Noblesse de sang, noblesse d’argent, bourgeoisie pourrie.
Cette haute société qui se crée, s’invente, s’entretient et toujours domine, tel un inquiétant marionnettiste qui plane au dessus de nous et s’abreuve de notre essence vitale, notre force de travail, nos rêves et nos espérances, notre pouvoir d’achat…
Ils ne s’arrêteront jamais. Cette pourriture qui gangrène tous les aspects de notre société, c’est
eux, et
ils n’ont donc jamais de limites. Car
ils sont déjà à la tête de tout, contrôlent les moindres de nos faits et gestes et ont réussi à prendre le pouvoir dans tous les hauts-lieux, publics et politiques, parmi tous les acteurs de notre quotidien même dans ses aspects les plus banals. Mais non, il leur en faut plus, toujours plus, ogre géant insatiable et nauséabond, dont l’avidité transpire par tous les pores et nous assomme de sa puanteur répugnante.
Ils veulent tout posséder, jusqu’à s’en faire vomir, jusqu'à tout régurgiter pour nous en servir ensuite les restes, dans cette bouillie pâteuse et insipide dont
ils ont le secret, et dont les médias et autres réseaux à leur solde nous abreuvent depuis des années. Car
ils sont partout, réellement partout, même là où, naïvement, on espérait ne pas les voir.
L’information a été reprise dans tous les journaux, toutes les émissions, tous les réseaux sociaux… et pourtant, qui s’insurge ? Personne. Qui parle ? Personne. Qui ose ? Personne. Alors oui, me voilà qui prends ma plume, au nom des bâillonnés, des révoltés moins téméraires, peut-être, ou mal informés. Car on s’abstient de tout nous dire, cela va de soi. Les médias corrompus ou enchainés ne voudraient pas maltraiter la main gantée qui les nourrit, bien entendu. Ah qu’il était beau ce rêve d’une information impartiale, libre et accessible ! Qu’il était beau… mais éphémère ! Rares sont les îlots indépendants qui demeurent (merci le CD [ndlr :
Couaneton Déchainé] de nous permettre de nous exprimer) !
Je parle pour moi. Je parle pour ceux qui, je le sais, se reconnaitront dans mes paroles. Et j’espère que derrière, l’indignation qui est la mienne deviendra la vôtre. Car dans chaque lecteur se cache un indigné, un révolté trop longtemps dupé et asservi.
Sans doute l’avez-vous donc lu ou entendu ? La Ligue 4, noble institution du dressage, haut lieu historique de l’égalité des chances en matière de combat et de stratégie pokémon, va accueillir en son sein le gratin de la noblesse et de la bourgeoisie, ce réseau fermé de culs-bénis, gâtés par la naissance et l’argent (surtout l’argent). Et pour quoi faire ? Une soirée privée, je vous prie. Rien que ça ! Une visite du Stadium de la Ligue 4, qui leur sera exclusivement ouvert, suivie d’une conférence en présence de différents champions, avec surement ce qui s’en suit : petits fours, cocktails, décorations outrancières et animations excessives. Car ce n’est pas rien messieurs-dames, c’est les gens de la haute, ils ne font pas comme tout le monde ! Car rien n’est jamais trop beau pour séduire la sangsue capitaliste. C’est du caviar qu’il leur faut, c’est de la truffe, c’est le buffet du traiteur le plus primé… le tout costumé comme des meringues et autres pingouins en aluminium, le tout brillant à vous en aveugler.
Et tout ça pour quoi ? Pour se faire bien voir, se pavaner au sein de la Ligue ? Je pense plutôt que la raison de tout cela est l’inverse, c’est cette institution complètement ancrée dans notre patrimoine, la Ligue 4, qui en vient à s’abaisser à de telles manœuvres. Alors quoi, le Haut Comité Pokémon est à ce point désœuvré qu’il doit se prostituer entre les mains de telles pourritures ? Le constant manque financier de l’institution n’est pas un secret, les moyens déployés pour accueillir les challengers coûtent. On ne fait pas semblant d’entretenir le mythe, le faste, l’excès, la Ligue 4 et l’Élite 3 veulent rester dans les consciences populaires comme un but ultime à atteindre ! Mais il faut croire que son image se dégrade et que ses coffres s’amenuisent pour en venir à de telles bassesses.
Oui, une bassesse, une trahison, même, selon moi. Car la Ligue 4, au même titre que l’Élite 3 (il ne faut pas oublier qu’au moins un Maître coordinateur est attendu lors de cet étalage vomitif de luxe (qui a dit luxure ?) et d’opulence) n’a pas le droit d’ainsi se corrompre. Elle n’a pas le droit d’ainsi permettre une cérémonie en huis-clos. Elle n’a pas le droit de trier sur le volet qui peut pousser ses portes, évènement exclusif ou pas. Car la Ligue 4 n’a pas à être privée. Elle n’a pas à regarder qui foule son sol. Non, elle n’a pas le droit.
Et je ne dis pas ça en fanatique du dressage ou de ce que représente la Ligue 4 ou l’Élite 3. Ce sont des institutions qui valorisent le mérite, le travail, l’entrainement. Ce sont des lieux dont on se dit, enfant, adolescent ou même adulte, alors que l’on reçoit son premier pokémon « Je vais m’entrainer dur et j’en franchirais les portes ! J’irais les défier. J’irais gagner, même ! ». Car on a le droit de se dire cela. Ces institutions sont libres d’accès et se doivent équitables. C’est leur essence même. N’est-ce pas ce qui est inscrit sur n’importe quelle carte de dresseur ou de coordinateur ? Ces disciplines ne se veulent-elles pas l’apologie de l’égalité et l’équité ?
