Le Deal du moment :
Manette DualSense PS5 édition limitée ...
Voir le deal

 
» [modéré] L'Ultime Bouchon.

Jean-Pierre Vanzetti

Jean-Pierre Vanzetti
Dresseur Johto

C-GEAR
Inscrit le : 20/08/2024
Messages : 12

Région : Jotho
Ven 23 Aoû - 14:07
Six heure et quart. Le matin s'étire timidement sur Doublonville, drapant les rues d’un voile pâle qui ne semble pas encore tout à fait décidé à occulter les dernières ombres de la nuit. C’est une grande ville où de vieilles briques orgueilleuse luttent âprement contre la modernité ronflante de tours d’acier, et franchement, c’est plutôt joli à voir à cette heure-ci. Mais pour Jean-Pierre Vanzetti, tout cela n’a pas la moindre fichue importance. Après tout, les batailles architecturales ne l’intéressent pas le moins du monde, et l’art encore moins. Pourvu qu’il y ait des canalisations rouillées à déboucher, des litres de café à boire et clopes sur clopes à fumer un point c’est tout.

Notre protagoniste émerge chaque jour au geignement d’un vieux réveil mécanique, une authentique antiquité qui semble avoir survécu à des décennies d’acharnement du plat de la main. Et le Jean-Pierre, ce matin-là, comme chacun des autres matins depuis plus de vingt ans, il l’éteint d’une main lourde, sa carcasse pesante gémissant sourdement alors qu’il roule hors du lit. Le sol froid de son appartement l’accueille sans la moindre délicatesse, un rappel quotidien que chaque journée doit invariablement débuter par un choc thermique.

Sa première tâche consiste à faire couler un café qui soit à-peu-près digne de porter ce nom. Le petit coin cuisine de l’appartement de Jean-Pierre n’a jamais resplendi de modernité ; c’est un espace où l’utile à mis T.K.O. le bon goût et l’esthétique, mais où chaque objet est à sa place, même si ladite place semble avoir été désignée par une tornade passablement éméchée. Il se traîne donc jusque là, s’empare de son vieux percolateur avec une familiarité presque tendre et entame son office matinal : trois cuillères de café bien pleines, de l’eau portée à la température idéale (mais ça, c’est la casserole sur le réchaud lunatique qui décide), et une attente imperturbable. Le moment du 1er café va bien au-delà du petit-déjeuner pour Jean-Pierre, c’est une invitation, une chorégraphie, qu’il maîtrise comme un chef d’orchestre qui conduit son ensemble.

Et tandis que l’arôme du café se répand dans la pièce, il tire une cigarette de son paquet, l’allume, et aspire la première bouffée du jour comme un siphon. La fumée âcre s’enroule paresseusement autour de sa silhouette, une amante silencieuse qui l’accompagne depuis longtemps, bien trop selon son cardiologue. Il engloutit le café en laissant flotter distraitement son regard par la fenêtre sur les toitures de Doublonville que son clapier domine. Puis, toujours la cigarette vissée entre ses lèvres, Jean-Pierre se dirige vers la salle de bain. Il y retrouve un miroir ébréché, qui lui renvoie l’image d’un homme qui lui semble fidèle à lui-même, ouf. Il se rince le visage mécaniquement, ses pensées déjà tournées vers la journée qui se profile. Ses cheveux sont un peu plus gris qu’ils ne l’étaient hier, et sa moustache, qu’il brosse rapidement, est l’un des rares attribut de son corps auquel il accorde un tel moment de coquetterie.

Ceci fait, il enfile son éternel pull rouge, visse sa casquette sur le faîte de son crâne et saute dans sa salopette de travail. Des vêtements qui ont connu leur lot de fuites, de rencontres fortuites avec des boules de poil suintantes et grasses et d’autres incidents du même acabit. Mais Jean-Pierre se fiche éperdument de la mode ; ses vêtements sont avant tout pratiques et confortables, et c’est bien là tout ce qui lui importe. Donc il achève cette routine en glissant ses pieds dans ses bottes, fourre une brassée d’outils hétéroclites dans les poches profondes de sa salopette, et quitte enfin son appartement.

La rue froide est encore paisible, quasiment déserte, et la ville semble encore tituber entre le sommeil et l’éveil. Jean-Pierre écrase sa cigarette sur le trottoir avant de monter dans sa guimbarde, un vieux modèle de camionnette qui, un peu comme lui, continue de faire ce qu’on attend d’elle sans râler. Le moteur tousse, semble quasiment éructer, puis se met enfin à ronronner d’une manière rassurante. Jean-Pierre consulte alors son carnet de commandes, portant un œil sur le premier rendez-vous du jour : aujourd’hui, une fuite d’eau chez mademoiselle (et pas madame, hein, elle a bien insisté sur ce point) Hurtigan, qui réside dans un petit appartement à quelques pâté de maisons de là. Rien de bien complexe quoi, un journée comme toutes les autres.

La camionnette se lance lentement dans les rues de Doublonville, contournant les nids-de-poule et les passants pressés qui commencent à surgir ça et là. Jean-Pierre allume une nouvelle cigarette, le regard braqué sur la route devant lui. Conduire dans cette ville qui s’anime est l’un des moments de la journée qu’il préfère, une transition inexorable mais rassurante entre la quiétude nocturne et l’effervescence diurne.

Sa première intervention de la journée a lieu dans un immeuble un peu défraîchi, dans un quartier que Jean-Pierre connaît comme sa poche. Il range sa camionnette entre deux gros lampadaires, attrape une grande mallette dans le coffre, et gravit lourdement les quelques marches qui mènent à un des appartements du rez-de-chaussée. La porte s’ouvre avant même qu’il n’ait eu ne serait-ce que le temps de sonner, révélant une petite dame âgée au visage fripé et en robe de chambre qui l’accueille avec un mélange de panique et de gratitude.

