Avec un pincement au coeur, j'observe le bateau décrire un arc de cercle dans les eaux peu profondes de la baie ; il effectue sa manoeuvre de demi-tour en évitant les récifs de coraux et les écueils, avant de s'engager vers le large pour rejoindre le continent. Rares sont les fois où j'opte pour un déplacement maritime plutôt qu'aérien, mais puisque les éléments jouent aujourd'hui en ma faveur - un ciel clair et une mer conciliante -, je me suis dis qu'un peu de changement m'apporterait un vent de fraîcheur.
Je me détourne de la grande bleue sans penser aux atrocités qui rôdent dans ses bas-fonds et traverse prudemment le quai jusqu'à pouvoir poser les pieds sur la terre ferme. Les pensées irrationnelles me poursuivent, tout comme la peur de glisser et de tomber à l'eau. Où une improbable gueule garnie de crocs m'attend avec l'impatience d'un prédateur affamé, prête à me scinder en deux.
Mes yeux cèdent à la tentation à la toute dernière seconde, mais outre mon reflet affolé, je n'entraperçois que des algues se faisant balloter par le faible courant ainsi qu'un duo de krabby se déplaçant de côté, de cette démarche à la fois bancale et drôlement rapide.
Je replace une mèche de cheveux argenté derrière mon oreille, avant de soulever légèrement mon chapeau d'exploratrice et d'y engouffrer le reste de mes cheveux. L'élégance n'est pas au menu du jour. On me dirait plutôt sorti tout droit de l'un de ces films d'aventure, avec mon ensemble couleur crème composé d'un chemisier et d'une paire de bermuda qui laisse entrevoir ma marque de commerce, et de bottes à la semelle épaisse que même des sables mouvants ne pourraient m'arracher.
Contrairement à mon habitude, j'ai choisi d'attacher les diverses balles contenant mes pokémons à ma ceinture, les rendant plus accessibles en cas de pépin. J'espère sincèrement que ma visite des souterrains se déroulera sans anicroches, mais des années d'expérience en incidents et en revirements inattendus me tiennent alerte. Ne jamais baisser sa garde. Un malheur arrive d'autant plus vite lorsque l'on s'en croit hors d'atteinte.
Je rattrape un groupe de touristes, les suivant à distance raisonnable tout en prêtant l'oreille à leur babillage enjoué. Venir seule était une décision longuement réfléchie. Même au bureau, mes employés me pensent malade, alitée et incapable de remuer le moindre muscles.
Une excuse personnelle patentée de toute pièce. Un mensonge blanc pour camoufler des ambitions et l'un de ces traits qui forment à la fois l'un de mes plus grands défauts et l'une de mes plus grandes qualités : ma curiosité intellectuelle et culturelle. Celle de vouloir découvrir et déterrer les secrets du monde, mais surtout celui de la terre et de ses entrailles rocailleuses et riches en minerais. Et pour se faire, quoi de mieux que de me fondre parmi la masse des touristes et de me salir moi-même les mains.
Je rejoins le point d'entrée donnant accès à une partie plus restreinte de l'île d'Almia, où des fouilles archéologiques sont fréquemment organisées et supervisées, et où un nombre impressionnant de grottes et de cavernes ont été découvertes. Leur proche présence ravive la flamme de mon intérêt et me fait oublier les cauchemars des abysses.
- En attendant que l'on vous attribue une équipe, vous pouvez remplir ce formulaire. - Ah.
Mon visage se referme comme une huître et mes lèvres se pincent. M'associer à un tierce parti ne m'a pas traverser l'esprit. J'attrape la tablette d'un air contrit et passe en revue les questions et les règlements du site. Je suis tout sauf ravie de devoir me coltiner quelqu'un, alors que j'espérais pouvoir opérer en solitaire.
- Attendez ici, ce ne devrait pas être très long.
Je croise les bras contre ma poitrine, mon regard acéré se perdant vers la ligne de l'horizon.
- Génial.
Absolument génial.
HRP : bonnes fouilles à tous !! je choisis de creuser en A1 - grille 2.
Ian me sort ça comme ça, et moi, je suis pas plus emballé que ça. J’ai un souvenir encore trop frais de ce qui s’est passé la dernière fois que j’ai foulé le sol de l’archipel d’Almia. Ou plutôt, des souterrains. Certes, je ne suis pas entré autant dans le détail que j’aurais dû avec mon mentor, mais je ne pensais pas qu’on allait m’en reparler aussi vite.
« Non ? - Bah euh... c’est pour une mission d’observation ? - Non non, y aller tranquillement, cette fois. J’ai un ami d’ami qui me file des entrées, parfois. - Et toi, tu veux pas y aller ? - Les dates collent pas. »
J’insiste pas. Il fouille rapidement dans son sac et me sort une entrée pour l’archipel. Moi je le regarde sans trop savoir, et finalement, je prends la place. « Ok ok. Merci ! » Je vais pas non plus passer pour le type malpoli. Pas avec Ian. Alors je prends la place, les dates sont pour bientôt et je réfléchis intérieurement à savoir si c’est une bonne ou une trèèèès mauvaise idée. Manquerait plus que je m’y rende et que je retombe sur mon oiseau de malheur (aka Illia Aethelhelm (ouais j’ai cherché son nom sur internet, à Môôôsieur l’éthologue)).
« Plutôt que d’y aller en tant que membre de l’Institut, tu vas pouvoir jouer les touristes, paraît qu’ils font des trucs sympas, là-bas ! » Il me donne une tape dans le dos et s’éloigne.
Qui suis-je pour dire non à ça ? Peut-être que ce sera une façon de remplacer un souvenir « plus que bof » des lieux par quelque chose de plus sympa ?
