Tout était parti d'un rêve stupide où elle avait cru entendre la voix d'une « dame ». Bien évidemment, cette dame n'existait pas et Sebastian, qui dormait dans la chambre de fortune à côté, n'avait vu personne. Pourtant, elle avait la très nette impression qu'elle s'était penchée sur son lieu de repos et – déjà qu'elle ne supportait qu'une personne autre que Sebastian soit dans sa chambre – qu'elle avait dit dans un soupir... « Trop vieille mais tant pis... ». Et ce genre de commentaire ne met évidemment personne dans un état de grâce absolu, et encore plus quand on a plus de soixante dix ans et qu'on est d'une humeur massacrante à cause d'une pimbêche qui se donne des airs supérieurs et surnaturels. Foi d'Abigail, elle aussi pouvait se montrer fortement désagréable et cryptique si elle le souhaitait.

En fait, c'était un avant signal, comme une première prise de contact ratée. Quelques clignements d'yeux plus tard, la voilà dans un endroit... Et bien assez curieux. On aurait dit que c'était le même endroit, mais dans une teinte sépia. Quand elle croisa le regard (consterné?) de la blonde aux habits gothiques, elle voulut lui dire quelque chose qu'elle se retrouva en plain cœur d'une forêt, seule, une pauvre hache posée à ses côtés, dans sa vieile robe de chambre puante et pas sexy du tout, ses gambettes à l'air et ses bras rachiques luttant contre le vent farceur qui voulait dévoiler ce qu'il y avait dessous.

Dans ce genre de cas, l'esprit d'Abigail – qui n'était, disons-le clairement, pas très sain – s'habitua fort vite à la situation et n'vait, à vrai dire, que deux reproches à faire : d'une part, elle n'avait plus son lit pour finir sa nuit – et elle était encore fatigué – mais d'autre part, elle ne savait pas où se trouvait Sebastian. Car, il lui semblait bien dans le procédé qu'elle avait été transporté avec lui mais que, pour une obscure raison, elle s'était retrouvée sans lui. L'espace d'un instant, elle se demandait si son majordome s'était transformé en hache avant de se dire que si la blonde avait vraiment fait ça, qu'elle ne répondra de rien si elle la recroise.

« Les jeunes, faut que ça fasse toujours chier les vieux c'est pas possible ! »

Râler augmente son espérance de vie, mais à la vue de l'humeur ombrageuse de la mamie, elle avait gagner dix ans d'éternité. Et si la facétie croyait qu'elle n'était pas capable de porter cette hache à bout de bras, c'était vraiment qu'elle sous estimait l'animal. Mais allait-elle pour autant bouger d'ici ou attendre qu'elle ne rencontre quelqu'un qui puisse la guider ? Car elle n'avait plus son lit et donc, par un curieux coup du sort, elle était ailleurs – et certainement fourrée dans un endroit dangereux et inhospitalier.

La blondasse allait prendre cher quand elle la reverrait.

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'[ETE] nourriture' :

Dans ce rêve sordide (ou bien était-ce un monde parallèle ? Elle ne saurait guère le dire), elle avait toujours les mêmes rhumatismes que dans la vie de tous les jours, malheureusement. Mais, et c’était finalement une bonne chose, le transfert de corps avait eu le bon ton de transporter aussi ses deux alliés, à savoir Chouchou et Natch. Quand elle les vit apparaitre devant ses yeux, elle se sentit quand même un peu plus en sécurité - une femme faible comme elle allait être la cible de forbans, encore que, elle n’avait pas de sac à main avec elle. L’oiseau croassa d’un cri puissant tandis que le Toxapex regardait le nouvel environnement d’un regard circonspect. Elle ne pouvait lui en vouloir, elle n’avait aucune idée d’où est-ce qu’elle se trouvait, ni pourquoi elle se trouvait là. Une chose était certaine, une bonde était en cause dans le processus.