« Monsieur Vanzetti, oh, merci d’être venu si vite ! Ce foutu robinet n’en fait qu’à sa tête depuis hier, je n’arrive plus à l’arrêter, oh, si vous saviez. »

Jean-Pierre hoche sobrement la tête en signe de compréhension. Il pénètre dans la cuisine exiguë où flotte une odeur de vieux chou, s’approche du robinet récalcitrant, et se met à l’œuvre aussitôt. Quelques instants plus tard, la fuite est colmatée et l’eau s’écoule désormais exactement comme on est en droit de s’y attendre. Ni plus ni moins. Jean-Pierre a rafistolé bien plus de robinets qu’il ne pourrait en compter, mais chaque réparation est entreprise avec la même application.

« Voilà, c’est réglé, madame. »

« Madememoiselle ! » corrige-t-elle en le remerciant chaudement et en lui fourrant quelques Pokédollars dans la main. Parfois, on lui propose aussi un café ou « un petit remontant, » mais aujourd’hui Jean-Pierre décide de ne pas s’attarder plus que de raison. Il sait bien que son travail est utile, et n’est pas catégoriquement hostile aux remerciements et aux louanges. Mais il fait simplement ce qu’il doit faire, jour après jour, sans flancher ni faillir, pas plus, pas moins.

De retour dans sa camionnette, Jean-Pierre s’offre une minute pour apprécier le calme avant de remettre le contact. La journée commence tout juste, et déjà la ville prend vie tout autour de lui. Les rues s’animent, les automobile se multiplient, et Doublonville reprend sa dynamique habituelle, comme chaque jour. Pour Jean-Pierre, chaque jour est comme le précédent. Il a appris à chérir cette monotonie, à ne pas la voir comme un triste fardeau, mais comme un cadre rassurant.

En tirant une nouvelle cigarette de son paquet, il feuillette son carnet de rendez-vous. Il a encore nombreuses prestations à assurer avant de pouvoir regagner ses pénates, et chacune de ces tâches respectera certainement le même schéma : identifier le problème d’un client, le résoudre avec efficience, puis repartir. Et ainsi va la vie du brave Jean-Pierre : une série de gestes familiers, une successions de tâches répétitives qui, pour lui, revêtent un caractère essentiel.

Mais alors qu’il s’apprête à reprendre la route afin de se rendre sur le site de son prochain rendez-vous, un imperceptible sentiment d’inconfort commence à bourgeonner en lui. Rien de franchement tangible, juste la sensation fugace que, aujourd’hui, va savoir pourquoi, quelque chose pourrait venir chatouiller la tranquillité de sa journée. Jean-Pierre balaye rapidement cette curieuse intuition en mâchouillant nerveusement le filtre de sa cigarette, et relâche le frein à main en poussant sur la pédale d’accélérateur.

« Sûrement rien que la pollution de la ville qui commence à me jouer des tours, voilà tout, »
marmonne-t-il pour lui même, le filtre de la cigarette coincé fermement entre deux dents qui ont cessé de se côtoyer depuis un bout de temps (merci, la récession parodontale). Il aime bien parler à haute voix quand il est seul, le Jean-Pierre, comme pour s’assurer que ses pensées sont bien réelles et ne risquent pas de le trahir soudainement.

La camionnette s’anime, et Jean-Pierre se glisse à nouveau dans la circulation. Une autre journée de travail l’attend, strictement identiques à toutes les autres, et rien ne pourra l’empêcher. Mais au fond de lui, ce frêle doute persiste, un « il-ne-sait-quoi » de sournois qui refuse s’évanouir.

« Bah non, tu te fais des idées mon vieux, enfin, » murmure-t-il en se renfrognant, tirant une dernière bouffée sur sa cigarette avant de l’écraser dans le cendrier, qui commence à répandre son contenu sur le pommeau de vitesse. Son ton est résigné, presque comme une incantation prononcée à l’encontre de l’inattendu. Mais un parfum d’ironie semble teinter ses mots. Il le sait bien, dans le fond : rien, rigoureusement rien, ne sort jamais de l’ordinaire dans sa vie. Et c’est très bien comme ça.

Même si cette petite voix dans sa tête, aujourd’hui, n’en semble pas tout à fait convaincue.

A l'attention de ces mesdames & messieurs de la modération:
Revenir en haut Aller en bas

Mister K

Mister K
PNJ

C-GEAR
Inscrit le : 08/09/2013
Messages : 19445

Sam 24 Aoû - 20:16
[modéré] L'Ultime Bouchon. 69
Un Chétiflor niv.5 apparait !

Que voulez vous faire ?



avatar ©️ Cori Cometti ©️ minillustration
LA MODÉRATION RP, UN ART DE VIVRE.
Formulaires de modérations:
Revenir en haut Aller en bas

Jean-Pierre Vanzetti

Jean-Pierre Vanzetti
Dresseur Johto

C-GEAR
Inscrit le : 20/08/2024
Messages : 12

Région : Jotho
Dim 25 Aoû - 7:39
La camionnette de Jean-Pierre Vanzetti cahote tranquillement dans les rues de Doublonville, bifurquant par ici ou par là pour contourner les embouteillages qui commencent à fleurir à l’approche de l’heure de pointe. Notre héros, quant à lui, affecte cette expression sereine et caricaturale du type qui sait précisément ce qui l’attend. Il vient de quitter l’immeuble où réside mademoiselle Hurtigan après avoir colmaté une fuite d’eau aussi prévisible qu’une averse en Bretagne et se dirige désormais sur les lieux de sa prochaine intervention, une résidence des vieux quartiers.