[…]
Trois semaines plus tard, me voici qui descends du ferry qui relie Skifford à l’archipel. Ce n’est pas la première fois que je viens par ici, mais ça fait toujours son petit effet, faut l’admettre. Une fois le pied à terre, je ne peux m’empêcher de scruter autour de moi avec attention, j’ai pas particulièrement envie de me retrouver nez-à-nez avec des Galaxies qui me reconnaîtraient… Enfin, je me dis qu’ils ne doivent pas vraiment se mêler au public de toute façon. Si on les a croisés la dernière fois, c’était justement parce qu’on faisait tout sauf jouer les touristes, avec Illia.
Je prends une grande inspiration, autant pour gagner en « zenitude » que pour remplir mes poumons de l’air marin, et j’observe ce qui m’entoure. Il y a du monde, et dans la zone d’accostage, des bateaux qui viennent de partout. On entend des accents qui chantent, il y a des familles, des groupes de jeunes, de tout. Et il fait beau, alors autant dire que ça aide. En plus, j’ai pensé à tout (je crois). J’ai mon sac à dos habituel, mon pantacourt avec plein de poches, mes pokéballs à la ceinture. À l’institut on nous habitue à se préparer à tous les imprévus, et ça finit par rentrer. Et j’ai bien entendu une de mes casquettes et mes éternelles lunettes de soleil stylées, parce que sans ça, autant dire que mes yeux vont mourir. Quand on a les rétines sensibles, un aussi beau soleil c’est pas toujours notre ami.
Je progresse lentement, en suivant le rythme des gens devant moi, tout en me disant que j’aurais bien aimé embarquer quelqu’un avec moi, mais les dates du pass n’allaient à personne. Mathias et Diane ont des obligations, Fiona aussi, Lino c’est pas la peine de lui parler d’Almia quant à ma bande de potes… y’en a qui ont même pas pris le temps de me répondre ! Les connaissant, avec l’arrivée des beaux jours, ils ont tous mille trucs à faire, eux aussi. Alors je leur en veux pas, j’ai mes pokémons, ça m’empêchera pas de passer une belle journée, j’suis sûr !
Au niveau de l’entrée, différents agents d’accueil viennent parler aux familles et aux petits groupes. Quand l’un d’entre eux me remarque, il m’accueille avec un sourire.
« Bonjour à vous et bienvenue à Almia. Vous êtes seul ou vous attendez d’autres personnes ? - Euh… bonjour. Je suis seul. - Très bien, je vous invite à vous me mettre sur le côté, pour constituer une équipe avec d’autres personnes. - Une équipe ? - Oui, en ce moment nous avons une animation qui se joue en équipe ! Vous en saurez plus tout à l’heure. Tenez, attendez à côté de cette dame. Je vous invite à remplir le formulaire sur la tablette en attendant. »
Il a un sourire un peu pincé en mode « Je t’ai dit tout ce que j’avais à te dire, maintenant fais ce que je te demande, merci. ». J’ai pas envie de l’emmerder plus, j’imagine que c’est pas un taf facile, alors j’acquiesce de la tête et récupère le formulaire qu’il me tend. Puis je me recule là où il me l’a indiqué, à côté d’une femme aux cheveux gris sous un chapeau estival.
« Bonjour. » Je la salue, avant de scanner le QR code pour remplir le formulaire depuis mon téléphone, ce sera plus pratique.
(844 mots)
Grille 4 : je démarre ma session en creusant en E3.
Portée au torse, sa main tremblait. Imaginant tous les pires scénarios possible.
Plusieurs jours que le collier de Castiel s'était illuminé, prenant une teinte rougeâtre. Et si d'ordinaire, cette couleur ne lui disait déjà rien de bon, alors l'aspect plus pâle n'avait fait que renforcer son inquiétude au sujet de son ami. Que cela voulait-il bien dire ? La peur ? La jalousie ? La tristesse ? Difficile à dire, mais il n'avait pas fallu bien longtemps pour que le dresseur se décide à partir en quête de son camarade.
Exerçant son aura, et cherchant à joindre les dernières informations qu'il avait sur la position du type combat, il s'était très vite mis en tête que le meilleur endroit où il avait des chances de le retrouver serait l'île d'Almia. Il s'agissait après tout du véritable lieu de naissance du Pokémon nomade, alors s'il pouvait trouver des informations sur sa position, mieux valait commencer par là.
Ainsi, il se trouvait sur le bateau qui s'y rendait, observant l'horizon la tête pleins d'hypothèses peu rassurantes et d'espoir qu'il ne soit que simplement en train de se triturer inutilement l'esprit. En d'autres situations, il aurait pu compter sur la présence de ses deux moitiés pour le soutenir et lui faire oublier ses peurs, mais cette fois malheureusement, il allait évoluer seul … enfin presque seul, car il pouvait toujours compter sur ses compagnons.
▬ Coatox ! ▬ ... Merci, Sirius.
Son compagnon le plus proche – Antarès exclu – vint lui offrir un de ses réconfortants câlins dans le dos comme il savait très bien en faire. Dans son équipe, le type poison était certainement le plus à même d'être le meilleur soutien moral sur lequel le Lee pouvait compter, malgré son côté encore assez enfantin dû à son âge. Assez naturellement, enivré par l'innocent enlacement de son camarade, Castiel se sentit plus détendue, même si ses pensées ne parvenaient pas à se défaire de ses inquiétudes.
Fort heureusement, avec le soutien du Coatox, le jeune homme sentit le temps passer bien plus vite qu'il ne l'imaginait, apercevant alors rapidement sa destination, content de savoir qu'il pourrait bientôt retrouver son ami … Il vécut ainsi l'arrivée et l'amarrage avec intensité, s'impatientant du moment où il toucherait terre.
