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Tōma Hanawa

Tōma Hanawa
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Lun 11 Nov - 15:53
Caves Jumelles
Route 32, Johto

Je n’arrive plus à savoir depuis combien de temps, je suis parti d’Alola, ni même du temps qu’il a fallu pour arriver jusqu’ici depuis notre arrivée à Johto. Le trajet dans le Beautilus fut très compliqué, que ce soit les nombreux entraînements et les tests que l’instructeur m’a fait subir ou notre périple dans le sas de l’Atlantide. De nombreuses fois, j’ai bien cru y laisser ma peau. Et pourtant, je suis bien vivant. La douleur et l’immense fatigue qui résonnent dans l’ensemble de mon corps me le rappellent que trop bien. Depuis notre arrivée dans le pays de mes ancêtres, il n’y a pas un jour où nous n’avons pas marché. J’avais bel et bien compris que notre escapade n’allait pas être de tout repos, mais je ne pensais pas que nous marcherions autant. J’ai l’impression que mes pieds ont enflé, je ne sens presque plus mes jambes et mes vêtements sont trempés de sueur. Je n’ai pu me changer qu’une seule fois, et encore, ce fut très bref, car pour l’instructeur, il n’y a pas de temps à perdre. Si nous ne marchons pas, nous dormons et si nous ne dormons pas, nous marchons. Il n’y a pas d’entre deux, mis à part pour manger. J’ai l’impression d’avoir parcouru toute la région tellement la notion du temps s’est complètement volatilisée. Je ne sais pas vraiment ce qui nous attend ensuite, ni même ce que l’instructeur a prévu. J’avais l’impression d’être devenu plus proche de lui depuis le Beautilus — et surtout depuis qu’il m’ait enfin dit son prénom —, et pourtant, les quelques mots qui sortent de sa bouche ne sont que des ordres et des réprimandes. Je suis complètement exténué. Hier encore, je ne pensais pas que je pourrais continuer. Mon corps est, à chaque pas effectué, à deux doigts de lâcher et de s’écrouler au sol. Et pourtant, je continue. Je ne sais pas d’où vient cette force, mais je suis content qu’elle soit là. Parce que même si je suis encore lent — l’instructeur est littéralement à cinq mètres devant moi —, j’arrive encore à tenir la route. Je me suis permis quelques arrêts pour vomir tout ce que mon corps avait pu ingérer ces dernières heures, mais cela ne durait jamais trop longtemps. Il ne m’attendait jamais, ne tournait la tête qu’à de rares occasions. Je sais très bien qu’il pourrait continuer ainsi pendant des jours sans se rendre compte de mon absence. À une unique occasion, j’ai eu une idée que j’ai abandonnée à l’instant où elle est apparue. Et si je m’enfuyais ? Je ne sais pas où, mais si je décidais de vivre une autre vie, que je choisirai ? Mais j’en serai incapable. Déjà, parce que je n’ai pas vraiment de raison de fuir, bien au contraire. Je sais ce qui m’attend au bout de cette route et ce que je pourrais devenir. Cet homme me façonne d’une manière que je pensais irréalisable pour moi. Et pourtant, me voilà, à améliorer mon endurance comme jamais je ne l’ai fait auparavant. C’est difficile, je suis au bord du précipice mental, mais je tiens encore bon, car je veux résister et devenir plus fort. J’espère juste que la route ne sera pas encore trop longue. Car même si je me trouve au-delà de mes limites, j’ai peur de craquer et de perdre ce qui est désormais très précieux pour moi.

