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Giacomo Tutti

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Modo Jeux & Ranger

C-GEAR
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Dim 3 Jan - 20:16
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DIFFÉRENTS LIEUX


J3 - Calendrier de l'Après 2021
En campagne.

Des fois, il fait ça. Sans raison ni régularité. Il nous sort de la zone d’entraînement de l’Institut et hop, il nous embarque avec lui. J’aime bien quand il fait ça. J’me dis qu’on va voir autre chose. J’aime bien quand on va voir autre chose. Alors d’un coup, j’sors de la balle… moi j’dis comme ça, « la balle ». On sait tous à quoi ça ressemble, on est bien là-dedans, j’sais pas, c’est chaud et tranquille, j’dors la plupart du temps dedans. Enfin bref, ce jour-là, j’sors de la balle et… pouf.

Ah. J’aime pas cette sensation. C’est blanc, c’est froid, c’est mouillé. J’aime pas. C’est de la neige. Ils disent ça comme ça eux, « la neeei-ge », avec une intonation bizarre. Je l’entends comme ça moi. Il neige. J’aime po. Ah chaque fois, j’aime po. J’aime po mais je sais qu’elle non plus, elle supporte pas, alors moi je fais genre que si. Comme si ça me dérangeait pas. Parce que c’est très simple, plus je peux l’énever mieux je me porte. J’ai toujours été comme ça, en vrai. J’me cherche des cibles. Pourquoi ? Bah parce que ça m’amuse. Parce que je peux le faire. Parce que sinon, on s’ennuie. J’aime pas m’ennuyer. L’autre, le grand blond qui nous sert de dresseur, il peut faire ce qu’il veut, il empêchera pas ça. Parce que c’est drôle de la voir s’énerver, Jiana, la Lapyro. Elle frime avec ses flammèches, ses grandes jambes, ses grandes oreilles… pfff. Elle a l’air ridicule. Y’a la neige que j’aime pas, et y’a elle.

Le mieux, c’est qu’elle s’énerve. Elle s’énerve d’un rien, c’est risible… alors je continue ! Bien sûr que je continue ! La preuve. Cette neige, je sens qu’elle va m’être utile. Mambo, il est dans son coin, avec sa tête émerveillée, il se contente de peu. Folk, il… fait rien. Je crois ? J’l’ai jamais compris, lui. Et Jazz, il tourne autour de Jiana, pour la motiver à avancer… des nazes. Moi, j’suis assise, les fesses dans la neige. Po-sée. Ok, j’ai peut-être la tête de celle qui boude mais j’vais pas bouder longtemps, j’vous le dis ! J’me penche un peu en avant, les pattes dans la neige. J’grimace mais tant pis. Voi-lààà. Là. C’est trop blanc et trop froid, mais ça a le mérite de pouvoir facilement se modeler. Je prends la « neeei-ge » dans mes pattes, je tasse, ça fait... ok ça fait pas une boule mais presque.

Alors voilà, j’ai ce truc qui ressemble à rien entre les pattes et HOP ! J’leur balance. MOUAHAHAHA. Faut voir leur gueule. Elle avec sa tronche outrée, le Carabaffe et sa tête renfrognée.

« Commence pas !
- J’fais c’que je veux.
-  »

J’recommence. Bien sûr que je recommence. J’vais me gêner ! J’ai même pas à me bouger, y’a encore plein de surface blanc et molle à ma portée, de quoi faire comme un petit cercle autour de moi. Et vas-y que je tasse, tant pis si y’a un peu d’herbe qui se mélange au passage ! Et… HOP ! J’leur lance, encore ! GNIHIHIHIHIHI. Je sais que j’ai un grand sourire sur le visage, maintenant. Rien que pour ça, j’pourrais véritablement aimer la neige, en fait !

Mambo bêle à côté.

« Tais-toi, toi !
- Mais... »

J’lui en lance aussi dessus, et il bêle de plus bel. Il est bête lui. J’ai l’impression d’avoir trouvé de quoi m’occuper un moment, là… jusqu’à ce que ça s’abatte sur moi, d’un coup. C’est… froid, désagréable et j’ai un frisson. J’lève une tête mauvaise et là-bas, je vois une Jiana ravie et un Jazz tout aussi fier de sa prestation. Madame n’allait pas se mouiller les papattes, hein !

« Toujours à jouer les chevaliers servants, toi !
- T’as commencé ! »

OK. Ils me forcent à me lever, ces deux-là. J’grogne et je sens de l’électricité sur mes joues, de quoi faire fondre le surplus de neige et me réchauffer un peu.

« Venez vous battre !
- Ok ! »

Lui, si ça peut aider sa chère Lapyro, il dit toujours oui. Et elle, elle s’avance me fixant droit dans les yeux. Même pas peur. J’ai l’habitude. J’rassemble un max de neige autour de moi et je bombarde. M’en fiche de savoir si je touche le Carabaffe, c’est elle que je veux atteindre. Lui, il a pas de difficulté avec la neige. C’est froid et mouillé, le genre de truc qui lui convient. Derrière moi, Mambo s’est approché et il me fait des petits tas de neige avec sa tête. J’crois qu’il a jamais su quel camp choisir, lui. Alors il se contente d’opter pour la personne la plus proche, j’parie. Ca me va.

J’balance de la neige, j’balance de la neige, j’balance de la neige ! Ça ressemble à rien. J’ressemble à rien et je crois que plus ça va plus j’émets d’étincelles… ça m’réchauffe et j’en ai besoin. Jiana s’est reculée et finalement c’est plus un combat de neige entre le Carabaffe et moi, uniquement. Pff. M’en fiche.

Je vais pas m’arrêter de si tôt.

Quoique.

« … Stop. »

ET VOILA. Bien sûr ! Lui, quand il intervient, c’est toujours pour jouer les rabats-joie. Folk. Le Noacier. J’l’ai pas vu arriver dans mon dos, seulement, l’une de ses imposantes épines vient d’éclater le tas de neige devant moi. Je boude. Je boude grave.

« Pfff. Tu casses toujours tout, toi. » Dans tous les sens du terme, en plus. J’me tourne et j’amplifie volontairement mes étincelles. Allez là, qu’il réagisse un peu ! Sauf que non. Il réagit jamais, lui.

« Stop. »

C’est tout ce qu’il dit et, c’était prévisible, Jazz s’est interrompu. Il écoute toujours quand le Noacier s’exprime. Parfait petit soldat bien dressé, le Carabaffe, même si là je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire narquois, il a un petit tas de neige sur le sommet du crâne. J’me relaisse tomber au sol et j’croise les bras.

« Même pas drôle. »

A peine je murmure ça qu’un bruit retentit… C’est l’dresseur. Il est revenu vers nous, avec sa gueule toujours ravie sous ses lunettes noires. Une fois il a dit que l’été c’était le soleil le pire, pour ses yeux, et l’hiver, c’est les reflets sur la neige. Pauvre chou.

Il a un temps d’arrêt, observe la scène autour de moi, son Carabaffe et la liane de Folk qui se relève, légèrement enneigée elle aussi.

« Ah, je vois qu’on s’amuse bien ici. »

On s’amuse, c’est le mot ? Peut-être, ouep.

« Venez, on part en balade. » C’est une de ses lubies, les balades. C’est pas toujours, mais quand il veut, il nous fait marcher pendant des heures et des heures. Des fois avec un homme aux cheveux blancs. J’l’aime bien, lui. Il a une bonne tête. Et j’aime bien emmerder ses oiseaux quand il a les yeux tournés, aussi.

Alors on se regroupe et à sa suite. Autant vous dire que je me gêne pas d’une telle opportunité : je reste légèrement en arrière, j’fais mine de rien. Je rassemble un dernier tas de neige, je tasse avec application et d’un coup, je cours droit sur Jiana qui me tourne le dos et PAM ! J’lui écrase ça à l’arrière de la tête ! GNAHAHAH. Elle a un grand cri qui ressemble à un piaillement et moi, je m’écarte pile avant de me manger un coup d’oreille et je presse le pas pour me mettre à côté du blond.

« Tout va bien ? Tout le monde suit ? »

Oh que oui, tout va on ne peut mieux.
C’est pas si mal, la neige, en fait.


(1269 mots)


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Mer 6 Jan - 21:04
J6 - Calendrier de l'Après 2021
Old Chister, maison des grands-parents maternels, il y a 17 ans.


« Moi j’aime pas.
- Qu’est-ce que t’aimes aussi, Lino ?
- Pas la frangipane ! »

Je devais avoir… 12 ans, quelque chose comme ça ? On étaient tous autour de la grande table ronde en bois massif de chez mes grands-parents maternels. Une table en érable, me dira ma grand-mère quelques années plus tard, quand je lui demanderais pourquoi ces reflets rouges ? Je me souviens pas mal de cette table. Il y a eu beaucoup de repas partagés, tout autour. Et des galettes. Une tradition immuable. Ma grand-mère faisait une super frangipane. Ma mère encore plus (ou c’est peut-être celle dont je me souviens d’avantage, je sais pas…).

A chaque fois, c’était des galettes énormes. Je saurais pas vous dire le diamètre, mais un sacré truc. « Votre père, c’est un pro de la cuisine, mais la frangipane, c’est un truc de chez nous ! » Elle disait ça, ma grand-mère. Je pense que ce jour-là, comme souvent, elle a du s’approcher de la table, en s’essuyant les mains sur un torchon, avec un sourire :

« Il y a de la galette briochée, pour ceux qui ne veulent pas de frangipane, tu sais.
- Des hérétiques. »

Un commentaire de mon père, ça. Lino qui lui tire la langue et Fiona qui relativise : « Ça fera une personne de moins pour piquer la fève ! »… c’est pas faux. Elle prenait ça très à cœur, Fiona. Elle faisait la collection des fèves (je pense qu’elle les a toujours, d’ailleurs). C’était peut-être un prétexte pour qu’on la favorise lors de la distribution des parts ? Je sais pas. Mais ouais, même ado, elle louchait toujours sur la couronne avant qu’on mange la galette.

« Puis, j’en aurais une rien que moi, du coup !
- Non Lino, tu ne mangeras pas la galette briochée en entier.
- Moi j’prendrais des deux. »

Comme ça, au moins… j’ai jamais été trop difficile pour ce genre de trucs. Quand c’est bon, je mange. Voilà tout. J’ai toujours eu un bon appétit. Je me souviens bien de ces repas, ceux qui traînent en longueur, où on a beau se voir souvent on trouve toujours des trucs à dire. La tante Elvira n’était pas là, à cette époque. On s’habituait à ne pas la voir, de toute façon. Mon père faisait rire mon grand-père, ma mère et ma grand-mère discutaient dans la cuisine. Un beau cliché. Et quand on proposait de les aider : « Non non, restez à table, de toute façon y’a pas la place ! »

Il y avait la place mais c’était comme un rituel, entre elles. Sous prétexte de faire la vaisselle « petit à petit », tout au long de ce repas qui durait des heures et qui finissait toujours par la galette (ou les galettes). Ma mère achetait une couronne et une fève chez le boulanger parce que peu importe qui la trouvait, ça finissait dans la collection de Fiona. C’était un peu la collection de tout le monde, mais c’est elle qui en réclamait la paternité. On contestait pas.

« Luca, Papa, voilà les cafés. »

Ma mère qui arrivait avec des tasses fumantes dans chaque main, mon grand-père (ce gourmand), qui se levait pour ramener une boite de chocolats et ma grand-mère avec la grand galette de frangipane. Toute dorée, légèrement chaude, qui emboîtait dans toute la pièce.

« Elle a l’air trop booonne !
- Clair !
- Mouais. »

Je pense que Lino n’aime vraiment pas plus que ça la frangipane, mais ado il faisait encore moins d’effort. Sa tête renfrognée, ses bras croisés et son air de jamais faire comme tout l’monde. Qu’est-ce que j’ai pu l’emmerder pour ça ! Qu’est-ce que je continue à l’emmerder, aussi !

« Allez Lino, sous la table.
- Maaais…
- Allez, t’es le plus jeune, c’est comme ça !
- J’vais même pas en manger, z’êtes chiants ! »

Papa qui intervenait direct, dans ces cas-là : « Tu restes poli et tu fais ce qu’on te dit. »

Autant vous dire que mon frère, il n’y mettait pas du sien, il se levait en faisait traîner sa chaise et se glissait sous la table avec une tête d’enterrement. Ma mère souriait toujours doucement et ma grand-mère commençait à couper les parts. Avec toujours moults commentaires de tout le monde : « Ohlalala, j’espère que tu vas pas couper pile sur la fève ! », « Ce serait dommage. », « J’espère l’avoir ! », « Si c’est une grosse part, t’auras plus de chance... », « Luca, t’as déjà bien mangé ! »…

« Vous dites si j’vous dérange, hein ? » Le boudeur sous la table.

