Le Deal du moment :
LEGO Icons 10331 – Le martin-pêcheur
Voir le deal
35 €

 
» Frisson déguisé

Kate Spring

Kate Spring
Modo RP & Eleveur

C-GEAR
Inscrit le : 26/06/2021
Messages : 1809

Région : Galar
Dim 3 Nov - 18:24

Frisson déguisé

A la faculté de médecine de Motorby,, la salle des fêtes est bien connue de la majorité des étudiants. La pression des examens s'évacue souvent par la boisson et chaque prétexte est saisi pour se défouler sur la piste de danse. Je ne fais pas exception. J'ai râlé par principe sur l'obligation de venir déguisée - il a fallu trouver le temps et les moyens de réaliser un costume de fée maléfique à peine passable - mais il m'a suffit d'entendre les premières notes de la musique, à travers la porte, pour être prise dans l'ambiance.

En vérité, je ne suis pas la seule à m'être prêtée au jeu, que ce soit dans les costumes mais aussi pour la confection du buffet. Nous ne sommes encore qu'une vingtaine, mais déjà, les confiseries s'accumulent sur les tables, recouvertes de fausses toiles d'araignée et bibelots en plastique. Je me doute bien que la plupart a directement été acheté en grande surface, que ce soit par le bureau des élèves ou des premiers arrivés, avec tous les additifs et colorants imaginables mais… C'est la fête qui veut ça et, pour une fois, j'accepte de me laisser tenter - c'est tellement diabolique ce reviens-y.

Quand Monica me voit près des tables, tupperware à la main, elle vient immédiatement me voir. On s'échange quelques banalités, puis elle me demande :

- C'est pour le buffet, ça ?
- Oui, ce sont des biscuits au potimarron.
- Oh, d'enfer ! Bah écoute, merci beaucoup, je vais ajouter ça. C'est que ça nous fait pas mal de choses au final !
- Je vois ça.

Malgré tout, mes pauvres gâteaux ont une belle concurrence avec le fait-maison. Du feuilleté au fromage en forme d'aile de chauve-souris aux sandwitch cercueil-mystère, le salé est mis à l'honneur - et continue d'être enrichi régulièrement par les retardataires. Le sucré est moins représenté, en dehors des bonbons piquants et un saut de barbapapa orange fluo, mais je note l'effort de certains, avec un roulé au chocolat à la couleur tout aussi artificielle et des tartelettes tout à fait adorables qui prennent les traits de petits pitrouilles. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de les manger, ceux-là, mais pas pour les mêmes raisons que d'autres choses. En tous cas, c'est assez fourni pour tous les goûts et nous ne mourrons pas de faim ce soir.

Côté boissons, les classiques sodas et ice tea font pâle figure dans l'ensemble. Quelqu'un a sorti une énorme marmite du placard de ses parents pour y concocter un punch épais et bouillonnant. La machine à vapeur ne fait qu'accentuer sa présence. Je ne sais pas qui a eu l'idée de le faire buller ni comment il s'y est pris - ce n'est sans doute pas sorcier pour les années supérieures - mais je suis partagée entre la curiosité et un profond dégoût. Enfin, je ne suis pas pressée. Les premiers gourmands se servent déjà, j'aurais bien le temps de voir d'un œil leurs réactions et pourrai aviser en fonction. Et j'ai bien de quoi commencer avec le reste.

Le temps passe sans que je ne le vois passer. Distraitement, le verre à la main, je vois un inconnu murmurer un truc à l'oreille de Monica. Je n'y aurais pas prêté plus d'attention que ça si elle n'avait pas tiré une grimace en conséquence. Elle n'est pas du genre à se laisser facilement perturber, cette fille. Je commence à la connaître, au fil de nos réunions, c'est une battante. Je repose mon gobelet pour aller la voir. On ne peut pas spécialement dire qu'on soit amies, mais si elle a besoin d'aide, je peux bien lui accorder. Mais lorsque je lui propose, j'ai le droit à un « Euh, il vaut mieux qu'on en parle un peu plus à l'écart, si tu veux bien. » Même si elle ne sait pas ce qu'elle fait - ça se voit sur son visage - je la suis vers une vieille porte, rouge et rouillée. Avec la basse forte à en faire trembler les murs, je ne comprends pas toutes ses explications.

