Chapitre 3 : Seconde mission éthologique — La Tour Cendrée

La Tour Cendrée se devine à travers un voile de brume, comme une vieille silhouette qui, oubliée par les années, émerge lentement dans la lumière douce du matin. L’air est saturé d’humidité, lourd et frais, chaque pas dans l’herbe humide creusant un peu plus le silence épais qui enveloppe l’endroit. La tour, bien qu’abîmée par le temps et la foudre qui l’a frappée il y a plus d’un siècle, garde une sorte de mystère, une aura qui semble figée dans l’oubli. Les pierres noircies, les fissures sur les murs, tout ça ne fait que renforcer l’impression qu’il y a quelque chose d’invisible, presque sacré, dans ce lieu.

— Tu sens ça ? murmure Capucine, les yeux fixés sur l’édifice. C’est étrange, comme si on était observées. Tu ne me refais pas une mauvaise blague comme pour Halloween hein, Ajo ?

Je hoche négativement de la tête sans vraiment prêter attention à ma comparse, absorbée par ce que je vois et ressens. La Tour Cendrée et la Tour Carillon, deux bâtiments jumelles autrefois, censées symboliser l’unité entre les humains et les Pokémons. Un joli rêve, non ? Mais aujourd’hui, tout ce qui reste ce sont ces murs brisés, ces pierres couvertes de suie par les flammes d'un passé lointain, des souvenirs brûlés. Pourtant, quelque part, il y a encore quelque chose. Une vibration persistante, presque palpable, qui traverse les ruines. Je m’avance un peu plus près des pierres usées, touchant du bout des doigts les parois froides, presque comme pour capter l'énergie qui s’en dégage. Un frisson me parcourt.



— Tu crois que les Pokémons ressentaient la même chose ? intimé-je mon amie, qui, elle aussi désormais, semble plongée dans ses pensées.
— Peut-être… répond-elle en jetant un coup d’œil vers Ganesh, qui commence à renifler les débris autour de lui. C’est pas comme une simple ruine, tu vois ? C'est comme si les lieux dégageaient une sorte de présence.
— Phanph ! barit Ganesh, le Phanpy de la rousse, en agitant sa trompe, comme pour signaler qu’il est d’accord.

L'éléphanteau se frotte contre une pierre tombée, visiblement en train d’explorer les lieux à sa manière. Je souris en voyant l’enthousiasme du petit Pokémon, tout aussi curieux que ses dresseurs.

— Hé hé, on dirait bien qu’il est déjà en train de chercher des indices. annoncé-je en riant.
— Et toi, Ajora, tu penses qu'on peut en apprendre plus sur l'histoire de ce lieu ? me questionne Capucine, après avoir semblait-il chasser une pensée de son esprit, via une agitation de la main.



Je réfléchis un instant, observant les détails des pierres.

— C’est une vieille histoire, Capucine. Mais il faut être attentif. Chaque fissure dans ces murs, chaque morceau de pierre pourrait avoir été touché par des milliers de pas de Pokémon et d'humains. Des traces qu'on ne voit pas tout de suite, mais qui sont là, sous la surface.
— Togé...prwi ? s'agite Pangu, mon Togépi, de depuis mon épaule, comme poussé par une curiosité naïve.

Le pokémon œuf regarde autour de lui, sa petite bouille toute joyeuse malgré l’ambiance solennelle du lieu. Il semble presque désirer imiter Ganesh dans ses explorations. Chantico, quant à elle, reste plus calme, sa petite tête baissée, comme si elle scrutait chaque recoin avec une attention méticuleuse. Elle pousse un petit grognement d’approbation, avant de s’approcher lentement d’une fissure dans un mur effondré.

— Héri. souffle-t-elle, d’un ton presque pensif, avant de gratter doucement la terre qui s’y est accumulée.
— Tu vois ? montré-je du doigt le hérisson de feu à ma partenaire d'exploration. Les Pokémons, tout comme nous, ils sont attirés par ces endroits, à leur manière. Ils captent des choses qu’on ne peut pas toujours comprendre.