« Alors, qui pour la première part ?
- Papa. »

Le plus long, ensuite, c’était que la distribution se finisse et de se retenir de manger avant que tout le monde soit servi. Ça continuait ainsi et moi autant que Fiona, dès qu’on avait notre part, on ne pouvait pas s’empêcher de l’observer, de faire tourner l’assiette de voir si quelque part, quelque chose pouvait nous dire si on avait la fève ou pas ! En vrai, je m’en foutais de l’avoir, je crois que c’était plus par compétition avec ma sœur… ça m’amusait de la voir à fond sur un truc pareil. Un truc de petite fille, nan ?

Et enfin, la dernière part de frangipane était servie.

« C’est bon, j’peux sortir de là ?
- Mais oui, merci Lino !
- Merci mon grand, on va voir qui a été chanceux, mais avant, je coupe où dans la briochée ? »

Il a toujours aimé particulièrement ma grand-mère, Lino. Il boudait rarement longtemps quand elle était là, et elle savait comment lui parler ou lui faire plaisir. Alors il désignait une portion et elle lui coupait une part généreuse. Il n’a jamais été un très grand mangeur mais pour le sucré, étrangement, il savait faire une place.

« Qui veut du cidre ? C’est du doux. » Oui, parce que Papi savait bien qu’on n’aimait pas le brut. J’aime toujours pas, en vrai. Quand on m’en propose, j’en prends par habitude plus qu’autre chose.

Cidre, café, petits chocolats, galette… c’était le grand luxe ! Des bons repas et une ambiance qui réchauffent. Le genre de moments qui sont ancrés dans ma tête. Le genre de truc qui me rappelle pourquoi j’suis là.

« Elle est bonne !
- Toujours aussi bonne pâtissière, ma chérie.
- J’ai été à bonne école !
- Ah ça, presque qu’aussi bonne que celle de ta mère ! »

Le Papi, il savait comment faire pour contrarier personne.

« ... Outch ! » C’était pour ma pomme, la fève, ce jour-là. Même que j’ai manqué de ma casser une dent. J’sais pas pourquoi, elle était plus robuste que d’habitude ou j’ai croqué au mauvais endroit. J’me souviens de moi qui souffre l’espace d’une micro seconde et ma sœur, en face, qui se décompose en boudant. D’un coup, comme dans un film, là ça va elle sourit et elle mange sa galette et là… elle boude.

« Pfff.
- Tadaaa ! »

Toute entourée de galette, la fève est là : « Oh, c’est un Sucroquin, regarde ! ». En effet, les fèves à l’effigie de pokémons ont toujours été monnaie courante.

« Tu l’as ?
- Non, elle l’a pas.
- Hé, c’est ma collection, c’est moi qui dis ! Fais-voir ? » Je tends ma main, la fève dans ma paume. « Non, je l’ai pas, cool ! »

Je retire ma main « Ouais, mais pour le moment, elle est à moi ! ». Elle est crade, de toute façon. C’est pas Fiona qui ira la récupérer comme ça.

Et ma mère d’intervenir : « Nous avons donc notre roi ! Roi Giacomo ! » Elle me pose sur la tête la couronne en carton doré. Ces couronnes qui n’ont pas changé depuis des années, que tout le monde a croisé au moins une fois dans sa vie, qui ne tiennent pas plus que ça mais qui brillent et font le taf, l’espace de quelques minutes (ou quelques heures).

Mon père, avec un large sourire : « Votre Majesté. » Il lève son verre de cidre comme pour me saluer et mon grand-père l’accompagne. Ils ont toujours fait la paire, ces deux-là. « Qui comptez vous prendre pour Reine, Sir ? »

Je pouffe. Il prend un accent qui lui va pas du tout et mon grand-père lève les yeux au ciel. Je regarde autour de moi, le choix n’est pas bien original : qui choisir ? Ma mère ? Cela pourrait être l’évidence, la douceur incarnée et c’est elle qui a cuisiné la galette. Ma grand-mère ? Pour faire un pied de nez à tout le monde, et parce qu’elle a toujours été gentille, ma grand-mère. Un caractère amusant et cela lui fera sans doute plaisir. Ou… ma sœur ? Je la vois qui est entre espoir et boudage. Parce qu’elle voulait l’avoir pour elle, la fève, et prendre sa propre décision.

Moi, je hausse les épaules et j’annonce : « C’est Mamie, ma Reine ! » C’est nettement moins royal, mais c’est sincère. Après tout, elle nous a invité dans sa maison et fait toujours en sorte de parfaitement nous accueillir.

C’est symbolique, puéril peut-être, mais ça m’amuse. Elle joue le jeu et détache son tablier de cuisine. « Une Reine doit être présentable ! » Mon père lui pose la deuxième couronne ta tête tandis qu’elle s’incline légèrement. Le doré ressort bien sur ses cheveux sel et poivre ondulés. Elle me fait ensuite un bisou sur la joue. « Merci mon Roi ! »

Je me souviens, on en a rigolé une bonne partie de l’après-midi, avec mon père qui jouait les valets et nous vouvoyait sans arrêt. Mon frère, lui, il a pas trouvé la fève dans sa galette briochée, et moi non plus quand j’en ai pris un bout. Au final… je sais pas. Ça doit être mon grand-père qui l’a trouvé le lendemain au p’tit déj.

Ce dont je me souviens, c’est dans la voiture, au retour. On était tous les trois à l’arrière, Fiona, Lino et moi, et d’un coup, mon frère a sorti de sa poche une serviette en papier rouge, celle qu’on avait à table. Il avait plié maladroitement sa serviette de façon à ce qu’elle fasse une couronne. La matière n’était pas faite pour, mais on comprenait sans mal l’intention.

« Tiens Fiona. Ta couronne par procuration. » Il lui a murmuré et il lui a tendu sans la regarder. Il a jamais été un expert pour faire des choses gentilles, Lino. Il en fait pas mal, pourtant, à sa manière, mais il les assume pas vraiment.

Elle l’a regardé avec des gros yeux l’espace d’un instant, elle savait pas quoi dire.
Moi, j’ai attrapé la couronne pas très doucement, et j’ai dit : « Elle est moins belle que la mienne, mais ça passe. » et je l’ai mis sur la tête de ma sœur, toujours buguée.

Je n’avais plus la mienne – faut pas exagérer, hein ! - et Fiona, elle avait la fève nettoyée dans la poche de sa veste, et une couronne improvisée sur la tête. C’était peut-être elle la véritable Reine de l’après-midi, et mon frère le gentleman qui s’ignore.



(1850 mots)


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Ven 8 Jan - 21:04
J8 - Calendrier de l'Après 2021
Motorby, il y a 11 ans.


« C’est bon, t'as tout ?
- Ouep.
- Tu vérifies, hein.
- Oui oui, c'est bon.
- Ok. »

Franchement, bosser ça m’a jamais vraiment dérangé. J’pars du principe qu’on a jamais rien sans rien dans la vie et que pour avoir des trucs, bah faut un peu de thune. La thune, ça tombe pas du ciel, alors faut gagner sa croûte. Ouais je sais, ça fait commentaire de vieux mais c’est ce que mes parents m’ont appris. Je pense qu’on vit mieux en faisant un effort pour… plutôt que croire que tout est miraculeusement tout cuit. Après je sais, j’dis sûrement ça parce que j’ai rien connu d’autre. Je m’en fous, en vrai. Bosser, ça m’a appris plein de trucs. Ça m’a fait rencontrer des gens. Ça m’a fait être moins con, aussi. Moins fougueux, dirait l’autre. Jules. Mais Jules, c’est arrivé après.

Avant, vers… 17-18 ans, j’tentais des trucs. Là, laveur de vitres, c’était un connaissance de mon père qui connaissait quelqu’un. Ils avaient besoin de bras assez vite et je foutais rien. Alors ouais, laveur de vitres. C’est pas pire que livreur de pizzas et c’était avant les chantiers. En vrai, je me disais juste que ça me permettrait de me faire de l’argent sans dépendre de mes parents. C’est surtout ça qui a joué. Même si on peut pas dire que j’étais un modèle de bonne volonté. Fallait me secouer, disons.

Pendant une semaine, on a nettoyé des vitres d’une école de quartier. C’était pas le truc le plus fou de la terre mais c’était fun de voir les salles de classes, fermées pendant les vacances, avec des dessins sur les murs, des jeux de mômes. J’sais pas, y’avait un côté inattendu. Pour moi, surtout. J’ai jamais été un grand fana de l’école mais y aller, comme ça, des années plus tard pour laver des grandes baies vitrées et des vitres de cantine… c’était étrange. J’ai appris des trucs que j’ai oublié depuis, comme le bon dosage de nettoyant et d’eau, faire gaffe à certaines matières sur les bordures de vitres, éviter les coulures et avoir le bon geste pour éviter de laisser des traces. C’était surtout ça, la difficulté.

« Là, t’es pas passé là ! »

Y’avait un type sur mon dos… j’ai oublié son nom. Métisse, grand, avec un accent d’Alola bien prononcé. Il me disait toujours de m’appliquer, « Parce qu’après on va me taper sur les doigts. ». Je crois qu’il était pas ravi qu’on m’est mis en binôme avec lui. Moi, on peut pas dire que j’voulais mal faire, c’est pas vrai. Disons que je faisais à peine plus que le strict minimum. C’était pas le truc le plus kiffant du monde… mais bon.

« Les coulures ! Franchement, tu fais exprès ?
- Bah non mais...
- Comme ça ! »

Il reprenait le mouilleurs, sa raclette et hop, il faisait le bon geste. Moi j’le regardais avec des yeux de merlan fris. Petit à petit, j’avais pris le pli, quand même. Et une ou deux semaines plus tard, on a été appelé sur Motorby. On bossait pour une boite qui avait des clients un peu partout, fallait surtout être mobile. On se déplaçait avec un fourgon sur lequel on voyait un gros logo bleu, une raclette et le nom de l’entreprise. Ça faisait VV, « Vincent Vitres SARL ». Zéro originalité. Je l’avais soufflé à mon père, d’ailleurs. « Tu t’en fiches du nom de l’entreprise pour laquelle tu bosses, tant que t’as ton salaire à la fin du mois. » Il avait pas tort.

Ce jour-là, donc, j’avais rejoint… bon sang. C’était quoi déjà son prénom. Samuel ? Samy. Samy ! Ouais c’était ça. Bref, Samy donc. Il était méga tôt et on est parti à Motorby, au pied d’un bâtiment de huit ou dix étages. Ça paraissait immense. Y’avait déjà des types qui se préparaient, avec des cordes, des harnais, des casques.

« Comme je te disais, c’est les cordistes.
- Ils vont tout en haut ?
- Bah ouais, c’est leur job.
- Classe. »

De suite, j’envisageais le lavage de vitres différemment. Y’avait le côté prise de risque, la hauteur, le fait d’être suspendu dans la vide… c’était risqué et presque dérisoire, en fait. Prendre autant de risque juste pour laver des carreaux ! Mais dans certains bâtiments, les fenêtres sont condamnées de l’intérieur et difficiles voir impossibles d’accès.

« Nous on fera les trois premiers étages, avec l’échafaudage. »

Oui, la version la plus simple, c’est souvent ça. Moi je me pointais, j’avais à peine quelques jours d’expérience, j’allais pas me retrouver suspendu dans le vide pour nettoyer les vitres du huitième ou du dixième étage. Forcément. Mais je me souviens bien de ce jour, pourtant. Le seau d’eau savonneuse, les mouilleurs, les raclettes, la tête de loup. Il faisait froid en plus, et on est allé direct sur l’échafaudage. Les bureaux se réveillaient eux aussi, début de journée pour tout le monde. L’immeuble était juste à côté d’un grand parking, c’est dire la taille du truc et le nombre de personnes à l’intérieur. Et nous, on était là, derrière.

