chaque main, pour les entraîner là où je veux qu'on aille. Et on arrive à avoir le deuxième rang ! Victoire presque totale !

J’ai un peu l’impression d’avoir fait du forcing avec Illia, mais comme c’était juste une connerie, je crois que ça passe. Je ne dis pas que ça me fait pas un petit quelque chose quand je vois la photo, au contraire… Mais j’espère qu’il ne le prend pas au sérieux. En ce qui me concerne, je trouve la bonne parade pour l’acheter sans que ce soit trop suspect. Même si Limonde a une tête un peu crispée sur le cliché, reste qu’il est vraiment chouette. On a nos pokémons avec nous en prime… Ce serait dommage de passer à côté ? Je cherche ma photo, rejoignant mon ami devant l’écran une fois chose faite. Je ne m’attends pas spécialement à ce qu’il achète à son tour le cliché et je me voyais pas l’acheter non plus pour lui ; j’suis pas certain qu’il aurait apprécié. En tous les cas, je suis bêtement content de ma bêtise. Ce qu’il me balance me fait rire et réfléchir à la fois ; c’est vrai qu’un album photo de nous deux, ce serait trop bien. J’peux pas trop le dire à voix haute cela dit, j’ai peur que ça fasse bizarre. Déjà qu’il faut que je me batte contre moi-même pour pas continuer à fixer la photo sur l’écran.

On rejoint Rose et je suis ravi qu’elle ait pensé à nous prendre de l’eau. Samaël et moi, on avait soif. Elle me demande si j’ai aimé l’attraction. Je confirme et… Et j’ai bien compris son sous-entendu et son clin d’œil qui me fait me taper un fard direct. Heureusement que j’ai rien à répondre sinon Illia capterait rapidement que je bafouille… ! D’ailleurs j’ai un peu peur qu’il s’en rende compte, je lui lance alors un rapide coup d’œil. Il a l’air plus intéressé par ses pokémons plus loin. AH ! Ok, Rose le savait elle qu’il n’était pas attentif. Ça me rassure, parce que si elle se met à faire des sous-entendus comme ça quand je m’y attends pas, j’vais vraiment finir par me vendre. Je me détends un peu en lui offrant un petit sourire, hochant doucement la tête. C’est vrai qu’au final, j’ai pu en profiter, de ce petit moment rien que nous deux.

La suite de sa phrase a le don de me faire rire. « Darkouille » c’est tellement un mot ridicule ! J’en comprends le sens – j’en suis presque fier ! – et Illia y réagit d’une façon qui me fait rire davantage. Je reste cette fois-ci spectateur de leur interaction. Je sais pas si c’est moi qui me fait des films, mais j’ai l’impression que Rose est un peu possessive avec son meilleur ami… Peut-être que je me gourre complètement, cela dit.


On s’est bien marré sur les autres attractions. En tout cas moi, je me suis bien amusé ! Mais maintenant, on se retrouve devant le grand huit et euh… J’essaye de le cacher, mais j’appréhende beaucoup. Je ne voulais pas faire mon relou qui refuse alors que si ça se trouve, j’vais aimer. Ce sera ma première expérience après tout… ! Alors sur le coup, j’ai feint d’être emballé, j’crois néanmoins que le naturel revient au galop. Les cris des gens ne me rassurent pas, ni le bruit que fait la structure à chaque passage d’un wagon. J’vois bien qu’Illia et Rose sont tout excités à l’idée de monter dans le manège, moi la première pensée que j’ai eu a été d’être rassuré d’être un peu bloqué dans la file. Ça annonce rien de bon, si ?... Pourtant j’adore faire le con dans les airs sur le dos de Pazuzu ou de Bélial. Pourquoi j’arrive pas à me dire que cette fois, c’est la même chose ?

On dirait que mon angoisse se dessine davantage sur mon visage. Limonde s’approche de moi et cherche à me rassurer en me disant que les gens crient pour une autre raison que la peur. J’arque un peu un sourcil, avant d’acquiescer. C’est quelque chose que j’évite de faire en général, ça a tendance à m’irriter la gorge. D’une manière générale je manque de souffle alors hurler à plein poumons, j’évite tant que je peux. Mais je peux comprendre que d’autres le font, évidemment. Je les envies un peu, des fois. En revanche, quand il me parle de lâcher les bras j’ai une grimace de panique, suivi d’un petit rire nerveux.

« Je crois que pour ma première fois j’vais éviter. »

J’essaye de me détendre un peu plus, ne pas montrer que je me sens pas ouf. J’arrive pas à comprendre d’où vient précisément mon angoisse, ça m’énerve. Je devrais aimer ce genre de truc normalement. Faut que je chasse mes aprioris, quels qu’ils soient. Rose demande à Illia si Phil avait flippé lors de son premier passage dans ce manège. Je dois avouer que je m’attendais pas à ce qu’elle pose cette question et j’avoue aussi, je comprends pas trop le lien. Après, si ça peut faire du bien à Limonde de parler de lui, ça va, mais j’sais pas, avec la tête qu’il a tirée, j’ai peur que ce soit… Déplaisant pour lui d’en parler. Même si désormais j’en sais plus sur Phil, je sais jamais quand c’est le bon moment pour en parler, j’ai pris l’habitude de laisser Illia commencer en premier. Comme ça au moins, j’suis sûr que l’initiative vient de lui. Il semblerait que Rose se rende compte de son erreur avec la grimace qu’elle tire et je réfléchis à un moyen de la sortir de là. Sauf qu’en fait, Illia commence à parler.

J’apprends donc que son ex était un grand fan de sensations fortes. Comme Rose, je suis un peu surpris. Je sais pas trop pourquoi d’ailleurs ; je ne le connais pas vraiment, seulement ce qu’Illia m’a raconté sur lui. Au début je me suis senti débile quand j’ai fait un lien entre Phil et Derek. Mais j’ai vite réalisé que c’était juste parce que c’est deux hommes intelligents et que c’est loin d’être mon cas donc… Voilà. Je mets stupidement les mecs intelligents dans le même panier. C’est débile. Du coup, j’ai sans doute cette pensée que ce genre de type n’aime pas forcément les parcs d’attractions. Ça y va, les stéréotypes… Va falloir que je calme mon cerveau là-dessus, moi qui déteste ça en plus.

La conversation suit son cours. Je suis rassuré qu’Illia se détende et qu’il nous parle de Phil de cette façon. Même s’il y a un fond de douleur, le sourire doux qui étire ses traits à la fin me fait comprendre que ça lui a fait plaisir d’en parler. Et ça, c’est chouette. Je me joins au rire de Rose, quant à l’histoire du bouquin pendant l’attraction. Cette petite histoire m’a presque fait oublier qu’on se trouve dans une file d’attente pour un manège. Je croise rapidement le regard d’Illia – il a une drôle d’expression faciale, tiens – avant qu’il nous attrape par les poignets pour nous emmener tout devant. … Au secours.

Il n’a pas réussi à avoir le premier rang – Rhalgr merci – mais on est quand même au deuxième. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer et j’essaye de me focaliser sur ma respiration. Je rêve ou j’suis en train de flipper, là ? Ça suffit ! C’est comme monter sur le dos de Pazuzu… !

« Je… Je peux aller au milieu ? »

Ça marche pas à me rassurer, cette affaire-là, du coup j’espère que ne pas être au bord sera la solution pour me calmer. Je pose la question mais j’laisse pas trop le choix non plus. On s’installe, je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. Je devrais être trop excité à l’idée de faire ce manège… Positivement. Et pourtant, je sens bien que j’ai les mains moites. Faut que je me calme, vraiment. Le staff passe pour vérifier qu’on est bien accroché – faudrait pas qu’on s’envole de nos sièges, hein… Pourquoi j’ai pensé ça – et le wagon se met en route. Je suis crispé. J’essaye de me détendre, de me concentrer sur ma respiration. Il se passe rien là, à part qu’on est en train de monter doucement. On monte, on monte… ça dure longtemps là quand même non ? J’ose pas regarder autour de nous pour savoir à quelle hauteur on se trouve. Les gens du premier rang s’excitent, je comprends qu’on est bientôt arrivé en haut.

Rapidement et parce que je sens une grosse bouffée de frayeur s’emparer de moi, j’agrippe la main d’Illia. Et c’est pas comme dans le spectacle du soleil et de la lune ou je me contente de serrer sa main autour, là clairement mes doigts se glissent entre les siens et se referment avec fermeté. Je sais que je vais pas le lâcher de tout le parcours. Ça doit l’emmerder parce qu’il ne pourra pas lever les bras en l’air, mais je m’en fiche. J’ai besoin de ce contact-là, maintenant. J’espère juste que je vais pas lui broyer la main…

On est en haut. Les gens hurlent quand on descend, moi j’ai juste fermé les yeux.
Je pensais pas que j’aimerai pas ça. Je pensais que j’arriverai à apprécier. Mais… En fait non. Je me concentre davantage sur la main d’Illia. Au moins ce contact parvient à me faire garder un minimum de sang-froid. Et là, je suis partagé entre l’envie que le manège s’arrête rapidement et qu’il dure encore un peu…

Si je pose cette question sur Phil, c'est en partie pour jauger l'attitude d'Illia. Il y a quelques temps encore il était submergé de négativité, même s'il lui arrivait de parler par lui-même de son ancien chéri. J'ai remarqué que depuis un moment déjà c'était plus facile pour lui et qu'il affichait souvent un sourire doux en l'évoquant. Je veux voir si c'est toujours le cas alors qu'Aram est présent et que Yaya n'arrive pas encore à démêler ce qu'il se passe dans sa caboche et son cœur. L'autre raison pour laquelle je me permets, c'est parce qu'avec le recul je me rends compte que je n'ai pas été cool avec Phil -mais comment passer outre le fait que mon meilleur ami sortait avec un spectre ? Non, plutôt qu'il était hanté par ce spectre ?! Impossible ! - et essaye de choper des éléments qui me permettraient de mieux connaître qui il était en tant qu'h'umain. J'aimerais qu'un jour Illia puisse me parler de lui en toute confiance, de toutes les petites anecdotes si ça lui fait du bien. D'ailleurs, je me demande aussi à quelle fréquence il parle de lui à Aram. Car ça peut être intéressant pour ce que je cherche à analyser rapport à ces deux limondes auto-proclamés, mais également car je me demande si sur ce plan il lui fait plus confiance qu'à moi.
J'évite de songer que c'est le cas, je sens que je vais être jalouse.

Dans sa réponse, même s'il se reprend vite, Illia est plus troublé que d'habitude. Est-ce une question de date ou de circonstances ? Je l'écoute, continue le dialogue, rit en imaginant Phil lire au lieu de profiter d'une attraction. J'ai encore tendance à voir un tutafeh quand je l'imagine. Je me force à le remplacer par l'homme que j'ai vu sur les photos de mon meilleur ami. L'élément principal n'est jamais bien difficile : il avait de très beaux cheveux. Cependant je cesse vite d'imaginer quand je vois le regard qu'adresse Illia à Aram, par inadvertance, avant qu'il nous traîne vers l'avant de l'attraction.
Je crois que ça commence à monter au cerveau, accompagné de certaines craintes que je pouvais avoir. Il va peut-être falloir que je me prépare à gérer un Illia relou , encore. Heureusement qu'avec le temps je suis devenue experte dans cette discipline !

Ca me dérange pas que Rose me parle de Phil. Ca lui arrive de temps en temps, plus souvent d'ailleurs ces derniers mois, maintenant que ça fait moins mal. Je me demande si c'est pour essayer d'avoir une meilleure idée de lui, qui irait au-delà de ce qu'elle en a perçu puisqu'elle ne l'a connu que réincarné. J'aurais bien aimé qu'ils se rencontrent dans d'autres circonstances. Pas que je pense qu'ils seraient devenus potes, mais l'entente aurait été plus simple. Peut-être qu'on aurait pu passer une journée comme celle-ci... Et cette réflexion ne fait qu'accentuer le sentiment de culpabilité qui monte doucement en moi. Je ne parviens à l'identifier que tardivement, mais il est bien là et m'explose à la figure pile quand je croise le regard d'Aram.
J'aimerais pouvoir me poser pour y réfléchir sérieusement, je crois. Même si je pense a priori que c'est parce que, il y a encore quelques mois, si j'avais dû faire un anniversaire à trois, ça aurait été avec Phil et Rose. Quoique c'est stupide : qu'est-ce qui aurait empêché de le faire à quatre s'il n'était pas mort ? Pas le temps de me creuser la tête, c'est notre tour de monter dans le manège et j'entraîne les deux autres derrière moi pour prendre une place à l'avant du grand huit. Je leur demande pas leur avis, ce qui est peut-être pas poli, mais puisque c'est mon anniversaire je peux bien me permettre d'oublier quelques politesses ! De toute façon, si j'avais demandé, il y a peut-être cinquante pourcents de chances qu'ils m'auraient dit que c'était comme je voulais. Ou que Rose soit de la team avant aussi, je sais qu'elle adore ça. Peut-être que j'aurais dû un peu plus penser au fait qu'Aram était pas rassuré à la base ceci-dit, hm... Quoique. Il demande à aller au milieu, ce que je considère comme la meilleure place, donc ça doit pas être si terrible que ça pour lui.
Je me sens très con de pas avoir fait plus attention à lui.