Dans le gros sac de randonnée que l’instructeur m’a donné, l’œuf trouvé dans le sas de l’Atlantide est couvé dans une boite spéciale qui est, elle-même, entourée par tous mes vêtements ainsi qu’une immense couverture. Pour l’instant, le Pokémon à l’intérieur n’a pas daigné se montrer. Lorsqu’il m’a donné la lourde tâche de m’en occuper, j’ai ressenti en mois une immense responsabilité. J’ai très bien compris que, si je m’en occupais pour le mieux du monde, il m’appartiendrait et deviendrait mon tout premier Pokémon. C’est plus qu’un cadeau qu’il m’a offert, c’est une joie immense de se sentir enfin à la hauteur — même s’il y a encore un bon chemin à faire. Il m’a avoué avoir caché son existence à ses coéquipiers. Sinon, il aurait été évident que le Boss se l’aurait accaparé et l’aurait entouré de scientifiques à la solde de la Team Rocket pour l’étudier. Avoir dans mes mains un être perdu dans un endroit englouti durant des millénaires est un privilège que je n’aurai jamais pensé avoir. Maintenant que je l’ai, je dois me montrer à la hauteur et tout faire pour que ce premier Pokémon devienne un véritable compagnon de route. J’ai si hâte de découvrir son espèce, et de le voir grandir, s’entraîner, s’améliorer, évoluer et devenir plus fort de jour en jour jusqu’à se faire craindre de tous. Je ne sais pas ce que ça fait de devenir père, mais j’ai l’impression que mes sentiments à l’heure actuelle s’en rapprochent infiniment.

« Dépêche-toi, nous y sommes presque ! ». Les mots de l’instructeur me sortent de mes pensées et me font comme l’effet d’un shot d’adrénaline. Une énergie s’empare de moi, et je m’empresse de rattraper mon formateur. Ce dernier est tout aussi transpirant, et je crois remarquer pour la première fois un essoufflement dans sa respiration. J’en jubile presque. Cet homme me paraît si surhumain, que de voir un peu de faiblesse chez lui me rassure. C’est un être humain comme moi, et si je continue de marcher dans ses pas, peut-être qu’un jour, je deviendrai comme lui. J’aimerais tellement lui poser des questions sur notre destination, et la raison pour laquelle nous y allons, mais mon corps est trop fatigué pour que je puisse former des mots compréhensibles. L’idée de savoir que nous allons bientôt nous arrêter de marcher me rend beaucoup plus joyeux, et ça se ressent dans ma marche. Je n’oublie pas l’œuf lové dans mon sac, et continue de faire attention à mon mental qui peut flancher d’un moment à l’autre. Me voilà aux côtés de l’instructeur qui continue son silence. Ses yeux ne sont concentrés que sur la route que nous empruntons, il continue de marcher machinalement. Je ne sais pas du tout comment il fait pour tenir, surtout que son Garde-de-Fer pourrait nous téléporter en quelques millièmes de seconde. J’ai l’infime conviction que ma formation est un prétexte pour autre chose, tout comme le trajet en Beautilus l’était pour la découverte de l’Atlantide. Il veut se tester lui aussi, je le ressens. Alors je ferai tout pour le rendre fier, tout comme je le ferai pour mon Père. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire sur mon visage. La route est longue et difficile, mais si formatrice.


Bonjour o/
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Tōma Hanawa

Tōma Hanawa
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Lun 11 Nov - 22:39
Nous continuons de marcher pendant encore deux bonnes dizaines de minutes, jusqu’à arriver vers une grande ouverture dans un massif montagneux, que j’avais aperçu quelque temps plus tôt. Ma motivation soudaine, qui était apparue lorsque l’instructeur avait mentionné une arrivée proche, se volatilisa aussitôt, comprenant que nous en étions encore loin d’en avoir terminé avec cette longue marche. Je réprime un soupir qui, avec la fatigue, a bien failli sortir sans que je ne m’en aperçoive. S’il y a bien une chose à ne pas faire dans ce genre de moment, c’est bien de montrer une quelconque fainéantise. Il déteste ça, et ce, même si la situation porte à le faire. Nous nous arrêtons juste devant l’entrée de la grotte où mon formateur regarde aux alentours. Je ne comprends pas complètement ce qu’il est en train de faire, mais je ne pose pas la question. Quand il est concentré comme ça, je préfère le laisser faire sans le déranger. Et ça m’arrange plutôt bien, cela me permet de faire une mini-pause en m’appuyant sur la paroi rocheuse. Je souffle un peu pour retrouver une respiration plus calme et je tente de masser tant bien que mal mes mollets qui me semblent avoir totalement disparu sous la douleur. Le soleil est encore haut dans le ciel, j’en devine que nous n’en sommes qu’au milieu de la journée. Et tant que la nuit ne sera pas tombée, nous ne nous arrêterons pas. Je ne sais pas encore ce que nous allons bien pouvoir faire là-dedans, mais mon intuition me dit que nous allons marcher encore et encore, indéfiniment. Je récupère ma gourde accrochée à mon sac, elle est beaucoup plus légère. Je vais être en manque d’eau. Je décide de l’ouvrir tout de même, juste au cas où, à la recherche de ne serait-ce qu’une seule goutte d’eau. À ma grande surprise, il y en a un peu plus que ça et je me surprends à en savourer le moindre millilitre comme si c’était un véritable trésor. Je sais très bien que ça l’est, mais pour la première fois de ma vie, je me rends compte de sa préciosité. Jamais je n’avais eu autant soif. Je secoue la gourde au cas où une goutte se serait perdue, mais rien n’en tombe. Déçu, je la rebouche, en espérant que celle de l’instructeur soit un peu plus remplie. Mais je n’ai même pas le temps de lui demander. « Ne t’inquiète pas, nous allons trouver des sources d’eau dans la grotte. ». Sa voix ne semble plus aussi fatiguée que tout à l’heure. L’idée même que des torrents d’eau nous attendent à l’intérieur doit, à lui aussi, lui redonner une force intérieure qui le motive à positiver.

