Depuis ses dernières conversations avec ses parents, Charlotte tombait petit à petit dans la haine. Son père avait insisté pour qu’elle se lance dans la quête des badges de Sinnoh après le lycée, le temps de se poser, de réfléchir, et car il était certain qu’elle en avait les capacités. Sa mère, car Charlotte avait eu le malheur de lui en parler, était absolument contre. L’adolescente ne se souvenait pas l’avoir déjà vue si agacée contre elle, ce qui lui avait provoqué une forte angoisse qui n’avait été qu’accentuée lorsque ses parents s’étaient mis à se disputer. Son père défendait le droit de Charlotte à avoir ses propres rêves et ambitions tandis que sa mère s’offusquait de ses accusations, comme quoi elle ne laisserait pas la possibilité à sa fille, tout en ramenant les objectifs et ambitions de la Team Galaxie sur le tapis. Elle était persuadée que Charlotte comptait donner son avenir à la team Galaxie de son bon gré, car son rêve était celui du nouveau monde. L’adolescente l’était également, persuadée. Elle peinait donc à comprendre une bonne partie de ses angoisses.
Egalement, elle était confuse face aux sentiments qu’éveillait en elle la volonté de son père de la voir poursuivre d’autres rêves. L’entendre lui dire qu’elle devait prendre son temps, pour réfléchir à elle-même, en se lançant dans une quête différente, lui provoquait des émotions contraires. D’un côté elle était confuse, voire un peu horrifiée de voir son paternel lui donner des objectifs qui pourraient la détourner du bien commun, du nouveau monde. Elle se demandait si elle devait commencer à le considérer comme un traître tout en refusant de l’envisager. D’un autre côté, cela avait allumé une petite flamme, minuscule, douce et agréable en elle. A peine une lumière, comme celle au bout d’un long tunnel. Elle était flattée qu’il défende autre chose pour la vie de sa fille et, à certains moments, ça en venait même à la faire pleurer. Elle éprouvait du soulagement en même temps qu’une contrainte immense, le tout mêlé à de l’angoisse. Bien qu’elle tentait de continuer à se concentrer sur ses études, elle n’y parvenait pas et craignait de voir ses notes chuter. Que ferait-elle alors, si elle n’arrivait plus à suivre à l’école. Les examens de fin de lycée se rapprochait et elle savait ne pas avoir les facilités nécessaires pour se passer d’intenses révisions si elle souhaitait exceller, car c’est ce qui était prévu pour elle.
Souvent, elle allait s’agenouiller devant l’autel dans sa chambre, à l’honneur des dieux de la Team Galaxie, dissimulé dans son placard, et se mettait à prier. Elle espérait que répéter ces gestes et ses demandes finirait par attirer l’attention sur elle et que, voyant sa dévotion à la cause et dans leur grande clémence, alors les dieux accepteraient d’apaiser ses tourments.
Pour le moment, elle n’avait encore obtenu de réponse.

