Aujourd’hui, je rentre d’un voyage à Hoenn qui aura duré quelques jours seulement. Je prévoyais partir beaucoup plus longtemps pour y effectuer des captures et revenir à la maison avec une plus grande collection de pokémons, mais j’ai rencontré beaucoup trop de complications là-bas pour que j’y reste jusqu’à terme. Heureusement que j’ai pu annuler ma réservation à l’hôtel et changer de vol à la dernière minute. Si ça n’avait pas été le cas, je serais resté à Hoenn jusqu’à ce que je puisse rentrer, mais j’aurais abandonné l’idée de capturer de nouveaux pokémons, car c’est juste impossible avec ma condition. Absol est avec moi et malgré qu’elle fasse de son mieux pour m’aider, je n’y arrive tout simplement pas. Il y a trop de bruits, trop de suppositions et surtout trop d’endroits que je ne connais pas bien pour y être complètement à l’aise. Je n’avais encore jamais ressenti cela et force est d’admettre que nos plans à Madison et à moi vont devoir êtres changés.

Après être descendu de l’avion, je me suis dirigé vers la gare la plus près, car il y a encore du trajet à faire entre Doublonville et Oliville. Hors de question d’y aller à pied et c’est aussi inenvisageable que ma copine soit venue me chercher jusqu’ici. Elle a déjà beaucoup de chose à faire à la maison et je ne lui en veux pas de ne pas prendre sa voiture pour ça. Je suis capable de me débrouiller seul, le train ça me connait et avec Absol il ne peut rien m’arriver de grave. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’arrive jusqu’au guichet et même s’il semble y avoir la foule à la gare, je n’ai pas besoin d’attendre bien longtemps avant que ce soit mon tour. Toujours poli, je salue la dame qui y travaille en lui demandant un billet pour ma ville d’adoption, ce qu’elle fait sans plus de cérémonie. Après le paiement, elle me souhaite une bonne journée avant de passer à son prochain client et je suis désormais libre d’aller où je veux dans la gare en attendant l’arrivé de mon train.

Tout en marchant, j’essaie d’imaginer à quoi ressemble l’endroit, mais il y a tellement de bruit qui se répercutent sur les murs du bâtiment que j’ai vraiment du mal à m’orienter dans l’espace. Au bout d’un moment, je décide de lâcher prise et de simplement laisser ma compagne me guider. Celle-ci m’emmène dans un coin un peu plus tranquille où je peux m’asseoir sur un banc qui est disponible et il ne me reste plus qu’à attendre l’annonce de mon train. Normalement je n’aurais pas à attendre très longtemps, mais sait on jamais. Tout de même rassuré d’être sur place, je m’installe sur le banc et je laisse ensuite mes mains parcourir la douce fourrure de Absol qui s’est assise à mes côtés.

Pendant cette attente, je repense à ce que j’ai fait et je redoute déjà la réaction de Madison. Je ne pense pas qu’elle sera furieuse, elle réussira surement à comprendre mon dilemme, mais elle sera sans doute déçue. Elle me faisait confiance pour que je rapporte tout plein de pokémon originaires d’Hoenn et au final, je reviens qu’avec deux créatures dans les poches. Rien d’impressionnant ou de vraiment intéressant, mais il va falloir faire avec. C’est mieux que rien mais il va clairement falloir réajuster le tir pour mon prochain voyage.

Un très beau Nosférapti apparait
Il est niveau 17

À mon plus grand soulagement, je n’ai pas besoin d’attendre très longtemps avant que le train n’arrive en gare. Ça change un peu du temps d’attente à l’aéroport qui nous oblige à nous pointer sur place des heures avant le décollage. Je comprends que cela soit important pour éviter d’avoir à attendre ou d’oublier des passagers qui feraient ensuite des plaintes à la compagnie, mais je trouve le processus un peu abusé. Les trains sont beaucoup plus accommodants et facile d’accès en général, surtout que j’ai moins d’une heure à faire avant d’arriver à la maison. Je serais bientôt rentré et je pourrais prendre un bon bain pour me détendre après avoir raconté ma pseudo défaite à Madison.