▬ En avant ! ▬ Coa !
Aussitôt débarqué, leur duo s'élança en direction des souterrains, espérant vite y retrouver pour l'un son ami, pour l'autre son maître, mais se rendit vite à l'évidence … qu'ils n'avaient jamais exploré cet endroit auparavant. Là où le jeune homme s'attendait à rencontrer une grande zone comme l'île d'Hisui, ouverte à la manière d'un parc naturel, il fut bien vite surpris de tomber face à une grande zone de rassemblement et de guichets pour ce qui devait être des visites guidées.
▬ Bonjour et bienvenue sur Almia, jeune homme ! Vous êtes ici pour une visite ? ▬ Hein ? Ah, euh …
Surpris par l'interpellation de l'agent d'accueil, Castiel dut remettre un peu d'ordre dans ses pensées pour pouvoir répondre à cette personne.
▬ Oui, c'est ça. ▬ Très bien ! Vous êtes seul – enfin avec vos Pokémon – j'imagine ? ▬ Oui. ▬ Dans ce cas, puis-je vous suggérer notre nouvelle animation du moment ? Nos archéologues ont récemment mis à jour une ancienne galerie de cavernes sur l'île, et nous souhaitons maintenant la faire découvrir à nos visiteurs ! C'est l'occasion pour les plus téméraires d'entre vous de découvrir des zones que personne avant n'a pu explorer.
En entendant cela, les yeux de Castiel s'illuminèrent. Cependant, il savait que le coin où vivait généralement Orion n'était clairement pas de ce côté. Il réfléchit ainsi quelques instants, ses doutes en tête, et se demanda alors si cette nouvelle découverte de grottes n'avait justement pas à voir avec son changement d'aura … Si le Lucario se trouvait bien ici. En tout cas la pensée resta là. S'il avait été perturbé, c'était forcément parce qu'un événement imprévu lui était arrivé, comme celui-ci.
▬ ça m'intéresse bien ! ▬ Parfait ! Suivez-moi dans ce cas, je vais vous installer pendant que vous remplissez ce formulaire et qu'on vous attribue une équipe. ▬ Ce n'est pas une exploration solitaire ? ▬ Pour des raisons de sécurité, cela n'est pour le moment pas possible, j'en suis navré. Et puis nous tenions à permettre aux amateurs d'exploration de se retrouver et de forger des liens.
Castiel se disait dans sa tête que c'était certainement trop peu rentable pour eux d'avoir un guide par personne, mais il se garda d'en faire la remarque, l'argument de la dangerosité restant pour lui le plus valable dans le cas présent. Il récupéra volontiers le document ainsi que le stylo que l'homme lui tendit et le suivit sans dire plus de mot, commençant à remplir les informations. Une pensée lui vint cependant en chemin.
▬ Au fait … Ma question peut paraître étrange, mais : est-ce qu'il y a eu des problèmes avec des Pokémon sauvages dû à ces nouvelles explorations ? J'ai entendu dire qu'ils étaient particulièrement véloces sur l'île.
En entendant cela, le guide sembla se tendre, comme si le Lee avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas dire, mais cela semblait surtout dû au fait qu'il avait probablement remis en cause la fiabilité de leur « attraction » plus que d'avoir mentionné une chose en particulier – rassurant en un sens, pour le jeune homme.
▬ C'est une question que vous pourrez poser à votre guide. Ils ont tous participé à un ou plusieurs corps d'exploration de la zone et seront bien plus à même de vous répondre à ce sujet. ▬ Je vois, merci !
Content de savoir qu'il pourrait compter sur un informateur qui connaissait déjà bien les galeries qu'il s'apprêtait à traverser avec apparemment des inconnus, Castiel poursuivit le trajet bien plus joyeusement qu'avant, parvenant au niveau d'un duo lui aussi en train de remplir leurs formulaires, laissant entendre qu'il s'agirait probablement de ses futurs camarades d'exploration. Prenant alors un air amical, le dresseur vint à leur tendre une main pour les saluer, visant surtout le blond ici.
▬ Bonjour ! Vous devez être le groupe auquel on va m'intégrer pour l'exploration. Je suis Castiel Lee et voici mon compagnon d'aventure, Sirius.
En entendant son nom, le Coatox s'agita, laissant apparaître son côté enfantin et enjouée. Un geste qui fit rire légèrement le châtain qui l'observa un instant avant de se tourner vers ses deux nouvelles rencontres, achevant de remplir son formulaire en attendant désormais de savoir ce qui allait se passer …
Pour ma part, je vais commencer à creuser en B3 (Grille 2)
Cette décision s’était prise sur un coup de tête. Ce n’était pas dans mes habitudes d’agir de la sorte – tout du moins depuis que j’étais père – mais il y avait eu de nombreux changements encore très frais dans ma vie, alors je m’étais dit que c’était le moment où jamais. J’étais sans emploi, situation que je découvrais. J’avais désormais du temps, trop de temps. Je continuais de me lever aux aurores pour mon sport matinal, et il me restait l’intégralité de ma journée à occuper. Les premiers jours, j’étais pleinement dans la dynamique de chercher un autre emploi dans les environs proches de Kickenham, mais je fus rapidement découragé par l’absence d’offre correspondant à ma demande. Je revenais d’Hisui après plusieurs mois d’absence auprès de mon fils, je n’étais pas prêt à m’éloigner de nouveau sur la durée. Et pourtant, entre ce retour et l’absence d’activité, j’ai passé une très grande partie de mon temps à m’occuper de Timothée. Au point qu’il a gentiment essayé de me faire comprendre que j’étais trop là. Je ne vais pas m’en cacher, j’étais difficilement rationnel quand il était question de Tim, et il est fortement probable que j’aie eu besoin de compenser le fait de ne pas avoir été là, en plus du fait de n’avoir rien d’autre à faire. D’où l’impulsion quand j’ai vu cette publicité pour Almia.