Il ne valait mieux pas qu’elle croise une blonde dans cet univers et que cette dernière file droit. Elle se rendit compte alors qu’elle n’avait pas sa canne pour se battre se tenir mieux. “Chouchou, je suis désolé de te demander ça mais est-ce que tu peux m’aider à trouver une branche assez solide pour que je puisse me déplacer ?” Elle mima sa demande par des gestes pour qu’il puisse comprendre ce dont elle avait besoin. Si, visiblement, la requête l’ennuyait, il n’allait pas être déçu du voyage. A peine cinq minutes plus tard, un cri puissant se fit entendre et la nonchalance du starter électrique se mua en une crainte visible et doublée d’une course effrénée. Elle crut avoir la berlue quand elle vit un groupe d’arbres bouger vers elle, avant de comprendre qu’il s’agissait d’un troupeau de Desseliandre. A vrai dire, cela ne l’émeut guère, mais est-ce que son pokémon a été suffisamment stupide pour chercher un morceau de bois sur un pokémon sauvage au lieu d’un arbre tout ce qu’il y a de plus normal ? Une décision digne de sa propre progéniture.

“Natch, débarrasse-nous d’eux s’il te plait” Avec un claquement de doigt, le Corboss se mit en chasse et se battit avec force et détermination contre ses assaillants. L’avantage du type et le bon entraînement initial de Sebastian rendait le combat absolument inégal pour les offusqués et finirent rapidement par battre en retraite face aux douloureuses tranche-nuits du corbeau. Bon débarras. Lançant une oeillade noir au Salarsen qui se demanda bien pourquoi sa maitrasse lui faisait une telle remontrance (selon lui, tout était calculé), elle remarqua alors un étrange objet bleu qui gisait au sol, avant finalement de voir que c’était une pomme bleu aux couleurs improbables (dans les bleu azur).

Elle eut subitement faim.

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'[ETE] nourriture' :

Une pomme bleue. Dans un esprit rationnel, manger une pomme bleue serait signe de faire une grosse bêtise : ce n’est vraiment pas naturel et si dans le commerce elle voyait une telle chose, elle aurait l’immense plaisir d’être la première cliente à venir un peu emmerder les chefs de rayons ou les managers d’équipe pour les mettre devant le fait accompli. Oh, elle n’avait absolument aucun état d'âme car elle se doutait bien que la rhétorique était de mise pour les employés. Ils n’aimaient pas leurs clients, et en conséquences, les clients finissaient par se braquer et faire de même. Et pourquoi tout cela ? Simplement à cause de vieilles folles au QI négatif comme la légendaire Coupe-racine qui, pour ne pas payer sa salade trop cher, l’épluchait depuis le rayon : ou encore la pénible Pétunia qui adorait échanger de placer les articles pour dire que le prix indiqué en rayon versus celui en caisse n’était pas le bon - et c’était encore plus délectable quand il y avait une file d’attente monstrueuse et que cela embêtait tout le monde. Mais voilà, cette façon de faire n’était pas classe et elle a vite tendance à vous cataloguer comme client non-grata. Abigail rêverait de mettre la main sur une telle liste noire et voir s’il y avait des gens qu’elle connaissait dedans (encore mieux, si la raison de l’exclusion était marquée, quoique, le jeu des suppositions avec sa gang de folles mamies pourrait s’avérer être un exercice des plus amusant).

Non, clairement le style d’Abi serait de prendre une bonne pourrie, mais pas trop, de la foutre dans une tarte avec de la comporte périmée et en assurer tous les détails pour l’offrir aux petits enfants de Layna et Jade et voir leur tête déconfite en croquant la première bouche et voir toute leur naïveté douchée par une réalité gustative. A part Louis et un peu Julia, les deux autres avaient bien hérités de leur mère. Ils étaient chiant. Et elle avait passé l’âge de se faire marcher sur les pieds par des gamins en culotte courte. Une fois, elle avait fait exprès de faire une pâte à tarte trop dure à manger, au moins qu’elle les obligea à finir leur assiette avant de se lever de table. Quand elle n’aime pas quelqu’un, Abigail a la fâcheuse tendance à se montrer extrêmement créative.