Sa cigarette, la troisième ou la quatrième de la matinée - il ne sait plus bien et ne compte pas vraiment - est fermement épinglée entre ses lèvres, exhalant de fines volutes de fumée qui s’échappent par la fenêtre entrouverte. Un vent glacé s’engouffre dans l’habitacle et fait bruisser un gros tas de factures éparpillées sur le siège passager. Son carnet, ouvert sur ses genoux, indique l’adresse où il doit se rendre ainsi le motif de l’appel qu’il a reçu il y a quelques jours. Une affaire de canalisation bouchée, apparemment sans histoire, comme il les aime.

Rien de bien sorcier. « Encore un coup des locataires qui jettent n’importe quoi dans les chiottes, » ricane-t-il en faisant rouler le filtre de sa cigarette. « On dirait qu’ils croient que les tuyaux sont des trous noirs où tout est englouti sans laisser de trace. »

La vieille bâtisse se dresse à l’angle d’une rue animée, ses briques érodé par le temps lui donnant l’air d’un vétéran ayant pris part à de d’innombrables batailles urbaines. Jean-Pierre arrête sa camionnette en double file, lance un regard teinté d’indifférence aux passants qui l’observent et qui gesticulent à la façon de Noadkoko en pleine migration. La résidence paraît s'avachir sous le poids des ans, ses vieux volets en PVC à demi tirés comme autant de paupières lourdes et fatiguées.
Jean-Pierre émerge de sa camionnette, claque la portière d’un mouvement d’épaule, et s’oriente en sifflotant vers l’entrée du bâtiment. Le hall est chichement éclairé, l’unique ampoule au plafond dispensant un éclat vacillant qui semble franchement sur le point de ravaler son extrait de naissance. Une odeur indescriptible flotte dans l’air, un mélange écœurant de poussière, d’eau croupie et d’un parfum plus étrange encore, quasiment organique.

Un homme d’un âge plutôt avancé, manifestement le concierge, est installé près de la porte d’entrée, le visage tordu par l’anxiété. Il porte une vieille combinaison grise en toile, un calot tordu qui s’apparente davantage à une serpillière qu’à un véritable couvre-chef, et sa moustache, blanche, quasiment aussi drue que celle de Jean-Pierre, trahit un manque manifeste d’entretien.

« Ah, vous voilà, » fait le concierge en se frottant fébrilement les mains. « C’est au sous-sol. Ça fait des jours que ça pue, et voilà que les locataires du rez-de-chaussée commencent à se plaindre. J’ai essayé de voir ce qui se passait, mais j’ai pas osé aller trop loin. »

Jean-Pierre opine, éteignant sa cigarette sur le revers de son talon avant de la glisser dans une poche de sa salopette. « C’est probablement un bouchon dans les canalisations principales. Ça arrive souvent dans ce genre de vieille résidence. Je vais aller jeter un œil. »

Le concierge l’accompagne jusqu’à la porte du sous-sol qu’il déverrouille, révélant un escalier en béton qui s’enfonce dans une obscurité parfaitement impénétrable. Jean-Pierre s’engage dans le passage avec prudence, sa mallette à outils au bout du bras, tandis que la lumière au-dessus de sa tête s’éteint brutalement. Comme si l’électricité, elle, sentant poindre l’entourloupe, a le bon sens de ne pas s’aventurer avec lui dans cette cave poisseuse. Heureusement, c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace, et le Jean-Pierre, il emporte systématiquement une petite lampe torche dans sa poche. Il l’allume, en maugréant tout de même un chapelet d’insultes à l’encontre du sort.

Le sous-sol se révèle à lui strictement comme il l’a imaginé : sombre, moite, et rempli de cette odeur étrange qui l’a interpelé à son arrivée. Il fait courir la lueur blafarde de sa lampe le long des murs suintants, des tuyaux mouchetés de rouilles et autres flaques d’eau stagnantes. Tout lui semble à sa place, abstraction faite de la terrible puanteur, qui s’accroît à mesure qu’il progresse. Elle n’est plus simplement déplaisante ; elle parait… inexplicablement vivante. Comme si quelque chose, quelque part, pourrissait et vomissait à la fois.

« Bon, voyons voir ce qui cloche, » murmure-t-il, en courbant le dos près des canalisations principales dans un craquement lugubre. Il tire machinalement une autre cigarette de sa poche, la cale à la commissure de ses lèvres tout en scrutant les conduits avec la diligence du chirurgien qui sait qu’il va avoir une mauvaise nouvelle à annoncer à la famille. Les tuyaux semblent en bon état, du moins à première vue, mais quelque chose lui semble effectivement présenter une anomalie. Le débit de l’eau est anormalement fluctuant, mais pas d’une manière qui puisse être provoquée par des débris ou des résidus de savon. Une chose plus visqueuse semble être à l’œuvre. Une chose plus… organique.

Jean-Pierre se redresse, tire une longue goulée de sa cigarette, avant de se résoudre à explorer les sous-sol plus avant. Il se laisse guider par les entrelacs de tuyaux qui longent les murs à travers une succession de corridors enténébrés. À mesure qu’il avance, l’odeur devient presque insupportable, un mariage subtil de décomposition et d’une autre chose, plus étrange encore, plus dérangeante.

Soudain, il distingue un son, un clapotement mat mais distinct, régulier, comme un tintement faible dans le noir. Jean-Pierre se fixe, prêtant l’oreille. Le bruit semble provenir de plus loin, tout au fond de cette cave, là où les ombres sont évidemment les plus opaques. Son cœur balance un temps, mais son pragmatisme finit par l’emporter. Ce n’est probablement qu’un tuyau qui fuit ou un rivet qui vibre, rien de plus.
Chacun de ses pas semblent le rapprocher d’un mystère comme on en voit habituellement qu’à la télévision dans de vieux films d’épouvantes. Finalement, il aboutit dans une vaste salle où les tuyaux se rejoignent en un enchevêtrement complexe. Et là, au centre de cet espace, se trouve la source de l’infection qui rode.