L’adolescente se sentait perdue et esseulée. Elle ne pouvait ni parler à ses parents, ni à ceux qu’elle appelait ses amis sans vraiment le ressentir. Ses liens sociaux étaient pauvres, poreux, car elle vivait avec la conscience qu’un jour ils ne seraient plus alors qu’elle continuerait à vivre dans le nouveau monde. Elle n’avait que ses pokémons avec elle, qui étaient des compagnons précieux, mais n’auraient jamais la capacité de dialoguer et ressentir comme elle, car ils n’étaient pas des humains. Dans son état d’humanité, Charlotte se sentait seule et isolée. Il fallait pourtant qu’elle reste forte, car c’est ce qu’on attendait d’elle, et pour ça il lui fallait trouver un moyen d’évacuer la pression. Pour ça, internet était son meilleur allié.
Charlotte avait des forums choisis, spécifiques, sur lesquels elle était une membre active. Ces derniers étaient dédiés à la haine d’autrui, ces autruis étant des figures publics d’internets, des influenceurs de multiples plateformes. Il y en avait plusieurs que l’adolescente détestait sans réels arguments autres qu’un ressenti personnel, et elle se sentait validée dans ces sentiments car sur internet elle n’était pas seule. Sa cible préférée portrait le pseudo d’Aarii’, principalement une youtubeuse, mais que l’on retrouvait parfois en streaming ou sur d’autres plateformes. Son contenu était principalement du jeu vidéo, même s’il y avait parfois eu quelques vlogs. Récemment, une information avait fuité, comme quoi Aarii’ travaillerait aussi en collaboration avec une école de Lavandia, à Hoenn, pour créer des ateliers sur les pokémons afin d’initier les enfants à leur présence. Sur le forum, c’était du pain béni. Au vu de toutes les affaires liant de manière criminelle des youtubeurs avec des enfants, les internautes haineux s’en donnaient à coeur joie et Charlotte ne faisait pas exception.
Diverses théories entouraient le personnage d’Aarii’, plus ou moins saugrenues, toutes des bonnes excuses pour lui cracher dessus en ligne. Du moins, sur le forum, car la youtubeuse était en général appréciée, au grand désarroi de Charlotte qui ne retrouvait plus ses marques quand elle se baladait ailleurs sur la toile. On cherchait toutes les excuses pour affirmer qu’elle maltraitait ses pokémons et que son caractère était en général horrible contrairement à ce qu’elle laissait voir en vidéo. C’était une hypocrite, une menteuse, qui ne pensait qu’à prendre de l’argent à ses fans bien qu’elle n’ait jamais pris d’initiative claire en ce sens. Plusieurs suppositions existaient également sur son genre, certains affirmant que ce serait un homme déguisé car elle n’avait pas de poitrine, d’autres affirmant qu’elle était transgenre. Dans le fond, Charlotte ne pensait pas grand chose des travestis ou des trans, mais si cela pouvait lui permettre de haïr mieux Aarii’ alors elle était prête à les détester en secret. Elle n’était pas sûre, de toute façon, que le nouveau monde les accepte. Maintenant que l’on pouvait supposer que la youtubeuse avait un comportement inapproprié envers les enfants - sans aucune preuve, mais supposer était suffisant - les doigts de Charlotte n’avaient de cesse de taper, encore et encore, à la recherche du soutien des autres porteurs de haine.
Elle crachait son venin, lisait les réactions et se sentait mieux.

Si la haine de Charlotte était si forte à l’égard d’Aarii’, c’était en particulier pour des raisons ayant trait au physique, de là découlait facilement tout le reste. Une fois que la haine avait trouvé son point d’encrage, il ne lui fallait que peu d’efforts pour étendre ses tentacules et de multiplier en un embranchement infini et sans fin. Charlotte en avait fait l’expérience, rassurante au demeurant. Plus elle trouvais de raisons de haïr cette youtubeuse, plus elle se sentait dans son bon droit de le faire. L’empilement infini l’empêchait d’observer les racines de sa haine, ou même celle de n’importe lequel de ses arguments, pour constater qu’ils ne se basaient sur rien et que, dans le fond, elle n’avait aucune bonne raison de vouer une telle haine à cette jeune femme.
Si Charlotte avait commencé à détester Aarii’, c’était parce qu’elle lui trouvait des qualités physiques qu’elle n’avait pas. Elle était mignonne, avait une carrure et une gestuelle naturelle - ou du moins à travers l’écran - qui lui permettaient d’adopter un style plein de couleurs, des tenues très féminines, et des accessoires encore plus adorables que le reste. Ses cheveux étaient beaux et longs, elle se permettait même d’en teindre des parties en rose. Ils pouvaient être stylisés de diverses manières pour agrémenter son style. Charlotte était grande, anguleuse, pleine de taches de rousseurs mal placées les couleurs ne lui allaient pas qu’elles soient vives ou pastels et jamais, absolument jamais, elle ne pourrait ressembler à quelque chose en arborant un tel style. Et pourtant, à quel point il lui plaisait, ce style ! Alors Charlotte avait commencé par être jalouse.
Puis elle avait remarqué quelque chose dans les yeux d’Aarii’, qui la dérangeait depuis le départ sans qu’elle parvienne à mettre le doigt dessus. ils étaient sombres, vraiment sombres. C’était difficile à voir, car la youtubeuse adorait s’accessoiriser de lunettes en forme de coeur pour parfaire son personnage, mais Charlotte avait fini par le remarquer. Cela l’avait mise dans une colère noire car, ces yeux, c’était ceux de sa mère, ceux qu’elle avait toujours rêvé d’avoir, car elle les trouvait bien plus beaux que les gris de son père. Encore une fois, la youtubeuse possédait un trait physique dont l’adolescente rêvait sans jamais pouvoir le posséder. C’est à partir de ce moment-là qu’elle avait aussi noté la teinte de peau d’Aarii’, quasiment la même que celle de sa mère, encore une fois. Et Charlotte était encore jalouse, elle qui n’aimait pas son métissage. Elle qui voulait désespérément se rapprocher de sa mère, cet être supérieur qu’elle peinait à atteindre, avait l’idée que, si elle lui avait plus ressembler, alors elle aurait pu atteindre son but. Et ces traits physiques qu’elle désirait tant, c’était cette youtubeuse qui les possédait.
La haine avait alors pris racine et n’avait cessé de grandir depuis.