Un séjour en solitaire sur une île où l’on peut trouver des fossiles. J’en rêvais depuis mes études, d’autant plus en ayant raté l’occasion de m’y rendre à cause d’une crise d’appendicite l’avant-veille du départ durant ces dernières. J’avais une revanche à prendre sur la vie, et le timing était idéal pour cela. J’ai réservé sans attendre, là où j’aurais – en temps normal – pris le temps de consulter Meghan et Samantha, pour discuter de l’organisation avec Timothée, avant de prendre ma décision. Sans doute aurais-je dû, mais l’impulsion avait été trop forte. Puis les filles n’avaient pas eu de mal à comprendre, allant même jusqu’à dire que ce n’était pas plus mal que je prenne du temps pour me retrouver. Sur l’instant, je n’avais pas saisi ce qu’elles pouvaient entendre par là. Avec le recul, je comprends bien mieux et il est possible qu’elles aient eu raison.
« Papa, pourquoi je peux pas venir avec toi ? » J’avais bien vu la déception dans le regard de Timothée au moment de partir et il faut dire ce qui est : j’étais faible en voyant ses petits yeux peinés. Je sentis ma poitrine se resserrer. « C’est que tu dois aller à l’école bonhomme, on en a déjà parlé. Puis, tu sais que Papa t’appellera tous les soirs avant d’aller dormir, hein. » J’essayais tant d’utiliser des éléments rationnels que de le rassurer, le tout en dissimulant à quel point cela me mettait en difficulté de le savoir comme ça. « Promis je t’emmènerai quand tu seras plus grand. » Il ne s’agissait pas là de paroles en l’air, j’étais convaincu que Timothée conserverait son esprit particulièrement curieux, et qu’il y aurait un jour où nous pourrions partager l’expérience Almia tous les deux. Je préférais tout de même qu’il soit plus âgé pour le vivre et en garder des souvenirs plus nets. Je déposai un dernier baiser sur son front avant de quitter l’appartement. J’allais dans un premier temps rallier Skifford et, de là-bas, prendre le ferry conduisant à la fameuse île.
***
Le voyage en bateau s’était passé sans encombre. Augustin et Pâcome avaient pu profiter de l’air marin ; même s’il m’avait été nécessaire de garder le Cotovol dans mes bras pour éviter tout risque de le perdre à cause d’une bourrasque. Ils me semblaient en pleine forme et leur enthousiasme était rafraîchissant. Il m’aidait surtout à me détourner de toutes les pensées qui pouvaient m’assaillir à ce moment-là. Je n’avais rien d’autre à faire qu’attendre d’arriver à destination, alors toute la place s’avérait libre dans mon esprit pour réfléchir à ma situation professionnelle. Je devais trouver une solution qui me convienne, qui me permette de ne pas avoir à m’éloigner de Timothée. Pour autant, je me refusais à me contenter de ça. J’avais vécu dans un environnement de travail sans la moindre reconnaissance ou valorisation, avec le moins de contact possible avec les pokémons, j’avais vu l’impact que ça avait eu sur moi et ne souhaitais pas réitérer l’expérience. J’étais un vétérinaire compétent et je souhaitais un poste à la hauteur de ce que je pouvais offrir. Augustin me ramena dans l’instant présent d’un léger coup d’épaule, enfin s’il est possible de parler d’épaule pour un Symbios. « Merci Gus. » J’esquissai un léger sourire. Il était temps pour moi de chercher s’il y avait un bar à bord.
***
Il ne fallut pas longtemps après avoir posé le pied à terre avant de m’interroger sur la possibilité de sortir Clovis de sa pokéball. Je ne tenais pas à m’imposer excessivement en ajoutant l’Armaldo aux deux pokémons déjà présents à mes côté tout en sachant, alors le fossile allait devoir attendre davantage. Je fus bien vite accueilli – au même titre que les autres personnes descendues du ferry en même temps que moi – par du personnel de la compagnie de tourisme organisant ces séjours. On me demanda dans un premier temps si j’avais fait bon voyage, ce à quoi je répondis par l’affirmative. S’en suivit une seconde question, à savoir si j’étais venu seul ou bien accompagné, ce qui m’intrigua. Avaient-ils une raison particulière de s’intéresser à cela ? « Seul. » Je me retins de toute plaisanterie sur la possibilité de repartir accompagné. Une fois n’étant pas coutume, je fus en mesure de considérer cela comme inadapté à la situation. « Dans ce cas, nous allons trouver d’autres personnes pour former un groupe. » L’information m’enchanta. Je n’ai jamais été de ceux qui s’amusent seuls, toujours à préférer être entouré alors, bien que je fusse volontairement parti seul, je me réjouissais à l’idée de partager cette expérience. Il y eut quelque formulaire, que je ne lus qu’en diagonale, me contentant de remplir les champs requis. « Parfait, je vais vous conduire auprès des membres de votre groupe. » J’ai hoché la tête avant de suivre l’employé.
Ils étaient trois : une femme et deux hommes. Je n’attendis pas d’entrer davantage dans les détails. « Salut, moi c’est Eddie, ravi de faire votre connaissance ! Et je vous présente Augustin, puis Pacôme dans mes bras. » Puisque je m’étais fait connaître, j’étais maintenant curieux concernant le reste de l’équipée, mais pas seulement. « Vous savez ce qui nous attend exactement, puisqu’ils nous regroupent ? » Je m’étais tellement précipité sur l’offre de réservation que je n’avais pas regardé en détail les activités qui y seraient proposées. Je souhaitais découvrir Almia, je n’étais pas allé chercher plus loin.