Alors non, je n’admets pas.
Je n’admets pas que la Ligue 4 et l’Élite 3 s’asservissent ainsi et deviennent des outils capitalistes, des joujoux dans des mains avides qui n’ont qu’un objectif : la recherche du profit. A quand les champions sponsorisés Soda Cool et McPoké ? Des places au Stadium 10 fois plus chères ou des challengers triés sur le volet selon des critères qui n’auront rien à voir avec leurs capacités en coordination ou en dressage ? A quand un droit de défier les champions payant ? A quand une caution imposée aux challengers ? A quand un monopole de la rediffusion ou des horaires décalés pour faire plus d’audience ? A quand un véritable business mercantile ?
Oh, pour bientôt, vous le savez, comme vous et moi. Ne nous leurrons pas ! On parle des Rohan, empire multinational de l’immobilier, qui fleurit en bourse. On parle des Farewell, dont le laxisme sans limite n’a d’égal que la fortune qu’ils amassent à coup de placements judicieux. On parle des Kinomoto, modèle d’aristocratie et de prospection financière dont la spéculation croissante porte à douter. On parle aussi des Livingstone, richissime famille qui fait fortune dans le commerce des tissus précieux. On parle des Grey, famille archaïque que les faibles rumeurs assimilent à la mafia et dont l’héritier psychopathe a fait parler de lui il y a quelques années. Autant de noms qui inquiètent. Des raclures, des millionnaires abjects, des gens prêts à toutes les ignominies pour se complaire dans du pognon acquis sur le dos des autres. Ils ne sont pas là pour simplement admirer le décor. En arrière-plan, on peut s’attendre à tout et n’importe quoi… vont-ils devenir actionnaires (ne le sont-ils pas déjà ?) de la Ligue ou de l’Élite ? Jusqu’où le Haut Comité va aller ? Quels contrats vont-être ou sont signés ? Oh… ne vous attendez pas à ce qu’on nous le dise. Quand on pourra en esquisser le contour, il sera déjà trop tard.
Et là dedans, qu’ils seront beaux nos champions, archétypes de pantins manipulés et dépassés. Ou presque. Ne soyons pas là encore naïfs, avez-vous vu la tête de la nouvelle Ligue 4 ? Un aveugle, pour le quota handicap et tout ce que cela ajoute de pathos. Mais pas n’importe quel aveugle non plus ! En voilà un qui convient bien pour son rôle de champion. En voilà un qui ne sera pas dépaysé. Il saura présenter. Mieux, il connaîtra parfaitement. Qui nous dit qu’il n’est pas le médiateur de toute cette petite réunion de « bonne société » ? Car si vous ne le saviez pas, je me permets d’éclairer vos lanternes : la mère d’Arthur Stockton est baronne, issue de la noblesse d’Algatia. Tiens donc, voilà qui tombe à pic ! … J’ai arrêté de croire aux coïncidences. Pas plus que je ne me laisserais berner par les choix de Chrystal Reid ou Iago Fitzroy au sein de cette Ligue. Galerie des horreurs, cirque hétéroclite pour séduire et adoucir les foules. On parle de discrimination positive ? Je parle de stratégie bien rodée. Il en va de même pour Maceo Bararson ou Dominic Hazel à l’Élite, le premier et sa tronche d’ahurie, le deuxième et sa bonhommie trop excessive pour être honnête. Vous me parlez de Li W. Chi ou Calypso Kanaloa ? Je vous réponds quotas d’exotisme. Ils ne sont qu’une illustration surfaite de notre société, ils sont tous bien beaux, bien rangés, et même ce qui est censé les différencier ne devient que le petit trait de caractère comique bien contrôlé que l’on applaudit mécaniquement, comme dans une sitcom unysienne. Tout cela n’est que populisme. Tout cela n’est que démagogie.
Car oui, les belles institutions que sont l’Élite 3 et la Ligue 4 sont déjà tombées entre leurs mains depuis des années, et c’est un véritable jeu d’échecs qui se joue là-haut. Et désormais, ils ne cherchent même plus à le dissimuler. Le Haut Comité Pokémon mendie, vient picorer sans honte les miettes dans leurs mains sans le moindre respect pour les autres, tous les autres, les fascinés, les enthousiastes, les fans et les véritables amoureux du dressage ou de la coordination. Ceux qui suent sang et eau pour atteindre ce qui est toujours apparu pour eux comme le but ultime. Comment le Comité peut-il ainsi leur manquer de respect ? Comment peut-il accepter de fermer ainsi ses portes à cette foule qui l’a porté aussi haut, qui vient remplir les stades et les dômes, partout dans le monde ? Comment peut-il admettre d’ainsi trier ceux qui méritent qu’on leur accorde de telles intentions ? Comment peut-il mettre de côté ceux qui se sont battus pour faire de ces institutions ce qu’elles sont aujourd’hui ?
Je ne l’admets pas.
Je ne me tairais pas.
Et j’espère que vous aussi, vous serez nombreux, le jour de cette Soirée mondaine, et tous les autres jours encore, à faire entendre vos voix. Pour faire comprendre que nous ne nous laisserons pas asservir sans rien faire. Nous ne laisserons pas nos symboles ainsi bafoués par ce libéralisme sans fin.
C’est ensemble uniquement, qu’on les renversera.
Faisons entendre la voix du peuple qui se bat pour être entendu, qui se bat pour l’égalité.
La voix, c’est vous, c’est nous, c'est moi.
| Signé Scott Welz, du Blackbird, the Voice of the voiceless. |