« Nous sommes aux Caves Jumelles, tu connais ? ». Je fais non de la tête. Du moins, je les connais de nom, mais rien de plus. Ma mère m’en avait vaguement parlé, et je me souviens que nous nous étions cachés non loin d’ici à Écorcia en fuyant la Police Internationale. Enfin, je crois que ce n’est pas loin. Avec tous ces kilomètres parcourus, j’ai l’impression que nous nous trouvons loin de tout. « Nous allons y rester quelques jours, il y a un endroit que j’aimerais te montrer. ». Je suis surpris par sa déclaration. Quelques jours ? Dans une grotte ? Je n’avais jamais fait ça auparavant. Même si l’adrénaline est encore présente — merci à lui de m’avoir annoncé qu’il y aurait des sources d’eau —, j’ai quand même un petit peu peur de ce qu’on va bien pouvoir trouver à l’intérieur. Ces grottes sont réputées pour habiter des Pokémon peu accueillants, je me demande bien ce qu’on va pouvoir y chercher.

Je me retourne vers lui et me rends compte qu’il se trouve désormais un peu plus loin. Son sac toujours accroché à son dos, je remarque qu’il utilise un téléphone un peu spécial. Ce dernier semble être beaucoup plus épais qu’un téléphone normal, et une légère antenne croît sur son dessus. Un outil de la Team Rocket sans doute, il doit sûrement être en contact avec un autre de ses membres. Je déglutis en pensant qu’un jour, je vais devoir passer des tests d’aptitudes pour espérer l’intégrer. Jamais je ne me serai vu suivre les pas de mon père, mais que voulez-vous, c’est lui qui décide. Je ne me sens vraiment pas capable de devenir un sbire de cette organisation, mais qui sait ? Jamais je n’aurais cru marcher autant de temps sans me plaindre une seule fois, ni même sans tomber de fatigue en plein milieu du chemin. Je me fous une légère claque, un peu au ralenti à cause de la fatigue, pour me reconcentrer. Je me perds de plus en plus dans mes pensées ces derniers temps, et ces dernières sont souvent sombres. Je ne dois voir que le positif dans tout ce qu’il m’arrive, tout en gardant mon regard vers le cap que je me suis fixé, il n’y a que comme ça que j’arriverai à tenir sur la durée. Exactement comme je viens de le faire, sur les derniers kilomètres.

Le formateur se retourne, appuie sur l’antenne de son téléphone puis le range dans sa poche. Il s’approche de moi, l’air satisfait. « Bien, nous allons pouvoir continuer. Nous allons récupérer des affaires qui nous permettront de plonger au plus profond de la grotte sans nous blesser. ». Le même sourire qu’il avait lorsque nous sommes arrivés sur le Beautilus apparaît sur son visage. Il semble être heureux de notre expédition tandis que je commence à en redouter l’issue. Après tout le remue-ménage dans les profondeurs pour pouvoir ressortir du sas de l’Atlantide, je crains qu’il nous arrive, encore une fois, quelque chose d’aussi imprévisible. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire là-dedans durant autant de temps ? Je ne peux même pas poser la question, comme d’habitude, mais tant pis. La réponse apparaîtra en temps voulu. Nous nous engageons enfin dans l’ouverture de la grotte. Une légère brise provenant de l’intérieur se faire ressentir et, tout à coup, l’atmosphère devient humide et froide. Un frisson parcourt mon corps encore endolori. J’espère que nous allons pouvoir nous reposer le plus tôt possible. Tous mes sens semblent être en alerte, je ne crois pas que cela suffira pour ne pas me faire tomber. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. D’un côté, le changement d’air me fait du bien. J’ai l’impression que nous sommes en plein renouveau et c'est bon pour mon moral. Mais d’un autre, je me sens frigorifié et je manque plusieurs fois de trébucher sur le sol rocheux, je comprends alors que le matériel que nous allons récupérer va être d’une importance vitale.