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Grille 4 Je fouille en : C4. (parce que je commence par tout péter !)
Mon visage demeure fermé, tandis que mes humeurs continuent de se dégrader au fil des secondes qui s'écoulent. Un temps précieux me file entre les doigts, alors que je dois patienter. Attendre l'arrivée d'inconnus qu'il ne me tarde pas du tout de connaître. Et pourtant, lorsque le premier fait son apparition et me salue, mes lèvres s'animent et formulent d'elles-mêmes une réplique.
- Bonjour.
La conversation s'achève aussi abruptement qu'elle a débuté. Je le regarde pianoter sur son portable, sans doute pour remplir ce formulaire ou pour mettre à jour les pages de ses réseaux sociaux. J'étudie son physique, la tenue qu'il porte - elle aussi adaptée à l'aventure - et m'attarde un instant sur ses lunettes de soleil ; leur design détonne avec le reste, plus sobre, et lui donne un je-ne-sais-quoi d'excentrique. Je me tâte pour lui demander où il les a acheté, mais ce serait me montrer trop enthousiaste et familière envers un parfait étranger. Nous verrons plus tard, lorsque la glace sera brisée.
Un deuxième homme nous rejoins peu de temps après, talonné par une créature que je ne reconnais pas. Une sorte d'amphibien bipède de grande taille, aux mains armées d'une griffe plus prononcée que les autres - que je soupçonne d'être une arme d'une efficacité mortelle et dont je me méfie d'instinct - et à la gorge bombée.
- Amyra Richards, enchantée.Associer des noms aux visages présents n'est définitivement pas une mauvaise idée, surtout si nous devons passer des heures ensembles.Quelle est cette espèce ?
Je désigne le coatox d'un mouvement de tête curieux, accordant enfin un brin d'attention et d'intérêt à mes interlocuteurs. Ma carapace de fer se fissure. J'enchaîne sans le vouloir sur le questionnaire de sécurité auquel ils répondent, sans me rendre compte que mes propos pourraient être sujet à interprétation.
- Je ne pense pas que visiter ces ruines et ces souterrains présente un réel un danger, sinon ils auraient fermé l'accès du site au public depuis longtemps, mais un accident est si vite arrivé...
Je décroise les bras pour ajuster les rebords de mon chapeau d'exploratrice, avant de toiser à tour de rôle les deux hommes. Je suis persuadée que notre groupe est désormais complet. L'arrivée soudaine du dernier membre de notre expédition me fait presque me mordre la langue. Tant d'énergie et de loquacité ! Il déborde, s'anime, se présente avant d'en faire de même pour les deux pokémons l'ayant suivi dans ce voyage.
- Je m'appelle Amyra. Que je répète pour la seconde fois, d'un ton détaché.
Comme lors de ces conseils ou de ces réunions d'affaires qui composent mes journées de travail, je me retrouve en minorité. La touche féminin dans un univers masculin. Heureusement pour moi, je sais comment y naviguer sans me faire marcher sur les pieds, tout en commandant le respect qui m'est dû.
- Je me posais exactement cette question.
L'ombre d'un vague déplaisir assombrie mes paroles, mais elle est entièrement dédiée aux responsables de la gestion de l'île ; je ne peux tenir rigueur à Castiel, Eddie et Giacomo, alors qu'ils sont tous les trois dans le même bateau que moi.
- Mesdames, messieurs ! Je vous demanderais de vous rapprocher un peu, tout en restant auprès de votre groupe.
Un vieux mégaphone crache les mots dans un grésillement discordant. Je reconnais celui qui a distribué les formulaires et je ne peux m'empêcher de soupirer doucement. Perché au sommet d'un rocher, il effectue de grands gestes avec ses bras, essayant de rassembler la foule. Il souhaite se faire voir et entendre.
- J'espère que vous avez pris le temps de faire amples connaissances et de vous familiariser auprès de vos coéquipiers...
Je tique en entendant ce terme. Coéquipiers ?
- Car c'est tous ensembles que vous partirez en quête des trésors cachés de notre bien-aimée Almia ! Vous aurez jusqu'à la tombée de la nuit pour explorer à votre guise et tout ce que vous trouverez, je dis bien tout, sera vôtre. Nous vous demandons cependant un minimum de respect pour l'environnement et concernant la conversation des différents sites...
Son discours continue, mais je ne l'écoute qu'à moitié. Je ne sais pas si je dois être contrariée par l'annonce ou non. Je me tourne néanmoins vers mes compagnons d'exploration, non sans esquisser une moue.
- Je ne suis pas venue ici pour jouer aux touristes ni à des jeux, mais je participerais tout de même. Si je trouve quelque chose d'intéressant, et qui vous intéresse, vous n'aurez qu'à vous le départager. Des objections ?
En théorie, garder des reliques anciennes m'apporteraient un net bénéfice. Mais en pratique, je ne souhaite pas m'encombrer de choses qui n'ont, à mes yeux, pas autant de valeur que les minerais et métaux qui gisent dans les sous-sols de l'île.
La femme à mes côtés me répond du bout des lèvres, et je ne lui en veux pas. Faut dire qu’en venant ici je ne m’attendais pas non plus à ce qu’on me « parque » avec des inconnus. Ça me dérange pas le moins du monde, mais je ne pensais pas que ça se passerait comme ça non plus. Au moins, ça m’évitera de faire mon expédition en solitaire. J’ai complété quelques cases du formulaire quand une nouvelle voix s’élève, d’ailleurs. Celle d’un jeune homme à la peau mate et aux cheveux châtains, accompagné par une sacrée créature aux couleurs étonnantes. Il se présente et celle à mes côtés en fait de même.