Les sécurités sont vérifiées, le grand huit s'enclenche. C'est la partie la plus ennuyeuse, celle où on monte petit à petit pour prendre de l'élan, mais qui est aussi celle où je ressens le plus d'excitation à anticiper à la descente. La culpabilité m'est complètement sortie de la tête, surtout que Rose me parle par-dessus l'épaule d'Aram pour me rappeler la vidéo du type qui se prend un poichigeon alors qu'il est dans un manège similaire. Je visualise parfaitement, on se marre tous les deux, jusqu'à ce que je m'arrête brusquement. On est bientôt en haut et Aram vient d'agripper ma main dans la sienne.
Ah. Merde. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que c'est de la peur vu comme il serre. Il est trop tard pour arrêter le manège, impossible de revenir en arrière. Je sais pas quoi faire. On arrive à la pointe, bientôt le grand huit s'élancera dans toute sa vitesse. Je crois que tout ce que je peux faire pour essayer de le rassurer, si tant est que soit possible, c'est refermer à mon tour mes doigts sur sa main et serrer.

Ca descend à toute vitesse. Beaucoup de gens hurlent, dont Rose qui ne fait attention à personne tant elle est dans son truc, les bras en l'air, avec ses bijoux qui claquent dans le vent et la vitesse. Moi, je reste focalisé sur Aram pour être sur que tout va bien : il a les yeux fermés, est complètement crispé. Je peux même pas lui parler vu le manège dans lequel on est. Mais dans quoi je l'ai emmené putain ? Qu'est-ce que j'ai foutu ?!
Je finis cependant par regarder à nouveau vers l'avant, pour voir où en est. Le plus grand looping passe, je remercie Rose d'avoir voulu me faire une queue de cheval qui permet d'éviter que mes cheveux se foutent dans ma gueule comme à chaque fois. Même si j'apprécie pas comme d'habitude, j'aime tout de même la sensation de vitesse et me demande si on pourrait pas avoir ça dans une attraction moins flippante pour Limonde. En fait non. Ca va pas de penser comme ça. Je l'ai traîné dans un truc qu'il déteste de manière évidente et je suis en train de penser à comment je pourrais l'emmener dans un truc qui risque aussi de le faire flipper mais un peu moins ? N'importe quoi !

L'attraction se termine, les sécurités se lèvent et les gens commencent à sortir. J'ai toujours la mains d'Aram dans la mienne, je veux être sûr que ça va, que ce soit lui qui se dégage.

- Limonde, ça va ?, j'essaye d'être à peu près neutre, histoire de, mais je m'en veux un peu trop pour ça.

Ce n'est que maintenant que tout est fini que Rose remarque ce qu'il se passe. Elle était déjà debout sur le quai et ne s'est retournée que pour voir ce qui nous prenait tant de temps. Je vais pas la blâmer, j'aurais sûrement fait pareil. Elle revient, un genou sur son siège pour être plus proche de nous, pose la même question que moi avant de se retourner encore pour envoyer chier un membre du staff qui veut nous faire descendre plus vite.
Je me sens trop mal. Je sais même pas par où m'y prendre pour m'excuser alors ça me prend plus de temps que j'aurais voulu. Aussi, je sais que je suis trop inquiet, on est en un seul morceau, c'est des sensations qui vont redescendre, mais j'en ai ras le cul de faire vivre des trucs désagréables à Aram avec mes conneries de gamins !

- Je suis désolé d'avoir insisté pour le grand huit, on fera que des trucs tranquilles maintenant promis !

Ah non hein ! Hors de question de laisser Yaya partir sur la pente de l'auto-flagellation pour un vieux tour de grand huit ! D'accord c'est son crush qui a flippé, mais c'est pas une raison pour que je le laisse s'en faire une montagne et s'en vouloir pendant des semaines. C'est son anniversaire, il est là pour s'amuser, pas agir comme s'il devait tout le temps marcher sur des œufs rapport à la moindre attraction qui bouge un peu. En plus on en a fait quelques unes qui sont pas mal passées, là c'est l'extrême, mais je connais comment marche son cerveau d'abruti et tout ça il n'y pensera pas tout seul.
Je m'approche pour tendre la main à qui veut la prendre pour les aider à sortir de là même s'ils n'en ont pas besoin.

- Calme-toi, ça va, c'est juste un tour de grand huit. On l'a pas forcé... A moins qu'en fait il nous trouve super flippants et qu'il ait pas osé dire non ! , je dis tout ça avec humour en imitant un sourire de grand méchant lougaroc caricatural.

Ce que je veux, c'est qu'Illia ne s'en fasse pas tout un drame et qu'on passe à autre chose. C'est pas grave, et même si Aram finit par gerber car ça l'a trop secoué... Bah il sera baptisé. Peut-être que je devrais peut-être pas penser comme ça de lui, surtout d'une personnalité – non je dois me détacher de ça argh – mais ça nous est arrivé à tous les deux, Illia et moi. On a survécu, c'est pas un drame, maintenant on en rit. Alors Yaya, mets les sentiments dont t'as même pas conscience de côté sur ce coup et tout ira bien..

Je ne suis pas capable d’interpréter le regard qu’Illia m’a lancé. Cela dit, mon cerveau est assez accaparé par l’attraction qui nous attend. Le stress que je ressens n’est pas le plus agréable à vivre ; ça n’a rien à voir, par exemple, avec le stress que je peux ressentir avant un combat de Ligue. Je crois que j’ai pas spécialement hâte d’être dans ce manège des enfers, même si parler de Phil m’a rendu plus attentif à mon ami. Mais maintenant qu’il nous tire à l’avant du train, mon inquiétude revient au galop et c’est presque un miracle que je ne sois pas cloué sur place.

Ça ne peut pas être si terrible que ça, en plus. Je sais que ça fait très plaisir à Illia, en prime. C’est son anniversaire, je voudrais pas le gâcher parce que j’ai un peu peur. Bon, même si c’était pas son anniversaire j’aurais pensé de la même manière. Je sais pas si c’est ma fierté mal placée qui s’exprime ou un excès de confiance en mes capacités. Je n’ai pas peur de la vitesse, ni de la hauteur. Il n’y a rien, logiquement, qui fait que je n’aimerai pas ce tour. Je suis avec des amis en plus, je ne suis pas seul. Toutefois, j’ai quand même la présence d’esprit de demander à aller au milieu. Si ça peut m’éviter de regarder les rails ou le décor trop facilement… je suis preneur.

On est installé, j’essaye de me détendre sans y parvenir. Rose parle à Illia et je fais absolument pas gaffe à ce qu’elle dit. Elle ne semble pas réaliser le trouble dans lequel je me trouve et c’est tant mieux. Si ça se trouve, j’vais adorer la première descente et je vais enfin réussir à me détendre et à apprécier le moment. Je sais pas pourquoi ils rigolent et au fond, j’veux pas savoir. Mon cœur bat de plus en plus vite et j’aime pas ça. Ma panique me fait agripper la main de Limonde et je sens que ça l’a stoppé dans son amusement. Quel nul je suis ! Mais j’arrive vraiment pas à me détendre. J’ai du mal à trouver ça amusant. Allez, faut que j’arrête ma paranoïa. On est en haut, on va vite descendre et… Et Illia serre ma main dans la sienne. J’essaye de me concentrer sur ce contact agréable.

La première descente est sans doute la pire de tous. Fermé les yeux n’a pas rendu le truc plus supportable, au contraire. D’autant plus qu’arrêter de respirer était sans doute tout aussi idiot. Je serre un peu plus encore la main d’Illia et tente de regarder devant moi. Si je vois pas le rail qui me dit quand ça tourne, c’est encore pire. Je me concentre sur ma respiration, sur la main d’Illia, sur tout ce qui m’entoure plutôt que le manège et ses sensations. Rose a l’air de vivre sa meilleure vie à côté de moi, au moins mon état ne la dérange pas. En revanche, je capte bien qu’Illia s’inquiète pour moi et ça m’aide pas trop. J’aurais préféré qu’il profite du tour mais en même temps, qu’il se soucie de moi, ça me rassure, sans trop savoir pourquoi.

Bon. Je sais dorénavant que ce genre de manège n’est pas fait pour moi. J’ai plusieurs fois eu la trouille de ma vie à l’idée que le train se détache et qu’on crève tous. Au moins, j’ai mis le doigt sur ce qui me dérange. Avec Pazuzu ou Bélial, j’ai aucun souci à faire des trucs dangereux dans les airs pour une raison simple ; j’ai confiance en mes dragons. On s’est entrainé ensemble, je connais leurs mouvements, leur façon de voler. Ils me connaissent aussi. Et puis surtout, ils ont un cerveau. Si un truc se passe pas comme prévu, ils peuvent s’adapter et réagir vite pour éviter la catastrophe. Là, avec ce manège, s’il y a le moindre évènement qui peut provoquer un accident, on est tous mort. Et je peux rien faire pour l’empêcher. Ce manque de réactivité et de contrôle… Non. Ça passe pas. J’ai zéro confiance en ce cercueil métallique.

J’ai l’impression que ça a duré une éternité. Mais ça y est ; le tour est fini. Je me sens libéré d’un poids sur la poitrine et je pousse un soupir de soulagement. Je tiens fermement cependant toujours la main d’Illia dans la mienne. Mon cœur commence à me calmer. J’ai réussi par je ne sais quel miracle à contrôler ma respiration. Ça aurait été tellement con que je me tape une crise maintenant… ! Je pensais que le premier truc que je voudrais faire, c’est quitter ce siège maudit pour remettre les pieds à terre. Mais au final non, je suis encore sous le choc. J’arrive pas à bouger. Illia me demande si ça va. Humf. Je l’ai beaucoup inquiété, apparemment. J’aime pas. J’acquiesce doucement de la tête, fermant les yeux un instant. J’ai besoin de me remettre de mes émotions.

Je dois avoir un déclic, quand Illia s’excuse. « Mais non t’excuse pas ! » J’y suis peut-être allé un peu fort. Je suis encore sous le coup de l’émotions et je… Humf. J’aime pas. Je serre instinctivement la main d’Illia dans la mienne. Faut que je m’explique. Rose lui demande de se calmer, précise qu’ils ne m’ont pas obligé à monter dans le manège, phrase à laquelle j’acquiesce. La suite de sa phrase me fait arquer un sourcil cela dit et sa mimique aussi, mais ça me fait un peu rire. Je retrouve un peu de couleur, j’crois. Je réalise qu’on est en train de faire chier des gens qui voudraient faire le manège à leur tour et je me relève, accepte l’aide de Rose pour sortir de là. J’ai fini par lâcher la main de Limonde à contre-cœur. J’aurais bien aimé la garder dans la mienne, sans la démolir cette fois…

Je me décale un peu pour mettre une distance entre moi et le manège qui est déjà prêt à repartir pour son tour infernal. Dans la pièce qui suit, il y a l’habituelle salle aux photos. Ah, il y avait un cliché ici aussi ? Au secours. Je dois tirer une sale tronche. Et effectivement, c’est le cas. Rose vit sa meilleure vie, moi j’suis clairement crispé et Illia… s’inquiète pour moi. Mon regard se pose aussi sur nos mains jointes et… J’suis débile hein, si je veux acheter le cliché juste pour ça ? Maintenant que j’ai repris un peu de contenance, je me retourne vers Limonde.