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Tōma Hanawa

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Hier à 15:43
La galerie principale est, étonnement, facile à explorer. D’après l’instructeur, c’est un passage assez fréquenté par les dresseurs en quête de badges, elle s’est donc adaptée petit à petit, au fur et à mesure du temps, aux nombreux passants. Avant de me réjouir de cette — entre guillemets — facilité, je reste concentré, car je sais très bien que l’instructeur souhaite explorer les Caves Jumelles dans leur profondeur. Le matériel que nous allons récupérer est fait pour des professionnels, d’après ses dires, il est donc plus que probable que la suite sera beaucoup plus ardue et dangereuse. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que je ne vais pas pouvoir tenir la route. J’ai déjà atteint mes limites depuis un bon bout de temps, et je ressens un fort besoin de me reposer. Inutile de l’expliquer à mon formateur qui ne m’écoutera, de toute façon, pas et qui pestera que nous devons continuer. Je n’ai pas le choix, et j’ai l’impression que mon corps, qui l’a bien compris depuis longtemps, commence à montrer des signes révoltes. Je n’arrête pas de trébucher sur de vulgaires cailloux, mes jambes tremblent énormément et ma nuque commence à tirer. J’aimerais tellement pouvoir juste dormir un temps pour continuer en meilleure forme, mais ce n’est pas le moment de flancher. Au bout d’un certain nombre de temps, nous arrivons tout proche d’une embouchure perpendiculaire au principal passage. C’est l’une des premières à côté de laquelle nous passons, et l’intérêt que lui porte l’instructeur me fait penser que nous allons devoir l’emprunter. « Nous allons passer par ce chemin, ne t’inquiète pas si, au bout d’un moment, nous devons nous baisser pour continuer d’avancer. Le matériel se trouve tout au bout, puis nous pourrons explorer les lieux comme il se doit. ». J’acquiesce sans vraiment le faire, il aura beau me dire quoi que ce soit, je vais être obligé de le faire de toute façon. Qu’importe si je suis pour ou contre, je l’ai bien compris. Nous passons par ce chemin, qui devient de plus en plus étroit au fur et à mesure que nous avançons. N’ayant pas assez de place pour garder le sac sur mon dos, je suis contraint de le porter d’une main tout en faisant attention à son contenu. Je n’oublie pas l’œuf qui repose à l’intérieur, je dois en prendre soin par tous les moyens. De l’autre main, je touche le plafond rocailleux qui s’abaisse petit à petit, afin d’éviter de me blesser le crâne. Le formateur, qui marche toujours devant moi, a déjà commencé à se baisser, étant plus grand.

C’est fou quand même, c’est homme semble être inépuisable. L’expression de fatigue que j’avais sentie en lui juste avant l’entrée dans la grotte a complètement disparue. J’ai l’impression qu’il arrive à gérer lui-même sa fatigue tout en contrôlant sa respiration. Cette dernière est toute aussi bruyante que la mienne, mais semble beaucoup plus soutenue et lente. Même sa transpiration semble contrôlée. Son t-shirt, trempé de sueur, semble déjà sécher avec le temps. Un surhomme. Je veux devenir comme lui. Et cette simple volonté me permet de continuer d’avancer malgré ma fatigue extrême. Je n’arrive pas à comprendre comment je peux me sentir beaucoup plus proche de lui tout en m'en sentant distant. Nous en avons vécu des péripéties depuis qu’il est venu me chercher sur la plage à Alola, et je sais que même lui a baisser quelques barrières. Et pourtant, il reste tout de même de marbre avec moi. Son autorité naturelle m’oblige à rester courtois et obéissant avec lui. C’en est déroutant.