Bon, j’ai peut-être manqué de politesse, pour le coup. Alors j’incline la tête avec un sourire : « Giacomo, enchanté. » À la question posée, je plisse un instant les yeux en regardant le pokémon, avant de souffler : « Un… Coatox, non ? » (faut bien que ma formation de Ranger me serve) « Mais il a de drôles de couleurs... » J’veux pas passer pour le Monsieur je-sais-tout, parce que c’est loin d’être le cas. Ça a juste glissé de mes lèvres, comme ça.
Amyra fait une remarque concernant les souterrains et je me contente d’un léger mouvement de tête. J’aurais TELLEMENT À DIRE sur la sécurité des souterrains, mais je me retiens. Espérons que l’expérience d’hier n’ait rien à voir avec celle d’aujourd’hui (on se comprend). Si on reste dans les clous comme de mignons petits touristes, tout devrait bien se passer, non ? « Y’a pas de raison. » Teuf. J’me ferais presque rire tout seul (teuf teuf teuf).
Une autre personne arrive à notre niveau, un blond costaud (plus que moi, et rien qu’à le regarder je me dis qu’il faut que je retourne plus activement à la salle) avec une tête sympa. Il se présente rapidement alors on en fait de même. « Giacomo, salut. » Il a avec lui deux pokémons dont un Cotovol qui semble bien content d’être là. Si je souris à l’homme, je souris encore plus au pokémon Plante qu’il porte, parce qu’il me fait marrer. Y’a des trucs qui s’expliquent pas. Et tant pis si je passe pour un mec chelou derrière mes lunettes de soleil pointues, j’suis pas à ça près.
Le bruit d’un mégaphone couvre notre conversation et on se tourne vers son origine : l’un des types en charge de l’accueil. Apparemment, notre équipe est donc constituée, on sera quatre. Il est également question de trésors cachés, et j’avoue, ça retient mon attention. « Une chasse aux trésors ? Mais c’est trop bien ! » OK, c’est pas la première fois que j’entends parler de ce genre d’animation sur l’archipel, seulement, la vivre soi-même c’est autre chose !
Moi ça m’inspire bien, mais ça n’a pas l’air d’être le cas de la dénommée Amyra… « Roooh, mais ça peut être super sympa ! On pourra se partager tranquillement ce qu’on trouve, perso c’est plus la recherche qui m’intéresse que les gains. Mais, sans indiscrétion, tu es venue ici pour quelle raison ? Le côté réserve naturelle et biodiversité ? » J’essaie de formuler ma question sans paraître dans le jugement, parce que c’est pas du tout l’idée. « Perso, y’a clairement de ça, mais j’avoue que si on peut le faire en s’amusant, c’est encore mieux, non ? J’suis globalement bon public. »
Le microphone continue de cracher quelques informations, que j’écoute distraitement : « Chaque groupe va se voir assigner un guide… d’un nouveau genre ! Nous espérons que vous apprécierez cette quête ! Elle commence… maintenant ! »
Maintenant, c’est vite dit. Même autour de nous, aucun groupe ne démarre vraiment, puisqu’on a pas encore vu la teneur de notre guide… C’est alors qu’une espèce de vrombissement s’élève. « Euh, c’est quoi ça ? » On voit une nuée progresser vers nous, et soudain, ce sont des Motisma de la forme d’écrans se répartissent entre les groupes. On est spectateurs de ce ballet quand l’un d’entre eux arrive enfin à notre niveau. Il se tourne et sur l’écran, le visage bienveillant d’une jeune femme à la peau noire avec un chemisier orange pétant se présente à nous :
« Bonjour les aventuriers ! Je suis Marisol, votre guide (appelez-moi Mari, surtout !) je vais être votre éclaireur, votre boussole, votre phare dans la nuit pour tout le temps de votre expédition ! » Elle a une énergie super communicative et même si le « format » de ce guide est surprenant, je trouve l’idée géniale. « C’est top comme truc ! Et bonjour Mari, j’suis Giacomo, mais tu peux dire Gia ! » (elle a l’air charmante, alors j’me permets, hein) « Ravi d’avoir une telle étoile pour nous guider ! » J’ai un sourire débile avant de me tourner vers les autres, et de me racler la gorge.
Moi et mes phrases de drague pourries… L’air de rien, je finis par m’occuper plutôt en sortant l’une de mes pokéballs.
« Tango, je pense que tu vas nous être utile, ici. » Une fois matérialisée, la petite Sabelette regarde ce qui l’entoure d’un air curieux.
Le type poison s'agita de nouveau en comprenant qu'il était devenu temporairement le centre d'attention, n'hésitant pas à prendre la pose pour mettre en valeur ses couleurs dont il était si fier. Fait étonnant, quand on pensait aux Pokémon chromatiques. Du peu de vie qu'il avait vécu jusqu'à présent, il avait pu constater combien les êtres chromatiques n'étaient pas les plus heureux, pour la plupart.
Soit parce qu'ils se trouvaient ainsi isolés de leurs pairs, perçus comme des parias, des Moumoutons noirs, soit parce que ce phénomène avait été provoqué artificiellement ou forcé par l'humain au plus grand malheur du Pokémon qui avait ainsi dû apprendre à vivre en tant que simple sujet d'expérience, en bête de foire. Une vie de tristesse, qui les rendaient souvent plus violent ou plus solitaire que la plupart des espèces.