De par son effet de soulagement immédiat, Charlotte pensait que la haine lui faisait du bien. A bientôt dix-huit ans, elle n’avait pas le recul nécessaire sur la situation pour voir que cette dernière ne la faisait que s’enfoncer dans un engrenage infernal, addictif, dans lequel elle faisait du mal et s’en faisait en retour. Elle ne se voyait pas devenir, petit à petit, rongée de l’intérieur, une personne détestable qu’elle aurait honte de présenter à ses proches, honte de voir arriver dans le nouveau monde. Le genre de mauvaise graine dont personne ne voulait, qui risquerait de pourrir jusqu’à la moelle la nouvelle humanité. Charlotte se sentait dans son bon droit. Après tout, si cette Aarii’ ne souhaitait pas que des horreurs - au demeurant véritables du point de vue de l’adolescente, car elles devaient l'être pour maintenir son château de carte - soient dîtes sur elle, elle n’avait qu’à pas s’exposer sur internet. Ceux qui pleuraient de ce genre de choses l’avaient bien cherché, après tout. De nos jours, tout le monde savait que poster quoi que ce soit sur internet c’était prendre le risque de se faire détester pour des raisons plus ou moins valables.
Dans tous les cas, la haine l’aidait à supporter l’ambiance de la maison et cela lui convenait très bien. Elle n’éprouvait aucun besoin de réfléchir plus avant sur le sujet car les examens de fin d’année approchait et elle devait, d’une manière ou d’une autre, réussir à se concentrer sur ses révisions. Charlotte aurait aimé être naturellement douée à l’école, comme Aarii’ se vantait de l’être lorsqu’elle riait en racontant qu’elle n’avait jamais révisé pour aucun examen. Une raison de plus de la jalouser, que l’adolescente dissimulait derrière l’évidence que la youtubeuse avait triché. Comme elle était détestable, elle ne pouvait qu’être bête et moins douée qu’elle à l’école. Ses professeurs et examinateurs avaient juste été encore plus bêtes qu’elle, ce qui lui avait permis de passer entre les mailles du filet.
Grace à la haine, ses révisions se passaient mieux et, après l’avoir déversée, elle se sentait plus sereine.

Ce soir là, il est très tard lorsque Charlotte décide qu’elle en a fini sur son forum habituel. D’autres membres et elles enquêtent en ce moment sur les potentiels agissements déviant d’Aarii’ au sein de l’école où elle travaille. Il y a peu de matière, alors il faut chercher loin et certains déploient des compétences de hacking pour essayer de pénétrer dans les serveurs de l’établissement et obtenir des informations. Tout le monde voit ça comme un jeu amusant, sans conséquences. Cette soirée a fait du bien à Charlotte, qui se sentirait presque pousser des ailes et oser envoyer un message privé à l’objet de sa haine afin de lui dire tout le mal qu’elle en pense. La youtubeuse doit en recevoir régulièrement, mais l’adolescente est persuadée que son poison à elle sera plus puissant que tous les autres et qu’il saura par conséquent lui faire encore plus mal.
C’est avec cette réflexion en tête, en s’interrogeant sur les meilleures tournures de phrase, que Charlotte décide de sortir de sa chambre pour aller se chercher à boire.