D’abord, trempé le mouilleur, une espèce de gros truc poilu, en fibres. Le mouiller, mais pas trop. Le seau avait un truc sur lequel il fallait « rapper » le mouilleur, pour l’essorer un peu et que ça ne laisse pas de grosses coulures, justement. Ensuite, appliquer le mouilleur sur toute la surface de la vitre et faire attention aux angles, ne rien oublier. Puis, très rapidement ensuite, s’emparer de la raclette. C’est une course contre le temps, éviter que ça sèche trop vite sans quoi… ça ne sert à rien. Vite, avoir le geste comme il faut, une espèce de va-et-vient qui commence en haut à gauche et finit en bas à droite, en serpentant pile comme il faut pour toujours avoir la coulure d’eau sous la raclette. Bref, un truc que je maîtrisais pas complètement… Samy, il faisait ça, hop hop hop, en quelques mouvements c’était plié et nickel. Moi… un peu moins.

Ce jour-là, particulièrement. Vu que je passais pas mal de temps à scruter autour de moi. De là où on était, on pouvait voir les cordistes, leur corps dans le vide et deviner leurs mouvements. Moi, à terre, les pieds bien ancrés sur l’échafaudage, je galérais. Alors à leur hauteur, avec le harnais et tout, j’imagine pas… je rêvassais un peu. Mais je faisais de mon mieux. Globalement, c’était… correct. Passable, peut-être. Y’avait que mon binôme qui me soufflait des : « Là, essuies. », « Mais t’attends quoi ?! », « Là, y’a une trace ! »… J’faisais – plus ou moins – ce qu’il disait.

Et quand ce n’était pas les types attachés dans le vide, c’était ce qui se passait de l’autre côté de la vitre que je regardais. Franchement, nettoyeur de vitres, c’est presque comme regarder à travers une énorme télé, ou une cage de zoo (au choix). On voit tout et les autres nous regardent pas spécialement. Peut-être un coup d’oeil au début, surpris de voir des corps derrière la vitre mais ensuite ils oublient, ils font leur vie, leur taf. C’est à ce moment là que le laveur peut tout voir… et commenter, aussi.

« Celle-là, là-bas, elle est pas mal, nan ?
- La brune ?
- Ouais.
- Bof. J’préfère celle-là.
- Montre pas du doigt !
- Oh, ça va, elle regarde pas.
- Pff. Laquelle ?
- Celle avec les lunettes derrière le bureau avec la fleur.
- Ah, ah ouais, pourquoi pas. »

Il devait avoir la trentaine bien passée, le Samy. Il était pas avare en commentaire sur la gente féminine, en général. Ou sinon c’était sur ce que pouvaient faire les gens de l’autre côté. « Je crois que c’est un truc administratif… je me demande combien ça gagne, là-dedans ? ». Et de s’imaginer une autre vie, peut-être. Si ce n’était pas pour de vrai, au moins le temps de laver les vitres. On finissait une rangée et on descendait d’un étage, reprenant les mêmes gestes. Quand il fallait, on remplissait à nouveau les seaux et on recommençait. L’immeuble était large, ça en faisait des vitres. Des fois, comme là, on restait quasi toute la journée au même endroit et d’autres fois, c’était plutôt court. Quarante-cinq minutes – une heure et c’était plié. On allait ailleurs.

« Ça t’plait ?
- Bah. Ça paie et y’a pire. »

Ouais, il m’avait dit un truc comme ça. Il avait pas tort. Y’avait sûrement bien pire.

En vrai, j’regrette pas ces petits boulots. Ils m’ont fait voir des trucs, essayer des trucs. Je pense pas que j’aurais pu devenir un laveur de vitres éternellement… ou peut-être que j’aurais demandé à faire comme les cordistes. Parait que c’est mieux payé, ça. Mais c’était un contrat pour quelques mois, je crois que j’ai fait ça sur un trimestre, et ça s’est terminé. Répétitif, laborieux, fallait subir la pluie ou la chaleur, mais pas pire qu’autre chose, ouais.



(1486 mots)


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Giacomo Tutti

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C-GEAR
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Sam 16 Jan - 20:03
J16 - Calendrier de l'Après 2021
Skifford, appartement de Giacomo.


Il y a des gens, une nouvelle année, ça leur donne toujours du baume au cœur. De nouvelles perspectives, une impulsion… je sais pas, quelque chose. J’ai jamais eu trop ça, moi. Enfin, comme tout le monde, il peut m’arriver de me dire que cette année, ce sera l’année de ceci, ou de cela. Me projeter sur des trucs assez basiques, ou penser par chiffres. Me dire qu’il fêtera ses deux ans, cette année. Je pense souvent aux anniversaires à venir, surtout s’ils sont ronds (ils sont pas ronds, cette année, pas dans mon entourage, du moins).

Fiona, elle, elle aime les fins d’année et encore plus les débuts, je crois. Fio, elle aime tout. Quand je lui dis, elle nuance et secoue la tête mais son tempérament est tellement optimiste que j’en doute. C’est toujours la première à me lancer sur ce sujet à la con : les résolutions. Des fois elle embarque notre mère, elle aussi très encline à ce genre de délire. Autant vous dire que je le suis nettement moins.

« Alors ? » Ouais, c’est comme ça qu’elle a dit, l’autre jour quand je l’ai eu au tél. On papotait, elle me racontait son réveillon du Nouvel An et d’un coup ce Alors ?.

« Alors quoi ?
- Bah, une nouvelle année qui commence, t’as pris de bonnes résolutions ?
- Ah ah ah.
- Pfff. T’es vraiment comme Lino pour ce genre de truc. »

Et clairement, c’est pas un compliment. Moi j’ai haussé les épaules et je l’ai écoutée me dire qu’elle allait tenter une course de dix kilomètres cette année. Son compagnon, Amir, est un très grand sportif et elle l’est elle-même, donc ça ne m’étonne pas. Qu’est-ce que je peux dire à ça ? Elle m’a quand même soufflé !

« Et toi, ça te dirait pas ?
- Courir ?
- Ouais ?
- Tu sais que je fais pas mal de sport, je vais à la salle de muscu de l’institut…
- Ça te défoule suffisamment ?
- Euh… ouais ? »

En vrai, je sais pas. Ça m’arrive d’avoir des moments où j’ai juste envie de tout casser. De décompresser. Des fois je vais à la salle de sport et je porte du poids, ça passe. Des fois… je cours, un peu. Je n’ai pas énormément d’endurance, en vrai.

« Mais fais pas ta rabat-joie… tu les tiens tes résolutions, toi ?
- Des fois.
- Voilà. Moi j’en fais pas, comme ça au moins je suis pas devant le fait accompli d’échouer.
- En même temps, si on s’en fixe pas, on avance pas et c’est sûr qu’on rate rien, hein ! »

La discussion a dévié sur un autre sujet et s’est terminée de manière un peu douce-amère. On s’engueule jamais avec Fio, disons qu’on se dit les choses mais on n’est pas plus rancunier que ça. C’est Lino qui l’est. Du coup, j’ai raccroché et… je sais pas. Son délire sur les résolutions, ça m’est resté dans la tête. Elle parlait de courir, de perdre du poids (ce à quoi je lui ai dit qu’elle en avait clairement pas besoin), et de prendre le temps de se faire un petit jardin. Ça lui ressemble bien. Elle tient beaucoup de notre mère pour tout ça.

Moi… je sais très bien le genre de résolutions que je pourrais faire. Que je devrais faire. Mais à quoi je le dois, en fait ? A moi ? J’ai l’impression que c’est la société qui impose une forme de modèle. Oui, je fume. Sans excès, mais souvent le soir ou après une mission, faut que j’en grille plusieurs. Je peux passer plusieurs jours sans toucher une cigarette et des fois, en enchaîner plus qu’il n’en faut sur le coup d’une émotion. Arrêter de fumer, oui, ça pourrait être une idée. Calmer la malbouffe aussi. Ça, même Ian me l’a dit. « C’est de la merde c’que tu manges ! » Ouais bah j’y peux rien. Moi j’trouve ça bon et tout le monde n’a pas le talent de chef cuistot de mon père ! Même s’il nous a montré des recettes quand on était ado… je prends pas le temps. Je le prends jamais. La bonne nourriture, ça se mijote et ça se partage. Qu’est-ce que vous voulez que je passe une heure à cuisiner un truc pour le manger tout seul ? J’ai du mal avec le concept. Mais quitte à commander, j’pourrais pt’être arrêter les burgers. Ouais.

« Je pense quand même que tu devrais trouver un truc pour bien te défouler... » Elle a dit ça, Fiona. Elle l’a dit et je sais que c’est pas la première fois. Tout le monde dans la famille sait que je suis une boule de nerfs qui a besoin d’actions. Ado, je débordais de colère et je tapais tout et n’importe quoi. Je me suis bien calmé mais oui, des fois… j’ai envie de tout casser, c’est vrai. Je le fais pas. Je le fais… plus. Sauf quand ça déborde trop. J’aime pas aborder ça. Je sais pas s’ils savent. Moi je sais et c’est déjà suffisamment lourd à porter. Lever la main sur quelqu’un qui n’a rien fait, qui était juste au mauvais moment au mauvais endroit, qui faisait tout ce qu’il faut et qui me supportait. C’est tellement facile de prendre la première cible qui vient et de faire mal. C’est se retenir qui est le plus dur. C’est évacuer qui est compliqué.

Peut-être que je devrais faire de la boxe… j’y ai déjà songé, honnêtement. Mais j’ai le souvenir d’une affiche pas très loin de chez moi. Un club, il me semble. Peut-être que… ? De toutes les résolutions que je pourrais éventuellement – hypothétiquement – supposément prendre, c’est peut-être la plus réaliste. De la boxe, pour souffler un bon coup et peut-être compenser les envies de nicotines quand elles se font trop fortes ? A voir si j’ai le temps, mais ouais, j’y penserais. Si je le fais pour de vrai, ce sera déjà une très bonne chose. Je suis pas comme Fio, toujours très optimiste et déterminé pour de nouvelles choses : nouvelles rencontres, nouvelles activités, nouveau mode de vie. Je sais pas faire ça. Moi je fais les choses étape par étape, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins d’entrain. Les résolutions, c’est des idées qui passent par la tête. Ça, c’est facile d’en avoir. Le plus difficile, c’est de les concrétiser.

Déjà, j’vais essayer de remettre la main sur cette affiche de club de boxe… ce sera un début.




(1076 mots)


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Lun 18 Jan - 20:43
J18 - Calendrier de l'Après 2021
Mine de Galar, il y a 8 mois.

« Bien, tu fais comme on a vu. Tu restes derrière moi, lampe torche au minimum, toujours tournée vers le bas. On essaie de faire le moins de bruit possible...
- Ok.
- Et tu me perds pas de vue. Dans cette partie des mines, si on sait pas où on va, on peut vite se perdre.
- Ouais. »

Difficile de dire autre chose qu'acquiescer. Ça doit faire plus d'un trimestre que j'ai franchi les portes de l'Institut Sillage et que je suis sous la houlette de Ian. Clairement, c'est le genre de type à la cool qui maîtrise son sujet. Et présentement, le sujet, c'est de s'assurer que l'exploitation minière de la grande mine de Galar, au Sud de Greenbury respecte les accords sur la protection du monde souterrain et du développement des espèces pokémons qui y vivent. Le bruit court que certains portions de la grotte sont ponctuellement fouillées par certains mineurs qui y ont trouvé des minéraux plus rentables que ceux dans les niveaux les plus hauts.

Je suis pas expert mais j'ai bien écouté les briefs et les explications de Ian, jusque-là. Y'a quelque chose chez cet homme qui fait que j'ai simplement envie de suivre ses recommandations. Il me prend pas pour un demeuré et a l'air de me faire confiance. J'ai envie de lui montrer qu'il a raison. Alors on avance, comme il a dit. Les accès sont étroits, parfois il faut se pencher, parfois se coller à la parois rocheuse. C'est sport. Mais il s'y faufile avec aisance, sans trop s'inquiéter de ce que l'obscurité cache.

« Dans un lieu pareil, c'est pas de ce que tu ne vois pas que tu dois t'inquiéter. C'est de tout le reste. La faune et la flore, ici, ont l'habitude de se cacher. Elles n'ont pas à être mises à la lumière et encore moins à être perturbées par l'avidité de certains. C'est pour ça qu'on descend, faut qu'on voit ce qui s'y passe, tout en étant les plus discrets possibles. »

Alors on a progressé, ouep. Je sais pas depuis combien de temps on marche, je sais... je sens simplement qu'on n'est pas seuls, là-dedans. Des fois, c'est comme si des choses nous frôlaient les jambes, que le sol était tantôt dur tantôt mou et humide. Il y a des présences, des créatures et de la vie. « Ils sont chez eux, ici. C'est nous les intrus. » Oui, c'est nous. « Plus basse la lumière ! » Ian, c'est à croire qu'il voit dans la nuit, il est pas plus dérangé par le fait de ne pas voir à un mètre devant. Il tate de ses mains, il laisse glisser ses pieds et hop, il avance. Il esquive les gros rochers, il contourne les trous...