Mais ce n'était pas le cas de Sirius. Là où il l'avait trouvé, sa particularité avait toujours été sa force. Une marque de sa grandeur, en un sens, mais surtout une fierté qu'il ne manquait jamais d'exhiber à quiconque le croisait. À ses yeux, ce n'était pas une malédiction mais bien la meilleure des bénédictions qu'il avait reçu à la naissance.
▬ Et monsieur va arrêter de faire son beau gosse, avant que les gens ne se lassent. ▬ Coatox ! ▬ Ils auront tout le temps de t'admirer aujourd'hui, mon grand. Ne t'inquiètes pas.
Il fallait cependant reconnaître que parfois il en faisait trop, et Castiel n'avait pour le moment pas vraiment trouvé d'autre moyen que de lui faire peur en lui faisant croire qu'il perdrait l'intérêt les autres à force d'être ainsi. Une solution malheureusement temporaire, tant le type poison étant quémandeur d'attention, mais c'était toujours cela de pris.
Le dresseur vint lui offrir une caresse sur le haut du crâne comme il les adorait, tandis que le dernier protagoniste de cette petite exploration vint à se présenter, lui aussi un grand dadais comme les deux hommes. Le nouvel arrivant semblait doté d'une bonne joie de vivre et d'une sociabilité qui aurait fait faire une syncope à Hazel – comme la première fois qu'il rencontra Castiel à l'époque – et mit tout de suite le jeune homme en confiance.
Au final, leur groupe serait probablement pas mal animé. Entre Castiel lui-même et sa grande curiosité, le fameux Eddie qui apportait avec lui une bonne ambiance générale, Giacomo et son air charmant, et la demoiselle encore en retrait et assez taciturne mais qui semblait prête à s'adapter à ce trio, on tenait là un cocktail intéressant que le Galarien avait grande hâte de découvrir.
Bientôt d'ailleurs, on vint à les appeler pour se rassembler autour d'un grand rocher, sonnant le début de l'exploration à venir. Un petit briefing fut ainsi accomplie par l'un des organisateurs, leur annonçant qu'il s'agirait avant tout d'une exploration libre, à la manière d'une chasse aux trésors – révélation qui plaisait visiblement grandement au blond à lunettes … Tout comme à Castiel.
▬ C'est grave cool ! Hâte de commencer ! ▬ Coa-coatox ! ~ ♫ ▬ Oui, je sais, je sais.
Le Coatox était tout aussi excité que son dresseur à l'idée de se lancer dans cette exploration. À vrai dire, des deux, il était même le plus motivé, sachant qu'il cherchait à la fois des trésors, un des nombreux plaisirs qu'il pouvait avoir pour occuper son temps libre, mais aussi les traces de son maître, qu'il espérait bien présent en ces lieux. Des deux, il fut ainsi le plus attentif aux informations fournis par l'organisateur, voyant arriver les petits Motisma guide avec grand plaisir.
▬ Coooooa ! ~ ♪
Le Pokémon chromatique ne manqua pas de saluer la jeune femme qui apparut dans l'écran du drone vivant, ne réfléchissant même pas à la possibilité qu'il puisse s'agir seulement d'un programme ou quoique ce soit du genre. Castiel, de son côté, sourit sympathiquement à cette « guide » en laissant se présenter Giacomo avant de prendre la suite.
▬ Enchanté Marisol. Je suis Castiel, et voici mon compagnon d'aventure Sirius. Nous sommes ici pour ...
En y pensant, il réalisa à cet instant que discuter avec elle se révélerait bien plus compliquée que prévue, en tout cas en ce qui concernait sa situation. Il se retint donc d'en parler, se contentant simplement d'offrir un sourire amical en laissant les autres interagir avec elle le temps qu'il se remette les pensées en place.
Il prit par ailleurs le temps d'observer un peu la zone qui leur était donné de voir pour le moment, constatant bien vite que cette histoire de galeries allait très certainement l'embêter s'il souhaitait chercher les traces de son camarade. Soupirant alors, il observa plus attentivement les directions que ces chemins prenaient, et en repéra un qui semblait s'enfoncer plus que les autres dans les profondeurs d'Almia, très certainement dans la nouvelle zone où il espérait pouvoir trouver ce qu'il cherchait.
▬ Puis-je vous proposer que nous commencions par ici ? La galerie a l'air de descendre, on aura plus de chances de trouver des trésors par là-bas je pense.
Tout en indiquant le passage qu'il avait en tête, il fit en sorte de montrer l'intérêt qu'il pouvait avoir pour ce passage, laissant bien entendu croire qu'il visualisait l'idée d'y trouver plus facilement trésors et merveilles … Ce qui était un peu vrai, puisqu'après tout, tant qu'il n'avait aucune idée de s'il allait pouvoir trouver des informations sur Orion – ou même Orion lui-même – l'exploration était sa priorité.
Pour lui, cela revenait ainsi à deux pierres en un coup. Ou le flou total si le groupe choisissait finalement autre chose …
Je finis de creuser en B3 – Grille 2, merci d'avance
J’essayais de percevoir la vibe que me renvoyait chacune des personnes du groupe. Mon regard s’était posé sur la première à se présenter, soit Amyra. Elle m’apparut comme distante, j’aurais même tendance à dire froide. Pour autant, sur l’instant, je ne m’en souciais pas, je me disais simplement qu’elle se dériderait au fil du temps, qui fallait lui laisser le temps de s’habituer aux trois inconnus qui venaient de la rejoindre. Les gars me semblaient bien plus cools qu’elle, c’était le moins qu’on puisse dire ; surtout celui avec ses lunettes de soleil. Il y avait du style, on pourrait même dire de l’audace, à porter un tel accessoire. Ça attirait l’œil. Giacomo, qu’il s’appelait. Quant au troisième, si je dois être parfaitement honnête, c’était avant tout le pokémon qui l’accompagnait qui avait accaparé mon intérêt. En même temps, j’avais orienté toute ma vie autour des pokémons, je les ai étudiés et je passais mes journées en leur compagnie. Alors, même si les humains avaient leur pouvoir d’attraction sur moi – comme si je pouvais le nier – il demeurait que mon attention allait en priorité aux pokémons. En vérité, le Coatox était le premier du groupe que j’avais repéré. Un Coatox chromatique et qui semblait particulièrement expressif.
