Don't be such a buzzkill. I just miscalculated the risks. It's because of that fucking tarinorm. Il soupire, agacé. What did you not understand ? I told you to keep a low profile. Toujours la même histoire. Je ne suis plus une gosse. Je peux prendre mes propres décisions et les assumer. C'est ce que je suis en train de faire. Je fais avec ma connerie. I need to do something ! I can't stay all my life stuck here. Je m'échauffe. Merde, je veux juste qu'on me foute la paix. J'ai besoin de mouvement, besoin d'être active dans ma vie. Besoin d'une putain de solution plutôt que d'attendre bêtement que Sienna accepte de me reprendre. Pourquoi il ne veut pas comprendre ça ?

Et pourquoi je perd mon temps à essayer de lui faire capter ? Ca me frappe, cette pensée. Je lui dois rien. Je dois rien à personne. Je suis plus une ado qui doit attendre leur autorisation avant d'y aller.

Je vais encore passer pour une ado, mais c'est bon, je me casse. De toute façon il allait falloir que je le fasse dès que j'aurais reçu les infos de Kenny. Je verrais sur la route. Je prend même pas le temps de me doucher, je me rentre dans mes vêtements de la veille, je chope mon sac, je rappelle Nero dans sa ball et c'est plié. I'm outta here. Frank a pas la gueule de quelqu'un qui va m'arrêter. Tant mieux. Je suis dehors en moins de cinq minutes.

Heureusement, le rat est pas con : il me suit.

modération:

Me revoilà sur cette route de malheur bordant le cimetière. J'ai hésité deux secondes à prendre le chemin qui s'enfonçait dans la pampa mais ça m'aurait conduit nulle part. Un cul-de-sac, un temple, des falaises. Je pense pas que ça m'aurait aidé de traîner dans ce coin. Vaut mieux que j'aille de l'avant. Puis si je dois quitter l'île, j'ai du chemin à faire. Ce serait con de traîner dans Konikoni après si peu de temps. Faudrait pas que je croise le tarinorm. Ce port là, donc, c'est mort. D'après le GPS, le plus simple c'est d'aller vers Ho'ohale. Vu que c'est plein de touristes, je devrais pas avoir d'embrouille pour trouver un bateau pour plus ou moins n'importe où. J'attend toujours les infos de Kenny. C'est un peu dodgy comme parcours parce qu'il y a un gros poste de police vers là où je dois aller mais, aux dernières nouvelles, j'ai rien à me reprocher. Je doute que quelqu'un m'ait vue piquer le chat, sinon Frank me l'aurait dit. Je presse donc un peu le pas mais j'essaye de la jouer naturelle. C'est pas courant pour moi. J'ai pas l'habitude de devoir me soucier réellement des bleus. A Unys, un pot-de-vin faisait l'affaire. Là, j'ai pas de quoi et je peux pas utiliser mon nom. Donc on se la joue à l'ancienne.

Le truc le plus relou, c'est faut que je traverse une grotte. En soi, ça me dérange pas trop. C'est cool une grotte quand on a le temps de s'y balader. Là, c'est pas trop le cas. Puis j'oublie pas que j'ai que deux nullos en guise de pokémons pour me défendre si des sauvages veulent me hagar.

Le rattata me suit toujours. Je sais pas exactement pourquoi. Si c'est sa ball qui l'y force ou quoi. Peut-être qu'il s'est déjà fait à l'idée qu'il était coincé avec moi et qu'il veut pas perdre son temps à lutter contrairement au chat. Lui, je préfère pas le laisser sortir pour le moment. Vraiment pas envie de lui courir après.

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Y a pas de réseau. Je sais que j'aurais dû m'y attendre, que c'est une putain de grotte après tout. C'est déjà miraculeux que les endroits de l'île où j'ai été aient été si bien desservi jusqu'ici. Faut remettre les choses dans leur contexte. J'suis une gosse des villes. Ouais, j'ai été crapahuté dans tes endroits pas civilisés et j'aime bien ça par moment mais c'est pas trop mon environnement de base. On a pas ce genre de blème à Volucité. A Unys, il fallait vraiment partir dans les trous les plus paumés pour que le réseau lâche. Ici, j'ai beau maté les barres sur mon smartphone, y a rien qui change. En soi, rien de grave. Les infos que Kenny aura pour moi ne seront pas nécessaires avant le retour de la civilisation. c'est plus pour le principe. J'aurais été bien contente de pouvoir réfléchir à notre destination, d'avoir un autre truc à me foutre en tête.