Je suis bien moins doué que lui.
Ah ça...

« Merde ! »

Ouais, voilà. C'était couru d'avance. J'ai aucune idée de ce qui l'explique mais je me suis cassé la gueule, bien comme il faut. Mon sac à dos en arrière, la lampe-torche qui m'a glissé des mains et éclaire désormais en hauteur. Moi, je crois que je me suis cogné la tête ou je sais pas trop, je peste, je me touche la nuque. « Bordel... »

« Chut !
- Ouais mais...
- Chut ! »

Trop tard, sans doute. Entre le bruit métallique de la lampe et de la fermeture de mon sac qui touche la roche, la lumière qui fait à halo au-dessus, on a définitivement attiré l'attention. J'suis un peu secoué, j'ai les dents crispés et j'essaie de me redresser quand...

« Là y'a...
- Baisse les yeux ! »

Trop tard. Deux billes brillantes, une créature ailée et soudain, comme les deux lueurs deviennent rouges. Je sais pas trop, j'ai pas réussi à détourner le regard, j'ai juste été happé dedans, sans comprendre et... pouf. Juste pouf. C'est comme quand tu fais cuir des patates à la vapeur et que tu soulèves le couvercle, comme si tu mettais la tête dans la vapeur, d'un coup t'es entouré d'une sensation, une chaleur. Comme venu de nulle part, la sensation d'avoir extrêmement chaud et une goutte de sueur qui coule dans mon cou. Je vois sans voir, comme sous un voile opaque. J'imagine bien que Ian s'est approché de moi, qu'il essaie de me parler mais c'est comme un bruit sourd fait de son en woh et en wah. C'est indéfini et moi, je sens que je suis au-dessus, en-dessous, que je suis tout. Je tourne la tête en tout sens, là où je ne voyais que de l'obscurité tout à l'heure, j'ai l'impression que tout s'agite désormais.

Je lève la main, le bras, sans raison particulière. Je veux toucher l'obscurité, la saisir. J'étire mes doigts et je tire vers moi. D'un coup, comme un rideau qui serait tendu, c'est l'obscurité qui tombe et je m'en fais un manteau. De mes bras, je fais le geste, comme quand on s'entoure d'une couverture, sauf que cette fois, c'est une cape, royale, celle de l'obscurité, toute noire noire et brillante, j'en suis convaincu. Je baisse la tête et j'observe ce tissu incongru, c'est noir et en même temps ça pétille de mille feux. Je tire le tissu, et je baisse la tête, je veux voir ce qui brille comme ça.

« Des étoiles. C'est... des étoiles. » C'est marrant des étoiles, sur le tissu.

Tout est flou en moi, dans mon esprit autant que dans mes yeux. Je cligne plus qu'il n'en faut, j'ai la sensation que je peux tout faire, tout devenir, en cet instant. Que je peux plongé vers les étoiles ou les attraper d'un geste de la main. « Ia-Ian, les étoiles. » J'aimerais les partager avec lui, il doit bien les voir, non. « J'aimerais pren-prendre une étoile. » Mes doigts se lèvent et j'agrippe la lueur. Je l'agrippe bien comme il faut et je lève haut mon bras sans savoir où est l'homme aux cheveux blancs, à droite ? Je me tourne brusquement et je lève toujours mon bras et l'étoile dedans. J'ai fermé le poing, je ne voudrais pas que d'autre la prenne, c'est pour Ian. Je crois le voir mais non. Alors je me tourne brusquement sur la gauche. Je ne sais pas où il est. C'est brumeux.

« Ian ? »

Moi je suis toujours drapé de ma cape d'étoiles et soudainement, j'ai une impulsion, j'essaie de me mettre debout, mon autre main touche quelque chose, et je me hisse d'un coup. Trop vivement peut-être car une douleur tambourine à l'arrière de mon crâne. Et ça fait Toum-Toum-Toum dans ma tête. Les tambours... je souffle. Ils veulent prendre les étoiles. Alors j'essaie de me relever mieux que ça, ça tangue, ça tourne, ça tambourine. Mes yeux piquent, aussi.

« Ia-Ian ?
- Gia... »

Un bruit, moins sourd que les autres.

« Les tamb... les tambours.
- Giacomo, attends.
- L'étoile. »

Je réalise qu'en me redressant, j'ai ouvert la main qui tenait l'étoile. « Ils l'ont pris. Elle n'est plus là. Ils l'ont pris. » Je m'agite sans bien savoir contre qui. Contre les tambours qui continuent de faire Toum-Toum-Toum contre mes tempes.

« Calme-toi. »

Et d'un coup, comme une douche froide, le rideau qui se lève mais la douleur qui est toujours là. Je suis à moitié levé, moitié courbé. Le bras contre la paroi de pierre. Je vois moins que je ne sens Ian m'agripper et passer un bras dans mon dos, en soutien. Laisse-toi faire, assieds-toi, faut que ça passe.

J'comprends rien. Mes yeux piquent toujours mais je réalise que l'endroit est bien plus sombre qu'il ne me semblait l'être, il y a peu. J'ai un regard sur le côté. Mon mentor est là, il me fixe un peu inquiet. Il m'a visiblement injecté un truc au niveau du bras. Je reconnais ça comme l'un des antidotes du kit dont il me rabâche les oreilles depuis plusieurs semaines. « Un bon Ranger ne sort pas sans ça !

« Ça va ?
- Que... Qu'est-ce... ?
- Félicitations Giacomo, tu viens d'avoir ton baptême d'onde folie. Dans ces grottes ça grouille de Chovsourir ou de Nosferalto. Et quand c'est pas eux, on sait que certains Ténéfix sont arrivés jusqu'à Galar. Ce genre d'attaque c'est leur mode de défense numéro un.
- Bon sang... ça fait pas du bien.
- Ouais je sais, ça secoue. En tout cas, t'as l'air d'avoir bien voyagé.
- On va dire ça. »

Onde folie... si j'avais su. De ce que me dit Ian, c'est connu, et c'est pour ça que les mineurs ou les géologues descendent souvent avec des casques de protection. Ça limite leur vue vers le haut et les Chovsourir de tout poil peuvent plus difficilement les cibler pour ce genre de capacités. Car ça passe dans le regard, précise le Ranger. Ça passe dans le regard.

Oui, les deux billes rouges...
Je m'en souviendrais.


(1612 mots)


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Région : Galar
Mer 20 Jan - 20:34
J20 - Calendrier de l'Après 2021
Corrifey, maison Tutti, soir du 24 décembre.

Moi j’aime bien. Les humains s’agitent dans tous les sens, ça sent bon, y’a des lumières partout… on sent que c’est « pas comme d’habitude ». Je l’ai vite compris, ça, que c’était « pas comme d’habitude ». Déjà, parce qu’il y avait plus de monde dans la grande maison. Des gens que je connaissais pas, d’autres que j’avais peut-être déjà vu (j’ai reconnu certaines odeurs), mais rarement. Et puis, y’avait...de la joie, de l’agitation. On voit d’autres créatures, aussi.

C’est marrant. Jazz est de mon avis, Mambo essaie de grappiller toute la nourriture qu’il peut, Folk reste dans sa ball et Twist… on parlera pas de Twist. N’en parlons jamais. C’est une perte de temps.

Mais moi, j’aime bien. La mère de mon dresseur, elle est toujours très gentille avec nous. Et là, on était dans sa maison, et elle me tapotait sur la tête des fois « Tu as bien grandi, Jiana ! » qu’elle disait. Elle est belle, la mère de mon dresseur. Ses pokémons sont doux aussi. Goupix est gentil, avec son beau pelage. C’était il n’y a pas longtemps, alors je m’en souviens bien.

Dans la grande pièce, il y avait ce qu’ils appellent « le sapin ». Ça sent fort. C’est un arbre avec des épines et je sais qu’avant, plus jeune, je jouais avec… une fois, j’en ai brûlé une partie, alors maintenant, j’évite. Giacomo n’avait pas apprécié. Je sais pas bien pourquoi. Ou si, c’est peut-être à cause des choses sous ce « sapin ». Il y a toujours plein de choses, dessous. Des boites, des carrés, des rectangles, des ronds aussi. C’est parfois grand, parfois petit. Et sur le sapin, ça brille et ça teinte. Des fois, mes oreilles remuent un peu une branche au passage et c’est plein de trucs qui bougent : un petit bonhomme rouge et blanc, une bête avec des bois sur la tête, une étoile, un quelque chose avec des ailes blanches. Je sais pas ce que c’est forcément, mais c’est intriguant.

Jazz, il dit que c’est une fête. Je pense qu’il a raison, oui. Parce que les humains finissent souvent autour d’une grande table, ils parlent, longtemps, fort. Ils mangent. Et le père de Giacomo, son papa, il nous prépare quelque chose, aussi. Dans l’une des pièces à côté, il pose une gamelle et dit : « J’ai fait ça pour vous ! Je pense que c’est pas mal ! » Ces pokémons à lui, dont un imposant Chevroum que Mambo adore, le confirment. Même qu’il y a différentes sortes, et tout. Je trouve ça bon. Je sais pas si c’est aussi bon que ce que mange les humains, parce que eux, ils mangent pendant des heures et des heures… mais c’est bon.

« Il va arriver.
- Qui ?
- Mais si, l’humain en rouge et blanc, il est arrivé la dernière fois.
- Ah oui. »

Nous, on a des pièces où on peut se balader librement, selon notre taille. La mère elle crie pas, mais Giacomo et d’autres nous ont dit que « Là, c’est pour vous. Dans le salon, c’est si on vous dit oui. » A moi, il dit souvent oui, mon dresseur. Parce que je suis sa préférée, je le sais. Alors j’y vais, dans le « salon », moi. J’y vais et je l’ai vu, c’est vrai. L’humain – je crois ? - rouge et blanc. Il était tellement grand ! Et il avait un… un chapeau sur la tête ? Avec un pompon blanc. Et il parlait fort.

L’autre humain, Lino, il a soupiré en plus. Moi je pouvais pas m’empêcher de fixer le bonhomme. « Père Noël » ils ont dit. Je sais pas pourquoi quand il est arrivé ils se sont levés. Il y avait des petits enfants (je les aime pas trop, ils veulent tirer mes oreilles), y’en a un qui a pleuré. Je sais pas pourquoi. J’ai regardé le bonhomme, ils lui ont pris une chaise et il s’est installé et j’ai pas compris. Ils ont parlé, longtemps, et le bonhomme donnait des choses aux humains. Les humains avaient l’air content, ils déchiraient le papier, ils disaient « Merci ».

« Il leur donne des choses.
- Mais c’était pas déjà sous l’arbre ?
- Oui mais lui, il vient et c’est lui qui leur donne. Personne d’autre.
- Ah. »

J'avais jamais fait attention. Il en sait des choses, Jazz.

« Et nous, on a des choses ? » C'est un pokémon gris que j'ai jamais vu qui demande, avec une tête bizarre.
« Des fois, oui. »

C’est vrai. Pas forcément le soir même. Mais on a des friandises, souvent. Tous les humains sont passés, ont dit merci au Père Noël, aux autres humains. Moi je regardais et à un moment, il s’est levé et il allait partir. Giacomo il a dit : « Je crois que certains attendent, à côté. »

Et là, le bonhomme il est allé dans la pièce où on a mangé, les pokémons. On était pas tous là, certains préféraient être dehors ou dans leur ball, mais moi, Mambo, Jazz, on était là. (Sans Twist, je le répète. Heureusement sans Twist.)

« Comme si j’allais les oublier ! » (en vrai je crois que oui, il allait partir sans nous voir, mais bon) Giacomo lui a glissé une poche dans le dos. Je l’ai vu. Et le bonhomme il a ouvert grand les bras en disant : « Et pour tous nos amis Pokémons… des Pokéblocs ! »

Mambo a été le premier à se dépêcher droit devant, manquant presque de renverser le Père Noël. Il bêlait comme un fou et ça a fait rire les humains. Moi aussi j’en voulais, vite. Parce que j’aime ceux à la baie Pêcha. Si y’en avait, je voulais que ce soit pour moi, alors j’ai bondi sur le côté, snobant un Flamoutan et un Lombre qui étaient là et j’ai tendu l’oreille pour qu’on m’en donne.