« Désolé de t’avoir inquiété, j’ai… Je pensais vraiment que ça allait me plaire. J’fais bien le con sur le dos de Pazuzu alors… J’ai pensé que ça ferait le même genre de sensations. Eh bah pas du tout en fait. » Je ris un peu de moi-même. Je suis quand même mille fois content d’avoir les pieds sur terre. « Je suis le seul responsable pour être monté dans ce manège. Je ferais plus l’erreur. C’est pas de ta faute. » Je pense que c’est important que je le dise. « D’ailleurs… » Je me tourne aussi vers Rose. « Si vous voulez le refaire tous les deux hésitez pas, j’vous attendrais dans le parc. J’ai un peu l’impression d’avoir gâché le fun du truc. » Je me passe une main dans les cheveux, un brin gêné. Je sais que pour la donzelle ça a été, pour Illia c’est différent. Et ça m’embête. Je voulais pas l’inquiéter autant…

« Et si y a d’autres manèges du genre que vous avez envie de faire, ne vous gênez pas pour moi hein ! » Histoire qu’on soit d’accord. Je n’ai absolument pas envie qu’Illia se prive parce que je suis pas capable d’apprécier les manèges à sensations fortes. Ce serait dommage, vraiment ! « Heureusement qu’on a pas mangé avant de faire le tour cela dit. » Je me marre bêtement. Ça va clairement mieux, désormais. « Mais j’crois que la peur m’a ouvert l’appétit. »

Ce n’est pas vraiment une grande surprise, n’est-ce pas ?

Je me sens plein de choses, surtout con et égoïste, ce qui est bien pratique pour ne pas penser au reste qui a quelque chose de gênant. C'est peut-être mon anniv', mais c'est pas une raison pour insister à ce point pour une activité qu'un de mes invités n'a pas envie de faire. Ca se voyait, je l'ai vu, au lieu de revenir en arrière j'ai essayé de le rassurer – ce que j'ai dit était très con d'ailleurs. Maintenant je m'en veux d'avoir fait vivre un moment super désagréable à Limonde alors qu'en plus c'est sa première fois dans un parc d'attraction. En plus, sur le registre de l'égoïsme, je préfère vouloir absolument qu'il passe une bonne journée. J'avais l'impression que c'était le cas jusqu'ici, je ne peux qu'espérer que ce moment n'aura pas été si horrible qu'il gâche tout pour lui.
Les réactions que reçoivent mes excuses et ma promesse me font penser que je fais une montagne de pas grand chose. Comme si Aram n'était pas grand chose !... J'ai quand même dû avoir une tête d'enfant qui se fait engueuler quand il m'a dit de ne pas m'excuser. La sensation d'avoir doublement fait un truc de travers qui s'atténue quand il resserre sa prise autour de mes doigts. Rose en remet une couche, j'ai du mal à admettre qu'elle a raison. Enfin je sais qu'elle a raison, mais j'arrive pas à ne pas penser que j'y suis quand même pour quelque chose. C'est stupide. Pourquoi je me suis pas simplement moqué de lui ? Pour sûr je me serais foutu de la gueule de Rose dans une situation similaire, parce qu'elle n'aurait pas été blessée. Aram rit à la blague de ma meilleure amie, moi je lui adresse une grimace en lui tirant la langue comme ça peut arriver quand je n'aime pas qu'elle ait raison.

Aram me lâche la main, ça fait froid, et on descend du manège. Je plie et déplie les doigts à plusieurs reprises, jusque là je n'avais pas senti à quel point il avait serré. Ca fait un peu mal, le genre de douleur qui va passer si je bouge assez. Quelques mouvements encore et la sensation est partie !
On s'arrête tous les trois devant le clichés vraiment pas ouf du wagon avant. Je peux pas m'empêcher d'avoir un sourire amusé en nous voyant car on dirait une image de bande dessinée comique ou de sketch. Rose fait la remarque d'ailleurs :

- Ah ouais j'étais vraiment dans ma bulle !, elle éclate de rire. Ces gueules quoi ! Ca pourrait devenir un meme !

Elle n'a pas tort, moi aussi je trouve que la photo a du potentiel. Elle ne pourra jamais devenir un petit phénomène internet cependant car bah... Y a Aram dessus avec deux randoms sont on peut probablement reconnaître le visage si on cherche un peu sur les réseaux sociaux. Au moins pour Rose. Et moi peut-être avec ce fichu concours de coordination d'il y a des mois. Puis c'est un bon déguisement qu'il a aujourd'hui avec sa teinture, ce serait dommage de le griller au cas où il en ait encore besoin. Même si je saurais pas dire ce que je préfère entre ses deux couleurs... Mais on s'en fout de ça, non ? Je me rends compte que je suis parti beaucoup plus loin que je le pensais, quelque part dans mon gros crâne vide, sur des réflexions capillaires car j'ai pas vu Aram se tourner vers moi avant qu'il ouvre la bouche.
Dès le départ j'ai envie de lui rétorquer qu'il a pas à s'excuse de m'avoir inquiété, que c'est de ma faute, puis je réalise qu'il essaye justement de faire en sorte que je me mette pas le blâme. Qu'il soit complètement sur lui, comme le disait Rose juste avant. J'ai une moue peu convaincue :

- Ca se voyait quand même bien avant qu't'étais pas chaud..., je marmonne à moitié car j'imagine en même temps la voix de Rose qui me hurle depuis l'intérieur de mon crâne de ne pas remettre en cause les décisions des gens par inquiétude ou culpabilité. C'est peut-être un peu ce que je suis en train de faire, alors même si je suis vraiment pas d'accord avec mes deux amis qui essayent de me dire par A plus B que c'est pas ma faute, je me contente d'ajouter en haussant les épaules, histoires de me donner un air plus détendu : Au moins comme ça tu sauras ouais... J'imagine qu'il faut tester au moins une fois pour être sûr, c'est con que ça ait été un des plus violents comme le grand huit, on aurait pu tester moins fort d'abord,mais ça je me retiens de le laisser sortir.

Limonde s'adresse maintenant aussi à ma meilleure amie, qui a fini de rire de la photo pour proposer qu'on refasse le grand huit que tous les deux ainsi que d'autres attractions qui ne lui conviennent pas. J'ai du mal à trouver ce que je veux répondre, y a un truc qui me cloche, ce qui laisse le temps à Rose de s'exclamer :

- Deal !
- Non c'est bon t'inquiète.
- Quoi ?!, Rose s'offusque comme une gamine.
- On peut revenir quand on veut nous pour faire tout ça !, son enthousiasme à l'idée de laisser Aram tout seul pendant qu'on s'en va s'amuser dans d'autres attractions m'agace. J'ai beaucoup de mal à mettre des mots sur ce que je veux dire. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas qu'Aram soit mis de côté, pas même une minute. C'est cool le parc et tout, mais je préfère qu'on fasse des trucs tous les trois aujourd'hui.
- T'as pensé au prix de l'entrée ? Avec coupe-file ?
Ta gueule s'teuplais !, je lui met la main sur la bouche et la pousse pour l'éloigner de moi, histoire de.

Rose plisse les yeux tandis que je m'efforce de jouer les aveugles. Tant à son regard plein de jugement qu'à tout ce qui devrait me faire dire que, logiquement, je devrais totalement accepter la proposition d'Aram afin de profiter à fond du parc.

On continue d'avancer vers la sortie de l'attraction. Un mur miroir, mis là pour le style, me permet de voir la légère teinte rose qu'ont pris mes joues. C'est quoi ce bordel ? C'est pas comme ça quand Rose me soule d'habitude... J'imagine que c'est l'attraction ou les restes d'inquiétude et de culpabilité. J'en profite pour remettre mes cheveux correctement et resserrer ma queue de cheval, tant qu'on y est. Le miroir est long et il faut faire une dizaine de pas avant d'échapper à son reflet.
Là-dessus Limonde nous fait savoir qu'il a faim, évidemment toutes les excuses sont bonnes !... Et c'est la preuve que ça va bien. Ca me fait rire et m'aide à retrouver un vrai sourire :

- Les meilleurs stands de snacks et bouffes sont dans la partie western, c'est juste à côté !

C'est fou à quel point il y a des moments où Illia me donne envie de l'emmerder, surtout qu'il est très bon public pour ça. Il n'est pas en reste non plus quand il riposte, mais ça n'en rend les échanges que plus intéressants. Cette fois précise, par contre, je trouve qu'il y aurait une certaine légitimité de ma part à lui casser les couilles, outre mon plaisir et amusement personnel. L'épisode du grand huit, outre le fait de nous avoir montré qu'ils pouvaient se prendre la main le plus calmement du monde alors que ce n'est instinctif pour Yaya avec personne d'autre que moi, prouve que mon meilleur ami est en plein délit de favoritisme.
Au départ je laisse couler, le temps qu'on récupère nos pokémons et qu'on se mette en route pour l'espace western. Je suis contente de retrouver Lilly que je prends dans mes bras. La phylalli s'amuse avec mes quelques mèches encore décoiffées ce qui me permet de les repérer pour les remettre en place facilement. Puis je la pose par terre où elle se met à marcher au pas à mes côtés.
J'attends ensuite que nous approchions des arches en bois au étoiles de sheriff annonçant la prochaine zone du parc avant de lancer, comme si de rien n'était :

- N'empêche, vous avez bien fait l'attraction de la lune et du soleil que tous les deux, je parle bien fort pour que tous les deux puissent m'entendre. D'accord c'était mon idée, mais là c'est l'idée d'Aram donc ça compte, non ?, Illia se contente de me fusiller du regard pour le moment. Je dois retenir un sourire amusé tandis que je m'approche un peu plus du champion de Ligue pour ajouter : Moi je dis, y a clairement du favoritisme !
- Y a pas de favoritisme ! C'est juste logique, casse pas les couilles !, Yaya s'énerve, mais en même temps le rouge lui monte au joues. Comme tout à l'heure après le grand huit.
- Vous avez quand même fait l'attraction que tous les deux en m'abandonnant !
- C'était ton idée !
- Et tu l'as pas refusée !, cette fois je me permets de sourire, en levant un index vers lui pour un geste qui prouve que j'ai raison, comme un détective qui résous une énigme. C'est beaucoup trop drôle de voir son visage passer de la gêne à la colère en passant par l'incompréhension et la légère panique. Mon pauvre Yaya, si seulement tu pouvais réaliser ce qui t'arrive, tout serait bien plus simple pour toi.

N'ayant rien à répondre, il devient fuyant. Je vois son regard qui cherche désespérément un échappatoire. Il rougit jusqu'aux oreilles, bafouille, avant de s'exclamer :

- Bah tsé quoi ? Je vais nous chercher des barbes à papa ! Comme ça je vous abandonne TOUS LES DEUX !

Cette fois, je ne peux pas m'empêche de rire. Il me répond par un doigt d'honneur, mais ne demande pas son reste pour s'éloigner, talonné par Rubis et Happy.
Par contre tout ça est allé très vite, je suis douée pour vite le faire monter dans les tours. Alors dès que j'ai fini de rire, je précise à Aram :

- C'est pas sérieux hein, quand il reviendra ce sera comme si de rien était. On s'emmerde tout le temps comme ça, nous n'en avions pas encore faire de démonstration aujourd'hui, c'est chose faite. C'est vrai que ça peut être une dynamique assez particulière. Ceci dit je l'ai pas éloigné pour rien, je lui adresse un sourire mi-malicieux mi-interrogateur : Toi aussi t'as remarqué qu'il est chelou ?

Jouons à celle qui n'en connaît pas la cause pour le moment. Les aider oui, gâcher la surprise par contre ce serait dommage.

Mais qu'est-ce que je fous ? Je voulais rester à trois, ai refusé la proposition d'Aram, et me voilà tout seule au début de la file d'attente pour les barbapapas. Rose m'a grave énervé, d'un seul coup, en appuyant pile là où ça me gêne. Elle me connaît mieux que personne, elle a dû deviner qu'il y a un truc qui me dérange aujourd'hui sans que j'arrive à pointer ce dont il s'agit. Elle a raison, si je voulais vraiment être juste et coller à ma logique il faudrait que je fasse au moins une attraction seul avec Rose, mais j'ai vraiment pas envie de laisser Aram derrière, même dix minutes.
Ca craint. J'ai même pas besoin de me voir pour savoir que je suis rouge et que c'est pas qu'à cause de la colère. Ca craint d'une manière que je veux vraiment, mais alors vraiment pas. Je suis... Non. Ca craint grave putain !
Encore plus que les goûts de barbe à papa que je vais devoir choisir pour nous trois.