Petit à petit, la galerie que nous empruntons rétrécit et nous oblige à avancer accroupie. Mon sac à dos devant moi, je n’arrive pas vraiment à observer ce qu’il se passe devant. Je vois encore les larges épaules de l’instructeur bouger en rythme avec sa respiration, mais c’est tout. « C’est bien, tu n’as pas l’air de paniquer. C’est une bonne chose ! ». Son compliment me va droit au cœur, et je marque une demi-seconde d’arrêt après l’avoir entendu. C’est vrai que, dans ces circonstances, je pourrai facilement céder à la peur. Je suis littéralement entouré de roche et l’espace étroit semble se resserrer davantage. Mais mon corps est trop endolori pour que je puisse penser quoi que ce soit. Je n’ai pas le choix, et même si je ressens la peur dans mon ventre, je continue d’avancer. La seule chose que je pourrai faire en y cédant serait de me blesser ou pire, de briser l’œuf que l’instructeur m’a donné. Et je ne veux pas. Je dois passer par cette épreuve pour grandir, et je sais que je suis déjà en train de le faire. Même si, pour l’instant, je souhaiterais surtout pouvoir poser mon corps sur le sol et dormir durant de nombreux jours.

« Et voilà, nous y sommes, fais bien attention à ta tête ! ». Devant moi, j’aperçois l’instructeur traverser un passage encore plus étroit puis se relever complètement. Il se baisse dans ma direction. Son visage semble joyeux, je ne sais pas comment ça peut être possible. Sa main s’avance dans ma direction. « Passe ton sac, tu pourras passer plus facilement. ». Je le lui donne tout en y faisant attention, et je remarque qu’il le récupère avec exactement les mêmes soins. Je crois que lui non plus ne veut pas perdre cet œuf. Je suis encore plus flatté qu’il m’ait confié sa sécurité. Encore accroupi, je me vois obligé d’avancer avec mon épaule gauche en avant pour pouvoir accéder à l’autre côté. Je fais quelques minis pas puis arrive enfin dans une galerie beaucoup plus grande. Je me relève difficilement. L’air ici est encore plus fraîche qu’à l’entrée et je dois avouer que ce n’est en rien désagréable. Au contraire, c’en est même ressourçant. Je n’ai même pas le temps de profiter de ce petit temps de pause que mon formateur me tend un casque muni d’une lampe frontale. Avec son grand sourire qui change la trajectoire de son immense cicatrice, je crois qu’il ne peut pas s’empêcher de me voir souffrir. Je suis à bout. « Allez, courage, nous y sommes presque. D’ici une dizaine de minutes, nous pourrons enfin nous reposer. Tu verras, la destination en vaut la peine. ». Son discours ne m’encourage en rien. Je suis exténué. Mais au risque de me répéter encore une fois, je n’ai pas du tout le choix. Je lève les yeux au ciel et soupire, ce qui le fait rire, puis récupère le casque pour le plaquer sur ma tête trempée de sueur. Il a dit dix minutes. Quand elles seront passées, je m’autoriserai à m’écrouler.


Oh c'est vraiment trop bien, merci luv pour la prochaine case, je choisie de creuser en B3 s'il vous plaît !
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Hier à 23:24
Je ne saurai pas décrire mon état actuel. J’ai presque l’impression de n’être qu’un robot qui exécute une tâche sans réellement vivre ou penser. Mes jambes avancent toutes seules, se plient quand la caverne se fait trop petite, se relèvent quand elle s’écarte à nouveau. Aucun mot n’a été prononcé depuis la récupération du matériel d’exploration. En plus de ce magnifique casque avec lampe frontale intégrée, nous avons dû enfiler un baudrier sur lequel une corde est accrochée et enroulée ainsi que d’immenses gants de protections. J’ai mis un temps fou pour pouvoir mettre tout ça tellement mon corps se plaignait de la fatigue. Et pourtant, j’ai tout de même continué d’avancer. Je suis en mode pilote automatique. Je ne sais même pas si je me souviendrai du chemin que nous empruntons. J’en suis sûr que non. J’essaye de repérer des pistes qui pourraient servir d’indications pour le retour, mais elles disparaissent toutes de ma mémoire une fois dépassées. Si l’instructeur me demande de reconnaître le chemin pour le retour, j’en serai incapable. Et je sais très bien que, même si je réussis à marcher autant, et à explorer ces cavernes sans me plaindre une seule fois et à une allure rapide, son test perpétuel qu'il s’évertue à me faire passer sera ratée à cause de ça. Ça me fout en rogne, mais en même temps, je m’en fiche. J’en suis à un point où la seule chose qui m’anime est de savoir qu’il nous restait seulement dix minutes avant le repos. Je ne sais pas depuis combien de temps nous marchons, mais le temps paraît extrêmement long. Et pourtant, je sens que l’arrivée se rapproche. En effet, au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans ces parois rocheuses, je ressens un air frais et humide remplir l’atmosphère. De plus, si la lumière naturelle s’était fait la malle et nous obligeait à nous éclairer grâce à notre lampe frontale, j’aperçois au loin une lueur dorée qui semble émaner tout droit du paradis lui-même. Qui sait ? C’est sans doute le cas. L’instructeur m’a prévenu que ce serait un endroit magnifique. Avec de l’eau. Ah ça oui, j’en veux à profusion. J’ai si soif. Je pourrais boire l’entièreté de l’océan, que nous avons traversé avec le Beautilus, même si ce dernier est imbuvable. Juste une goutte me revigorerait.