Elle tenait la bonne dans sa main et cette dernière n’avait pas l’air gâtée. Était-ce une nouvelle variété ? Après tout, elle se trouvait dans un nouveau univers, aussi il ne serait pas étonnant que des pommes farfelues ne poussent dans ce royaume. Quand finalement, elle eut vraiment envie d’éprouver son dentier contre la chair tendre du Verpom, ce dernier sortit alors de sa stase et lui fit découvrir au niveau de ce qu’elle prenait pour ses feuilles des petits yeux tout mignons. Et elle sentit alors que quelque chose bougeait mollement dans sa main : la queue du ver.

Le pokémon aux couleurs inhabituelles devait avoir la trouille de voir d’aussi près le visage momifié de la mamie avec son dentier semblant être sorti d’un ossuaire quelconque ! Il pourra un petit cri avant de se planquer dans sa pomme, trop intimidé. “Une pomme pourrie ? Mais c’est quoi ce monde de merde ?” Dégoûtée, elle jeta la pomme sur le bas-côté, préférant aller à la recherche de quelque chose de plus consistant.

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'[ETE] nourriture' :

Il était à présent temps de se diriger dans un autre endroit. Avant que les autres Desseliandre s’enfuient, elle s’était bien dépêchée de mater un des pokémons sauvages pour qu’elle puisse se déplacer plus facilement sur l’arbre mort : avec un sourire en cul de poule en observant le plus costaud et passif des pokémons, elle n’eut aucun mal à mater le pokémon, avec à ses côtés Natch et Chouchou prenant position sur ses côtés. On aurait, avec l'œil unique de l’arbre, la chevauchée fantastique d’une démone de rang inférieur, affublée de ses laquais, prête à marcher dans ce monde étrange et faire un peu ce qu’elle a envie de faire - donc n’importe quoi. Elle se cala sur une des excroissances du pokémon arbre et se laissa donc emporter dans ce monde étrange. A ce titre, elle n’avait pas capté que Chouchou, intrigué par la pomme bleue, l’avait emporté avec lui et était à la fois fasciné par la couleur et la volonté navrante de vouloir la bouffer.

Préférant partir en quête d’âmes humaines - l’introduction de la blonde gothique avait fait vent d’une âme qui avait véçu et donc supposant qu’il y en avait eu d’autres de plus jeunes - elle partit dans la direction opposée de la forêt. Même si le pokémon semblait glisser sur le sol, il y avait des soubresauts dans la démarche du pokémon qui rendait le voyage pas super confortable. Les pokémons étaient utiles, mais rien ne remplaçait le confortable d’un siège et le coussin rembourré qui sied à son postérieur osseux. Dès qu’elle le pourrait, elle essaierait de changer de monture. En tout cas, ils ne rencontrèrent personne pendant un bon quart d’heure, au point qu’elle se demanda si elle n’était pas tomber dans un plan parallèle où elle était tout seul. Une perspective peu réjouissante, encore que, si elle n’y voyait pas la cause de ses vergetures - ses filles - alors ça pouvait être pas mal comme deal. Mais ne serait-ce que ne pas voir Sebastian, ou ses petits-enfants, c’était inconcevable. Traumatiser gratuitement des gamins était un plaisir pour lequel elle ne voudrait pour rien au monde changer.

Dans les faits, il y a bien eu quelques gens qui l’ont vu arriver, mais l’aspect patibulaire de l’ensemble de la troupe (monture + dresseuse) donnait l’image spontanée d’un cataclysme dont on ne voulait pas s’approcher. Et… Ils n’étaient pas loin de la vérité. D’aussi haut, pouvant lancer des oeillades sinistres sans pouvoir être inquiété d’une attaque rapide sur sa personne, Abigail faisait vraiment peur. Pourtant, elle entraînait dans son sillage quelques personnes, sans se douter un instant que ce qui les intéressaient n’étaient pas sa propre personne mais bien l’étrange pomme bleue qui trône entre les pattes du Salarsen.

