Luna et Florent s'occupaient comme ils le pouvaient, dans l'accueil d'un cinéma, en attendant que la séance spéciale "frissons" pour Halloween ne commence.
- Pour rester dans le thème de la soirée... Une expérience paranormale que tu as déjà vécue.
Luna prit le temps de la réflexion. Qui ne dura pas longtemps.
- Tu vois la cabane hantée près de Lavanville ?
- Oui. On passe régulièrement devant.
- C'est vrai. J'avais genre 16 ou 17 ans. C'était une fin d'après midi, fin octobre, certainement le soir d'Halloween même. J'étais sur la route pour rejoindre Lavanville pour y passer la nuit. Kero était avec moi. Bref, je passe donc non loin de la cabane. À proximité, j'entends pleurer. J'hésite un peu, mais...
... mais je me dis qu'il y a peut-être un Pokémon qui a besoin d'aide, alors je vais voir. Devant la cabane, je vois un gamin agenouillé sur le sol, en pleurs. Il m'entend quand même arriver et se tourne vers moi.
"S'il vous plaît madame, aidez-moi" il me dit. Je lui demande ce qui se passe. "C'est mon Caninos... Geist... Il est rentré dans la cabane... Il est pas ressorti... Ça fait super longtemps... J'ai peur pour lui. Vous voulez bien aller le chercher... s'il vous plait..."
Je regarde la cabane avec appréhension. Je connaissais déjà sa réputation à l'époque, j'avais vraiment pas envie d'y foutre les pieds. Surtout avec la nuit qui approchait. Mais je peux pas rester sans rien faire. Alors, je rassure le gamin et m'approche de la maison. La porte d'entrée est entrouverte. Je jette un dernier regard derrière moi, sur le gamin qui a perdu son Pokémon, avant de la pousser et de pénétrer à l'intérieur.
Tout l'intérieur était sale et délabré. Il restait encore plein de meubles tellement recouverts par la poussière qu'ils paraissaient gris. Il y avait assez peu de tag ou de déchets récents. Avec la réputation qu'elle se trainait, c'était pas étonnant. J'étais super pas rassurée de me trouver là. Je me rappelle avoir appelé le Caninos, mais il n'a pas eu de réponse. Alors, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai commencé à m'avancer un peu plus dans la maison.
À chacun de mes pas, les lattes du plancher grinçaient. C'était, avec les pleurs de l'enfant qui me parvenaient toujours de l'extérieur, le seul bruit que j'entendais. Au moins, je me disais que ça pourrait m'aider à localiser le Caninos. Et que s'il y avait quelqu'un d'autre, comme un serial killer, bah, je l'entendrais arriver. Bizarrement, ce craquement me rassurait un peu.
Bref, je commence la recherche par le rez-de-chaussé. La nuit était en train de tomber, mais, grâce aux fenêtres, on voyait encore assez clair. Je vais dans la cuisine, j’appelle le Pokémon. Rien. Je poursuis dans le salon et toujours rien. Rien que de vieux meubles abîmes par le temps et des tonnes de poussières. Même pas la moindre apparition ou phénomène bizarre. Alors, je commence à me dire, que c'est juste une maison abandonnée sans fantôme ni rien et que les rumeurs sont sans fondement. Donc, je commence à reprendre un peu d'assurance. Bon, pas totalement non plus, mais assez pour poursuivre les recherches jusqu'au sous-sol.
Je trouve la porte qui donne sur l'escalier qui y mène sur la cloison qui constitue le dessous l'escalier qui mène au premier. Je l'ouvre dans un bruit de grincement pas possible. Je jette un coup d’œil avant de descendre. Le noir complet. Total. Le peu d'assurance que j'avais regagné fond comme neige au soleil. Pourrait y avoir n'importe quoi qui m'attend en bas. Mais bon, j'attrape Kero dans mes bras pour pouvoir le serrer contre moi pour me rassurer. Et pour profiter de la flamme de sa queue pour m'éclairer aussi. Super stressée, je commence à descendre.