Un énième appel retenti dans la gare, cette fois-ci annonçant le train se dirigeant vers l’ouest, donc vers Oliville. C’est celui-là que je dois prendre. Quelques secondes après l’appel, j’entends un bruit qui se rapproche de plus en plus, comme un véhicule lancé à toute allure. Ce n’est pas bien difficile de comprendre que c’est le train et avec le courant d’air qu’il emporte avec lui dans le bâtiment, je fais de mon mieux pour garder le cap. Absol me dirige vers l’une des portes qui s’est ouverte et je dois ensuite jouer un peu des coudes avec les autres passagers afin de me trouver un siège libre. Heureusement pour moi ce n’est pas l’heure de pointe encore, le train est assez rempli mais pas non plus trop bondés et je n’aurais pas besoin de rester debout pour le trajet. Je dis ça car cela m’est déjà arrivé de me retrouver dans cette position malgré mon handicap parce que les gens assis ne voulaient pas céder leurs places, même ceux étant sur les sièges conçus à cet effet.

Néanmoins, je parviens à trouver une place dans le premier wagon, dans l’espace réservé aux personnes à mobilité réduite. Je dois avouer que j’en suis soulagé et je vais pouvoir me poser pendant le trajet sans me soucier de rien. Fidèle à ses habitudes, Absol vient s’asseoir juste à côté, au niveau de l’allée, mais elle ne semble pas gêner les gens qui circulent de temps en temps. Je ne suis peut-être pas en mesure de le voir par moi-même, mais certains enfants présents dans le wagon n’arrivent plus à détourner les yeux de sur elle. Il y a des murmures et parfois de l’agitation lorsque les enfants essaient de grimper sur les sièges pour mieux voir, mais je suis tellement plongé dans mes pensées que je ne me rends compte de rien. C’est vrai qu’elle est imposante, surtout avec son harnais, mais les pokémons ne sont normalement pas tolérés dans les transports en communs, sauf pour les pokémons d’assistance comme elle, alors c’est normal qu’elle attire autant la curiosité.

Le train reprend rapidement sa route en direction de l‘ouest et tranquillement, le calme revient dans l’habitacle. Seules les petites secousses se font entendre à intervalle régulier et je sens que je pourrais très vite m’endormir si je n’étais pas aussi nerveux de rentrer à la maison. Je m’inquiète vraiment de la réaction qu’aura Madison quand je lui annoncerai la mauvaise nouvelle. Elle n’est pas du genre à s’énerver pour rien, mais comme elle tient à ce projet et qu’il nous touche tout les deux, elle pourrait en être plus affectée que d’habitude.

Le trajet se passe sans encombre et lorsque l’on annonce le prochain arrêt depuis les hauts-parleurs du train qui s’avère être Oliville, je me prépare déjà à descendre. Je commence à avoir l’habitude de voyager de cette façon, alors la sortie se passe bien et puis Absol fait toujours son travail comme il se doit. Une fois sur le quai, je fais quelques pas pour me dégourdir un peu les jambes après être rester assis aussi longtemps et dans un grincement strident, le véhicule sur rail se remet en marche pour poursuivre sa route jusqu’au terminus. Je dois avouer que je ne suis pas mécontent d’être revenu chez moi et Madison devrait déjà être là pour me ramener à la maison. Malgré que je ne sois parti depuis quelques jours seulement, j’ai l’impression d’avoir été en voyage pendant un mois entier. C’est vrai que j’ai souvent le mal du pays quand je m’aventure longtemps dans une autre région.

Sans surprise, j’entends une voix de femme non loin qui semble se rapprocher de ma position. Étant donné que je m’attendais déjà à y retrouver ma petite amie, je ne suis pas étonné de reconnaitre sa voix malgré le bruit et l’agitation de la gare.

- Si ce n’est pas le dresseur que j’attendais !

Toute souriante, la rousse écarte les bras en s’approchant de moi pour pouvoir m’accueillir comme il se doit. Agréablement surpris, je ne peux m’empêcher de pouffer légèrement et j’entoure maladroitement ses hanches alors qu’elle pose ses mains sur mon visage pour pouvoir m’embrasser.