Un magma informe de substance visqueuse obstrue une grille d’évacuation, s’étirant paresseusement à la manière d’une flaque de goudron qui serait restée trop longtemps au soleil. L’amas dégage une chaleur pestilentielle, et Jean-Pierre, malgré le manque de lumière, se trouve saisi d’effroi lorsqu’il finit par distinguer des formes indistinctes battre et se tordre à sa surface.

C’est comme si cette matière est vivante. Qu’elle respire.

Jean-Pierre recule d’un pas, ses doigts se crispant sur la lampe torche. Son instinct d’ouvrier terre-à-terre lui commande de trouver la source de cette anomalie et de la régler simplement, comme il le fait toujours, mais une autre partie de lui, une partie autrement plus primitive, lui hurle de filer d’ici fissa. Pourtant, il reste planté là, figé comme un insecte dans l’ambre, son esprit pataugeant pour trouver une explication rationnelle et satisfaisante à ce phénomène.

« Ben ça alors… Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? »
bafouille-t-il pour lui-même et pour se redonner un peu d’aplomb, la cigarette au coin de ses lèvres tremblant légèrement.

Soudain, la masse visqueuse réagit à sa présence. Elle se contracte brusquement, produisant un son guttural qui se répercute en écho dans toute la pièce. Jean-Pierre finit par se raviser, son instinct de survie prenant le dessus.
« Bon, ça suffit, » grogne-t-il en pivotant vers la sortie. « Je ne suis pas payé pour discuter avec des flaques de boue qui ont des velléités de domination mondiale. On va résoudre ça à l’ancienne, hein. »

Il jette un ultime coup d’œil à la chose qui grouille à ses pieds, puis prend rapidement congé, remontant les escaliers avec hâte, ou du moins aussi vite que ses petite jambes le lui permettent sans paraître excessivement paniqué. Le vieux concierge, qui l’attend toujours à l’entrée des sous-sol, sursaute en voyant Jean-Pierre réapparaître aussi tôt.

« Alors, c’est grave ? »


Jean-Pierre s’interrompt un instant pour reprendre son souffle, tirant une dernière fois sur sa cigarette avant de l’écraser sous son talon. « C’est pas joli, » concède-t-il enfin. « Il y a quelque chose là-bas qui n’a rien à faire dans cette cave. »

Le concierge pâlit. « Vous voulez dire… des rats ? »

Jean-Pierre secoue la tête. « Non, c’est pas des rats. C’est… euh, autre chose. Écoutez, ‘va falloir que je revienne avec du matos plus adapté. C’est pas un bouchon ordinaire, votre machin. »

Le concierge hoche la tête, à l’évidence plutôt soulagé de ne pas avoir à se rendre lui-même sur place pour vérifier. « Très bien, faites ce qu’il faut. »

Jean-Pierre acquiesce, et saluant son client, s’oriente enfin vers la sortie de l’immeuble. Il se précipite dans sa camionnette, toutes ses pensées encore accaparées par l’étrange spectacle dont il vient d’être le témoin.
Sa journée vient de prendre un tour inattendu, et il n’est pas certain d’être encore capable d’identifier la nature des émotions contradictoires qui le traversent. Il allume une nouvelle cigarette, laissant la fumée s’échapper mollement par son nez. « C’est vraiment pas comme ça que je l’imaginais, celle-là, » lâche-t-il en démarrant la camionnette. La métropole continue de s’animer autour de lui, mais Jean-Pierre n’y consacre plus la moindre once d’attention. Cette journée a pris une tournure des plus étranges, et cette masse poisseuse et nauséabonde du sous-sol lui laisse un goût amer.

Tandis qu’il s’éloigne de l’immeuble, bifurquant à un croisement sans trop savoir où il se rend, une autre réflexion s’impose à son esprit, refaisant poindre son inquiétude. Ce qu’il a vu là bas ne s’apparente à rien de ce qu’il a pu croiser au cours de ses années d’activité comme plombier. Il ne peu rigoureusement pas s’agir, à l’évidence, d’un bête tas de déchets ; il y a là-bas autre chose. Quelque chose de vivant. De malveillant.
Jean-Pierre finit par s’ébrouer, dans l’espoir de chasser le frisson. « On verra bien demain, » se dit-il. Pourtant, une part de lui sait déjà qu’il ne pourra pas ignorer ce problème. Il passe le reste de cette étrange journée le cœur étreint par une sensation de malaise tenace. Lorsqu’il rentre chez lui ce soir-là, Jean-Pierre sait qu’il devra pourtant y retourner et affronter cette énigme. Cette fois, il sera mieux préparé et plus déterminé que jamais. Mais au fond de lui, pourtant, il sent bien que ce qu’il s’apprête à découvrir pourrait bien bouleverser son existence durablement.

