Iago est à la fois fasciné et outré par ce qui se passe dans cette salle, juste derrière cette porte. Ce qu’il voit, c’est un Simiabraz. Une créature adulte et robuste, dont les poils sont noircis en plusieurs endroits. Il est difficile de bien l’apercevoir en détails, à travers le petit hublot qui lui permet d’observer, mais il ne serait pas surpris que cette créature soit blessée de bien des façons. Et, effectivement… sa rage paraît sans limite. Il y a du monde, là-dedans, des types équipés de bâtons probablement électrifiés, des attaches aux pattes du Simiabraz et des pokémons, aussi.

Certains en sales états. Mais le M.Mime, lui, est encore bien sur pied, et lorsque l’ordre claque, il n’hésite pas. En des mouvements confus, le voilà qui agite ses mains, et tout à sa manœuvre, une aura rosée et caractéristique des capacités psychiques émane de son corps. La créature Psy est orientée de façon à capter le regard du pokémon Feu, qui pourtant se débat, grogne, toutes griffes dehors, et épuise toute l’énergie qu’il peut avoir en des flammes lancées impulsivement, qui maintiennent les hommes à distance. Cela fait clairement un certain temps qu’il est captif, et un certain temps qu’il donne du fil à retordre à ses ravisseurs.

« Ce Simiabraz... »

Iago ne réalise pas vraiment qu’il murmure face à ce spectacle, sentant en lui une douleur monter, comme un trop plein d’empathie pour ce pokémon retenu là contre son gré, et qui n’en finit pas de se battre, malgré sa captivité et les traitements qu’on lui fait subir. C’est un guerrier, cela se voit à sa posture et au regard de défi qu’il braque sur le M.Mime. Comment est-il arrivé là ? Un parcours difficile, certainement, mais son attitude prouve bien qu’il n’est pas né en captivité. Ce qui semble l’avoir renforcé, d'ailleurs. Rares sont les pokémons qui tiendraient autant face à pareil traitement. Et il n’est pas nécessaire d’être devin pour comprendre que ce groupe est là depuis un bon moment, à faire face à un Simiabraz fougueux que le destin n’a pas épargné. Mais dire que la vie est difficile n’est rien dont on puisse se vanter. Un simple constat et l’apprentissage violent de la cruauté de l’homme, dans le cas de ce pokémon.

Soudain, un grognement sourd, douloureux. L’attaque psychique l’a atteint, et le M.Mime resserre son emprise. « C’est ça, Mime. Continue ! Fais lui comprendre qui c’est les patrons ! » Sans doute tout aussi maltraité, le pokémon Psy fait ce qu’on lui demande, et les cris de douleur emplissent la salle. En des mouvements saccadés, comme s’il tentait de rejeter physiquement ces douleurs qui atteignent son esprit, l’animal de Feu bouge, s’agite, mais les flammes ne sont plus.

Il grogne, il crie et Iago a un besoin irrépressible d’agir. Cela doit se sentir à son habitude car une main posée sur son épaule le surprend et le fait sursauter. Il jette un regard méfiant sur l’homme à ses côtés. Blockhaus a déjà retiré sa main et souffle : « Laisse. Tu pourras rien y faire. »

Iago ne sait pas bien ce qu’il peut faire, mais il n’a pas envie d’entendre ces mots. Il n’a pas envie de « laisser » ce pokémon. Il ne s’attendait pas à voir ça, et maintenant qu’il a vu… « Un Simiabraz, en plus. Tu m’étonnes qu’ils veulent le mater. » Ironie du sort. Le pokémon n’est pas de ceux que l’on croise le plus, et certainement pas avec un tempérament aussi affûté. Sans détourner les yeux, l’ancien champion songe avec amertume que si la rose savait que sa grâce et sa beauté la conduisent droit dans un vase, elle serait la première à se trancher la gorge avec sa propre épine. Ce Simiabraz doit certainement comprendre ce qu’il en est de sa captivité. Il a beau se débattre, avec un M.Mime et toutes les autres stratégies perverses que les hommes trouveront pour le mâter, sans doute préfèrerait-il en finir de lui-même, que se battre pour subir toujours pire.

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Simiabraz utilise les CS Force & Eclate-roc.

L’instant qui suit est long et douloureux, certainement plus pour le Simiabraz que pour ceux qui observent, d’ailleurs. Les poings serrés, Iago regarde du mieux qu’il peut la scène qui continue de se jouer devant lui. Le M.Mime a continué son travail de sape, jouant de son emprise psychique, et d’autres pokémons présents ont reçu l’ordre de le cibler. Ici des jets d’eau, là des capacités roche… autant de coups portés qui mettent à mal la résistance du singe de Feu. Aussi vaillant et redoutable soit-il, ainsi attaché, en proie à bien des adversaires, il ne peut rien faire. Simplement subir. Petit à petit, l’épuisement et la douleur ont raison de lui, petit à petit, ce qui étaient de puissantes gerbes de feu deviennent meurent dans sa gorge, sans la moindre étincelle enflammée.