« Ah ! On me dit que c’est des Pokéblocs goût Pêcha, pour la plus belle ! » Il a dit ça le bonhomme, « Pour la plus belle ». Je l’aime bien lui.

Et je l’aime bien, cette fête.
Parce que c’est pas comme d’habitude, qu’il y a plein de monde et qu’on mange bien.



(1035 mots)


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Région : Galar
Ven 22 Jan - 21:10
J22 - Calendrier de l'Après 2021
Aéroport de Motorby, juillet dernier.


On va pas dire que je suis un méga fan de l’avion. Je suis pas phobique non plus hein ! Disons juste que j’essaie de pas trop penser au fait que je vais m’enfermer pendant plusieurs heures dans une grosse cage en fer. Pour les longs trajets il vaut mieux l’avion. Les pokémons Vol, ça a ses limites sur la distance, la rapidité ou quand on transporte des bagages, des trucs comme ça.

Alors ouais, je suis enfin en vacances, j’ai un bon plan pour une semaine de vacances dans la maison familiale d’un pote, sur Hoenn. J’allais pas dire non ! Alors ouais, ça va me permettre de faire un break avec le quotidien de l’Institut et de ma formation. On n’a rien de trop urgent actuellement et j’ai pu poser ces quelques choses. Ça va me faire du bien, ça fait un moment que j’ai pas voyagé de moi-même, en dehors d’une mission, au-delà des frontières de Galar. Le soleil, la plage… j’sens qu’on va être bien, bien, bien ! J’ai prévu le minimum, mon éternel sac à dos, plusieurs t-shirt, le maillot de bain, la crème solaire, tout ça. Ça sent les vacances, j’ai mes écouteurs aux oreilles quand j’arrive enfin dans le hall de l’aéroport. Je me pointe devant un écran d’affichage.

« Le vol n°A237 pour Poivressel... » Je cherche du regard en murmurant, et là ça me saute à la tronche Retardé – 2h de retard. « Pfff. » Pour une fois que je voyage, faut que l’avion ait deux heures de retard ! « Gé-nial. » Déjà que je suis arrivé une heure en avance…

Y’a un monsieur qui me fixe avec un sourire compatissant qui dit bien « Ah, vous êtes sur le vol retardé. » Je boude un peu et je cherche Jiana du regard. Elle était à mes côtés quand j’ai avancé. Je la retrouve pas loin, en train de fixer la grande baie vitrée qui donne sur le tarmac de l’aéroport. « Jiana, l’avion est retardé. On va avoir du temps à tuer, hein. »

J’observe l’endroit, y’a des distributeurs de nourriture, des devantures de magasins, un stand café et jus de fruits. Et bien sûr, une multitude de rangées de sièges plastiques où beaucoup de personnes entendent, entourées de bagages plus ou moins imposants. « Bon bah on va aller par là... » je cherche un coin avec une vue sur le tarmac. Jiana a pas tort, ça reste impressionnant de regarder.

Alors je m’assois, ma musique rap dans les oreilles et probablement que pendant la première demi-heure j’observe. Voilà, je fais ça. C’est naturel, non ? On observe les énormes engins, le ballet des employés de l’aéroport, les gens qui guident les voyageurs, les personnes qui préparent les avions, ceux qui roulent sur des engins chargés de bagages… Ça grouille de vie. Je ne suis sans doute pas le seul à profiter de l’été pour voyager un peu. Sans m’en rendre compte, je murmure parfois certains passages de musiques. Je me suis préparé une méga-playlist. J’y touche pas souvent mais avant des voyages, j’aime bien. Je réactualise avec de nouveaux morceaux, je laisse certains groupes indémodables que j’adore, et parfois je me fais des « feintes ». J’ajoute de la musique de films, quelques artistes pop supportables, des trucs comme ça. Je suis globalement assez curieux côté musique.

Enfin bon… au bout d’un moment, je sens que j’ai faim. Je suis parti en vitesse pour être sûr d’arriver en avance alors j’ai pas vraiment déjeuné. Un café et rien de plus.

« Reste-là Jiana, j’reviens. »

Je vais en direction d’un distributeur, y’a déjà quelqu’un devant. J’attends. Puis c’est mon tour, je récupère une barre chocolaté et un sachet de bonbons, en prévision du voyage. C’est pas diet mais merde, c’est les vacances ! Je compte bien me faire plaisir ! Et je vois un peu plus loin un distributeur de friandises pokémon. J’y prends un truc à base de baie Pêcha pour ma Lapyro (elle adore). Je glisse la friandise et le sachet de bonbon dans la poche de mon sac à dos, ce sera pour plus tard, et je retourne vers ma place en croquant dans la barre chocolatée.

Plus j’approche plus je constate que Jiana n’est pas seule. Elle observe avec des yeux curieux… un Charibari. C’est pas un pokémon que l’on croise souvent. « Ah, tu t’es fait un ami ? » Ma Lapyro me jette un coup d’oeil et j’entends derrière moi : « Une, en fait. »

Je me retourne, une femme, dont je ne saurais pas trop attribuer d’âge (je suis nul pour ça), peut-être fin trentaine ? Quarantaine ? Je sais pas. Plutôt pas mal, si vous voyez ce que je veux dire. On sent qu’elle prend soin d’elle, elle a une jupe élégante et un chemisier qui lui va bien. Je devine ses formes mais c’est classe. Me regardez pas comme ça, j’ai des yeux hein ! Autant admettre ce qui est beau.

« Oh, c’est votre pokémon ?
- Pas vraiment. »

Elle m’en dit pas plus, je m’en moque, j’entame la discussion quand même, en m’asseyant.« Au moins les pokémons semblent pas trop embêtés par l’attente…
- C’est sûr. C’est un peu trop fréquent ces retards.
- Ah, vous aussi vous êtes sur le vol vers Poivressel ?
- Oui, malheureusement. Deux heures, c’est pas rien. »

C’est cliché mais elle donne l’impression d’être de ces femmes qui gèrent pas mal de choses en même temps. Un peu working-woman si vous voyez le genre, mais pas trop pète-sec non plus.

« Personnellement je pars en vacances, alors je vais pas trop me plaindre.
- Vous avez de la chance !
- Ahah, c’est pas tout le temps que je peux profiter d’une semaine au soleil, alors ouep, j’suis chanceux là ! »

Ça la déride un peu, elle observe la Charibari et j’en fais de même. Les deux créatures se reniflent légèrement et la Charibari brame légèrement, à travers son espèce de trompe. « C’est pas un pokémon que je vois souvent, ça.
- Elle a une bonne nature. Sa mère est une imposante Pachyradjah, je l’amènerais pas ici.
- Vous êtes dresseuse ?
- Pas vraiment non. On en fait pas une vie. »

Ah, ça. Elle aime bien dire « pas vraiment ». Pas mal de personnes ont des aspirations de dressage enfants, ou de coordination, et finissent pas retourner dans le « droit chemin » du travail bien rangé, derrière un bureau ou un comptoir. Je dirais pas le contraire.

« C’est sûr. Mais des fois… tenez, moi je suis en formation pour être Ranger.
- Oh, joli projet.
- Faut viser haut, hein ! »

Ça la fait sourire légèrement. Je suis pas un pro de la drague, mais comme on dit, une femme qui rit… Bref. On discute comme ça un certain temps, des banalités, des choses du quotidien. Ça fait passer le temps. Jusqu’à ce que son téléphone sonne. Elle le regarde, fronce les sourcils et se lève : « Excusez-moi, je dois décrocher. »

Je lui fais un signe de la tête pour dire « Pas de problème. » et elle s’éloigne.
Je continue d’observer nos pokémons et je me demande un peu quel genre de vie elle peut mener, cette femme. Je ne sais pas la teneur de son appel mais ça n’a pas l’air d’être bien agréable, vu ce qui se lit sur son visage. Et d’un coup, une silhouette qui arrive à toute vitesse et s’installe sur le siège à mes côtés. Je tourne la tête, un gamin aux cheveux bruns en pétard, une sucette à la bouche et une Switch à la main. Je sais pas quel âge il peut avoir, peut-être 11, 12 ans ? En tout cas, il me fixe, retire finalement sa sucette à la bouche et sort : « T’emballe pas avec ma mère toi. »

Oh. Ok. Je vois.

« Euh, salut. Je vois pas trop de quoi tu parles. » Mais déjà il ne m’écoute plus vraiment et se penche vers la Charibari.

« Hé, Chou ! » La créature se retourne et trottine avec entrain en direction du gamin. « C’est mon pokémon, ça.
- Oh, c’est donc toi le dresseur ?
- Ouep ! Bientôt j’vais avoir mon premier badge !
- La classe ! »

Il me parle de pokémon pendant plusieurs minutes, et je devine que lui, il envisage bien le dressage. Il a l’air de s’être renseigné sur le sujet. Finalement, sa mère finit par arriver pendant que son fils continue d’expliquer la stratégie à adopter face à Mao, de la Ligue. Il connaît son sujet, n’empêche ! Par derrière lui, la silhouette de la jeune femme s’approche avec un sourire contrit. Je fais signe de la tête pour lui dire que tout va bien.

« Du coup, vous êtes l’agent d’un futur champion de la Ligue, je comprends mieux ! »

Ça brise la glace. On continue à discuter, à trois cette fois, et je sors de ma poche le sachet de bonbons que je partage avec le garçon, Benjamin, et j’ouvre aussi le sachet pour pokémon et je partage entre ma Lapyro et la Charibari. De fil en aiguilles, le garçon s’ouvre et je finis par glisser : « C’est à Mario Kart que tu joues ?
- Ouais !
- J’suis sûr que je te bas. »

Qu’est-ce que j’ai pas dit ! Direct, il détache un joystick et me le glisse dans la main. « C’est ce qu’on va voir ! » La mère sourit, on s’installe en posant l’écran de la console portable sur la valise de l’ado et… c’est parti ! C’est animé et les deux dernières heures passent en vitesse.

Jusqu’à l’annonce : « Les voyageurs du vol A237 sont attendus à la porte d’embarquement E... »

« Ah, c’est pour nous ! »

Comme quoi, quand on est pas pressé autant prendre les retards avec philosophie et on peut passer un bon moment, finalement.



(1639 mots)


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Mar 26 Jan - 19:57
J26 - Calendrier de l'Après 2021
Commissariat de Kickenham, il y a 8 mois.


« T’es où là ?
- … Commissariat de Kickenham.
- Répète un peu ?
- Au commissariat de Kickenham.
- T’es sérieux, Gia ?
- Ouais ouais… Me fais pas la leçon Lino, sinon j’aurais appelé Fio si j’avais besoin de ça !
- T’es malin toi. C’est quoi ce bordel derrière toi ?
- C’est Oscar.
- Oscar ? Bon sang, qu’est-ce que tu fous avec Oscar, Giacomo ? Tu sais qu’il n’est bon qu’à une chose : foutre les gens dans la merde !
- Ouais ouais… c’est un pote, Oscar.
- Tu parles d’un pote ! C’est quoi l’histoire, qu’est-ce qui se passe ? »

Faut que je prenne une grande inspiration. C’était prévisible qu’il allait faire tout un foin s’il savait qu’il y avait Oscar dans le coup. Et forcément, l’autre grande gueule arrête pas de chanter à tue-tête des chansons paillardes ! « Quand j’étais mousquetaire j’allais toujours band... »

« Ta gueule Oscar, on va pas sortir de là si tu continues !
- Rien à foutre ! JE M’EN FUS AU BORDEL...
- Giacomo, t’es toujours là ?
- Ouais ouais.
- Bon, t’accouche ?! Il est 4h du mat là !
- On est en cellule de dégrisement, faut que je te fasse un dessin ?
- T’as bu, toi ?
- Bah un peu.
- J’croyais que t’y allais mollo là-dessus…
- Bah ouais, j’essaie !
- Et ça te réussit, je vois ça.
- Non mais, Oscar était sur Kickenham, on a fait une soirée avec des potes à lui, tout ça. Et j’sais pas, on est parti sur ma moto et…
- Et ?
- Bah, rue passante, sortie de boites, on a croisé des jeunes, Oscar s’est embrouillé avec un d’entre eux, les flics sont passés et bam.
- Ils ont quoi contre toi ?
- J’étais sur la moto mais pas allumée, j’attendais de voir c’que l’embrouille allait donner.
- Ouais, et ?
- Trop alcoolisé.
- Étonnant. »

Je souffle. Ça m’emmerde de devoir raconter ça à mon petit frère, mais je sais que c’est une tombe pour ce genre de truc, il dira rien à personne, surtout pas à mes parents ou notre sœur. Fiona, c’est un amour, mais elle a toujours tendance à jouer les institutrices avec nous, parfois. Ça va dans le bon sens, seulement, j’suis pas un enfant d’chœur ! Et Lino non plus, d’ailleurs. A sa façon. Je le sais très bien qu’Oscar, c’est le genre de type paumé qui se retrouve toujours dans les mauvais coups. Un mec qui a un gabarit aussi grand que large et une forte gueule avec son accent bien prononcé. Faut toujours qu’il parle fort. Il se met pas de filtre et quand il a bu (ou fumé), c’est encore pire. Le moindre regard de travers et hop, ça veut tout régler aux poings. C’était déjà comme ça à 17 ans, et on était dans la même bande. On a fait de la merde (rien de catastrophique non plus, ça va), mais disons qu’on s’est pas tiré vers le haut, c’est sûr.