Modération:
Revenir en haut Aller en bas

Mister K

Mister K
PNJ

C-GEAR
Inscrit le : 08/09/2013
Messages : 19445

Mar 27 Aoû - 17:26

[modéré] L'Ultime Bouchon. AGyntbz

Vous lancez une pokéball sur Chétiflor.
...:


Que voulez-vous faire désormais, dresseur Jean-Pierre Vanzetti ?



avatar ©️ Cori Cometti ©️ minillustration
LA MODÉRATION RP, UN ART DE VIVRE.
Formulaires de modérations:
Revenir en haut Aller en bas

Jean-Pierre Vanzetti

Jean-Pierre Vanzetti
Dresseur Johto

C-GEAR
Inscrit le : 20/08/2024
Messages : 12

Région : Jotho
Jeu 29 Aoû - 19:31
Le lendemain matin, Jean-Pierre est debout nettement plus tôt que de coutume. Ballotté toute la nuit durant par d’étranges rêves, il s’est résolu à ne pas perdre trop de temps. Si une menace sanitaire plane sur cet immeuble, mieux vaut tâcher de la résoudre au plus vite. Cette fois, il ne laissera pas impressionner, ça non. Il s’apprête rapidement, sans prendre le temps de se préparer le moindre café ni même de se rincer le visage – hier, il a vu pire que son reflet matinal. Il verrouille son appartement derrière-lui, allume une cigarette et se presse vers sa camionnette en charriant derrière lui une mallette d’outils plus lourde que le mauvais pressentiment qui s’insinue dans son esprit.
Alors qu’il est sur le point de mettre le contact, son téléphone portable, reposant sur le tableau de bord, vibre. Jean-Pierre démarre, s’engage dans la circulation, tend la main et décroche sans quitter la route du regard. « Vanzetti ? » La voix du concierge à l’autre bout du fil est chevrotante. « Monsieur… monsieur Vanzetti ! Vous devez revenir le plus vite possible… s’il vous plaît, c’est… ça devient insupportable ici ! »

Jean-Pierre arque un sourcil. « Bah, qu’est-ce qui se passe maintenant ? »

« L’odeur, elle est plus épouvantable qu’hier… et à ça s’ajoute maintenant des bruits… des… comme des grattements dans les murs ! Les locataires veulent quitter l’immeuble, ils menacent de partir si ça continue ! »

Jean-Pierre écrase nerveusement sa cigarette dans le cendrier débordant. « Écoutez, je suis pas exorciste, mais je serais là dans l’heure avec plus de matériel et je ferai au mieux. Vous devez me jurer de ne pas descendre dans le sous-sol d’ici là. C’est clair ? »
« Dans l’heure ? » répète le concierge, à l’évidence préoccupé. « Mais… je suis pas sûr qu’on puisse tenir aussi longtemps… Les murs tremblent ! Il se passe quelque chose de vraiment pas normal ici, je… »
Jean-Pierre interrompt son flot de paroles nerveuses. « Je serai là aussi vite que possible. Ne laissez personne s’approcher du sous-sol. Ça pourrait être dangereux. »
Un long silence s’installe à l’autre bout du fil, avant qu’un soupir résigné ne se fasse finalement entendre. « D’accord… je vais essayer de calmer tout le monde. Mais s’il vous plaît, ne traînez pas. »

Jean-Pierre raccroche, son esprit désormais tourné vers ce qu’il doit faire. Ce que le concierge vient de lui raconter ne fait qu’accentuer son malaise ; des bruits dans les murs ? La puanteur qui empire ? Jean-Pierre devine que quelque chose de bien plus sérieux se prépare, qui semble aller bien au-delà du simplement dégorgement de canalisation.
Lorsqu’il arrive aux abords de la résidence, il note que l’endroit est anormalement silencieux, en dépit de l’heure. Les rideaux sont tirés aux fenêtres, et aucune lumière ne vie ni filtre au travers des carreaux blêmes. Jean-Pierre bondit hors de la camionnette, empoigne sa mallette à outils et se hâte vers l’entrée.

Le concierge l’attend à la porte, son visage hâve trahissant une inquiétude qu’il ne semble plus vraiment résolu à masquer. « Merci d’être revenu, » fait-il en jetant des regards anxieux à droite et à gauche. « Vous entendez ça ? Les locataires sont de plus en plus nerveux. Ils parlent de porter plainte ! »
Jean-Pierre hoche la tête ; effectivement, on distingue un vague grattement, ou plutôt un gargouillis spongieux, qui semble provenir de partout et nulle part à la fois. Il se précipite vers la porte empruntée la veille et dégringole quatre à quatre les escaliers conduisant au sous-sol, le vieux concierge lui emboîtant le pas. La lumière vacillante de l’ampoule au plafond semble plus faible que la dernière fois, comme si elle sentait que sa carrière allait bientôt prendre fin. Les exhalaisons putrescentes sont encore plus marquées que la veille : l’atmosphère est devenue aussi respirable que des toilettes publiques en pleine cagne.
« Restez ici, » aboie Jean-Pierre en allumant sa lampe torche. « Et si je suis pas de retour dans une heure, faites venir des renforts à la rescousse. Et pas des scouts, hein ? »

Le concierge s’exécute sans chipoter, apparemment soulagé de ne pas avoir à l’accompagner plus loin. Jean-Pierre continue son chemin, traversant le couloir humide qui mène à la grande salle où il a vu la masse visqueuse. Ses bottes claquent sourdement sur le sol de béton moite, chaque pas le rapprochant de son objectif accentuant son malaise.
Et lorsqu’il atteint enfin la salle visité hier, il s’arrête net. Le magma visqueux et putride est toujours là, mais il a l’air d’avoir muté. Déjà, il semble s’être épaissi, barbotant sur une plus grande surface du sol. Et cette fois-ci, par Arceus, il bouge franchement le machin ! De palpitants remous sillonnent sa surface lugubre, comme si quelque chose se déplaçait en son sein. Tout autour dans la salle, nombreux sont les conduits et arrivées d’eau à être encombrées et comme rongé par la matière fétide qui le compose. Toute l’endroit ressemble de plus en plus à une grosse cocotte minute sur le point d’exploser : les tuyaux frémissent le long de murs qui dégouttent une eau poisseuse, et de la poussière tombe du plafond au gré des secousses qu’imprime la chose à son environnement.