Puisqu’il est déjà tard, Charlotte se dit que ses parents sont peut-être déjà couchés. Elle sort donc discrètement de sa chambre, en essayant de ne pas faire craquer le plancher, puis les escaliers. Leur maison est grande et ancienne, ce qui fait qu’elle a tendance à faire du bruit lorsque l’on s’y déplace. En journée, ce n’est pas un problème, mais quand l’adolescente tente d’être discrète, c’est toute une autre histoire. En soi il ne lui est pas interdit d’aller se chercher à boire pendant la nuit, mais elle ne souhaite pas être interrogée sur les raisons pour lesquelles elle est toujours levée. Le mensonge est pourtant tout prêt : elle révisait. Elle l’a déjà donné, plusieurs fois. Cependant elle craint qu’à force de répétition, et en fonction des notes qui suivront, il ne doit plus longtemps crédibles. Même s’il lui est bien sûr interdit d’avoir de mauvaises notes, elle ne peut pas se le permettre.
Charlotte arrive au rez-de-chaussée sans entendre autre chose que la maison grincer, signe qu’elle n’a réveillé personne ou que ses parents sont occupés de leurs côtés et ne prêtent pas attention à elle. Là, il y a plusieurs tapis sur lesquels elle peut marcher pour ne pas faire de bruit. Elle réalise cependant vite qu’il y en a, mais que ce n’est pas elle qui en produit. Trop concentrée qu’elle était sur sa propre discrétion, elle n’a pas tendu l'oreille aux autres choses de la maison. Maintenant, les sons sont plus clairs, bien que étouffés. Il y a des gens qui parlent, comme à voix basse, des effets sonores, des bruits qu’elle n’arrive pas à reconnaître. Ca l’intrigue, car ça ne ressemble pas à certaines discussions secrètes de la team Galaxies qu’elle a déjà tenté d’espionner par le passé.

Toujours sur la pointe des pieds, elle cherche l’origine de ces sons et découvre qu’ils mènent à la porte du bureau de son père. Cette dernière n’est pas complètement fermée, il reste un interstice par lequel il est possible à l’adolescente d’espionner si elle le souhaite. Elle s’en garde pour le moment, préférant se concentrer sur les sons afin d’être plus discrète. Elle ne sait pas pourquoi elle se comporte ainsi, car son père n’a peut-être rien à cacher, après tout. S’il souhaitait vraiment être le plus discret possible, il aurait fermé la porte correctement et aurait porté un casque. Il n’est pas stupide, en plus d’être un agent de la team Galaxie.
Alors Charlotte s’approche et, accroupie de l’autre côté de la porte, elle tend l’oreille pour essayer de comprendre ce qu’il regarde. Cette fois, elle capte la clameur d’un combat pokémon, et le timbre d’une voix qui lui fait voir rouge.

Le visage de Charlotte se ferme et elle regrette immédiatement sa curiosité. Les clameurs du combat qui se tient à travers l’ordinateur de son père, de l’autre côté de la porte, elle les connaît. Ce combat, elle l’a regardé plusieurs fois, ainsi que des extraits choisis pour les analyser, en tirer le maximum. Ce qu’elle entend, c’est l’affrontement d’Aarii’ contre l’un des maîtres de la Ligue Pokémon. C’est sa tentative complètement ratée, où la youtubeuse s’est fait complètement submergée par ses adversaires. Un affrontement au cours duquel il a vite été visible que son équipe ne tenait pas la route pour un tel challenge. Une partie des gens, dont les haters dont fait partie Charlotte, ont considéré que la youtubeuse s’était ridiculisée et que ce combat serait une source de moquerie inépuisable. D’autres ont vu de belles actions malgré la différence de puissance, et une ambiance agréable car Aarii’ a gardé le sourire tout du long et été très agréable avec son adversaire malgré la défaite écrasante.
Pourquoi son père visionnait-il ce combat ? Etait-ce un hasard ? Et, si ce n’en était pas un, faisait-il partie des haters comme sa fille ou était-il en fait, pour une raison ou pour une autre, un supporter de cette youtubeuse ? Charlotte voyait rouge, rouge de colère d’entendre son père regarder ça à une heure pareille, et encore plus rouge d’incompréhension. Elle n’obtiendra cependant pas de réponse à ses question en restant derrière la porte alors, discrètement, elle se relève et fait mine qu’elle vient d’arriver lorsqu’elle toque doucement à la porte.