Au bout d’un moment, deux charmants jeunes hommes se présentèrent à elle.

(466 mots)


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'[ETE] nourriture' :

Deux individus assez jeunes se présentèrent à elle. Ils avaient un sourire assez amenant et leur espèce de toge dans un blanc légèrement perlé donnait une dimesion mystique à l’accoutrement. En plus de leur toge de voyage, l’un d’entre eux avait un espèce de batôn qui lui donnait des airs de sorcieux, encore que, elle n’était pas certaine de dans la dimension d’où elle venait, ce duo aurait pu faire un premier rôle de choix dans les prêtres évangélisateurs de grand chemin. “Noble dame, soyez éclairée par la grâce de Palkia, notre bienfaiteur à tous. Que faites-vous dans ces contrées sauvages, seule et sans garde du corps ?”

Abigail avait toujours aimé les jeunes hommes et à vrai dire, plus elle vieillissait, plus ce trait de caractère s’accentuait et laisser se déverser dans son esprit étriqué des pensées lubriques. Ainsi, elle ne voyait pas deux prêtres de Palkia en face d’elle mais de la bonne chair fraiche avec qui elle pourrait s’amuser. Les vêtements avaient beau être amples, leur bonne tenue et leur carrure qu’on pouvait deviner donnaient comme indice la bonne marchandise qui s’offrait à elle. Elle eut un petit sourire amusé, ses vieilles pomettes rougissant comme une petite fille en proie à une charmante galanterie. “Je me suis perdu et vous savez, je suis une pauvre vieille dame fragile…” Non, ce n’était pas vrai, elle était avachie sur un arbre monstrueux avec deux autres monstres qui lui servaient à affronter n’importe qui. Et - elle le vit du coin de l’œil - elle avait une pomme bleue à moitié pourrie. Pas sûr que ça fasse du bien à qui que ce soit si elle envoyait ça à la figure d’un forban. “Il y a des voleurs sur la route madame, vous devriez faire attention. Laissez vous vous amenez dans notre camp de fortune pour que vous soyez en toute sécurité”

C’était pour ainsi dire plié. On lui demanda juste avant de partir si Palkia était pour elle aussi son dieu inspirant. Elle ne réfléchit pas et en rajouta en disant que c’était toujours le cas depuis qu’elle était petite. La réponse sembla satisfaire des adonis et pour cause : ils voulaient bien aider les gens, mais, dans leur capacité d’inquisiteurs, ils auraient pu se montrer violents et sans pitié si elle avait répondu Dialga ou Giratina. Ils n’aimaient pas les hérétiques. Bref, malgré sa situation peu conventionnelle, la voilà affublée de deux gardes du corps des plus délectables et, disons-le clairement, elle se sentait quand même rassuré de voir des gens dans cet endroit complètement paumé.

Elle espérait juste qu’elle aurait des indices sur ce Palkia qui semblait autant tenir d’importances à ces deux bonnes âmes. Et peut-être sauraient-ils qui est cette blonde gothique qui l’avait mise de mauvaise humeur alors qu’elle dormait tranquillement sans rien demander à personne…

(471 mots)

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Chouchou semblait obnubilé par cette pomme bleue à moitié vivante. Il est vrai qu’elle avait des couleurs assez incroyables et on aurait pu croire qu’elle était un fragment de l’univers tant ses couleurs étaient atypiques et, il faut le dire, assez belles. Pourtant ce n’était qu’une pomme et en cela, Abigail n’arrivait pas à comprendre la fascination de son pokémon pour quelque chose d’aussi inutile. Elle l’avait jetée, mais le Salarsen avait cru bon de la ramasser à nouveau. Il ne cherchait pas à la croquer, mais bien à la regarder. D’ailleurs, elle crut avoir la berlue puisqu’elle soupçonne un instant que la pomme avait bougé d’elle-même avant de se dire que c’était impossible et qu’elle devait être en manque de bonbons à la menthe. Ou de rhum. Ou les deux, les synergies parfois…