Il ne fallut pas longtemps avant que la réponse à la question formulée ne nous arrive. Elle provint d’un mégaphone qui me fit tourner la tête. Nous étions conviés à nous avancer, avant que les explications n’arrivent. Il s’agissait d’une chasse au trésor, et les personnes avec moi s’avéraient être mes coéquipiers pour cette aventure. J’étais relativement étonné : je m’étais attendu à une activité plus didactique, comme une visite guidée, que ludique comme ce qui était proposé. L’idée ne me déplaisait pas pour autant. Il n’en était visiblement pas de même pour Amyra qui manifesta clairement ne pas être venue pour cela mais acceptait tout de même de se prêter au jeu. Était-ce du dédain ? Je ne saurais pas dire. De toute manière, l’enthousiasme restait majoritaire. Les deux hommes nous accompagnant étaient ravis et l’exprimaient. D’ailleurs, Giacomo esquissa une tentative de convaincre Amyra de l’intérêt récréatif de l’activité, avant de finir par l’interroger sur la raison de sa venue à Almia. Ce n’était habituellement pas mon genre mais, pour une fois, je me faisais discret, me contentant d’écouter ce qui se disait. J’étais curieux de la réponse, car le manque d’intérêt immédiat pour cette chasse au trésor me poussait à croire que la jeune femme était venue avec des attentes très sérieuses. Boring.
« Chaque groupe va se voir assigner un guide… d’un nouveau genre ! Nous espérons que vous apprécierez cette quête ! Elle commence… maintenant ! » Je fronçai les sourcils, intrigué par ce que les organisateurs pouvaient vouloir entendre par d’un nouveau genre. Puis je trouvais étrange qu’on nous donne le top départ sans que ces fameux guides soient encore là. D’ailleurs, personne ne bougeait, tout le monde se regardait. Mais un bruit autre que le son saturé du mégaphone s’éleva. « Euh, c’est quoi ça ? » Je plissai les yeux. « Des Motismas ? » Je n'avais pas une vue exceptionnellement perçante, non, mais reconnaitre la morphologie du pokémon était une tâche aisée pour moi. Mon propos fut bien vite vérifié, il s’agissait en effet de Motismas et l’un d’eux vint vers mon groupe. Sur son écran ventral était diffusé l’image d’un joli brin de femme qui se présenta aussitôt. La réponse de Giacomo me fit sourire ; je n’allais donc pas être le charmeur du groupe et comptais bien observer la technique. Mon attention fut cependant bien vite happée par Castiel, qui prit la suite du grand blond avec des lunettes noires. Il ne termina pas sa phrase, me poussant à m’interroger sur ce que pouvait être la raison de sa venue. Pourquoi tant de mystère ? Soit. Je n’allais visiblement pas savoir. « Salut Mari, ici Eddie. J’espère que tu sauras nous guider vers les meilleurs trésors ! » Je ne comptais pas chercher la victoire à tout prix, je voulais m’amuser avant tout mais, s’il était possible de gagner, je n’étais pas contre.
Je vis Giacomo laisser sortir un pokémon de sa pokéball, un Sabelette adorable. Je sais que je ne suis pas objectif sur la question, je sais aussi à quel point ça peut être une plaie de les soigner quand il faut accéder à sous leurs plaques. Castiel proposa à l’équipe une première direction. Le jeune homme – car cela se voyait qu’il était plus jeune que nous – semblait vouloir s’enfoncer dans les grottes d’Almia. « Ce serait bien bête de ne pas trouver de trésor dans les profondeurs des souterrains. » Je me permis d’amorcer la marche en ce sens. « Et si on peut fouiller par là-bas avant que les autres n’arrivent, ce serait du bonus. » Mon intention n’était pas de forcer la main du reste du groupe même si, avec le recul, cela pouvait donner cette impression. Je ne souhaitais pas non plus leur mettre la pression mais j’avais envie de me laisser prendre au jeu. « Mari, est-ce que tu as une carte des lieux pour nous, s'il-te-plaît ? » La carte était nécessaire si nous voulions pouvoir nous orienter, mais cela allait aussi nous permettre de déterminer les zones accessibles qui nous intéressent et de planifier nos déplacements en conséquence. J’aimais les jeux de piste. J’aime toujours ça, d’ailleurs. Et j’étais déjà embarqué : je voulais explorer Almia pour découvrir ses trésors.
Par contre, marcher en silence alors que nous étions quatre, c’était inenvisageable pour moi. J’avais beau avoir les yeux rivés sur la carte affiché à l’écran du Motisma, il me fallait de la discussion, histoire d’assouvir mon besoin de papoter. « Vous penser qu’on va trouver quoi ? » N’était-ce pas là la grande question. « Ça m’étonnerait qu’ils fassent trouver ça au premier touriste venu, mais je rêverais de découvrir un fossile. » Ce serait juste génial, le rêve absolu. Même sans parler de le ramener à la vie ou de conserver le pokémon. Juste le trouver. « Sans doute une déformation professionnelle, ça. » C’est même certain !
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️Fuu Tadokoro