- Tu m’as manqué et je suis contente que tu sois de retour. Ça s’est bien passé à Hoenn ? Tu as capturé beaucoup de pokémons ?

C’était inévitable qu’elle me pose la question comme ça dès le début et je ne sais vraiment pas quoi lui dire. Au fond de moi j’ai envie d’être honnête avec elle, Madison et moi n’avons jamais eu tendance à nous cacher des choses, mais j’ai tellement peur de la décevoir que je pense essayer de camoufler la vérité avec un pseudo mensonge. Je vais peut-être m’en mordre les doigts plus tard, mais vraiment je ne sais pas quoi faire pour apaiser cette situation.

- Oh oui... c’était génial. Il a fait beau tous les jours là-bas et j’en ai profité, je me suis beaucoup balader.

Aussitôt, la jeune femme sent que quelque chose ne va pas. Perplexe, elle fronce les sourcils et plonge son regard dans le mien même si je suis incapable de la voir, mais c’est un réflexe qu’elle a toujours eu, de se comporter avec moi comme si je voyais tout comme tout le monde. Elle sent qu’il y a anguille sous roche malgré tous mes efforts de paraitre crédible et je ne sais pas pourquoi, mais son silence me fait comprendre qu’elle doute de mes paroles. Fait chier.

Mal à l’aise, je ne sais clairement plus sur quel pied danser. Je n’ai aucune preuve que Madison doute de mes paroles mais le silence qui s’est installer entre nous me parait plutôt évident. Elle n’a pas l’habitude de se taire comme ça, surtout pas après de telles retrouvailles où il est évident qu’elle est heureuse de me revoir. Ma copine a toujours été un peu surexcitée, alors quand elle ne dit plus rien, c’est souvent mauvais signe. Je pourrais très bien lui demander ce qui ne va pas, mais cela va lui mettre le doute si ce n’est déjà pas le cas. Il vaut mieux que je reste silencieux et que je fasse comme si de rien n’était pour ne pas mettre de l’huile sur le feu, de toute façon elle abordera bien le sujet elle-même si elle est inquiète.

- Bon et bien, tant mieux. J’imagine que tu as hâte de rentrer à la maison. Rien n’a vraiment changé en ton absence, mais... il se pourrait que j’ai cuisiné ton repas préféré pour ce soir !
- C’est vraiment trop gentil, lui répondis-je en souriant jusqu’aux oreilles. Tu es vraiment la meilleure.

Après tout, ce n’est pas tous les jours que je pars en voyage comme ça, surtout que ce voyage était dans un but professionnel pour tous les deux. Madison ne m’accompagnait peut-être pas, mais les captures que je devais faire à Hoenn étaient pour nous deux étant donné que nous partageons le même désir de collectionner tous les pokémons du monde. Comme nous l’avions convenu, ce sera à son tour de partir quand elle se sentira prête à le faire et ce, dans la région qu’elle choisira. Elle aura sans doute plus de chance que moi et en général, elle se débrouille mieux pour débusquer les créatures sauvages, tandis que je gère mieux les combats. Le mieux aurait été que nous fassions toutes ces démarches ensemble, mais le fait de nous séparer et d’alterner nos voyages avait pour but d’accélérer l’accomplissement de notre rêve commun. Je ne sais plus trop si c’était la bonne décision, mais nous aurons tout le temps d’en discuter une fois de retour à la maison.

- Aller viens, la voiture est par là-bas. Elle n’est pas très loin.

La rousse repart aussitôt comme une fusée dans une direction que je ne saurais identifiée, mais Absol est là pour me permettre de suivre la jeune femme partie trop vite. Au bout de ses griffes qui raclent le sol à chacun de ses pieds, je crois deviner que nous nous trouvons dans un grand espace goudronné, probablement le parking de la gare. J’arrive à entendre des moteurs de voitures qui grondent un peu plus loin et j’ose croire que la rue où elles circulent n’est pas très loin de notre position actuelle. Néanmoins, je continue d’avancer en silence, faisant entièrement confiance à ma compagne pour me mener en lieu sur. Celle-ci s’arrête finalement à la hauteur de la voiture bleue qui appartient à Madison puisqu’elle l’a reconnue de loin et d’une simple palpation, je sens la carrosserie froide et ferme du véhicule. J’imagine que nous sommes arrivés à destination. Encore quelques minutes de route et je pourrais enfin souffler.