- Un petit plains… loqué la por… faire sa fête. Tu viens ?

Je hoche la tête, un peu par réflexe. Ça me fera du bien de m'éloigner un peu de cette musique. La porte grince lorsqu'elle l'ouvre, mais personne ne semble nous remarquer. En vrai, personne ne vient dans cette partie de l'école, donc ça pourrait n'être qu'une simple remise, pour ravitailler en boisson ou je ne sais quoi. Et puis personne n'a non plus envie de ruiner la soirée. Mais en vrai… Ce n'est qu'un couloir.

Monica hésite. Elle ne connaissait pas plus que les autres le chemin pour sortir du bâtiment. « C'est pas là » m'affirme-t-elle, mais elle pourrait tout aussi bien avoir choisi par hasard. Nous passons devant plusieurs salles de classe, qui me semblent anormalement normales. Le mobilier a l'air assez ancien, oui, et quelques néons clignotent, mais ce ne serait pas surprenant de la direction de faire des économies dessus.

- Dis, tu sais pourquoi l'aile est abandonnée ? » Monica me jette un regard étonné. « Et bien, c'est vrai, pourquoi personne n'étudie ici ?
- Tu n'as jamais entendu les rumeurs ? Oh, promotion indigne que nous sommes… Il paraît que le bâtiment est… hanté !
- Ha, c'est super ça. Depuis quand la direction croit à ces superstitions débiles … ?

Ma guide hausse les épaules.

- Tu sais, je l'ai entendu, moi aussi. Le chant d'une femme de notre âge. On dit qu'elle a sauté de l'étage, même si personne n'est d'accord sur pourquoi.

Alors si elle croit en ces bêtises, je ne sais pas quoi répondre. Je n'ai pas envie de la blesser, mais il faut avouer, on a quand même un bon aperçu de l'après la mort par l'étude des pokémons spectres. A part une momartik, mais qui n'est pas réputé pour sa mélomanie, je ne vois pas de quoi il pourrait s'agir.

- Tu ne crois pas que ce n'était qu'un canular ? Comme cette histoire de porte d'entrée.
- Non, c'était… Je ne sais pas comment dire. Mais cette voix, elle était réelle, c'est une certitude.

Son aplomb commence à me faire douter. Je ne me sens pas en sécurité, surtout sans savoir ce que c'est. Evidemment, ça ne peut pas être cette jeune femme. C'est impossible. Depuis le temps, on le saurait. Mais alors quoi ? Un simple pokémon ? Et personne n'aurait jamais rien vu ? Ridicule.

Je sursaute en entendant un bruit de verre cassé derrière nous. On dirait que la lampe à explosé. C'est la première fois que j'assiste à ça, et c'est surprenant. Ça aurait pu être celle au-dessus de nos têtes… Je veux bien croire qu'elles s'allument rarement, mais tout de même. Puis le couloir entier se plonge dans le noir et la réponse rationnelle commence à s'étioler. Nous avons juste le temps d'échanger un regard et de sortir nos téléphones qu'une mélodie s'élève, m'ôtant avec douceur mes derniers espoirs de parvenir à une explication satisfaisante. « Mais, c'est… » Une lumière bleutée se devine depuis une intersection pas si lointaine. Monica est plus rapide que moi. « Cours ! » Nos pas résonnent dans les couloirs déserts. Quelque soit la créature, elle nous poursuit. Je me fais rapidement distancer et, avec nos virages aléatoires pour tenter de la perdre, c'est nous qui nous perdons de vue. Je la maudis intérieurement de m'avoir abandonné, mais je ne peux pas non plus lui en vouloir de sauver sa peau. Dans tous les cas, ce ne devait pas être assez fort, car l'aura bleuté m'a manifestement choisie comme cible. Le chant est de plus en plus agressif et je n'ai absolument aucune idée d'où je me trouve. Comment m'enfuir ?