Jean-Pierre pose un genou sur le sol détrempé, sa lampe torche verrouillée en direction de la masse, et la guette en silence, prêt à réagir dans l’urgence si nécessaire. Il ne s’agit pas simplement d’un amalgame de déchets, et ça lui apparaît évident désormais : cette chose est bel et bien vivante. Mais de quelle nature est cette anomalie exactement, il ne saurait le dire. Tout ce dont il est assuré, c’est qu’il n’a jamais rien vu de tel en plus de 20 ans d’activité.
Alors qu’il s’apprête à se redresser pour intervenir, une grosse ventouse à la main, et des tremblements dans tous le rachis quand un nouveau bruit vient piquer son attention. Un son lointain, étouffé, mais bien distinct. Un cri ? Jean-Pierre se contorsionne lentement, l’oreille tendue et la moustache agitée de tics. Le son se répète, plus net cette fois.

Oui, pas de toute, c’est bien un cri, qui semble émaner des profondeurs du sous-sol.

Il se redresse brutalement, le cœur rejouant le vol du bourdon de Rimski-Korsakov au tambour basque. Ce hurlement-là, il n’est pas humain, il en est sûr. Et ce dont il est tout également certain, c’est qu’il exprime de la détresse. Impossible désormais d’ignorer l’urgence qu’il trahit. Quelque chose, quelque part, est en danger et il est de son devoir d’aller jeter un œil.
Jean-Pierre se détourne donc prudemment du machin visqueux, en s’appliquant à ne jamais lui faire dos, sa lampe torche projetant des ombres inquiétantes sur les murs suintants, tandis qu’il se glisse hors de la grande salle en s’aventurant dans une nouvelle coursive. Le cri se fait entendre à nouveau, plus proche. Il presse le pas en haletant. Il tourne à un angle, puis un autre, se cogne, jure, mais s’enfonce plus profondément dans le labyrinthe du sous-sol.
Il arrive enfin dans une autre salle moins vaste, où l’odeur est un peu plus diffuse, ce qui est un maigre réconfort. Et là, dans le fond, emmailloté par la pénombre, il le voit. Un conduit d’évacuation partiellement inondé par des eaux usées, qui montent en clapotant furieusement. Et dans ce conduit, une minuscule silhouette, comme piégée dans le plus indicible tourment.

Jean-Pierre s’approche, révélant la scène avec le faisceau hésitant de sa torche.

C’est un Pokémon.

Celui-ci, c’est un genre de mammifère au museau long et au poil court. Et vraisemblablement, il n’est pas dans son élément. Piégé dans l’eau glaciale et fétide dont le niveau grimpe inexorablement, la petite créature pousse des cris affolés, papillonnant pour garder la tête hors de l’eau.
Sans perdre un instant de plus, Jean-Pierre plonge vers le conduit : l’eau est déjà à mi-hauteur et la bestiole est en panique, incapable de s’en extirper par ses propres moyens. Il sait qu’il n’a pas beaucoup de temps. Jean-Pierre lâche précipitamment sa lampe torche et sa mallette, qui tombent dans un bruit mat, plongeant ses bras dans l’eau pour atteindre le Pokémon. Le métal froid de l’évacuation est glissant, mais au prix d’un effort qui lui arrache un gémissement, il parvient à agripper la bête sous les pattes avant. Toujours transie d’effroi, le petit Pokémon s’agite un temps, puis fini par se rasséréner en sentant la poigne ferme mais rassurante de Jean-Pierre.

« Allez, viens par là, toi, » murmure Jean-Pierre en le tirant doucement pour tenter de le hisser à son niveau. L’eau continue de monter, caressant maintenant ses genoux, mais hé, ça n’est pas la première fois qu’il patauge dans la merde. Tout ce qui compte, c’est d’extirper la créature de cette mélasse.

Dans un ultime tour de force, il parvient à délivrer le Pokémon du conduit, le pressant contre son ventre pour le réchauffer. La bête tremble de tous ses membres, mais ses cris se sont tus. Il observe désormais Jean-Pierre avec des yeux grands ouverts, pétillants de reconnaissance.
Jean-Pierre se redresse, tenant la bête étrange contre sa poitrine, et retourne vers ses affaires, laissée un peu plus loin dans la pièce. L’eau s’écoule encore mollement du conduit, mais il n’ignore pas que la situation pourrait rapidement dégénérer si rien n’est mis en œuvre rapidement.

« On va te tirer de là, petit gars, » dit-il avec une bienveillance qui le surprend, en épongeant l’eau qui perle sur la fourrure de l’étrange animal. En réponse, le Pokémon lâche un couinement, tout blotti contre son torse.

Alors qu’il remonte les escaliers, Jean-Pierre ne peut s’empêcher de se refaire le film des événements depuis qu’il s’est engagé dans ce sous-sol maudit. Ce Pokémon, piégé dans cet environnement sombre et inhospitalier, a failli ne jamais en réchapper vivant. Quelque chose déconne sérieusement dans cet immeuble, et il faut se rendre à l’évidence, ce n’est clairement plus qu’une question de plomberie.

Modération:
Revenir en haut Aller en bas

Mister J

Mister J
PNJ

C-GEAR
Inscrit le : 08/09/2013
Messages : 16923

Mar 3 Sep - 12:43
[modéré] L'Ultime Bouchon. 69
Un chétiflor niveau 5 apparaît !