« Ils ont que ça ?
- Ouais.
- Sûr ?
- Oui j’te dis, j’ai rien fumé ou quoi. Mais ils m’ont foutu une bonne amende et j’imagine qu’on sortira demain… si l’autre débile FERME UN PEU SA GUEULE. » Je dis ça fort en me tournant vers Oscar. J’lui jète un regard noir, peut-être que ça peut aide ? J’suis pas certain. Il hausse les épaules et fixe un point invisible (mais clairement passionnant, on dirait) du mur gris.

« En quoi j’peux t’aider ?
- Attends. »

Je suis dans une zone sécurisée sur un de ses téléphones à fil accroché au mur, comme on en fait plus. Juste derrière moi, la cellule de dégrisement, ses barreaux et Oscar. Les flics ont bien entendu mis l’autre type vénère – un jeunot brun avec un piercing – dans un autre coin. J’étire le cou et je penche la tête sur le côté, en faisant un signe du bras au flic de garde.

« Hé, j’peux vous prendre de quoi écrire ? » Il me dévisage un instant et hoche la tête. Il se lève et finalement m’apporte un stylo bic (sans capuchon) et une feuille qu’il arrache d’un calepin. « Merci. »

« Ouais alors, je crois que j’ai paumé ma carte bleue.
- Tu crois ? Tu te fous de moi, Gia ? Viens pas me dire que t’as « juste un peu bu ».
- J’ai pas dit que j’ai « juste un peu bu »…
- Tu fais chier.
- Ouais ouais. J’crois qu’elle est tombée de ma poche, j’sais pas. Je l’ai pas trouvée.
- Ça craint.
- Je sais. J’ai besoin que tu me retrouves la référence de mon compte bancaire, c’est pas le genre de truc que je retiens. Et je sais que je te l’avais filé pour le remboursement pour l’anniversaire de Papa.
- T’as pas ton téléphone ?
- Plus de batterie, et ils ont pas l’air du genre à vouloir le charger pour moi.
- J’vois. Ouais je dois avoir ça, attends. »

Je sais que je peux toujours compter sur Lino. En moins d’une minute il me retrouve ça et me dicte avec application chaque chiffre et chaque lettre. Je sais que je vais en avoir besoin pour régler l’amende, demain. Déjà, je trouve que je fais preuve d’une lucidité exemplaire, là. C’est souvent comme ça avec moi… y’a trois heures, j’étais sans doute pas mieux qu’Oscar, à gueuler comme un putois débile et à enfiler les shots (j’réagis un peu trop au défi, les « T’es pas cap », ça m’tue). Sauf qu’en général, dès qu’il se passe un truc, je retombe direct. C’est pas que je dessoûle complètement, je sens très bien l’arrière de ma tête qui tambourine, mais je regagne directe en sang-froid et en clarté. Parce que l’alcool est une de mes faiblesses et j’ai conscience que je peux faire de la merde (parfois trop), à cause d’elle.

Bref, je remercie mon frangin et je lui souffle : « C’est pratique d’avoir un geek comme toi en frérot. » Je savais très bien qu’à cette heure-là, il dormait pas. Je raccroche et l’agent de garde me rouvre la porte de la cellule et me renferme dedans. On est deux, moi j’essaie de me faire petit, mais Oscar il est en mode « Rien à foutre. » Le genre de gros costaud qui bosse en tant que conducteur de machines sur les chantiers et qui cherche toujours des prétextes pour lâcher les chevaux. Parce que c’est pas ce qu’il voulait faire dans sa vie. Parce qu’il voulait faire rappeur, mais qu’il a jamais percé.

Donc le flic ferme la cellule et là, direct : « LE POULET BASQUAIIIIISE À L’AISE À L’AISE ON SE L’EMPOUILLERAAAA ». L’agent lui balance un « Il va se la fermer la Castafiore là ? »

Bien entendu, c’était tout ce qu’attendait Oscar pour démarrer au quart de tour.

« Quoi, t’aimes pas ma chanson ? Cot cot cot… tu t’sens visé, l’poulet ? »

Perso, j’ferme ma gueule, mais le flic se met à me regarder : « Ton pote, il ferait mieux de la mettre en veilleuse s’il veut pas changer de cellule et y rester plus longtemps. » Il dit ça fermement et retourne au bout du couloir.

Derrière, je vois bien qu’Oscar n’en a pas fini. J’me précipite sur lui et je bloque ma bouche de sa main. « Bon Oscar, maintenant tu te la fermes un bon coup ! On peut pas jouer aux malins, là. J’ai pas intérêt que ça dégénère si j’veux rester à l’Institut…
- Oh, je vois, l’petit bourgeois a peur pour sa carrièèèèèère.
- N’importe quoi ! Toi aussi tu devrais réfléchir un peu avant de faire de la merde !
- Bof, si j’perds mon taf j’en retrouverais un autre.
- Ça c’est si tu sors d’ici.
- Putain, t’es devenu coincé du cul, Tutti, c’est triste. »

Il dit ça mais il se tait quand même. La fin de la nuit, ça a été ça, assis chacun à l’opposé de la cellule, sur les bancs de pierre craignos. J’crois que j’ai du dormir deux heures, peut-être trois. Je recommande pas, et j’ai une haleine de chacal. On nous a donné à boire, des gâteaux secs et je pense qu’il n’y aura pas de souci pour sortir. Heureusement.

Ça m’apprendra, hein. Je sais que je vais pas faire le fier la prochaine fois que je croise Lino.




(1356 mots)


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Sam 30 Jan - 18:38
J30 - Calendrier de l'Après 2021
Skifford.


Rouge. Mais pas de ces rouges banals que l’on croise parfois, ou délavés. Non. Rouge. Un rouge étincelant, un rouge qui crie victoire, le rouge du sang de ses ennemis. Ce rouge-là, oui. Il prend une inspiration et il appuie sur le bouton. Il sait ce qui va suivre, il le sait et il regarde, fasciné. C’est un spectacle que l’on ne voit que très rarement. Le nectar qui se réchauffe et coule, coule, plaisir liquide et senteur enivrante. Le café. Boisson des Dieux s’il en est. Il fixe ce délice et il lui faudra attendre quelques minutes de douce patience pour pouvoir y goûter. Saveur intense qui vient brutalement réveillé son esprit et son corps. Potion que même des prétendus gaulois pourraient lui envier.

Enivré de café, il se prépare et sort de chez lui, prêt à affronter le monde et les périples qui l’attendent. Il sait que vivre est synonyme de combat et de force. Il est prêt à tout pour avancer, véritable héros des temps modernes. Alors, il enfourche son fidèle destrier – une Yamaha XJ noire, achetée d’occasion – et met son casque. Que dis-je, son casque ! Son heaume, plutôt. Pièce centrale de son armure, qui accompagne le manteau de cuir et le jean (mais quel jean) ! Bref, il est paré, ses gants, en cuir eux aussi, lui permettront de braver la route et les intempéries. Car c’est sûr, il va pleuvoir. L’homme qui doit accomplir son devoir, gagner sa croûte et devenir un homme accompli voit toujours des évènements imprévus fleurir sur son chemin. Car le destin veut pimenter son voyage.

Alors il s’élance et autant vous dire que le trajet n’est pas de tout repos ! Nombreux sont les adversaires, plus forts et plus robustes, dans leur cage de fer, qui vont à sa rencontre. Le chemin est tortueux avec bien trop de virages, et les ennemis veulent lui compliquer la vie. Là, regardez ! Les voilà ! L’un sur la gauche, l’autre sur la droite, mais c’est un complot ! Les boites à moteur tiennent donc à le prendre en tenaille ? Qu’à cela ne tienne, il avance plus vite eux et sur l’axe dégagé, il prend les devants ! Oui, notre héros est ainsi. Il brave la route et derrière son casque, il sait qu’il parviendra à ses fins.

La route ne l’aura pas, le vent non plus, d’ailleurs. Ça fait « vrrrrr » et ça glisse dans son cou, son jean tremblotte par moment. C’est une complication qu’il connaît. Il fait avec, il serre les dents et il affronte, homme fort qu’il est.

Soudain, la délivrance, un peu plus loin, au prix de quelques virages supplémentaires le haut lieu de son accomplissement et de son apprentissage : l’Institut Sillage. Une première partie de sa quête est réussie ! Avec précaution, il range son destrier et se défait de son armure, la tête haute (les épis encore plus, dans ses cheveux), il avance, tout en posant sur son visage son ultime accessoire : ses lunettes de soleil. Il progresse et salue les intrigants qu’il croise. L’Institut est le lieu où tout peut se jouer, la réussite comme l’échec. Notre héros est de ce qui cherche la première et parviendront à l’attraper, où qu’elle se cache. Chaque pas qu’il fait l’amène au sommet… même si cela passe par attendre dans l’ascenseur pour aller au deuxième étage. Il se dégage de lui une aura de charisme qui fait que tous ceux autour de lui lui sourient. Il est comme ça. Les portes s’ouvrent et tous lui font un passage. Les couloirs s’offrent à lui et il parvient, enfin, après cette longue traversée, à retrouver son mentor, son chef suprême : Ian.

Rares sont ceux qui peuvent prétendre être au-dessus de notre protagoniste, Ian est de ceux-là. Homme de sagesse et de savoir, il est le garant de la vérité, il est celui par qui tout passe et Giacomo le salue avec déférence.

« Hoy, Ian ! » L’enthousiasme sans limite du blond est à la hauteur du charisme de celui qu’il regarde. Il sent d’ailleurs sur le visage de l’ancien une satisfaction à le voir, comme si par sa simple présence, le Tutti venait d’égayer sa journée et toutes celles à venir. Il cherche ses mots, pourtant, il ne répond pas de suite. Que va-t-il annoncer ? Un évènement terrible ? N’est-il pas heureux, lui aussi ? Que se passe-t-il ? L’ennemi a-t-il déjà frappé à la porte de l’institut ?

« Hello, Giacomo ! »

Visiblement non, mais qu’est-ce qui va suivre, ensuite ? Qu’est-ce qui les attend dans les heures prochaines ? Qui connaît la vie de Giacomo Tutti sait qu’il ne sait rien de la normalité, de la routine, oh que non.

« Quoi d’prévu, aujourd’hui ? » Oui, quelles missions périlleuses les attendent ? Quels combats vont-ils mener ? Combien de personnes ou de pokémons vont-ils sauver ?

« Rien, journée tranquille, pas mal de paperasse. Tu devrais en profiter pour vérifier tes rapports de mission et peut-être faire un saut à la réserve. » Hé oui, les rapports de missions, véritables scénarios de mille et uns accomplissements et autres prouesses. Bien des réalisateurs les leur envies et souhaitent mettre la main dessus pour leur prochain film. Ces rapports pourraient d’ailleurs être joués tels quels, tellement le blond s’y applique, tellement sa plume et sa fidélité aux événements est superbe. Juste superbe, oui.

Il sait qu’il aura tout le loisir d’écrire bien des lignes encore, de son écriture nullement égalée mais il préfère se dévouer au soin des pokémons. Cette réserve, attenante à l’Institut, est constituée de créatures sauvées, au péril de leur vie – de sa vie, car oui, notre blond on a déjà aidé énormément (encore à la réserve actuellement, trois), mais également dans une autre zone, des pokémons des membres de l’Institut pour les habituer à côtoyer différentes espèces et de façon à les soigner, les préserver. A tour de rôle, chacun se relaie pour aller les choyer, pénétrer dans ce havre sacré pour flatter les uns, nourrir les autres, parfois en manquant de se faire manger, charcuter, électrifier, etc.