« Et voilà, nous y sommes ! Le sous-sol le plus profond des Cavernes Jumelles, regarde comme c’est magnifique. ». Je n’arrive pas à en croire mes yeux. Devant moi, une immense caverne s’offre à nous et cette dernière détient en elle un lac souterrain dont l’eau est d’un bleu éclatant. Une lueur en ressort et éclaire toutes les parois rocheuses. On peut voir les reflets de l’eau sillonner sur tous les murs et le plafond faits de rocs. À l’intérieur, j’aperçois quelques Pokémon aquatiques nager tranquillement. Le lac n’a pas l’air si profond que ça, et pourtant, j’ai comme l’impression qu’il s’étend sur des mètres et des mètres sous nos pieds. Un léger bruit aigu attire mon attention au-dessus de ma tête, je la lève machinalement et remarque la présence de Nosferapti, accrochés la gueule en bas. « Comment ça se… ils peuvent sortir librement ? ». Mes mots ont du mal à se former, et pourtant, j’arrive à être compréhensible. Je me tourne vers mon instructeur qui me regarde, toujours avec ce fichu sourire qui lui va si bien. C’est tellement bizarre de le voir si heureux dans certaines circonstances, alors qu’il semble être constamment fermé sur quoi que ce soit. « Oui, mais certains d’entre eux n’ont jamais connu l’air libre. Ils doivent sûrement prendre des passages qui nous sont impossibles d’emprunter. Ces cavernes sont de vrais labyrinthes. Dis-toi qu’à côté ou même encore en dessous, il doit sûrement exister d’autres salles comme celle-ci, avec cette même eau. Je ne suis toujours pas arrivé à en trouver la source. ». Même sa voix change et monte vers les aigus. Il est si passionné. Pourquoi s’est-il embrigadé dans la Team Rocket ? Il aurait pu être un vrai voyageur, être de ceux qui partent à la découverte de nouveaux continents, dénichant de nouvelles espèces de Pokémon. Comment se fait-il qu’il soit l’un des membres les plus hauts placés de cette organisation ? Les mots se bousculent dans ma gorge, mais ne trouvent pas la sortie. Je m’arrête. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de lui poser des questions sur sa vie. Mais j’aimerais tellement savoir, apprendre à le connaître lui et tous les événements qui l'ont fait devenir ce qu’il est aujourd’hui. Mais c’est sûrement déplacé, et puis cet endroit est magnifique. Je dois en profiter, j'aurai tout le temps de découvrir qui cet homme est réellement.