Que voulez-vous faire ?



avatar ©️ Cori Cometti ©️ (minillustration)
LA MODÉRATION RP, UN ART DE VIVRE.
Formulaires de modérations:
Revenir en haut Aller en bas

Jean-Pierre Vanzetti

Jean-Pierre Vanzetti
Dresseur Johto

C-GEAR
Inscrit le : 20/08/2024
Messages : 12

Région : Jotho
Mar 3 Sep - 22:53
Jean-Pierre Vanzetti n'a jamais été le genre à se ruer aveuglément, et certainement pas pour quoique ce soit d’aussi anodin qu'une urgence. Après tout, une « urgence », ça n’est jamais que la manière dont on baptise les choses pour camoufler le fait qu’on s’est lourdé en beauté en cherchant à nous en occuper nous même. Mais là, en pressant cette petit bête tremblante contre son torse, il devine que son jugement en la matière est en train de mûrir. Et, pour ce qu’il lui semble, durablement. Car pour une fois, il ne s’agit pas seulement d’un tuyau bouché ou d’une chaudière capricieuse ; il y a une vie en jeu, et cette vie semble... bah, c’est qu’elle a eu l’épatante fantaisie de s’en remettre à lui.

Dans un nouveau couloir qu’il traverse en caracolant comme un dément, tout lui paraît sur le point de s’effondrer. L’éclat de sa torche elle-même ne paraît plus suffire pour fendre les ténèbres ; l’atmosphère est chargée d’un genre de brumaille méphitique qui n’a cessé de s’accroître depuis son précédent passage ; et il a l’estomac au bord des lèvres. Jean-Pierre progresse avec hâte, les yeux plissés et vissés sur les ombres surnaturelles qui virevoltent le long des murs. Le Pokémon, toujours lové entre sa grosse main et son torse, lâche de petits couinements, comme pour exprimer une gratitude tout de même mâtinée d’inquiétude.

« On y est presque, on va sortir d’ici, » lui murmure Jean-Pierre, plus pour se rassurer lui-même.

Lorsqu’il aboutit enfin au rez-de-chaussée, le concierge l’attend, les yeux écarquillés en devinant le Pokémon dans la main de Jean-Pierre. « Oh par toutes les plaques d’Arceus ! C’est un Héricendre ! C’est un Pokémon très rare ! Mais qu’est-ce qu’il fait là, ce pauvre petit ? »

Jean-Pierre, sans même amortir sa course, darde un regard torve sur le concierge. « J’en sais foutre rien, mais il n’avait rien à faire dans cet enfer là-dessous. Il était coincé dans un conduit d’évacuation, et il y serait resté si j’étais pas revenu ! »

Le concierge ouvre la bouche pour répondre, mais Jean-Pierre a déjà enfoncé la grande porte qui conduit au dehors. C’est dingue comment les bavardages peuvent paraître parfaitement superflus lorsqu’on a porte une créature aussi vulnérable dans ses bras, et qu’on est aussi crispé qu’après avoir foiré pour la deuxième fois son brevet des collèges. Une fois délivré, il inspire profondément, savourant bruyamment l’odeur bien plus supportable des micro-particules qui inondent l’atmosphère de Doublonville. Héricendre se blottit encore davantage contre lui, ses petits yeux fermés, épuisé par tout ce qu’il a vécu.

Jean-Pierre porte son regard vers sa camionnette. Il ne pouvait rigoureusement se résoudre à entraîner le Héricendre avec lui pour désépaissir le mystère de ce sous-sol. Pour autant, lui-même n’a pas renoncé à l’élucider et à en venir à bout : une obsession, une lubie, qu’il ne s’explique pas, est entrée en ébullition au fond de son esprit. Et le voilà donc qui installe le Héricendre avec bienveillance sur le siège passager en écartant les documents qui l’encombrent, prenant soin de l’emmitoufler dans un gilet moche et mité qu’il garde toujours là, au cas ou.

« Ma mère a pas très bon goût pour les cadeaux, je te l’accorde, mais il est plutôt confortable. Tu restes là en sécurité, d’accord ? Je dois encore régler cette foutue histoire de tuyaux et de déchets fous. »

Héricendre lève un iris trouble, l’observe un instant, puis se roule dans le vêtement, exténué. Jean-Pierre claque la porte de la camionnette dans un soupir las. Il n’y a plus de temps à perdre. On l’a appelé pour cette tâche. Lui. Et le Jean-Pierre, il n’a jamais renoncé sur le moindre chantier chantier. Quel que soit sa nature, et cela même si le chantier en question semble davantage appartenir à un démon païen qu’à un syndic de copropriété.

De retour dans le hall, il s’approche à nouveau du concierge, que la peur semble clouer sur place. « Écoutez, » commence Jean-Pierre d’un ton qui se veut plus conciliant, « il y a quelque chose de franchement louche en bas. C’est pas qu’une bête fuite ou un bouchon. Et à mon avis, c’est pas le genre docile au moment de l'état des lieux. »

Le visage du concierge revêt soudain la teinte d’un blanc-manger. « Mais… qu’est-ce que c’est ? Un Pokémon sauvage ? Un Alligatueur enragé ? J’ai entendu dire qu’ils pouvaient remonter les canalisations jusqu’aux toilettes et vous croquer le... »

Jean-Pierre secoue vivement la tête. « No- quoi ?! Euh, je sais pas encore. Mais je compte bien le découvrir. Restez ici, et ne laissez personne descendre. Pigé ? »

Le concierge opine mollement, toujours aussi utile qu’une plante verte. Jean-Pierre s’enfonce alors une nouvelle fois dans les entrailles de l’immeuble ; pour la dernière fois cette fois-ci il espère, sa lampe torche crispée dans sa main gantée. Il sait bien qu’il doit redoubler d’attention désormais, mais le souvenir du Héricendre transi de peur et de froid lui hante l’esprit. Pourquoi un Pokémon aussi rare se trouvait ici, dans ce trou lugubre ? Et comment diable est-il arrivé là?

Jean-Pierre retrouve enfin devant la masse visqueuse qu’il avait observée plus tôt. Cette fois, il ne se contente pas de l’examiner à distance. Il s’accroupit, approchant sa lampe de la surface de la substance. Les remous sont plus évidents maintenant, comme si la chose réagissait à sa présence.