Je me sens un peu mieux, maintenant que le tour des enfers est terminé. Une chose est sûre, je ne remonterais plus jamais dans ce genre d’attraction ; c’est une question vitale. D’un côté je suis ultra rassuré de ne pas être parti dans une crise d’asthme parce qu’à arrêter de respirer volontairement, c’est le meilleur moyen pour en provoquer une. Là-dessus au moins, je suis rassuré. Cela dit, j’aimerai mieux qu’Illia ne se considère pas comme le coupable de ma situation. J’ai voulu tester, j’aurais pas dû. C’est pas la première et ça ne sera certainement pas la dernière fois que je me loupe sur mes capacités. Y a que comme ça de toute manière qu’on peut évaluer ses limites.

J’essaye de chasser l’idée que j’aurais aimé continuer à tenir la main d’Illia dans la mienne. Sa chaleur me rassurait et c’était… vraiment agréable. Cela dit, je suis surpris que je sois parvenu à faire ça en public. Personne n’a vraiment fait attention à nous mais c’est tant mieux, mais je ressens toujours une petite gêne à cause de ça… ça m’embête, mais c’est plus fort que moi. La peur du manège a été plus forte que mon dérangement, ce qui n’est pas un mal. Je crois. Après, ça m’empêche pas de me demander comment j’ai fais pour passer outre un trouble qui me poursuit depuis des années maintenant. Peut-être… Parce que c’est avec Illia, tout simplement… ?

Je me sens un peu ridicule quand je découvre la photo. Elle fait beaucoup rire Rose en tout cas, même si l’idée d’en faire un même me tend un peu. Je me concentre sur le fait que c’est juste une boutade et que ça n’arrivera pas. J’ai l’habitude que mon image soit un peu partout, dû à la célébrité, tout ça. Mais quand je tire une tronche pareille, étrangement, ça me dérange plus que lorsque je sors d’un shooting. Bon c’est pas bizarre, c’est surtout que c’est maitrisé comme communication. Contrairement à là. Puis bon, j’suis pas tout seul sur le cliché et j’ai vraiment pas envie que Rose ou Limonde se fassent emmerder à cause de moi. Il semblerait vraiment que la teinture me donne l’anonymat dont j’ai besoin aujourd’hui, ce serait dommage de rendre public la technique.

J’aimerai quand même m’assurer qu’Illia ne s’en veuille pas trop, pour ce coup-ci. Aussi, je lui explique mon point de vue, non sans abuser de l’auto-dérision. J’ai sans doute un petit problème d’égo, mais pour l’heure ce n’est pas la question. Le murmure qu’il m’adresse me donne envie de lui pincer les joues et de l’intimer d’arrêter ça. Ça se voyait peut-être mais au final ça aurait pu me plaire quand même. Appréhender l’inconnu, c’est quand même la base ! Et si on se lance jamais, on ne sort pas de sa zone de confort et on ne peut pas faire de nouvelles expériences. Il l’admet lui-même et bien que je sois pas totalement convaincu que je sois parvenu à le convaincre justement, je hoche la tête doucement. J’vais pas faire du forcing, au risque de le braquer et de jouer les relous. Mais j’veux vraiment pas qu’il se considère comme coupable et qu’il reste dans cette idée pour le reste de la journée. Ce serait tellement dommage !

J’affiche une tête de surpris quand Limonde décline ma proposition de refaire le tour avec Rose. Pourtant, je me doute qu’il a pas pleinement profité du tour qu’on vient de faire à cause de moi, alors ça m’intrigue. Ça a l’air de surprendre tout autant sa meilleure amie qui insiste et appuie sur la zone sensible ; le coût. C’est fourbe de sa part, mais je ne peux pas m’empêcher de sourire. Evidemment, Illia n’apprécie pas et il la force à se taire. La scène est drôle vu de l’extérieur, seulement mon regard est happé par un détail qui marque de plus en plus mon esprit. Illia rougit à nouveau. Je suis à nouveau perdu dans la contemplation de son visage. Il se met en marche pour sortir de l’attraction et je vois le rougissement dans le reflet du miroir. Il semble s’en être rendu compte et… J’arrive pas trop à comprendre sa réaction. En toute honnêteté, aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à comprendre toutes ses réactions du moins, surtout celles physique.

Il faut que j’arrête de faire une fixation, ça va se remarquer. Pour appuyer le fait que je me sens mieux, je fais part de mon envie de manger un truc. Ça fonctionne auprès de Limonde puisque je peux à nouveau observer chez lui un vrai sourire. C’est vrai qu’il sait que tant que j’ai faim, c’est que je vais bien. C’est plus quand c’est le contraire qu’il faut s’inquiéter – c’est assez chiant d’ailleurs, c’est facile de me cerner en me basant là-dessus -. J’acquiesce, le sourire étant contagieux. Après une aussi jolie vue, ma faim n’a pu que se décupler.

Samaël est un peu inquiet quand il me voit, sans doute sent-il que je n’étais pas très bien juste avant. Je le rassure avec plusieurs caresses, histoire qu’il ne s’en veille pas de ne pas avoir pu venir avec moi. Il adresse ensuite un regard à Illia qui est plutôt étrange, mais comme je suis bien incapable de comprendre cette réaction, je fais comme si de rien n’était. On se dirige vers les stands de nourriture, jusqu’à ce que Rose en remette une couche. Elle lâche vraiment pas l’affaire, hein. Ça me fait marrer. Peut-être un peu moins quand elle m’affirme qu’il y a du favoritisme. … Hein ? J’ai bêtement rougi, je le sais. For heureusement Illia s’énerve sur sa meilleure amie, ce qui veut dire qu’il ne se soucie pas de moi sur l’instant. C’est très bien comme ça. Rose insiste, lâchant une comparaison qui fait mouche. C’est vrai qu’il était d’accord pour faire une attraction rien qu’avec moi mais il refuse de faire pareil avec Rose ? Je suis curieux du pourquoi. Mon regard se pose à nouveau sur lui en recherche de réponse et…

Il est de nouveau en train de rougir. Bordel. Il a pas l’air de comprendre lui-même pourquoi. Et moi non plus. Enfin…

Au final, il s’énerve et part en nous laissant tous les deux. Ah ! J’étais trop perdu dans ma contemplation – il va vraiment falloir que j’apprenne à me contrôler sinon j’vais être grillé à des kilomètres à la ronde – que je suis étonné par cette réaction. J’ai pas le temps d’en placer une qu’il a déjà fait volte-face pour s’éloigner de nous et chercher les barbes à papa. Zut. Je suis un peu gêné, notamment parce que je n’arrive pas à savoir s’il est vraiment en colère ou si c’est juste Rose qui l’a trop agacé. Comme il a adressé un doigt d’honneur à son amie alors qu’elle se marrait, j’imagine que c’est léger comme dispute mais… Et si c’était pas le cas ? Ce serait trop bizarre que je me retrouve au milieu…

Heureusement, Rose me rassure. Ça doit se voir à ma tronche que je m’inquiétais. Je soupire de soulagement, acquiesçant doucement. Dans ma tête, le visage rougi d’Illia tourne en boucle. Ça commence à faire un long moment que je n’ai rien dit. J’suis peut-être… Un peu trop perdu dans mes pensées. J’essaye de comprendre. J’aimerai comprendre. Je découvre que la demoiselle a un peu fait exprès d’énerver Illia pour l’éloigner, ce qui me fait arquer un sourcil ; c’est pas un peu… Salaud, comme technique ? Son sourire m’indique qu’elle aussi, elle a remarqué un truc vis-à-vis d’Illia. Au moins, ce n’est pas que moi qui imagine des trucs. Ça me rassure en un sens, mais de l’autre côté…

Je soupire, passe une main dans mes cheveux.

« Il est chiant. » Je suis un peu agacé. Je ne devrais pas, pourtant. Ça me fait beaucoup trop plaisir de le voir rougissant comme ça, mais en même temps… Je ne sais pas sur quel pied danser. « A se comporter comme ça, il va finir par me redonner espoir. » Je pensais avoir accepter le fait qu’il ne se passerait jamais rien entre lui et moi, malgré mes sentiments. J’avais peur d’ailleurs que ces derniers soient trop énervants pour l’aider dans l’épreuve qu’il a traversé et qu’il traverse toujours. Mais ça a été, finalement. J’ai réussi à être l’ami que je dois être, celui que je voulais être. Sauf qu’avec ces différentes réactions que j’ai remarquées aujourd’hui, mon cerveau ne se cantonne plus à laisser l’imaginaire là où il doit être. Une partie de moi recommence à espérer… Alors qu’il ne faut pas. Ça va tout gâcher. Je ne veux pas le perdre. Surtout si c’est moi qui interprète mal, qui interprète comme j’aimerai au fond que ce soit. Je soupire à nouveau. Je sais que je suis toujours en train de rougir, mais je m’en fous. Rose connait mes sentiments, de toute façon.

« … Il est beaucoup trop beau quand il rougit. »

La pensée m’a échappée, mais ça ne me dérange pas plus que ça. Comme dit, Rose sait. J’ai de nouveau le visage d’Illia en tête, avec ses rougissements qui marquent ses joues et sa queue de cheval. Va savoir, j’aime beaucoup cette coiffure, aussi. Je repense à la chaleur de sa main et… Aaaaaaaaah.

Me voilà de nouveau midinette qui rougit pour un rien.

Une femme me demande si elle peut passer. Depuis tout à l'heure je suis à l'arrêt sans m'en rendre compte. En relevant la tête, je réalise que plusieurs personnes me sont déjà passées devant dans la file du stand. Ca ne me dérange pas pour le moment : j'ai besoin que ça dure un peu et de ne pas avoir les mains prises. Aucune idée d'à quoi elles vont me servir, mais je ne veux pas être encombré. Ma colère est retombée aussi vite qu'elle est venue, je suis désormais parcouru de sueurs froides tandis que mon cœur tambourine dans ma poitrine. Une boule se forme dans ma gorge, mon estomac se noue, j'inspire et expire profondément tout en ayant du mal à respirer. Mes yeux picotent, je serre les poings. Rubis agrippe mon t-shirt et secoue le tissus, je suis juste capable de hocher la tête pour le rassurer. Un type s'approche pour me demander si je vais bien car il paraît que je suis tout aussi rouge qu'avant. Je l'envoie chier, violemment. Je suis même pas sûr de ce que je lui dis, tout ce que je sais c'est que c'est pas beau à entendre. Ca me fait réaliser que je retombe dans mes vieux travers : le rejet et la colère face à ce qui me gêne. Au moins, je suis assez lucide pour me le dire. Alors je m'éloigne du stand, jusqu'à un poteau décoratif contre lequel je m'appuie. Je prends Happy dans mes bras et le laisse jouer avec le bout de mon doigt. Il le prend dans une patte, puis dans l'autre, et ça suffit à son amusement.
Me plonger dans ce jeu m'aide à me canaliser, à reprendre possession de mes moyens. Inspiration, expiration. Je continue jusqu'à ce que tout se calme sauf les battements de mon cœur qui se relancent dès que je pense à l'origine de cette situation. Je pense à Rose et ses insinuations, à Aram après le grand huit, dans la nacelle du soleil et de la lune, à ses yeux scintillants d'étoiles en led, à ce matin quand nous nous sommes retrouvés... A quand nous étions couchés dans l'herbe lors de notre camping à Sinnoh, son regard vers les étoiles pendant que moi je le regardais et l'invitais à mon anniversaire. Puis je pense à Phil et les sueurs froides reviennent

Avoir réussi à éloigner Illia est une petite victoire et je ne dis pas ça en tant que fan qui se retrouve, une nouvelle fois, à passer quelques moments seule avec un de ses idoles. Bien sûr il y a un peu de ça qui me rend heureuse, mais ma priorité reste de les aider à se trouver tous les deux. Je sais déjà que mon meilleur ami est aveugle à ses propres sentiments, mais également à ceux d'Aram, seulement si ce dernier est un tant soi peu observateur je me doute qu'il a remarqué qu'Illia n'était pas dans son état normal. Pas qu'il aille mal, loin de là, mais même sans les avoir vu interagir tous les deux auparavant je peux dire qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
C'est cette idée que je glisse donc au champion, en jouant celle qui ne sait pas ce qu'il en est. Depuis tout à l'heure, il a l'air plutôt perdu dans ses pensées, je me demande si quelque chose le préoccupe ou si, par hasard, lui aussi ne serait pas en réflexion sur le comportement de mon meilleur ami. Et même si je veux être sérieuse, je ne peux m'empêcher d'avoir un rire à sa première constatation.