Il s’avance un peu plus loin, et m’invite à le suivre. J’ai du mal à croire ce que je suis en train de vivre actuellement. La fatigue prend tellement le dessus. « On va s’installer un peu plus loin. Nous allons devoir placer les sacs de couchages côtes à côtes, il fait très froid dans cet endroit. Même si on ne se rend pas vraiment compte à cause de la fatigue. ». Je pose délicatement, avec le peu de force qu’il me reste, le sac à dos sur le sol tout en priant pour que l’œuf soit toujours en bon état. J’aide mon formateur à déplier les deux sacs de couchages et à allumer deux grandes chaufferettes qu’il installe à l’intérieur. Une fois fini, il m’annonce enfin que nous pouvons nous reposer. « Je dois dire que je suis impressionné, notre périple à bord du Beautilus t’a forgé, je savais que c’était une bonne idée. Tu peux recharger tes batteries sans te soucier de quoi que ce soit, tu as amplement mérité ton repos. ». À ces mots, je sens en moi une émotion, qui jaillit de je ne sais où comme si elle avait toujours été là et qu’elle attendait le moment de faiblesse pour faire surface. Je ne peux retenir mes larmes, et m’écroule sur le sol. « Tu peux être fier de toi gamin, tu viens de franchir une étape. Mais encore une fois, ce n’est que le début, il te reste beaucoup de choses à traverser. ». Sa main sur ma tête me fait bêtement sourire, il essaye de me consoler, mais ne semble pas être très à l’aise avec tout ça. Je le remercie entre deux sanglots. Mon corps est si lourd, mon mental ne tient plus, je suis beaucoup trop fatigué pour faire un geste, et me laisse tomber. Je reste ainsi, allongé sur le sol, la tête en direction du haut plafond rocheux où me sondent les Nosferaptis qui doivent bien se demander pourquoi leurs deux nouveaux colocataires font autant de bruit. Je souris tout en continuant de laisser mes larmes couler sur le sol poussiéreux. Je garde en tête les derniers mots de l’instructeur : ce n’est que le début.


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Après ces quelques minutes d’euphories, l’instructeur me ramène tout doucement à la réalité. Nous ne sommes pas là pour visiter, ni même faire du camping sauvage dans une grotte : nous sommes là pour continuer ma formation. Si le chemin pour venir jusqu’ici était une étape de cette dernière, cela ne voulait pas dire que tout est terminé pour autant — à mon grand regret. Je me relève difficilement, mon corps est encore en souffrance et la fatigue toujours présente, mais je me sens déjà un peu mieux. Même si je me suis écroulé psychologiquement, je sens que je peux retrouver le contrôle de mon corps si je me concentre bien. De toute façon, il n’y a rien d’autre à faire. Tout est fait pour que je m’améliore, même si je tombe, je sais que je n’aurai pas le choix de me relever jusqu’à y arriver une bonne fois pour toutes. Après avoir bu plusieurs gourdes qu’il est allé remplir lui-même dans le lac souterrain, l’instructeur nous fait faire un tour des lieux, en m’expliquant la nature des roches, les différentes espèces de Pokémon vivantes ici et comment ne pas les déranger pour éviter de se faire attaquer. Car oui, en plus de ceux nageants dans l’eau et des Nosferaptis qui nous surveillent accrochés au-dessus de nos têtes, des espèces rocailleuses sont aussi présentes si on prête correctement attention. En effet, tout près des murs se trouvent des excès de roches toutes aussi identiques et, surtout, vivantes. J’ai ainsi découvert des Racaillous qui se reposaient à l’opposé de notre campement, ainsi qu’un énorme Onix non loin de ces derniers. Même si je suis à bout de force, je me surprends à boire toutes les paroles de mon formateur. Jamais je n’aurai pensé que je pourrais autant aimer apprendre et, surtout, que j’arriverai à retenir les informations quand il me le demanderait. « Il est impératif de savoir s’adapter à n’importe quel environnement. Après les profondeurs et les grottes, nous allons passer par des forêts, des montagnes ainsi que des lieux désertiques. L’adaptabilité permet la survie, et est un atout indispensable. Surtout au sein de la Team Rocket. ». J’ai beau avoir été informé par mon père avant le début de mon voyage, je suis toujours autant surpris lorsque l'instructeur me parle du Centre de formation de cette dernière. Je sais que tout ça a pour but de faire de moi un bon petit soldat de l’organisation, mais ça me paraît tellement aussi surréaliste, je me laisse tout le temps surprendre. « Tout ce que tu apprends avec moi te permettra de te démarquer des autres lors des tests d’aptitudes. Le but n’étant pas de faire de toi un vulgaire sbire considéré comme de la chair à canon. Bien au contraire, tu feras partie de l’élite comme ton père si tu continues de faire les progrès que tu as fait jusqu'à aujourd’hui ». Le compliment me frappe en plein cœur. Décidément, c’est la journée de la gentillesse du côté de mon formateur. Il pense que je peux avoir l’étoffe de mon père et suivre ses pas. Certes, c’est devenu mon objectif. Mais je ne pensais pas qu’il pouvait être si atteignable que ça. Un regain de motivation envahit mon corps. J’ai envie de tout apprendre, d’accumuler toutes les informations qui me seront utiles pour atteindre mon objectif, d’apprendre à nouveau à me battre et à me prendre tous les coups qui me permettront de m’endurcir et de faire de moi une machine. J’ai envie de tout ça maintenant, mais je sais que c’est impossible. Je ne me suis pas encore remis de tous ces derniers jours, et le peu de repos que j’ai eu en arrivant ici ne m’a pas permis d’être réellement détendu. Je ne m’en suis pas encore remis. C’est un fait qui m’énerve, mais qui est tout à fait normal. Je ne peux pas tout connaître et tout apprendre d’un seul coup. Il va me falloir du temps pour tout ça, je le sais, et je dois m’y faire.