« Mais qu’est-ce que tu es, toi, au juste ? »
maugrée-t-il en scrutant les mouvements de la chose.

C’est alors qu’il aperçoit quelque chose d’encore plus inquiétant. Une résille de veines violacées et suintantes commencent à en marbrer la surface, pulsant légèrement en exhalant une odeur toujours plus indicible. Jean-Pierre a pourtant eu, dans sa vie, l’opportunité de faire l’expérience de mille et une fragrance répugnante, mais celle-ci rafle tous les records. Il ne peut réprimer un hoquet et un renvoi.

Sans prévenir, la masse visqueuse se met soudain à trembloter plus furieusement. Jean-Pierre marque instinctivement un pas en arrière, mais sa lampe torche finit pas déceler un détail qui le transit sur place. Au centre de l’ignoble magma, quelque chose semble affleurer. Un œil. Puis deux. Ou du moins, ce qui s’apparentent à deux yeux, huileux et pas tout à fait ronds, qui le dévisagent avec une ostensible aigreur.

« Oh non, c’est pas vrai. Merde… » Jean-Pierre sent un frisson glacial lui parcourir l’échine. Il ne s’agit effectivement pas d’un simple amalgames de déchets. C’est un Pokémon. Et celui-ci, il le reconnaît. C’est un Grotadmorv. Et il semble commencer à se lasser de la présence de ce petit bonhomme replet qui passe son temps à le guetter.

Mais il y a autre chose. Quelque chose d’inhabituel dans le comportement de ce Grotadmorv-là. Ses mouvements sont erratiques ; il parait presque... désorienté. Il ne se déplace pas comme un Grotadmorv ou un Tadmorv normal le ferait, mais davantage comme s’il était sous l’influence de quelque chose ou de quelqu’un. Jean-Pierre se cambre lentement, gardant la lampe torche braquée sur la créature.

« Qu’est-ce qui t’arrive, mon gars ? T’es pas dans ton état normal, hein ? » fait-il, plus pour lui-même dans le fond que pour le Grotadmorv.

Le Pokémon ne répond pas, bien sûr, à quoi s’attendait-il. Mais ses mouvements se font de plus en plus agités et menaçants, et Jean-Pierre devine qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps. Il doit prendre une décision, et pronto, avant que le Grotadmorv ne décide de venir lui suçoter les mollets.

Jean-Pierre plonge une main tremblante dans l’une des grandes poches de sa salopette, et en tire un petit pulvérisateur de détartrant, qu’il conserve pour les travaux de précision. Pas un produit dangereux pour les Pokémon – il le souhaite du moins –, mais suffisamment irritant pour le tenir en respect, voire le contraindre à la fuite. Il espère que cela suffira à adoucir le Grotadmorv, du moins temporairement. Avec un peu de chance.

« Désolé, mon vieux, mais c’est pour ton bien, »
marmonne-t-il, en pressant la gâchette du pulvérisateur. Une brume légère, fine, s’en échappe et vient âprement s’ancrer dans les yeux vitreux du Grotadmorv. La créature paraît accuser le coup, recule en faisant glisser la matière visqueuse de sa silhouette, et pousse un cri rauque et désincarné. Mais il ne s’enfuit pas. Jean-Pierre en profite pour entreprendre un nouveau pas en arrière.

Mais avant qu’il ne puisse décider de quoi que ce soit d’autre, il aperçoit soudain une silhouette imperceptible qui longe la paroi plongée dans la pénombre dans le fond de la pièce, bientôt suivie par un subtil éclat de lumière multicolore, dont certaines lui semblent d’ailleurs ne même pas exister. Jean-Pierre fait juste à temps volte-face pour voir se profiler une nouvelle créature étrange. Le crin jaune et court, trapu, deux yeux surmontés de paupières lourdes, une trompe et un sourire moqueur.

Un Soporifik.

« Oh, tu te fous de moi… » grogne Jean-Pierre, réalisant enfin (plus ou moins) ce qui se trame ici bas. Ce Soporifik, pour ce qu’il en déduit en effet, manipule à l’aide de ses pouvoirs psychique le Grotadmorv, en influençant sa psyché afin d’exciter son agressivité et lui faire commettre toutes sortes de méfaits nauséabonds dans la résidence. Et il a l’air de bien se marrer.

Jean-Pierre sait qu’il évolue désormais en territoire inconnu. Il ne s’agit là plus simplement de nettoyer une canalisation, ou de chercher une fuite. Il doit neutraliser l’influence d’un Soporifik avant que les choses ne dégénèrent franchement. Mais comment faire face à un Pokémon Psy avec pour seuls compagnons une poignée d’outils de plombier, quelques cigarettes et sa grosse moustache ?

Alors qu’il se prépare, vacillant, à relever cet défi inédit, une seule chose lui paraît sûre : cette journée, qui a commencé comme toutes les autres depuis plus depuis plus de vingt ans, est en train de prendre une tournure des plus inhabituelles (un des mots qu’il déteste le plus). Mais Jean-Pierre Vanzetti, malgré lui, sent sourdre dans son cœur une sensation qu’il ne parvient pas tout à fait à caractériser. Il a une trouille bleue, ça, c’est une évidence, mais dans le même temps… il est excité comme comme un Ronflex dans un restaurant à volonté.

Modération:
Revenir en haut Aller en bas

Mister MP

Mister MP
Admin

C-GEAR
Inscrit le : 19/08/2013
Messages : 29824

Mar 3 Sep - 22:53
Le membre 'Jean-Pierre Vanzetti' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'[MOD] Fuite n°1' :
[modéré] L'Ultime Bouchon. Fuitec10
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



C-GEAR
Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Master Poké :: Le Pokémonde :: Région Johto - 2E G E N :: Ville Griotte :: Route 30-