Malgré ma maladresse apparente, je parviens à ouvrir l’une des portières arrière pour y faire entrer Absol. Je sais bien qu’elle viendrait avec moi sur le siège passager si elle le pouvait, mais l’espace est beaucoup trop étroit pour nous deux. Et puis, ce n‘est pas comme si j’avais besoin de son aide pendant le trajet et le fait qu’on soit séparés peut lui permettre de se reposer un peu. Ensuite, elle aura tout le temps de souffler une fois que l’on sera arrivé à la maison, car c’est bien le seul endroit sur terre où je n’ai pas vraiment besoin d’être guidé. Je me débrouille assez bien pour me repérer à travers les différentes pièces et j’utilise toujours mon bâton pour scanner les alentours. Certes, si j’ai besoin d’aide, je sais qu’elle sera toujours là, tout comme Madison, mais cela reste rare. Cela serait différent si on allait visiter une autre maison qui me serait totalement inconnue.

Afin de soulager mon dos et mes épaules, je dépose aussi mes sacs à l’arrière sur l’autre siège et je prends ensuite place du côté passager alors que ma copine démarre le moteur. Je n’ai jamais été très à l’aise en voiture, mais je dois avouer que mes craintes se sont énormément apaisées depuis que je me déplace avec elle. Ma mère n’était clairement pas une personne de confiance avec qui se déplacer et mon beau-père l’était encore moins. Madison me semble être une bien meilleure conductrice que ces deux-là, même s’il y a des moments où elle s’énerve au volant quelques fois. J’imagine que ça peut arriver à tout le monde.

- Bon alors, raconte-moi tout ce qui s’est passé. Tu as fais de nouvelles découvertes ? Est-ce que tu as rencontré des gens ? Tu as fais des combats peut-être ?

La voiture roule sur la route depuis à peine quelques secondes que déjà la jeune femme ne peut plus garder le silence. Je ne sais toujours pas si elle a avalé mon pseudo-mensonge, mais il est évidemment qu’elle se doutera de quelque chose si je reste silencieux trop longtemps.

- Oui, heum... J’ai fait quelques combats, c’est vrai. Ça m’a permis de gagner un peu d’argent.
- Tu es vraiment incorrigible là-dessus. Tu ne peux pas t’en empêcher.
- Je suis désolé mais quand quelqu’un me sous-estime à cause de mon handicap, la seule chose dont j’ai envie c’est de lui donner une bonne leçon. Et puis, Absol avait besoin de se dégourdir les pattes.

Elle n’est clairement pas mon starter pour rien. C’est une des seuls membres de mon équipe que je peux lâcher sans lui donner d’ordre et elle sera capable de se débrouiller toute seule afin de emporter son combat, même face à un type efficace contre elle. Son nombre de victoire est impressionnant et je peux toujours compter sur elle lorsque j’ai besoin de faire mes preuves. Au moins, avec son intervention ce jour-là, ça aura fait fermer le clapet de ce jeune prétentieux.

Un Fantominus flotte devant vous. Il est niveau 14.

La voiture bleue continue de filer à travers la ville, passant devant plusieurs bâtiments importants et s’arrêtant aux feus rouges. Oliville a beau être une petite ville côtière, il y a toujours eu beaucoup d’action entre les locaux et le va-et-vient constant des touristes tout au long de l’année qui n’aide pas à rendre les lieux plus calmes. La première fois que je suis venu ici j’étais assez perturbé, cette ville n’a rien à voir avec Azuria qui est mon lieu de naissance, mais je me suis tranquillement fait à toute cette agitation. Heureusement nous n’entendons pas le bruit du centre-ville depuis notre appartement et j’ai envie de dire que c’est le plus important. J’aurais eu beaucoup trop de mal à m’adapter si j’avais toujours des nuisances auditives pour venir me perturber l’esprit. Le point positif dans tout cela, c’est que je peux plus facilement me fondre dans la masse sans risquer de me faire remarquer.