Nous terminons notre tour des lieux et retournons vers nos affaires posées à quelques mètres du lac souterrain. Il est temps pour nous de prendre du repos, je sens que l’instructeur va me l’autoriser d’ici une minute à l’autre. « Avant de réellement dormir, le corps a aussi besoin de se régénérer. Et rien de mieux qu’une petite baignade dans une eau glacée pour se ressourcer. Fais bien attention à ne pas plonger d’un seul coup, vas-y lentement. ». À ces mots, il enlève ses vêtements ainsi que ses chaussures et commence à s’approcher de l’eau. Je le vois continuer son chemin à petits pas et remarque les muscles de son corps réagir à la fraîcheur de l’eau. « Elle est encore plus froide que la dernière fois ! ». Il m’incite à l’imiter et à le suivre. J’avoue que j’aurai aimé me glisser dans le sac de couchage et dormir des jours durant. Mais mes vêtements sont sales et trempés de sueur. Et je ne parle pas de l’état de mon corps. J’ai des écorchures sur les jambes et les bras, et il est quasi certain que je dois puer la transpiration. Non, il a raison. Il ne doit rien avoir de mieux que de se coucher après une bonne baignade régénératrice. Je peine à enlever mon t-shirt qui s’accroche à mon dos, puis baisse tant bien que mal mon short après avoir galéré à sortir mes pieds de mes baskets. Je ne sais pas combien de temps j’ai mis, mais l’instructeur en a profité pour sortir et récupérer les serviettes dans nos sacs. Je me dirige alors vers le lac et commence à tremper mes pieds. Le choc du froid sur mes talons me fait reculer. Merde, c’est encore plus froid que je ne le pensais. Et dire qu’il y est allé tranquillement... Je ne veux pas échouer ici, j’arriverai à entrer dans cette eau ! Je prends une profonde inspiration, c’est la clé pour pouvoir réussir à m’immerger complètement. Je dois rester concentré. Je refais un pas devant moi puis un autre. L’eau commence à surélever mes chevilles, mes mollets puis mes genoux. Chaque étape est un nouveau choc, mais je ne me laisse pas avoir. Je ne veux pas me plaindre ni faire demi-tour tant que mon corps n’aura pas été entièrement sous l’eau. Derrière moi, l’instructeur m’encourage. Je ne peux que continuer. Même si ma vitesse se réduit considérablement au fur et à mesure que j’avance, je tiens bon autant que je peux. Mais le plus dur arrive. Une fois le bassin immergé, je sens mes côtes qui commencent à picoter. Le froid a envahi tout mon corps, mais chaque centimètre de peau qui fusionne avec l’eau me fait l’effet de mille aiguilles. Mes bras se sont instinctivement levés pour éviter d’être mouillés. À partir de là, je n’ai pas d’autre choix. Je sais qu’il sera plus difficile d’avancer et de ne pas abandonner. Je ne le ferai pas. Je calme ma respiration et me prépare psychologiquement à la froideur qui recouvrera tout le haut de mon corps. Puis, sans réfléchir ni même décider du moment, je me laisse couler dans cette eau glaciale.


Oh, merci pour les sousous ! Cette fois, je vais creuser en A4 s'il vous plaît cheer
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