Sans surprise, l'escalier est en piteux état et craque à chaque marche. Je transfère tout le poids de Kero sur un seul bras pour pouvoir me tenir à la rambarde de l'autre. Et surtout, je prie pour que l'escalier supporte mon poids et ne s'effondre pas sous mes pieds. J'ai failli glisser plusieurs fois si je ne m'étais pas retenu à la rambarde de ma main libre. La descente est super longue. Plus je m'enfonce dans les ténèbres, plus mon petit cœur s'affole. Mais je tiens bon. Pour le Caninos. Finalement, j'arrive en bas sans problème.
Arrivée sur le palier de l'escalier, je me tourne sur la gauche pour observer le sous-sol. De ce que je peux voir grâce à la flamme de Kero, il y a des cartons partout. Au sol, sur des étagères, des piles le long des murs. Certains sont éventrés et des tas d'objets et de babioles en dégueulent. C'était impressionnant et un peu flippant dans son genre. Je saurais pas te dire pourquoi, mais tout ce bazar me mettait mal à l'aise. J'ai pas envie de m'éterniser, alors, j'appelle une nouvelle fois Geist, mais toujours sans réponse. Tenant toujours Kero, mais dans mes deux bras, je commence à m'avancer. Peut-être que le Caninos est endormi tout au fond.
J'avance en observant surtout le sol, je pousse certains cartons des pieds pour pouvoir progresser. D'un coup, je remarque que c'est légèrement plus lumineux vers le fond de la pièce. Je pense que c'est une attaque feu du Caninos alors, je redresse la tête et là, mon sang se fige. C'est pas du tout le Caninos mais... une espèce de sphère lumineuse qui brille au-dessus des cartons. Je suis totalement paralysée. Et puis voilà qu'à côté de la grande, une plus petite apparait. Je te raconte pas la frayeur que j'ai eue. Même si d'après les rumeurs, elles sont pas hostiles, elles ne le semblaient pas en tout cas, j'avais la putain de trouille. Et rien ne me disait qu'elles ne pouvaient pas le devenir. Doucement, comme pour pas énerver les spectres, je me mets à reculer. Je les lâche du regard que pour reprendre l'escalier. T'imagines pas la difficulté que j'ai eue de me retenir de courir dans l'escalier. Donc, j'arrive en haut, je dépose Kero au sol et je referme la porte qui mène au sous-sol.
Et là, je t'avoue que j'étais sur le point de partir. J'étais prête à abandonner le Caninos dans la maison. J'ai un peu honte de l'avouer, mais les rumeurs semblaient vraies, alors j'avais qu'une envie : me barrer. Je me rapproche de la porte qui était restée ouverte depuis tout à l'heure. Je vois dehors, le gamin a disparu et je ne l'entends plus pleurer. Je me dis que son Caninos à trouver le chemin pour sortir tout seul. Bref, j'essaie de me rassurer le plus possible pour ne pas trop m'en vouloir de me barrer.
Sauf qu'au moment de passer le seuil de la porte, j'entends aboyer. Et ça vient pas de dehors, mais de l'intérieur de la maison. De l'étage pour être précise. Je me fige, ne sachant plus quoi faire. J'entends une nouvelle fois le Caninos, mais pas un simple aboiement cette fois-ci. Plutôt un grognement. Comme s'il était en danger. C'est ce qui m'a décidé à ne pas partir. Je n'aurais jamais pu me regarder dans une glace si je l'avais abandonné volontairement. Même si ça voulait dire affronter les fantômes de la maison.