Son père sursaute quand il l’entend et qu’elle l’écarte pour entrer dans le bureau sans attendre. Il semble embarrassé et met immédiatement pause à la vidéo. Le regard de Charlotte se pose sur l’écran, ce qui lui permet de confirmer que c’est bien ce qu’elle pensait : son père est en train de regarder le match de Ligue d’Aarii’. Elle tente de masquer sa haine en faisant mine d’être perplexe avant de plaisanter :

- Si tu voulais être discret, il fallait mettre un casque !
- Je sais, mais je n’aime pas. Ca me fait mal aux oreilles…, un malaise s’installe quelques instants dans la pièce jusqu’à ce que son père brise le silence : Tu ne dors pas encore ?
- Non, j’étais venue chercher à boire, puis j’ai entendu du bruit et ça m’a rendue curieuse. Je ne t’ai jamais vu regarder de combats !

Charlotte essaye de le mener à expliquer la raison de son visionnage, sans savoir si elle va y parvenir. Son père hoche timidement la tête et semble chercher ses mots. Quelques chose, tout au fond d’elle, dit à Charlotte que l’explication ne va pas lui plaire. Elle se dit aussi qu’il faudrait qu’elle fouille son historique youtube, sans savoir comment elle pourrait le faire, ni si elle veut vraiment savoir ce qu’elle y trouverait.

Le père de Charlotte semble d'abord hésitant, comme s'il ne voulait pas répondre à sa fille. Quelque chose la dérange profondément dans cette attitude, car cela fait avancer son imagination dans des directions qu'elle préférerait éviter. Comme par exemple un intérêt particulier, assez malsain, que son père aurait pour la youtubeuse. Cela lui ferait grandement regretter sa curiosité. Heureusement, il finit par se reprendre et écarte sa chaise de bureau pour inviter sa fille à le rejoindre devant l'écran. Elle comprend qu'il souhaite qu'ils regardent le match tous les deux pendant qu'il lui explique pourquoi il regarde ça en pleine nuit. La haine de Charlotte la met très mal à l'aise, car elle n'a aucune envie de voir Aarii', mais elle se contente de hocher la tête. Son père ne sait pas, il ne peut pas savoir, et tout aussi légitime qu'elle se trouve dans sa haine, elle n'aimerait pas qu'il soit au courant de tout le mal qu'elle pense d'Aarii'. Elle ne souhaite pas non plus lui communiquer ses arguments. Quelque chose lui dit qu'il ne serait pas capable de comprendre.

- J'aime bien regarder des combats de Ligue de temps en temps, il clique pour remettre en route la vidéo. Ta mère n'aime pas que je fasse ça, car elle dit que ça appartiendra à l'ancien monde, Charlotte se contente de hocher la tête. Elle regarde plus son père que la vidéo, car ce combat elle le connaît déjà par cœur. Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

Charlotte reste silencieuse, car elle ne sait pas si elle peut seulement être capable de répondre à cette question. La vérité, c'est qu'on ne lui a pas appris à réfléchir tant que ça, par rapport au nouveau monde. Il est mieux que ce qu'il y a maintenant, le but est même de le rendre parfait. La team Galaxie toute entière travaille à sa réalisation, pour sauver l'humanité et les pokémons. Ce genre de discours, encore et encore. Tout ce qui concerne le nouveau monde est forcément bon, bien et ne doit pas être remis en question. Alors, pour donner le change, Charlotte se contente de hausser les épaules :

- Pas grand chose pour être honnête.

Son père affiche un sourire triste alors que le combat continue de se dérouler. Aarii' est déjà en difficulté, car la moitié de son équipe a été mis à terre, contre seulement un pokémon du côté du maître. Charlotte la trouve pitoyable, mais s'abstient de tout commentaire dans ce sens. A la place, elle décide de changer de sujet, pour détourner la conversation du nouveau monde.

- Il y a sûrement plein de meilleurs matchs à regarder que celui-ci.
- Je sais, mais va savoir pourquoi celui-ci je l'aime beaucoup !

L'adulte lui répond avec désinvolture. Charlotte voit à nouveau rouge et elle n'est pas sûre de vouloir poursuivre cette conversation non plus. Elle ne veut pas entendre son père lui dire qu'il apprécie la personnalité de la youtubeuse, ou elle ne sait quelle ânerie du même acabit.