Quand le Simiabraz est complètement à terre, les hommes continuent leur jeu sadique, jusqu’à ce que la voix de Pablo retentisse, par dessus le bruit ambiant. « C’est bon, il a eu son compte, pas besoin de l’amocher plus ! Laissez-le là. » Et, d’un air bien plus autoritaire qu’on aurait pu le croire de prime abord, il revient en direction de la porte, qu’il ouvre en un geste sec. Derrière, Iago et Blockhaus se sont déjà reculés. Le Fitzroy essaie de rester aussi impassible que possible, mais ses prunelles sombres contiennent sa colère. Un tel pokémon, ainsi maltraité…

Son guide a un mouvement vers lui mais c’est trop tard, par réflexe, une fois la porte refermée, l’ex-champion lance :

« C’est quoi ce Simiabraz ?
- Un sacré morceau. Une forte tête qui se croit intraitable, mais on va le mater, vous inquiétez pas. »

Vous inquiétez pas. Rester zen, ne rien faire ou dire qui laisse transparaître un quelconque jugement. « Vous comptez en faire quoi ? » En un coup de coude, Blockhaus lui fait clairement part de son agacement. C’est lui qui est censé gérer les échanges, par l’inverse. Mais c’est plus fort que lui, Iago a besoin de savoir. Il sent… il sent une connexion avec cette créature. Son sort lui importe, sans que ce soit vraiment bien logique, comme ressenti.

« Une bête de combat, bien entendu ! Il a un potentiel énorme et nous l’a déjà montré dans un match de test. Les vendredi et samedi, il y a des tournois, ici. Si vous êtes amateur de beau jeu, revenez demain, vous verrez ! Les paris montent haut ! »

Une histoire de pognon, forcément. C’est ce qui fait marcher le monde, et encore plus un coin comme le Cube. « Et vous arrivez à le faire combattre comme vous voulez ? » La phrase de trop, peut-être, car cette fois Pablo s’arrête de marcher et lui jette un coup d’œil en biais. « Pourquoi ? T’en doutes ? »

A-t-il seulement conscience d’être passé au tutoiement ? Vu son air, peut-être. Iago ne gagnerait rien à entrer dans son jeu et souffle : « C’est qu’il a l’air de vous donner du fil à retordre, c’est tout. J’ai côtoyé des pokémons comme ça.
- Hm, on sait mieux qu’tout le monde, c’est ça ? Comme tu l’as vu, on s’en sort très bien !
- Ok.
- Demain il va combattre et il va faire ce qu’on lui demande, tu verras.
- D’accord. »

Sujet clos. Pour Pablo, tout du moins. Iago a bien retenu que demain, ici, il y aurait des combats pokémons et des paris. Il y sera.

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(570 mots)

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Simiabraz utilise les CS Force & Eclate-roc.
Apparition d'un pokémon sauvage. Merci.

Une bête de foire, une bête de combat, une créature utilisée par d’autres pour se faire du fric et ameuter les foules… On est loin du cocon tranquille de la Ligue. … Quoique. Champion, Iago n’a jamais voulu trop réfléchir aux notions de consentement des pokémons, à leur traitement. Il faut dire qu’il n’a jamais vu le moindre comportement répréhensible de la part de ses collègues. Au contraire. Si Arthur a fait combattre son Ronflex jusqu’au bout (ou presque) c’est parce que c’était le choix de Kildare. Peu importe ce qu’avait pu en penser le grand public, Iago le savait. Tout n’est pas parfait à la Ligue, cela reste une grande institution dans l’objectif à peine caché et de faire du pognon. Mais quand même. Ses acteurs ont une aura qui peut aider à faire passer certains messages. Iago l’a fait, à sa petite échelle.

Des messages qui paraissent bien dérisoires face à une telle réalité. Le trafic et l’exploitation des pokémons, la brutalité envers ceux-ci, ce n’est pas un secret. Seulement, c’est là, maintenant, que tout cela lui revient de plein fouet. A la Marabunta, il avait déjà eu bien des exemples. Des pokémons comme armes avant tout. Mais… n’est-ce pas d’ailleurs ce qu’il vient chercher, lui aussi ? Ah, le saint homme ! Il se veut « sauveur » quand il ne sera réellement qu’un « exploiteur » de plus. Qu’il le veuille ou non. Il aimerait leur offrir autre chose, mais dans l’immédiat, c’est lui-même qu’il cherche à sauver, à sortir d’une situation dans laquelle il aura forcément besoin de force brute.

Il secoue la tête, pour lui-même. Ici, c’est différent. Ici, c’est pour le spectacle et l’argent. Il n’y a pas de culpabilité, que de l’avidité. Peu importe l’état des créatures tant que le public exulte et que les paris pleuvent. Iago se doute de ce qu’il verra demain… qu’à cela n’tienne. Il y sera.

Il a un regard en biais vers Blockhaus qui semble l’avoir compris et le fixe, les sourcils froncés. Il semble vouloir lui dire quelque chose, mais la présence de Pablo l’en empêche.

« Bien, suivez-moi ! On a des pokémons à voir à l’œuvre ! »

Le vendeur fait des grands mouvements de bras et presse légèrement le pas, comme pour laisser de la distance entre lui et le Simiabraz, déjà rappelé par l’un des autres types toujours dans la pièce. A contrecœur, Iago s’en éloigne également et suit l’autre homme. Il ne faut pas longtemps au trio pour débouler sur une grande pièce ouverte, semblable à ce que l’on peut trouver dans les salles de boxes, avec plusieurs rings côte à côte.

« On va passer aux choses sérieuses ! »

Il s’en frotterait presque les mains.

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Fuite.: