À peine arrivé à Parmanie, je ressentais une familiarité réconfortante, cette sensation d’être enfin de retour chez moi, dans cet endroit où tout était paisible et où chaque coin de rue me rappelait des souvenirs. Mon cœur, un peu plus léger après nos aventures récentes, battait plus doucement à chaque pas. Pourtant, je n'avais pas l'intention de rentrer directement à la maison familiale. Il y avait une étape à ne pas manquer. En me dirigeant vers le Parc Safari, je laissai mes pensées vagabonder une nouvelle fois. Un léger sourire se dessina sur mon visage. Ma mère, comme à son habitude, serait probablement en train de s'occuper des Pokémons, de les choyer, de leur apprendre de nouvelles astuces, ou de leur montrer des comportements spécifiques à observer. Elle avait ce don, cette capacité à comprendre ces créatures mieux que quiconque, et je savais qu’en la rejoignant, je retrouverais cette atmosphère de calme et de complicité.

Le chemin menant à cette structure pour Pokémons jugés inaptes à rejoindre la vie sauvage à un instant T, serpentait à travers des ruelles verdoyantes. Tout semblait respirer la tranquillité et l’harmonie. Mais alors que je marchais, mon esprit continuait de réfléchir à l'avenir de ma pension. Il y avait encore tant à mettre en place. Un lieu où mes compagnons, et futurement ceux d'autres dresseurs, pourraient se reposer, se former, et partager leurs expériences. Un endroit de sérénité, oui, mais aussi de défis, où ils pourraient grandir. Ce projet me tenait à cœur, car il n’était pas juste une ambition personnelle, c’était aussi un moyen de rendre hommage à ce que j’avais vécu aux côtés de mes compagnons depuis toute une année durant.

Le parc se dessinait de plus en plus clairement à l'horizon, ses allées bordées de verdure animées par des enfants jouant joyeusement avec leurs Pokémons. Les éclats de rire des petits se mêlaient aux bruits des petits monstres s’entraînant, leurs évolutions et leurs attaques ponctuant l’air d’une musique vivante, vibrante d’énergie. L'odeur des fleurs et de la terre humide ajoutait à l’atmosphère, un mélange de nature et de joie pure. Pourtant, à mesure que je m'approchais, une pensée me traversa l'esprit, comme un éclair fugace dans l’obscurité. Cette pensée me ramena à une vieille expression que l'on entend souvent, particulièrement lorsqu'on parle de projets, d’aspirations ou même de rêves : « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras. »



Cette maxime, bien connue de tous, semble nous inviter à privilégier la sécurité, la stabilité, la certitude du présent plutôt que de courir après des chimères. Elle a sa logique, après tout. C’est rassurant de se contenter de ce que l’on possède déjà, de se dire que l’on n’a pas besoin de chercher plus loin, que l’on peut être satisfait de ce que l’on a entre les mains. Mais pour moi, cette maxime, bien que pertinente, semblait aussi un peu étroite. Une lecture plus profonde me faisait y voir une invitation à la prudence excessive, parfois trop confortable.

Je m’interrogeais. N'est-il pas aussi important, voire essentiel, de se projeter vers l'avenir ? De s’autoriser à rêver plus grand, de prendre des risques calculés, de viser un peu plus haut ? À force de regarder uniquement ce que l’on a sous les yeux, on oublie qu’il y a parfois bien plus à atteindre si l’on ose y tendre les bras. Se contenter du « tien » n’est peut-être pas toujours la meilleure option, surtout quand on a en tête des projets qui exigent du courage et de la détermination pour s’accomplir. Un « deux tu l’auras », s’il est soigneusement réfléchi et mis en œuvre avec soin, peut offrir bien plus que ce que l’on croyait possible en se repliant sur le « tien » du moment.

C’est un peu le dilemme qui se joue entre la sécurité et l'aventure, entre le confort et le défi, entre la prudence et l’audace. Mais n'est-ce pas là tout l’enjeu de la vie ? Ne faut-il pas parfois prendre un peu de hauteur, se défaire des peurs et se lancer dans l’inconnu, tout en ayant en tête une vision claire de là où l’on veut aller ? La stabilité est sans doute importante, mais il ne faut pas oublier que ce sont souvent les audacieux qui bâtissent des choses durables, des choses qui vont au-delà de l’instant présent. Comme dans le cas de ma future pension Pokémon, il faudra prendre des risques, oser sortir du cadre, se donner les moyens de faire grandir ce lieu en y ajoutant de l’ambition.

Alors oui, avoir un « tien », cette stabilité et cette sécurité, est précieux et nécessaire pour se poser. Mais parfois, il faut aussi savoir rêver un peu plus grand. Il ne faut jamais oublier que les plus grandes réussites viennent souvent de ceux qui osent dépasser leurs limites, qui osent croire qu’un peu plus est possible. Et parfois, c'est ce peu plus qui change tout.



Je franchis le portail du parc, apercevant déjà ma mère, son sourire chaleureux s'épanouissant en me voyant. Elle était là, comme à son habitude, au milieu des Pokémon qu’elle soignait, les yeux brillants d’une sagesse calme et rassurante. Je me sentis tout de suite apaisé, comme un enfant rentrant chez lui après un long voyage.

— Tu es enfin rentré, mon petit Léo ! me dit-elle, son regard tendre se posant sur moi.