- Et c’est tout ? Tu es aller à Hoenn seulement pour faire des combats ? Tu n’as pas fait de captures ?

Voilà la question tant attendue. Je devais me douter que Madison me la poserait avant qu’on ait eu le temps d’entrer dans l’appartement, c’est encore surprenant qu’elle ne l’ait pas fait directement à la gare. Il est normal qu’elle s’interroge, après tout je suis parti en voyage pour cette seule et unique raison.

- Oh si. J’ai réussi à trouver un Chenipotte et un... Zigzaton ? Oui, je crois que c’est ça son nom.

Perplexe, la jeune femme tourne un regard en coin dans ma direction. Elle se doute bien qu’il y a quelque chose qui cloche et malgré qu’elle soit inquiète, elle ressent un peu de tristesse dans tout cela. Pourquoi son copain ressent-il le besoin de lui cacher des choses ? Elle croyait qu’ils pouvaient se faire confiance mutuellement, mais s’il commence à lui mentir, leur partenariat ne pourra peut-être pas durer.

- Owen... Dis-moi, qu’est-ce qui ne va pas ? Je sais bien que quelque chose te tracasse. D’habitude quand tu pars tu arrives à capturer une bonne dizaine de nouveaux pokémons et là, seulement deux en une semaine. C’est très peu... Après je ne dis pas ça pour râler, ça nous donne quand même deux nouvelles créatures pour notre collection commune, mais... je ne sais pas.

La jeune femme marque une pause comme pour tenter de mieux réfléchir. Le fait qu’elle soit en train de conduire ne doit pas l’aider à trouver les mots.

- Je sais bien que chaque voyage est différent, que plusieurs créatures peuvent se montrer farouches face à nous, mais là... il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. Tu sais que tu peux tout me dire. Nous avons promis d’êtres honnêtes l’un envers l’autre.

Cette fois-ci, elle marque un point. C’est vrai que nous avons fait cette promesse quand nous avons décidé de nous allier pour accomplir notre rêve commun. J’espérais pouvoir me poser d’abord avant d’aborder mes problèmes, mais il semblerait bien que je sois pris de court. Je vais devoir me confier dans cette voiture.

Un court silence s’installe et Madison ne fait rien pour chercher à le rompre. Patiente, elle se contente d’attendre sans quitter la route des routes puisqu’elle est toujours occupée à conduire. Elle ne s’embête même pas à répéter la question puisqu’il est évident que j’ai entendu, si j’ai réagis à tout ce qu’elle a dit précédemment, il n’y a aucune raison pour que ses craintes n’aient pas été perçues. Elle doit se douter que je prends mon temps pour réfléchir. Je ne sais pas comment aborder le sujet, j’ai terriblement peur qu’elle le prenne mal ou qu’elle se vexe pour un rien, même si ce n’est pas vraiment son genre.

- J’ai... j’ai eu des difficultés à trouver des pokémons, voilà pourquoi je n’en ai capturé que deux en une semaine.

Intriguée, la jeune femme fronce les sourcils, mais elle ne dit toujours rien pour me laisser poursuivre. La dernière chose dont elle a envie c’est de m’interrompre dans un moment aussi important.

- Je n’ai jamais eu de problème à débusquer des pokémons sauvages et à les capturer, mais dans cette région où je ne connaissais rien, j’avais déjà beaucoup de mal à m’orienter. J’entendais des bruits et malgré que je laissais Absol me guider, les créatures s’enfuyait bien avant que j’ai eu le temps de comprendre qu’elles étaient devant moi.

Je n’avais encore jamais vécu ça. Peut-être que la région d’Hoenn est réputée pour avoir des pokémons farouches en comparaison aux autres régions ? Si c’était vraiment le cas, l’un de nous en aurait forcément entendu parler. Je pense que c’est le fait de me retrouver dans un environnement inconnu avec des pokémons inconnus qui a créé cette incompatibilité. Tout cela parce que je suis aveugle, sinon je pense que je n’aurais eu aucun mal à repérer et capturer beaucoup plus de créatures.