Au dernier virage, je passe une porte au hasard et je ferme derrière moi. Je m'écroule contre, appuyant du poids de mon dos pour l'empêcher de s'ouvrir. Peut-être que la créature ne saura pas que je suis là ? Ou qu'elle est bien incapable de franchir de la matière solide, comme la plupart des êtres de chair ? Après de longues secondes, la lumière vient éclairer le fond de la salle au travers de la micro fenêtre percée dans le battant de bois. Je n'ose pas bouger. Ni la regarder directement. Ce n'est pas que je crois aux légendes type pétrification, mais peut-être que ça réveillera sa fureur ? Mais malgré mon détachement apparent, la bête ne bouge pas. Ni la luminosité ni la chanson ne changent.

Puis j'entends frapper. Une fois, puis deux, et il me semble reconnaître des griffes qui raclent contre le bois. Je perds le contrôle de ma respiration. Puisqu'elle sait que je suis là, pourquoi m'empêcher de m'oxygéner correctement ? J'ai rarement autant couru ces dernières années, je suis épuisée, mais je n'ai pas le temps de me laisser aller. Dans une tentative désespérée, je tente de lui parler.

- Je suis désolée ! Vraiment, je… Je ne sais pas qui tu es et pourquoi il t'es arrivé ce qui t'es arrivé, mais je n'aurais pas dû nier ton existence !

Un nouveau coup de griffes, beaucoup plus lent, vient répondre à mes excuses. Il n'y en avait pas eu un seul pendant que je parlais. Je ne sais pas si c'est la voix humaine ou mes propos qui l'avaient apaisée, mais dans le doute, je poursuis.

- Et je suis désolée que tu ais dû en arriver là. Ça a dû être terrible pour que ce soit la solution, mais je ne suis pas comme ça ! Je ne suis pas comme ceux qui t'on fait du mal. Je ne veux blesser personne et, même si ça m'arrive parfois, je te jure que ce n'est pas ma volonté initiale.

Un son guttural me fait prendre conscience que le chant est terminé, mais la lumière, elle, est toujours là, à me faire frissonner. J'ai l'impression d'être jugée, comme pour analyser si ce que je dis est vrai ou non. Je dépose mon téléphone à terre, ferme les yeux et me relève. La créature doit voir le sommet de mon crâne, mais ce n'est pas grave. Toujours dos à la porte, j'arrache les ailes factices, puis ma jupe mauve. Ma raison me harcèle d'avertissements mais je ne l'écoute pas. Je me laisse porter par mon instinct et continue d'enlever tous mes artifices. J'efface comme je le peux mon maquillage à la main. Avec la sueur, le résultat doit être affreux, mais j'ai le sentiment que c'est la meilleure chose à faire avant mon jugement. Puis j'annonce :

- Je vais me tourner, maintenant. J'ai peur de ce qui va se passer, je n'ai aucune envie de mourir, mais je vais le faire. Je vais ouvrir la porte et vous regarder droit dans les yeux. Je veux comprendre ce que j'ignore, et peut-être que vous pourrez me l'expliquer ?

Mon cœur palpite. Je remonte un fil fragile sans savoir où il me mène. A ma mort, peut-être, ou à quelques années de répit. Mais aussi frêle soit-elle, c'est la seule piste que je distingue dans l'obscurité. Les yeux toujours clos, je m'active. Lorsque je les ouvre, je n'ai pas le courage que ce soit en face, mais plutôt par terre. Je ne lève le regard que lorsque je tire la poignée vers moi. Mais la lumière avait disparu. Tout avait disparu. Il ne restait que le couloir sombre et, à première vue, vide.

Je ramasse mes affaires, sous le choc, en essayant de me persuader que tout est fini. Mais, même après que l'éclairage habituel se soit rallumé, je n'ose pas y croire avant d'être sortie du bâtiment, où Monica m'attend et me prend dans ses bras. « Quel soulagement que tu ailles bien ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Je jette un regard en arrière et, l'espace d'un instant, je distingue la silhouette de quelqu'un par la fenêtre.

- Je… Je crois qu'il vaut mieux garder ça pour nous.

De toute façon, on ne nous croirait pas.


Team Palkia
Frisson déguisé Kate_s16
Kate parle en #5f7e78.
Image originale de l'avatar par Leavy
Autres comptes :
Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Master Poké :: Le Pokémonde :: Région Kalos - 6E G E N :: Romant-sous-Bois :: [Event Halloween] La maison hantée :: Zone rp-