Alors il descend avec un seul but en tête : être à la hauteur de la mission confiée. Une énième action épique sur la longue longue liste de celles déjà passé. Il a la tête haute, le torse bombée et il y va. Il compose le code de permettant d’ouvrir la porte, passe par une zone boisée qu’il franchit en se souciant peu des créatures qu’il croise et atteint la zone de logistique et de ravitaillement. En des gestes précis et magnifiques, il prépare un seau d’une pâtée à la recette tenue secrète depuis des siècles et se remonte les manches. Ses muscles parfait se dessinent et il progresse à nouveau parmi les terres sauvages de cette réserve. Et d’un coup, il fait entendre sa voix :

« Bien, qui c’est qui a faim ? C’est la tournée de chef Giacomo ! » Le son qui franchit ses lèvres est doux à l’oreille et enjoué. On sait qu’on peut lui faire confiance et qu’il est homme de bien.

Les créatures toutes autour, dissimulées pour la plupart, doivent le comprendre tout autant. Petit à petit, c’est une, c’est deux, c’est cinq, c’est dix… le cercle ne cesse de s’agrandir jusqu’à devenir énorme et tous, déjà, avancent à tous vitesse. Lui, statue impassible au sourire superbement sincère, il les attend. Face à l’enthousiasme et l’adversité, il ne bronche pas, il reste droit, tous piétinent, comme une armée prête à lui sauter dessus et il ne bouge pas. Jusqu’au bout, il restera ce héros que l’on connaît et le voilà déjà, qui rempli des gamelles et participe, à sa manière, à réduire la faim des pokémons dans ce monde.

Cela l’occupera une bonne partie de la journée, jusqu’à ce qu’il finisse par céder à l’appel de la paperasse. Appel mystique s’il en est, de ceux face auxquels il serait tellement facile de se détourner. Mais il n’est pas comme ça, le sourire – grimace – aux lèvres, il s’assoit et il écrit, il écrit, il écrit. Dans une frénésie d’inspiration que les plus grands auteurs lui envient, il se souvient de ses faits et gestes dans la mission passée, une autre glorieuse épopée dont il est sorti vainqueur, grandi. Voilà qui l’amène jusqu’à la nuit tombée, le moment de rentrer chez lui, un repos du guerrier bien mérité.

Mais avant, il faudra affronter le terrible trajet du retour, ce trajet encore plus délicat que celui qui l’a précédé, car cette fois… il fait sombre et les ennemis dans leurs cages de fer ont une conduite plus erratique encore. L’adversaire essaiera de le malmené avec sa nouvelle arme : les phares aveuglants dans la face. Il saura se montrer fort, pourtant. Il saura zigzaguer entre les rangées et leur montrer combien il est insaisissable, combien il n’a aucunement peur de leurs vaines tentatives.

Quand il rentrera, enfin, ce sera avec la satisfaction du travail accompli.
Et quel travail !



(1495 mots)


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Mer 1 Nov - 23:44
J1 - Défi des Novmembres 2023 (cocooning)
Old Chister, ancien appartement de Fiona et Amir, 7 mois « après Myla »


Je suis pas dupe, je sais très bien pourquoi elle m’invite. Elle est comme ça, Fiona. Empathique et prévoyante, du genre à lire dans l’attitude des gens avant même qu’ils ne comprennent eux-mêmes ce qu’ils ressentent. Avant même qu’ils ne puissent y mettre des mots, à leurs maux. Elle est comme ça, ma frangine, et je n’ai même pas essayé de me défiler.

Un jour d’octobre. Pas n’importe quel jour d’octobre, celui de notre rencontre, avec Myla. Elle le sait parce que j’avais l’habitude de lui demander des conseils, à cette période, pour savoir comment marquer le coup. Avec mes gros bras et mes gros sabots on peut pas dire que j’étais le petit ami idéal, ni celui qui savait forcément être le plus juste pour lui dire combien je tenais à elle, combien je l’aimais. Oui je sais. Beaucoup de gens auraient des remarques cyniques s’ils m’entendaient. Comme quoi j’ai parfaitement su lui « montrer mon amour », il y a sept mois de ça, maintenant.

Je sais.
J’ai conscience de ça.
J’ai envie de gerber à chaque fois que j’y pense.

Je ne la méritais pas et j’ai honte de la personne que je suis. De ce que j’ai fait. Je n’ai rien tenté, ensuite. Je n’ai pas essayé de la retenir, je n’ai pas prétendu pouvoir la « reconquérir » et autres absurdités du genre. Je l’ai laissée prendre toute la distance dont elle avait besoin et… c’est vivre loin qu’il lui fallait. C’est ce qu’elle fait désormais et jamais je n’oserai l’approcher à nouveau. Je n’en ai pas le droit. Elle n’a rien intenté, elle n’a rien expliqué non plus, elle est juste partie. Pour nos proches, c'est ça. Elle est « partie ». Nos amis en commun se doutent bien qu’il s’est passé quelque chose, quelque chose de grave, mais rien de plus n’a jamais été dit, jusque-là.

C’est pour ça que je ne sais guère sur quel pied danser, en cette date si précise de la mi-octobre. Je me souviens des restaurants, je me souviens des sourires et des petites attentions. J’ai toujours les gants de moto qu’elle m’a offerts, pour notre dernier « anniversaire ». C’est avec un soupir que je frappe à la porte de l’appartement de Fiona. J’ai pris une bouteille de Lambrusco, elle adore ça.

Déjà, dans le couloir de sa résidence, ça sent bon, et quand elle ouvre la porte, les odeurs sont décuplées. Je mets un pied à l’intérieur et je suis enivré par cette sensation d’accueil chaleureux, une odeur de gâteau et les bras de ma sœur autour de moi, son sourire aux lèvres. C’est l’un de ses supers-pouvoirs.

« Amir est pas là ?
- Il s’entraîne avec des amis, on a la soirée pour nous deux ! »

Un fin sourire naît à mes lèvres malgré moi. Je n’en ai peut-être pas encore conscience, à ruminer une réalité encore bien trop douloureuse, bien trop vivace dans mon esprit, mais j’ai besoin de ça. Fiona, son énergie, son sourire et sa bienveillance fraternelle. Je l’aide à préparer le repas et on parle de tout, de rien, dans une ambiance qui défait progressivement le nœud que j’avais dans l’estomac et souffle le poids sur mes épaules. On mange en papotant, un air de musique emplissant la cuisine, et elle me raconte des histoires sur les élèves qui suivent ses cours de danse, ses projets avec Amir… on parle de notre frangin, aussi, Lino (« Toujours fidèle à lui-même, hein ! »), des parents (« On y va dans deux semaines, tu y seras ? ») et de l’actualité (« Les prochaines élections, ça fait pas rêver... »).

On brasse une multitude de sujets et ma langue se délie peu à peu. C’est Fiona qui parle, surtout, mais je l’écoute et je réagis. Quand on a fini le plat principal, on s’accorde un break et on va se poser sur son canapé. Un canapé de compét’, large, en forme de L, dans lequel on peut vraiment s’allonger de tout son long. Fiona a l’habitude et je l’imite sans problème, tandis qu’elle me balance au visage un des nombreux plaids qui parsèment les poufs dans son salon. Tout est fait pour qu'on soit bien, cosy. En cette journée pluvieuse, j’admets que se sentir bien au chaud à l’intérieur est un grand luxe, alors je me recouvre du plaid en glissant mes pieds en chaussettes dessous. « Allez, mets-toi bien. » Comment faire autrement, dans un canap’ pareil ? La douceur du plaid, le confort du canapé, l'odeur de chocolat qui monte aux narines et la perspective de quelques heures tranquilles, avec la frangine, ça me déconnecte de tout.

« Je te ressers ? » Le Lambrusco est déjà bien entamé et participe légèrement à cette ambiance paisible, rien qui ne grise trop, ce n’est pas l’idée, mais de quoi donner une petite saveur festive au moment. Alors j’accepte et je me recule dans le canapé, un plaid aux motifs de Togepi sur moi, un verre dans une main, une assiette de gâteau au chocolat posée sur la table basse et ma sœur à mes côtés. Je me sens bien, paisible, comme protégé et j’oublie un peu tout le reste. Je pourrais rester longtemps comme ça, à fuir le monde entier, fermer les yeux et me laisser porter. J'arriverai même à croire que rien de tout ça ne s'est produit, que ce n'est qu'un mauvais rêve et que je n'ai pas été con comme je l'ai été.

Je pourrais presque le croire. Presque.

Fiona parle à nouveau de tout et de rien et je sais qu’elle n’évoque pas ce qu’elle voudrait peut-être évoquer. Elle n’a clairement pas choisi cette date par hasard. Elle se doutait sans doute que j’accepterais. Elle s’entendait bien avec Myla. Elle n’a pas vraiment compris notre séparation et m’a dit, plus d’une fois, que je devrais lui parler, arranger les choses, m’excuser… Elle ne savait pas ce que j’avais fait mais elle me demandait de m’excuser. L’ironie. Elle a arrêté, depuis, et là, elle ne dit rien, elle me couve du regard, de ses mots, de ce cocon géant qu’est son appartement, son canapé, sa présence, simplement.

On lance un téléfilm idiot qu’on regarde en mangeant ce gâteau bien trop bon qui nous fait office de désert. On ne se prive pas pour critiquer le jeu des acteurs ou les décisions bien trop farfelues des personnages.

Peu importe, on est bien. Ensemble, tranquille, dans un cocon chaleureux qui nous préserve de tout le reste. Quand le film se termine, on est allongé chacun de notre côté en des positions complètement hasardeuses, entourés d’une armée de coussins par-ci par-là. Dans cette chaleur agréable, on papote encore un peu, puis je me redresse ensuite, pour l’aider à récupérer la vaisselle et l’amener dans la cuisine. Arrivé devant l’évier, elle me rejoint. Là, sans bien savoir pourquoi, elle souffle simplement :

« T’as toujours aucune nouvelle ?
- Non, aucune. »

Pas besoin d’en dire plus. Elle n’insiste pas et on reprend le fil d’une autre conversation, plus légère. Ce n’est qu’une heure plus tard, quand je me dois de retrouver mon chez moi et quitter ce temps suspendu de complicité fraternel, que je lui adresse, en partant :

« Merci Fiona.
- De rien, tu sais que tu peux toujours compter sur moi, Coco. »

Oui, je le sais bien.

Je referme mon manteau et me prépare à affronter la pluie qui tombe à l’extérieur. Une fois le pied dehors, je réalise que même sous la tempête, je ressens encore la béatitude de ce moment préservé. L’aura de Fiona.



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Giacomo Tutti

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Modo Jeux & Ranger

C-GEAR
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Sam 11 Nov - 23:14
J11 - Défi des Novmembres 2023 (camping)
Fin du printemps, en montagne.


« Hé, c'est qui qui a le réchaud ? »

La voix se fait entendre depuis l'une des tentes, la rouge, celle que se partagent Ailee et Maxine. Une tente sans trop de prétention achetée à pas cher dans une grande enseigne. Elle tient mieux que j'aurais pu le croire, d'ailleurs, en voyant le duo de choc galérer à l'installer. Il faut dire que le passage de Sacha en inspectrice des travaux finis a aidé. La professeure d'escalade a pu filer ses conseils par-ci par-là, invitant les uns à faire un noeud plus solide (« Là, comme ça, tu passes la boucle en dessous et tu tires. » ça semble si facile), invitant les autres à mieux enfoncer les sardines (« En biais, c'est mieux, et si tu galères trop tu croises. » et d'accompagner les mots du geste, comme si elle enfonçait ça dans du beurre).

Moi, je suis pas peu fier, elle a pas eu trop à dire de ma tente, ni de celle de Mathias, d'ailleurs, qui a été convié à l'excursion. Faut dire que le temps est au beau fixe et c'est pas souvent qu'on peut se faire un week-end camping. Ailee nous fait d'ailleurs honneur de sa présence, ce qui est assez rare. On peut pas dire que le camping soit son hobby favori, mais elle dit jamais non aux sorties de groupe. Franchement, j'les sens bien, ces deux jours. On est dans un coin de Galar réputé pour ses lacs et on a prévu une rando par jour. En espérant que tout le monde suive, disons.

Là, l'après-midi décline en ce vendredi. On a tous pu se libérer pour se rejoindre dans les temps, les voitures blindées de tout ce qu'il faut : duvets, tenues adaptées, chaussures de randonnée, tentes, vaisselle en plastique qui dépanne, ainsi de suite. Tao a fait office de pilote, par son boulot il est habitué à rouler et avec Sasha ils ont déjà eu l'occasion de se poser par ici, pour des balades.