- Non mais c'est normal ça !, sous-entendu qu'Illia est toujours chiant, ce que j'ai bien le droit de dire. Puis s'ils ont passé assez de temps ensemble, Aram a bien dû se rendre compte qu'il pouvait beaucoup l'être quand il s'y mettait, que ce soit volontaire ou non.

Je reprends vite mon sérieux quand le champion me parle de ses espoirs. Il y a un point que j'ai du mal à comprendre dans sa réflexion, mais je préfère prendre mon temps plutôt que de le soulever directement. Il a encore l'air plus ou moins dans ses pensées. Il y a aussi quelque chose de plaisant à voir le rouge sur ses joues en sachant que c'est pour Yaya. Sûrement mon côté "grande sœur qui a trouvé un bon parti pour son petit frère" qui ressort. Dans un autre contexte, je me serais sûrement moquée de ses soupirs et sa contemplation à voix haute, mais j'y trouve un côté attendrissant. Surtout mis en corrélation avec ses autres paroles. Aram est vraiment mordu. Je n'avais pas forcément besoin de confirmation, mais là c'est clair et net, y a pas à tortiller. Je vais pas dire que je comprends pas ce qu'il lui trouve, ce serait méchant pour Illia, mais à ce point... Qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour lui laisser un tel effet ? J'espère qu'un jour je saurai tout, et ce n'est pas que la curieuse passionnée de ragots en moi qui s'exprime !
Enfin, je ne sais pas combien de temps Yaya va mettre à revenir donc je ferais mieux de ne pas perdre trop de temps. Je sais qu'il va galérer un bon moment avec les goûts de barbe à papa pour nous – faut que je fasse gaffe à mon tel d'ailleurs, il risque d'envoyer un sms de détresse – et je suis bien contente qu'il ait oublié cette particularité du stand avant de partir, mais ça ne nous laisse pas non plus un délai infini avant son retour.

- Désolée si ma question est déplacée, mais pourquoi tu n'aurais pas d'espoirs au juste ?, j'ai bien envie de lui hurler d'en avoir, mais me retiens en employant un ton doux que j'espère pavé de bonnes intentions. Tu comptes juste attendre sans même tenter jusqu'à ce qu'un jour il te soit passé sous le nez ? Il a que vingt-deux ans aujourd'hui et je pense pas qu'il va décider de se la jouer veuf toute sa vie !, j'essaye de me montrer encourageante pour le convaincre d'avoir de l'espoir puisqu'il est déjà sur cette pente.

J'ai bien envie d'ajouter que c'est même mal parti pour vu son plan cul avec Chelsea, mais quelque chose me dit que ça foutrait plus la merde qu'autre chose. Je sais très bien qu'ils se mettront jamais ensemble, ni l'un ni l'autre n'en a envie, donc à quoi bon la ramener dans l'affaire ? D'ailleurs, je suis sûre qu'à partir du moment où Illia se sera rendu compte de ses sentiments pour Aram il va lui dire que c'est fini. A la place, je croises les bras, joue la pensive et décide de continuer sur le comportement du jour de Yaya :

- Moi aussi je trouvais qu'il était chelou avec toi aujourd'hui. Comme je vous avais jamais vus ensemble je pouvais pas trop dire, mais si toi tu me dis ça, ça confirme mon impression.

Que la flamme de l'espoir naisse, par pitié. Je dis pas que je veux qu'Aram se jette sur lui, ce serait sûrement le pire truc à faire vu là où en est mon meilleur ami, mais je suis sûre que ça peut aider à ce que tout s'enclenche s'il tente des rapprochements plus discrets. Comme je ne sais pas encore comment le champion va prendre mes paroles, je m'abstiens de faire cette proposition, mais la garde dans un coin de ma tête pour plus tard.
En attendant, j'observe l'endroit en direction duquel est parti Illia pour m'assurer qu'il ne revienne pas encore. Il nous reste du temps.

Je suis de retour dans la file d'attente pour acheter des barbes à papa. Au prix de beaucoup d'efforts, j'ai réussi à me convaincre pour le moment que toutes ces pensées concernant Aram ne sont là que parce que Rose m'a perturbé avec son soi-disant favoritisme à la noix. C'est un début. Un début pour échapper au regard accusateur de Phil et au poids de la culpabilité. Ca ne fait que six mois qu'il n'est plus là. Je ne veux pas, je ne peux pas avoir déjà des sentiments pour qui que ce soit d'autre. Ce serait irrespectueux. Une petite voix dans ma tête me demande quand ça fera assez longtemps, je la chasse d'un revers de main car j'ai déjà décidé que c'était mal. Ca m'aide à faire semblant de ne pas enfin comprendre ce que je trouvais bizarre depuis qu'Aram est là. Aussi à contourner ce qui serait un désastre pour notre amitié. J'ai eu la faiblesse de me laisser aller à imaginer tout à l'heure, à un moment où Phil ne me regardait pas, et ai reçu des aiguilles dans le cœur. Il n'y a pas un monde où je serai assez bien pour être plus qu'un ami.
Je fais quelques pas dans la file et arrache une aiguille revenue se ficher là je ne sais comment, agacé. Ca ne sert à rien d'imaginer ça, puisque de toute façon je n'éprouve rien pour Aram. Mes réactions n'ont été là que suite aux provocations de Rose qui a, par hasard, appuyé sur un point étrange. C'est tout. D'ailleurs, j'ai déjà décidé qu'elle a raison, que ce n'est pas juste, et que je ferai une attraction avec elle pour me rattraper. Même si... Non. Ca ne m'embête pas de laisser Limonde seul quelques temps !

Il ne reste que quelques personnes devant moi dans la file lorsque je me sors de mes pensées. C'est alors que je me souviens que la boutique propose différentes goûts de barbe à papa et que je n'ai aucune idée de ce que pourront bien vouloir les autres. Enfin Rose je peux deviner, mais Aram... Est-ce qu'il a déjà mangé de la barbe à papa d'ailleurs ? Vite, je sors mon téléphone de ma poche et lui envoie un message.

Limonde n°2

Hé Limonde !
Il y a plusieurs goûts de barbe à papa : pomme, mangue, exotique (c'est fruits de la passion en général ou des mix de baies d'Alola), framboise, cola et classique juste au sucre.
Tu veux quoi ?

16h47

Je ne me rends pas compte à quel point je suis long pour écrire ce sms. A quel point je fais attention à l'orthographe, à la ponctuation, aux sauts de lignes. Tant est si bien que lorsque j'appuie sur envoyer il ne reste déjà qu'une personne dans la file devant moi. Je grimace.

Il y a toujours une partie de moi qui refuse de voir l’évidence. Je cherche, involontairement ou non, une autre explication qui peut justifier le comportement d’Illia aujourd’hui. Je ne suis pas doué pour comprendre ce genre de chose en général… Alors pourquoi cette fois-ci, j’ai l’impression d’avoir capté un truc ? Sans doute parce que j’observe bien plus Limonde qu’un autre, vu les sentiments que j’ai pour lui. Mais pour autant, il faut que je calme mon cerveau. Si je m’imagine trop de trucs, je risque surtout, au final, de me retrouver au fond du gouffre. Me prendre un râteau serait sans doute beaucoup trop douloureux, d’autant plus que ça mettrait à mal, par la même façon, notre relation amicale… Et je veux pas que ça arrive un jour. C’est peut-être pour ça que je fais autant la sourde oreille à ce que me crie mon cerveau.

Evidemment, Rose ne loupe pas l’occasion d’enfoncer Illia quand je dis qu’il est chiant. C’était la blague à faire. Ça m’arrache un léger sourire, mais je continue sur ma lancée. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de me confier à elle, mais étant donné que je l’ai déjà fait auparavant et qu’il n’y a pas eu de mauvaises répercutions… Voilà. Puis c’est elle qui cherche à savoir, à comprendre. Elle m’oblige à réfléchir sur ce que je pense et je me demande si elle a pas capté un truc qui m’échappe et qu’elle cherche à savoir si je l’ai remarqué ou non… Bah. Ça serait un peu tiré par les cheveux, si c’était le cas. Après, elle connait aussi très bien Illia… Humf.

J’avoue que le comportement de Limonde a tendance à raviver mes espoirs. Je ne m’empêche de commenter à quel point je le trouve beau, aussi, surtout quand il rougit. Je crois que c’est la première fois que je vois le rouge maculé autant ses joues et… C’est pas bien mais j’aime beaucoup trop ça. Faudrait pas que je rentre dans un jeu à la con pour le faire rougir le plus souvent possible. En un sens, ça permettrait de savoir si mon cerveau a bien compris ou non, mais ça peut tout autant foutre la merde qu’autre chose. S’il finit par se lasser de mon comportement, il pourrait bien… vouloir passer moins de temps avec moi. Et ça, c’est juste naze. Déjà qu’avec le boulot et la distance, c’est pas easy de se voir souvent, si en plus il en a plus envie parce que je deviens un gros relou – remarque, je le suis déjà un peu -… Argh. J’ai pas envie. Mais en même temps, j’ai envie de savoir si j’ai raison ou non. Seulement… Les conséquences que ça peut avoir sont… Flippantes. Si ça se passe mal, en tout cas. Mais si ça se passe bien…

Aaaaaaaah ! Trop de choses à penser !

Rose me fait sortir de mon monologue mental brutalement, au point que je la regarde en clignant bêtement des yeux, interdit. Elle évoque la possibilité qui m’effraie le plus, dans tout ça ; le fait que je loupe juste le coche et qu’Illia trouve quelqu’un d’autre. Ça me terrifie que ça arrive sans que je n’ai eu l’occasion de lui avouer mes sentiments. Même si ça me fait peur, ne voulant pas que notre amitié en pâtisse, je sais qu’il faudra que je me lance à un moment ou à un autre. Je peux pas lui mentir éternellement. Je soupire.

« … Mais quand, au juste ? J’veux pas le brusquer ni quoi que ce soit. Après ce qu’il a vécu… Je suis sensé savoir comment qu’il est prêt à envisager une nouvelle relation ? » Parce que je sais pas faire ça, moi. Même si je suis plus attentif aux réactions d’Illia que n’importe qui d’autres, ça ne m’aide pas à savoir quand je suis sensé me lancer. « Puis même, si ça se trouve je me fais juste des films et ça n’a rien à voir, son comportement d’aujourd’hui. Je… Je tiens trop à lui pour risquer de le perdre. Alors… Non, j’vais pas attendre qu’il me passe sous le nez mais… J’veux que si c’est possible un jour, ça se passe bien. Pas en le brusquant. » Et ça, c’est le plus compliqué. Étant donné que je ne suis pas certain de comprendre quand Illia sera prêt à envisager une nouvelle relation… Il y a des risques que ça arrive. Et j’veux pas que ça arrive. Tout comme je ne veux pas me lancer trop tôt et que ça traumatise -ou bloque – Illia. J’veux pas ça.

Et je réalise que je pars du principe qu’il sera un jour en accord avec mes propres sentiments et ça me fait rougir d’autant plus. Le fait que Rose appuie que j’ai confirmé qu’il était bizarre avec moi ne m’aide pas. J’aurais dû lui dire qu’on était toujours comme ça ensemble, ça aurait évité que cette flamme dans ma poitrine se ravive si vite. Ça fait des mois que j’espère bêtement. Ça fait des mois que je culpabilise, aussi, après avoir appris la mort de Phil. J’ai toujours cette sensation d’être un connard d’envier un veuf… Et c’est toujours autant le bordel dans ma tête. Je pensais savoir où j’en étais, je réalise qu’en fait je suis de nouveau totalement perdu.

Je sursaute une nouvelle fois quand je sens mon téléphone vibrer. J’espère que c’est pas Alice, sinon j’vais péter un plomb. Mon visage se durcit à cette idée. Quand je découvre le nom d’Illia sur l’appareil mes traits se détendent rapidement, même si je me demande pourquoi il m’écrit… Et suis rassuré en sachant que c’est juste une histoire de goût.

Limonde

Hé Limonde !
Il y a plusieurs goûts de barbe à papa : pomme, mangue, exotique (c'est fruits de la passion en général ou des mix de baies d'Alola), framboise, cola et classique juste au sucre.
Tu veux quoi ?

16:47

Va pour tenter l’exotique ! Au pire si j’aime pas je t’en piquerais de la tienne :p

16:49

️️ TakeItEzy pour Master-Poké

Ça m’amuse. J’envoie, regarde Rose en me disant qu’il a du lui envoyer un message à elle aussi. Mes pensées me reviennent rapidement en tête et… Je lâche un nouveau soupir.