En tout cas, les deux jeunes hommes (Cyrus et Orion) étaient de bien charmante compagnie et pour une curieuse raison, ils ne semblaient absolument pas effrayés par l’apparence cyclopéenne du Desséliandre qui faisait presque tâche - après tout, son seul et unique but était de lui servir de monture et à ce titre, elle se disait que si jamais elle revenait dans son propre monde, qu’elle devrait absolument réfléchir à cette possibilité et se maudissait même de ne pas y avoir pensé avant - à côté du groupe qui aurait pu faire une jolie photo de famille. Tiens, elle se disait que si ses deux filles étaient venues dans ce monde que ça leur aurait fait les pieds et les mains à ces deux gourgandines, et qu’elles auraient un peu plus sué dans leur vie qu’au lieu que tout leur tombe dans leur bec. Enfin, si la blonde avait préféré la choisir elle plutôt que ses filles, il ne fallait pas s’étonner de quoi que ce soit aussi.

Cyrus était, après étude approfondie de son corps, un peu trop gringalet pour elle et un poil trop jeune pour que ça ne passe pas pour autre chose qu’une chose un peu cringe. Par contre Orion était un peu plus baraqué, il devait avoir la trentaine et la clarté de ses yeux était du bonbon. Bien qu’il n’arrive pas à la cheville en terme de virilité face à Sebastian, il y avait encore un petit quelque chose d’assez masculin qui lui plaisait. La forme de ses épaules ? Sa voix, un brin grave et douce ? Ou bien son teint de peau légèrement halé ? En tout cas, elle avait bien envie d’être encerclée de ses bras puissants - et en plus, cela ne faisait pas longtemps qu’elle avait pris une douche donc elle ne sentait pas le vieux.

“Madame, voici notre petit camp de fortune” Et, se redressant du mieux qu’elle peut, elle vit des fumeroles de ce qui semblait être un camp de fortune. Avec, en son centre, ce qui ressemblait à une grosse statue mais bien décrépie.


(477 mots)

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C’était indubitablement le point névralgique du coin et au-delà du goût douteux des personnes du coin pour des vieilles toges aux allures dépassées (de la couleur bon sang !), la statue était dans un pire état que ce qu’elle devait être. Il lui semblait que quelque chose s’était abattu avec fracas sur la construction, au point où la structure de ce qui restait sur place menaçait de s’effondrer si le vent se mettait à souffler trop fort. Il était difficile d’imaginer alors la grandeur de la statue de leur dieu Palkia, pourtant à en voir les offrandes de roches et de bois faites toute autour, leur attachement était certain et leur dévoiement des plus sincères. Cyrus fut le premier à s’exprimer sur le sujet. “Nous avons connu un certain malheur récemment et la statue de Palkia, notre dieu à tous, est sur le point de s’effondrer”

Abigail, surprise qu’un gamin (et donc normalement avec tous ses neurones) soit autant branché dans le fanatisme religieux, commença à lui rétorquer que ce n’était qu’une statue et qu’il suffisait de la raser pour en refaire une neuve. Qu’elle soit grande, petite, richement décorée ou non, elle ne voyait pas spécialement l’intérêt d’une telle chose. Le regard du gamin s’était rétréci et compris alors qu’elle était pas loin du blasphème pour avoir dit cela. “Nous devons lui montrer à quel point notre foi est grande et puissante !! Si ça ne tenait qu’à moi, je ferais en sorte de construire une statue en son honneur aussi haute que le ciel et aussi richement décoré que ce que la terre peut nous offrir !” Des paroles d’un fou, et fugacement, elle avait presque envie de rétorquer que ce serait déjà pas mal de commencer par elle. Mais, pour l’avoir vu maintes fois dans sa longue vie, les croyants sont par essence les personnes avec qui il fallait le moins rire.