Moi, j'aime bien le camping, y'a un côté dépaysant et avec la formation Ranger et les missions, j'ai déjà eu quelques fois l'occasion de planter ma tente dans une réserve naturelle ou à flanc de montagne. Je suis pas encore complètement rodé à l'exercice (j'suis plutôt un mec de la ville, à la base), mais je m'y habitue. Y'a un côté "retour aux sources" qui me plait, et on sait jamais trop ce qui peut se passer. Les éléments prennent une place importante dans le quotidien, quand on est dans une tente. Comme le bon coup de vent qui se met à souffler et pousse Finn a sortir la tête de sa tente.

« Woh, j'espère qu'il va pas se mettre à pleuvoir !
- Mais nooon, c'est pas prévu ! »

Positive attitude, toujours. Maxine, qui nous entend, se tourne finalement vers nous après avoir passé du temps à fouiller dans les cabas devant elle. « Gia, Finn, le réchaud, ça vous dit un truc ? »

J'avais déjà entendu sa question initiale mais j'admets que je me suis pas senti réellement concerné, sur le coup. Alors je grimace en secouant la tête : « Nop, pas vu. » A mes côtés, Finn se contente de hausser les épaules. Maxine soupire. « Très utile. Changez rien les gars. » Je sais qu'elle taquine mais ça doit l'emmerder de chercher depuis plusieurs minutes.

Ailee, assise sur une chaise de camping, en train de vapoter, tourne la tête vers nous et lance, sur un ton presque ennuyé d'être dérangée : « T'es sûre d'avoir tout pris dans la voiture ? Sur les sièges arrière ? »

Vu la tronche que lui lance Maxine, y'a un air de Tu me prends pour qui ?! Finn et moi on dit trop rien et, d'un coup :

« J'l'ai trouvé, Maxine ! C'était dans le cabas derrière notre tente, désolé ! » Un Tao qui grimace, l'air sincèrement navré et apporte avec lui ledit réchaud. De suite, la brune a un air de soulagement énorme. « Bon sang Tao, merci ! Heureusement que t'es là, avec eux on était parti pour bouffer des racines ! »

Elle a peut-être pas tort... En tout cas, quand il s'agit de chercher un truc, on est pas fortiches, mais pour s'agglutiner autour du réchaud une fois allumé, à sortir ici des chips, là des bières et une grosse salade dans un tupperware, y'a du monde ! L'appel du ventre dans des conditions exotiques, c'est ça aussi la joie du camping.

Et quand Finn sort sa guitare et se met à fredonner des chansons du moment, je me dis que « Ouais, on est bien là ! ».



(801 mots)



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Dim 26 Nov - 17:32
J26 - Défi des Novmembres 2023 (gourmandise)
Bar à tapas, Motorby.


On se fait ça de temps en temps, avec la bande. Quand on arrive à avoir tous un soir de libre (ce qui n’est pas toujours évident) et/ou que la plupart d’entre nous sont dispos. En cette fin d’aprem, j’ai pris ma moto pour rejoindre Motorby. Avec les bouchons j’en ai bien pour 45 minutes de route, mais ça se fait. Je sais qu’Ailee et Maxine ont un peu moins, de leur côté, depuis Greenbury. Depuis que je vis sur Skifford, je suis le plus éloigné, mais ça m’empêche pas de répondre présent aux invitations, quand je le peux.

Alors ouais, après la galère de trouver où garer ma voiture, je rejoins la bande à la terrasse d’un bar à tapas, à quelques minutes à pied de là où vivent Sacha et Tao. Le nom me dit quelque chose, ce n’est probablement pas la première fois qu’on y va. Je crois qu’on a du faire beaucoup des bars et autres restos de cette partie de la ville, de toute façon ! Bref, quand j’arrive, ils sont tous attablés, sauf les filles (entendre par là le duo infernal, Max et Ailee).

« Hello tout l’monde !
- Ah, v’là le plus beau !
- Tu sais comment me parler, Finn ! »

Je m’installe donc et on commence à papoter, à prendre des nouvelles des uns et des autres, savoir si le boulot se passe bien, la vie, les proches, la famille. Il faut dire qu’à force on se connaît tous et pour ceux qui s’entendent toujours avec leurs parents, on a déjà eu l’occasion s’en croiser certains. Alors oui, on papote et… on mange. On est dans un bar à tapas, après tout !

Quelques minutes après mon arrivée, je fais un signe de main vers le serveur qui passe à côté de nous. « Une pinte et… une planche mixte, s’il vous plaît ! » Je leur laisse pas le choix. Moi j’ai faim et il faut bien une bière pour faire passer le tout. Les filles arrivent, s’assoient à leur tour et la table est au complet, puis la planche est servie. Une autre est d’ailleurs demandée par Finn, par anticipation. Si on est cinq à taper dedans, c’est sûr que la première suffira pas.

Parce que ouais, quand je suis en bonne compagnie – comme c’est le cas en cet instant – je mange. Certes, vous me direz que dès qu’il y a de la bouffe, de toute façon… je mange. C’est vrai, mais c’est d’autant plus vrai quand je suis entre potes, dans une soirée comme celle qui s’annonce. C'est peut-être parce que j'ai un père chef cuisto, mais j'associe la convivialité au fait de manger. Surtout bien manger. La charcuterie, surtout, c’est comme un péché mignon. Pour certains ce sera le sucre, pour moi… c’est le gras, faut le dire. Par gourmandise, par plaisir, par habitude. C’est pour ça que je vais pas mal à la salle de sport, aussi. Je sais que si je me laissais aller, je serais incapable de monter sur ma moto. Et puis, un esprit sain (sic) dans un corps sain (resic) ça fait quand même partis des attendus pour être Ranger. Enfin, même officieusement.

Toujours est-il que ouais… je sais que je suis un bon mangeur et que j’ai du mal à mettre des freins sur la nourriture. A chacun ses défauts, hein ! Si j’ai un paquet de chips sous la main, faut que je tape dedans. Idem avec n’importe quel paquet de biscuits. Alors avec la planche devant moi… je commence par me faire un petit toast avec du pâté. Puis je pioche dans le fromage coupé en fines lamelles, à côté. Quand Sacha raconte une anecdote d’escalade, le pâté est déjà terminé et je sais que j’en suis en bonne partie responsable.

Au coup de gueule de Maxine sur la qualité du doublage du dernier film qu’elle est allée voir, le saucisson tremble pour sa vie, déjà bien trop entamée, et je continue de couper quelques tranches (pour tout le monde, hein ! Mais surtout pour moi !) C’est en voulant raconter mon dernier combat d’arène et en tendant machinalement la main pour attraper un bout de comté que je réalise qu’il n’y en a plus. Je fois faire une moue car Ailee me lance : « Mais t’as pas assez mangé ? » Je lui fais des yeux ronds. « Bien sûr que non ! Un corps comme ça, ça a besoin de beaucoup d’énergie, madaaame ! »

Les autres rigolent. « Me sors pas du « madaaaame », t’es un puits sans fond quand il s’agit de manger ! » Je lui fais la grimace et Tao qui glisse : « C’est pas le seul, Finn a fini l’autre planche ! » Oui bon… « En matière de gourmandise, Gia et Finn se valent ! »

C’est sans doute pas faux. Toujours est-il qu’après avoir raconté mon combat d’arène, et dès que le serveur se rapproche à nouveau, je tourne la tête vers Finn. Mon pote croise mon regard, sourit et on est deux à lever la main pour faire signe à l’autre jeune homme. « On va vous reprendre une planche ! » « Et des petits pains fourrés ! »

Ces petits pains me font de l’œil depuis que je les ai vus posés sur une table voisine. Ils sont fourrés les uns de fromages, les autres de sauce pimentée… Les trois autres lèvent les yeux au ciel et avec Finn, on ajoute : « Vous en faites pas, si vous arrivez pas à finir, on s’en chargera ! » Et je crois bien que personne n’en doute. Oui je suis gourmand, j’assume ! Comme dit mon père, bien manger participe au bonheur.



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Sam 6 Jan - 19:12
J6 - Calendrier de l'après 2024 (passage à la télé)
Flashback. Institut Sillage.


« Bon, comme il vous a été indiqué dans le mail que vous avez tous reçu la semaine dernière, une équipe d’Allo Infos vient faire un reportage au sein de l’établissement, aujourd’hui même. Restez comme vous êtes, les cours se dérouleront normalement et nous tenons simplement à vous avertir du fait qu’ils peuvent vous questionner, s’ils vous croisent. »

Dans la salle, chacun y va de son hochement de tête, en plus de vagues « Ok », soufflés par-ci par-là. Moi, honnêtement, je m’en fous un peu, et il me suffit de tourner la tête vers quelques visages pour voir que d’autres sont bien plus réjouis à cette perspective. Il y a ceux qui veulent aller vers les caméras et les autres, hein. Et tant qu’à avoir mon heure de gloire, autant que ce soit pour un truc qui vaille réellement le coup, plus qu’être simplement assis ici à suivre un cours.

Certes, on peut me rétorquer que l’établissement est déjà prestigieux en soi, étant donné qu’une chaîne de télé veut en parler… mais bon. Moi, j’préfère ne pas en faire une montagne, on verra bien.

(…)

Les profs ont beau dire que c’est une journée « comme les autres », ça se tend au moindre bruit dans un couloir, et plusieurs se coiffent et recoiffent en espérant que le duo de reporters viennent vers eux. Je les ai vus de loin dans la cour, pendant que je m’en grillais une… ils ont pas l’air si impressionnant que ça.

« Ils sont allés filmer un cours sur les terrains d’entraînement ! »

J’en entends pas loin qui s’emballent, moi je me dis juste que caméraman, ça doit être un drôle de métier, surtout quand t’es envoyé un peu partout, juste à tenir ta caméra rivé sur le zouave qui prend la parole. Faut avoir des bras musclés, quand même. Je plisse les yeux vers le caméraman en question, de l’autre côté de la cour, il a pas l’air si mastoc que ça, nan.

(…)

Bien entendu, faut que ça tombe sur moi !

Je sors de la cafet’ après avoir mangé avec Diane et Mathias. J’pars avant eux, j’ai un coup de fil à passer et à peine je tourne sur la droite, dans le couloir, que je manque de me manger la caméra ! Le reporter et son caméraman, justement, qui se trouvaient là en prévision d’un passage dans la cafétéria. Tsss.

J’essaie de me la jouer tranquille, en y allant d’un « Arf, désolé. Ça va ? ».

Qu’est-ce que j’avais pas fait ! Voilà que le visage du type s‘éclaire d’un large sourire, fait un signe à son caméraman que j’interprète comme un « on tourne » et direct : « Quand on vient dans un établissement qui forme des Rangers, ce n’est pas une surprise de tomber sur des jeunes hommes qui marchent d’un pas déterminé... » Il y aurait beaucoup à dire sur cette intro. Je relève pas, j’arque juste un sourcil.

« Et il me semble aussi que l’on mange bien, à l’institut Sillage, n’est-ce pas ?
- Euh… oui. »

Je sais pas si je dois me vexer ou non, y’a rien qui vient dans mon cerveau, et je percute pas vraiment que je suis filmé.

« Dites-nous donc, vous êtes élève, c’est bien ça ?
-(hôchement de tête))
- Vous avez intégré la formation depuis combien de temps ?
- Un peu plus d’un an.
- Ah, l’examen de Ranger approche ?
- Oui. »

Je vais pas entrer dans les détails. J’y tiens pas. Alors le type revient à son sujet de départ. « On sait que l’institut fait travailler le commerce de proximité, que ce soit dans les ingrédients servant à la cafétéria que pour le matériel nécessaire aux cours… vous le saviez ?
- Oui, c’est mis en avant. C’est bien. »

Ça continue comme ça pendant quelques minutes et on peut pas dire que je sois d’une grande inspiration. J’ai rien à dire face à ses questions, moi ! Quand il achève de m’interroger, avec un sourire de façade, je sais pas bien quoi dire. Du coup, je souffle un « Bon bah, bonne journée. » et je presse le pas pour m’éloigner. J’ai pas envie qu’il m’interpelle avec une nouvelle question !

(…)

Bien sûr, trois jours plus tard, c’est tout l’établissement qui a les yeux rivés sur le reportage. On me voit à peine 5 secondes, justement sur l’histoire du commerce local, et c’est déjà trop pour moi.

Les caméras, je préfère encore que ce soit dans mon dos, quand je ferais un truc qui vaut l’coup. Parce que ça, ça viendra, j’le sais !



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