« Ça fait des mois que je me force à pas avoir d’espoir pour pas finir avec le cœur en morceaux. J’suis pas très doué en termes de sentiments alors… j’suis pas très doué non plus pour draguer pour quelque chose de sérieux. J’ai… Vraiment envie de bien faire les choses avec Illia. Si ça arrive un jour… »

J’ai l’impression d’être un disque rayé qui raconte encore et encore la même chose.
Il serait peut-être préférable que je me taise, au risque d’être mal compris. Ou de répondre à côté, aussi. En attendant, j’ai quand même hâte qu’Illia revienne.

Ce serait mentir que de dire que le manque d'espoir d'Aram ne me désole pas. Il a beau me dire que le comportement de Yaya pourrait être en train de le raviver, il n'empêcher que je trouve ses constats assez tristes, surtout alarmants. Il me donne l'impression qu'il a décidé d'abandonner, de ne jamais tenter sa chance, ce qui serait catastrophique. Pour moi, d'une part, car le champion est tout de même un très bon parti et que si ça ne se fait pas entre lui et mon meilleur ami, qui sait ce que ce dernier va finir par me ramener ? Ce n'est pas pour dénigrer Phil, mais même si je l'avais connu dans un contexte où j'aurais pu leur souhaiter tout le bonheur du monde, il était quand même très... Spécial, pour rester polie. Sur cette base, je ne peux que me méfier des personnes qu'Illia risque de ramener sans qu'ils fassent parti du cercle des gens que je connais et en conséquence considérer Aram comme une sacrée chance. Enfin, pour en revenir à ce que je disais, l'autre part de la catastrophe et la pire c'est que désormais les sentiments su champion sont partagés. Alors qu'ils passent à côté, dans ces conditions, je ne sais pas si je serais apte à m'en remettre. Surtout qu'il faudrait que je garde le secret, ce serait le gros malaise s'ils apprenaient que après s'être passés à côté ! Ce poids est trop lourd à porter pour moi, ils faut qu'ils se mettent ensemble coûte que coûte et je ne laisserai pas les choses se dérouler autrement. J'ai leur consentement après tout, même si l'un des deux ne l'a pas encore réalisé.
Tout ça pour dire que, face à un tel défaitisme de la part d'Aram, je ne me prive pas pour lui poser la question de son abandon. Je veux savoir ce qu'il en est réellement, s'il a juste laissé tomber l'idée que ça marche un jour avec mon meilleur ami ou s'il a autre chose en tête. Le tout en croisant les doigts pour qu'il ne me réponde pas qu'il veut passer outre et l'oublier.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que mes questions semblent le faire réagir vu la tête qu'il fait.

Sa réponse me fait me morde l'intérieur de la joue pour éviter de grimacer. C'est vrai que c'est la grande question, de savoir quand ce sera bon pour Illia de se lancer dans une nouvelle relation. Car pour le coup, même s'il réalise où il en est sentimentalement parlant, je suis à peu près sûre qu'il lui faudra un temps pour se faire à l'idée et réussir à l'envisager. Même s'il en a moins l'air qu'avant, il est encore très secoué par la mort de Phil et les mois qu'ils ont passé ensemble lorsqu'il était à l'état de fantôme. Le moment à partir duquel il sera capable de concilier ces traumatismes avec autre chose est la grande interrogation, même pour moi.
Je ne peux qu'avoir un sourire désolé face à ses paroles bien que j'aimerais trouver quelque chose d'encourageant à dire. A la place, je reviens sur le comportement étrange du jour d'Illia. Ca change un peu le sujet, mais j'ose espérer que ça lui donnera un peu de grain à moudre pour être plus positif et y voir plus clair dans ses interrogation auxquelles je n'ai pas de réponse certaine. Il y a un temps de silence pendant lequel je sèche sur ce que je pourrais dire. Aram répond à un sms, ce qui me laisse un temps de répit pendant que je réfléchis de mon côté. Je songe aux informations que je pourrais lui donner. Bien sûr il est hors de question de révéler ce dont Yaya ne s'est même pas encore rendu compte, je suis pas une connasse. Je ne dirai rien, ni à l'un, ni à l'autre. Mon but est seulement de leur donner des petits coups d'encouragement dans le dos.
La reprise d'Aram sur cette question de comment s'y prendre et de timming me tire de mes pensées. Je crois vaguement avoir trouvé à dire, ce qui me fait reprendre contenance après être restée toute pensive pendant trop longtemps. Je souris à nouveau, lève machinalement l'index car je considère être sur le point de dire des choses importantes :

- Je peux pas te donner de réponse, même moi je suis sûre de rien sur les timmings si ce n'est qu'il va forcément passer à autre chose un jour, sinon ce serait trop triste. Mais je pense pouvoir prétendre le connaître mieux que personne ! Donc je peux te donner des conseils et des astuces pour tâter le terrain !, cette fois toute mon assurance est revenue. Je m'approche un peu plus du champion, pleine d'enthousiasme : Y a juste un truc que je peux dire sur les timmings : c'est Illia donc il va forcément casser les couilles. Ce que je veux dire par là c'est que si un jour il se rend compte qu'il aime bien quelqu'un à nouveau, c'est sûr qu'il va se monter tout un drama de culpabilité dans sa tête. Ca pourra faire un mois, un ans, trois ans ou cinq c'est sûr que ça va arriver... Est-ce qu'il t'as déjà dit des trucs qu'avaient l'air absurdes ou vraiment exagérés parce qu'il s'appropriait tout le blâme ? Parce que ça pourra être intéressant pour toi d'essayer de repérer ce genre de trucs à partir de maintenant. Ca pourra pouvoir dire qu'il y a un truc et que le coche peut être là.

Je sens que je suis en train de passer en mode coaching, j'ai soudain des dizaines d'astuces que je pourrais donner, que j'aimerais donner. Seulement, je prends le temps de jeter un coup d'oeil en direction de l'endroit par lequel Illia est parti bouder et je pense l'apercevoir au loin. Il est en train de revenir, j'ai plus beaucoup de temps !

- Il arrive alors retient bien : au cinéma normalement il ne décroche pas du film. Si vous y allez ensemble, essaye de voir s'il te regarde. A priori les contacts physiques style un câlin ou se tenir la main avec un ami le gênent pas, parce que je l'ai toujours fait avec lui. Au grand huit j'ai vu que vous vous étiez pris la main au calme, donc c'est peut-être pas bon signe mais je me dis que ça peut être le contexte. Bref ce que je veux dire c'est que si dans le futur ça a l'air de le gêner, c'est pas normal. Faut creuser. Et euh..., je jette un nouveau coup d'oeil, Yaya se rapproche. Essaye de temps en temps de lui faire une remarque sur un truc qui lui irait bien, niveau apparence, l'air de rien et voit s'il y fait gaffe. En temps normal il en a rien à foutre.

Puis je fais volte face et sautille de quelques pas en direction de mon meilleur ami avant de lui gueuler comme il est encore à quelques mètres :

- Ah bah enfin ! On a failli attendre !, toute sourire, et pleine d'espoir que mes astuces envoyées à la volées puissent servir à quelque chose.

La réponse d'Aram à mon sms est arrivée rapidement. Juste avant que ce soit à mon tour de passer la commande... Et que je réalise que je n'ai réfléchi ni pour moi, ni pour Rose. Heureusement pour moi les prix sont tous les mêmes, ce qui me permet sereinement de choisir ce que je préfère : framboise. Pour ma meilleure amie, je prends cola car je sais que c'est ce qui a toujours sa préférence quand elle a le choix. Le service est rapide, je me retrouve à devoir tenir trois barbes-à-papa sans qu'elles s'entrechoquent et se collent entre elle, ce qui s'avère être un challenge plus difficile que ce que j'imaginais. La mienne est rose foncée, celle d'Aram orangée, celle de Rose a un côté caramélisée. C'est quand même joli comme sucrerie. Ca nous remplira pas le ventre, mais ce sera agréable à manger.
Je me mets en route pour rejoindre les deux autres, Rubis et Happy me talonnent, les yeux fixés en direction des barbes-à-papa. Bien sûr je leur donnerai un petit bout de la mienne, mais seulement quand je serai moins encombré. Qu'ils prennent leur envie en patience pour le moment.

Sur le court trajets, mes pensées se remettent à faire n'importe quoi. Je me retrouve à appréhender le moment où je vais revoir Limonde, comme si ça n'allait pas arriver depuis le début. Ce n'est pas comme d'habitude, quand j'appréhende quelque chose je veux dire. C'est pas mon ventre qui se noue, plutôt mon cœur qui s'emballe et la sueur froide qui revient me dire bonjour. Rose m'a vraiment perturbé. J'espère qu'elle ne continuera pas sur cette lancée une fois que je serai de retour et qu'on pourra passer à autre chose tous ensemble. J'aimerais retrouver l'ambiance du début d'après-midi, quand tout allait bien et que je ne me posais pas de questions trop bizarres.
De loin, je les aperçois et accélère le pas. Ils ont l'air de discuter, ce qui me rassure. Maintenant que j'y pense, je suis parti en poussant une gueulante qui aurait pu mettre Aram mal à l'aise. Il faudra que je m'excuse pour ça. Je presse le pas pour les rejoindre plus vite, histoire de passer outre mon appréhension plus rapidement.
Quand je suis assez proche, Rose me gueule que j'ai pris du temps, toute sourire. C'est de bonne guerre, à sa place j'aurai fait pareil. Alors le premier truc que je fais en arrivant c'est de faire mine de lui enfoncer sa barbes-à-papa dans les cheveux. Sans m'en rendre compte, je fais soigneusement attention à ne pas regarder Aram. Seulement bon... Il faut bien que je lui donne la sienne aussi alors je finis par lui faire face. J'ignore le fait que mon regard plonge dans le sien un poil trop longtemps.

- Tiens Limonde !, pendant ce temps Rose a croqué dans la sienne après l'avoir examinée.
- Oh trop bien ! Je savais pas qu'ils faisaient ce goût là !

Rubis et Happy toujours en train de quémander, pressés contre ma jambe, sont une bonne excuse pour me détourner d'Aram. J'arrache deux petits bouts de ma barbe-à-papa que je donne à chacun de mes pokémons. Le reptincel connaît déjà, il ouvre grand la bouche pour que je dépose la friandise directement sur sa langue. Happy, lui, est tout surpris quand ça touche ses pattes. Il prend le temps de jouer un peu avec, en faire une boule plus compacte avant de commencer à la grignoter. Des éclats de sucre se collent sur ses joues. Le cri de joie qui suit sa dégustation laisse entendre à tout le monde qu'il a adoré. Je leur souris, ce petit moment a aidé à apaiser mes battements de cœur. Une fois que je me suis redressé, je me lance pour les excuses, un poil embarrassé quand même :

- Désolé de m'être emporté tout à l'heure et d'être parti comme ça, on va pas se mentir, je m'adresse surtout à Aram là. Mais ça ne m'empêche pas d'ensuite pointer ma barbe-à-papa vers Rose pour la désigner : Toi t'as gagné, on fera la chute d'ascenseur de la Tour de la Terreur !, j'essaye d'avoir un ton désapprobateur, puisque je cède à son chantage, mais en même temps j'ai bien envie de la tester cette attraction.
- Mais ouiii ! Ca aurait été trop dommage de pas y aller on l'a jamais faite celle-ci !

Je suis soulagé que les choses rentrent dans l'ordre. Rose n'a pas fait d'autres remarques bizarre pour relancer la machine et je suis normal. J'ai l'impression en tout cas, même si inconsciemment je continue d'éviter le regard d'Aram. Pas que j'ai beaucoup de raisons de le regarder dans les yeux actuellement de toute façon. Donc ça n'a rien de bizarre.
Pour continuer à passer à autre chose, je propose :

- Bon par contre c'est pas la barbe-à-papa qui va nous remplir le bide. Si je me souviens bien y a un stand qui fait des gaufres trop bonnes, ça vous dit ?, en plus il y a des tables donc on pourra se poser un peu.