Il s’était d’ailleurs agenouillé auprès de la breloque de pierre et de bois et commençait à psalmodier des cantiques inconnus tandis qu’Orion était plus dans l’étude concrète de la ruine autour desquels les gens passaient. Avaient-ils au moins conscience que c’était dangereux de rester là ? Orion lui semblait plutôt dans cette dynamique là, et opta pour une approche plus douce et moins irrévérencieuse et plus protectrice. “Je vois que cette relique compte beaucoup pour vous. Mais je vois aussi qu’il y a des gens ou des personnes âgées comme moi. Ne devriez vous pas…”

Orion était vraiment plus calme et posée, et avec un demi-sourire (était-il triste en m^me temps qu’il semblait comprendre les paroles de la mamie), il nia de la tête. “Sans Palkia, Agora n’a aucun sens. C’est comme si vous lui enleviez le cœur pour en mettre un artificiel. Si la statue s'écroule, c’est le clan qui le sera. Et alors les autres dieux impies viendront nous détruire.”

(480 mots)


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'[ETE] nourriture' :

Des dieux impies… C’était encore des paroles de fanatiques mais à la différence de Cyrus, Orion était plus dans la problématique cosmologique avec l’entrée en scène d’autres dieux aussi puissants que ne l’était Palkia. Elle n’eut aucun mal à savoir de quoi il parlait : il devait y avoir Dialga, le dieu de l’espace, mais aussi Giratina, souvent considéré comme l’ater ego de Palkia et Dialga, le dieu renégat. Donc, avec Palkia, elle serait tombée dans le clan qui vénère le dieu de l’espace. A quoi pouvait bien servir un tel dieu ? Elle s'identifie déjà aux deux autres dieux, avec quand même une précédence pour Dialga - on sait jamais, un petit tour de magie et elle regagnait ses plus belles années durant le temps de cette petite aventure ! Même Giratina devait être sympa comme dieu, elle lui inspirait le genre de fourberies dont elle-même pouvait avoir le secret. Alors pourquoi la blonde avait décrété qu’elle serait mieux avec eux ? Si elle pensait avoir lu dans son âme, elle avait vraiment tout faux avec elle.

En tout cas, le lieu s’appelait Agora et il devait regrouper autour d’une petite cinquantaine de personnes. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était déjà suffisant et elle avait, au fond d’elle, trop peur de commettre une vraie gaffe sans penser à mal et finir en sacrifice pour une dieu dont elle n’avait rien à faire. Le camp de fortune, elle avait déjà connu ça par le passé, et elle n’avait pour l’instant pas très envie d’en faire de même dans ce monde farfelu. “Et comment comptez-vous faire pour la réparer ?” Elle avait beau regarder les dégâts, elle ne voyait pas comment ils allaient faire pour réparer la roche brisée pour en mettre une neuve. Mais Orion était patient, et il comprenait qu’elle n’était pas du tout coutumière à ce qui se faisait par ici.Une étrangère. gée. Le mélange devait certainement intriguer Orion. “Comme vous l’a dit Cyrus, nous œuvrons pour la restauration de la statue. Nous pensons que si nous effectuons des actions au nom de notre dieu Palkia, alors elle se restaurera d’elle-même et il nous accordera un peu plus sa confiance”

Abigail, dubitative, regarda avec étonnement Orion, puis Cyrus (il semblait vraiment concentré dans ses prières qui étaient bien trop longues à son goût, elle qui n’avait jamais aimé aller à la messe sauf pour causer avec ses meilleures amies et dire du mal des culs bénis) et enfin la statue. La vie lui a montré que ce n’est pas en espérant que les choses changent qu’elles finiront par se faire. En fait, il leur fallait tous un bon coup de pied au derrière (ou un coup de canne, au choix) et qu’ils fassent vraiment les bonnes choses. Il fallait juste les modifier en adoptant leur autre langage.

(469 mots)

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