Je me rapproche de l'escalier qui mène au premier. Je monte quelques marches. Elles grincent comme tout le reste. Et là, d'un coup, un tremblement. Tout l'escalier se met à trembler. Et là, l'horreur, je vois apparaître, en haut de l'escalier des Mimigal. Beaucoup. Beaucoup trop. Elles avancent vers moi sans se presser, mais elles avancent quand même. C'est leur poids sur le palier de l'étage qui fait tout trembler. Naturellement, je hurle et fait demi-tour. Je me retrouve donc dans l'entrée devant... la porte fermée. Je comprends pas, elle était ouverte quelques secondes plus tôt. Je me jette dessus, j'essaie de l'ouvrir. Ça ne marche pas. Elle est fermée et refuse de s'ouvrir. Je tambourine dessus. Je commence à pleurer. Je veux sortir d'ici. Tant pis pour le Caninos. Une fois dehors, j'irais voir les flics ou n'importe qui pour qu'ils gèrent, mais là, c'est trop pour moi. Je veux juste sortir d'ici. Et puis, là, j'entends la voix du gamin. Mais super chelou. Elle semblait provenir de partout et de nulle part à la fois. Elle me dit juste « Mon Caninos... Ramène-moi mon Caninos... ». Toute la maison commence à trembler à cause du poids des araignées. Je tambourine encore plus. Kero en fait de même. Et, je sais pas pourquoi, je me retourne. Et là, je vois la vague de Mimigal à quelques mètres de moi. Je hurle encore plus et d'un coup, c'est le noir. Je m'évanouis.
Je reprends connaissance de longues heures après. Le jour commence même à filtrer par les fenêtres. Kero est évanoui contre moi. Au début, je pense qu'il est... mort... alors, je panique et le secoue fortement, la peur au ventre qu'il ne se réveille pas. Mais il reprend vite connaissance lui aussi. T'imagines pas le soulagement. Je cherche des traces des Mimigal. Aucune. Comme si elle n'avait imaginé et que c'était une hallucination. À la place, à quelques mètres de moi, j'aperçois Geist. Il est assis et me regarde. Je réfléchis pas. Je me redresse et le prends dans mes bras. Il semblait un peu... mou... mais sur le coup, je fais pas gaffe plus que ça, je mets ça sur le compte de sa fourrure épaisse. Je me tourne ensuite vers la porte. Il est temps de se barrer d'ici. Et si la porte veut toujours pas s'ouvrir, je passerai par la fenêtre. Sauf que. La porte est maintenant grande ouverte. Je comprends pas, mais je prends pas le temps d'y réfléchir, je sors sans tarder. Le bien fou que j'ai ressenti en me retrouvant à l'air libre, c'était incroyable. Je m'éloigne le plus possible avant de poser le chien que j'ai dans les bras par terre. J'appelle le gamin. Je pensais qu'il serait fou d'inquiétude et serait dans le coin, mais il ne répond pas.
Et là, j'entends du bruit venant de derrière moi, de la maison. Pensant que c'est lui, je me retourne. Et là, je le vois debout, sur le porche de la maison, son Caninos assis à côté de lui. Il me fait un sourire et un geste de la main. Et puis, sans que leurs pieds ne bougent, ils reculent, tous les deux, sans me quitter des yeux, jusqu'à pénétrer dans la maison. La porte se referme sur eux.
Et voilà, fin de l'histoire.
- Ouah... C'est... vraiment arrivé... ?
- Ouais...
- T'as fait quoi après... ?
- J'ai foncé au Centre Pokémon de Lavanville. Je m'y suis enfermée pendant une semaine complète. Je sortais que pour acheter à manger au distributeur et je crois que la télévision a tourné non-stop sur des programmes débiles et rigolos pendant cette période. Même quand je dormais. J'avais besoin de légéreté, je crois.
- J'aurais fait pareil !
- Toi ?
- En tout cas, je prends note de ne pas t'emmener là-bas en vacances !
- Très drôle.
- Tu veux toujours aller à la séance « frissons » ?
- Pourquoi pas. Tu seras là pour me protéger cette fois. Ça me fera une excuse pour me coller contre toi.
- Malin. D'ailleurs, la salle vient d'ouvrir. On y va ?
- J'arrive !
2050 mots
Bouh ! Merci pour l'event
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