Là, je peux penser qu'au comportement de merde de Frank. Ca me saoule qu'il m'ait gâché ma bonne humeur. J'arrive pas à faire autre chose que tirer la tronche en shootant dans toutes les pierres que je croise. Autant dire qu'il y a de quoi faire.

N'empêche, j'aimerais bien savoir ce que les ont avec les taupiqueurs. Genre pas qu'ici, un peu partout. La grotte semble surnommée tunnel taupiqueur par les habitants. C'est ce que la carte interactive disait avant que la 4G se fasse la malle. Je suppose que ça doit dire qu'il y en a dans le coins. Mais quand même. Entre ça, la cave taupiqueur à Kanto, et cette ville chelou qui vénère cette lignée à Galar, c'est à croire qu'il y a un culte dont je connais pas l'existence. Peut-être que c'est vraiment le cas. Je sais pas si ce serait marrant ou désolant. C'est pas le pokémon le plus classe quand même. Avec sa petite tête chauve et son pif beaucoup trop grand. Je doute qu'il soit particulièrement balèze pour compenser.

Wait. Je m'arrête net. Je sais que j'ai critiqué le crâne d'œuf de la bête mais qui est le con qui lui a foutu une perruque ?

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La vision irait mieux à un junkie avec un joint coincé entre les lèvres. Sauf que c'est pas mon cas. Je touche pas à la drogue. Mauvais bail. D'autant plus quand tu vois les saloperies que les petits dealers vendent dans les rues. Je le sais, je leur ai pas mal cassé la gueule lorsqu'ils essayaient de nous doubler. J'sais que j'aurais pu prendre de la qualité, j'ai les moyens - j'avais, en vrai - mais c'est un cycle sans fin. Ca flingue trop de trucs. Pretty sure que Sienna m'aurait éclaté la face sur le bitume avant que les effets se pointent si elle m'avait chopé. Puis on va pas se mentir, à mon niveau, on consomme des trucs plus lourds, des trucs qui boostent plutôt que de détendre. Mais ça non plus. Je suis clean et je compte bien le rester.

Donc ce pokémon peut qu'être réel. Et c'est pas un taupiqueur mais un triopikeur. D'où le nom de lieu très aléatoire en apparence. Ils ont leur propre version comme ils ont un rattata à qui on a fait un ravalement de façade. You mated with a lippouti or what ? C'est à se demander d'où ça vient, toutes ces variantes. Parce que le climat, ça fait pas tout. Qu'un rattata vire noir, c'est une chose mais un type sol qui se fait pousser des cheveux ? Incompréhensible pour l'étrangère que je suis.

Je l'observe un long moment, ce triopikeur. Comme si c'était qu'un rêve lucide, que j'avais pas un objectif plus pressant. Faut dire qu'il me faut du temps pour m'en remettre. J'en fais même une photo que je balancerais à Sienna lorsque j'aurais retrouvé le réseau. Ok, elle a sa part de responsabilité dans la prise de tête avec Frank parce que je suis là à cause d'elle à la base mais bon. C'est pas pareil. Elle m'a pas engueulé pour Nero. Elle savait pas non plus. Je doute pas que son cabot lui ait tout raconté à l'heure actuelle. P't'être que ça changera son attitude. On verra. Je serais pas celle qui brisera la conversation. Puis merde faut bien que je partage mes délires avec quelqu'un qui les comprend. Il est bien gentil, Kenny, mais il captera pas pourquoi ça me choque tant. Des triopikeurs avec des perruques, il a dû en voir toute sa vie. Ceux qui sont chauves doivent être plus chelous à ses yeux.

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La sortie est comme un spot qui gagne en intensité au fur et à mesure qu'on s'en approche. Après la pause triopikeur, j'ai plus traîné. Faut dire qu'il y a pas grand chose à voir. La grotte est en travaux. J'ai croisé quelques travailleurs mais surtout beaucoup de panneaux interdisant l'accès à certains tunnels. Il n'y a qu'un chemin qui est resté ouvert au public, j'suppose pour faciliter les déplacements. Je dois reconnaître que c'est rapide. Un vrai raccourci, je comprend mieux la différence de temps entre les différents trajets. En même temps c'est logique si ça demande de passer au-dessus de la montagne par une route qui serpente doucement vers les hauteurs. La bateau est sûrement plus rapide, qu'importe que ça demande de contourner une partie de l'île.