De toute évidence, Rose n’en sait pas plus que moi quant au moment de se lancer. Et tout le problème est là ; je ne doute pas que je dirais à Illia un jour ce que je ressens. Malgré les risques pour notre amitié, je ne pourrais pas jouer les cachotiers éternellement. Cependant, s’il y a une chance, même infime, que mes sentiments soient un jour partagés… Ce serait dommage de louper l’occasion, non ? Seulement, j’ignore quand il faut que je me jette à l’eau. De ce que je sais, chaque personne fait son deuil à sa manière, à son rythme. J’entends des gens dire qu’il faut respecter l’année de deuil quand il s’agit d’un partenaire, sauf que je vois pas qui sont ces personnes pour décider à la place des survivants. Chacun fait comme il veut, non ? Ou peut, d’ailleurs.

Bref, j’aimerai mettre toutes mes chances de mon côté. J’espère que j’en serais capable. Vraiment, l’idée du mauvais timing me terrifie. Et ça, c’est si et seulement si Illia ressent un jour la même chose que moi… Même si son comportement d’aujourd’hui suffit à me troubler. Il n’agissait pas comme ça lors du camping de Sinnoh. On est devenu proche, mais pas au point qu’il rougisse… Bon, moi ça arrive souvent mais il capte pas donc c’est pas plus mal, d’une certaine façon. Mais j’sais pas, c’est bizarre de faire ça avec un ami non, même si on est proche ? J’veux dire, en comparaison j’le vois pas rougir envers Rose. Donc… Je suis toujours perdu.

Le sms me fait revenir un peu au présent et je m’efforce que mon trouble actuel ne se lise pas dans mes mots. Même si, comme dit, Limonde s’en rendrait même pas forcément compte. Néanmoins… J’aimerai quand même connaitre l’avis de la demoiselle. Je la relance sur le sujet, cherchant un coup de main, un soutien ou j’sais pas quoi. En partant de l’idée que je me lancerais dans une déclaration un jour, j’sais même pas comment le faire. Mes expériences passées ne m’aideront pas ; la seule histoire sérieuse que j’ai eu, c’est Derek qui l’a initié. Et encore, j’ai été un gros boulet qui l’a blessé en le repoussant. Je me suis rattrapé ensuite mais… Si Illia me repousse, j’vais avoir du mal à m’en remettre. Je le sais. C’est pour ça que cette histoire de timing me préoccupe autant.

Évidemment, Rose n’a pas de réponse à me donner. Il me manque cette inconnue pour établir un « plan », si je peux dire ainsi. Rose a l’air persuadé qu’Illia va tourner la page à un moment et j’avoue que je lui souhaite aussi. Être veuf aussi jeune est assez difficile sans qu’on s’inflige une vie entière de solitude… Bon. C’est surtout moi qui imagine pas ma vie en solitaire et si mon ami venait à prendre cette décision, je la respecterai mais… Ça ferait quand même mal. Mais c’est pas le sujet.

Rose me donne plusieurs conseils concernant Illia, pour déterminer quand je pourrais me lancer. Mon cœur se met à battre plus vite soudainement, à la simple idée que le moment fatidique arrivera un jour, peut-être même plus tôt que je ne le pense. Mentalement parlant, j’crois que je suis pas totalement prêt mais je me concentre pour pas louper une miette des précieux conseils de la meilleure amie de mon crush. L’idée qu’il va forcément casser les couilles me fait sourire ; je n’en attend pas moins de lui, je commence à le connaitre maintenant ! Je suis plus troublé par le fait qu’il ressente de la culpabilité, même si c’est plutôt logique… Moi-même j’en éprouve beaucoup.

Je réfléchis à la première question de Rose ; est-ce qu’on peut compter la fois juste avant où il s’en est terriblement voulu de m’avoir faire monter dans le grand huit alors que c’était mon choix ? Je ne sais pas trop. En tous les cas, j’vais faire beaucoup plus attention à ça. J’ai un regain d’énergie soudain alors qu’une partie de mon cerveau me dit que j’abuse d’un savoir que je ne devrais pas avoir. Je le fais taire rapidement, ne voyant pas comment ça pourrait porter préjudice à Illia. Au contraire ! Ça me permettrait d’avoir le bon timming si je me goure pas trop… Et que j’interprète bien les signes. Comme je suis naturellement plus attentif au comportement d’Illia que d’un autre, il y a moyen que je sois doué pour ça… Je l’espère en tout cas.

Rose a vu son meilleur ami revenir alors elle s’empresse de m’apprendre plein de choses. Je note l’histoire du cinéma ; de toute façon, je sais que moi je passerai déjà beaucoup de temps à le regarder alors ça sera pas difficile de vérifier s’il me regarde ou pas. L’idée que ce soit le cas me fait bêtement rougir. Tout comme cette histoire de tenir la main… Parce que certes dans le manège on s’est donné la main et ça ne l’a pas tant gêné, mais dans le spectacle du soleil et de la lune, avant qu’on soit obligé de partir chacun de son côté… Hum. Mon cerveau cogite beaucoup. Quand au compliment sur son apparence, ça devrait le faire. Vu comment je peux me montrer fashion victime, ça devrait pas être difficile de rendre ça discret… ! J’ai envie de répondre à Rose après tout ça, mais Illia est déjà là.

Rose le taquine sur le temps qu’il a mis pour chercher les barbes à papa, il répond en voulant lui coller les cheveux. Logique. Je m’amuse de leurs comportements, jusqu’à ce qu’Illia me tend ma sucrerie et que je croise son regard. Je m’y perds et… Lui aussi, je crois ? Bon. C’est pas parce que je viens de parler de ça avec Rose qu’il faut que je me fasse des films immédiatement ! Il faut que je me ressaisisse un peu. Je m’attarde sur ma barbe à papa et entame de la manger. J’aime bien ces trucs, c’est léger, très sucré mais léger. Je ne suis pas mécontent du goût de la mienne, même si je suis curieux de celle de Rose quand elle s’exclame et de celle d’Illia… Juste parce que c’est celle d’Illia. Il est occupé à donner le concentré de sucre à ses pokémons et je jette par réflexe un regard à Samy ; il s’en fiche totalement. Je sais que c’est trop sucré pour lui et quitte à aller dans l’excès, il préfère le gras.

Limonde s’excuse pour son emportement de tout à l’heure et ça me laisse un peu sceptique. Je ne lui en voulais pas, de toute façon et je lui fais un signe de la main pour lui signaler que c’est pas grave. Il s’adresse ensuite à Rose pour lui dire qu’elle a gagné et qu’ils feront à manège à sensation ensemble. Ça me rassure un peu ; de un parce que je trouvais dommage qu’il se prive à cause de moi, de deux parce que je serais pas forcer de faire un manège qui m’intéresse absolument pas. J’ai retenu la leçon avec le grand huit. Cette tour de la Terreur, elle ne m’inspire pas confiance. Je continue à manger ma barbe à papa, léchant un peu mon pouce. J’avais oublié que ça collait autant, ce truc ! Sans que je sache expliquer pourquoi, j’éprouve une petite gêne… Et ça me plait pas trop.

« Dis Limonde, elle est à quoi ta barbe à baba ? Je peux goûter ? » Parce que je suis toujours aussi curieux et que je sais que je vais le regretter une fois qu’il y aura plus rien. Evidemment, il peut aussi goûter la mienne s’il le souhaite. Il propose d’enchainer avec des gaufres ensuite et mon visage se transforme en une expression de pure joie. « Je veux ! Je suis toujours à la recherche d’un restau’ qui fait de meilleures gaufres que celui de Poivressel ! » J’y pense parce que j’y suis allé dernièrement avec Erik. Elle était un peu bizarre cette rencontre mais c’était quand même fun, on s’est bien marré à fuir mon agente. J’ai toujours les fringues dégueulasses et Alice m’a fait tout un cirque parce que c’était beaucoup trop chers pour ce que c’était mais bon… osef un peu. « Faudrait que je t’y emmène un jour. Toi qui aimes le sucre tu serais heureux là-bas. » Je ris bêtement. Je suis un peu insupportable là, non ? J’sais pas, j’ai toujours cette impression qu’il y a quelque chose qui va pas… Et j’essaye de combler ça en disant de la merde. En plus c’est pas cool parce que ça exclue Rose de la conversation. Bref. J’suis un nul, pour le coup.

On se met en route vers les gaufres et il ne faut pas longtemps pour avoir fini ma barbe à papa. Comme Illia l’a dit, ça n’a absolument pas calé mon estomac, au contraire, ça a réveillé ma faim. On s’installe sur une table et je louche rapidement sur la carte. J’ai les crocs alors forcément… « Elles ont l’air trop bonnes en tout cas ! » Je louche aussi sur une autre table où ils sont servis et ça me donne l’eau à la bouche.

Je suis soulagé de constater que ni Rose, ni Aram ne font grand cas de mon emportement de tout à l'heure. Pour Rose, je m'en doutais, elle a l'habitude et elle savait très bien ce qu'elle provoquait, mais Limonde ça pouvait être plus compliqué. Ca fait un moment que je ne suis pas monté dans les tours d'un seul coup comme ça en sa présence. Tout m'indique que nous sommes bien partis pour passer à autre chose, oublier tout ça, et surtout que moi je puisse oublier les perturbations qu'a fait naître ma meilleure amie. En plus, puisque j'accepte de faire un manège avec elle, je me protège bien de cette histoire de favoritisme. Tout va bien. Tout est normal. A l'extérieur, comme à l'intérieur. Je peux laisser derrière moi la panique que j'ai ressenti, qui ne veut rien dire, qui n'était qu'une illusion. C'est plausible d'ailleurs : je ne suis pas encore complètement soigné de la brume des rêves donc on ne sait jamais ce que les résidus peuvent me faire inventer si jamais je panique. J'aimerais pouvoir inspirer et expirer fort, histoire de, mais les deux autres risquent de trouver ça bizarre alors je me contente de respirer normalement. C'est bien suffisant, de toute façon.

- C'est framboise, je réponds quand Aram me questionne sur le goût de ma barbe à papa avant de la tendre vers lui pour qu'il puisse croquer dedans. Un petit bout hein !, on sait jamais vu comment il est. Il ne m'a pas encore fait le coup d'essayer d'engloutir d'un coup un truc qu'est à moi, mais je me méfie. Quelque chose me dit qu'il en serait capable. Du coup je surveille, histoire de pouvoir retirer ma barbe à papa si besoin, pendant que je propose des gaufres pour la suite.

J'essaye comme je peux d'éviter de penser au fait que c'est peut-être bizarre d'avoir juste tendu la sucrerie pour qu'il croque dedans au lieu de lui en avoir décroché un morceau. Aussi, j'esquive le fait qu'avec Rose ça ne m'aurait posé aucun problème et donc il est bizarre que je me pose la question pour Limonde. C'est pas comme si je soupçonnais qu'il soit malade et qu'il me refile un truc. Ou qu'il soit du genre méga à galopa sur l'hygiène concernant la bouffe – vu qu'en général ces gens là ont pas confiance au fast-food – car de toute façon ça n'aurait aucun sens puisqu'entre croquer comme ça ou passer par mes doigts pas lavés juste avant pour décrocher un morceau et lui donner, la première option serait la bonne.
Bref, je réfléchis beaucoup pour une bête barbe à papa au lieu de me concentrer sur les futures gaufres et la conversation qui est en train d'avoir lieu. Du coup je suis un instant à l'Ouest et ne réagit pas jusqu'à ce que Limonde ajoute qu'il faudra qu'il m'emmène en manger à... Poivressel je crois. Doit pas y avoir trop d'autres villes avec un nom qui sonne aussi débile avec laquelle je pourrais confondre.

- C'est à Hoenn ça, non ?, j'ai beau m'intéresser au fait de voyager, j'ai jamais été l'élève le plus brillant en géographie. En rien du tout, d'ailleurs. Plutôt la tache noire au fond de la classe. Bref, je suis encore à moitié confus dans mes pensées, il est temps de me ressaisir ! Le jour où je vais dans cette région je compte bien sur toi pour m'emmener tester les meilleurs desserts de toute façon !

Je sais pas trop pourquoi, mais je me retiens d'ajouter que maintenant ce qui m'intéresse le plus dans cette région c'est de découvrir d'où il vient.
On se met en route vers le stand qui propose les gaufres. Je souris en voyant que Limonde a l'air convancu. Rose, de son côté, repère les recettes qu'elle veut tester sans avoir eu l'occasion de le faire jusqu'ici et considère également les gaufres à composer soi-même. Là-dessus, j'essaye de nous lancer sur ce qui serait la gaufre la plus horrible à se faire en imaginant les combinaisons d'ingrédients. Ca aide à patienter jusqu'à ce qu'on vienne nous servir et m'aide à apprécier encore plus ma gaufre !