- À un moment, j’ai même voulu tout abandonner et revenir plus tôt, mais avec l’avion c’était impossible. J’ai donc persévéré, mais cela n’a servi à rien. J’aurais tellement aimer avoir un appareil capable de détecter les pokémons sans même avoir besoin de les voir.

Ça me parait complètement invraisemblable, mais pour le coup ça m’aurait grandement aider. On peut toujours rêver. Je ne sais pas trop ce que l’on pourra faire par la suite si je n’arrive plus à faire des captures. Est-ce que Madison devra toujours se taper les voyages afin d’agrandir notre collection commune ? Ça serait injuste pour elle d’avoir à faire ça à chaque fois, c’est aussi pour cela qu’on s’était entendu à y aller chacun notre tour. À moins qu’elle accepte que je rapporte moins de pokémon lors des mes voyages ? Elle est quand même très compréhensive, mais je crains qu’elle perde patience avec moi au bout d’un moment si je ne rapporte que deux ou trois pokémons à chaque fois.

Un Spectrum niv.20 apparait !

Peu à peu, la voiture s’engage dans un quartier un peu plus huppé, un peu en retrait du reste de la ville. Ici, les trottoirs sont larges et bien dégagés, il n’y a aucun déchet en vue, aucune souillure de toutes sortes. Les poubelles sont mêmes enfermées dans un grillage pour éviter qu’elles ne s’égarent n’importe où et il y a quelques arbres qui pousse ici et là dans les rues pour créer un peu d’ombre pour les passants. Il est évident, d’un simple coup d’œil, que ce quartier est plus haut sur la classe sociale que tous les autres. Malgré que je ne sois pas en mesure de voir la beauté de ce quartier, c’est ici que Madison a grandi. Ses parents habitent une villa située un peu plus loin, sur le haut d’une colline qui surplombe les maisons voisines et quand le temps est venu pour elle de déménager et de devoir autonome, elle n’a pas voulu trop s’éloigner de sa famille. C’est assez compréhensible, si j’avais eu une bonne enfance, j’aurais sans doute voulu rester auprès de mes proches.

- Owen, tu t’inquiètes seulement pour ça ? Du fait que tu rapportes juste deux pokémons ?

Alors que l’appartement est bientôt en vu, la voiture commence peu à peu à ralentir le rythme. Perplexe suite à la question de Madison, je fronce les sourcils en attendant la suite.

- Je veux dire... ce n’est pas grave si tu n’as pas capturer autant de pokémon que tu le souhaitais. C’est dommage que ça ce soit mal passé, mais chaque voyage est différent. Si tu veux, la prochaine fois, je pourrais t’accompagner.
- Non c’est bon. Si on commence à s’accompagner l’un l’autre nous risquons de perdre du temps. Il est vrai que nous ne sommes pas pressés, mais il y a beaucoup trop de pokémon à capturer dans ce monde et si nous faisons ça, nous mettrons des années à accomplir notre objectif.

La jeune femme doit admettre que je n’ai pas tord, mais elle ne peut pas se résoudre à me laisser dans le pétrin à chaque sortie. Elle tient trop à moi et de savoir que je galère tout seul lui ronge l’esprit. Nous avions une entente, mais rien ne nous empêche de la modifier suite à certaines complications. Du moins, elle, elle ne voit aucun problème à ça, mais je refuse de lâcher le morceau par rapport à ça. Je ne veux pas que l’on vienne me tenir la main au moindre obstacle que je rencontre, j’ai besoin d’essayer de le gravir tout seul, sans aucune aide extérieure. J’ai besoin de ça pour me convaincre que j’en suis capable, que je ne suis pas une merde à cause de mon handicap et que je suis capable d’agir comme tout le monde. Si Madison vient m’aider à chaque fois que je me plains moindrement, je n’avancerais jamais.

Un nouveau silence s’installe au moment où la voiture s’engage dans le parking privé de notre établissement. Après l’avoir garé à l’endroit convenu, le moteur se coupe enfin et il est grand temps pour nous de sortir avec nos bagages. Il me tarde d’être sous la douche pour pouvoir me détendre un peu après ce long voyage de retour.