Le retour du soleil se fait brutalement. Il a eu l'occasion de bien chauffer pendant qu'on se la coulait douce dans l'obscurité. J'ai la veste en cuir qui me colle presque instantanément à la peau. La pièce maîtresse de mon look est vraiment pas faite pour ce climat. Je la noue autour de ma taille en attendant, laissant le petit vent marin rafraîchir enfin mes bras. Lorsque j'aurais des thunes, une virée shopping s'impose. Ma garde-robe était gâtée en t-shirts et en shorts à la maison mais j'ai pas pu emporter beaucoup. Vaudra donc remédier à ça si je veux pas passer mon temps dans des fringues puantes. Déjà là, c'est limite. Si l'occasion se présente, je saute dans la mer direct.

Je me l'étais promis donc j'envoi la photo à Sienna avec une floppée de smileys plutôt que des mots. Ensuite je vérifie le message de Kenny. Il veut que je bouge sur Mele-Mele. Putain. Et dire que j'en viens. J'espère vraiment pour son cul que sa piste tient la route.

Au moins, j'ai mon itinéraire. Go pour le port.

modération:

Trois heures et un trajet en bateau plus tard, je suis à Mele-Mele. De retour dans la ville d'Ekaeka pour être précise. Heureusement que l'archipel est bien foutu et qu'il y a des navettes régulières entre les différents spots touristiques. Pas sûre que ce sera le cas partout ailleurs. Pour cette fois, ça s'arrange bien.

Le rat a fait tout le voyage à mes côtés et il paraît bien heureux d'avoir retrouvé le plancher des ecremeuhs. Il se roule sur le bitume comme si il avait cru ne jamais le revoir. Il doit pas avoir le pied marin. Je comprend pas trop pourquoi il est pas rentré dans sa ball quand je lui ai proposé dans ce cas mais bon. Je vais pas chercher une logique derrière les actions d'un fucking rongeur.

Sur mon smartphone, l'itinéraire est déjà programmé. L'endroit que je veux explorer s'appelle la colline Dicarat. Ce n'est pas si loin à pied, dans un coin plutôt paumé. Je doute qu'on y trouvera beaucoup de touristes si les infos de Kenny sont correctes. Ils allaient pas trop se paumer dans des endroits où le danger était réel vis à vis des pokémons sauvages. Ce qui semble être le cas. J'espère. Je veux pas d'un bébé pokémon supplémentaire.

J'y pense toujours à mon bain de mer mais il attendra qu'on arrive. La grotte se trouve en bordure de plage, autant donc en profiter là-bas plutôt que d'aller se serrer parmi tous les nullos. Puis ce serait con de suer juste après. Le soleil est au zénith et ça se sent, sa mère. Heureusement que j'ai investi dans des bouteilles de flotte à l'embarcadère où j'aurais fini desséchée. Entre ça et le ticket de bateau, j'ai encore dû piocher dans mes maigres économies. Faut vraiment que je règle ce problème. Un de plus. Peut-être que je devrais commencer une liste. Faire une to-do list même des trucs intermédiaires que je pourrais faire pour améliorer ma situation. Au sommet, je devrais sans doute foutre trouver un endroit où dormir. Parce que cette fois, c'est sûr, je rentre pas. Purement et simplement parce que ma seule option pour ça ce serait de me la jouer passagère clandestine.

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Cette région, elle vend du rêve quand même. Dès qu'on sort un peu des chemins empruntés par les troupeaux de touristes, il fait bon vivre. J'aime l'ambiance relax et le petit vent qui se lève dès qu'on s'approche du bord de mer sans avoir les buildings autour. Plus je marche, moins je croise de gens. Il y a que les goélises qui gueulent dans le ciel. Le bruissement des feuilles des palmiers et le bruit des vagues qui viennent se rajouter à la bande sonore. Si les conditions étaient différentes, je pense que je pourrais me plaire ici. Sauf que j'ai pas eu le choix donc ça fait la différence. Puis ma situation précaire me plaît pas.

Je marche longtemps. J'accumule les kilomètres sans avoir réellement l'impression d'avancer à cause du dénivelé et des chemins qui serpentent. Jusqu'à ce que j'arrive sur une plage magnifique. La vue me la coupe. Du sable clair, la mer à perte de vue. Il y a une barraque un peu moisie dans un coin mais personne en vue. En plus, c'est ma destination. Fucking finally.

Rien ne se mettra sur mon chemin. Je me désappe en progressant vers les flots, abandonnant mes affaires en un tas sans trop y réfléchir. Qui irait me piquer mes fringues ? Au pire, il s'en prendra une. Lorsque je me jette enfin à l'eau, c'est avec la plus grande des satisfactions. Voilà, ça c'est ce à quoi on pense lorsqu'on entend Alola.

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