Nous voilà dans la file d'attente pour le manège qui simule une chute d'ascenseur. On a laissé Aram vers l'entrée où il y a un espace d'attente décoré comme une maison des horreurs, mais sans faire peur pour autant. C'est la thématique générale du bâtiment qui permet aussi d'accéder à des attractions type maison hantée. J'ai bien remarqué qu'Illia était perdu dans ses pensées depuis qu'on a quitté son crush inconscient. Au départ j'évite de lui parler pour voir si lui-même va lancer un sujet, mais puisque ça ne vient pas je décide d'endosser le rôle de celle qui initie la conversation :

- Dis Yaya... Tout va bien ? Je te sens un peu bizarre aujourd'hui, si l'innocence avait une voix, ce serait la mienne en cet instant.
- Non, non, je vais bien. C'est..., il cherche ses mots, pousse un long soupir. Je sais pas trop. Peut-être d'être avec vous deux à la fois, j'ai pas l'habitude et tu sais que je me mets la pression tout seul. Ca doit me fatiguer un peu.

On avance dans la file. Même avec les billets spéciaux, ça reste un peu long car cette attraction est nouvelle donc la plus populaire en ce moment. J'hésite sur la manière dont mener la suite de la conversation. Mon meilleur ami est clairement en train de le fuir et je ne suis pas sûre de vouloir le laisser faire. Je passe mon bras autour du sien comme c'est un geste qui a tendance à le rassurer.

- Ecoute Yaya, je demandais surtout par politesse. Oublie pas que c'est à moi que tu parles, je sais très bien ce que t'as, j'observe le rouge lui monter au joues, mais surtout la panique et la peur naître dans ses yeux. Hé ! C'est pas grave tu sais, il secoue la tête, l'air abattu. Pourquoi ça va pas ?... Outre l'habituel argument comme quoi tu es trop nul pour tout ce qui existe dans ce monde !, j'essaye d'inviter du rire dans cette conversation. Je me doutais qu'il se sentirait coupable, que ce serait compliqué, mais ne m'attendais pas à carrément voir de la peur dans son regard.
- On pourrait juste pas en parler ? Au moins aujourd'hui...

C'est dommage, mais je ne suis ni surprise, ni vraiment déçue. Je resserre mon étreinte sur son bras et l'entraîne vers l'avant car un nouveau groupe de personne a avancé dans l'attraction. Cette fois, c'est bientôt à nous.

- T'as raison ! Aujourd'hui c'est ton anniv', faut qu'on s'éclate !, je mets tout l'enthousiasme possible dans ma voix. Si jamais je commence à m'envoler parce que je suis trop légère dans la chute libre tu me tiens hein !
- Oh surtout pas ! Bon débarras !

Je lui donne un coup de coude dans les côtes, il se met à rire et moi aussi.

Après l'attraction qu'on a fait tous les deux, j'ai plus ou moins laissé Rose prendre les rennes de la journée. Au départ j'ai eu peur qu'elle se laisse aller à du forcing sur des choses qu'elle veut avant tout faire, mais elle s'est appliquée à toujours prendre en compte nos avis à Aram et moi, ce qui a donné un chouette enchaînement d'attractions. Du coup ça m'a permis de surtout profiter des manèges et de mes deux amis. Même si le trouble est toujours présent et que j'évite toujours de regarder Limonde dans les yeux, au moins j'ai pu m'éclater comme elle me l'a promis et me comporter normalement.
Le soleil commence à décliner alors que nous sommes en été, signe que la fin d'après-midi commence à approcher. Le parc doit fermer dans une heure trente à tout casser, ce qui nous laisse encore le temps de faire quelques attractions. Rose a d'ailleurs une proposition pour la fin de journée, un endroit du parc qu'on a évité jusqu'ici, consciemment ou non, mais qui me tente bien je dois l'avouer.

- Ca vous dit on va du côté aquatique ? On a pas pris de maillot donc on pourra pas faire celle où il faut nager ou aller dans la piscine, mais y a le parcours pour se battre à coup de pistolets à eau, la glissade en bouée, la petite croisière les pieds dans l'eau... Ca nous rafraichirait !, en même temps qu'elle propose, elle montre à Aram les attractions sur la grande carte du parc et les visuels quand il y en a.
- Je suis partant !, en plus vu comme il fait encore chaud on va vite sécher si jamais on est trop mouillés.

Rubis, qui a compris le mot "aquatique" râle à mes pieds. Je m'en amuse et constate que Happy s'est endormi dans ses bras. Lui qui est encore tout jeune doit être fatigué à force d'avoir tant marché et vu autant de nouvelles choses. Le temps qu'Aram donne son avis, je sors la pokéball du togepi pour l'y remettre et qu'il puisse s'y reposer. Pendant que je fais ça, Rubis s'est approché de Samaël pour lui grogner des choses dans un langage pokémon que je ne connais pas, mais puisqu'il lui pointe une petite mare décorative non-loin de nous, je suppose qu'il est en train de de chercher un allié de refus auprès d'un autre type feu. Pour le coup, il me fait rire, mais quel sale gosse ce reptincel !

Je saurais pas expliquer pourquoi, mais j’ai l’impression que depuis son retour, y a un truc qui va pas avec Illia. Il est normal avec Rose, mais avec moi… j’sais pas, je sens que c’est pas comme d’habitude. Comme si… Il m’évitait ou il me faisait la gueule. Je suis pas du genre, normalement, à me monter la tête pour des détails. Pourtant c’est clairement ce que je suis en train de faire et… Ça me plait pas. J’ai pas envie que ce soit vrai. Et dans le cas contraire, j’ai pas envie que mon trouble se remarque parce que je serais bien incapable d’expliquer j’ai cette sensation.

Aussi j’en profite pour demander innocemment à Limonde à quoi est sa barbe à papa et si je peux goûter. J’aime bien la framboise, j’suis encore plus curieux. Il tend la sucrerie vers moi et j’oublie mes aprioris. Il y a rien d’étrange dans sa proposition et c’est avec joie que je me rapproche pour croquer à pleine dent dans le sucre. J’essaye de ne pas arracher un trop gros bout au risque de l’entendre gueuler – même si ça serait drôle -. J’ai de quoi bien profiter du goût et je m’aide de mes doigts pour éviter de me retrouver avec du sucre plein les joues. C’est bon la barbe à papa, mais qu’est-ce que c’est relou à manger ! Elle est très bonne en tout cas, sa sucrerie ! S’il veut goûter la mienne d’ailleurs, il peut hein !

On parle de gaufres et j’suis au taquet pour en manger. Même qu’il faudrait que j’emmène un de ces quatre Illia au meilleur restau’ qui en vend. ‘Fin, c’est pas un vrai restau’ c’est plus un salon de thé mais très porté sur le sucré alors voilà. Je ris un peu à la question. « Oui c’est à Hoenn, c’est pas trop trop loin du désert. J’y allais parfois quand j’étais gamin ! » Je me marre plus encore à la demande. « Compte sur moi ! Y a des endroits où on mange trop bien aussi ! Et y a les thermes aussi à Lavandia qui sont bien cools quand on a trop mangé ! » Je suis complètement à fond pour emmener Illia dans ma région natale. Rien qu’autour du désert, y a plein de coins sympas à voir, d’endroits où manger. Je lui épargnerais évidemment le désert en lui-même, au risque qu’il me fasse un malaise. Sans préparation au préalable, c’est pas trop une bonne idée de s’y rendre quand on a pas l’habitude.

Discuter de la pire gaufre possible n’aura pas eu raison de ma faim. J’ai dévoré la mienne avec voracité. L’ambiance est à nouveau détendue comme elle l’était avant le coup d’éclat d’Illia et ça me rassure beaucoup. Mes craintes se sont dissipées et je me sens presque bête d’avoir trouver qu’il y avait un truc qui clochait. A moins que ce soit le manque de sucre qui m’avait rendu méfiant… bah ! On s’en fiche, j’ai bien fait le plein. Limonde aussi et ça me fait plaisir de le voir manger.

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Rose et Illia sont partis faire leur attraction ensemble pendant que je les attends à la sortie. Quand j’ai vu le truc et que j’ai entendu les gens gueuler, ça m’a convaincu que j’avais zéro envie de monter dans ce truc. Au moins, cette fois, je l’assume. Je m’ennuie pas trop, j’envoie un message à mes frères pour faire un topo sur la journée – et dire que plus jamais de la vie je monte dans un grand huit, ce qui a bien fait rire Nina apparemment – et je m’assoies sur un banc. Sam est assis à côté de moi et je le caresse distraitement, le regard perdu sur la foule. Je n’ai pas l’habitude qu’on m’ignore autant et je dois dire que j’apprécie beaucoup. Je ne pensais pas qu’un simple changement de couleur de cheveux serait aussi efficace… Surtout qu’il y a la présence de mon Démolosse qui ne passe pas inaperçu. J’ai bien quelques regards insistants que j’esquive comme je peux, mais rien de relou. Personne ne vient me parler et je peux rejoindre mes amis une fois leur manège terminé en toute sérénité.

C’est quand même assez physique, comme journée ! J’aurais jamais cru qu’on marcherait autant dans un parc d’attraction. J’sais pas trop pourquoi j’ai un petit coup de barre alors que je suis habitué à marcher beaucoup… j’imagine que les émotions doivent jouer, aussi. Le soleil commence à baisser un peu et je réalise que j’ai absolument pas vu le temps passé. On a continué à faire des attractions et c’était vraiment sympa. Je suis pas mécontent d’être venu ici ! Et de découvrir cette expérience avec Illia et Rose, d’ailleurs. Je me demande ce qu’on va faire désormais et… Hum. Je me disais bien qu’il y avait une partie du parc qu’on avait pas fait. Je regarde l’endroit sur la carte, un peu perdu. Illia est forcément partant et moi ben… Hum.

« D’un côté, c’est pas plus mal qu’on ait pas de maillot… De toute façon j’sais pas nager. » Je commence à prendre vraiment mes aises, même si quand je réalise ce que je viens de dire, je rougis un peu. Je me suis toujours senti un peu con de ne pas savoir nager. Seulement l’eau et moi, quand c’est pas pour la boire… C’est compliqué. Et je m’en fous si ça fait cliché pour un maitre du feu. « Mais ça peut nous faire du bien oui ! Tant que vous me promettez qu’il y a zéro risque que je finisse à l’eau ça me va ! » Je suis vraiment partant, même si en ce qui me concerne je sais bien gérer la chaleur. Je sais néanmoins que je suis une exception en vue de mon passif. Je sens Samaël tirer un peu sur mon sarouel et je fronce les sourcils avant de comprendre. Je lui caresse la tête. « T’inquiètes, il va rien m’arriver. Et t’es pas obligé de venir avec nous si tu veux pas. » Il grogne légèrement. Samaël n’aime pas l’eau sans grande surprise, mais il aime encore moins me laisser seul. Je soupire, essayant de le rassurer. Sans vraiment y parvenir.

On se dirige vers le centre aquatique et mon Démolosse a tendance à se coller de plus en plus contre moi. C’est un peu chiant pour bouger et j’ai presque envie de le laisser en arrière, avec Rubis si jamais c’est trop pour lui. De toute façon, pour la traversée en bouée, il va pas pouvoir venir avec nous. Enfin, y aurait la place mais… Non, c’est pas une bonne idée. Il va planter ses griffes dans la bouée, tu vas voir qu’on va bêtement se mettre à couler et pouf, on est plus là. C’est sans doute un récit trop dramatique mais je m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de courant dans un court d’eau créé artificiellement ! J’ai à peine le temps de me faire la réflexion que c’est notre tour. Ce coupe-file est vraiment très efficace… peut-être un peu trop parfois.

Le tour s’est passé sans trop de souci. Ça va que ça secoue pas assez pour réveiller mon mal de mer. Je me suis même retenu de me tenir trop souvent à la barre du milieu, même si on a été ballonné dans tous les sens ! Et évidemment, quand on est arrivé près d’une cascade… C’est moi qui me le suis pris. Mon sarouel est désormais blindé d’eau et elle est quand même vachement fraîche sa mère ! C’est le principe du truc mais… Quand même !

Il va sans doute falloir que je me change plus tard, pour éviter de chopper la mort. Ce serait con, surtout qu’en ce moment je me tape facilement des crises d’asthme… Faudrait pas tenter le diable.